CHAPITRE 76 : ACTE III
CHAPITRE 76 : ACTE III
La voiture s'arrêta non sans avoir crissé des pneus au préalable. À l'instar du conducteur, Akane tourna la tête en direction de la ferme qui se dressait en face d'eux. L'obscurité de la nuit l'empêchait de distinguer avec clarté les détails de cette dernière, elle se contentait donc d'observer uniquement la silhouette de cette structure.
L'adolescente avait conscience que le moment fatidique était enfin arrivé, de ce fait elle ne put pas prêter une oreille très attentive aux propos de Zachariel. Cependant, elle retint que cette ferme avait appartenu à une famille décédée depuis trois ans. Ils étaient partis, laissant derrière eux un ancien lieu de vie bon pour la destruction. Des hectares de terres en friches encerclaient désormais ce vieux poulailler, cette grange et cette ferme abandonnée. Un hangar solitaire se dressait au milieu des restes d'un champ de blé. Tout était bon pour rester éloigné de cet endroit, mais Henael avait jugé bon de le recueillir.
Ce que retenait Akane dans le flot de paroles qu'avait débité Zachariel - au grand désarroi de Sirius - c'était que Shoto était retenu prisonnier ici.
En sortant de la voiture, elle exhala un grand bol d'air frais nocturne en espérant apaiser les battements effrénés de son cœur.
— Suis-moi, lança le grand blond au masque de loup.
L'adolescente obéit et se mit à marcher aux côtés de Zachariel, non sans compter chaque pas qui la séparait de Shoto, mais surtout, chaque pas qui la séparait peut-être de son père.
Elle serra ses mains gantées, et déglutit en sentant peser sur elle le regard suspicieux de Sirius, quand bien même elle n'était pas en mesure de voir ses prunelles en raison du masque de renard qu'il portait.
Elle se pétrifia sur place en sentant que Zachariel venait de s'immobiliser au seuil de la porte.
Une plume écarlate venait de tomber devant eux.
— Une ferme abandonnée ? Plutôt cliché comme endroit de séquestration vous ne trouvez pas ?
Hawks.
Le visage de l'adolescente s'illumina.
— Je vais être honnête avec vous : vous commencez sérieusement à me faire chier.
Elle écarquilla les yeux lorsqu'elle vit des flammes bleues déchirer avec brutalité la douceur de l'obscurité. En quelques micro secondes, une main gantée venait de se resserrer autour de la gorge de Zachariel.
Son cœur explosa de soulagement.
Endeavor.
Tout pouvait commencer.
« — Asta, qu'est-ce qu'on fera si jamais on est au sein même du lieu où est retenu Shoto ?
Pour elle, la réponse était claire, elle voulait juste s'assurer que son ami avait la même.
Un sourire empli de détermination se dessina sur les lèvres de l'adolescent. La jeune fille sentit un frisson lui parcourir l'échine, tant la hargne et l'espoir qui brillaient en lui étaient contagieux.
— On attaque.
Bonne réponse. »
Akane ne resta pas les bras croisés, et profita de l'effet de surprise pour asséner un coup de pied à Sirius qui était derrière lui. Ce dernier s'écroula, et la jeune fille en profita pour dégainer non pas ses poignards, mais son épée.
— Il est vraiment à l'intérieur !? hurla-t-elle en enfonçant sa botte sur sa poitrine tout en rivant entre ses deux yeux la pointe de son épée.
Voyant qu'il conservait le silence tout en se contentant de la fixer derrière son masque, elle perdit patience.
— Ne m'oblige pas à répéter !
D'un geste violent elle enfonça la pointe de sa lame sur ce maudit masque qui ne tarda pas à céder. En quelques secondes, l'extrémité pointue de son arme se retrouva sur l'arête nasale de son ennemi.
— Il est à l'intérieur, souffla Zachariel d'une voix faible.
Endeavor resserra l'emprise qu'il exerçait sur lui, les dents serrées. Au bout de quelques secondes il envoya valser le corps du grand blond qui s'écrasa au sol. Akane fronça les sourcils. Quelque chose d'étrange était en train de se tramer. Ces deux membres de la Némésis s'étaient laissés faire sans broncher.
— C'est trop tard ! lança Zachariel en un rire hystérique comme pour répondre à toutes les questions qui hantaient l'esprit de la brune. Henael a terminé ! Il a réussi ! Je le sais !
— Ta gueule ! s'exclama Akane. Toi, suis-moi !
Shea retira son masque et la fixa avec amertume.
— Shea restera avec moi pour toujours, murmura Sirius à l'intention d'Akane. C'est le sang des Blackthorne qui établit ce lien.
— Tu peux toujours crever..., grogna cette dernière. Dudu est prêt à tout pour te sauver ! Suis-moi, fais-le pour lui !
— Je ne peux pas !
Elle avait hurlé.
— Tu lui donneras ça, ajouta-t-elle en fourrant un papier dans sa poche. Ma place est auprès de Sirius, je n'y peux rien !
Décontenancée, Akane regarda à droite puis à gauche.
— Va chercher Shoto, nous on s'occupe de faire notre travail de super-héros, lui ordonna Endeavor avant de saisir Zachariel par le col.
— Shoto t'attend, murmura Shea.
Sans un mot, l'adolescente hocha de la tête non sans espérer du fond du cœur que les deux membres de la Némésis n'échapperaient pas à Hawks et Endeavor, accordant ainsi à Shea la liberté qu'elle méritait. Elle s'engouffra dans la ferme avant de retirer avec rage la larme qui avait roulé sur sa joue. La Némésis n'allait pas tuer Shea. Ils allaient la garder avec eux, ou du moins, Sirius comptait la retenir auprès de lui. Éternellement. Elle était désolée, sincèrement désolée. Elle déglutit, tentant avec peine de ravaler cette première défaite amère. Tout n'était peut-être pas fichu.
Si les deux super-héros sortaient vainqueurs de leur combat, l'adolescente serait sauvée.
Akane avait conscience qu'elle n'avait pas le temps de se noyer dans des pensées négatives et se laisser envahir par la culpabilité. Ce fut donc avec force et brutalité qu'elle se mit à ouvrir chaque porte qui avait le malheur de croiser son regard. Sa panique et sa déception se voyaient grandir à chaque fois qu'elle réalisait que Shoto n'était pas derrière les obstacles qu'elle bravait.
Elle descendit des escaliers, traversa un couloir noyé dans l'obscurité, et son cœur loupa un battement. Pour une raison qu'elle n'aurait su dire, la jeune fille avait la certitude que celui qu'elle cherchait n'était pas très loin. Elle inspira avant de resserrer l'emprise qu'elle effectuait sur le manche de son épée. Cette dernière semblait être ni plus ni moins qu'une extension de sa main, et avait le don de la rassurer par son contact froid.
— Shoto..., murmura-t-elle avant de pousser la porte à l'aide de son pied.
Ses prunelles hétérochromes s'écarquillèrent lorsqu'elle distingua deux silhouettes dans cette pièce que la lumière semblait avoir déserté pour l'éternité.
Lorsqu'elle osa entrer dans la pièce, ses narines furent assaillies par des relents de sueur et d'hémoglobine. Elle fronça les sourcils avant de plisser les yeux, car elle peinait à croire que ce qu'elle voyait était bel et bien réel. Pourtant, ses pupilles ne la trompaient pas.
Il était assis à quelques centimètres de Shoto, une main gantée posée sur son front. Un masque de loup, similaire à celui que portait Zachariel, gisait sous ses pieds. Le manche d'une épée dépassait de son dos, et son corps était vêtu de la combinaison obscure de la Némésis.
— Il est encore réveillé mais j'ignore pour combien de temps. Je ne m'attendais pas à te revoir ici Akane. Ça tombe bien, j'ai quelque chose de très important à te donner.
L'adolescente sentit un nœud solide se former au niveau de sa gorge. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son ne fut en mesure de traverser la barrière de ses lèvres. Alors, elle se contenta d'observer la scène, encaissant en silence le torrent d'émotions qui la submergeait.
Shoto était à quelques pas d'elle, mais son état était déplorable. Sa combinaison de super-héros était abîmée sur plusieurs endroits, et laissait à découvert sa peau blessée. Elle ne put pas réprimer son haut le cœur lorsqu'elle remarqua le vulgaire morceau de tissu, imbibé de sang, qui encerclait la jambe gauche souffrante du garçon.
— Papa ?
— Qu'est-ce que tu fais là Akane ?
Elle déglutit, et se mordit la lèvre inférieure pour ne pas laisser ses larmes glisser les long de ses joues. Ses pieds semblaient fixés au sol, incapables d'avancer ou de reculer. Ses mains étaient serrées autour du manche de son épée. Elle l'observa avec intensité. Ses joues étaient devenues creuses, mais son corps respirait encore force, harmonie et vivacité. Les cicatrices qui s'étendaient sur ses joues n'étaient qu'un mince aperçu de la souffrance qu'il avait vécu depuis la mort de son épouse. Ses iris argentées étaient brillantes, même dans l'obscurité.
— Je suis venue chercher Shoto.
Elle fit un pas. Un autre. Avant de courir pour réduire à néant la distance qui la séparait de ce dernier. Elle s'abaissa, et se retrouva en face de son géniteur et au dessus de celui qui avait su sonder son cœur.
— Moi contre lui, c'est ça le marché que nous avons fait avec Zachariel, prononça-t-elle en craignant d'ores et déjà la réaction de son père. Mais c'était juste une mascarade pour que Hawks puisse nous suivre avant de donner notre emplacement exact à la police et Endeavor. Le but de cette opération était que je vienne libérer Shoto, pendant que les super-héros se chargeaient d'arrêter les membres de la Némésis.
La mâchoire de son père se contracta. L'adolescente prit conscience du fait qu'elle ne pouvait pas se permettre de s'attarder sur l'observation du faciès de son paternel. Elle baissa les yeux en direction de Shoto avant de poser une main affectueuse sur son front. Elle tâta méthodiquement son crâne, se préoccupant peu du fait que sa chevelure était poisseuse et encrassée par du sang séché.
— Maudit soit-il, chuchota Ken à voix basse.
— De qui tu parles ? s'étonna Akane. D'Henael ? Je suis d'accord avec toi. La Némésis savait qu'en s'en prenant à Shoto il prenait le risque d'affronter Endeavor. Ils ont tous déserté les lieux à ce que je vois. Ça veut dire qu'il n'y a que...
— Je parle de Zachariel. Henael ne voulait pas tuer Shoto, mais juste lui prendre son alter. S'il survit à cette opération, tant mieux. S'il meurt, tant pis. Henael ne contrôle pas encore ça. Puis, aussi fou cela soit-il, il ne veut tuer personne pour l'instant.
— Ça veut dire qu'il m'a affirmée que notre marché serait tenu, alors que tout le monde ignorait si Shoto allait survivre ou pas ? Papa... Je veux le tuer de mes propres mains.
— Calme-toi Akane.
Il se leva et posa une main rassurante sur l'épaule de son enfant.
— Va. Pars avec Shoto, fais attention à toi. Ne perds pas plus de temps, son état est très critique, je ne sais pas...
— Shoto va survivre, affirma-t-elle avant de serrer la main du garçon et tenter de le relever. Je le sais. Il ne va pas mourir à cause de ce sale type quand même !
Un voile de tristesse recouvra les prunelles de Ken. La fille de ce dernier n'eut pas le temps de s'attarder sur le pincement qui venait de serrer son cœur, bien trop occupée à essayer de supporter tant bien que mal le poids de Shoto. Elle passa le bras de ce dernier derrière son cou, avant de le retenir en posant sa main contre sa hanche. Elle déglutit, ses jambes tremblaient mais elle se sentait apte à avancer. À cet instant, elle remercia intérieurement les dures séances d'entraînement qu'elle avait passé avec Endeavor. Sans ces dernières, elle se serait déjà écroulée au sol.
— Ce garçon est prêt à tout pour toi, avoua enfin l'Ombre Vengeresse. Tu l'a touché en plein cœur. S'il survit, je sais que je n'aurais pas à m'inquiéter de ton avenir. Je lui ai accordé toute ma confiance.
— Tu l'a parlé ? murmura-t-elle avec une voix qui était sur le point de craquer.
— Bien-sûr. C'était la moindre des choses, je ne suis pas un si mauvais père Akane tu sais ?
Les commissures des lèvres de l'adolescente se relevèrent en un sourire triste. Elle hocha de la tête.
— Bien-sûr. Sinon... Je dois te dire au revoir ? Encore une fois ?
— J'en ai bien peur.
Il s'approcha de sa fille et lui offrit un baiser sur le crâne, avant de poser une main affectueuse sur son épaule. Celle-ci se mordit la lèvre inférieure avec force pour s'empêcher d'hurler avant de pleurer de tristesse. Un noeud terrible lui nouait l'estomac et bientôt elle ne fut plus en mesure de distinguer quoi que ce soit, sa vision étant trop obstruée par ses larmes.
— Papa ! Tu n'es pas un criminel ! Je sais ce que tu veux faire... Ne pars pas, je t'en supplie ! Fuis, fuis par tous les moyens s'il te plait... On pourra être heureux plus tard, avec toi et grand-mère. Ne te livre pas. Ne pars pas en prison, s'il te plaît.
— Tout ça doit être fini Akane. J'ai accompli ma mission, à toi de la terminer. Je t'offre toute ma confiance.
— Mais la Guilde n'est pas détruite, sanglota-t-elle. Il faut qu'on les élimine, il faut...
— Tiens.
Il glissa une clé USB dans sa poche, celle qui contenait également la lettre de Shea.
— Dans cette clé USB il y a tous les éléments pour venir à bout de la Némésis. Les choses sont beaucoup plus complexes que tu ne le crois.
Il soupira profondément, et détourna la tête.
— Je voulais donner cette clé à Endeavor, et lui laisser le choix de t'en montrer le contenu. Mais, lorsque c'est toi qui est entrée dans la pièce... J'ai compris. J'ai compris que je ne devais pas te mentir. Tu dois connaître la vérité Akane, et je compte sur toi ! Je te fais confiance ! déclara-t-il avec force et détermination. Je sais que tu sauras comment venir à bout de la catastrophe qui est sur le point de se produire. Tu es bien entourée.
Elle secoua la tête, avec un goût amer dans la bouche.
— Ils vont t'arrêter... Endeavor va t'arrêter, comment veux-tu que je le regarde dans les yeux après ça ? Je me vengerai toute seule, tu le sais !
— Arrête tes bêtises, dit-il en un rire. Tu as grandi je trouve, tu es un peu plus mature. Moi qui m'attendait à une réaction hystérique de ta part en voyant l'état de Shoto. Allé, file.
— Papa ! S'il te plaît !
Ce dernier recula, les sourcils plissés par la tristesse.
— Il y a une porte dérobée derrière toi. Tu pourras rejoindre les voitures de police qui ont sûrement dû se poser pas très loin. J'espère que vous avez des médecins avec vous. Shoto doit être pris en urgence, il...
— Arrête de conserver ce calme ! Arrête ! Papa ! Qu'est-ce que je vais dire à grand-mère ? T'as pense à maman ? Tu penses qu'elle t'aurais laissé faire ?
Elle entendit enfin un souffle de tristesse s'échapper des lèvres de son géniteur. Ce dernier plaqua ses doigts contre ses yeux, et lorsqu'il les retira, Akane constata que ses larmes étaient déjà parties. Effacées. Elles n'avaient peut-être jamais existé.
— Wendy... Si ta mère était là, rien de tout ça ne serait arrivé. Elle me fait penser à lui. Ce garçon : Shoto. Il est déterminé à être présent pour celle qu'il aime, et c'est toi Akane ! Alors je t'en supplie, vis une vie paisible, convenable. C'est ce que ta mère voudrait.
Elle fut sur le point de répliquer, bien déterminée à ne pas abandonner. Mais, une quinte de toux la stoppa sur sa lancée. Ce fut lorsqu'elle vit le sang qui s'était échappé des lèvres de Shoto, qu'elle comprit qu'elle devait s'en aller.
— Akane..., balbutia le jeune homme avant de fermer les yeux.
— Vite Akane ! s'impatienta son père.
Elle hocha la tête avec tristesse, ravalant avec peine ses dernières larmes et se décida enfin à reculer.
— Je vous aime Akane. Toi, ta mère, et grand-mère aussi. Je vous aime très fort. Tu es mon enfant ne l'oublie jamais. Alors, peu importe tes choix, je t'aimerai toujours.
Et à cet instant, elle était sûre de ne pas avoir rêvé. Sa voix s'était brisée. Comme tous ses rêves. Comme sa famille. Elle aurait aimé lui dire de ne pas partir. Il y avait encore tellement de détails qu'elle ignorait de lui. Mais c'était trop tard... Le temps n'allait jamais suspendre son vol, alors elle n'avait pas d'autres choix : il fallait avancer vers le futur en espérant un jour enterrer les douleurs du passé.
Ses mains tâtaient avec hâte les planches de bois qui l'encerclaient. Ses pupilles fouillaient chaque recoin, à la recherche de cette fameuse porte dérobée. Son souffle était saccadé, de la sueur couvrait déjà ses bras, coulait le long de sa nuque après avoir inondé son cuir chevelu. Au bout de quelques recherches, elle entendit enfin un léger bruit qui lui signala la présence d'une issue. Elle inspira un bon coup, lança un coup d'oeil à Shoto qu'elle avait allongé au sol le temps de quelques instants. Elle vérifia si sa poitrine se soulevait régulièrement, et elle s'autorisa à laisser échapper un léger soupir de soulagement en constatant qu'il respirait toujours.
— Ça va un peu secouer, désolé Todoroki.
Elle fronça les sourcils, recula de quelques pas avant d'asséner un violent coup de pied à la porte qui se dressait en face d'elle. Cette dernière céda aussitôt. Son coup fut tellement brutal et ravageur qu'elle sentit une vibration secouer sa jambe droite. Non sans avoir grimacé de douleur, elle serra les dents avant de soulever Shoto.
— Tiens le coup je t'en supplie, souffla-t-elle.
Elle avançait à petits pas rapides, chacun de ses muscles tendus à l'extrême. Sa tête effectuait des rotations vers chaque direction et ses yeux cherchaient en vain des sources de lumières qui pourraient lui faire comprendre que des gyrophares n'étaient pas très loin.
En raison de la mer d'obscurité dans laquelle elle se retrouvait noyée, ses pupilles se dilatèrent.
Les lieux n'étaient pas en manque de brises rafraîchissantes, pourtant elle avait chaud. En se déplaçant, elle était persuadée qu'à la fin de son périple sa côte droite serait déplacée. Elle laissait échapper de légers petits souffles, et elle n'avait qu'à lancer des vifs coups d'oeil au visage du blessé qu'elle portait pour se rappeler qu'elle n'avait pas le droit d'abandonner.
— Je reviendrai le chercher.
La jeune fille se pétrifia en entendant cette voix glaciale retentir à quelques mètres de ses oreilles. Akane tourna la tête, et se retrouva confrontée à un masque de tigre. Elle plissa les yeux avant de reculer de quelques pas.
— Je suis celle qui mérite vraiment Shoto.
Une silhouette féminine et élancée se positionna juste en face d'elle.
— Qu'est-ce que tu viens me raconter toi ?
Sur ces mots, elle posa avec tendresse le corps du jeune Todoroki, lui demandant pardon d'être forcée de l'abandonner quelques instants au beau milieu de ces terres en friches.
— Mitsune Watanabe, murmura-t-elle. Tu fais partie des trois personnes qui lui ont fait ça.
Elle sortit son épée de son fourreau.
— Que comptes-tu faire Akane ? Me tuer ? Viens donc essayer.
Cette dernière fronça les sourcils, et noya derrière un voile de haine toutes les émotions qu'elle avait pu ressentir jusqu'à maintenant.
— Dégage de mon chemin.
L'adolescente ne bougea pas d'un poil, ou du moins, ce fut ce dont Akane était persuadée. Elle cligna des yeux. Ce fut assez pour laisser le temps à Mimi de faire émerger des ailes d'un bleu aveuglant, dont la physionomie était semblable à celles d'un papillon. Un vent terrible souleva la chevelure d'Akane, et en quelques secondes elle remarqua que Mimi était penchée au dessus du corps de Shoto.
— Je me demande jusqu'où tu serais prête à aller pour lui. Tu crois vraiment que tu vas réussir à le sauver ? Qu'il s'en sortira indemne ?
Akane grinça les dents, avant de réagir au quart de tour. Sa promesse hurla dans son esprit : elle devait ramener Shoto.
Ce fut grâce à l'alter qu'elle avait hérité de son père, qu'elle put se positionner près de Mimi. Elle lui asséna un violent coup de coude au visage avant de laisser sa main se resserrer autour de son cou. D'un geste rageur, elle lui retira son masque, puis l'envoya valser au sol.
— Tu vas payer pour lui avoir fait ça.
En quelques secondes, la lame de son épée se retrouva près du cœur de son ennemie, qui était à terre. Un sourire releva les lèvres ensanglantées de Mimi.
— Vas-y.
Elle ne bougea pas, et accorda du temps à son esprit pour qu'il puisse faire émerger en surface les moments de détresse, de solitude et de haine qu'elle avait ressenti en apprenant que Shoto avait été enlevé par la Guilde. Le regard de Mitsune était empli de malice, et animé par une lueur de défi qui suffit à la mettre en colère.
La lame de son épée s'enfonça dans sa chair. Les yeux d'Akane s'écarquillèrent. Ses lèvres se mirent à trembler lorsqu'elle retira son arme. Pétrifiée. Elle déglutit. L'adrénaline coulait dans chaque cellule de son corps.
Fuir. Partir.
Elle détourna les yeux du corps de Mimi, et s'empressa de soulever Shoto avant de s'en aller. Elle se força à ne lancer aucun regard derrière elle, et à se concentrer uniquement sur les battements cardiaques du garçon qu'elle voulait sauver.
Ses jambes étaient tremblantes et son cœur battait la chamade. Elle peinait encore à comprendre ce qui était en train de se passer. Néanmoins, elle avait beau être sonnée, écœurée d'avoir dû tuer, elle fut tout de même en mesure d'entendre le dialogue qui se déroulait plus loin derrière elle.
— Mimi !
Voix masculine. Grave. Paniquée.
— Ne t'inquiètes pas Seito. Le noyau n'a pas été touché. Le petit papillon que je suis est encore vivant, et je retrouverai celui qui m'est destiné.
— Fais attention. Elle aurait pu viser juste. Lève-toi, on doit rejoindre l'Institut.
Son cœur loupa un battement avant de s'enfoncer encore plus dans les vagues sinueuses de la peur. Les paroles de son père hurlèrent dans son esprit. Chaque membre de cette Guilde savait être effrayant à sa manière.
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