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Retour Aux Sources 2/4 ✔️

À la nuit tombée, le traîneau de Cassandore traversa les contrées enneigées d'Alhora. Le voyage avait été long et éprouvant, toutefois, moins ardu que la première fois, car Vadim avait eu le privilège de partager la compagnie d'une épouse bavarde. Parfois, lors de moments plus calmes, elle observait pensivement les paysages extérieurs se teinter progressivement d'une blancheur immaculée. Vadim savait que quelque chose troublait son esprit. Peut-être l'altercation avec Leftheris avant leur départ ? Jaya se sentait probablement coupable malgré elle. Qu'elle n'en tienne pas compte. Les mésententes entre Vadim et Leftheris étaient bien antérieures à son arrivée dans leur vie.

Cela faisait des années qu'ils n'avaient pas eu une conversation cordiale sans animosité. Des jalousies cachées, des larmes et parfois des coups se sont échangés entre les deux frères.

Le cadet se souvenait très bien de l'époque où, sous l'injonction de leur père, son aîné avait dû l'initier à l'art du combat à l'âge de quinze ans. Leftheris avait acquis une solide formation guerrière bien avant lui, ayant été pris sous l'aile protectrice de leur noble géniteur et de son cortège de précepteurs royaux qui ne tarissaient pas d'éloges à son égard. À l'aube de ses dix-sept ans, il rivalisait déjà avec des combattants aguerris ayant servi dans l'armée pendant des décennies. Vadim aurait dû bénéficier de la même éducation, mais avait été écarté en raison de sa fragilité, conséquence de ses blessures héritées de la folie de l'archevêque Giroald. Durant sa longue et pénible convalescence, il demeurait alité à l'infirmerie, observant chaque soir son père revenir aux côtés de son frère, proférant des louanges écoeurantes à n'en plus finir.

Cela avait nourri en lui une haine incommensurable à son égard au point où il s'était rouvert de nombreuses blessures aux mains à force de les serrer de toute sa puissance.

Lorsqu'il fut pleinement guéri, Leftheris s'était donné à cœur joie au niveau des coups, laissant parfois le Vadim frêle d'autrefois écrasé dans la boue, dans un sale état, avec pour seul argument : « ça va t'endurcir, faiblard, un vrai guerrier ne craint pas les coups ». Des propos qu'il avait suivi à la lettre jusqu'à ce qu'il réussisse, assez vite, à résister et à esquiver avec une adresse hors du commun. Il s'était relevé avec courage, sa force se décuplant en même temps que ses muscles. Sa colère enfouie fut son moteur à se surpasser.

Vadim était porteur du même gène prodigieux que Leftheris concernant le Vhaïka, ce qui ravit Byron, à l'époque, qui voyait son jeune fils fragile devenir un homme robuste et habile.

Le cadet s'était fait un malin plaisir à abandonner un coquart sur le visage déformé de rage de son privilégié de frère, lors de ce lointain examen de Vhaïka. Il se remémorait avec une précision saisissante sa longue silhouette étendue sur le sol du camp d'entraînement, la lèvre ensanglantée et l'œil tuméfié. Ce jour-là, Vadim s'était promis une chose : surpasser son frère et lui démontrer que ses faiblesses pouvaient se muer en forces. Qu'il n'était plus un enfant marqué par la souffrance, mais un homme prêt à le terrasser à la moindre provocation.

Oui... Vadim voyait très clair dans le jeu de son aîné, concernant Jaya. Il n'était pas stupide et son côté sadique jubilait de le voir à l'agonie devant sa chance. Une belle petite vengeance pour tout le mal qu'il lui avait fait. Cette fois, c'était à lui de souffrir.

Seulement, Jaya n'était pas inquiète pour la querelle des deux frères. Quelque chose passait bien au-dessus.

Bien que l'astre solaire se fût couché, les premiers cris de liesse surgirent autour du traîneau, appelant avec ferveur le nom de leur princesse bien-aimée revenue parmi eux. La nouvelle du retour de Jaya s'était propagée à la vitesse de l'éclair à travers Alhora, et beaucoup avaient bravé le froid pour la voir poindre sur leurs vieilles routes gelées. Un sourire radieux illumina le visage de la jeune femme, qui se pencha vers la vitre pour contempler avec émotion ses villageois lui adressant de larges saluts et clamant son nom avec amour. Tout cela lui avait tant manqué.

Vadim, aux côtés de sa belle, osa jeter un œil à la foule. Il fut stupéfait par le nombre de personnes ayant bravé l'étreinte glaciale du permafrost pour accueillir la princesse. Il prit conscience de l'amour profond qui unissait Jaya à son peuple, et réciproquement. Sous cet angle, le nez collé à la vitre embuée, elle ressemblait à une petite fille intenable, ce qui lui arracha un sourire songeur. En dépit de son âge, des épreuves traversées et de sa franchise parfois déroutante, elle conservait une part d'ingénuité des plus admirables.

Vadim baissa la tête. Jamais son peuple ne lui avait fait une telle ovation et il était résigné à ce que cela ne se produise jamais.

Lorsque le carrosse franchit les portes du château royal, les clameurs résonnantes s'estompaient peu à peu, comme englouties par les imposantes murailles protectrices. Le véhicule s'immobilisa enfin ; Vadim jugea qu'il était temps de revêtir son loup. Alors qu'il le tirait de sous sa cape et s'apprêtait à le plaquer sur son visage, une main délicate s'y posa.

Il croisa le regard de Jaya.

Déconcerté, il chercha dans ses miroirs bleutés une réponse à ses interrogations soudaines. Pourquoi l'avoir empêché ? Tendrement, la jeune femme le délesta de son masque, l'examinant et le faisant tournoyer sous tous les angles, tel un mystère qu'elle peinait à déchiffrer. Elle l'ajusta sur son propre visage, offrant un sourire complice à son époux durant cette mise en scène qu'il admira sans prononcer un mot. Ainsi, voilà comment il percevait le monde à travers cet affreux bout de tissu...

— Soyons nous-mêmes dignement, sans masque pour plaire aux autres.

Elle jeta le loup sur la banquette pour conclure la scène. Ces mots atteignirent le prince en plein cœur. Ce masque représentait presque une part de lui, cachée par honte du regard d'autrui. Même s'il s'était affranchi en les ignorant, il ne pouvait pas toujours rester fort face au jugement. Il l'avait appris à ses dépens. L'être humain n'était pas totalement invulnérable et Vadim n'échappait pas à cette règle. Le rabaissement de sa tête exprimait ses émotions en silence ; une pointe de stress le gagna.

Or, elle disparut aussitôt lorsque les doigts de Jaya rehaussèrent son menton. Il planta son regard dans le sien.

— Ne baisse pas les yeux, Vadim, ça ne te ressemble pas.

Cela lui faisait tout drôle que ce soit Jaya qui lui demandait une telle chose. Ne baisse pas les yeux... Il lui avait soufflé mille fois. Désormais, elle ne les baissait plus, plus resplendissante et assurée que jamais. Il ne revenait pas à quel point elle avait changé en si peu de temps. Le jour et la nuit. D'une petite fille éplorée et difficile à vivre, elle était devenue une femme sensée et de bonne parole. Une reine magnifique à ses yeux.

Il lui vola un tendre baiser en remerciement.

Débarquant du traîneau, le couple fut accueillit par un élan de voix perçant la nuit. Le Roi Frost avait vu le véhicule arriver de sa fenêtre et avait abandonné ses convives pour venir à sa rencontre, le cœur en liesse. Il ne prenait plus cas aux marches s'enchaînant sous ses pas, comme s'il volait au-dessus. Sa longue cape balayait le marbre derrière lui jusqu'au hall où les gardes lui ouvrir le passage.

Elle était là, à seulement quelques mètres.

Étirant un immense sourire, Jaya abandonna les exigences de la bienséance et courut dans les bras de son père qui la captura sans ménagement.

— Jaya, ma précieuse petite, mon enfant, je suis si heureux de te revoir.

— Moi aussi, père, vous m'avez tellement manqué.

Les yeux de Jaya s'embuèrent presque lorsque cette vigoureuse montagne saisit délicatement son visage afin de l'admirer. La tendresse dans son regard, ce sourire... Toutes ces facettes d'elle insufflaient de la couleur à sa toile autrefois terne, assombrie depuis son départ.

Derrière eux, Vadim arriva lentement. Les alhoriens avaient une manière bien à eux de montrer leur affection. Peut-être dû au froid ? Le contact humain réchauffait par de telles températures. Il était certain qu'à Cassandore, il n'avait jamais vu ça, surtout pas dans sa famille. L'aridité des conventions était aussi fertile que les champs agricoles. Mais, il devait avouer —pour l'avoir testé auprès d'elle pas plus tard que la nuit dernière— que ces marques d'affection étaient délectables. Une douceur qui pouvait raviver le corps le plus meurtri. On avait du mal à s'en passer ensuite.

Au moment où Frost aperçut son gendre, il relâcha légèrement l'étreinte sur Jaya. Ses yeux, posés sur son visage scarifié, trahissaient une stupeur immense qui ne passa pas inaperçue chez sa fille, et surtout chez l'intéressé qui soutint puissamment son regard.

— Ah, Vadim... Ravi de vous revoir, également.

— De même, mon roi.

Il s'inclina respectueusement devant le souverain.

— Eh bien... C'est la première fois que je vous vois sans votre masque.

Jaya se mordit la lèvre inférieure, indisposée par l'aplomb en ligne droite de son père. Elle craignait que Vadim puisse se sentir mal par sa faute. Or, il ne baissa pas les yeux, bien trop habitué à ce genre de remarques.

— Je sais que mon visage peut surprendre.

Face à tant de courage, Frost étira un sourire qui se noya dans sa barbe.

— Non, bien au contraire. Cela montre que vous êtes un vrai guerrier.

Vadim intercepta ces mots avec prudence, avant de rendre timidement le sourire que lui offrait son beau-père. Un vrai guerrier... Dans un sens plus profond, il en était un pour avoir survécu à l'impensable, songea Jaya. La jeune femme afficha une moue rassurée lorsque le roi frappa une main virile sur l'épaule de son mari, en signe d'amitié.

— Allez, entrez, venez vous mettre au chaud.

Sans plus attendre, Frost les conduisit vers la salle des repas, où le service avait déjà débuté. En chemin, il aborda le sujet délicat de l'intrus. Jaya se figea lorsqu'il demanda qu'elle soit accompagnée de Vadim pour l'identification prévue le lendemain. Lui aussi pouvait contribuer, ayant combattu l'individu dans la Forêt des Murmures. Les époux échangèrent une œillade éloquente que Jaya brisa lorsqu'elle osa une question, le cœur serré.

— Pouvez-vous nous dire à quoi il ressemble, père ?

Elle redoutait sa réponse en silence.

— C'est un homme frêle, assez étrange. Je ne l'ai vu que furtivement, sachant que nous l'avons tout de suite enfermé à la prison d'Alhora. D'après mes soldats en poste à sa garde, il parlerait énormément de la montagne, plaidant que quelque chose de bien plus dangereux que lui rôde.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? plaqua Vadim.

— Soit un groupe, peut-être, ou bien une ruse pour que l'on le libère. Nous ne devons lésiner sur la sécurité. Il ne partira pas d'ici tant que vos paroles ne l'auront pas innocenté. Et même si ce n'est pas lui, cet homme traînait dans la Forêt des Murmures, parmi les bêtes et les cavernes, alors il sera tout de même jugé et emprisonné pour avoir outrepassé l'interdiction et pénétrer mes terres. Il ne vient probablement pas de chez nous. Quel alhorien serait assez stupide pour se calfeutrer dans cet endroit interdit et dangereux ?

Tiordan... pensa aussitôt Jaya.

— Mais nous verrons cela demain. Pour l'instant, savourons nos retrouvailles avec un bon festin. Ta tante, Malista, est venue ce soir pour nous accompagner et accueillir ton arrivée.

Sa tante Malista ? Elle était ici, au château ? La jeune femme se décomposa, tournant sept fois sa langue dans sa bouche avant de clamer sa déception. Elle qui pensait passer une soirée au calme auprès de son cher paternel, voilà qu'elle allait devoir supporter les têtes hautaines des membres proches de sa noble dynastie.

— Oh... ce qui veut dire que Evanora est là aussi ?

— Oui, ta cousine avait hâte de rencontrer ton époux. Tout le monde avait hâte, à vrai dire. Vous savez, Vadim, vos exploits dans l'armée de votre père et le fait que vous ayez sauvée Jaya dans la forêt ont énormément fait parler, à Alhora. Cela a été colporté jusqu'au village. Même sans vous connaître, beaucoup vous admire pour votre bravoure dont vous êtes exemple.

Des gens à Alhora l'admirait ? Cela relevait de l'indécence. Jamais il n'aurait pu croire que son acte aurait fait tant de bruit. Certes, lors de leur cérémonie de mariage, beaucoup de vieux nobles lui avaient serré la main en le remerciant d'avoir été preux. Il n'aurait jamais cru que cette admiration se soit dispersée jusque chez les villageois.

— Oh, je... Je suis honoré, mon roi. Mais, je n'ai fais que mon devoir.

— Ne soyez pas modeste, voyons. Un homme de votre acabit doit être habitué aux éloges.

S'il savait comme son peuple, son frère et même son père le haïssaient... Il effrayait presque tout Cassandore. Vadim préféra ne rien rétorquer, c'était peut-être mieux ainsi. Conserver une allure sereine pour ne pas éveiller les soupçons. Cependant, une main entourant son bras lui fit tourner la tête. Jaya le soutenait, seule alhorienne à savoir la vérité. Il n'était pas meilleure consolation pour lui.

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