𝟎𝟐 ¦ 𝐖𝐄 𝐃𝐎𝐍'𝐓 𝐇𝐀𝐕𝐄 𝐓𝐎 𝐏𝐑𝐄𝐓𝐄𝐍𝐃
𝐉𝐎𝐔𝐑 𝟎𝟐 ━ 𝟑,𝟓𝐊 𝐦𝐨𝐭𝐬
fake dating, champagne, boule de neige
Vɪɴɢᴛ-Sɪx Dᴇ́ᴄᴇᴍʙʀᴇ
Des bruits de pas traînants se faisaient entendre dans les escaliers. Leur propriétaire porta avec peine son corps épuisé ainsi que la lourde valise qu'il tira jusqu'au dernier étage de la résidence. Quelques secondes plus tard, la porte de l'appartement numéro six s'ouvrit, permettant à la lumière du couloir de s'inviter dans l'intérieur sombre. Sitôt qu'elle fut refermée, l'obscurité reprit place autour du nouveau venu. Abandonnant sa valise sur le seuil, le jeune homme retira mollement ses chaussures avant de s'avancer dans le petit salon pour se laisser tomber de travers sur le canapé. La tête enfuie dans un oreiller, Jean s'autorisa enfin à lâcher un long soupir. Une lumière s'alluma dans l'une des chambres d'où sorti une tête brune, alertée par les bruits qu'elle avait entendue.
— Déjà rentré ? s'étonna son colocataire en le rejoignant. Alors, ce Noël en famille ?
Le principal intéressé poussa aussitôt un interminable grognement. De son côté, Marco ouvrit tranquillement le réfrigérateur pour en sortir une brique de lait.
— Une catastrophe.
Son colocataire leva les yeux au ciel et, sachant pertinemment que Jean avait la fâcheuse habitude d'absolument tout exagérer, il continua de se préparer son chocolat chaud en souriant. Une fois sa tasse mise au micro-onde, il vint s'accouder au dossier du canapé, surplombant ainsi le jeune homme qui s'y trouvait étalé.
— Il ne se passe pas un Noël sans qu'on me chambre parce que je n'ai toujours pas ramené de copine là-bas, ronchonna le châtain, c'est quand même dingue. Qu'est-ce que ça peut bien leur faire, si je reste tout seul ? J'apprécie ma propre compagnie, c'est tout.
— Donc tu es rentré plus tôt... parce que tu boudes ?
Initialement, son ami lui avait en effet annoncé qu'il comptait également passer le Nouvel An en famille et ne reviendrait que deux jours après. Jean se retourna sur le dos pour lui faire face, le visage déformé par une grimace.
— Ils étaient super insistants alors... Je leur ai sorti que je voyais quelqu'un, avoua-t-il. Et maintenant, ils veulent rencontrer ma partenaire imaginaire. Ils m'ont littéralement mis dehors pour que je la ramène au Nouvel An ! Je peux pas revenir seul, gémit-il, ce serait trop la honte.
Marco éclata de rire en comprenant que ce mensonge saugrenu s'était retourné contre son auteur. Le micro-ondes s'arrêta de tourner et il s'en alla récupérer sa tasse chaude dans laquelle il rajouta trois bonnes cuillères de cacao en poudre.
— Je crois que je vais rester ici, entendit-il Jean marmonner derrière lui. On passera le Nouvel An ensemble à manger des crêpes, c'est pas si mal. Je leur dirais... que j'ai attrapé la grippe... ou que je suis tombé sur une plaque de verglas.
— Tu sais bien que ça me ferait plaisir de le passer avec toi, mais c'est quand même dommage pour ta famille. Tu n'as pas l'occasion de les voir souvent.
Le brun avait déjà eu vent des réflexions qui volaient chez les Kirschtein, mais il aimait à penser qu'elles n'étaient pas mal intentionnées, juste légèrement intrusives. Ses grands-parents étaient un peu vieux jeu, mais il soupçonnait ses cousines de s'amuser à faire tourner en bourrique leur petit cousin adoré. En revanche, Marco ne doutait pas qu'elles prendraient un malin plaisir à lui rabâcher cette histoire pour les trente prochaines années s'il rentrait seul et avouait son mensonge.
— J'éviterais au moins leurs moqueries en restant là... Dans tous les cas, grommela Jean, je suis complètement cramé.
— Tu aurais dû demander une copine au Père Noël, s'esclaffa son ami en revenant près de lui. Il ne te reste plus qu'à soudoyer quelqu'un pour jouer le jeu.
Le châtain attrapa un coussin dans le but de frapper celui qui se riait de lui, mais il immobilisa son geste en fronçant les sourcils. Marco en profita pour s'asseoir à l'autre bout du canapé. Après un bref instant de réflexion, Jean se redressa vivement avec un grand sourire qui n'annonçait rien de bon.
— Je viens d'avoir une idée géniale.
Marco haussa un sourcil, l'air peu convaincu.
— Si tout se passe bien, on pourrait passer le Nouvel An ensemble et je clouerais le bec à ces imbéciles. C'est parfait !
Jean regarda son colocataire avec des yeux pétillants, ménageant le suspens pour une raison obscure.
— Tu vas te faire passer pour mon copain !
Marco manqua de s'étouffer avec son chocolat chaud. Ses toussotements cachèrent son embarras à son ami qui ne semblait pas le moins du monde affecté par la bombe qu'il venait de lâcher. Mais où avait-il été chercher un truc pareil ?
— C'est une horrible idée, affirma aussitôt Marco.
— C'est un plan infaillible !
Marco n'aimait pas du tout la direction que prenait cette conversation. Prétendre être le petit-ami de Jean ? Et puis quoi encore ! Il lui fallait trouver une parure pour faire changer d'avis son colocataire, et vite.
— Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je suis un mec.
— Justement ! Ils seront encore plus surpris. Et puis, je n'ai jamais précisé avoir rencontré une fille.
— Ta mère me connaît, elle ne marchera jamais !
— On s'en fiche. Ce sont tous les autres qu'il faudra berner. Connaissant ma mère, je suis certain qu'elle sera ravie de jouer la comédie pour nous. Ça rendra mon mensonge plus vrai !
Marco soupira en constatant que son ami avait évidemment réponse à tout. Quand celui-ci avait une idée en tête, il était presque impossible de l'en détourner.
— S'il-te-plaît, insista Jean. C'est juste l'histoire de quelques jours ! Mamie va être contente, Papy va en perdre son dentier et mes cousines auront enfin le bec cloué. Tu n'auras qu'à sourire, répondre à quelques questions ennuyantes et te remplir gratuitement l'estomac. S'il-te-plaît, Marco ! le pria-t-il. Tu es parfait, ils vont forcément t'adorer.
Le brun se sentit rosir à cette dernière phrase. Jean le regardait de ses grands yeux suppliants et il avait littéralement l'impression de fondre comme un marshmallow dans son chocolat chaud. C'était sans aucun doute possible la pire idée du siècle (et même du millénaire), pourtant Marco finit par lâcher les armes. Il acquiesça dans un soupir, ce qui eut pour effet de créer un immense sourire sur le visage de Jean.
— Je sens qu'on va bien s'amuser !
Vɪɴɢᴛ-Nᴇᴜғ Dᴇ́ᴄᴇᴍʙʀᴇ
Jean coupa le contact de sa voiture une fois celle-ci garée le long du trottoir. Sur le siège passager, Marco retira sa ceinture pour s'étirer les membres rendus un peu amorphes par les deux dernières heures de trajet. Il n'eut qu'à pencher la tête pour apercevoir la maison des grands-parents Kirschtein qui accueillaient toute leur descendance lors des fêtes.
— Rassure-moi, il n'y a pas d'homophobes dans ta famille ?
— Euh, fit Jean. Je suppose qu'on va vite le savoir !
Il sortit prestement de la voiture avec un entrain que Marco n'était pas certain de partager. Ce dernier avait la mauvaise habitude d'envisager les pires scénarios possibles, et la situation présente faisait fonctionner son imagination à plein régime. Marco prit le temps de rassembler quelques miettes de courage avant de rejoindre Jean qui commençait à décharger leurs affaires du coffre. La boule d'angoisse continua de grandir dans le ventre du brun tandis qu'ils remontaient la petite allée menant jusqu'à l'entrée de la maisonnée. Quelques secondes seulement après que Jean eut frappé, la porte s'ouvrit sur une petite dame aux cheveux gris et à la robe bleue marine.
— Ah ! se réjouit-elle. Mon chéri, je dois dire qu'on ne t'attendait plus. J'en venais à croire que tu t'étais dégonflé.
— Alors ça, c'est franchement mal me connaître !
Jean se baissa pour embrasser sa grand-mère adorée sur les deux joues. Celle-ci n'omit pas de jeter un regard curieux derrière son petit-fils pour voir qui l'accompagnait.
— Mamie, je te présente Marco.
Le jeune homme lui offrit le sourire le moins crispé dont il était présentement capable. Si Madame Kirschtein, première du nom, sembla surprise en le voyant, cela n'empêcha pas son visage de s'illuminer. Marco n'avait peut être pas de robe ou de talons comme elle se l'était probablement imaginée, mais il portait sa plus belle chemise et un pull assorti. Mensonge ou non, il avait l'intention de faire bonne impression.
— Entrez, entrez, les pressa la petite dame.
Les garçons posèrent leurs bagages dans le couloir où ils retirent également manteaux et chaussures. Ils suivirent ensuite la maîtresse des lieux jusqu'au salon où se trouvait une bonne partie de la famille. Face à tout ce beau monde, Marco ne s'éloigna pas de Jean qui lui présenta son oncle, sa tante, ses trois cousines, ses deux neveux et sa nièce. L'accueil fut globalement chaleureux, au grand soulagement de Marco. De son côté, Jean ne manqua pas de lancer un sourire narquois à chacune de ses cousines. L'aînée, Claire, lui fit néanmoins comprendre qu'elle n'était pas totalement convaincue.
— J'y crois pas une seule seconde, lui chuchota-t-elle.
— Pourquoi ? Parce que c'est un garçon ?
— Mais non, gros malin. Parce qu'il est beaucoup trop beau pour toi ! Tu l'as bien regardé ?
Jean regarda Marco qui discutait avec l'un de ses neveux, lequel lui demandait s'il savait jouer à Mario Kart. Il fallait reconnaître que le brun était très charmant dans sa chemise impeccablement repassée, mais Jean n'était tout de même pas un laideron ! Il leva les yeux au ciel avec humeur, cherchant déjà quel mot plein de sarcasme il pourrait lui rétorquer. Il laissa couler en voyant sa chère Maman pointer le bout de son nez, suivie de son Papy. Franchement ravi de trouver un autre visage familier parmi tous ces étrangers, Marco n'hésita pas à prendre Marie dans ses bras. Celle-ci en profita pour lui murmurer quelques mots à l'oreille :
— Dans quel pétrin l'as-tu encore laissé t'entraîner ?
Le grand brun lui adressa un sourire embarrassé, mais il n'eut pas besoin de s'expliquer ; tou‧te‧s deux savaient pertinemment qu'il ne pouvait (presque) rien refuser à Jean. Pour terminer, Marco échangea une poignée de main ferme avec le grand-père qui, s'il ne dit rien, paru un peu confus de voir un gaillard comme lui dans son salon.
Conscient d'être la cible de nombreux regards, Marco ne savait pas trop où se mettre. Heureusement pour lui, on déclara bientôt qu'il était l'heure de l'apéro et tout ce beau monde s'installa autour de la longue table, dans la salle à manger. Comme prévu, les Kirschtein ne furent pas avares de questions pour Jean et, surtout, pour Marco, qui s'efforcèrent d'y répondre entre deux bouchés. La plupart du temps, ils n'eurent pas à mentir, excepté lorsqu'on s'intéressait plus précisément à leur relation. Pour combler ce vide, Jean et Marco avaient fabriqué de toutes pièces une poignée de détails qui corroboraient leur récit. De son côté, Marie n'hésitait pas à appuyer leurs dires au besoin pour écarter tout soupçon.
À l'issue du dîner, Jean estima qu'ils ne s'en étaient pas trop mal tirés. Son oncle et sa tante avait tout gobé, sa grand-mère semblait ravi de rencontrer un garçon si poli et même son grand-père s'était décrispé entre le plat et le fromage. Quant à ses cousines, l'effet semblait encore mitigé : Jean sentait parfois l'ombre d'un regard méfiant se poser sur lui. Cependant, leur scepticisme ne lui faisait pas peur. Après tout, il avait encore trois jours pour les convaincre.
Le soir, lorsqu'ils se glissèrent enfin dans les draps, les deux garçons soufflèrent de concert. Ils avaient écopé d'un lit double, probablement un coup des cousines Kirschtein qui voulaient les mettre à l'épreuve. Ce qu'elles ignoraient, c'était que même s'ils n'étaient pas un vrai couple, Jean et Marco avaient de toute manière l'habitude de dormir ensemble. Au tout début de leur colocation, leur appartement ne comptait qu'un couchage, alors ils avaient passé quelques semaines dans la même chambre. Encore aujourd'hui, lorsque les nuits se faisaient fraîches, il leur arrivait de se faufiler chez l'autre pour rechercher un peu de chaleur.
Ce ne fut donc pas le lit qui empêcha Marco de s'endormir ce soir-là. Le grand brun avait tout simplement beaucoup de mal à dormir sereinement dans un lieu étranger comme celui-ci. À force de le sentir autant remuer de son côté du matelas, Jean finit par se retourner.
— Viens là, lui souffla-t-il.
Sans plus se faire prier, Marco se glissa entre ses bras. Maintenant que l'odeur familière de Jean l'entourait, il put fermer les yeux et se laissa emporter par le sommeil.
Tʀᴇɴᴛᴇ Dᴇ́ᴄᴇᴍʙʀᴇ
Marco fut réveillé par un drôle de poids qu'il sentait remuer au-dessus de lui. En ouvrant les yeux, il tomba nez à nez avec l'un des neveux de Jean qui s'était invité sur leur lit.
— Maman m'a dit de vous réveiller, expliqua-t-il de sa voix fluette. Tu veux bien jouer à Mario Kart avec moi ?
Marco lui promis qu'il serait là très vite. Une fois le petit Léonard parti, Jean remua contre son colocataire en rouspétant qu'il était encore trop tôt pour se réveiller. Désireux de poursuivre sa nuit, il l'empêcha d'abord de sortir du lit. Bien que la perspective d'y passer la journée était (comme toujours) plus que tentante, Marco finit par s'extirper de ses bras. En tant qu'invité, il aurait été malpoli de se lever trop tard.
Après un bon petit déjeuner avalé, Jean et Marco furent ainsi réquisitionnés pour occuper les enfants. Léonard et Aloïs, les fils de Claire, voulaient notamment jouer à Mario Kart sur la console du salon. Victoire, la petite de Juliette, n'avait que deux ans, alors elle se contenta d'agiter les bras et les jambes en regardant l'écran de la télévision. Les garçons passèrent la matinée à s'affronter sur les circuits virtuels. Marco termina, sans surprise, en haut du classement ; il avait l'habitude de faire des parties avec ses frères.
Après un autre repas concocté par les grands-parents Kirschtein, deux groupes se formèrent : celleux qui voulaient sortir prendre l'air et celleux qui préféraient rester au chaud. Jean et Marco furent de la seconde catégorie. Leur après-midi fut néanmoins bien occupé, puisqu'ils enchaînèrent plusieurs jeux de société en compagnie de Juliette, de Mathilde et du Papy de Jean qui était un grand joueur.
Le reste des Kirschtein rentra sur les coups de dix-sept heures. En voyant sa mère faire bouillir de l'eau pour remplir une théière, Jean partit lui aussi en direction de la cuisine. Il prépara le chocolat chaud quotidien de Marco que ce dernier reçu avec un sourire. Cette attention n'avait rien d'exceptionnel ; il l'avait fait machinalement, par habitude. Elle n'avait pas pour finalité de servir son mensonge, quand bien même cela rendit ses cousines moins suspicieuses.
Le soir, après le dîner, une partie de la famille se réunit dans le salon pour regarder un film. Jean s'était confortablement installé en travers du canapé, ses jambes recouvraient celles de Marie et sa tête reposait sur les cuisses de Marco. Les yeux rivés sur l'écran, ce dernier lui caressait distraitement les cheveux. Comme l'auraient fait des amoureux. Non, ce n'était vraiment pas difficile de prétendre être en couple avec Marco. En fait, ils n'avaient presque rien à changer. Il leur suffisait de faire comme d'habitude.
Tʀᴇɴᴛᴇ-ᴇᴛ-Uɴ Dᴇ́ᴄᴇᴍʙʀᴇ
Le réveillon ne commença pas si différemment du jour précédant. Cette fois-ci, on fit une partie de Monopoly qui s'éternisa jusqu'au déjeuner. Les derniers flocons de neige de l'année se décidèrent à tomber entre le fromage et le dessert, ce qui rendit les enfants complètement excités. Tout le monde sortit donc dehors pour en profiter, direction le parc du village. Léonard et Aloïs gambadaient joyeusement devant tandis que leurs parents s'efforçaient de suivre leur rythme.
Moins pressés que les autres, Jean et Marco se laissèrent distancer, jusqu'à carrément perdre de vue le reste des Kirschtein qui s'étaient dispersé‧e‧s dans un autre coin du parc. Même si personne ne les regardait, Jean s'accrocha au bras de Marco pour se tenir chaud et (surtout) pour garder son ami près de lui. Si le brun ne pipa d'abord mot, il finit par s'arrêter pour se tourner vers Jean. Se sachant seuls, Marco attrapa ses doigts entre les siens et se racla la gorge. Jean sut, à la lueur qui habitait son regard, qu'ils allaient enfin discuter.
— Pourquoi m'avoir fait venir jusqu'ici ? lui demanda Marco. Pourquoi m'avoir demandé de prétendre être avec toi ?
— Je te l'ai déjà dit. Parce que tu es parfait pour ce rôle.
Jean fit remonter ses mains pour les poser affectueusement sur les joues tachetées de Marco qui était pendu à ses lèvres.
— Tu es parfait pour moi, termina-t-il dans un murmure.
Tout sourire, Jean attira à lui le visage de son faux petit-ami pour déposer un baiser contre sa mâchoire. Leurs nez gelés se touchèrent, les empêchant d'aller plus loin, jusqu'à ce que Marco incline la tête pour enfin recouvrir les lèvres de Jean des siennes. Ce contact grisant les firent soupirer de concert. Ils s'embrassèrent au milieu des flocons de neige qui tombaient doucement autour d'eux. Le froid leur servit d'excuse afin de se presser contre le corps chaud de l'autre ; ils avaient juste trop attendu pour rester bien sage.
— Si tu voulais tant m'embrasser, tu n'avais qu'à demander.
— C'est vrai, reconnu Jean. Mais tu me connais : j'aime faire les choses en grand.
Il chercha à nouveau la bouche de Marco dont il entendait encore profiter des heures durant. À son plus grand regret, le couple fut interrompu par une boule de neige qui s'écrasa dans le dos de Jean. Ce dernier n'hésita pas un seul instant à retourner la faveur au petit Léonard qui s'éloignait en riant, fier de sa farce. Il n'en fallut pas beaucoup plus pour déclencher une bataille de boule de neige collective.
Bien plus tard dans la soirée, lorsqu'iels furent rentré‧e‧s et séché‧e‧s, lorsqu'iels eurent le ventre rempli de fruits de mer, les Kirschtein profitèrent des derniers instants de l'année qui s'achevait. À minuit, iels levèrent leur verre de champagne pour trinquer à la santé, à la réussite, à l'amour. Et, comme toujours, Jean n'avait d'yeux que pour Marco.
Pʀᴇᴍɪᴇʀ Jᴀɴᴠɪᴇʀ
Jean venait de finir de charger le coffre de sa voiture. Les fêtes terminées et les cours reprenant dans deux jours seulement, il était temps pour eux de rentrer. Sur le perron, ils firent leurs aurevoirs aux derniers membres des Kirschtein : les grands-parents, Marie, Claire et ses deux garçons. Lorsqu'il serra sa cousine dans ses bras, Jean l'entendit s'excuser.
— Au début, j'ai vraiment cru que tu nous avais ramené un mec random pour nous faire avaler tes salades. Désolée, on dirait que je me suis complètement trompée. Ton Marco a l'air génial. Je te souhaite le meilleur avec lui, Jeannot.
Jean se sentit drôlement touché par ses mots. Un peu gêné, il remercia Claire, mais se garda bien de lui dire qu'elle n'avait pas eu si tort que ça de douter de lui...
— Ceci dit, poursuivit sa cousine, l'air de rien, je suis déçue de ne pas avoir vu l'ombre d'un bisou entre vous.
— Oh ! Hier, ils se sont fait un bisou sur la bouche !
Tous les regards se tournèrent vers Léonard, qui n'avait décidément pas sa langue dans sa poche. Soudainement très intéressée par ce qu'il se racontait, Marie éclata de rire.
— Voyez-vous ça !
Jean détourna les yeux en se raclant la gorge, franchement trop embarrassé pour affronter le petit sourire en coin de sa mère. Il poussa presque Marco jusqu'à sa voiture dans laquelle ils embarquèrent, direction leur appartement. Au premier feu rouge, Jean se tourna vers son passager, dont les joues tachetées étaient encore un peu rouges. Ils échangèrent un regard complice avant de s'esclaffer en même temps.
Lorsqu'ils furent enfin de retour chez eux, les deux garçons reprirent très vite leurs petites habitudes. Leurs affaires déballées, ils réalisèrent que l'énergie leur faisait défaut et décidèrent donc de se poser devant un bon film. La tête de Jean se nicha sur l'épaule de Marco qui sirotait son chocolat chaud. La télévision ne les empêcha pas de réfléchir un peu à eux. Qu'étaient-ils devenus à l'issue de cette année ? Même s'ils n'en parlaient pas, il fallait reconnaître que l'atmosphère de leur appartement semblait différente.
Le soir, Jean partit se coucher le premier. Le gros dormeur qu'il était avait du sommeil à rattraper avant la rentrée. Quelques minutes après qu'il se fut faufilé sous les draps, il entendit la porte de sa chambre s'ouvrir et sentit son matelas s'affaisser lorsque Marco se glissa dans son lit.
— T'arrives pas à dormir ? plaisanta Jean.
— Disons que je n'ai pas vraiment envie de dormir...
Dans la pénombre de la pièce, Marco l'emprisonna de ses bras et chercha ses lèvres à tâtons. Jean l'embrassa avec un soupir de contentement. S'il ne refusait jamais une bonne nuit de sommeil, il devait reconnaître que la perspective d'étreindre Marco jusqu'au petit matin était plus alléchante encore. Après tout, l'année ne faisait que commencer et Jean aurait bien d'autres nuits à disposition.
Nᴏᴛᴇ ᴅᴇ Lʏᴀ
J'ai un peu triché pour ce récit : j'avais commencé à l'écrire il y a un an de cela ! En voilà au moins un qui ne finira pas oublié dans mes brouillons. Pour la petit anecdote, j'ai voulu m'essayer au trope du fake dating après avoir vu un film de Noël qui m'a énormément déçue ahah.
Sur ces belles paroles, je vous souhaite une Bonne Année !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro