
Garder le Secret 7/7 🍋 ✔️
De faibles petits coups furent donnés à la porte de Varvara.
Immergée dans un sommeil peuplé de rêves d'aventures, la jeune servante gesticula délicatement. L'âpre bataille qui se déroulait sous ses paupières s'estompa hélas, s'évanouissant tel un nuage de fumée. Le scintillement des épées mourut, tandis que les effluves des fleurs foulées aux pieds des combattants s'envolèrent pour s'évanouir dans l'éther. Toutefois, les entrechoquements persistaient, gravées dans les méandres de son subconscient.
Clac...
Clac...
Toc...
D'autres coups survinrent, à peine plus forts, lui provoquant un sursaut. Cela ne venait donc pas de son rêve... Elle entendait réellement des bruits.
Les yeux toujours fermés, elle soupira, tendant l'oreille. Plus rien. Ce n'était peut-être que le fruit de son imaginaire, tout compte fait. Le fracas des pierres chutant dans les eaux de la rivière, qui serpentait à proximité des guerriers de son rêve. Se pelotonnant de nouveau dans ses draps, Varvara bondit réellement, les yeux écarquillés et le cœur palpitant, lorsque le phénomène se reproduisit. La poignée trembla légèrement : quelqu'un tentait d'entrer !
Qui cela pouvait-il être, à cette heure ? Son horloge sur sa table de chevet semblait encore bien loin du matin...
Se frottant rapidement les yeux, la jeune femme au teint bronzé se leva d'un pas titubant. Serait-ce sa mère ? Y avait-il une urgence ? Peut-être que quelqu'un était blessé et requérait de l'aide. Dans la pénombre, seule un rayon de lune argenté guidait ses pas en direction de la porte de sa modeste chambre de commis, ne renfermant qu'un lit, une armoire et un bureau. Chaque servante, au Beffroi, disposait de son propre petit havre, des dizaines de pièces alignées aux portes soigneusement numérotées.
Décachetant son verrou, à moitié endormie, Varvara entrouvrit sa porte. Elle espérait que sa mère ne la retiendrait pas longtemps, ou qu'il ne s'agisse pas d'une situation grave, afin de pouvoir achever sa nuit de repos sereinement. Dans l'obscurité, elle distingua une silhouette debout sur le seuil. En dépit du voile qui troublait sa vision, Varvara comprit d'emblée que ce n'était pas sa mère.
Un œil monté une poignée de centimètres plus haut, elle croisa une chevelure blonde et des yeux d'acier luisants dans le rayon blême.
Leftheris...
Son cœur cessa de battre, se glaça dans un instant hors du temps. Se trouvait-elle encore immergée dans un rêve ? Elle hésita un bref instant avant de se pincer discrètement. Non, ce n'en était pas un. Leftheris était bel et bien là, la contemplant sans relâche... Si longtemps qu'il n'était pas revenu. Pourquoi réapparaître aujourd'hui, à cette heure ? Sans un mot, ils se dévisageaient en silence. Le prince poussait de petites respirations sourdes, comme s'il s'était dépêché de descendre les escaliers vers le couloir des servantes. Une mèche de cheveux tombait nonchalamment sur son front barré d'une ride d'incertitude.
Il avait l'air en profonde détresse. Avait-il besoin d'aide ?
— L... Leftheris ?
Le murmure de la jeune femme fut le signal qu'il attendait pour bouger. L'instinct se déclencha et, d'une main ferme, il poussa la porte sans y être invité. Machinalement, Varvara recula dans la pièce avant d'être assaillie par des lèvres langoureuses dévorant les siennes. Le passage se referma derrière lui. La surprise se fondit en elle au point où elle n'arrivait plus à bouger, totalement hors de son corps. Sa grande taille la couronnait, il la tenait au visage pour qu'elle ne s'échappe pas.
Par Ymos... Sa mère dormait dans la chambre d'à côté !
Les menaces ressurgirent dans sa mémoire, sa voix sifflante et impitoyable, la gifle qui claquait encore en elle. Si jamais elle savait qu'il était là et qu'elle avait osé enfreindre les règles, la sanction serait bien plus rigoureuse que ce qu'elle avait déjà enduré. Omaima avait été on ne peut plus claire, et Varvara, tremblante, ne souhaitait pas tenter le démon.
Ce si beau démon...
— Leftheris... S'il vous plaît...
Une seconde, elle échappa à sa bouche pour souffler ces mots. Son corps frémissait sous les doigts du prince qui, n'écoutant que ses pulsions, parcouraient les hanches de la servante pour glisser sur la courbe généreuse de ses reins. Haletante, la voix d'Omaima se superposa à ses souffles :
« Qu'est-ce que je t'ai dit ? »
« Je t'interdis tout contact avec le prince Leftheris... »
« Tu resteras loin de lui, un point c'est tout ! Que je ne te prenne pas à le regarder, lui sourire ou vouloir flirter en secret, sinon... »
— Non... Je n'ai pas le droit... Je n'ai pas le droit !
Sa voix augmenta en intensité, un cri lancé pour l'arrêter. Il eut presque l'effet escompté, car Leftheris s'immobilisa, mais plaqua une main sur la bouche de sa jolie victime.
— Shhhh...
Son œil à l'égard de la jeune femme lui clamait de ne pas crier. Si jamais quelqu'un les surprenaient, c'en était foutu. Il aurait la réputation de s'acoquiner des servantes tandis qu'elle, serait vue comme la fille s'étant donnée sans prendre garde au vœu d'Ymos. Varvara le réalisa, elle aussi. Elle déglutit sous ses doigts. D'un regard, Leftheris comprit qu'elle allait baisser d'un ton.
La relâchant, elle s'empressa de lui chuchoter :
— Ma mère est à côté... Elle m'a interdit de m'approcher de vous...
— Comment ça ?
— Elle sait que... que... ce que je ressens...
Sans un mot, Leftheris l'observa glisser une main sur son œil, comme si elle tentait vainement de gommer le sommeil encore présent chez elle. Ou bien une larme menaçant de tomber...
— Ça fait des semaines que vous n'êtes pas revenu me voir... Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi maintenant ?
Que pouvait-il lui répondre ? La vérité vraie serait bien trop cruelle. La vérité arrangée serait plus judicieuse pour épargner son cœur de jeune fille.
— Je suis désolé, Varvara... Vraiment désolé. Les responsabilités sont parfois trop encombrantes au quotidien. Vous vous êtes glissée dans mes pensées, ce soir...
Il se rapprocha d'elle, la pressant à son torse musclé qui, de son simple contact, ravivait les sentiments dévorant qu'elle ressentait à son égard. Sa main câlina sa joue, son nez caressa le sien. Pourquoi ne pouvait-elle pas vivre sans faire fi des règles morales ? Pourquoi ne pouvait-elle pas vivre pour elle, pour lui, tout simplement ?
— Je vous en prie... Je sais que vous en avez envie aussi.
Elle leva ses yeux étincelants vers l'homme. Son cœur se serra, il avait du feu dans la voix. Il lui offrit un sourire minuscule ; un sourire à faire damner les âmes les plus pures. Sa main badine se posa sur sa hanche, la pétrissant avec tendresse. D'un murmure, il emporta le souffle de la jeune femme éprise :
— Dites-moi que je ne vous plaît pas... et je partirai.
Il lui était impossible de dire cela. Comment un homme comme lui, si beau, si preux et merveilleux ne pouvait-il pas être parfait à ses yeux ? Elle en venait presque à oublier les ordres de sa mère, fondant comme de la cire sous ses attouchements. Elle soupira. Des brumes équivoques aux yeux d'amour se posèrent sur le général.
Il était tout ce dont elle avait besoin quand il la serrait contre lui de la sorte. S'il s'en allait encore, elle en souffrirait. Tellement jeune, emmêlée aux chaînes de cet adulte respectable, elle avait dû se confronter à elle-même, à ses choix de vies, d'avenir.
Cet avenir qu'elle lui avait donné sans hésiter, sans savoir s'il désirait vraiment en faire partie.
Comment passer au-dessus de ses sentiments ?
Varvara se laissa embrasser, lui rendant timidement son baiser, transportée par l'amour qu'elle nourrissait à son égard. Il avait une idée derrière la tête et, entre ses mains, elle n'était qu'une poupée manipulée et modelée par son infâme désir.
— Votre mère ne le saura jamais, rassurez-vous. Elle dort profondément.
Sa voix séduisante cogna dans son être, dérégla les battements de son cœur.
— Je vous en prie... J'en ai besoin...
— Leftheris...
— Tellement besoin...
La souffrance, le désespoir... Voilà ce qu'il émanait de lui. Cette envie douloureuse qui irradiait, la brûlant en plein visage. Bestiale, féroce. Ses yeux scintillaient comme de l'argent en fusion. La manière dont il se collait à elle était indécente. Elle sentait tout de lui...
Absolument tout.
Sous ses si beaux atouts se cachaient un prédateur, un véritable démon envoyé par Ymos pour la punir.
Il serait sa damnation. Sa désobéissance suprême.
Elle seule pouvait le soulager.
Attrapant les extrémités de sa robe de nuit, Leftheris la souleva vivement pour mettre cette belle proie à nue. Le linge vola dans la pièce. Varvara eut le réflexe craintif de cacher sa petite poitrine derrière son bras. Par Ymos... C'était la première fois qu'elle se retrouvait entièrement dénudée face à lui, elle qui gardait toujours ses vêtements même dans leur intimité. Le rouge grimpa à ses pommettes sous ce regard puissant qui la déshabillait sans pudeur.
Il recula d'un pas, retira sa veste, puis sa chemise. Le pantalon suivit. Varvara frémit quand la boucle de ceinture toucha le parquet. Ce bruit... Il représentait toute la perversité de l'acte dans lequel elle allait bientôt se faire engloutir malgré elle.
Sa virilité dans la pénombre, il n'aurait aucune pitié.
Reprenant le dessus, Leftheris coula ses lèvres dans le cou de la jolie brune, ses doigts prenant le chemin de ses seins taillés en poire qu'il effleura pour fondre sur son abdomen, jusqu'à atteindre sa douce fente. Elle hoqueta quand il enclencha le bouton du non-retour, la stimulant si fort, avec tant de hargne qu'elle dut se mordre les lèvres pour réfréner ses gémissements. Ses ongles s'enfoncèrent dans les épaules de l'ainé, ses jambes galbées chancelèrent, trempées par ces mouvements fiévreux.
Elle crevait enfin d'envie, sa douceur et son humidité se révélaient très parlantes pour lui. C'en était assez... Passons aux choses sérieuses.
— Mettez-vous à genoux.
Encore confuse de ces multiples sensations, Varvara le regarda une poignée de secondes. Ses lèvres cannibales caressaient la joue de la métisse.
— S'il vous plaît...
Ce n'était pas la première fois qu'il lui demandait une telle chose. Il l'avait fait une fois, dans le couloir des thermes. Si d'abord, elle avait été surprise par cette pratique saugrenue, l'absence de goût étrange l'avait rassurée. Ce serait probablement la même chose, à cet instant.
Prenant une longue inspiration, Varvara obéit et tomba à genoux devant son prince. Elle ne réfléchit pas davantage et mit l'extrémité du membre dans sa bouche. Leftheris balança la tête en arrière, transi de plaisir, lorsqu'il sentit sa langue encore hésitante glisser sur son fil de sensibilité. En quelques secondes à peine, elle prit de l'assurance et accéléra d'un point ses allers et retours. Il empoigna doucement les cheveux de sa belle compagne, ses hanches allant toutes seules à la rencontre de sa délectable profondeur.
C'était si bon qu'il en mourrait. Quand la brillance de la salive, dégoulinant sur le menton de Varvara jusqu'à sa jolie poitrine, frappa dans ses yeux, Leftheris perdit définitivement patience.
Relevant la jeune servante, le prince l'embrassa, puis la contourna pour s'asseoir sur le bord du petit lit. Cette fois, c'était elle qui le surplombait et une seule obsession animait désormais les bas instincts du mâle.
Reproduire ce qu'il avait vu dans la chambre de Vadim et Jaya.
Debout face à lui, Varvara peinait à comprendre ce qu'il voulait. Perdue comme son souffle, elle trembla quand il susurra :
— Venez par ici.
Son autorité était palpable, malgré sa voix douce. C'était la première fois qu'il l'obligeait à prendre de telles positions. Son regard la suppliait... Soumise à la supériorité, à la beauté, à l'amour sans borne...
Varvara s'approcha lentement et le chevaucha, gorgée d'hésitation.
Une grimace la déforma quand elle le sentit s'aventurer dans son corps, d'abord lentement, puis de plus en plus fort. Tellement qu'elle dut s'accrocher à son cou pour ne pas flancher. Leftheris étouffa un râle contre la gorge caramélisée de sa partenaire. Le plaisir colonisait chaque organe de son corps à mesure qu'il accélérait. Un feu d'artifices dans la nuit, une effervescence au plus brut de sa nature primitive.
Au gouffre, l'abstinence ! lui hurlait son corps avide de la chair.
Varvara priait la grâce d'Ymos pour ne pas être entendue. Le lit grinçait un peu par moment, leurs peaux se heurtaient et pourraient attirer l'attention des oreilles indiscrètes. Ses dents mordaient ses babines à sang, afin qu'aucun son ne trahisse la souffrance provoquée par ces cognements répétés.
C'était si difficile... Impossible.
Un souffle plaintif lui échappa, tout de suite écrasé par les lèvres du prince. Elle l'aimait tant, aurait pu mourir pour lui. Fuir cette vie, loin de la dictature de sa mère et de son oppression qui l'empêchait d'être femme.
Sa voix rauque dans son oreille, ses pectoraux pressés à elle, il lui murmura :
— Bougez sur moi.
Comment s'y prendre ? En panique intérieure, la jeune femme s'agita. Il pouvait sentir les battements fous de son cœur à travers sa peau.
— Je ne sais pas si...
— S'il vous plaît... Vous allez y arriver. Vous vous levez...
Il accorda ses geste à ses mots, l'entraînant dans la mise en scène.
— Puis retombez.
La servante serra les dents sous la force du geste. Dans cette position, tout était plus sensationnel, plus exacerbé, autant le chatouillement que la dureté de ce corps planté en elle.
— Faites-le pour moi, Varvara.
Si elle pouvait le satisfaire, lui faire plaisir, elle le ferait. Rien que pour lui, elle s'abandonnerait à ce monde étrange qu'elle peinait encore à déchiffrer. Par amour, elle ferait tout. Lever... et retomber. Puis elle recommença, enchaîna, s'épuisa, pour les beaux yeux de Leftheris braqués sur elle. Épier son bonheur le rendait moins cruel, moins violent.
Un soupir suspendu aux lèvres, des images perverties se glissèrent devant lui. La voir onduler ainsi, attiser le brasier dans son bas ventre jusqu'à en avoir envie de le hurler jusqu'au bout de la nuit, le ramena à Jaya.
Jaya...
Son fantasme... Sa sombre fantaisie...
Son imagination s'enflamma quand il ferma les paupieres, portée sur cette sublime reine des glaces qui hantait ses pensées. À son corps qu'il ne pourrait jamais oublier. Elle bougeait, se donnait, là, sur lui. Pour lui. Sa main courut sur la peau de son ventre si doux, s'agrippant à son sein qui bondissait magnifiquement dans sa mémoire.
Jaya...
Il ne voyait plus qu'elle.
Jaya...
Il forçait en elle.
Jaya...
Il mourrait pour elle.
Jaya...
Mais ce n'était pas elle...
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