Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Garder le Secret 2/7 ✔️

À en perdre haleine.

Vadim courait à en perdre haleine à travers les ruelles de Cassandore. L'explosion avait attiré l'attention des citoyens, nichés dans les demeures du village. Les détonations retentissaient, de concert avec les cris des enfants se blottissant contre leurs mères. Des hommes, vaillants ou terrifiés, s'aventuraient hors de chez eux pour prendre connaissance de la situation. Le prince leur ordonna avec force de regagner leurs foyers et de se barricader. C'était le Marqué... Nombreux furent ceux qui n'eurent le temps que d'apercevoir sa silhouette filer avec agilité vers l'entrée de la cité, planant presque au-dessus des pavés et des barrières. Ses paroles résonnèrent, et personne n'osa lui tenir tête.

Un ordre incontestable qui apporta un vent de panique dans tous les cœurs l'ayant écouté.

Au sommet du Beffroi, dans son bureau seigneurial, Byron observait le nuage de fumée depuis sa fenêtre. Plaqué devant celle-ci, ses yeux impitoyables analysaient ce phénomène, tandis qu'une sensation âcre lui brûlait la gorge. Frost, à ses côtés, avait ressenti les vibrations de l'explosion jusque dans ses pieds. Un violent orage par une journée radieuse. Ce n'était pas normal, et son cœur tambourinant contre sa cage thoracique pressentait un danger imminent. Un danger colossal.

— Qu'est-ce que c'est... ? murmura Frost, avant d'être interrompu.

La porte du bureau s'ouvrit en trombe, dévoilant les sueurs d'Horngrad. Essoufflé, l'homme en noir semblait avoir couru de toutes ses forces. Les deux rois se tournèrent vers lui.

— Sire, Starania est aux portes de la ville et sont en train d'attaquer le mur. Ils veulent à tout prix entrer !

Serait-ce possible ? Non... ces fourbes n'auraient pas eu une telle audace, songea Byron. Cependant, la gravité de son fidèle bras-droit fit éclore une rancœur amère au creux de son ventre. Elle s'intensifia, s'amplifia, jusqu'à le remplir d'une colère lourde et sourde. Comment avaient-ils pu oser... ? Il ne pouvait tolérer cette offense, cette injure à son nom ! Balayant le sol de sa cape, le père Blanchecombe quitta le bureau d'un pas déterminé, suivi de près par son allié de pouvoir.

— Horngrad, allez me chercher un cheval, tout de suite ! Je vais leur montrer qu'on ne s'attaque pas impunément à ma précieuse cité ! Appelez les troupes armées, nous allons les accueillir comme il se doit.

Derrière lui, Frost pensa une seconde à Jaya. Il ne l'avait pas revue depuis leur retour du Colosseum. Elle s'était plainte de douleurs corporelles et avait préféré partir se reposer dans sa chambre. Avec ce qu'il était en train de se passer, il était préférable qu'elle reste ici, en sécurité, loin du tumulte. Il espérait simplement qu'elle ne cède pas à la curiosité ou à la peur après avoir entendu ces détonations. Il la désirait loin de ce pernicieux combat qui s'en venait.

Il était encore à mille lieux de se douter que sa chère fille y était pourtant en plein cœur.

Une nouvelle grenade éclata, visant cette fois les imposantes portes de bois qui scellaient l'entrée de la cité. Des débris jaillirent, les gonds se détérioraient, prêts à céder sous l'assaut des hommes de Zeph. Depuis les guérites, Leftheris clamait à ses soldats d'abattre quiconque s'approchait des portes. Nul ne devait franchir les remparts de Cassandore. Tels des oiseaux de proie, les flèches fendirent l'air, transperçant les chairs et exacerbant les cris de douleur.

Des prémices de flammes surgirent, noircissant le bois qui marquait la frontière de leur domaine. Tout se déroulait à une vitesse vertigineuse. Des grappins furent projetés sur le sommet du mur. Des Staraniens s'appuyèrent sur les cordes pour gravir avec agilité et atteindre le poste de surveillance.

— Ne les laissez pas monter !

D'un geste vif et précis, Leftheris trancha les premières cordes avec son épée. Les ennemis chutèrent, descendus de force par la lame ou les flèches. Néanmoins, l'un d'eux parvint là où ses camarades avaient échoué. Tel un fauve, le vice-général pivota pour faire face à un soldat staranien brandissant une épée sous son nez. Le prince... voilà une mauvaise surprise. Sa réputation n'était plus à faire. Il allait devoir l'empaler au cœur pour avoir une chance de l'abattre.

Le premier assaut fut lancé par l'homme qui entama un duel acharné avec Leftheris. Malgré ses blessures, le blond parait avec dextérité les coups d'estoc portés par l'ennemi. Il percevait la crainte émanant de son jeune adversaire ; sa poigne tremblait autour de son épée, malgré sa hargne. Fort de son expérience, Leftheris gérait mieux les effets de la peur sans pour autant l'éliminer totalement. Chaque combat mettait la vie en péril et avait tendance à porter sur les nerfs.

Mais ici, il avait un avantage et allait devoir utiliser l'hésitation de son adversaire pour le mettre à terre.

Le Staranien leva son épée au-dessus de sa tête. Sa lame s'abattit en une coupe fendante sur le crâne du prince, qui eut tout juste le temps de décaler légèrement sa jambe avant pour éviter le coup. Leftheris recula d'un pas, transpirant sous l'ardeur des flammes. Son mouvement d'esquive raviva la douleur de sa blessure encore fraîche à l'épaule. Le blond se courba légèrement, grimaçant. La pression, le stress qui s'accumulait, cette sensation que son corps réclamait une pause. Pourtant, son esprit lui intimait de persévérer pour assurer sa survie.

Il contre-attaqua aussitôt lorsque le soldat revint à la charge, le repoussant en arrière par la seule force de sa précieuse épée. L'homme tomba finalement sous la maîtrise du prince.

Or, d'autres ennemis arrivaient.

Dans son coin, Jaya tremblait de terreur. Rien ne semblait pouvoir endiguer le flot de pensées sombres submergeant son esprit. Les Staraniens parvenaient à présent aux guérites, les portes étaient sur le point d'être détruites, tout tournait au cauchemar. Dans ses yeux embués, le combat de Leftheris se refléta. Elle le vit flancher un instant, l'épaule alourdie, mais reprendre vaillamment l'affrontement sans laisser le temps à son nouvel adversaire de le toucher. Un épuisement flagrant se lisait sur le visage de son beau-frère. Le dos de sa veste était engorgé de sang.

Elle ne pouvait rester ainsi sans rien faire, c'était plus fort qu'elle.

Un garde cassandorien fut touché par une flèche non loin d'elle et, dans sa chute, il échappa son arbalète qui glissa sur les roches lisses. Elle était si proche. Jaugeant le duel de Leftheris, puis l'arbalète, Jaya balaya la minime incertitude qui l'empêchait encore de bouger de sa cachette. À quatre pattes, elle s'élança dans le chaos pour capturer l'arme dans ses mains. À genoux, elle visa avec adresse ; un œil ouvert et un fermé, puis tira.

La pointe scintillante traversa la fumée étouffante pour happer l'opposant à l'arrière de l'épaule. Il poussa un cri, l'épée au hasard, surpris par la percée de douleur sur sa peau. Leftheris profita de cette aide inespérée pour abattre un coup de lame en l'air, faisant virevolter celle de l'homme vers les tours, avant de le terminer d'un coup de pied à la poitrine. Le staranien recula, le souffle coupé, perdit l'équilibre lorsqu'il se cogna contre les barrières fortifiées. Dans un hurlement, il tomba en bas du mur sous les yeux enflammés de Leftheris.

Des yeux qui se posèrent ensuite sur Jaya, tenant encore son arbalète.

Une surprise remplaça le feu. Était-ce réellement Jaya qui avait tiré si habilement sur cet homme ?

Une nouvelle explosion le réveilla de sa transe, des cris par dessus l'agitation. Il ne pouvait plus la laisser ici, la situation devenait trop critique. Si les hommes de Zeph la surprenaient avec une arme, ils pourraient se retourner contre elle également. Replaçant son épée dans son fourreau, il se précipita vers Jaya qui, effrayée à l'idée d'avoir commis une erreur, lâcha l'arbalète.

Lui prenant la main, Leftheris la souleva de terre et l'emporta dans sa course folle. Cependant, ses longues jambes pressées allaient bien trop vite pour celles petites et frêles de Jaya qui finit par trébucher dans son affolement et tomber sur les rotules.

À son chevet, Leftheris se pencha sur elle et plaça son bras sous ses genoux tremblants.

— Accrochez-vous à moi. Ne me lâchez pas, d'accord ?

La jeune femme se cramponna maladroitement à lui, tétanisée, tandis qu'il se lançait en courant vers l'escalier menant au village. En chemin, le vice-général évita des obus de grenades et des flèches perdues dans les lueurs rougeoyantes et les flammes voraces. La fumée sombre s'épaississait, agressant ses poumons au point où il choisit de prendre de courtes inspirations pour économiser l'air autant que possible.

L'escalier se dévoila et Leftheris le dévala.

En bas, il croisa Vadim qui arrivait à peine, sans le remarquer. Saisi par le tumulte, ce dernier mit plusieurs secondes à comprendre que ce que portait Leftheris lui était familier. Étrangement familier...

Son cœur rata un battement, se glaça entre ses os. Jaya... Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Et avec lui... ?

À plusieurs mètres de là, Leftheris déposa la brune près d'une habitation. Il haletait si fort qu'elle aurait pu être soufflée elle-même.

— Partez ! Courez vers le Beffroi ! C'est trop dangereux ici !

— Mais, je...

— Faites ce que je vous dis, Jaya ! Ne discutez pas !

Il avait plaqué ses grandes mains brusquement à ses épaules, la clouant sur place. L'intensité de son regard lui déconseillait de protester.

Soudain, une déflagration bien plus importante que les autres souffla sur l'entrée de la ville. Cette fois, les portes volèrent en éclats, affaiblies par le feu. La milice staranienne ne se fit pas attendre pour pénétrer ces terres sources de leurs convoitises. Face à l'arrivée de ces hommes, Vadim se dressa. Leur écusson étoilé frappa dans son esprit.

Les staraniens...

Ceux-ci, face au Marqué, dégainèrent leurs arbalètes, prêts à faire feu. Il lui fallait bien plus que ça pour attiser sa peur. Ils étaient à peu près dix, cinq possédaient des arbalètes, les autres des épées. Un combat de mêlée ne pourrait être évité.

Se déportant rapidement sur le côté, Vadim exécuta son plan. Les hommes lui emboîtèrent le pas et décochèrent leurs premières flèches. Avec une habileté remarquable, il contorsionna son corps pour les esquiver et en saisit une, plus lente que les autres, d'une main experte. D'un mouvement prompt, il la mania telle une dague et la projeta avec force vers le soldat le plus proche, l'atteignant en plein cœur.

— Tirez ! Ne lui laissez pas l'occasion de vous atteindre !

Il était trop tard. La machine était lancée. Et elle ferait corps pour que ces rats n'envahissent pas la ville.

Vadim chargea, balançant ses épaules de côté pour esquiver les projectiles jusqu'à asséner un coup de paume dans l'arbalète du premier adversaire. La flèche qui lui était destinée s'envola vers le ciel, tout comme la dent de son propriétaire lorsque le prince assomma celui-ci d'un coup de poing titanesque à la mâchoire. D'autres ennemis se succédèrent, une flèche effleura et entailla son bras, une autre frôla sa pommette. La douleur était éphémère. Il ne recula pas devant le sang et se déroba pour riposter au centuple. Ses esquives étaient subjuguantes et forçaient l'inquiétude chez les soldats les moins aguerris.

Même en nombre, ils peinaient à contenir ce balafré dont l'élément déclencheur de ce courage bestial était sa femme, qu'il savait à proximité du danger.

Celle-ci le voyait de sa place, l'âme tourmentée. Il était encerclé. Si elle avait gardé son arbalète, peut-être qu'elle aurait pu l'aider...

Une lame scintilla derrière son dos sans qu'il ne la voit dans l'immédiat.

Vadim eut à peine le temps de tourner l'œil qu'il vit son détenteur s'effondrer au sol, hurlant de douleur. Derrière lui, la silhouette de Leftheris se révéla. Son épée arborait des stigmates sanglants. Enfin, les renforts étaient arrivés... Il avait pris son temps.

Le cadet lui lança un œil mauvais que l'aîné ne calcula que peu, il n'avait guère le temps pour ça. Dos à dos, les deux frères jaugeaient leurs adversaires.

— Qu'est-ce que Jaya fait ici ? grogna Vadim.

— Pas le temps de t'expliquer, il y a plus important.

Un nouvel adversaire vint s'ajouter à ceux encerclant les princes. Zeph fit son entrée, franchissant les portes grignotées par les flammes. Vadim le reconnut instantanément malgré les années écoulées. Sa haine le défigura, d'autant plus lorsqu'il brandit à son tour son épée.

— Je prends l'ainé en premier.

Il n'en fallut guère plus à Leftheris pour s'élancer à corps perdu dans l'affrontement. Il en avait assez de jouer au chat et à la souris avec lui. Zeph contra et repoussa son neveu qui ne faiblissait pas ; c'est qu'il avait pris du muscle, le petit, pensa-t-il. Le combat autour repris et Vadim s'occupa des soldats entourant leur supérieur en plein duel à l'épée.

Dans les assauts de fer, une voix porta sur plusieurs mètres et résonna dans une onde de choc :

— Il suffit !

Byron fit irruption derrière eux et sa seule autorité vocale suffit à apaiser progressivement le combat. Monté sur son cheval blanc, il fut épaulé par Frost, également juché sur sa propre monture. La présence imposante de ces deux hommes dissuada les Staraniens de tenter la moindre action. Vadim et Leftheris se dressèrent devant leur père, tels des remparts protecteurs.

Témoin de cette scène, Jaya quitta sa cachette pour se précipiter vers eux. Sourde à toute raison, seule sa volonté d'être auprès de Vadim et de son père la conduisit au cœur du conflit. Lorsque son mari l'aperçut, il fut le premier à la saisir pour la repousser derrière lui, sans tergiverser. Il aurait l'occasion de réclamer des explications plus tard.

Frost fut le second à perdre contenance en voyant sa fille. Pourquoi se trouvait-elle ici ? Avait-elle perdu la raison en se précipitant au cœur des affrontements ? Il brûlait d'envie de la réprimander, mais se retint lorsque Zeph s'approcha d'eux, désarmé, traversant les rangs de ses soldats meurtris.

Byron lui lança un regard noir d'en haut.

— Byron... Voilà de bien mauvaises conditions pour se voir.

— Zeph... Ton affront me met hors de moi, si tu savais. Dites-moi... Comment nomme-t-on des invités qui ne sont pas les bienvenus ?

— Des intrus, père, lui répondit aussitôt Leftheris.

— Parfaitement. Des intrus... Vous avez eu le culot de venir sur mes terres pour détruire mon mur, forcer l'entrée et attaquer mes hommes. Pour qui vous êtes vous pris ?

— Nous voulions seulement parler, mais ton fils nous a refusé l'accès.

— Il a fait son devoir. Jamais je ne pourrais pardonner un tel affront. Pour cela, je m'assurerai de graver au burin : « en l'honneur de votre audace et de votre mépris pour la vie » sur votre tombe et celle de votre roi.

— Écoute-moi, Byron ! Cette querelle est rapidement devenue incontrôlable, je le conçois...

Le roi de Cassandore observa ses troupes et ses fils couverts de sang, les portes de sa ville calcinées. Il osait appeler cela incontrôlable ? Violent, sanglant et meurtrier seraient plus justes.

— Mais nous étions venu ici en paix afin de s'expliquer concernant le courrier que tu as envoyé à notre roi par rapport à cette embuscade ! Vous nous accusez sans même savoir !

— C'était bien Starania, contra Vadim. Vos hommes ont tenté de nous tuer, moi et mon épouse, et ont froidement abattu deux de nos hommes !

— Prouvez-le ! Ce n'est pas la seule parole de cette petite insolente qui va certifier quoique ce soit.

— Cette « petite insolente » est ma fille, siffla Frost, heurté.

— Vous l'avez très mal éduquée dans ce cas, cher roi. Une femme doit savoir garder sa bouche fermée lorsqu'il s'agit de sujets qui ne la regarde pas.

Pendue au bras de son époux, Jaya frémit face au regard glacial et méprisant que lui adressait le général ennemi. Vadim fit un pas en avant, résolu à lui faire ravaler son arrogance d'un seul coup de poing bien placé s'il osait encore manquer de respect à sa femme, lorsqu'il fut stoppé par la voix de son père :

— Vadim, garde ton calme.

Le cadet vibrait de rage, mais ne broncha pas. Byron frappa la bride de son cheval pour le faire avancer lentement. Seul le bruit des sabots rythmait le silence abattu sur les alentours. Il dépassa ses deux fils et se plaça devant Zeph qui gardait un œil alerte sur lui. Le père Blanchecombe dégaina alors son épée à sa ceinture.

— Cette querelle est devenue incontrôlable, dis-tu ?

— Byron, nous ne sommes pas ici pour ça. Arrêtons nous là. Je n'ai plus aucune arme.

Insensible, le souverain pointa son épée sous la gorge de son ancien beau-frère qui se figea. L'acier froid s'appuya sur sa peau sans pitié.

— Ce qui sera incontrôlable, ce sera ma lame lorsque je te trancherai la gorge. Si vous voulez la guerre, vous l'aurez. J'ai laissé passer la façon dont vous nous avez chassés de votre territoire, avez tués mes hommes, car nous étions chez vous. Là, vous êtes chez moi. Toi et tes hommes êtes venus sur mes terres et m'avaient attaqué, cela n'est-il pas une franche déclaration de guerre pour toi ?

— Byron... Je t'en prie...

— Pour y répondre, je vais simplement te trancher la tête, cher beau-frère, puis l'envoyer à ton roi. Je me dirigerais ensuite à Starania, armé jusqu'aux dents et je mettrais tout à feu et à sang. Je tuerai jusqu'à la moindre femme, le moindre enfant... Je serais intraitable.

— Tu ne pourras pas. Nous avons le soutien d'une armée plus grande que la vôtre nous ayant prêté allégeance. Antèros est avec nous. Notre roi a réclamé l'aide de tous les hommes de sa ville, pas seulement ses soldats.

— Cassandore n'est pas seule non plus. Alhora sera présente et je ramènerai toute mon armée pour servir à leurs côtés face à vous.

La voix de Frost était comparable à un blizzard qui heurta Zeph de toute sa puissance.

— Byron... Si tu me tues, cela marquera le début d'une véritable guerre !

Le père Blanchecombe étira un sourire pernicieux.

— Mais... La guerre a déjà commencé, cher beau-frère. Et j'ai vraiment hâte de voir ça.

Byron leva son épée au-dessus de son épaule, les yeux de Zeph s'écarquillant. Jaya ne souhaitait pas assister à cela, ne voulait pas être témoin de cette mort inéluctable, c'en était trop pour elle. Il y avait déjà eu suffisamment de destruction, de blessés et de sang versé. En revoir une seule goutte et elle tomberait par terre.

Son souffle devint erratique. Sa peur prit le pouvoir sur son corps lorsqu'elle lâcha Vadim pour se jeter devant le cheval de son beau-père, brandissant ses deux bras en l'air.

— Arrêtez, s'il vous plaît !

Byron se paralysa, pris au dépourvu devant cet acte inattendu. D'un coup de bride, il recula d'un centimètre en baissant son arme.

— Qu'est-ce qui vous prend, sombre sotte ? Écartez-vous ! cracha-t-il, pâle de colère.

— Jaya, viens ici, immédiatement ! Tu es folle ! ajouta Frost, sur le même ton.

— Ne faites pas ça, je vous en prie. Ne serait-il pas préférable de discuter avant de parler de guerre ?

— Êtes-vous en train de discuter mes ordres, jeune fille ?

Byron fulminait face à tant d'audace et de culot. Jaya croisa le regard exaspéré de Vadim ; s'il avait pu la faire exploser comme les portes de Cassandore d'un simple regard, il n'aurait pas hésité. Tous les yeux convergeaient vers elle, l'emplissant de gêne, et l'espace d'un instant, elle regretta amèrement sa témérité.

Cependant, il était trop tard pour reculer.

— Seigneur Byron, la guerre n'apporte que la perte et le chaos. Il serait plus judicieux peut-être d'entamer un protocole de pourparler afin de mettre les choses au clair avant de foncer tête baissée dans une action qui pourrait détruire une partie de Glascalia. Regardez déjà ce qu'une simple querelle a causé... Imaginez une guerre !

— Jaya... viens ici, lui siffla Vadim, le plus calmement possible.

Elle ne bougea pas. Vivement, il se résigna à aller la chercher lui-même, la tirant brusquement par le bras en dehors du tete à tête. Jaya tenta de se libérer de la poigne de son mari, en vain. Son œil courroucé l'en dissuada.

Byron fixait la jeune femme de côté, ses mots exaspérants le firent éclater de fureur.

— Un pourparler ? Il est hors de question de réclamer un pourparler ! Ils m'ont provoqué, ils en payeront le prix fort. Je leur laisse le choix. Soit ils posent les armes dans ma cité, soit ils meurent sur le champ. Choisis, mon cher beau-frère...

Zeph déglutit. Des hordes de soldats cassandoriens arrivaient de toutes parts. Il réalisa avec amertume qu'ils étaient désormais en sous nombre évident. Avait-il réellement le choix ? D'un mouvement de la main, il ordonna à ses troupes restantes de poser les armes. Les épées et arbalètes embrassèrent le sol dans des clameurs métalliques.

Or, ce n'était pas encore assez pour Byron.

D'une vitesse hors norme, il donna un coup d'épée au visage de Zeph qui recula en gémissant. Derrière sa main pressée à sa joue, une belle ouverture sanguinolente avait été formée.

— Va prévenir ton roi. Ta blessure sera suffisante pour lui démontrer mes intentions. Et n'emportez pas vos armes, ni vos blessés.

D'un regard noir, couvert de son propre sang, Zeph avait parfaitement compris le message. Il ordonna à ses hommes, aigri de rancoeur, de rebrousser chemin. Le sang sur sa joue souleva le cœur de Jaya qui, l'estomac au bord des lèvres, regarda les staraniens être escortés hors de la ville par l'armée de sa belle famille.

D'autres gardes se pressèrent autour du cheval de leur roi.

— Je rentre au Beffroi, nettoyez-moi tout ça, emmenez les prisonniers au cachot et aidez les blessés à se rendre aux postes de soin. Et vous, princesse...

Il se cala devant sa belle-fille qui n'osait plus lever les yeux tant elle avait honte.

— À l'avenir, mêlez-vous de ce qui vous regarde. Apprenez à fermer votre bouche lorsque cela est nécessaire.

Byron la contourna et s'en alla, ignorant son mal-être visible. Frost enchaîna, les sourcils froncés :

— Jaya... C'est déshonorant, je ne t'ai pas élevée ainsi. Tu me déçois beaucoup.

Ce fut la phrase de trop. Elle avait déçu son cher père, alors qu'elle avait simplement cherché à apaiser les conflits. Une première larme glissa sur sa joue, tandis qu'une désagréable sensation d'acidité envahissait sa bouche, remontant de son estomac pour brûler son œsophage.

Elle en avait envie de vomir...

Frost emboîta le pas à Byron sans prononcer un mot de plus, lui-même suivi de près par Leftheris. Ce dernier lança un ultime regard inquiet en direction de Jaya, qui se trouvait seule aux côtés de Vadim, lequel la toisait d'un air féroce. Son père n'était pas le seul qu'elle avait déçu...

— Tu es vraiment impossible... Tu ne peux pas rester une seconde hors du danger. Qu'est-ce qu'il faut faire pour te contenir ? T'attacher ?

Elle ne rétorqua rien aux mots durs de son mari. Elle n'en avait pas la force, les images du sang lui revenaient en mémoire. C'était... répugnant. Lassé de son silence, Vadim la saisit par la main et l'entraîna vers le cortège qui rentrait au Beffroi.

Trop de force sur son corps frêle... Elle ne le supporta pas.

Sa tête tourna, la nausée lui monta jusqu'à lui piquer le nez. Une main plaquée sur la bouche, Jaya s'effondra à genoux, interrompant un Vadim inquiet dans sa marche. Elle rendit alors l'intégralité de son repas sur le sol. Sa pâleur... Elle n'avait plus rien de son si beau teint de porcelaine, non... À cet instant, elle était livide, presque cadavérique.

— Jaya ?

Vadim se précipita à son chevet, repoussant ses longues mèches de cheveux pour éviter qu'elles n'adhèrent à ses lèvres. La vision distordue, la princesse chancela, s'immergeant dans l'obscurité, avant de s'affaisser dans les bras de son époux.

— Jaya ! Jaya ! Qu'est-ce qui t'arrive ?

La ballottant doucement, il tenta de capter son attention en tournant son visage vers lui. Peine perdue, il retombait constamment dans le vide, sans force, sans vivacité. Cette scène alarmante et la voix affolée de Vadim força Leftheris à rebrousser chemin. Le cœur battant, il s'arrêta à leur hauteur et constata le pire.

Jaya avait perdu connaissance.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro