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Le Garçon Perdu 3/5 ✔️

Le soir venu, alors que la lune brillait dans le firmament, une âme s'égarait dans les dédales de ses pensées, menaçant de briser les liens de sa raison. Tapi dans un recoin sombre, assis à même le sol, Amaros n'avait croisé âme qui vive durant cette interminable journée. Il étendit ses jambes en quête d'une position plus confortable. Peine perdue dans un tel endroit. Ces dalles froides et humides ne pouvaient rivaliser avec le douillet cocon de sa chambre, au sein de la demeure familiale.

Un confort ayant complètement déserté sa vie depuis un an... Il ne se rappelait presque plus la tendresse d'un bon lit ou d'un fauteuil pour poser ses royales fesses.

Cette aventure judiciaire avait été la plus soporifique de son existence. Amaros s'était fait avoir comme un bleu aux abords des cavernes du glacier, lorsque les hommes du roi lui étaient tombés dessus. Et pourtant, seul Ymos connaissait les multiples occasions où il avait goûté le danger que représentait l'autorité. L'adolescent avait dès lors appris à faire preuve de prudence, tout en savourant l'adrénaline que lui procuraient ses innombrables forfaits. Les Alhoriens se révélaient décidément à l'image de leurs terres : froids et inhospitaliers envers les étrangers, même lorsque ceux-ci tentaient en vain de s'expliquer.

Revoir Vadim ici avait insufflé en lui le courage de s'extirper de cet endroit et de redescendre les montagnes. Là-bas, ses compagnons l'attendaient, sans doute rongés par l'inquiétude. Bien qu'il les connaissait depuis peu, il s'était rapidement attaché à eux. Il ne souhaitait pas causer de tourments à son cousin, comme il avait failli le faire l'année précédente, ni même à sa ravissante épouse. Qui savait ce que son hystérique de père – et accessoirement oncle – aurait pu lui faire ? Avec sa tête, Vadim avait déjà bien assez morflé.

Il était hors de question pour son impétueuse raison de rester dans ce cachot moisi jusqu'à la moelle un instant de plus. Heureusement, Vadim lui avait donné un bon coup de main pour parfaire son évasion. Sacré filou...

L'œil rivé à la serrure de sa porte, Amaros savait pertinemment qu'elle était ouverte. Ce vieux baroudeur balafré dissimulait bien plus d'astuces en réserve qu'il n'en aurait jamais. Un mage d'exception qu'il admirait. Un stratagème s'était rapidement esquissé dans son esprit malicieux et fertile durant la journée. Orchestrer les ficelles d'une machination bien huilée, voilà qui était l'apanage d'Amaros.

Des pas survinrent derrière la porte close au-dela de sa cellule. C'était l'heure ; les soldats venaient d'arriver pour leur tour de garde.

Se redressant, l'adolescent se pressa aux barreaux. Les voix des hommes du roi s'échangeaient des ragots et des histoires douteuses les faisant grassement rire. Ils allaient moins rigoler en écoutant ça...

— Hey ! Y a quelqu'un ? J'ai faim ! Vous pouvez pas me laisser comme ça toute la journée sans manger, c'est inhumain ! Hey oh ! Je peux vous chanter une petite chanson si vous voulez, en attendant que vous m'ameniez de quoi bouffer. Vous connaissez la « balade du bûcheron » ? J'éééétaiiiiis uuuuuuun tout petit bûcheron, qui taillait des bouchons, dans un corps de liège, qu'avait de beaux nichoooooons !

— Tu vas la fermer, oui !?

Un homme en bleu marine ouvrit la porte pour y passer sa tête et crier ces mots.

— Soyez généreux, messieurs, j'ai l'estomac dans les talons. Je n'arrêterais pas de chanter jusqu'à ce que vous m'emmeniez de quoi manger ! Maaaaa graaaaand-taaaante possède un lot de noix, noix, noix, noix, qui se noie dans le trou noir d'un entonnoir...

— C'est bon ! Ferme ta bouche, on va te ramener quelque chose.

Amaros leva ses mains au ciel avec emphase.

— Merci, Calastë Ymos Maïroa !

Les deux hommes grognèrent d'agacement. Quel prisonnier récalcitrant ! Le premier réclama au second d'aller dans la réserve chercher un morceau de pain et des fruits secs à ce fichu gamin. Il en voulait des noix ? Il allait en avoir. Le soldat de corvée soupira et y alla, laissant son comparse seul.

Le plan était en marche. Encore un coup de bluff et il serait bientôt libre.

— Dites, mon seigneur, vous avez l'air d'avoir peur de m'approcher, je me trompe ?

Le garde observa Amaros d'un œil froncé.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Conserve ta salive pour ton procès, tu en auras plus besoin qu'ici.

— Non, mais... Ce que je veux dire, c'est qu'on dirait que vous avez peur de moi... Est-ce parce que je viens des Montagnes Boréales ? Vous craignez cet endroit plus que tout, pas vrai ?

— Ferme ton clapet. Je n'ai pas peur d'un gamin freluquet comme toi.

— C'est pas ce que me disent vos yeux fuyants. Vous connaissez la chanson du « peureux qui fuyait les insectes » ?

— Si tu ne la fermes pas, je vais devoir utiliser la manière forte, clama l'homme en brandissant sa matraque de bois vers Amaros.

Jeeeee suis un peureux notoire, qui a peur du noir, je fuis sans me r'tourner, face aux toiles d'araignées. Peur, peur, ouh j'ai peur ! Y a un coléoptère qu'est coincé dans mon verre. Bidididi didi ! Les cloportes ? Rah, pitié que le vent les emporte ! Oh bidididi didi, les insectes m'donnent la gerbe, mais pas ta grosse mère avec qui j'me suis roulé dans l'herbe ! Se rouler dans l'herbe, se rouler des pelles...

Cette fois, c'en était trop ! L'homme n'en pouvait plus de ce gosse arrogant qui jouait sur le fil de ses nerfs. Tant d'irrespect était révoltant ! D'un pas irascible, le garde entra dans la pièce condamnée, sa matraque en avant. Il allait lui apprendre à respecter l'autorité à grands coups sur les doigts.

Amaros sourit sous ses cheveux en pagaille. Le piège se refermait lentement.

Encore quelques pas...

Plus qu'un...

Et il pourrait l'atteindre.

La matraque s'éleva, menaçant de s'abattre sur les doigts d'Amaros, agrippés aux barreaux. Cependant, une main alerte saisit le garde par le col, le plaquant avec force contre le métal rouillé. Une autre paume se posa sur le visage de l'homme, l'englobant presque entièrement.

Une lueur bleue émana de la porte entrebâillée, illuminant une parcelle du couloir froid.

Des cris s'échappaient de la zone de quarantaine. L'homme parti chercher de la nourriture revint précipitamment, alerté par le vacarme. Le prisonnier hurlait à s'en déchirer les poumons. Son compagnon de garde fit vivement retraite de la cellule, après avoir verrouillé la serrure à clé. Que se passait-il ? Le soldat échevelé lança un regard apeuré à son partenaire.

— Le gamin a tenté de me frapper ! Il est devenu complètement fou !

Lâchant la miche de pain au sol, l'homme courut pour constater la chose de ses propres yeux.

— Sa cellule était ouverte ! Je sais pas ce qui s'est passé...

— Comment ça, sa cellule était ouverte ? Personne ne s'est approché de lui ! Comment c'est possible ?

— Je l'ignore tout autant que toi, idiot !

La voix du garçon porta dans la prison et fissura l'atmosphère.

— Libérez-moi ! Qu'est-ce que ça veut dire ? Faites moi sortir d'ici !

Amaros frappait de toutes ses forces sur les barreaux, les yeux exorbités de rage et de confusion. Il pointa vigoureusement le garde d'un doigt accusateur.

— Imposteur ! C'est un imposteur !

— Écoute, reste ici et surveille-le, je vais chercher des renforts. On va en avoir besoin pour le maîtriser. Je sais pas d'où il sort, mais il me file la trouille...

Le nouvel arrivant hocha la tête, déconcerté par ces événements. Il était sur le point de relâcher le sac de noix, tant l'incompréhension l'envahissait. Il préféra laisser son comparse prendre les rênes, sachant qu'il était plus expérimenté pour gérer ce genre de situation épineuse.

— Ne l'écoute surtout pas et ne t'approche pas de lui. C'est un fin manipulateur.

Le plus jeune garde acquiesça et laissa son compagnon partir en direction de la sortie du poste de prison.

— Tu... Tu le laisses partir ? Ophian, c'est moi ! Ouvre-moi cette maudite porte, au nom d'Ymos !

— Silence ! Si tu oses ouvrir encore une seule fois la bouche, nous n'aurons aucun scrupule à t'attacher dehors sous la neige pour toute la nuit.

Ce qui se passait dépassait l'entendement et, lorsque le garde parti en courant atteignit la sortie, un sourire coquin releva ses commissures. Quel bonheur de retrouver l'extérieur ! Ses pieds s'enfoncèrent dans la neige tassée à l'entrée du poste. D'autres gardes le saluèrent, inconscients de ce qui se tramait à l'intérieur. Il trahit sa promesse de ramener des renforts sans regrets, se dirigeant en toute discrétion vers le flanc du bâtiment. Par ici, entre les allées serrées cachées par des toitures en vis-à-vis, personne ne le verrait disparaître. La nuit était son alliée dans cette opération, même si la lune le narguait de sa clarté. Un fantôme dans la nuit, un souffle de vent balayant la poudreuse collant à ses chevilles.

Mais cela ne dura que cinq minutes.

Cinq pauvres minutes durant lesquelles il parvint, avec adresse, à franchir un muret qui le mena à un niveau inférieur de la cité. Dans une ruelle isolée, nichée entre deux façades d'habitations dépourvues de toute lueur, perdue sous les auspices lunaires, un crochet marqua un tournant. Des mains le saisirent avec vigueur. Réprimant un hoquet de stupeur, l'homme se laissa entraîner dans l'obscurité la plus totale de ce lieu, tel un pantin désarticulé.

Son cœur accéléra à en devenir fou. Asphyxié par l'étreinte d'un avant-bras puissant sous sa gorge, il fut secoué d'un coup à la tête. Puis un autre et encore un. Des petits coups de poing au niveau de l'arrière du crâne qui, relâchant une étincelle bleutée, révéla la vérité.

Le corps du garde rapetissait à vue d'œil, des cheveux longs et emmêlés repoussèrent dans les assauts de poings et la masse musculeuse se changea en corps frêle.

Un dernier bouquet de phalanges et Amaros grimaça. Ses pauvres neurones meurtris étaient retournés comme les grains d'un sablier. Sous les dernières effluves d'azur, le jeune fuyard osa relever la tête vers celui qui le maintenait encore.

Un bien grand morceau... couvert de cicatrices.

Un sourire crédule naquit sur le visage de l'adolescent.

— Vadim... je suis content de voir ta sale gueule.

Un nouveau coup de poing ; Amaros grogna de mécontentement.

— Aoutch ! Je suis revenu à la normale, je te signale !

— Ça, c'était pour la sale gueule.

Amaros se dégagea enfin de l'étreinte de son cousin, constatant sa venue. En effet, celui-ci était bel et bien là, revêtu d'une cape noire à capuche et accompagné de sa jeune et belle épouse. Celle-ci, décontenancée, bafouilla face à la scène surréaliste à laquelle elle venait d'assister.

— Co... Comment ? Comment c'est possible ? Il...

Amaros mima une coulée de paillettes à l'aide de sa main.

— Illusion physique. Les manieurs de Risen sont de vrais prestidigitateurs, ma chère madame. Nous pouvons faire voir aux autres tout ce que nous voulons. Du moins, en partie... C'est comme cela que nous redessinons et inversons notre apparence par le simple contact. Une petite ruse qui m'a permis de fuir sans faire de bruit. Fabuleux, n'est-ce pas ?

Jaya battit des paupières, n'y croyant tout simplement pas. Il insinuait qu'il avait usurpé le physique d'un garde par un simple touché ?

— Vadim ! Comment tu as fait pour savoir que c'était lui ? C'était un tout autre homme il n'y a pas une minute !

L'appelé ricana devant la moue confuse de sa femme.

— Je n'en savais rien.

— Mais... quoi ? Et si c'était réellement un garde ?

— Il aurait été assommé, car j'aurais frappé plus fort.

Elle peinait à croire ce qu'elle voyait. Chaque jour, elle découvrait de nouvelles facettes du Risen, ce qui la poussait à esquisser un léger sourire malgré elle. Un frisson la traversa, non pas causé par le froid, mais par l'excitation qui l'envahissait.

— Vous êtes venus me chercher ? relança Amaros. C'est fort sympathique de votre part. Au fait, Vadim, merci pour la serrure.

— Un coup de main pour un silence, ma dette est payée.

— Qu'est-ce que vous comptez faire, maintenant ? lui demanda Jaya.

Amaros soupira en croisant ses bras derrière sa nuque.

— Probablement repartir vers le pied des montagnes d'ici demain matin. J'ai des amis à retrouver là-bas. Je n'ai pas grand chose à faire ici, toute la garde veut me trucider tellement je leur ai cassé les oreilles en chantant des chansons paillardes. Tu t'en rappelles de celle-ci, Vadim ? J'éééétaiiiiis uuuuuuun tout petit bûcheron, qui taillait des bouchons...

— Oui, oui, oui, je m'en souviens, stop ! l'arrêta abruptement le prince.

— C'est toi qui me l'avait apprise.

Son gloussement immature apporta le soupir gêné de l'époux qui se rassura en voyant l'œil perplexe de Jaya. Heureusement, elle ne semblait pas connaître ce petit refrain...

— On va te trouver un endroit sûr pour passer la nuit, Amaros, mais ne traîne pas longtemps à Alhora. D'ici à ce que ton charme se rompt, ça te laissera du temps pour t'éloigner. On est venus justement pour te guider. Jaya connaît la ville comme personne.

— Ah oui ? Intéressant. Je voudrais savoir un truc, alors, jolie princesse...

Se rapprochant d'elle, la poussant instinctivement à reculer d'un pas, Amaros adopta de grands yeux suppliants.

— Où est-ce que je peux manger un bon repas chaud ?

La nourriture passait avant la fuite. Pas question de courir avec le ventre vide.

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