CHAPITRE 67 : BIENVENUE À MANAUS
CHAPITRE 67 : BIENVENUE À MANAUS
https://youtu.be/4il5B1tP_KA
Akane Isayo avait désormais la certitude que les miracles pouvaient exister. Parce que oui, aussi fou que cela puisse paraître, elle avait fini par s'habituer à la présence de Hawks au sein de la demeure des Todoroki. En dépit de son attitude nonchalante, de sa manie à balancer des blagues quand bon lui semblait - en l'occurrence tous le temps - et à dévorer tout ce qui lui paraissait appétissant, le jeune super-héros prenait son rôle de protecteur très à cœur. Un peu trop au goût de la jeune fille. Et c'était sans aucun doute ce petit détail qui empêchait l'adolescente de le trouver complètement sympa. En effet, en plus d'être forcée de le supporter au quotidien elle ne devait pas grincher lorsqu'elle s'apercevait qu'il l'avait suivie à son insu, ou qu'il avait encore une fois dépassé une certaine limite, s'introduisant ainsi sans aucun scrupule au beau milieu de sa bulle intime de solitude.
— Ah la la, ce type n'a vraiment pas froid aux yeux..., souffla Hawks qui avait les yeux rivés sur son smartphone.
À le voir, tout laissait à penser que le jeune homme était en période de vacances, et qu'il ne faisait autre que profiter d'une immense villa qu'il posséderait dans une paisible petite ville touristique.
En effet, il était confortablement installé sur le fauteuil de la salle de séjour, un bras plié derrière la tête, les pieds croisés et posés sur la table basse. Akane le fixait en tentant tant bien que mal de faire abstraction de cette position qui était bien plus que nonchalante.
— Encore en train de lire l'actualité people j'imagine..., souffla-t-elle avant de river de nouveau ses yeux sur les lignes de son bouquin. Je pensais que tu détestais ça.
— Et toi, encore en train de lire un des bouquins de Todoroki ? lâcha-t-il d'un ton désinvolte. Je pensais que tu le détestais ? Dis-moi, est-ce qu'il sait que tu fouilles dans ses affaires pendant son absence ?
L'adolescente écarquilla les yeux, et elle dut se faire violence pour ne pas se redresser d'un bond et lui faire avaler quelques-unes de ses plumes pourpres. Elle avait beau s'être habituée à sa présence, il n'en restait pas moins agaçant.
— Je ne fouille pas dans ses affaires ! s'offusqua-t-elle. Je lis juste les bouquins qu'il a laissé dans sa chambre..., termina-t-elle en un murmure. Puis non je ne le déteste pas, je suis juste en froid avec lui.
— Ah la la, souffla le héros ailé non sans lever les yeux au ciel. Tu devrais l'appeler. Il passe ses examens pratiques aujourd'hui. Ou demain ? Ah je sais plus...
Bon ok, sur ce coup la volaille avait raison et ce fut lorsqu'elle prit conscience de cela qu'Akane se mit à soupirer. Elle devait en effet l'appeler, mais non pas pour lui avouer que son absence avait donné naissance à un trou béant au sein de son quotidien, mais juste pour lui rappeler de faire attention et de rester vigilant. En proie à la confusion et la peur elle se mit inconsciemment à triturer le coin de la page qu'elle lisait. Elle essayait tant bien que mal de se rassurer en se disant qu'Endeavor était à ses côtés, et qu'il avait intérêt à assurer comme il se devait la protection de son propre fils. Non vraiment, il avait intérêt à au moins réussir ça. Au Japon, tous évoquaient "le nouveau numéro un absent." Les petits crimes s'enchaînaient, mais Akane sentait bien que dans l'ombre, des organisations criminelles à l'instar de La Némésis attendaient uniquement le bon moment pour frapper. Pour elle, il semblait évident que lorsqu'un tigre et une panthère se disputaient un territoire, celui qui avait raison n'était autre que le renard qui les observait. Henael était un homme vicieux et perspicace. À ce jour, son discours n'était pas susceptible de convaincre uniquement l'adolescente perturbée et perdue qu'elle était, mais une bonne partie de la population qui se sentait en danger ou qui pour une raison ou une autre, avait acquis une vision complexe de la paix et la justice. Le départ d'All Might avait provoqué des dégâts psychologiques, la société baignait en pleine crise identitaire.
— Vivement qu'il revienne..., conclut-elle à voix haute en pensant à Endeavor.
— Hmm ?
— Non rien de spécial, soupira la jeune fille. Dis, tu ne penses pas que tu devrais enlever tes pieds de la table ?
— Écoute Akane, je t'aime bien mais tu vois en ce moment mes instants de pause se font aussi rares que des éclipses totales, alors laisse-moi profiter un peu s'il te plaît.
Voyant que la jeune fille n'avait rien répondu et se contentait de le fixer avec neutralité, il lui adressa un clin d'œil avant de fourrer une chips dans sa bouche.
— Merci t'es mignonne.
Elle secoua la tête, et fut sur le point de soupirer encore une fois, lorsqu'un bruit de clé se fit entendre depuis la salle de séjour. Les deux personnes présentes haussèrent les sourcils en se regardant, et Akane devina sans la moindre peine que les prunelles noisettes de son interlocuteur avaient su lire toutes les pensées qui hurlaient dans son esprit.
« Fuyumi !» mima-t-elle avec ses lèvres. Hawks hocha de la tête avec vigueur, provoquant ainsi la chute de quelques-unes de ses mèches blondes cendrées qui ne tardèrent pas à venir se placer devant ses yeux.
— C'est moi !
Ni une, ni deux, le héros se leva d'un bond. Il attrapa son paquet de chips, et déserta aussitôt les lieux.
— Bon moi je file j'ai du boulot ! Akane pas de bêtises ! hurla-t-il.
Cette dernière secoua la tête avant d'éclater de rire. Il était plaisant de voir à quel point Hawks voulait faire bonne image devant la fille de son super-héros préféré. Loin de lui semblait l'envie d'offusquer d'une quelconque façon la jeune Fuyumi. Telle était la raison pour laquelle il prenait soin de l'éviter, s'assurant ainsi que jamais elle ne le surprendrait en train de l'observer par le biais d'un regard rêveur.
— Salut Akane ! Tiens... Hawks s'est volatilisé à la vitesse de l'éclair.
— Tu sais comment il est quand il a du boulot.
La jeune femme aux yeux gris haussa les sourcils, avant de laisser échapper un petit rire. Elle posa son sac avant de l'ouvrir et d'y dégager un crayon à papier. Elle attrapa sa chevelure blanche aux quelques mèches écarlates et donna naissance à un petit chignon qu'elle fit tenir grâce à son fameux crayon.
— Ce soir c'est soba ! s'exclama-t-elle. Sinon, t'as passé une bonne journée de cours aujourd'hui ? Toujours des difficultés en maths ?
Akane se retint de lui faire remarquer que depuis deux jours elle ne cessait de cuisiner le même plat pour le dîner. Ceci partait d'une bonne intention, Fuyumi désirait maîtriser à la perfection toutes les dérives de la recette du plat préféré de son petit-frère, afin que ce dernier puisse goûter à un repas succulent dès son retour. La grande sœur de Shoto n'avait pas de mal à se projeter dans l'avenir. Pour elle, le benjamin de la famille allait revenir sain et sauf d'ici quelques jours, et ils pourraient passer du temps tous ensembles pendant les grandes vacances.
La jeune fille fit tournoyer une de ses mèches argentées autour de son doigt, puis elle fut sur le point d'évoquer ses multiples galères au lycée, lorsqu'un petit bruit de sonnerie résonna au sein de la demeure des Todoroki.
— T'attends quelqu'un ? s'enquit l'adolescente.
— Natuso m'a dit qu'il ne venait pas avant deux heures...
— Bon, je vais ouvrir.
La brunette se leva et se dirigea vers la porte qu'elle ouvrit d'un geste. Elle fut surprise d'apercevoir en face d'elle un simple garçon, dont le crâne était recouvert par une petite casquette rouge. Non sans avoir sourit, le jeune homme tendit à Akane l'immense bouquet de fleurs qu'il tenait entre ses mains, ne prêtant pas attention à la façon dont les yeux de cette dernière s'étaient écarquillés. Elle loucha sur les roses rouges qui se déployaient majestueusement sous son nez , avant de penser que Hawks était peut-être allé trop vite avec Fuyumi. La pauvre, cette dernière allait complètement perdre ses moyens lorsqu'elle allait lui annoncer que ce bouquet lui était entièrement destiné. Puis, des roses rouges, sérieusement ? Il aurait pu opter pour du bleu, histoire d'entamer les choses avec douceur...
— Akane Isayo ?
— Oui.
— C'est pour vous !
— Pardon ?
Elle n'eut pas le temps de demander quoi que ce soit d'autre. Le livreur qui venait d'achever sa mission s'en alla, la laissant seule sur le perron de la porte, complètement déboussolée.
— Akane ! C'est qui ? hurla Fuyumi depuis la cuisine.
— Heu... Heu..., balbutia-t-elle.
Au même moment ses yeux tombèrent enfin sur le petit mot qui accompagnait le bouquet.
« En espérant qu'il n'est pas trop tard : désolé.
Shoto. »
https://youtu.be/vT9nQ_1Kmuw
Manaus, Brésil.
Huri laissa tomber sa valise contre la magnifique moquette rouge qui ornait une mineure partie du parquet de sa nouvelle chambre.
L'adolescente ne perdit pas une seule seconde de plus pour se déchausser, retirer la casquette bleue qui étouffait son crâne, et se diriger vers l'immense fenêtre située juste en face d'elle. D'un geste, elle ouvrit grand les rideaux laissant ainsi les rayons lumineux du soleil entrer en contact avec chaque particule de son épiderme. Après avoir plissé les yeux pendant quelques secondes, elle prit le temps d'observer ce qui l'entourait. La chambre qu'elle avait l'opportunité d'occuper était spacieuse et n'avait rien à envier à celle qu'elle avait eu durant son bref séjour à New-York.
Les murs étaient teints d'un blanc impeccable et s'accordaient à merveille avec le turquoise des rideaux. Le lit était simple, embelli par un majestueux moustiquaire. Le parquet ne laissait voir aucune trace de poussière à l'instar des quelques meubles que la pièce possédait.
Huri se pencha à la fenêtre et prit le temps d'humer l'air de Manaus, capitale de l'Amazonas. Le décor de cette ville était assez particulier. Certains endroits pouvaient évoquer la nature dans son état brute tandis que d'autres étaient caractérisés par un aspect qui les rendait dignes d'une grande agglomération urbaine. La jeune blonde aurait aimé s'abandonner simplement à la contemplation des environs, sans avoir les pensées envahies par sa prochaine mission. Celle qui aurait lieu dans moins de vingt-quatre heures. Mais pour l'instant, quelque-chose d'autre l'attendait. L'adolescente se concentra afin de maximiser la crédibilité de sa fausse identité, en l'occurrence, celle d'une jeune fille qui avait uniquement pour objectif de réussir ses examens. Elle laissa ses doigts glisser sur ses cheveux blonds, avant de lancer un coup d'œil à sa montre. Elle en profita pour fixer avec insistance le joli bracelet qui ornait son poignet.
Est-ce qu'il allait bien ? Que faisait-il ? S'inquiétait-il pour elle ? Elle secoua la tête en sentant une peine indésirable s'immiscer en elle. Elle était désolée. Huri était désolée d'avoir croisé la route d'Asta.
Elle soupira.
L'heure du repas était arrivée, et à cet instant une seule chose lui importait : ne pas croiser le regard de Shoto Todoroki.
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Elle n'avait rien avalé. Contrairement au reste de ses prétendus camarades, elle se sentait incapable d'apprécier le goût des plats brésiliens. Son appétit était fermé, elle avait oublié la saveur de la viande, l'onctuosité d'une crème pâtissière et la fraîcheur de l'eau.
Huri fronça des sourcils face au reflet de sa propre personne. Elle avait enfin dit au revoir au bel uniforme de Shiketsu et la voici désormais vêtue de cette combinaison sombre qui camouflait chaque parcelle de sa peau, et lui rappelait sa véritable identité. Des armes meurtrières étaient dissimulées un peu partout sur son corps en l'occurrence au niveau de sa ceinture, ses bottes, et ses cuisses.
L'adolescente prit conscience que son visage s'était fermé, que ses traits n'étaient plus du tout enfantins et qu'à la voir, nul n'aurait pu deviner qu'elle venait à peine de faire ses quinze ans. Armée d'un courage sans faille, elle couvrit son visage par le biais d'un masque et dès lors, l'obscurité qui émanait de celui-ci créa un contraste des plus fascinants avec le blond de sa chevelure. Elle était enfin prête à devenir une âme vagabonde sillonnant les rues plongées dans l'obscurité.
Ce fut dès qu'elle émergea du flux de ses pensées, qu'elle ouvrit la fenêtre de sa chambre avant de se faufiler derrière celle-ci. En quelques gestes, elle parvint à la refermer comme si de rien n'était et elle s'en alla, aussi agile qu'un félin. À travers les reflets pâles de la lune, son corps semblait être ni plus ni moins qu'une illusion. Elle aurait aimé se perdre dans cette escapade nocturne et devenir la personnification vivante de l'harmonie, la liberté et la force.
À cette heure tardive de la nuit, Manaus possédait une température agréable qui résultait des zéphyrs tempérés qui soufflaient par delà chaque horizon. Les pupilles d'Huri n'eurent aucun mal à sonder l'obscurité obstruée de quelques tâches de lumières qui provenaient des réverbères et des affiches publicitaires. Rapidement, l'adolescente repéra celui qu'elle cherchait. Il lui était impossible de passer outre cette silhouette élancée assise avec aisance au sommet d'un toit. Par elle ne sut quel miracle, Huri sut passer outre le pincement aiguë qui se logea dans son cœur. Elle ne devait pas penser à cette cicatrice, à cet aspect vulnérable qu'il noyait sous une grande cruauté.
Tout ce qui comptait, n'était autre que sa mission.
La jeune blonde atterrit sur le toit et Zachariel se redressa aussitôt. Il n'avait même pas pris la peine de vêtir un masque, et cela ne faisait que mettre en évidence l'étendue de son orgueil. Il n'avait pas peur qu'on le reconnaisse, il semblait avoir conscience que chacun de ses gestes respiraient silence, harmonie et fluidité. Pour lui, il était impossible d'attraper une étoile filante quand bien même on avait encore en tête l'emplacement de chacune des poussières qui la constituaient. Et Zachariel était une étoile filante.
— Te voilà, dit-il en s'approchant d'elle. Admire la beauté de Manaus Huri. Une sublime ville tu ne trouves pas ?
Elle ne répondit rien, et n'esquissa aucun geste. Une bourrasque de vent frais gifla le visage d'Huri. Zachariel sourit et fut sur le point de dire quelque chose, mais à la dernière seconde, il se ravisa. La jeune fille laissa son regard suivre l'itinéraire que lui dictait celui de son coéquipier. Elle repéra avec aisance les deux personnes qui se dirigeaient vers eux. Cette silhouette féminine détentrice de deux nattes, ne pouvait être que celle de Mimi. Ainsi, il était naturel d'en déduire que le jeune homme qui l'accompagnait n'était autre que son frère jumeau : Seito Watanabe.
Lorsque ces derniers les rejoignirent, la fille se hâta de retirer son masque, exposant ainsi ses joues rosies aux rayons pâles de la lune.
— Mimi remet ça tout de suite, lui ordonna son frère. On ne doit prendre aucun risque.
— Roh la la... Avoir la peau étouffée ça me donne des boutons !
— On n'est pas là pour traiter tes problèmes cutanés ma petite, la rappela Zachariel.
Huri n'avait toujours pas bougé et était parvenue à conserver un calme olympien. Soudain, ses lèvres s'ouvrirent et une seule phrase interrogative s'échappa de ces dernières :
— Pouvons-nous faire le récapitulatif du plan de demain s'il vous plaît ?
— Nous sommes là pour ça ne t'en fais pas, fit remarquer Seito.
— Demain, huit heures : début des épreuves pratiques, commença Zachariel en dégageant un poignard de sa ceinture.
Le grand blond se mit à faire tournoyer son arme entre ses doigts. L'étincelle qui brillait sur la lame de cette dernière avait le don prodigieux de se refléter sur le regard du mercenaire.
— Votre but sera de repartir avec Shoto Todoroki avant la fin de l'épreuve. Pour se faire, dès que vous l'aurez en votre possession, Mimi, tu te serviras de ton alter afin de repérer ma position. Ensuite, Seito, tu te chargeras de me le ramener pendant que Huri et ta jumelle retiendront tous ceux qui voudront s'opposer à vous. Dès que j'aurais le petit Todoroki...
Un sourire étira ses lèvres.
— Je m'occuperai de tout. Vous voyez ? C'est très simple ! Des questions ? demanda Zachariel.
Les trois adolescents se regardèrent. Huri n'avait plus aucune question, sa mission était gravée au fer rouge dans son esprit. Cependant, Seito leva la tête vers le ciel et très vite son regard se riva dans les prunelles sombres de Zachariel.
— Pas de morts j'imagine ?
La blonde sentit un frisson courir le long de sa colonne vertébrale. Elle attendit la réponse de son coéquipier avec crainte. Sa gorge était nouée et un nœud terrible avait pris naissance au sein même son estomac. Son cœur commençait à perdre le contrôle en laissant échapper des pulsations qui la rendaient sourde pendant des intervalles réguliers d'environ trois micro-secondes.
— Sauf en cas d'extrêmes nécessités.
— Me voilà rassuré.
Huri ne pouvait pas en dire de même. Elle avait conscience du fait que Seito n'hésiterait pas à exécuter de sang-froid toute personne qui oserait se mettre en travers de sa route.
Durant le temps qu'il restait, les quatre membres de la Némésis évoquèrent les dernières étapes de leur plan qui se devait d'être infaillible. Toutes les paroles qui se disaient avaient le don de procurer une pression terrible à Huri. Néanmoins, elle avait conscience qu'elle se devait de la dominer. Ça n'allait durer qu'un jour, puis tout serait terminé. Ses poings se serrèrent. Dès demain elle serait officiellement reconnue comme étant une criminelle. Asta allait à tous les coups apprendre qu'elle était en réalité membre d'une des plus grandes organisations criminelles du monde.
— Bien, je pense que tout est prêt, conclut Zachariel, les mains fourrées dans ses poches.
— Oui, répondirent les jumeaux Watanabe simultanément.
De son côté, Huri se contenta de simplement hocher la tête. Ils furent sur le point de s'en aller afin de retrouver les chambres de luxe qui leur avaient été attribuées, mais, ils n'eurent pas le temps de quitter ce toit. Guidée par une pulsion plus forte que toute sa volonté, Huri fonça en direction de Seito. Ce dernier, anticipa son attaque et en quelques secondes le bras de la jeune blonde fut prisonnier de l'un des fils que le jumeau de Mimi maniait par le biais de son index.
Huri fronça des sourcils. Se servant de sa main libre, elle saisit un poignard logé à sa ceinture et d'un geste elle se retrouva en face de Seito dont l'expression ne lui était pas visible grâce au masque qu'il portait.
La lame d'Huri se posa sur la gorge du brun, tandis que son bras était toujours à la merci de son fil fin et blanc. Ce dernier commençait à percer son haut et brûler sa chair.
— Je préfère te prévenir, commença-t-elle calmement. T'as pas intérêt à jouer les sadiques sans raison.
Elle appuya un peu plus la lame de son couteau contre la gorge du brun, et prit soin de bien river ses pupilles dans les siennes.
— Huri, toujours aussi bonne- samaritaine, hein ? la nargua- t-il.
La réaction de la blonde fut immédiate. Son genou rencontra avec violence le ventre du garçon et ce geste l'envoya s'écraser à quelques centimètres du rebord de ce toit. Elle n'eut aucun mal à deviner que Seito s'était volontairement laissé faire. Puis, du coin de l'œil elle remarqua le sourire amusé qui ornait les lèvres de Zachariel.
— On reparlera de toute cette histoire après l'exécution de notre mission. Je te laisserai le loisir de contempler l'étendue de ma bonté, prononça-t-elle par le biais d'une voix froide et indifférente en pointant vers lui la pointe de son poignard.
— Bon stop vous deux, soupira Mimi en s'approchant de son frère. Nous sommes censés être une équipe, alors faisons le nécessaire pour rendre notre image crédible !
— Moi ça me dérange pas tout ça Huri, dit Seito en se relevant. Je commençais justement à m'ennuyer... T'es bien plus amusante que ce que je pensais finalement, termina-t-il avec un air amusé.
Huri n'aurait su dire si ce n'était que le résultat de son imagination, mais elle crut avoir perçu une expression sombre orner les traits de Zachariel. Le sourire qu'il possédait il y a quelques secondes s'était totalement évaporé.
Lorsque avant de monter dans le car, le professeur principal de la Seconde A indiqua qu'ils devaient s'installer à côté de leur trios respectifs, Megan et Wallie s'étaient regardées avec tristesse. La première lança un coup d'œil en direction de ses coéquipiers, et elle put constater que ces derniers étaient prêts, vêtus de leur costumes de super-héros flambants et neufs. S'ils devaient se placer à côté, cela ne pouvait que signifier que l'un d'eux trois devait être seul. Pour Megan il n'y avait pas de question à se poser : il fallait absolument que ce soit elle. Elle préférait de loin n'avoir aucune présence à ses côtés plutôt que de supporter celle de Katsuki, ou d'être plongée dans un malaise profond en étant assise à côté de Shoto. Puis, loin d'elle était l'envie de s'attirer les foudres de cette fille du lycée Shiketsu, qui semblait être folle du jeune Todoroki.
Lorsqu'ils montèrent, l'adolescente s'empressa de se mettre côté fenêtre. Elle retint sa respiration en voyant Shoto fixer la place libre à côté d'elle.
— Je pense qu'il serait mieux de ne pas te laisser seule Megan, dit-il tout simplement.
— Tu n'es pas obligé, tu sais. Je sais que Katsu...
— Wallie m'a dit que les transports en commun n'étaient vraiment pas ton truc.
Megan se retint de grincer des dents. Pour une fois, elle se sentit trahie par sa meilleure amie, mais le pire était de constater qu'en réalité c'était elle qui était en tort. Wallie et Shoto avaient raison, et ils étaient animés par une seule et même envie : l'aider.
— Parfait c'est moi qui suis seul. Pas besoin de supporter l'une de vos faces dégeulasses, cracha Katsuki en s'installant derrière eux.
L'adolescente sentit aussitôt son souffle se couper. Il était assis juste derrière elle. Puis, son malaise ne fit que s'accroître lorsqu'elle pensa au fait qu'il était vêtu de son costume de super-héros. Celui-ci avait le don de mettre en évidence sa musculature qui était tout de même assez développée. Les épaules de Katsuki étaient impressionnantes, puis ce n'était sans parler de ses gants immenses dont le poids devait sans aucun doute être le double de celui de Megan.
— Aïe ! s'exclama cette dernière en sentant une pression sur ses cheveux.
Shoto soupira avant de faire volte-face. Pendant quelques secondes, la jeune fille hésita à se retourner mais elle n'osait même pas imaginer l'étendue que prendrait la colère de Katsuki si elle osait faire ce petit acte de rébellion.
— T'as pas intérêt à nous faire un de tes petits trucs bizarres ! Et puis, tu m'expliques pourquoi t'es pas en costume ?
— Katsuki, elle porte bel et bien son costume, l'informa calmement Shoto.
— Hein ?
La sombreur de son masque faisait émerger le rouge de ses yeux. Megan crut bien que son corps allait se liquéfier, lorsqu'elle sentit le regard de Katsuki parcourir chaque détail de sa tenue. Son costume était simple, et n'avait aucune particularité en soi, mais au vu de l'intensité de son coup d'œil elle eut la désagréable impression d'être vêtue de la dernière robe élégante dessinée par l'un des stylistes les plus reconnus du monde.
Ses iris glissèrent sur son haut qui n'était ni plus ni moins qu'un sweat gris, derrière lequel elle portait un col roulé noir sans manches. Puis, certainement désireux de ne pas avoir l'air d'une crapule, il balaya avec vitesse son bas qui était un semblant de jogging ajusté. Enfin, il loucha quelques secondes sur la casquette grise que Megan tenait entre ses mains.
— Tu ressembles à un garçon manqué, conclut-il.
— Moi j'aime beaucoup ton costume, fit remarquer Shoto. Il est accordé à ton alter. Il est passe-partout et te permet d'être un minimum équipée pour chaque type de météo.
— C'est bon, ta gueule toi je t'ai pas sonné !
Un éclair de malice fusa dans le regard hétérochrome du jeune Todoroki. Il esquissa un léger sourire, puis, avec une discrétion remarquable il souffla les mots suivants à Megan :
— Il aime beaucoup ton costume.
Elle n'eut pas le temps de répondre. Le bus fut agité par une secousse tellement violente que Megan sentit ses dents s'entrechoquer en un claquement sinistre. Une douleur aiguë s'immisça dans son crâne, sa vision se brouilla et elle comprit que le moyen de transport était en train de dévier. Ses doigts se crispèrent et son souffle devint saccadé. Des interrogations fusaient autour d'elle.
Que se passait-il ? Au final, elle n'eut même pas le temps d'avoir peur.
Choc.
Trou noir.
...
Ses yeux s'ouvrirent avec lenteur. La lumière du jour attaqua sa rétine, et elle plaça une main devant son visage en tentant vainement de se protéger d'un aveuglément.
Une odeur de végétations chatouilla ses narines. Elle n'avait mal nulle part, l'adolescente avait seulement l'impression de se réveiller d'une petite sieste.
— Merde... Qu'est-ce qui s'est passé ?
Katsuki.
— Où sont les autres ?
Shoto.
Soudain, une voix résonna à travers les lieux. Elle était forte, puissante et même une personne située à des kilomètres semblait en mesure de l'entendre avec fluidité.
« Salut les jeunes !!! Alors, surpris hein ? Bienvenue en Amazonie ! Préparez-vous parce que je suis sur le point de vous donner les consignes de cette épreuve pratique ! Alors, ouvrez bien les oreilles et faites en de même avec vos yeux ! »
— Present Mic... Et putain, mais c'est quoi le bordel qu'ils vont encore nous sortir ?
— Essayez de trouver un individu autre que Katsuki qui pourrait résumer en une phrase une situation étrange qui menace de flirter avec la catastrophe et le danger. Spoiler : vous ne trouverez jamais, fit remarquer Megan en se levant.
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