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Pour toi, Fruit des Neiges 7/7 ✔️

La vision brouillée par un voile rouge, Zeph enchaînait les foulées. Il ne prêtait plus attention à sa souffrance, ses jambes ne lui obéissaient plus et couraient d'elles-mêmes en direction de la montée du Temple du Grand Conseil Ymosien de Cassandore. Là-bas, il serait en sûreté, car les diables maniant le Risen ne pouvaient franchir ces lieux sacrés selon les écritures saintes. Tout ce qui avait été dit au sujet de son neveu s'avérait donc vrai, et Zeph l'accueillait avec une terreur indicible, une nausée qui palpitait en lui par intermittences. Il était un authentique démon.

Un démon qui planait au-dessus de lui comme un vautour.

Plus que quelques mètres et il atteindrait les portes du temple. Zeph se laissait guider par les ultimes parcelles de courage qui l'habitaient. S'il s'arrêtait ici, tout serait fini pour lui. Il conservait encore une infime lueur d'espoir de vivre quelques années de plus. L'homme contournait l'immense statue d'Ymos veillant sur l'édifice lorsqu'il trébucha sur les marches. Son corps essoré et endolori réclamait du repos, mais lorsqu'il tourna les yeux en arrière, il aperçut la silhouette maléfique se percher sur le crâne du colosse de pierre.

Il était là pour lui...

L'ancien général se releva avec peine et rampa vers les grandes portes massives du temple. De ses mains ligotées et rougies de son propre sang, il cogna le bois de toutes ses forces.

— Ouvrez-moi ! Par pitié ! Je demande l'asile !

Du haut de son perchoir, Vadim étira un sourire en coin. Les genoux pliés et une main posée sur la tête de la déité, il laissa sa magie infiltrer son nouveau support. Une aura bleue commença doucement à envelopper la statue d'Ymos.

Un mouvement, la surface minérale se craquela.

Vadim voulait que Zeph ressente toute la peur que Jaya avait pu ressentir dans cette prison. Qu'il voit ce que cela faisait d'être en position de faiblesse devant plus fort que soi. La peur de mourir qui brillait à ce moment-là dans son regard de bovin stupide était délectable.

Un bruit sourd résonna au sein de la statue, captant l'œil humide du staranien. Des fragments de roche chutèrent sur les marches. Les bras d'Ymos, semblant obéir à la volonté du mage, s'écartèrent. Les articulations de ses genoux se fissurèrent, autorisant les jambes à se détacher du sol qui frémissait sous l'éveil de ce géant de trente mètres.

Lorsque la porte du temple s'ouvrit, le père Thésélius en émergea, suivi de ses évêques, et découvrit le corps pétrifié de Zeph sur le seuil. Cependant, l'homme en sang ne retint leur attention qu'un bref instant, car une vision bien plus terrifiante et incroyable se dévoila devant eux.

Leur dieu vénéré, Ymos, avait pris vie. Le gardien des glaces était en colère et orientait lentement son bras en direction du temple. D'une force titanesque, il frappa les colonnes soutenant l'imposante toiture, qui se brisèrent en de nombreux et imposants morceaux.

Les évêques poussèrent des hurlements de terreur quand l'œuvre de la rage divine leur tomba dessus. Certains esquivèrent ces pierres meurtrières, mais d'autres furent broyés en dessous. Une partie du toit s'écroula et saccagea l'intérieur de la salle de prière dans un chant de chaos. Vadim n'en avait cure, cet endroit où il avait été mutilé adolescent n'avait qu'à tomber en ruines !

Dans la poussière, Thésélius toussa à s'en rompre les poumons avant de voir une silhouette lumineuse descendre du ciel à travers les rideaux de fumée. Son sang se glaça.

C'était... le fils Blanchecombe. Ce diable était à l'œuvre de la perte de raison de leur dieu bien-aimé. Le corps de l'homme âgé se mit à trembler devant ce flux de magie interdite et dévastatrice.

Il contrôlait Ymos grâce au Risen ! C'était immoral, inconcevable, dépassant l'entendement ! Les hommes ne devaient pourtant pas être capables d'une telle abjection ! Leur dieu était omnipotent et indépendant des êtres humains faillibles qu'ils étaient. Comment cela pouvait-il donc être possible ?

Tirant parti du chaos ambiant, Zeph s'était redressé et avait abandonné les religieux pour s'échapper en courant le long du bâtiment dévasté, en direction des falaises. Sauter à l'eau constituait sa dernière chance d'éventuellement survivre. Cependant, Vadim l'avait repéré malgré l'écran opaque gravitant dans le secteur.

Zeph tentait donc de se jouer encore de lui ? Dommage, Vadim était très joueur. Mais désormais, il était temps d'en finir. Regagnant l'épaule de ce dieu qui l'avait tant fait souffrir au cours de sa vie, Vadim le considérait comme son allié le plus loyal dans sa vendetta. Il laisserait Ymos s'occuper des véritables pécheurs et démons.

— Suis-le.

La statue fit un pas, puis un autre quand Vadim lui commanda. La colline trembla et l'onde de choc se répercuta sur toute la ville. Ymos quitta son réceptacle centenaire pour avancer sans prendre garde aux murs qu'il brisait sur son passage, tout droit vers la falaise où se dressait le caveau familial des Blanchecombe.

Zeph pleurait sans contrôle, le frémissement de la terre lui apportait sa bien terrible destinée. Elle approchait à grands pas et faisait des dizaines de mètres de hauteur. Ses pas se révélaient de plus en plus inutiles à côté de ceux d'Ymos qui gagnait du terrain. Son cœur en serait sorti par sa gorge tant il battait à la folie.

Zeph comprit que tout était perdu lorsque ses jambes affaiblies cédèrent, le faisant chuter sur l'herbe jaunie de la falaise dominant l'océan. Le pied gigantesque de la statue glissa au-dessus de lui. Un hurlement déchira ses cordes vocales quand il s'abattit sur lui de tout son poids, le réduisant à l'état de bouillie sanguinolente sous les yeux dédaigneux de Vadim.

Le silence revint sur la falaise battue par le vent lorsque les lamentations des os brisés s'interrompirent.

Quittant l'épaule d'Ymos, le prince regarda la statue s'étioler quand il la délesta enfin de sa magie. Il n'avait plus besoin d'elle, désormais... Sa folie était accomplie. Ymos se rigidifia soudain, fit un dernier pas et partit en avant. La divinité de granit tomba du haut de la falaise et fit un plongeon dans les profondeurs de la mer. La houle troublée par ce corps titanesque apporta les éclats salés de l'écume jusqu'au mage.

À nouveau immobile, Ymos avait coulé, en paix dans sa nouvelle demeure sous-marine.

Épuisé, Vadim retomba en silence et s'écroula au sol. Ses ailes disparurent dans un souffle enflammé, mais l'aura bleue le consumait encore douloureusement. Ça ne s'arrêtait jamais... Cette souffrance... ce Risen sombre...

Il avait eu son exquise vengeance. Pourtant, contre toute attente, la douleur n'avait jamais été aussi vive. Même la satisfaction de savoir Zeph mort à quelques mètres de lui ne parvenait à effacer ce sentiment de frustration qui le rongeait telle une gangrène. Longtemps refoulée, sa fragilité lui retomba sur les épaules et ne lui laissa qu'un goût amer en bouche : celui d'être désormais seul sur Terre. Plus que jamais et contre tous.

— Vadim !

Derrière lui, une forme frêle se dessina dans les nuages de poussières. Pantelante, Jaya l'avait suivi jusqu'ici en oubliant sa fatigue après avoir couru dans toute la ville. Accompagnée des soldats armés de Leftheris, elle gagna la falaise pour retrouver la silhouette agenouillée et voûtée de son mari. Les jambes tremblantes, elle voyait ses larges épaules secouées de spasmes. La tête baissée, il souffrait, elle pouvait le sentir d'ici, émanant de lui comme un appel à l'aide.

Si Leftheris, lui aussi présent, préféra garder une distance de sécurité avec le corps scintillant de son frère, Jaya n'était pas de cet avis. Sans annoncer la couleur, la brune courut vers l'homme qu'elle aimait, sans peur, ignorant le cri du général à son égard.

— Jaya ! Revenez immédiatement ! Il est dangereux !

Non, il ne l'était pas... Elle en était persuadée. Le besoin d'être auprès de lui était plus fort que tout, plus fort que la peur, plus fort que le danger, plus fort que la brûlure. Se jetant à genoux devant lui, la jeune femme le prit dans ses bras. Son corps irradiait d'une brise caniculaire qui la frappait sans vergogne, mais elle tint bon et resserra son étreinte autour de son cou.

Elle pleurait de toute son âme, sanglotait contre sa tempe.

— Vadim, arrête, je t'en prie... ça suffit...

Elle le sentait haleter de rage contre elle, frémir sous son contact. Lorsqu'il leva les yeux vers elle, Jaya vit qu'ils étaient gorgés de larmes. Des larmes de souffrance, des larmes de pardon, semblables aux siennes. Il glissa une main tremblante dans sa chevelure d'ébène.

— Je l'ai fait pour toi, Mëyrtania...

Ils se regardèrent intensément et Jaya mesura avec tristesse la force des sentiments qu'il éprouvait pour elle. Elle était telle un feu de joie crépitant de beauté, une étincelle qui le réchauffait lorsqu'il mourrait de froid. Cette magnifique flamme l'avait rendu fou, mais cela importait peu...

Il avait été fou d'amour, fou de vengeance au point d'en sacrifier sa vie.

D'une caresse sur sa joue, Jaya ravala un sanglot et le lava de toute sa colère. Front à front, elle le berça jusqu'à ce que l'aura de Risen ne s'évapore autour de lui et disparaisse dans le vent. Elle avait cette magie, la plus belle et la plus puissante de toutes... Celle de l'apaiser par sa douceur dont il avait tant besoin.

Seulement, sa tendre femme lui fut arrachée.

Tirée brusquement en arrière, Jaya se débattit avec hargne entre des bras solides qui ne la lâchaient pas.

— Lâchez-moi ! Je vous ordonne de me lâcher ! Vadim !

Des soldats entourèrent le mage, toujours au sol et le menacèrent de leurs arbalètes prêtes à faire feu. Il ne bougea pas, faible et dans les vapes après que sa trop grande poussée de Risen ne soit redescendue. Derrière eux, le père Thésélius arriva à vive allure, sa longue robe recouverte de saletés. Le cri de l'archevêque incarnait la peur que le prince engendrait. Il pointa de ses griffes le corps de Vadim échappant encore de légères particules brillantes.

— Risenien ! Hérétique ! Arrêtez le ! Il a détruit le temple sacré d'Ymos et profané la statue sainte ! Sacrilège !

Sur la droite du religieux, Leftheris tenait fermement Jaya hors de la portée de son frère. Il se devait de la protéger de lui, même si elle avait réussi l'exploit de le calmer. Il ignorait s'il était capable de retomber à nouveau dans cette phase de folie meurtrière et magique. S'il venait à blesser Jaya avec ses dons maudits, il l'égorgerait de ses propres mains.

La jeune femme, dans son agitation, n'avait meme pas remarqué que les bras qui l'emprisonnait étaient ceux de son beau-frère. Ses larmes reprenaient de plus en plus d'ampleur devant la scène. D'un mouvement de tête, Leftheris se rangea du côté de l'archevêque et ordonna aux soldats d'immobiliser son cadet. Les hommes du général obéirent et plaquèrent violemment Vadim au sol en pressant la flèche d'une arbalète sur sa nuque. Au moindre mouvement, il n'hésiterait pas à occire ce maudit mage.

Écrasé dans la boue, il fut fermement attaché les mains dans le dos et humilié sous les yeux larmoyants de Jaya. La fureur de la princesse circulait dans ses veines avec plus de fluidité que le sang même.

— Vadim ! Laissez le tranquille ! Je vous en prie ! Lâchez le !

Résigné, Vadim ne se défendit pas. Au fond de lui, il savait que sa vengeance se terminerait ainsi. Être traité plus bas que terre, comme on l'avait toujours fait. Jaya ne pourrait rien y changer et l'entendre s'égosiller en vain lui brisait le cœur. Il n'aurait pas souhaité qu'elle assiste à son arrestation, afin de la préserver de cette image effroyable qu'elle conserverait à jamais de lui. Ce fourbe de Leftheris devait se réjouir de le voir dans une telle situation, lui qui avait donné l'ordre de le mettre aux fers.

Désormais, le Marqué avait une raison d'attiser les craintes et les rumeurs sur son passage. Cassandore en avait eu la preuve formelle à ce jour.

Le mage maudit était réel et représentait dorénavant un grand danger pour la population.


Les cris de haine et les pleurs accompagnèrent Vadim jusqu'au poste pénitencier où il allait être emprisonné sur ordre du général. Empruntant le chemin de dalles glacées menant à sa cellule dans les souterrains de la prison cassandorienne, il retrouva finalement un sursaut de lucidité. Il ne se laisserait pas enfermer tel un animal ! Il refusait catégoriquement cette idée et se débattait avec l'ardeur d'un fauve pour exiger sa libération.

C'était sa seule chance d'éviter le sort qu'on lui réservait.

Or, les soldats l'escortant puisèrent dans leurs forces physiques pour le retenir. Un mètre quatre-vingt-quinze de folie bestiale les prirent de court. Leftheris, également présent en tête de ligne, se retourna pour constater l'ampleur du déclin mental de son frère.

— Vadim ! Calme-toi ! Vadim !

La sévérité de l'ainé glissa sur le prisonnier qui empala l'un des soldats le tenant d'un puissant coup de tête. L'homme tomba en arrière, le nez en sang et laissa l'occasion à leur ancien enseignant de combat de forcer sur les cordes nouant ses poignets afin de les déchirer. Leftheris agit aussitôt.

— Tenez le ! Ne le laissez pas partir !

Six soldats s'élancèrent sur la montagne incontrôlable qui, d'un simple coup de bras, en projeta la moitié au sol. La situation se faisait critique. Il était impératif de l'enfermer avant qu'il ne provoque davantage de dégâts. Si sa magie démoniaque venait à se déchaîner de nouveau, les conséquences seraient désastreuses. La prison tout entière s'effondrerait sur eux.

D'autres hommes intervinrent et réussirent à grande peine à maintenir le sauvage qui hurla :

— Lâchez-moi ! Laissez-moi partir, vous n'avez pas le droit de m'enfermer ici ! Je suis un prince cassandorien ! Leftheris ! Tu n'as pas le droit !

Un œil haineux posé sur son jeune frère, le général ouvrit l'un des cachots afin de lui démontrer qu'il avait bel et bien le droit d'emprisonner les hérétiques et les êtres dangereux pour la société. À force d'efforts, les hommes parvinrent à jeter Vadim dans sa prison qui se referma sur lui au moment où il se pressa aux barreaux.

Leftheris tourna la clef et recula.

— Libérez-moi ! Leftheris !

Se savoir prisonnier dans son propre royaume le mettait hors de lui. Il frappait à coups de poings contre la grille, hurlait comme un animal fou de rage après ces soldats qui le toisaient avec crainte ou dédain. L'œil de son propre frère lui était le plus insupportable.

— Je vous tuerai tous ! Je le jure que votre sang tachera les dalles de Cassandore ! Libérez-moi immédiatement ! Leftheris ! Je te jure que je te tuerai si tu ne me laisses pas sortir !

— Ça ne sert à rien de te ruiner la voix, lui assura le général. Tu ne sortiras pas d'ici.

Un nouveau coup porté aux barres de fer, ses phalanges se fendirent de plaies rougeoyantes. Il allait voir s'il ne sortirait pas d'ici... Vadim n'avait besoin ni de clés ni de magie pour ouvrir cette porte. Saisissant fermement deux barreaux de ses poignes rigides, l'oiseau en cage s'employa à les écarter grâce à la seule force prodigieuse de ses mains. Les muscles saillants de ses bras se bandèrent. Des grognements d'effort se mêlèrent à la goutte de sueur traçant un chemin clair sur le sang séché de son front.

Les soldats reculèrent d'un pas devant le mouvement des barres grinçantes se tordant peu à peu autour du visage enflé et déformé du monstre. C'était impossible, il ne pouvait pas détenir une telle force. C'était hors du commun !

Seul Leftheris resta immobile.

Devant ses yeux, les mains de Vadim se mirent à scintiller de fines particules bleutées. Sa magie maudite renaissait ! Saisi par l'urgence, Leftheris estima qu'il était bien trop périlleux de le laisser continuer ainsi. Arrachant l'arbalète d'un soldat terrifié à ses côtés, il asséna un coup de crosse brutal au visage de son frère, puis un autre, jusqu'à ce qu'il s'effondre en arrière, assommé.

Allongé sur le dos, fixant le vide, Vadim laissa une larme de sang courir de son front à sa joue. Dès lors, son corps épuisé se ramollit. Sa colère et son acharnement s'estompèrent progressivement dans la brume. Dépourvu de toute énergie, ses mouvements se figèrent et bientôt, une paralysie totale l'enveloppa. Que pouvait-il faire de plus ? Il luttait avec hargne pour garder les yeux ouverts, mais l'exténuation le gagna irrémédiablement.

Il était inutile de résister. Il avait perdu.

Avant de s'abandonner aux ténèbres, Vadim vit une ultime fois le visage de sa douce Jaya dans ses pensées. Sa tendre épouse, son fruit des neiges pour qui il venait de tout sacrifier par amour.

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