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CHAPITRE 78 : LE DORMEUR DU VAL


CHAPITRE 78 : LE DORMEUR DU VAL



    —     Maman veut qu'on soit de retour avant seize heures, fit remarquer Akio en stoppant son véhicule au feu rouge. Dîner de famille à vingt heures, t'avais pas oublié j'espère ?


    Takara avait complètement lancé aux oubliettes ce fichu dîner de famille qui aurait lieu d'ici quelques heures. L'adolescente roula des yeux, avant de se taper le front avec sa main. Mike, qui était assis à quelques centimètres d'elle ne se fit pas prier pour se moquer de l'adolescente. Ces derniers temps, le brun aux yeux bleus avait eu plusieurs fois l'occasion de rester en compagnie de sa meilleure amie et ces petits moments passés avec elle lui avaient permis d'en apprendre plus sur la famille Uchida et cette obsession qu'ils avaient envers la réussite au sein du monde médical. Il savait donc avec pertinence à quel point les dîners de famille étaient un véritable calvaire pour les trois enfants de la fratrie à laquelle appartenait Takara. Par ailleurs, cette dernière laissa échapper un râle de fatigue avant de laisser sa tête s'écraser sur l'épaule de son ami. Elle en profita pour apprécier l'odeur de son nouveau musc avant de relever la tête et se lancer dans la contemplation de ce profil qu'elle jugeait "beaucoup trop magnifique pour sa santé mentale".


    Ses iris bleutées étaient envoûtantes et lui évoquaient la pierre de lapis lazuli incrustée dans la chevalière de son père. Ses cheveux hirsutes et obscures chatouillaient son front avec douceur, ils avaient pris un peu plus de longueur et certaines de ses mèches glissaient sur sa nuque. Puis, il y avait bien-sûr ce piercing qu'il portait au niveau de l'arcade sourcilière et qu'elle avait appris à apprécier. 
Elle esquissa un léger sourire triste, et son cœur fut victime d'une douleur aiguë lorsqu'elle pensa au fait que d'ici deux ans elle devrait le quitter.


    —     Prépare-toi à une déferlante de questions qui auront toutes pour sujet ta meilleure amie, grogna Akio.

    —     Peu importe, s'empressa de dire Mike. Akane est notre amie, et on s'en bat...


    Takara n'attendit pas une seule seconde pour lui asséner un coup de coude au niveau de la côte. Le garçon sursauta avant de river sur son amie un regard incrédule.


    —     On avait dit quoi sur les gros mots ?

    —     Oui c'est bon..., souffla le garçon. Bref, Akane est notre amie et on se préoccupe très peu de l'avis des gens. C'est bon, ça te va comme ça ?

    —     Nickel ! répondirent simultanément Akio et sa sœur.


    Après quelques minutes de trajet, les trois jeunes gens arrivèrent enfin devant l'hôpital où Shoto Todoroki avait été pris en charge. Dès qu'ils sortirent, Takara s'empressa de lisser sa longue jupe noire patineuse, avant d'ajuster sur son épaule la lanière de son joli petit sac rose pâle. Lorsqu'ils entrèrent dans les locaux de ce grand bâtiment, le frère de la jeune fille s'empressa de les guider jusqu'à l'étage où Asta les attendait. Ce dernier eut à peine posé les yeux sur eux, qu'il explosa de rire. Akio en fit de même, et Takara se souvint du fait que ces deux garçons avaient partagé tellement de moments ensembles que la simple vision du visage de l'autre faisait remonter en eux une masse de souvenirs hilarants.


    Dès qu'ils eurent fini de se saluer, la jeune fille aux longs cheveux roses offrit une étreinte au grand brun qui leur faisait face. Puis, il regarda Mike avec une lueur de malice décelable dans son regard et en quelques secondes les deux garçons s'étaient lancés dans un salut assez spécial, où leurs mains esquissaient des gestes rapides que seuls eux semblaient en mesure de reproduire.


    —     Elle est où Akane ? demanda Akio en lui assénant une petite tape dans le dos.

    —     Elle est partie rendre visite à Hawks et Endeavor.

    —     Et Shoto ? s'enquit Takara. Vous n'avez aucune nouvelle de lui ?


    Asta haussa les épaules, et laissa échapper un soupir.


    —     Non. J'espère qu'il va bien. 


    À cet instant, Takara lança un regard à Mike non sans penser que lui aussi avait été victime de la Némésis, et qu'il s'en était sorti indemne. Le leader de cette organisation criminelle avait dérobé l'alter de son ami, mais ce dernier était toujours en mesure de l'utiliser et sa santé ainsi que son physique n'avaient subi aucun effets secondaires désastreux. Néanmoins, la jeune fille aux longs cheveux roses en savait assez sur la médecine pour être en mesure de comprendre que les conséquences de certains phénomènes différaient en fonction du métabolisme des individus. Mike avait toujours possédé des capacités physiques remarquables, et cela expliquait pourquoi il avait pour habitude d'être premier de la classe durant les cours d'éducation sportive.


    Shoto était également un athlète accompli, car sa formation de super-héros ne lui laissait pas tellement le choix. Néanmoins, avant d'être victime de la Guilde il avait vécu en pleine nature, dans des conditions difficiles qui plus est. Son corps avait été affaibli avant même qu'il ne tombe entre les griffes de ces criminels.


    —     Mike, est-ce que je peux te parler en privé quelques secondes ?


    Le garçon haussa un sourcil avant de jeter un coup d'oeil à Asta et Akio. Voyant que les deux étaient plongés dans une conversation dont le sujet leur était inconnu, il se décida à suivre son amie d'enfance.


    —     Je me souviens que lorsque nous avons été capturés par Jill, tu m'avais avoué avoir été victime de l'alter de leur boss. À mon avis, Shoto a dû subir les mêmes choses que toi. Voir pire.

    —     Tu sais, commença-t-il en fourrant ses mains dans les poches de son jean, ça a été très rapide. Il m'avait fait comprendre que mon alter lui serait utile. Puis là... Je me souviens qu'un objet pointu est sorti de sa main avant de se loger dans mon cou.


    Il déglutit. Instinctivement, l'adolescente posa une main rassurante sur son bras, et Mike poursuivit ses propos.


    —     À en croire les propos de Jill, j'avais perdu du sang, mais sans plus. Elle avait dit que j'avais eu de la chance. Mais lorsque j'ai demandé plus de détails elle m'a avoué être aussi ignorante que moi. L'alter de ce mec est étrange, flou... Il n'est pas bête, il ne donnera jamais des informations sur son pouvoir de psychopathe. Mais, je me souviens qu'il avait dit qu'il pourrait m'utiliser pour capter l'attention d'Akane. Sur le coup j'ai eu froid dans le dos.


    La jeune fille se contenta d'hocher de la tête. Désormais, elle n'était plus aussi ignorante qu'auparavant. Elle comprenait avec clarté pourquoi ce jour-là, Akane s'en était allée avec le détenu Sirius Blackthorne. L'un des membres de cette organisation criminelle n'était autre que le père de son amie.


     —     Tu viens ? Je crois qu'Akane est arrivée.

    —     Mike ?

    —     Oui ?

    —     Tu es l'une des personnes les plus fortes et courageuses que j'ai pu connaître, avoua-t-elle en lui attrapant la main.


    Il lui offrit un sourire qui fit battre son cœur et illumina ses prunelles violettes. Takara ne le remercierait jamais assez d'avoir accepté les difficultés de leur relation en raison de ses obligations familiales. Au fond d'elle, elle espérait qu'elle serait en mesure de se détacher des règles qui pesaient au dessus des Uchida, pour offrir à Mike le bonheur qu'il méritait.
Leurs doigts s'entrelacèrent, et elle se sentit emplie d'optimisme. Il lui restait encore deux ans à ses côtés, avant qu'elle ne s'en aille dans ce centre où on lui apprendrait à mettre ses pouvoirs au service de la médecine. En attendant, elle vivrait au jour le jour, en sa douce compagnie.




    Akane eut à peine mis un pied dehors, que Takara lui sauta dans les bras. Cette étreinte chaleureuse eut le mérite d'envelopper son cœur dans un bain de douceur, puis, pour quiconque c'était toujours un véritable plaisir de se laisser aller aux douces émanations du parfum de sa meilleure amie.


    —     Je me suis tellement fait du souci pour toi ! s'exclama cette dernière.

    —     C'est bon calme, tout va bien !


    Akane savait bien que Takara ne pourrait jamais s'empêcher de se faire un sang d'encre pour son entourage. Les iris violettes de son meilleure amie scrutaient chaque détail de son visage, tandis que sa main s'occupait à arranger le carré plongeant de la jeune brune.


    —     Il faut que tu penses à te reposer dès ce soir, lui souffla-t-elle.


    Elle hocha de la tête pour la satisfaire, puis ce fut seulement après ça qu'ils allèrent enfin en direction de la chambre où devait se reposer Shoto.


    —     Peut-être que tu devrais entrer seule d'abord ? suggéra Asta en esquissant une légère grimace.

    —     Je suis d'accord avec lui, lança Mike avant d'aller s'adosser contre le mur, mains derrière le dos.

    —     Bien.


    Elle ferma les yeux quelques secondes et inspira un bon coup. Ses prunelles hétérochromes fixèrent avec intensité la porte qui lui faisait face. Pour une raison qu'elle n'aurait su dire, Akane avait une immense boule logée dans le ventre et un étau encerclait sa gorge. Elle leva la main, prête à tourner la poignée en douceur, mais au même moment, une personne la devança et quitta la chambre sous son regard effrayé et surpris. Elle avait reculé de quelques pas, manquant de peu de se prendre la porte en plein dans le nez.


    —     Désolé ! Je... Akio ? Asta ? Qu'est-ce que vous faites là ?


    La personne qui venait de s'adresser à eux était une jeune brune aux longs cheveux bruns et épais, noués en un chignon assez négligé. Ses yeux noisettes étaient encerclés par de longs cils bruns embellis par plusieurs touches de mascara, et ses lèvres s'étaient étirées en un sourire lorsqu'elle avait aperçu le visage des deux garçons qu'elle avait appelé.


    —     Saiko ? dit Akio en penchant la tête sur le côté, un air curieux visible sur ses traits.

    —     Alors, tu t'occupes de Shoto ? demanda Asta. Décidément, tu as vraiment des doigts de fée.


    La brune à la bouse blanche que Takara scrutait avec curiosité, lança un coup d'œil aux notes de son calepin.


    —     Oui ! Hier soir a été un véritable calvaire pour lui, souffla-t-elle enfin. Nous avons pris toute la soirée pour soigner ses blessures.

    —     Comment va-t-il ? demanda Akane. Je peux le voir ?


    Saiko la regarda avec un semblant de tristesse et de pitié qui ne présageait rien de bon. Shoto n'était pas mort, alors l'adolescente avait du mal à comprendre pourquoi cette fille les fixait avec autant de peine.


    —     À mon avis... Vous devriez faire attention en lui parlant. Ne le brusquez pas, et il vaut peut-être mieux qu'une ou deux personnes aillent le voir.

    —     Qu'est-ce qui lui arrive ? demanda Takara en devançant ainsi Akane.


    Saiko inspira profondément, et osa enfin ancrer ses pupilles dans celles d'Akane, comme si elle avait deviné que cette dernière était sans aucun doute celle qui tenait le plus au jeune Todoroki.


    —     Bien, vous n'êtes vraiment pas au courant à ce que je vois. Il se trouve que Shoto a subi plusieurs blessures qui ont abîmé ses articulations. De plus, son niveau d'énergie est tellement faible, que j'ignore s'il serait... 


    Elle soupira avant de reprendre : 


    —    Pour l'instant, les diagnostics ont été clairs : il ne peut plus utiliser son alter. 


    Elle déglutit, tandis que le regard d'Akane se perdait de plus en plus dans les abysses. Son teint était devenu pâle.


    —     Je vais être honnête avec vous, comme je l'ai été avec sa famille. Shoto a perdu l'usage de ses jambes. Son bras gauche parvient à esquisser quelques gestes, mais il est gravement blessé aussi.

    —     Putain..., souffla Mike.


    Takara n'osa pas le reprendre. Akane le remercia intérieurement d'avoir empêché la venue d'un silence troublant et étouffant. Elle plaqua une main contre ses lèvres, et ses yeux écarquillés étaient rivés sur l'extrémité de ses bottes noires.


    —     Akane, ça va aller, lui souffla sa meilleure amie à l'oreille.


    Elle ferma les yeux, et se fit violence pour maîtriser ses canaux lacrymaux. Non, elle ne devait surtout pas se laisser aller aux larmes.
Que faire face à ce genre de situation ? Elle attendit quelques secondes, le temps d'émerger de ce qui semblait être ni plus ni moins qu'un cauchemar. Mais rien ne se produisit. Les mêmes couloirs blancs l'encerclaient et cette odeur d'antibactérien régnait toujours dans l'air.


    —     C'est vraiment fini ? demanda Asta.

    —     Nous devons analyser son cas de plus près. Ça va prendre du temps, mais nous pourrons peut-être faire quelque chose. Son père est prêt à sacrifier de grosses sommes d'argent pour favoriser la qualité des soins. Mais, je ne pense pas que c'est de ça que son fils ait besoin. S'il y a une solution, on la trouvera. Argent ou pas. Non, ce qu'il faut à ce garçon c'est de l'espoir, de l'optimisme... C'est tout ce qu'il lui faut. C'est vrai,  après tout, rien n'est impossible ! Toi-même tu le sais Asta, répondit Saiko.

    —     Oui... C'est vrai, tu as raison !


    Akane aurait aimé posséder leur optimisme, mais elle en était incapable.


    —     Et sa future carrière de super-héros ? demanda-t-elle enfin.

    —     Pour l'instant... Au vu de son état, c'est pratiquement impossible qu'il réalise ce rêve. Il va devoir se mettre en pause. Je suis tellement désolée... Mais, je jure que je ferai de mon mieux pour changer son avenir ! 

    —     D'accord. Merci pour votre honnêteté, et votre grande implication. 


    Elle inspira, et serra les poings.


    —     Je vais aller le voir.





    Il était étendu sur son lit pâle où la lumière pleurait. La fenêtre ouverte laissait entrer des brises légères et rafraîchissantes. Il était immobile, ses doigts ne tremblaient pas au dessus de la texture du drap posé sur ses jambes, l'odeur d'antibactérien qui envahissait la pièce ne faisait pas frémir ses narines. Seul le clignement de ses yeux dont l'hétérochromie se voyait accentuée sous les doux rayons du soleil laissaient à comprendre que son cœur battait encore. Ses cheveux, propres et soyeux, glissaient sur son front avec une finesse inouïe. Ses lèvres charnues étaient fermées, loin d'elles semblaient l'envie de s'exprimer.


    Que dire ?
    L'avait-il vue ?
    Elle ne fut pas en mesure de prononcer le moindre mot. Sa langue semblait enchaînée, incapable de se défaire des liens qui la faisaient souffrir. Alors, silencieusement elle prit place sur cette chaise qui était à quelques centimètres de lui. Ses pupilles se posèrent sur le jeune homme et une déferlante d'émotions explosa dans son cœur lorsque enfin une iris azurée et une autre à la teinte grisâtre plongèrent dans les siennes. Son regard était devenu un gouffre qui exprimait une peine et une détresse incommensurables.


    —     Il m'avait demandé de te protéger. Juste ça.


    Sa voix fut un murmure, un soupir, un souffle qui disparut aussitôt.


    —     Mon père ? devina-t-elle.

    —     Oui. Mais dis-moi Akane, comment pourrais-je accomplir cette volonté si je ne suis même plus en mesure de suivre tes pas ?


    Elle n'avait rien dit, et s'était contentée de se protéger derrière le mur rassurant du silence. Les mots pouvaient s'illustrer plus profonds et douloureux que des coups de lames acérées. Elle aurait aimé rester immobile et attendre que le temps vienne gommer leur douleur. Parfois, il lui arrivait d'implorer ce dernier de suspendre son vol, mais cette fois-ci elle lui priait de s'envoler à une vitesse encore plus hallucinante.


    —     Mon père te fait confiance, dit-elle enfin. Moi je t'ai toujours fait confiance Shoto. J'aimerais avoir l'optimisme d'Asta pour trouver les phrases qui te réconforteront.

    —     Contente-toi d'être toi-même c'est toujours mieux.


    Elle soupira, avant de poser sa main sur l'épaule du garçon. Ce dernier ferma les yeux et déglutit avant d'ouvrir de nouveau les paupières.


    —     Oublie-moi Akane, souffla-t-il. Je t'en supplie oublie-moi, sois heureuse, accomplis des grandes choses mais ne te condamne pas à me traîner comme un handicap toute ta vie.

    —     Je préfère mourir que sourire en ayant conscience que je t'ai laissé tomber. La seule chose à laquelle tu t'es condamné mon vieux... C'est moi, avoua-t-elle en un soupir. Je te traquerai, je ne serai jamais bien loin. Je te le promets. Je ne te laisserai jamais tomber Shoto. Tu es le dernier accomplissement de ma vie dont mon père est fier.

    —     Akane, je suis handicapé ! craqua-t-il. Qu'est-ce que tu espères de moi au juste ? J'aurais beau te soutenir de tout mon cœur, et continuer de t'aimer à en crever comme je le fais depuis quelques mois, ça ne changera rien !


    Sa voix avait été virulente. Dure. S'ils avaient pu, les membres de son corps auraient tremblé.


    —     Alors s'il te plaît, c'est tout ce que je te demande : fuis-moi. 

    —     Moi aussi, dit-elle tout simplement avec une neutralité qui la surprit elle-même.


    Il la regarda. Une larme perlait au coin de son œil gauche, et menaçait de s'écrouler. Elle pencha la main, osa laisser ses doigts s'aventurer sur sa peau avant de retirer la perle transparente.


    —     Toi aussi ? répéta-t-il doucement.

    —     Oui.


    Ce fut avec une force qu'elle avait puisé au plus profond d'elle-même qu'elle parvint à laisser un sourire se dessiner sur ses lèvres.


    —     Moi aussi je...

    —    Arrête, la coupa-t-il. Je t'en supplie ne prononce pas cette phrase, ne te condamne pas à aimer une personne qui ne pourra rien t'apporter. Ce que je voulais, c'était te donner le bien-être que tu m'as offert. Mais j'ai échoué. Il faut croire que la vie en a décidé autrement. Je ne pourrai jamais te faire briller comme ton père me l'a demandé. J'aurais aimé que tu continues à me détester Akane.

    —     Je ne t'ai jamais détesté Shoto.

    —     Même ce jour-là ? Ce jour-là où on s'est rencontrés ? 


    Des vieux souvenirs naquirent aussitôt dans son esprit. Les doigts de l'adolescente se resserrèrent sur le bas du pull qu'elle portait.


    —     Non. Je t'enviais, ce n'est pas pareil.


    Il soupira et laissa ses yeux divaguer de nouveau vers le plafond et son blanc impeccable.


    —     On est liés, commença la jeune fille. Ton père, le mien, Fuyumi, Natsuo, Hawks... Quand bien même un jour on serait animés par l'envie d'oublier l'autre, il y aura ces liens qui nous rappelleront que c'est pratiquement impossible. Alors oui, si t'y tiens vraiment, je pourrais te fuir. Mais, je ne pense pas que je saurais déserter tes souvenirs et ton cerveau, Shoto. Tu n'auras qu'à regarder ton père pour te souvenir de ce mois de stage. Tu n'auras qu'à entendre la voix de Fuyumi pour te souvenir de nos journées à la fête foraine, celle où l'un de nous deux ne pouvait pas s'empêcher de râler. On est liés, et je pense... Je pense que lorsque quelqu'un au sein de ce monde pense constamment à nous et notre bien-être, alors notre place est auprès d'elle.


    —    J'aimerais être seul Akane. S'il te plaît. 


    Sur ces dernières paroles, elle se leva et le contempla avec une pointe de tristesse noyée dans son regard. Les larmes enfouies au fond d'elle-même étaient bien décidées à ne pas se laisser glisser sur ses joues. L'adolescente se pencha et offrit un baiser sur la joue du jeune homme, qui ne bougea pas d'un centimètre. Lorsqu'elle se retourna et ouvrit la porte, elle fut sûre et certaine de l'avoir entendu la remercier avant de prononcer cette phrase qu'il n'avait pas voulu entendre de sa part.


    —     Alors ? demanda Takara en se positionnant aussitôt devant elle, avec une mine inquiète.

    —     Alors il se trouve que... Je ne sais pas. Il veut renoncer à tout. La tristesse l'a envahi. J'ai beau lui dire que je suis là, il veut que je le fuis, que je l'oublie.


    Ses amis ne firent aucune remarque, et Mike fut le premier qui se dirigea vers elle avant de la serrer contre lui. Ses bras étaient toujours aussi rassurants et protecteurs que lorsqu'ils étaient enfants.


    —     T'inquiètes pas, ça va bien se terminer tout ça, lui dit-il en s'éloignant avant de poser ses mains sur ses épaules.


    Elle hocha de la tête, et regarda son meilleur ami en se demandant quand est-ce que son regard s'était doté de ce qui s'apparentait à de la maturité.
Akane fut arrachée de ses réflexions qui tournaient autour du changement positif de Mike lorsqu'elle entendit Asta tousser avec exagération derrière eux.


    —     Je suis vraiment désolé, commença-t-il, mais... J'ai quelque chose à vous dire. C'est très important. Mais avant, est-ce qu'on ne pourrait pas aller au Brooklyn Palace ? Parce que je commence à en avoir ma claque des hôpitaux.

    —     Bien-sûr ! répondit Takara. Mikie, j'ai bien envie d'un milkshake à la fraise moi !

    —    Maintenant que vous parlez de ça, je réalise que j'ai la dalle ! lança Akio en s'étirant avant d'ébourriffer sa propre chevelure blonde d'un geste de la main.


    Le regard d'Akane devenu terne, était posé sur eux et les considérait presque avec envie. Leurs regards étaient vifs, emplis d'espoir. Leur monde continuait de tourner, ils avaient tous connu des difficultés et étaient sans aucun doute sur le point d'en connaître de nouvelles, mais ils ne baisaient pas les bras pour autant.
Asta.
Sans le savoir, c'était lui qui était à l'origine de cette ambiance agréable qu'il y avait entre eux.

    À cet instant, Akane se mit aussitôt à culpabiliser. Avait-elle le droit de s'en aller, entourée de bonnes personnes, tandis que Shoto était seul entre ces quatre murs ? Clairement, non. Ou du moins, c'était ce qu'elle pensait. Elle se mordit la lèvre inférieure, avant d'enfin prendre la parole pour exprimer cette dernière pensée.


    —     Je vous rejoindrai plus tard, où on se reverra une autre fois. Je ne peux pas laisser Shoto seul.

    —     Je comprends, répondit aussitôt Asta.

    —     Ne t'en fais pas, tu peux partir Akane.


    À l'instar de ses amis, elle tourna la tête en entendant cette douce voix familière qu'elle aurait reconnu les yeux fermés. Fuyumi tenait un sac dans les mains, et un léger sourire flottait sur ses lèvres.


    —     Natsuo et moi allons rester avec Shoto. Puis... Dans le cas où il ne voudrait pas nous voir, je lui ai apporté ses livres préférés, dit-elle en désignant d'un geste le sac qu'elle avait apporté.


    La jeune Isayo aurait aimé rester dans cette chambre d'hôpital toute la nuit, jusqu'à avoir l'opportunité de contempler le ciel turquin en sa compagnie par le biais de la fenêtre. Quand bien même il n'aurait pas été très bavard, le simple fait de le savoir à ses côtés aurait suffit pour l'apaiser. Shoto Todoroki était pour elle l'équivalent d'un havre de paix, qui avait le don de la détacher des tourments de son quotidien tout en lui permettant de se plonger dans des réflexions particulières. À ses côtés, elle ne fermait pas les yeux sur la fresque de défauts qu'elle possédait, car elle était animée par une seule envie : devenir la meilleure version d'elle-même pour un jour prétendre être à sa hauteur.
Alors quand bien même il n'était plus en mesure de marcher, il restait son héros empli de force et de sagesse.
Il restait son modèle.


    —     Merci.


    Elle n'aurait su dire si elle s'adressait à Fuyumi, ou au garçon qui était derrière cette porte et qui n'était pas en mesure de l'entendre.





    Trois jours s'étaient écoulés depuis qu'Akane et ses amis avaient appris la vérité sur Asta. Ce dernier n'avait pas omis de préciser qu'il pensait que la jeune Huri était peut-être d'une façon ou d'une autre impliquée dans les rouages étranges qui viendraient expliquer son rétablissement inespéré. Le jeune homme la visualisait comme une héroïne déchue. Sur le coup, Akane était bien trop préoccupée par Shoto pour oser lui dire qu'il nageait en plein délire.
Alors, elle s'était contentée d'écouter ses aveux, avant de faire remarquer que peu importait sa nature, il était et demeurerait Asta Amane.


    Allongée le long de son lit, les mains croisées derrière la tête, Akane fixait d'un œil morne tout ce qui l'entourait.
Plongée dans ce moment de solitude, elle pensa à Dudu et à l'expression surprise qui avait habité ses traits lorsqu'elle lui avait tendu la lettre de Shea. L'adolescente avait cru halluciner lorsqu'un sourire s'était dessiné sur les lèvres du garçon pendant qu'elle lui annonçait que la Guilde ne tuerait pas Shea, car pour une raison qui lui était inconnue, Sirius Blackthorne tenait à ce que cette dernière reste en vie afin de demeurer à ses côtés.


    La main de la jeune fille tâta sa table de chevet avant d'attraper la clé USB qui y reposait. Elle se mit à faire tournoyer l'objet entre ses doigts. La mission de son père serait contenue dans cette petite clé. Elle ferma les yeux. Maintenant qu'elle était en face d'elle, Akane ne voulait pas rencontrer la vérité. Cette dernière faisait mal, et au fond d'elle, elle avait conscience qu'elle était sur le point de chambouler sa vie à jamais.


    Elle reposa la clé USB, se demandant quand est-ce qu'elle aurait le courage d'enfin consulter son contenu.
Elle soupira, avant d'enfin se lever. Elle tendit la main pour attraper sa tasse de thé, mais celle-ci lui échappa et s'écrasa au sol avant d'exploser en éclats. Le liquide s'éparpilla sur le parquet et lui brûla les orteils, mais elle resta de marbre, se contentant d'observer la fumée qui émanait de la boisson chaude qu'elle venait de réduire en bouillie. Akane passa une de ses mèches argentées derrière son oreille avant de se lever.


    Elle passa devant la basse que Shoto lui avait offerte pour Noël. Cette dernière brillait de mille feux, et pendant quelques secondes la jeune fille aurait aimé être ni plus ni moins qu'un objet dépourvu de cœur, de ressentis, de sentiments. Ses prunelles hétérochromes allèrent ensuite se poser sur ce carnet qui contenait plusieurs de ses pensées. Ses pupilles fouillaient de partout, exploraient les lieux avec un semblant de nostalgie et de curiosité.


    L'adolescente s'éclipsa, puis elle nettoya la catastrophe qu'elle avait causé dans sa chambre. Après ça, elle déambula dans la demeure des Todoroki, qui lui paraissait désormais vide, dénué de vie. Elle était une âme errante sillonnant les débris invisibles d'une maison qui semblait en bon état.
Ses pieds la menèrent jusqu'à la bibliothèque, cet endroit où elle avait révélé à Shoto la mort de sa mère. Ses doigts glissèrent sur les reliures de plusieurs livres. Elle en attrapa un, au hasard, se demandant si les mots qu'elle y lirait s'accorderaient avec les maux qui la hantaient.


C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.


    Elle s'allongea à même le sol, laissant sa chevelure de jais aux reflets argentés se déployer autour de son visage.


Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.


    Les mots défilaient devant ses yeux, et pendant ces quelques instants elle crut sentir leur présence à ses côtés. Ils étaient tous là.
Son père.
Son grand-père.
Shoto.
Sa mère.


Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.


    Tour à tour, ils lisaient à côté d'elle.


Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;


    Un poids immense était logé dans son ventre. Son cœur avait trouvé refuge dans les bras d'une peine immense. Pourquoi ? Elle n'aurait su dire. Son âme semblait subir que maintenant tout ce qu'elle avait vécu ces derniers temps.

    Trois coups retentirent contre la porte.


Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,


    Elle entendit des bruits de pas. Une carrure imposante se dessina au dessus d'elle.


    —     Akane.

    —     Endeavor. Désolé, je n'avais pas la force de retourner en cours.


Tranquille


    —     Je suis désolé.


    Clignement de yeux. Battements cardiaques effrénés. Boule à la gorge. Regard larmoyant.


    —     Ken Isayo se serait suicidé dans sa cellule hier soir. Akane, ton père est mort.


Il a deux trous rouges au côté droit.



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Voilà. Vous venez de lire le dernier chapitre de La Malédiction des Héritiers. 

Le dormeur du Val est un poème d'Arthur Rimbaud, pour ceux qui ne le sauraient pas. 

Vous inquiétez pas, il y aura un épilogue et des remerciements. 

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