LE JOURNAL DE SHOTO
Ça fait longtemps que je ne t'ai pas écrit maman.
C'est bientôt Noël, cette fête de l'année que plus de cinquante pourcent de la population célèbre. J'imagine et j'espère que même depuis ta chambre tu as l'occasion de contempler les flocons de neige qui s'écoulent du ciel. Il fait nuit à l'instant même où je t'écris ces mots. La ville est recouverte d'un voile obscur, les étoiles pétillent dans cette voûte céleste immense tandis que l'air glacial fait frissonner les quelques passants errant dans les rues. Depuis la baie vitrée de ma chambre j'ai accès à la vie nocturne qui se joue sur Tokyo. Et pourtant, je reste insensible à ce spectacle. Un iceberg me recouvre maman. Je le sens courir dans mes veines, je vois ma main trembler de colère. Ma colère est dirigée envers lui, envers elle, envers les logiques cruelles de la vie.
Je ne saurais te dire quand est-ce qu'Akane a décidé de partir.
Peut-être que je me berçais d'illusions pendant tout ce temps, et que sa décision avait été prise avant même que nos regards ne se croisent pour la première fois. Mon cœur est sujet à une souffrance lorsque mon esprit émet l'hypothèse que durant ces temps où l'on s'est côtoyés, elle plongeait ses yeux dans les miens en sachant avec pertinence que d'ici quelques temps elle disparaîtrait. Mais cette stupide voix dont je peine à me débarrasser, me souffle qu'elle ne m'a pas menti. Et c'est lorsque je l'entends que je vois se matérialiser en face des moi ses prunelles atypiques, deux joyaux rares dont la beauté mystérieuse me tiraille le cœur et me provoque un tumulte d'émotions que je n'arrive toujours pas à décrire. Lorsque je cligne des yeux j'entraperçois ses lèvres rosées, sa voix murmure mon nom et son odeur vient me bercer. Mais toutes ces images s'évaporent et enfin la réalité revient à moi. Les mots de père me font mal, parce que je ne saurai dire s'il a raison ou tort. Je ne saurai dire si en effet, Akane n'est autre qu'un magnifique brasier qui menace de me brûler les ailes. Elle est mon repère de flammes maman. Elle me guide vers un chemin opposé à celui que j'ai toujours voulu prendre. Et c'est maintenant, en griffonnant ces mots dans ce satané carnet que je réalise que j'étais prêt à la suivre dans n'importe quel chemin sinueux au sein duquel elle aurait voulu se lancer.
Je paie les conséquences de ma stupide faiblesse. Un véritable héros doit œuvrer pour la justice, peu importe ses sentiments. Si j'avais pensé de la sorte dès que j'avais appris la vérité sur Akane, je ne me serais pas entêté à fermer les yeux en face de la réalité. J'aurais dû deviner qu'elle allait partir. J'aurais dû comprendre que nous n'étions autres que de futurs ennemis. J'aurais dû... J'aurais dû écouter père. Parce que j'ai beau le détester, je suis forcé d'avouer qu'il avait compris qu'Akane Isayo ne voulait pas devenir une héroïne. Tout ce qu'elle désire c'est de la force afin d'assouvir son projet de vengeance. Et moi, dans toute cette histoire, je n'étais autre qu'un dérangement. Un petit imprévu.
Maman... Pourquoi est-qu'elle est partie de cette façon ? Pourquoi le seul souvenir qu'elle m'a laissé est un sweat-shirt et un pull à l'effigie d'une équipe de baseball ? J'aurais préféré qu'elle tente de m'envoyer son poing en pleine figure. Peut-être que là, je serai enfin parvenu à la détester comme il se doit.
Je ne voulais pas qu'elle parte maman, parce que je croyais en elle. Mais son geste ne fait que me prouver qu'il arrive dès fois où l'espoir est inutile. Le Shoto que j'étais avant, celui qui s'obstinait à user de ses flammes, ce Shoto n'aurait pas été blessé par le départ d'Akane.
En découvrant son cadeau à côté de mon casier, j'ai compris qu'elle était partie. Son choix avait été fait. Peut-être que j'aurais dû courir la chercher, fouiller chaque recoin de Tokyo pour retrouver le contact de sa main et surtout, peut-être que j'aurais dû la sauver et non pas la laisser s'élancer dans un monde cruel au sein duquel son identité sera celle d'une criminelle. Je n'ai rien fait. Je suis resté silencieux et je priai pour que mes souvenirs se taisent. Je maudissais ces images qui fusaient dans mon esprit.
Une patrouille dans un quartier, un paquet de chips mangé en observant les nuages, une étreinte, un sourire et mille et une illusions aux côtés de cette colombe déchue.
C'est père qui me l'a dit. C'est lui qui m'a annoncé qu'elle était finalement partie. J'aurais aimé que dès cet instant elle ne soit rien d'autre qu'un vieux souvenir, mais le chemin qu'elle a pris, et celui que j'ai choisi, sont prédestinés à entrer en collision. Celui qui sème le feu récolte les flammes, et que je le veuille ou non, je serai un jour amené à le lui rappeler. Parce que j'ai toujours rêvé d'être le meilleur des héros. Je dois me hisser jusqu'à la première place, et ce, peu importe les obstacles qui surgiront sur ma route. Tu le voyais dans mon regard maman. J'ai toujours désiré être Shoto Todoroki, et non pas le fils d'Endeavor. Je deviendrai ce héros que je n'ai eu de cesse d'idéaliser, et je me battrai pour cette paix que je n'ai pas pu obtenir.
Pardonne-moi Akane, mais je me le suis promis.
Je me suis promis d'être loyal jusqu'à la mort.
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