CHAPITRE 77 : DÉNOUEMENT
CHAPITRE 77 : DÉNOUEMENT
Les pupilles d'Akane avaient du mal à se détacher du corps de Shoto qui était sujet à plusieurs manipulations médicales incompréhensibles. De loin, elle regardait les médecins s'affairer autour de lui. Chacun de leurs gestes étaient méthodiques, précis et rapides. Paires de ciseaux en main, ils se hâtèrent de lui déchirer complètement sa combinaison, laissant ainsi voir son torse dont la peau était blessée, parsemée d'ecchymoses violacées. Leurs mains gantées s'activaient autour de sa jambe gauche qui souffrait d'une hémorragie. Électrodes, appareil respiratoire... Après toutes ces manœuvres d'urgence, Shoto disparut dans un camion qui avait pour destination l'hôpital.
Akane sentit ses lèvres trembler, et elle se hâta de plaquer sa main contre ces dernières. Elle ferma fort les yeux, et tenta en vain de se focaliser uniquement sur les tâches blanches qui explosaient derrière ses paupières et détruisaient ainsi l'obscurité qui avait pour habitude de régner en tant que maîtresse.
Elle exhala plusieurs bols d'air frais, mais aucun ne fut en mesure d'atténuer l'avalanche d'émotions que la secouait. Lorsqu'elle ouvrit de nouveaux les yeux, elle crut pendant quelques instants être victime de cécité. Tout ce qu'elle distinguait étaient la lumière des gyrophares et les contours des silhouettes qui s'agitaient un peu de partout. Ce fut seulement après quelques secondes que sa vision redevint claire. Au loin, elle repéra Endeavor, également pris en charge par une équipe de médecins. Son état n'était pas aussi critique que celui de son fils. Puis, elle tomba enfin sur un individu qui devait sans aucun doute être Hawks.
Elle avança en sa direction, et attendit que l'on ait fini de lui déposer un pansement au niveau de la pommette avant de l'aborder.
— Tu t'es vraiment fait plumer, fit-elle remarquer en désignant d'un geste le dos du super-héros qui se retrouvait dépourvu de toutes ses magnifiques plumes écarlates.
— T'inquiètes pas ma grande, ça repousse. Mais je t'avoue que ça fait mal de se retrouver sans aucune plume derrière le dos.
Le visage du blond laissait voir plusieurs cicatrices en plus d'un œil au beurre noir. Sa lèvre inférieure était fendue, et ses lunettes d'aviateur étaient complètement explosées. Akane ne pouvait s'empêcher de le scruter, beaucoup trop choquée par l'état catastrophique dans lequel se retrouvait son faciès.
— Hé ne me regarde pas comme ça, d'ici quelques jours je serai redevenu beau-gosse hein.
L'adolescente ne put s'empêcher de pouffer, avant de secouer la tête. Un léger silence s'immisça entre le héros ailé et la jeune fille dont il devait assurer la surveillance.
— Alors c'est vrai ? Sirius Blackthorne et Zachariel ont réussi à s'enfuir ?
— La prochaine fois je les aurais, répondit aussitôt Hawks.
Akane baissa les yeux, envahie par la tristesse. Elle se mordit la lèvre inférieure, se forçant à ne pas dévoiler les pensées ancrées dans son esprit. Mais, comme elle s'y attendait ces dernières ne furent pas en mesure de rester sagement dans un coin de son cerveau.
— Mais bon, dès ce soir le monde se préoccupera peu de ça. Après avoir été blâmé, Endeavor sera acclamé. Il a arrêté l'Ombre Vengeresse, le justicier qui a fait trembler le Japon et favoriser l'essor d'une vague de criminels aux pensées révolutionnaires. Dès ce soir, répéta-t-elle en avalant ses larmes, aux yeux des autres je deviendrai la fille d'un criminel.
Une main froide se posa au dessus de son crâne, et elle plongea ses prunelles dans celles de Hawks qui la fixait avec un sourire triste imprimé sur ses lèvres.
— Alors ce sera le moment pour toi de prouver ta véritable valeur. Tu dois redorer le nom des Isayo. Tu sais, des criminels j'en ai déjà arrêté un bon paquet, mais j'en ai vu aucun posséder le regard de ton père. Je suis sûr qu'il compte sur toi pour que tu ne fasses pas les mêmes erreurs que lui. Akane, c'est à toi de déterminer si oui ou non tu acceptes d'être frappée par cette malédiction qui pèse au dessus de ton crâne, juste parce que tu es l'héritière d'un homme qui a fait des erreurs.
Elle ne l'avait jamais entendu prononcer de telles sagesses, alors elle décida de placer ces paroles dans un coin de son esprit, non sans se jurer qu'elle prendrait le temps d'y réfléchir.
— T'es ni plus ni moins que l'arme de ces ordures qui me servent de parents. Désolé mais je ne pourrai jamais te considérer comme ma sœur.
David Andropov avait raison.
La blonde dont les prunelles rappelaient la couleur de l'émeraude, sentit une douleur atroce se loger dans son cœur. Malheureusement, ce sentiment était devenu beaucoup trop familier. Pourquoi n'avait-elle pas droit au bonheur ? Les rares fois où elle sortait, elle aimait se perdre dans la contemplation des individus dont les visages rayonnants laissaient deviner qu'ils étaient heureux. En été, lorsque les rues de Tokyo étaient soumises à un soleil de plomb, elle fixait avec curiosité et envie les personnes qui savouraient ces crèmes glacées à l'odeur alléchante. Elle aurait aimé les goûter, mais tout ce dont elle avait droit était cette substance au goût de métal, qui lui brûlait la langue et la révulsait mais qui malheureusement avait le don de lui procurer une force exceptionnelle.
Pourquoi était-elle née ainsi ? Pourquoi ses canines étaient aussi aiguisées ? Pourquoi son teint était aussi pâle ?
...
Asta se réveilla en sursaut, le visage en sueur. Sa poitrine se soulevait au rythme rapide de sa respiration, les battements de son cœur avaient adopté une allure olympique et les membres de son corps tremblaient. Il inspira et expira à plusieurs reprises. Il plongea sa main dans sa chevelure de jais, se demandant si cette douleur atroce qui lui vrillait le crâne allait s'apaiser. Ses prunelles obscures passèrent sur les objets qui l'entouraient et qui faisaient partie de son quotidien.
Il ferma les yeux et soupira.
Il était en mesure d'entendre le souffle régulier de ses parents qui étaient plongés dans un sommeil profond, il pouvait même percevoir avec clarté le vrombissement des ondes qui émanaient de son cellulaire. Lorsqu'il ouvrit les paupières, il fronça les sourcils avant de se masser la mâchoire. Encore une fois il se retrouvait victime d'une rage de dents tellement intense que ses oreilles se mettaient à siffler.
Il se leva de son lit, mais sa vision devint aussitôt floue. Le sol se mit à tanguer sous ses pieds, et sentant qu'il était sur le point de perdre l'équilibre il s'empressa de reprendre place sur son lit douillet.
— Saperlipopette, saperlipopette..., murmura-t-il à voix basse. Qu'est-ce qui m'arrive, c'est de pire en pire chaque jour.
Très vite, ses pensées se mirent à naviguer sur les vagues étranges de son dernier rêve. Il aurait juré que cette petite enfant était Huri. Durant ces instants appartenant au monde onirique, il avait été en mesure de sentir toutes les émotions que cette fillette ressentait. Sa peine était devenue sienne, elle s'était ancrée dans sa peau, et l'avait dévoré jusqu'à la moelle. Il se mit à trembler. D'un geste il ramena ses genoux contre sa poitrine et des larmes se mirent à rouler le long de ses joues. Asta ne pleurait pas sa douleur. Non, il était attristé et traumatisé par le contact brûlant de ce manteau de souffrance qui l'avait enveloppé durant ce rêve. Il effaça ses larmes d'un geste, et grimaça en sentant cette douleur au niveau de ses canines et ses molaires.
Il laissa ses yeux rougis par les larmes se diriger vers son plafond.
Il renifla.
Asta avait peur de la misère et de la souffrance, telle était la raison pour laquelle il essayait tant bien que mal de relativiser lorsqu'il avait presque l'impression d'être frappé par un malheur. Le jeune homme ne fermait pas les yeux devant sa peine, il prenait toujours le temps de l'étudier comme si elle n'était ni plus ni moins qu'un problème de physique ou de maths. Une fois que son étude était achevée, il fouillait son cœur et son esprit pour trouver les bonnes solutions à son problème, puis surtout, il se répétait sans cesse la même litanie : il existe pire ailleurs.
Le pire de l'Autre, il venait d'en connaître un fragment et dès lors une seule pensée l'animait : faire en sorte qu'aucune personne de son entourage vienne à connaître cette souffrance. Il se battrait et ferait de son mieux pour chasser les douleurs d'autrui. Il avait appris à être un acteur, à se faufiler dans la peau d'une personne heureuse même quand la vie lui hurlait qu'il était temps pour lui de pleurer. Désormais, il espérait qu'un jour il serait en mesure d'apprendre les secrets de son art à quelqu'un d'autre.
— Faut que je la retrouve..., murmura-t-il pour lui-même.
Après cette réflexion nocturne, il se plongea de nouveau sous ses draps. Il attrapa son smartphone avant d'envoyer un message à Akio lui demandant s'il allait accompagner Takara à l'hôpital plus tard dans la journée.
Puis, il s'endormit non sans se demander comment allait Shoto et si Akane pouvait surmonter le coup. Au même moment, il se tapa le front en se souvenant de quelque chose.
— N'oublie pas Asta : dire la vérité à papa et maman... Et à Akane, Akio et compagnie aussi. Dire la vérité à papa et maman et à Akane, Akio et compagnie aussi..., répéta-t-il les yeux fermés tout en plongeant dans son sommeil.
Le lendemain, en se réveillant Akane comprit une chose : elle avait désormais peur du regard que les autres pouvaient poser sur elle. Non, elle n'était pas la fille d'un criminel mais aux yeux du monde, oui. Mettre le pied dehors était déjà devenue une phobie pour elle. L'adolescente aurait donné n'importe quoi pour avoir l'opportunité de rentrer chez ses grands-parents et dormir sur son lit et non pas au sein de cette jolie chambre que possédait la demeure des Todoroki. Elle aurait voulu rester cloîtrée entre quatre murs familiers qui auraient su la rassurer.
Quand bien même aucune télévision n'était dans son champ de vision, elle savait parfaitement ce que disaient les médias. Dans la rue, les gens félicitaient Endeavor, le nouveau numéro un. Ils étaient tantôt surpris ou tantôt admiratifs.
Puis, il y avait le visage de son père qui était affiché sur tous les écrans. Kenato Isayo, un homme riche d'une quarantaine d'années dont l'épouse était décédée. Il avait une fille. Endeavor avait demandé à ce que l'identité de cette dernière ne soit pas révélée, mais le monde n'était pas naïf, à peine aurait-il vu le visage d'Akane qu'il saurait qui elle était.
La jeune fille sentait déjà le dégoût qui allait l'étreindre lorsqu'elle aurait le malheur de tomber sur toutes ces vidéos idiotes qui essaieraient de reconstituer la vie de ce criminel, qui n'était autre que son père.
Elle soupira. Son visage était marqué par des cernes, et son teint était terne.
Adossée contre le mur, les yeux rivés sur sa fenêtre, Akane faisait tournoyer entre ses doigts cette clé USB que son père lui avait donné. La lettre que Shea avait écrite pour Dudu était fourrée dans la poche de son vieux jean noir.
— Akane.
Elle tourna la tête en entendant trois coups retentir contre la porte.
— Tu peux entrer mamie.
Iwa Isayo fit aussitôt son apparition. En voyant ses magnifiques yeux gris, caractérisés par cette lueur de sagesse, Akane se sentit mieux. La vieille femme approcha, avant de prendre sa petite-fille dans ses bras. L'adolescente huma l'odeur de celle qui avait pris soin d'elle une bonne partie de son enfance et avait fait de son mieux pour lui offrir tout le bonheur du monde.
— J'aimerais que les gens le voient avec nos yeux, souffla la jeune fille. Papa est quelqu'un de bien. Je le sais.
— Je ne suis pas celle qui va te contredire.
Elle se détacha d'elle avant de poser ses mains sur ses épaules, et d'esquisser un sourire.
— Kenato a tout fait pour te protéger. Je sais qu'il a rejoint la Guilde parce qu'il a sans aucun doute été victime de manipulation, mais ce qu'ignorent les gens c'est qu'il a très vite pris conscience du fait qu'être membre d'une organisation criminelle n'était pas la bonne solution. S'il est resté et qu'il a accompli ses missions avec autant de sang froid c'était pour s'assurer que la Guilde ne viendrait jamais vers toi.
— Je sais..., souffla-t-elle honteuse. Et moi... Moi je voulais les rejoindre pour le retrouver.
— Akane tu n'as que seize ans. Si tu veux continuer à avancer il faut que tu apprennes à pardonner tes erreurs, pour te convaincre que tu n'es pas une personne mauvaise, lui dit-elle. Si tu as conscience de cela, tu feras tout pour ne pas te décevoir et sans même t'en rendre compte tu seras une personne fidèle à tes propres valeurs.
— Merci grand-mère, lui dit-elle.
Elle esquissa un mince sourire et Iwa Isayo recula de quelques pas.
— Akane, je serai toujours avec toi ne l'oublie pas. Peu importe tes choix. Ta mère aurait été fière de toi.
Les prunelles de l'adolescente s'illuminèrent. À cet instant, pour une fois, elle crut enfin apercevoir cette lueur d'espoir que lui avait tant de fois évoqué Asta.
Elle respira profondément.
— J'y vais. Je dois aller voir Endeavor, Hawks et Shoto à l'hôpital.
— Akio, Mike et Takara ne devraient pas être très loin, dit Asta les yeux rivés sur son téléphone.
Akane inspecta les couloirs de l'hôpital, et son carré plongeant virevolta au gré de ses gestes de tête. Elle lança un regard à son meilleure ami et haussa les épaules.
Ce dernier lui sourit tout simplement. Elle profita de ce moment où elle était seule avec lui pour lui prononcer ce mot qu'il aurait dû entendre des milliers de fois.
— Merci Asta. Merci pour tout.
— De rien darling.
— Je vais m'éclipser pour aller voir Hawks et Endeavor. Tu me préviens dès qu'ils arrivent ? demanda-t-elle en brandissant son smartphone le laissant ainsi comprendre qu'il lui transmettra l'information par message.
Le grand brun hocha de la tête en guise de réponse, et elle se précipita aussitôt en direction de la chambre du héros ailé. Lorsqu'elle ouvrit la porte, la lumière qui émanait de la fenêtre laissée grande ouverte frappa aussitôt ses rétines. Elle plissa les yeux, et put enfin apercevoir une silhouette masculine dressée à quelques pas d'elle. Ses ailes écarlates étaient de nouveau présentes derrière son dos. Il était vêtu d'une chemise en jean, d'un pantalon noir et d'une simple paire de tennis, de la même couleur. En voyant l'adolescente le scruter avec des yeux écarquillés il passa sa main dans sa crinière blonde avant de la secouer, puis, un immense sourire se dessina aussitôt sur ses lèvres qui n'étaient pas encore remises de son combat de la veille.
— T'as vu un peu comme je suis requinqué ? Je peux déjà m'en aller !
À cet instant, Akane remarqua la chevalière que le jeune héros portait au niveau de l'annuaire ainsi que les bracelets de cuir noire qui encerclaient son poignet.
— T'es fringué comme un ado ! fit-elle remarquer.
— Mais ça ne change rien au fait que je suis ton aîné et que tu me dois respect et considération.
Akane soupira avant d'avancer et de lui tendre une assiette emballée dans du papier film. Les yeux du jeune homme s'illuminèrent de joie et de curiosité.
— C'est de la bouffe ? Oh t'as pas idée comme j'avais envie d'un truc bon !
— Ce sont des cookies faits par ma grand-mère. Elle a commencé à s'intéresser à ce genre de petits délices après avoir rencontré ma mère. Elle est une vraie pro ! Tu as raté ta vie si tu ne les as pas goûtés.
— Des cookies ! T'es sûre qu'ils ne sont pas empoisonnés ?
Au vu de l'expression exaspéré qui ornait les traits de l'adolescente, il s'empressa d'exploser de rire pour la détendre.
— Je te taquine !
Guidé par sa gourmandise il s'empressa d'arracher le papier film, avant de fourrer un biscuit dans sa bouche. Il mâcha, une expression curieuse visible sur son visage. Ce ne fut que lorsqu'il avala qu'il prit enfin la parole :
— Bordel c'est une tuerie ça. La prochaine fois qu'on mate un film tu sais ce que tu dois amener.
Elle roula des yeux, avant de faire volte-face. Akane avait pu constater que Hawks était désormais au sommet de sa forme, en dépit de l'état de son œil et des pansements sur son visage.
— Je suis heureuse que tu ailles bien, avoua-t-elle.
— Ce n'est surtout pas le moment de se retrouver avec un pied en moins. Les choses sérieuses sont sur le point de commencer Akane. La prochaine fois j'attraperai le blond et le brun. Et si ce n'est pas moi qui le fait... Ce sera quelqu'un d'autre, termina-t-il en un sourire.
— Les choses ne font que commencer tu dis. Alors, allons voir comment se porte notre numéro un.
Akane sourit. Ce fut que lorsqu'elle croisa de nouveau les prunelles azurées de son mentor qu'elle fut convaincue d'une chose : ce n'était pas à lui qu'elle en voulait. Il était et resterait le héros de son enfance.
Hawks avait décrété qu'il était préférable que la jeune brune se retrouve seule avec son mentor. De ce fait, après s'être enquis de l'état du nouveau numéro un, il s'était dépêché de déserter les lieux avec son assiette de cookies en main. Lorsque la porte s'était refermée derrière lui, Akane ne sut pas quoi dire. Du coin de l'oeil elle observa le profil du père de Shoto. Sa mâchoire carrée était recouverte de barbe, sa chevelure écarlate n'avait aucune structure mais elle avait cependant le mérite de créer un joli contraste avec le disque bleu qui encerclait ses pupilles sombres.
— Tu ne veux plus devenir une héroïne Akane, commença-t-il. Pourtant hier soir, tu as agit comme telle.
— Je ne serai jamais une héroïne, avoua-t-elle. Hier soir lorsque je partais avec Shoto je suis tombée sur Mitsune Watanabe et je l'ai transpercée avec mon épée, pour la tuer. Mais ça n'a pas marché. Et là, j'ai bien envie de coller mon poing dans votre face. Pourtant vous savez autant que moi qu'hier soir vous vous êtes juste contentés de faire votre job. Par conséquent vous pouvez vous-même voir qu'il m'arrive parfois d'avoir des envies de violence, poursuivit-elle. Ne faites pas cette tête je plaisante. Sauf pour l'histoire avec Mimi.
Un doux silence s'immisça entre les deux personnes présentes. L'adolescente s'installa enfin sur cette chaise située à quelques centimètres du lit où était assis le super-héros.
— J'ai du mal avec les héros, finit-elle par dire en un soupir.
— C'est parce que j'ai arrêté ton père que tu dis ça ?
— Vous n'avez fait qu'accomplir son devoir et sa volonté, je le sais. Il s'est rendu, ce n'est pas la peine de me le confirmer. En réalité, je me suis peut-être mal exprimée...
Elle réfléchit pendant deux secondes, puis, elle se décida enfin à prononcer toutes ces phrases modulées dans ses pensées.
— Selon moi, cette société ne connait pas la véritable définition de héros. Reconnaissance, gloire, fortune, beauté... C'est tout ce que l'on vous donne. Mais dans l'ombre, il y a des gens qui commettent des sacrifices pour en sauver d'autres, et parce qu'ils ne sont pas conformes à ce que notre société appelle "héros" ils sont vus comme des criminels et n'auront jamais ne serait-ce qu'une seule once de reconnaissance. Je n'essaie pas de dire que mon père était un ange, loin de là... Mais il a sacrifié une partie de son existence pour rattraper ses erreurs, pour me sauver. Et ça, personne ne le saura. Pourtant à mes yeux, il est un héros. Certaines personnes font des actions héroïques mais parce qu'elles ne sont pas diplômées de Yuei ou je ne sais quelle école, les gens fermeront les yeux, allant même jusqu'à les traiter de criminels parfois.
Dites-moi, depuis quand est-ce qu'il faut avoir un diplôme pour sauver un individu ?
— Je comprends ce que tu veux dire.
Surprise, la jeune fille fronça les sourcils. Son mentor ancra ses prunelles azurées dans les siennes, et elle étaient dépourvues de sévérité, tout ce qu'elle y lisait c'était de la compassion et de la compréhension. Son visage s'était transformé, et n'était plus le même qu'hier.
— De nos jours la frontière entre un acteur et un super-héros est de plus en plus floue. Pas tout le monde n'a le droit de sauver. C'est comme ça Akane, notre monde d'alters fonctionne ainsi. Les héros seront toujours en première ligne et les justiciers seront des parias, expliqua-t-il. On m'a menti lorsque j'étais jeune. On nous a tous menti. Dans le monde il y a des super-héros, des vilains et des justiciers. Fais ton choix Akane. J'ai fait le mien et Shoto a fait le sien.
Elle avait décelé une touche de tristesse dans sa voix lorsqu'il avait prononcé le nom de son fils. Akane soupira. Elle peinait à reconnaître l'homme qui lui faisait face.
— Peu importe mon choix, je vous dis merci. Merci de m'avoir acceptée.
Contre toutes attentes, la main d'Endeavor se posa affectueusement sur son crâne. Il ébouriffa sa chevelure brune aux reflets argentés avant d'esquisser l'ombre d'un sourire.
— De rien petite. J'ai un service à te demander.
— Oui ?
Son regard se tourna vers la fenêtre qui laissait voir un joli ciel bleuté au sein duquel siégeaient une multitude de nuées.
— Shoto. Est-ce que tu pourras lui parler s'il te plaît ?
— Bien-sûr. J'y vais tout de suite d'ailleurs. En fait, il y a une chose que j'ai envie de savoir : je suis toujours sous votre surveillance ?
— Toujours. Tu le seras toujours Akane Isayo, avoua-t-il.
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