𝟎𝟒 ¦ 𝐋𝐀 𝐅𝐀𝐔𝐓𝐄 𝐀̀ 𝐋'𝐎𝐑𝐀𝐆𝐄
𝐉𝐎𝐔𝐑 𝟎𝟒 ━ 𝟑,𝟒𝐊 𝐦𝐨𝐭𝐬
amputation, orage, dysfonctionnement
La première chose que vit Marco en s'éveillant fut le plafond, puis les murs entièrement blancs de l'hôpital où il se trouvait. Le garçon plissa les yeux, incommodé par la forte luminosité des lieux. Il remua sur le matelas inconfortable du lit où il était allongé, attirant ainsi l'attention de son père qui vint aussitôt se pencher au-dessus de lui.
— Salut, mon grand. Comment tu te sens ?
— Hum... Un peu dans les vapes...
— L'anesthésiant doit encore faire effet, supposa-t-il en caressant doucement ses cheveux bruns. Prends ton temps pour te reposer. Nous ne sommes pas pressés.
Hochant faiblement la tête, Marco se tarda pas à refermer ses paupières et replongea dans un sommeil léger. À son second réveil, une petite demi-heure plus tard, il estimait être déjà plus en forme, même s'il n'avait pas encore recouvré la plupart de ses forces. Cette fois-ci, il fut également accueilli par le sourire de sa mère qui s'empressa d'aller héler un infirmier qui passait justement dans le couloir, lequel pu informer leur docteur du réveil de son patient. Reconnaissable à sa longue blouse blanche et au dossier médical qu'il tenait dans ses mains, celui-ci les rejoignit très vite en les saluant pour la deuxième fois de la journée.
— L'opération s'est très bien passée et les constantes sont bonnes, les informa-t-il avec un sourire. Marco, peux-tu lever ton bras droit pour moi ?
L'esprit un peu brouillé par le cocktail d'anesthésiants qu'on lui avait administré, le garçon eut quelques secondes d'incompréhension avant de saisir ce que le médecin attendait de lui. Légèrement angoissé, il dégluti et prit une profonde inspiration avant de s'exécuter doucement, incertain du résultat. Sous son épaule, à l'endroit où la plupart des gens possédaient un coude, un avant-bras, un poignet, une main et des doigts que Marco avait perdu depuis longtemps, le garçon découvrit l'étonnante prothèse qui devait remplacer ses membres manquants. Il avait déjà eut de nombreuses occasions de détailler sa couleur blanche, ses finissions argentées et son allure robotique, mais c'était une toute autre chose de la voir ainsi accrochée à son corps.
— Au début, tes mouvements risquent de ne pas être très naturels, voire forcés, le prévint son docteur. Il faut compter un petit temps d'adaptation. Ton cerveau doit se souvenir de la présence des membres qu'il pensait perdus.
Marco hocha silencieusement la tête, les yeux fixés sur ce bras artificiel qui tremblotait un peu tandis qu'il essayait de bouger ses doigts.
— À moins que tu ne ressentes une gêne quelconque, tu vas pouvoir rentrer chez toi dans la soirée.
Le garçon remercia le médecin en bredouillant, surpris, mais ravi qu'on le laisse partir aussi rapidement. Quelques heures plus tard, Marco et ses parents se trouvaient dans la voiture qui les ramenaient chez eux. Au cours du trajet, le regard du garçon fut fréquemment attiré par ce drôle d'objet mécanique et froid qui faisait désormais partie de lui. Amputé depuis plusieurs années à la suite d'un accident de la route, il n'avait jamais utilisé la moindre prothèse qui, de toute manière, n'aurait été qu'esthétique. C'était ses parents qui, des mois auparavant, avaient appris l'existence d'un programme visant à expérimenter une nouvelle technologie qui pourrait révolutionner la vie des personnes à qui il manquait un bras, une jambe ou même un œil. Sans grand espoir, Marco avait accepté de s'inscrire au tirage au sort sélectionnant les participants qui pourraient tester gratuitement ces nouvelles prothèses. La possibilité qu'il fasse partie des heureux chanceux n'avait même pas effleuré le garçon qui se retrouva face à un dilemme ; car il s'était fait à l'idée de vivre sans son bras droit, même si celui-ci lui manquait parfois.
Par curiosité, sans doute, il avait finalement accepté de prendre part au programme, ce qui avait donné lieu à de nombreux rendez-vous préparatoires pour qu'on leur explique plus précisément la conception, les composants et les objectifs de la prothèse. Résultat des dernières avancées technologiques, elle n'était pas qu'un objet esthétique mais poursuivait un but véritablement fonctionnel. Elle serait connectée aux nerfs du membre atrophié, et donc au cerveau qui pourrait lui envoyer des commandes comme au reste du corps. À terme, ce genre de prothèse visaient à remplacer un bras ou une jambe perdus dans toutes les utilisations qu'il pourrait en être faite. L'apparence robotique de celle que portait actuellement Marco n'était que temporaire ; le modèle final devrait même se rapprocher d'un véritable grain de peau, si bien qu'on ne serait plus du tout capable de le distinguer d'un membre naturel.
— Tu sais quand Jean a prévu de passer ?
— Bientôt. D'ici un quart d'heure, je pense.
En effet, les Bodt étaient à peine rentrés chez eux qu'on ne tarda pas à sonner à leur porte. Marco s'empressa d'aller ouvrir au garçon qui l'attendait derrière, tout sourire, et qui déposa un rapide baiser sur ses lèvres avant d'entrer.
— Alors ?
Le brun tendit lentement sa nouvelle prothèse devant lui, permettant ainsi à Jean de l'observer en détails. Ce dernier poussa un sifflement admiratif.
— Tu ressembles à un vrai cyborg, avec ça !
Son amoureux salua ensuite ses parents qui se trouvaient dans le salon où ils s'installèrent tous autour de tasses de thé ou de chocolat chaud pour discuter. Gabriel et Alix Bodt ressentirent le besoin de répéter une fois de plus les conseils formulés par le docteur quand à l'utilisation de la prothèse. Afin que la phase d'acclimatation se passe au mieux, il était préférable de commencer par effectuer des tâches simples, quotidiennes, nécessitant peu de force physique : prendre un verre d'eau, tourner les pages d'un cahier, mettre de la confiture sur une tartine... L'objectif était d'augmenter progressivement la difficulté des choses à accomplir à l'aide de ce nouveau bras mécanique.
— Je peux toucher ? demanda soudain Jean.
Marco acquiesça, lui donnant accès à sa prothèse. Lorsque son petit-ami effleura sa paume, il fut parcouru d'un frisson. Jean fit remontrer ses doigts sur son poignet, puis sur son avant-bras où il traça doucement quelques cercles contre la surface lisse et blanche de l'objet.
— Tu le sens ?
Le brun bafouilla quelque chose qui ressemblait à une affirmation, car il ne s'attendait pas à ce que la sensation du contact soit aussi prononcée, quelques heures seulement après l'opération. Il se surprit à songer que si cette prothèse lui permettait de prendre Jean dans ses deux bras, il en serait amplement satisfait.
Marco était assis sur une chaise face au bureau de son médecin qui rentrait tout un tas de données dans son ordinateur. Sa jambe tremblait, parcourue par un tic nerveux, tandis que ses yeux vagabondaient dans la pièce aux murs blancs ; le garçon n'avait jamais aimé les hôpitaux. Il était aujourd'hui venu à son troisième rendez-vous hebdomadaire suivant l'opération qui lui avait greffé cette étonnante prothèse au bras. Dans le cadre du programme auquel il avait pris part, il devait régulièrement retourner à l'hôpital pour qu'on puisse analyser ses progrès et vérifier que tout se déroulait comme prévu. Pour ce faire, Marco devait simplement réaliser quelques exercices sous les yeux attentifs du docteur qui notait soigneusement ses observations. Ce dernier le questionnait également sur toutes les nouvelles tâches qu'il avait réussies ou simplement essayer d'accomplir à l'aide de sa prothèse.
— Même si tu dois avoir l'impression de progresser lentement, c'est aussi le cas pour tous les autres patients du programme, lui assura-t-il en fin de séance. Jusqu'à présent, les résultats recueillis sont très prometteurs. Tout semble en ordre de ton côté, alors je te dis à la semaine prochaine.
Le garçon se dépêcha de sortir du bâtiment hospitalier pour retrouver Jean qui l'attendait devant. Le voyant arriver, son amoureux agita un petit sac en papier qu'il tenait et dont se dégageait la bonne odeur des pâtisseries. Le châtain glissa sa main dans la sienne, la gauche, et les entraîna en direction du parc qui s'étendait de l'autre côté de la route.
— Il faut profiter du soleil, expliqua-t-il en désignant l'astre qui brillait haut dans le ciel. Ils ont annoncé de la pluie pour cette nuit.
Ils marchèrent tranquillement sur le chemin de terre jusqu'à ce que Jean les tirent tous deux vers un coin d'herbe, à l'ombre, où ils posèrent joyeusement leurs derrières. Allongés sur la pelouse verte qui leur chatouillait la peau, ils s'amusèrent à donner un sens aux formes des nuages qui les survolaient. En l'espace de quelques minutes, ils avaient déjà trouvé une tête de chat aux longues moustaches, un hippopotame coiffé d'un chapeau melon et un crocodile qui conduisait un taxi. Marco désigna un autre nuage allongé qui ressemblait beaucoup à un dinosaure.
— Tu t'y fais ? lui demanda Jean en désignant la prothèse qu'il pointait vers le ciel.
— Plus ou moins. C'est bizarre de retrouver un bras. Je pense que je m'y habitue doucement, mais c'est difficile de la considérer comme autre chose qu'un accessoire. Même si cette technologie est franchement incroyable.
— Je vois un peu ce que tu veux dire. Je me demande si l'acclimatation serait plus facile avec l'apparence finale qu'ils veulent lui donner...
— C'est possible. Pour certaines personnes, en tout cas. Chacun a un rapport à son corps qui lui est propre. Pour ma part, même si cette prothèse ressemblait trait pour trait à un vrai bras, je ne pourrais probablement jamais la considérer comme tel.
Son petit-ami hocha la tête, pensif. Ils restèrent encore allongé pendant plusieurs minutes avant de se relever pour rentrer chez eux.
— Tu dors chez moi, ce soir ?
Jean acquiesça en souriant et lui pris à nouveau la main pour faire le trajet en marche arrière, direction l'arrêt du bus qui les reconduirait chez les Bodt.
Cette nuit-là, une violente pluie s'abattit sur les toits de la ville endormie et Marco fit un cauchemar. Il rêva du soir de l'accident, de l'orage qui grondait au-dessus d'eux, du camion qui s'était renversé sur la chaussée et de leur petite voiture qui n'avait pas pu l'éviter à temps. Il revit la silhouette de son grand-père, immobile pour toujours, et la carcasse du véhicule qui écrasait son bras droit. Une horrible douleur le fit se réveiller en sursaut, le corps tremblant, le cœur qui battait à s'en faire exploser. Marco sentit Jean bouger à ses côtés.
— Ça va ?
— Ou- Oui, répondit-il d'une voix peu assurée. C'était juste... un cauchemar.
Ce n'était pas la première fois qu'il revivait cette journée où il avait perdu bien plus qu'un pauvre bras. Ce mauvais rêve revenait le hantait, de temps en temps, comme pour s'assurer qu'il ne puisse jamais oublier ce souvenir traumatisant. Il gardait en mémoire les images, les odeurs et les sons ; mais il ne ressentait plus la douleur depuis longtemps. Celle-ci s'était estompée au fil des années, jusqu'à se qu'il ne puisse plus que l'imaginer. Pourtant, à peine quelques secondes plus tôt, la brûlure qu'il avait cru sentir traverser son bras droit semblait cruellement réelle.
— J'ai eu l'impression que...
Il regarda sa prothèse, mais il ne ressentait plus rien de particulier. Le garçon secoua donc la tête pour en chasser la drôle de sensation qui l'avait parcouru.
— Peu importe.
Marco se rapprocha de Jean, qui entoura son corps de son bras, et entreprit de se rendormir pour oublier ce qui n'était rien d'autre qu'un vilain cauchemar.
En s'éveillant au petit matin, Marco nota une sensation d'inconfort à l'endroit où se trouvait sa prothèse. Ne voulant pas tirer de conclusion hâtive, il préféra attendre d'être bien réveillé avant d'en parler à Jean. En ouvrant le volet électrique de sa chambre, il constata que la pluie continuait toujours de tomber et qu'au vu des gros nuages foncés qui s'approchaient, un orage était même à prévoir. Gabriel et Alix étant déjà partis au travail, les deux garçons se préparèrent seuls pour assister aux cours de leur journée lycéenne. Une fois son petit-déjeuner avalé, Marco fut bien embêté de réaliser que l'élancement qu'il ressentait au niveau de sa prothèse n'avait pas disparu du tout. Au moment même où un éclair déchira le ciel, ce simple désagrément se transforma en une vive douleur qui lui fit lâcher un cri. Jean passa sa tête dans l'entrebâillement de la salle de bain, l'air inquiet.
— Ce truc vient de m'envoyer une décharge !
— Quoi ?!
Le garçon s'approcha aussitôt, les sourcils froncés, et posa une main sur la prothèse que désignait fébrilement Marco. Il la retira aussitôt ; l'objet était brûlant. Ce fut tout de suite la panique : Que faire ? Qui appeler ? Devaient-ils informer Gabriel et Alix ? Non, ils ne feraient que perdre du temps.
— Appelle ce fichu médecin ! décida finalement Jean. ll devrait savoir quoi faire, lui.
Le docteur décrocha à la seconde sonnerie et, au vu de l'urgence, les deux garçons se passèrent de faire preuve de politesse.
— On a un problème.
— Merde, vous aussi ?!
— Comment ça ?
À l'autre bout du fil, la voix du médecin semblait vraiment paniquée.
— On reçoit une tonne d'appel de plusieurs patients du programme. Ils évoquent tous une sensation de brûlure, des décharges électriques, ce genre de choses. Tout allait très bien jusqu'à présent, c'est du délire !
— D'accord, et on fait quoi, nous ? s'énerva un tantinet Jean.
— Marco, tu es bien chez toi ? Ne bougez surtout pas, je vous envoie immédiatement une ambulance.
Le véhicule arriva près de trois quart d'heures plus tard et il lui en fallut autant pour faire le trajet inverse. De son côté, l'état de Marco ne faisait que s'aggraver ; sa prothèse continuait de lui envoyer irrégulièrement des ondes de choc dont l'intensité variait. Les plus fortes pouvaient provoquer des micro-malaises qui laissaient toujours craindre le doute d'un arrêt cardiaque, mais, heureusement, le corps du garçon semblait s'accrocher fermement à la vie. Jean tentait tant bien que mal de rassurer son petit-ami en lui parlant à voix basse et en lui caressant les cheveux, mais il avait, lui aussi, des larmes plein les yeux. Chaque minute qui passait était une minute de douleur pour Marco et une minute de perdue pour le sauver. La boule d'angoisse qui n'avait cessé de croître dans sa poitrine se décupla lorsque l'ambulance atteignit enfin l'hôpital. Le médecin affecté au programme les attendait déjà à l'entrée des urgences, accompagné d'une équipe d'infirmiers qui prit immédiatement en charge le jeune patient alors inconscient.
— On l'emmène tout de suite au bloc ! lança le docteur à Jean. Il faut absolument lui retirer cette prothèse avant qu'elle ne fasse plus de dégâts.
Le garçon suivit le cortège qui filait dans les couloirs blanc de l'hôpital, mais il n'avait pas le droit d'entrer à l'intérieur du bloc opératoire. Il se retrouva donc seul, le corps tremblant et mort d'inquiétude, bloqué par une porte vitrée derrière laquelle il ne put qu'observer Marco s'éloigner.
Marco reprit conscience dans la salle de réveil de l'hôpital, où d'autres patients se remettaient aussi d'une intervention chirurgicale. Son retour dans cette pièce blanche et froide ne lui plaisait pas beaucoup, mais c'était au moins le signe qu'il se trouvait toujours en vie, ce qui constituait déjà un premier soulagement. Le second, c'était que Marco ne ressentait plus aucune douleur dans son bras droit ; il ne lui restait, tout au plus, que de légers picotements, probablement apaisés par un produit anesthésiant quelconque. En revanche, il constata qu'il ne pouvait pas bouger son bras gauche. Il tourna donc la tête jusqu'à pouvoir poser ses yeux sur celle de Jean, qui reposait sur son matelas et qui avait pris sa main en otage. L'infirmier à ses côtés fut finalement le premier à remarquer son réveil et se dépêcha d'aller prévenir le docteur en charge de son dossier. Visiblement, celui-ci avait tenu à prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter que d'autres mauvaises surprises ne viennent les troubler. En le voyant partir, Gabriel et Alix, qui se tenaient près de la fenêtre à faire les cents pas, accoururent au chevet de leur garçon, réveillant ainsi Jean au passage. Marco se retrouva très vite prisonnier de trois paires de bras qui voulaient toutes le serrer en même temps, leurs propriétaires étant vraiment soulagés de le voir enfin émerger du sommeil.
— Vous allez m'étouffer ! se plaignit le malade en riant.
— Tu nous as fait une de ces trouilles ! tenta de se justifier Jean. Ça fait douze heures d'affilée que tu dors, tu sais ?
— Tant que ça ?
— Ce n'est pas étonnant, vu le cocktail d'anesthésiants et d'anti-douleurs qu'on a dû t'injecter, expliqua alors son docteur qui venait de les rejoindre. Content de te revoir parmi nous.
Marco sourit à l'homme en blouse blanche qui vérifia rapidement les constantes avant de s'asseoir à côté de lui en s'éclaircissant la gorge. D'habitude, il restait debout ; ce changement d'attitude indiqua à son patient qu'il s'apprêtait sûrement à le renseigner sur ce qu'il s'était vraiment passé aujourd'hui.
— Selon nos premières constatations, les changements météorologiques seraient vraisemblablement à l'origine de ces dysfonctionnements. On pense que les prothèses ont confondu les signaux envoyés par le cerveau et provoqués par l'orage, ce qui les a rendu complètement instables. Nous avons eu de la chance que l'orage n'ait pas été trop imposant, hier, et que tu n'as pas eu la mauvaise idée de t'aventurer dehors par ce temps. Un autre patient a été frappé par la foudre ; autant te dire qu'il n'est plus de ce monde. La plupart sont hors de danger, mais quelques uns se trouvent encore dans un état critique ou sont plongés dans le coma. Ta prothèse a été retirée à temps, alors tu n'en garderas probablement aucune séquelle. On va quand même te garder en observation un jour ou deux, histoire de s'assurer que tout va bien.
Marco déglutit lentement alors qu'il prenait difficilement conscience qu'il avait échappé au pire. Cette histoire paraissait presque irréelle, mais la douleur qu'il avait ressentie lui prouvait qu'il n'hallucinait pas. Ses yeux glissèrent vers son bras droit, ou plutôt, ce qu'il en restait : à savoir, pas grand chose. Sa prothèse retirée, il n'avait plus qu'un gros pansement à l'endroit ou aurait dû se trouver un coude, résultat de ce qu'on pouvait considérer comme une seconde amputation. Le docteur se tourna cette fois-ci vers Gabriel et Alix.
— Le programme va fermer. Nous allons procéder au prélèvement de toutes les prothèses et dédommager les patients pour les risques encourus. Une enquête sera certainement ouverte pour analyser le processus de conception de ces appareils ; il faut encore déterminer quelles erreurs ont été commises et qui en sera tenu responsable. Vous serez bien sûr informés de son développement.
Les Bodt acquiescèrent, un peu étourdis ; pour le moment, le plus important était que leur fils soit sortit d'affaire. Le médecin s'éclipsa ensuite pour les laisser en famille et Marco laissa échapper un soupir de soulagement. À côté de lui, sa mère reniflait.
— Je me sens coupable, souffla-t-elle. Je sais bien qu'on était plus emballés que toi par ce programme. Dire que c'est nous qui t'avons entraîné là-dedans...
— C'est vrai, mais je n'aurais jamais accepté d'en faire partie uniquement pour vous faire plaisir, lui assura son fils. Moi aussi, je trouvais que ça ressemblait à une solution miracle. Je pense que ce n'est simplement pas celle qui me convient, mais je ne regrette pas d'avoir essayé. C'est juste que... Je suis habitué à n'avoir qu'un bras, maintenant, et je n'ai pas besoin d'un autre. Je suis très bien comme je suis.
Il serra la main de Jean dans la sienne et échangea un sourire complice avec lui, car c'était bel et bien son petit-ami qui lui avait tant de fois répété ces mêmes mots.
— Je vais rester ici quelques jours, et ensuite on rentrera à la maison. C'est vraiment tout ce dont j'ai besoin.
— Bien sûr, lui répondit Alix avec un sourire. Tu as entièrement raison.
Marco attira successivement ses parents à lui pour les enlacer. Il ne voulait surtout pas que Gabriel et Alix s'estiment responsables de toute cette histoire, car lui ne leur en tenait pas du tout rigueur. Il n'était pas sortit trop amoché de cet orage et préférait ne pas songer à ce qui aurait pu arriver si Jean et lui-même n'avaient pas réagi aussi vite. Le passé resterait derrière eux, seul l'avenir comptait à ses yeux. Il y avait encore de nombreuses choses que Marco souhaitait accomplir, et ce n'était pas l'absence d'un membre qui allait l'en empêcher. Aujourd'hui, il n'avait peut-être plus qu'un seul bras pour entourer tous ceux qui lui étaient chers, mais ce n'était pas si grave, du moment que ces mêmes personnes se tenaient encore à ses côtés.
Nᴏᴛᴇ ᴅᴇ Lʏᴀ
J'avais déjà ce scénario en tête au moment de réunir ces prompts ensemble, alors je suis assez contente du résultat ! On part un peu sur un thème de science-fiction avec une nouvelle technologie qui débloque ; rien de bien original, en somme, mais je tenais à faire quelque chose sur ce sujet avec Marco, donc ça tombait bien !
Je tiens à préciser que je ne suis absolument pas météorologue ou ingénieure donc je ne sais pas vraiment si tout le charabia que je vous ai pondu sur la confusion entre des signaux en provenance du cerveau et de l'orage tient ne serait-ce qu'un peu la route... Pour le bien de cette histoire, on va dire que oui, mais prenez quand même tout ceci avec des pincettes !
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