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Pour toi, Fruit des Neiges 3/7 ✔️

Le soleil perça les nuages de pluie en ce frais matin.

Ouvrant ses yeux qu'elle perdit un instant par la fenêtre sans rideaux, Varvara soupira. Son envie de rester au lit et fuir la froideur du jour lui faisait de l'œil. Elle ne dormait que peu, ces derniers temps, encore si profondément atteinte par tout le drame ayant touché la ville, mais surtout Jaya.

Elle avait tant envie de dormir pour oublier...

Elle en avait marre de ce quotidien, marre de cette pression qu'on lui infligeait, bien plus quand des coups retentirent à sa porte.

— Varvara ? Tu es levée ?

— Oui, maman...

— Tu es habillée ?

— Pas encore.

— Dépêche-toi dans ce cas ! Nous n'avons pas toute la journée.

Un soupir de plus. Voilà encore un sujet qui l'ennuyait en ces lieux... Elle n'avait d'autre choix que d'obéir, comme toujours. Déjà, l'agitation matinale et habituelle s'élevait depuis le couloir des servantes. Les femmes s'interpellaient mutuellement, s'échangeant peignes et épingles à nourrice pour sublimer leur allure. Bientôt, Varvara les rejoignit, revêtue de sa robe noire, des cernes abyssaux creusant son regard. Elle ressemblait à un fantôme éreinté que personne n'avait pris le temps de réconforter.

Elles n'avaient guère le temps pour ça.

Sous l'œil avisé de sa mère, Varvara se saisit d'un seau et suivit la horde qui se dispersa à leurs différentes taches un peu partout dans le Beffroi. La cadette ignora tout le monde et partit vers le salon de thé. Là-bas, elle serait un peu tranquille sachant que les domestiques commençaient toujours par les étages inférieurs pour doucement remonter. Elle avait envie d'être seule, au calme et sereine pour mieux émerger.

Errant en solitaire dans le large couloir de la passerelle du troisième étage, Varvara appréciait la quiétude environnante. Ici, les ramdams de ses consœurs ne parvenaient pas à la perturber. Cependant, à cet instant précis, elle aurait souhaité être accompagnée lorsqu'elle croisa une silhouette surgissant en sens contraire de sa progression.

Être accompagnée pour garder la face.

S'immobilisant dans un rayon de soleil glissant par la lucarne, Varvara posa son regard sur un corps. Un corps qu'elle connaissait si bien... et dont elle aurait préféré rester loin, désormais.

Devant elle, Leftheris se dressait, paré de sa gabardine fétiche et prêt à partir sur le terrain. Un instant, en l'apercevant, il s'arrêta aussi, tiraillé entre surprise et mépris. Les anciens amants s'évaluèrent du regard, et pour Varvara, cet échange semblait durer l'éternité. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas été seule avec lui. Si longtemps qu'elle désirait s'expliquer, comprendre et décrypter son attitude, tant à son égard qu'envers Jaya. Il incarnait ce genre de mystère dont on s'amourachait sans songer aux conséquences. Elle brûlait d'envie qu'il fasse le premier pas, car sa faiblesse la pétrifiait sur place, face à ce fier général pour qui son cœur battait toujours, en dépit de tout.

Or, il se contenta de tourner la tête et reprendre son chemin.

Lorsqu'il la dépassa sans un mot, effleurant à peine son épaule, elle comprit qu'il n'éprouvait aucune envie de discuter avec elle. Celle qui avait tout gâché, celle qui avait fait exploser la vérité, celle pour qui il nourrissait un profond dégoût.

Non, elle ne pouvait pas le laisser partir !

— Leftheris !

Sa voix forma un écho dans le couloir. Son cœur lui avait dicté ses gestes plus rapidement que sa raison. Il resta de dos, à trois mètres d'elle.

— Je... Je dois vous parler.

— Je n'ai pas le temps, excusez-moi.

Varvara se mordit la lèvre d'amertume quand il reprit sa marche sans se retourner. Une boule se coinça dans la gorge de la métisse qui, profondément touchée par son détachement total, lui clama :

— Si, vous avez le temps ! C'est juste que vous ne voulez pas !

Il s'arrêta de nouveau, mais cette fois, lui offrit une vue sur son visage agacé par son effronterie.

— En effet, je n'ai pas envie de vous parler, Varvara. Vous en avez assez fait.

— Mais je...

La clouant sur place, Leftheris sortit de ses gonds et se rapprocha d'elle jusqu'à la surplomber de toute sa grandeur. Varvara frémit ; jamais elle n'avait vu une telle colère dans son regard.

— Qu'est-ce que vous pensiez faire en dévoilant vos trouvailles à Jaya et Vadim ? Ruiner ma réputation ? Ou peut-être celle de ma belle-sœur et de mon frère ? Déjà, soyez heureuse que je ne vous renvoi pas pour avoir fouillé dans ma chambre, car votre mère est une fidèle servante de notre famille depuis des années. Regardez ce que votre simple parole a engendré ! Ce fut une véritable réaction en chaîne qui a entraîné ma famille, mais aussi Jaya dans de grands dangers qui ont laissé d'irréparables séquelles. Si vous aviez gardé votre bouche fermée, comme une bonne petite servante, elle ne m'aurait pas vu me battre avec son mari, n'aurait pas été enlevée par l'ennemi et n'aurait pas perdu son bébé !

La rage dans sa voix arracha une larme à la jeune femme, ratatinée sur elle-même. La goutte coula sur sa joue et perla sur son menton. Il avait raison... Tellement raison et elle ne pouvait le contester. Elle avait tout gâché.

— Alors non... je n'ai pas envie de vous écouter me déblatérer des excuses. Restez simplement à votre place.

La froideur de cet homme qui s'était autrefois montré si doux avec elle la tuait. Elle peinait à retenir de misérables sanglots. Elle ne pouvait se résoudre à oublier tout ce qu'ils avaient vécu ensemble, oublier l'amour qu'elle lui portait et sur lequel elle refusait de faire une croix. Même si, pour lui, cette énorme croix rouge était visiblement déjà tracée depuis longtemps. Elle n'était pas stupide et lisait en lui mieux que dans un livre ouvert...

— Vous l'aimez elle... n'est-ce pas ?

Pris de court, Leftheris la dévisagea d'abord avec confusion avant de déglutir. Il savait... Il savait que Varvara parlait en réalité de Jaya. Le souvenir de leur dernière confrontation le consumait, le rongeait de l'intérieur. Un mois qu'il ne lui avait pas adressé la parole, un mois qu'il l'observait de loin sans oser s'approcher. Un mois qu'il veillait sur elle en secret, sans prononcer un seul mot. Un mois depuis les événements. Leftheris se liquéfia un instant, déstabilisé par cette question audacieuse. Sa mâchoire se contracta nerveusement.

Garde contenance, général... Ne soit pas faible !

— Ça ne vous regarde pas, lui rétorqua-t-il, implacablement.

— Moi, je vous aime... Je vous aime éperdument, Leftheris. Je me suis donnée à vous, j'ai sacrifié ma vie pour vous.

— Je ne vous ai pas demandé de le faire. Certes, j'aurais dû réfléchir avec plus de recul et je m'excuse auprès de vous pour ça, malgré tout. J'ai fais une terrible erreur avec vous.

Une erreur ? Il pensait sincèrement que l'amour qu'ils avaient si intensément partagé était une erreur. Ce n'était donc que du sexe pour lui ? Juste un moyen d'assouvir ses pulsions primaires ? Rien de plus.

Une nouvelle larme glissa de ses yeux noirs.

— Je ne pourrais plus... me marier...

— Je m'en excuse, Varvara. Mais vous auriez dû réfléchir aussi. Nous avons fait une erreur tous les deux. Et je veillerais à ce que ça ne se reproduise plus.

Sur ces mots, Leftheris partit pour de bon.

Elle n'avait pas la force de le retenir encore, même si le voir s'éloigner lui faisait l'effet d'un surin planté dans le cœur. Comme si c'était la dernière fois qu'elle lui parlait, la dernière fois qu'elle pouvait lui dire à quel point elle l'aimait. La dernière fois qu'il la laisserait s'approcher.

C'était infiniment trop douloureux pour son âme fragilisée. Elle n'arrivait tout simplement pas à accepter que c'était la fin... Leftheris venait de mettre un point final à leur relation. Les larmes la brûlaient, mais hors de question de pleurer dans ce couloir, exposée à la vue de quiconque passerait par là. La mâchoire tremblante, Varvara se précipita dans le salon de thé où elle éclata en sanglots, ignorante qu'une silhouette dissimulée près d'un crochet obscur l'avait aperçue.

Cette silhouette en sortit quand Leftheris prit l'ascenseur et disparut. Des frisettes anarchiques entouraient un visage sombre crispé d'horreur.

Omaima avait tout entendu, à son plus grand désarroi. Elle avait bien remarqué que sa fille n'était pas dans son assiette ce matin-là et avait donc voulu la rejoindre pour s'assurer qu'elle ne souffrait d'aucun mal. Cependant, elle ne s'était pas attendue à la surprendre en pleine conversation avec le prince. Alors qu'elle avait d'abord envisagé de sortir de sa cachette pour gronder et punir sa fille de lui avoir, une fois de plus, désobéi, l'intendante s'était pétrifiée devant leur échange.

Écrasée contre le mur froid, le souffle court, elle peinait à sortir de son choc. Non... sa petite fille n'avait pas pu faire une telle chose. Elle était si naïve, si innocente... L'histoire se répétait indubitablement et elle le refusait de toute son âme ! Ce pourquoi, Omaima s'extirpa de l'ombre et s'élança vers le salon de thé.

Varvara allait avoir des explications à lui donner.

Quand elle fracassa la porte, elle vit le corps voûté de sa fille en larmes se tourner vers elle, la peur au fond des yeux. Sa mère était là, déformée de rage. La jeune femme savait ce qu'il allait se passer et redoutait ce moment depuis des mois.

— M-Maman ?

— Qu'est-ce que tu as fait ?

Sa voix n'était qu'un murmure incandescent. Omaima bondit vers sa fille et lui asséna une gifle d'une puissance sans égale, la faisant valser et se rattraper in extremis contre un fauteuil du salon. Elle cria, la vaisselle sur la table frémit. Sur la joue de Varvara, cinq doigts écarlates se dessinaient.

— Qu'est-ce que tu as fait, par Ymos ? Je t'avais dit de ne plus t'approcher de lui ! Et tu n'en as encore fait qu'à ta tête !

Le visage de la femme était défiguré de haine, elle en tremblait de tout son être.

— J'ai tout entendu ! Tu as osé... Tu as osé coucher avec lui ! Je ne t'ai pas élevée comme ça, petite sotte !

— Mam... maman, s'il te plaît...

— Tais-toi ! J'en ai plus qu'assez de toi, tu es idiote ! C'est bien, maintenant, tu es déflorée et plus personne ne voudra de toi ! Tu finiras ta vie toute seule, comme ta mère ! Qu'est-ce que tu espérais ? Qu'il t'épouse ? Ma pauvre fille, les princes et rois ne s'intéressent pas aux servantes, ils s'en servent, c'est tout !

— Non, maman... Je l'aime...

— Tu l'aimes ? Tu l'aimes...

Un nouveau coup s'abattit et frappa le visage de la malheureuse Varvara qui, cette fois, embrassa le tapis richement décoré. Une perle de sang teinta le coin de ses lèvres. Ses sanglots s'intensifièrent sous la douleur tant physique que psychologique.

— Il a simplement abusé de toi, de ta faiblesse et de ta stupidité ! Je t'avais interdit de t'approcher de lui, pourquoi tu ne m'as pas écoutée ? J'ai vécue cela avant toi, je voulais te préserver de cette souffrance ! Mais tu n'écoutes rien ! Rien du tout ! Tu es une honte pour notre dieu... Comme je l'ai été.

— S'il te plaît, maman... arrête...

Les larmes explosaient entre les cils d'Omaima.

— Il ne t'aimeras jamais, Varvara...

— Pourquoi, maman ? Pourquoi... il ne pourrait pas m'aimer... ?

Puisant dans ses dernières forces, Varvara se redressa pour faire face à sa mère. Ses yeux rougis ne la lâchaient pas une seconde.

— C'est peut-être juste... un coup de colère. Il est très stressé avec la... la guerre. Il reviendra vers moi et... je pourrais peut-être l'épouser et te faire honneur. Faire honneur à notre dieu...

— Non... je refuse que tu l'épouses.

— Pourquoi ?! hurla-t-elle, à bout.

— Parce que vous avez le même sang !

Un silence de mort. Voilà ce qui s'abattit au milieu de l'altercation, ravageant les alentours sous l'effet d'une onde de choc. La bombe qu'Omaima dissimulait en elle depuis vingt-et-un ans venait d'exploser. La détonation la blessa jusque dans les tréfonds de son âme, mais le regard perdu de sa fille lui infligeait une souffrance encore plus déchirante.

— Quoi ? Qu'est-ce que... tu as dit ?

— Varvara... Je n'ai jamais voulu t'avouer cette vérité, car je craignais pour ta vie.

— Comment ça... ?

Omaima baissa la tête. La métisse commença à s'inquiéter.

— Maman ? Qu'est-ce que tu racontes ?

— Tu... Tu as toujours voulu savoir qui était ton père, Varvara. Je te l'ai toujours caché, car je pensais que c'était mieux pour toi. Je n'ai connu qu'un homme dans ma vie. Et... c'était Byron. Le seigneur Blanchecombe.

Avait-elle bien entendu ? Peut-être les coups reçus avaient brouillé ses sens auditifs ? Omaima était pourtant très sérieuse et devant l'expression de détresse de sa fille, prit une grande inspiration. Ce mensonge avait assez duré...

— Je suis arrivée au Beffroi quand j'avais à peu près ton âge, quelques années après la mort de la reine. J'ai su me démarquer grâce à mes connaissances qui ont fait que Byron Blanchecombe, satisfait de mon travail, m'a embauchée et m'a rapidement fait monter les grades. Mais il y avait plus entre nous... Il était encore si affecté par la mort de sa femme, les princes étaient encore petits et... Il était si seul. Au fil du temps, nous nous sommes rapprochés. J'ai fais l'erreur de tomber amoureuse de lui alors qu'il était bien plus vieux que moi. Et il en a profité.

Varvara buvait son récit sans ciller, ne croyant tout simplement pas ce qu'elle entendait.

— Je pensais qu'il m'aimait. Je l'aimais tant et j'étais persuadée qu'il m'épouserait aussi. Mais... Il m'a bien fait comprendre qu'il n'y aurait jamais rien de plus entre nous. Il avait son devoir d'homme, de père et de roi à faire passer en priorité. Il ne pouvait décemment pas s'afficher avec une domestique. Il m'a donc demandé de garder le secret et j'ai accepté pour conserver ma place au Beffroi. J'ai souffert longtemps de le voir, j'ai nourri une colère immense pour lui, car il m'a abandonnée et m'a empêchée de me marier, mais... Le temps a gommé l'amour que je lui portais. L'amour est futile s'il n'est pas partagé et c'est ce que j'ai voulu te faire comprendre. Il ne le sait même pas pour toi... Il pense que tu es la fille d'un soldat avec qui j'aurais couché après lui... Mais... Je n'ai connu personne d'autre, je le sais.

Voulait-elle donc dire... qu'elle était la fille illégitime du roi de Cassandore ? Elle ? Varvara, la simple servante dont tout le monde se moquait ? Serait-elle donc, de fait, une... princesse ? Non, elle ne pouvait tout simplement pas croire une telle histoire ! Elle n'avait aucun lien avec la famille Blanchecombe. Absolument aucun !

Son estomac en était tout retourné comme après une chute libre. Ses membres tremblaient sans contrôle.

Pourquoi lui dire seulement maintenant dans ce cas ? Pourquoi lui avoir menti toutes ces années sur l'identité de son père ?

— Tu comprends désormais pourquoi je te protège ? Pourquoi je refusais que tu suives le même chemin que moi ? Pourquoi je ne voulais pas que tu cèdes à la beauté de ce prince... Il est ton demi-frère, Varvara... tout comme le prince Vadim.

La jeune femme déglutit, poignardée en plein cœur. Son demi-frère... Avait-elle couché avec son demi-frère ? Quel acte abominable avait-elle commis sans le savoir ? C'était contre-nature, d'autant plus cruel sachant l'amour qu'elle éprouvait encore pour lui malgré tout. Ses ongles s'agrippèrent à son visage qu'elle griffa sous l'emprise des nerfs qui la dévoraient. Sa respiration était saccadée, elle ne parvenait plus à retrouver un souffle régulier, ni les mots pour répliquer.

Devant son attitude désespérée, Omaima tenta de la faire réagir.

— Varvara ? Dis quelque chose, je t'en prie !

Sans lui répondre, ni la regarder, la jeune fille voulut la contourner pour fuir hors du salon, mais Omaima la retint d'un bras.

— Varvara ! Attends !

— Lâche-moi !

Elle venait de repousser violemment sa mère dont le dos heurta brutalement le vaisselier. Omaima resta pétrifiée devant ce geste impropre à sa fille habituellement si douce. Elle l'avait blessée, ensevelie sous une confusion extrême.

Varvara n'avait qu'une seule idée : fuir. Fuir le plus loin possible de sa mère pour reprendre ses esprits. Elle courait, courait, courait sans prendre garde à qui se tenait sur sa route folle. Elle ignorait les cris de sa mère l'appelant dans son dos.

Par ce matin clair, sa vie était partie en éclats et plus que tout elle désirait être seule.

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