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𝟎𝟑 ¦ 𝐈𝐅 𝐖𝐄 𝐅𝐀𝐋𝐋 𝐒𝐎 𝐁𝐄 𝐈𝐓

𝐉𝐎𝐔𝐑 𝟎𝟑 ━ 𝟐,𝟒𝐊 𝐦𝐨𝐭𝐬
ivresse, miroir, tendresse

     Jean termina son verre d'une gorgée, grimaçant alors que le liquide ambré lui brûlait la gorge. Le reflet que lui renvoya le miroir situé derrière le comptoir du bar où il se trouvait assis était celui d'un jeune homme à l'air morose et aux cernes trop creusées qui buvait, seul, dans l'espoir de noyer ses problèmes au fond d'un verre. Juste à côté de ce dernier, son téléphone portable se mit à vibrer ; une fois de plus, une fois de trop. Jean ne supportait plus d'entendre ce son qui résonnait jusque dans sa boîte crânienne. Il attrapa rageusement l'objet qu'il éteignit et héla son ami barman derrière le comptoir.

     — Tu m'en ressers un ?

     Il désigna son verre vide à Bertholdt qui hésita.

     — Je viens de casser avec ma copine, ajouta Jean pour le convaincre.

     Le grand brun s'exécuta en soupirant.

     — Encore ? Celle-ci semblait charmante, pourtant.
     — Ça collait plus entre nous, lâcha son ami en détournant le regard, mal à l'aise. C'est tout.

     Jean était venu dans ce bar pour oublier toute cette histoire, alors il n'avait certainement pas envie d'en parler. Il préféra prendre une nouvelle gorgée d'alcool sous les yeux inquiets du barman qui était malheureusement le témoin de ses ruptures régulières.

     — Pourquoi c'est si difficile de trouver quelqu'un de bien ? murmura finalement Jean.
     — Le monde est rempli de bonnes personnes.
     — Elles sont bien difficiles à dénicher.
     — Je n'en suis pas si sûr. L'une d'entre elles vient juste de passer la porte.

     Bertholdt lui désigna du menton le nouveau venu qui s'approchait dans son dos. Il prit place au comptoir, veillant à laisser une chaise vide de distance entre lui et Jean qui en profita pour glisser un regard curieux. Il avait déjà aperçu dans les parages ce jeune homme aux cheveux bruns et aux multiples taches de rousseurs qui était toujours tiré à quatre épingles. Il devait probablement travailler dans une boîte avec un code vestimentaire strict.

     — Qu'est-ce que je te sers ? lui demanda le barman.
     — Un truc fort, s'il-te-plaît.
     — Toi aussi ? Mais qu'est-ce que vous avez tous aujourd'hui ?

     Le jeune homme haussa les épaules, revêtant un léger sourire qui dissimulait mal la fatigue qu'on pouvait lire sur son visage. Jean ne se souvenait plus vraiment de son nom, mais voyant que Bertholdt semblait bien le connaître, il se permit de faire intrusion dans leur conversation.

     — Tu devrais être content, rétorqua-t-il à son ami barman, on fait marcher ton commerce.
     — Ah ça, c'est sûr ! Ces derniers temps, tu es mon meilleur client. Ça me donne presque l'impression de profiter de tes ruptures amoureuses chaotiques.

     — Le malheur des uns fait le bonheur des autres, comme on dit.
     — Et toi Marco, les amours, ça va ? lança Bertholdt.

     Ledit Marco grimaça.

     — Sers-moi en un autre, tu veux ? Enfin, poursuivit-il avec un sourire en coin, vu la manière dont tu reluques le nouveau videur, je ne te retourne pas la question.

     Bertholdt écarquilla les yeux avant de se racler la gorge, les joues rougies par l'embarras. Quant à Jean, il manqua d'avaler de travers. Sous les protestations de son ami, il se retourna vivement pour parcourir le bar des yeux, à la recherche du fameux agent de sécurité qui se tenait juste à côté de la porte, les bras croisés sur ses pectoraux.

     — Sérieux ? Cette armoire à glace, là ?
     — Bordel Jean, se désespérait le pauvre barman, tu peux pas être encore moins discret tant que t'y es !?

     Le châtain échangea un regard complice avec Marco qu'il remerciait silencieusement du renseignement.

     — Tout ça me donne encore plus envie de me saouler en ce charmant vendredi soir...
     — Moi aussi...

     Tous deux levèrent vers Bertholdt de petits yeux suppliants ; on aurait dit deux collégiens demandant à leurs parents l'autorisation d'avoir un verre de champagne pendant les fêtes de famille. Le barman soupira.

     — Il se trouve que j'ai justement besoin de tester de nouveaux cocktails... Je peut vous les faire à moitié-prix si vous accepter de jouer les cobayes pour moi. Mais à une condition : vous rentrez tous les deux en métro ce soir.
     — Vendu !

     Prêts à boire tout ce que leur proposerait le grand brun, Jean et Marco déposèrent leurs clefs de voiture respectives dans la paume ouverte que leur tendait Bertholdt.

      Le barman regarda ses deux clients tremper leurs lèvres dans un énième mélange alcoolisé, attentif à leur réaction et impatient d'entendre leur avis.

      — Alors ? Comment était celui-ci ?
     — Euh... Bon ! C'était vraiment- vraiment bon.

     À vrai dire, Jean n'en savait trop rien. Les derniers cocktails qu'il avait ingurgités commençaient gentiment à lui faire tourner la tête ; le jeune homme aurait été incapable de deviner leur composition qui, de toute manière, ne l'intéressait pas beaucoup à ce stade. Assis sur la chaise haute à ses côtés, Marco laissa échapper un hoquet. Visiblement, il se trouvait dans le même état que lui : trop éméché pour apprécier à leur juste valeur les saveurs que refermait son verre.

     — Je suppose que ça suffit pour ce soir, soupira finalement Bertholdt.

     Jean se sentait d'humeur guillerette, mais il avait aussi l'envie pressante d'aller vider sa vessie. En revenant des toilettes, il vit son compagnon de beuverie debout, visiblement prêt à partir.

     — Ça va aller pour rentrer ? s'inquiétait le barman. Tu habites plutôt loin.
     — T'en fais pas, je vais me débrouiller.

     Marco fit un pas en avant, tituba un peu et manqua de percuter sa propre chaise. Ce fut Jean qui le rattrapa par l'avant-bras avant qu'il ne tombe bêtement à terre. Bertholdt avait visiblement de bonnes raisons de ne pas être rassuré à l'idée de le laisser partir seul : c'était à peine s'il pouvait encore marcher droit.

      — Tu n'as qu'à venir chez moi, proposa alors Jean. Il ne faut compter que dix minutes en métro et j'ai un matelas de plus dans un placard.

     Le jeune homme brun leva vers lui des yeux surpris.

     — Tu es sûr ? On se connaît à peine...
     — Ça me gêne pas de dépanner l'ami d'un ami. Et puis, connaissant Bertholdt, tu ne dois pas être un tueur en série !

     Marco lui assura en riant qu'il n'avait pas pour passe-temps de se faire inviter chez des inconnus afin de pouvoir mieux les tuer dans leur sommeil. Il finit par accepter l'offre de son nouvel ami, une décision que Bertholdt approuva d'un signe de tête. Après tout, deux ivrognes en valaient probablement mieux qu'un. Jean et Marco saluèrent donc le barman avant de quitter le bar, hilares au moment de passer devant le fameux vigile qui les regarda sortir sans trop se poser de questions.

     Les deux jeunes hommes parvinrent à atteindre l'appartement de Jean sans trop d'encombres. Décrétant qu'il avait besoin d'une bonne douche, le propriétaire des lieux disparu rapidement dans la salle de bain, invitant son nouvel ami à faire comme chez lui. Il en ressortit comme à son habitude, vêtu d'un simple pantalon, et se crispa soudainement en réalisant que Marco fixait son torse, là où il gardait les douloureux souvenirs de sa précédente relation. Jean se dépêcha d'attraper un haut qu'il enfila tout en essayant de trouver un nouveau sujet de conversation pour couper court au silence gênant qui s'installait entre eux.

     — Tu as besoin que je te prête quelques affaires ?
     — Juste un t-shirt, c'est gentil.

     Marco emprunta à son tour la salle de bain. À son retour, son hôte avait déjà posé un coussin et une couverture sur un matelas déplié au sol.

     — Désolé du dérangement.

     Le brun avait vraiment l'impression d'abuser de la gentillesse d'un presqu'inconnu, mais Jean balaya ses excuses d'un signe de tête. Pour la première fois depuis plusieurs heures, le châtain jeta un coup d'œil à son téléphone portable qu'il dut rallumer. Il découvrit, sans grande surprise, de nombreuses notifications lui signifiant qu'il avait loupé une tonne d'appel et de messages, tous en provenance du même numéro. À peine eut-il le temps d'effacer cet historique pour le moins inquiétant que l'écran afficha qu'il recevait un nouvel appel en ce moment même. Il appuya rageusement sur le bouton rouge pour le décliner, mais la personne à l'autre bout du fil réitéra l'assaut. Jean finit par couper le son de son téléphone qu'il envoya voler au pied de son lit. Marco, qui n'avait rien manqué de la scène, posa sur lui des yeux inquiets.

     — Tout va bien ?

     Le jeune homme laissa échapper un son qui ne ressemblait ni à une affirmation, ni à une négation. L'objet continuait de vibrer sur le sol de l'appartement, cherchant désespérément à attirer son attention. Le châtain se leva difficilement, rejoignant la salle de bain où il se passa de l'eau froide sur le visage dans l'espoir de récupérer un peu de sa vitalité habituelle. Mais il avait beau frotter, ses cernes ne partaient pas, ses yeux ne retrouvaient pas leur éclat et son sourire restait bien fade. Le reflet que lui renvoyait le miroir de la pièce n'était pas vraiment plus flatteur que celui du bar. Jean glissa une main sous son t-shirt, soulevant légèrement le tissu pour y dévoiler une bande de peau où l'on devinait les vestiges d'un premier bleu. Il resta pensif pendant plusieurs secondes, peut-être même quelques minutes, jusqu'à ce que la silhouette de Marco se dessine dans l'encadrement de la porte.

     — Tu as besoin d'un câlin ?

     Jean fut d'abord un peu surpris par cette proposition inattendue. Il rechercha instinctivement une trace de malice dans les yeux chocolat de son vis-à-vis, mais il n'en décela aucune ; il n'y avait que de la bienveillance. Le châtain fit donc un pas en avant, prudent et plutôt embarrassé. Marco glissa une main sur sa nuque, l'invitant à venir poser sa tête sur son épaule, ce qu'il fit sans discuter. Une fois que sa gêne se fut un tant soit peu dissipée, Jean prit conscience qu'en plus d'être agréable, cette étreinte était exactement ce dont il avait besoin. Il ferma les yeux, s'abandonnant aux mains de Marco qui lui frottaient le dos avec une douceur dont il avait cruellement manqué ces derniers temps. Ses doigts se resserrèrent inconsciemment sur le t-shirt du brun qu'il fut contraint de lâcher lorsqu'ils se séparèrent.

     — Mon ex-copine n'accepte pas trop la séparation, lui confia-t-il plus tard, allongé sur son lit.
     — Pourquoi tu ne la bloques pas ?

     Jean haussa les épaules car il n'en avait pas la moindre idée. Son fichu téléphone continuait de vibrer par intervalles réguliers au pied de son lit, alors qu'il aurait suffit d'appuyer sur une touche pour tout arrêter.

     — Elle semblait charmante au début, tu sais, souffla-t-il. Plutôt jolie, pleine de rêves et d'ambition. Le problème, c'est qu'elle était complètement paranoïaque ; elle pouvait être soudainement jalouse pour un rien et cherchait à contrôler toutes mes relations. J'ai laissé coulé, la première fois qu'elle m'a frappé, puis la deuxième, et la troisième... J'ai essayé, mais elle n'était pas prête à changer, alors j'ai compris que ça ne pouvait plus marcher entre nous. Je l'aurais quitté plus tôt si je ne l'aimais pas encore.

     Le jeune homme regretta presque aussitôt ses mots ; il n'avait pas l'habitude de raconter ainsi sa vie à n'importe qui.

     — Pardon, s'excusa-t-il brusquement. Je sais pas pourquoi je te dis tout ça, tu n'es pas venu pour m'entendre me plaindre.

     Son téléphone vibra quelque part. Encore. Les yeux fixés sur le plafond, Jean ne vit pas Marco se lever, mais il l'entendit s'éloigner de quelques pas avant de revenir vers lui pour s'asseoir au bord de son lit.

     — C'était courageux de la quitter. Il ne faut pas s'accrocher à ceux qui nous font du mal, même si on les aime encore. Tu as pris la bonne décision.

     Le châtain se redressa, attrapant fébrilement l'objet que lui tendait son nouvel ami. Il ouvrit l'application répertoriant ses contacts et bloqua enfin le numéro de son ancienne petite-amie qui l'importunait depuis plus de quarante-huit heures. L'appartement redevint étrangement silencieux ; Jean avait presque oublié à quel point il chérissait ce luxe qu'était la tranquillité. À ses côtés, Marco lui frotta gentiment le dos pour la seconde fois de la soirée. Le châtain sourit tandis qu'il appuya machinalement sa tête contre son épaule.

     — C'est Bertholdt qui avait raison. Tu es vraiment quelqu'un de bien.
     — Il t'as dit ça ? s'étonna le brun.

     Jean eut un petit rire.

     — Il a l'habitude de m'entendre râler. Je ne suis pas très chanceux en amour, alors ça ne m'étonnerait pas qu'il ait voulu jouer les Cupidon.
     — Je n'ai pas beaucoup de chance de ce côté-là non plus, je te rassure.
     — Un gars comme toi ? Pas possible... À moins que tu aies un énorme défaut que tu n'oses pas me confier !

     Ce fut au tour de Marco de s'esclaffer.

     — Je pense que je suis un peu trop romantique, lui avoua-t-il, le genre vieux-jeu. J'aime bien prendre mon temps. La plupart des gens de cette génération ne sont pas dans le même état d'esprit.
     — C'est vraiment dommage pour eux. Ça me plairait bien, moi.
     — De ?
     — De prendre mon temps.

     Avec toi, pensa-t-il. Ces mots ne dépassèrent pas la barrière de ses lèvres, mais ce fut comme si Marco les avait deviné. L'alcool qui coulait encore dans leurs veines avait-il des propriétés télépathiques ?

     — C'est une proposition ?
     — Peut-être bien...
     — Tu me demandes de sortir avec toi ?
     — Ah non, c'est beaucoup trop rapide ! s'amusa Jean. Le plan, c'est qu'on se tourne autour au moins pendant six mois, histoire d'apprendre à se connaître, avant que notre relation ne subisse le moindre développement majeur. Avec un peu de chance, on pourra s'embrasser d'ici trois ans. C'est pas merveilleux ?

     Marco eut un rire franc.

     — D'accord, ça me parait correct.

     Il lui tendit sa paume ouverte que Jean serra de bon cœur, officialisant ainsi leur relation à effet différé.

     — C'est Bertholdt qui va être content.
     — Il va falloir lui rendre la pareille.
     — Avec son armoire à glace ? Seigneur...

     Ils étaient encore occupés à rire au moment de se glisser dans les couvertures de leurs lits respectifs. Pensif, Jean finit par se pencher par dessus son matelas pour capter le regard de Marco.

     — C'est quand même un peu long, trois ans.
     — Tu as raison. Disons deux ans, plutôt.
     — Un an, c'est mieux.
     — Huit mois ?
     — Six.
     — Trois.

     Jean haussa un sourcil dubitatif.

     — À ce train là, autant le faire tout de suite !
     — On n'a qu'à attendre demain, décida alors Marco.
     — Bonne idée.

     Le brun sombra dans le sommeil en premier et Jean en profita pour observer son visage endormi, un léger sourire aux lèvres. Cette relation commençait d'une bien drôle de manière, mais il se promit de tout faire pour qu'elle ne se termine pas comme toutes les autres.

Nᴏᴛᴇ ᴅᴇ Lʏᴀ
Voilà encore un récit qui, je trouve, me fait sortir de ma zone de confort ! J'ai voulu mélanger le comique au sérieux, chose que je fais assez rarement finalement. Bon, forcément, on retombe sur du fluff, vous me connaissez !

Le scénario ne se termine pas vraiment comme je l'avais initialement imaginé... Ce qui explique probablement pourquoi j'en suis peut-être un peu déçue. Je m'excuse envers Élie à qui j'avais promis du smut ; promis, je me rattraperais sur mon prochain projet que je commence doucement à vous teaser !

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