CHAPITRE 59 : LE CLONE DE PAPIER
CHAPITRE 59 : LE CLONE DE PAPIER
N'ayant pu trouver le sommeil sur le vieux siège de sa voiture, il s'était contenté de contempler un quartier noyé sous l'obscurité.
Il y avait quelque chose de fascinant dans la nuit, une dimension artistique et abstraite, qu'il avait appris à apprécier à ses côtés.
Demain dès l'aube, il roulerait encore avec pour seule compagnie un étrange jeune homme dont l'identité se résumait à un simple numéro. Voyager avec un criminel à bord était une chose insensée et dangereuse, mais son esprit était tellement hanté par son objectif qu'il en venait à oublier tout le reste.
Son désintérêt pour tout se reflétait dans ses pupilles sombres. Dans la pénombre, ses prunelles arboraient une douce teinte verte. Ces dernières fixaient l'obscurité, sans vraiment lui prêter un quelconque intérêt. Les secondes s'écoulèrent, puis très vite elles devinrent des minutes. Le temps coulait devant lui, il s'échappait, lui filait entre les doigts et cela faisait naître en son for intérieur une frustration qu'il ne pouvait partager avec personne.
Le temps l'éloignait d'elle.
De ce fait, il éprouvait ce besoin irrépressible de mettre en place un lien avec elle, aussi abstrait fut-il. Un papier d'un blanc immaculé naquit avec lenteur au beau milieu de la paume de sa main. La feuille virevolta dans les airs, puis très vite sa structure se vit modifiée par le biais de plusieurs plis. Un. Deux. Trois. Quatre. Ni plus, ni moins.
Il fixa avec mélancolie la rose de papier qu'il tenait entre ses doigts.
Demain dès l'aube, il roulerait encore avec pour seule compagnie une rose de papier qu'il offrirait à celle qu'il aimait.
Il avair pris cette habitude de courir tous les weekends, à huit heures pile du matin, aux côtés de son meilleur ami. Curieux et gourmand, il aimait s'abandonner à la lecture de quelques revues scientifiques, tout en dégustant une sucette à la myrtille. Au niveau du plan scolaire, c'était un excellent élève. Il fréquentait la bibliothèque du coin tous les lundis et samedis soirs. En plus d'être cultivé, c'était un jeune homme généreux qui n'hésitait pas à donner des cours gratuits à des enfants, et qui de temps à autres formait partie d'une association caritative. Il ne passait jamais son temps à ne rien faire, chaque moment de libre qui était à sa disposition se voyait occupée par une activité.
Huri laissa échapper un léger soupir. Asta Amane était sans contester quelqu'un de bien, et elle ne regrettait pas une seule seconde de lui avoir sauvé la vie. Depuis que le grand brun était sorti de l'hôpital, elle n'avait eu de cesse de l'épier, de l'observer, de prendre connaissance de chaque aspect de sa personne. Elle se soufflait sans cesse que son attitude était juste une manière pour elle de vérifier qu'elle n'avait pas commis une bêtise. Cependant, elle était forcée d'avouer que chaque jour elle éprouvait ce besoin de s'éclipser en cachette pour se percher au sommet d'un toit et simplement contempler son doux visage.
Ce jour-là, il avait changé d'habitude. Il était parti courir à la plage, toujours accompagné de son fidèle ami blond. C'était parce que les lieux étaient presque déserts, et que le soleil commençait à se coucher, qu'Huri s'était laissée le droit de rester quelques minutes, assise sur ce sable froid. Elle le regardait s'éloigner, et de temps à autres elle pouvait même l'entendre rire. Ses yeux évoquant deux émeraudes brillants, suivaient avec passion les traces de pas qu'il laissait derrière lui. C'était fascinant, ils étaient tous équidistants et la petite blonde aurait presque pleuré lorsque sur son passage, le vent les effaçait. Huri finit par quitter des yeux la silhouette d'Asta et préféra se focaliser sur l'aspect apaisant de la mer bleue. À la vue du merveilleux spectacle naturel qui se produisait devant ses yeux, elle en vint à oublier l'étendue astronomiques de ses problèmes qui se résumaient la plupart en un seul nom : Zachariel.
Face à elle, des tracés de bronze résultant du coucher du soleil, sillonnaient au dessus de cette couverture aquatique. La blonde fut fascinée, elle fut tellement happée par la contemplation de ce décor digne d'une toile impressionniste, qu'elle en oublia toute sa condition. Elle n'était rien de plus qu'une âme errante envahie par une douceur mystérieuse et infinie. L'adolescente se leva, avant de retirer ses vieilles chaussures. Elle inspira un grand bol d'air frais puis avança à pas lents en direction des vagues qui s'écrasaient sur le sable. Son corps se mit à frissonner lorsque l'eau imprégna son pull gris et mouilla la totalité de son jean noir. Elle s'accoutuma très vite à la température basse de la mer. Ses yeux se fermèrent, et elle se laissa bercer par le son régulier des vagues, la douce harmonie de la nature. Le corps d'Huri flottait avec délicatesse, ses mains pâles et fines carressaient la robe azurée autour d'elle et sa chevelure dorée créait un contraste fascinant avec le bleu de la mer qui régnait en tant que maître.
Le temps de quelques instants, Huri s'offrit le luxe de tout oublier. Elle n'était plus une mercenaire sanguinaire, qui sillonnait le monde aux côtés de Zachariel, et qui allait s'engager d'ici quelques temps dans une mission capitale, contre son gré.
La marque d'Henael n'existait plus sur son poignet. Elle n'était rien... Juste une âme qui se laissait ensevelir par les vagues.
Asta ne s'était jamais senti aussi vivant. Akio lui répétait sans cesse que la simple vue de son physique laissait deviner qu'il allait beaucoup mieux, et parfois, le grand blond usait du mot de "renaissance" pour qualifier ce qu'il avait vécu. Asta ne pouvait que constater qu'il avait raison, depuis sa guérison inespérée il avait l'étrange impression de s'être réveillé dans un nouveau corps, qui n'était pas le sien. Celui-ci était empli d'une force mystérieuse, et était parfois sujet à des phénomènes étranges. Il n'osait pas évoquer devant ses amis le saignement de ses gencives, et encore moins la façon dont ses canines s'aiguisaient lorsqu'il regardait un peu trop le cou d'Akio. Ses prunelles sombres étaient désormais capables de déceler chaque entrelacs de veines, chaque artère du corps d'un individu quelconque.
— Même Saiko est d'accord pour dire que t'as pris du muscle, lança Akio en esquissant un sourire.
— C'est peut-être vrai alors, répondit Asta en haussant les épaules.
— Bon allé, ne commence pas à faire ton petit modeste !
Le grand brun se contenta de rire, parce que c'était simple et si beau à la fois. Il fut sur le point de faire une remarque lorsqu'il sentit son cœur laisser échapper une pulsation violente. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il remarqua cette petite silhouette qui émergeait de l'eau.
— Tiens, je dois déjà y aller, lui dit Akio en jetant un coup d'oeil à son smartphone. Tu viens ?
Sujet à un tumulte d'émotions étrangères, Asta fut incapable de répondre le temps de quelques secondes. Après un effort considérable, il parvint cependant à formuler la phrase suivante :
— Non, je vais rester un peu.
— Bien comme tu voudras, à demain huit heures du coup !
En règle générale, il prenait toujours la peine de regarder son ami s'éloigner, mais cette fois-ci il était dans l'incapacité de détourner les yeux de cette silhouette. Cette dernière éveillait en lui un sentiment à la fois doux et envahissant. Il n'aurait su dire pourquoi, mais la simple vue de ses cheveux dorées et mouillées suffisait pour le couvrir d'une chaleur bienveillante.
Cependant, Asta était sûr d'une chose : ce n'était pas de l'amour, et puis les coups de foudre étaient très rares au sein de ce monde, il faisait d'ailleurs partie des quelques personnes qui osaient y croire encore.
Mais alors, qu'était-ce ?
Pendant quelques instants il se demanda qu'est-ce qu'il devait faire. Il déglutit, resta planté sur place avant de fourrer ses mains dans les poches de son sweat.
Puis enfin, elle passa près de lui.
Le monde se mit à tourner sous ses pieds lorsqu'elle diffusa sur son passage une douce odeur de mer. Sa silhouette fine semblait presque irréelle et son teint pâle créait un contraste fascinant avec celui du jeune homme plutôt hâlé. Ses prunelles étaient aussi verdâtres que deux pierre d'émeraudes. Elle s'arrêta quelques secondes, le temps de regarder Asta. Ce dernier, fidèle à sa nature esquissa un sourire. Elle détourna aussitôt les yeux avant de s'en aller avec une vitesse déconcertante.
Le garçon la regarda s'éloigner, il fixa chacun de ses pas avec fascination.
— Bon OK, qu'est-ce que tu aurais fait à ma place ? soupira Shoto avant de redresser la tête.
Il contempla le visage d'Akane, et guetta sa réaction. Elle l'avait traité d'idiot pendant au moins trente minutes la nuit où il était rentré de Kamino. Puis, ce n'était sans parler de Fuyumi qui lui avait passé un savon mémorable. Et enfin, son père était d'humeur massacrante, quiconque osant l'approcher depuis deux jours prenait le risque de finir en viande grillée. Par ailleurs, si les deux jeunes gens avaient décidé de s'isoler au Brooklyn Palace c'était après avoir entendu retentir un bruit sourd en provenance de la salle d'entraînement. Shoto s'était aussitôt éclipsé aux côtés de l'adolescente, oubliant ainsi son statut de "privé de sortie".
Akane soupira. Il n'aurait su dire si c'était là un signe de fatigue envers tout, ou encore une simple habitude qu'elle semblait avoir développé.
Elle joua quelques secondes avec la paille de son milkshake, avant d'enfin répondre :
— J'aurais fait la même chose si tu veux savoir, conclut-elle. Mais toi Shoto, tu n'es pas moi.
Elle n'avait pas tort, et aussitôt un silence s'installa entre les deux adolescents. La brune regardait le ciel par le biais de la fenêtre, un air désintéressé collé au visage et Shoto se contentait de fixer en face de lui le décor de ce bar devenu familier.
— Mais ce qui est fait, est fait n'est-ce pas ? finit par dire Akane. Il s'est passé tellement de choses hier soir que je peine encore à y croire. Ton père est désormais... Numéro un. Ça fait tout drôle de le dire.
— Ne m'en parle pas, soupira le garçon. J'ai l'impression qu'Endeavor ne sera jamais réellement le numéro un, quand bien même All Might a pris sa retraite il y a deux jours.
Le souvenir du dernier combat du Symbole de la Paix était gravé dans l'esprit de Shoto. Il avait vu encore une fois à travers cet homme, ce qu'était un vrai héros. En effet, il n'avait pas hésité à se battre jusqu'au bout contre son ennemi redoutable, allant même jusqu'à mettre sa propre vie au bord du précipice. Shoto était sûr d'une chose : seul All Might pouvait accomplir un tel exploit. Quiconque s'attendant à retrouver un aspect de ce dernier chez son père allait être inévitablement déçu.
— Sinon, comment va Katsuki ? demanda Akane. Pas trop traumatisé ?
— À le voir on ne devinerait même pas qu'il s'est fait kidnapper, il ne laisse rien paraître. En revanche, il se retrouve dans une situation similaire à la tienne, fit remarquer Shoto en esquissant un léger sourire au coin. Il est toujours placé sous surveillance.
Il se retint d'exploser de rire lorsque la jeune fille à ses côtés riva sur lui un regard colérique.
— Bon ok, mais moi au moins je ne vais pas finir cloîtrée dans un internat.
Très vite, ce fut au tour du jeune homme de la regarder avec son typique air blasé.
— Cesse de me titiller sur ce sujet, je serais très vite tenté de t'emporter avec moi.
Akane ne se retint pas de rire, et Shoto savoura les multitudes de palpitations qui venaient d'envahir son cœur. Une joie inespérée s'empara de lui. Puis, ce fut à son tour de rire.
— À mon avis, il remarqueront que ta valise est trop grosse et s'agite un peu trop.
— Ouais, t'as sûrement raison, dit-il en un souffle. C'est bien dommage.
— Tu vas me manquer Shoto, avoua l'adolescente.
Le garçon posa aussitôt ses yeux vairons sur son interlocutrice. Il se demanda qu'elle était la meilleure façon de lui dire que lui aussi allait la regretter. Il allait se retrouver amputé d'une partie de lui-même. Il se contenta de fixer son visage qui avait bien changé depuis leur première rencontre. Cependant, sa frange était toujours aussi jolie et embrassait son front à merveille. Ses traits faciaux étaient quant à eux plus fins et délicats. Désormais, elle semblait arborer sa cicatrice sur la joue avec fierté.
Akane.
Il était évident que cette personne insupportable allait lui manquer.
— Toi aussi Isayo.
Sur ces mots, il aurait aimé passer son bras autour d'elle avant de l'attirer à lui. Mais il se contenta de regarder le ciel, et fut surpris de voir à quelle vitesse la ville de Tokyo s'était remise de la pluie sombre dont elle avait été victime il y a deux jours.
— Dis le moi si je me trompe..., murmura Akane, mais j'ai l'impression que quelque chose de nouveau va débuter. C'est un nouveau départ pour toi, pour ton père, pour Asta, Takara...
Shoto réalisa à quel point la jeune fille disait vrai.
— Et tu sais Akane, je me demande quelle connerie tu vas nous sortir cette fois-ci.
— Imbécile...
Sur ces mots, la brune ne se fit pas prier pour lui tirer la langue.
— Tu n'as qu'à être là, et je ne vais pas me perdre Mr. Freeze.
Et c'est en la voyant en face de lui, presque joyeuse, que Shoto se promit qu'il allait revenir auprès d'elle à l'instar du soleil qui réapparaîssait dans le ciel après une nuit d'orage.
Jill n'avait qu'une seule idée en tête : le tuer. Cette mission était bien plus qu'un devoir, c'était devenu un objectif personnel. Dans sa lancée, elle ne prenait même pas la peine de lancer un quelconque coup d'oeil à Mimi qui la suivait. Ses yeux noirs étaient devenus le refuge d'une colère sans nom. Jill détestait les traîtres. Elle qui d'ordinaire était de nature calme et ennuyée, n'était plus en mesure de se calmer. Ses poings se serraient et se déserraient.
— Calme-toi, lança Mimi, si on avance toujours aussi vite ma coupe de cheveux ne va ressembler à rien.
— La ferme, grinça Jill entre ses dents sans même daigner lancer un regard à sa coéquipière.
Les deux jeunes femmes se stoppèrent dans un lieu assez isolé, et Jill ordonna à Mimi de mettre en pratique un aspect de son alter. L'adolescente hocha de la tête en guise de réponse. Ses yeux noisettes et brillants de malice, devinrent aussitôt emplis d'un sérieux implacable.
Elle fronça les sourcils sous l'effet de la concentration, ses prunelles devinrent aussitôt entièrement noire, plus aucune distinction ne pouvait se faire entre son iris et sa pupille.
— Il est à quelques kilomètres de nous, à environ quatre-vingt neuf pas du centre commercial.
— Parfait, murmura Jill. On y va.
La femme aux longs cheveux violets joignit ses deux mains, ferma les yeux et se concentra. Par le biais de son pouvoir elle donna naissance à une chose indiforme et ténébreuse. Son portail fut finalisé en quelques secondes, et Mimi et elle se laissèrent transporter par ce dernier près du centre commercial.
— J'aime ce moyen de transport ! s'exclama la plus jeune des deux en passant une de ses mèches châtain derrière son oreille. Il est rapide et efficace.
— Quatre-vingt neuf pas, chuchota Jill qui ne prêtait aucun intérêt aux paroles de Mimi.
Les lieux étaient envahis par des voitures de polices et quelques super-héros traînaient dans le coin. Mais, Jill en n'avait que faire. Elle arborait sans crainte son costume sombre de la Némésis, sa haute queue de cheval qui virevolait au gré du vent, et ses magnifiques yeux noirs ne flanchaient devant rien. Quand bien même son visage était placardé sur plusieurs avis de recherche, elle se sentait intouchable.
Elle marchait au beau milieu du centre-ville avec une lenteur volontaire et prenait le temps de fixer les alentours autour d'elle, à la recherche de ce type. Elle pouvait constater à quel point il avait provoqué un désordre au sein de la ville. All Might avait à peine pris sa retraite, et déjà un vilain venait de provoquer un incendie meurtrier pour son propre plaisir.
Jill n'eut même pas à se retourner, pour sentir qu'une balle fusait en sa direction. Un mur de flammes violettes la protégea aussitôt avant de disparaitre. Elle se retourna, et lança un regard cruel à ce pauvre flic qui avait osé la viser. D'humeur massacrante, elle n'hésita pas une seule seconde à se téléporter et se positionner juste en face de son visage désormais terrifié.
— Je déteste, ceux qui attaquent par derrière, murmura-t-elle avant de claquer des doigts.
Son poignard apparut dans sa main comme par magie. Deux, trois manœuvres et l'arme se retrouva logé dans la poitrine de celui qui fut son assaillant. Elle retira l'objet désormais parsemé de sang poisseux, et reprit sa route.
— Où es-tu sale bâtard ? murmura-t-elle.
En guise de réponse à sa question, une explosion de flammes bleutées se matérialisa à quelques centimètres d'elle. Des cris fusaient dans les environs, des innocents venaient sûrement de perdre la vie et Jill en était presque désolée.
— Beau feu d'artifice, lança Mimi en haussant les sourcils.
Elle se raidit lorsqu'une odeur de cendres et de métal lui envahit les narines. Un bras s'offrit le loisir de l'encercler et ses poings se serrèrent.
— Merci beaucoup, j'en suis presque touché.
Cette voix était grave et rocailleuse.
— Enfoiré. Sale traître.
Les traits de Jill laissaient désormais deviner jusqu'où s'étendait sa colère.
D'un mouvement violent du bras, elle se dégagea de l'emprise de celui qui avait osé la toucher. Dans ce décor enflammé et bleuté, ses yeux aussi sombres que les ténèbres entrèrent en collision avec deux prunelles caractérisées par un gris d'acier.
— Ne te mêle pas de ça Mimi, dit-elle avant de foncer en direction de l'individu qui lui faisait face.
Ce dernier évita son offensive par une simple esquive. Enragée, Jill ne s'arrêta pas là et tenta de l'atteindre coûte que coûte au corps à corps. Leurs mouvements étaient fluides et coordonnés. Leurs intentions étaient opposées, mais eux deux semblaient former qu'une seule personne.
Puis, des flammes bleues entrèrent en collision avec des décharges violettes.
Le mystérieux inconnu évita de justesse un coup de poignard de Jill. Quelques mèches grises volèrent dans les airs, arrachées par le simple toucher de cette arme meurtrière.
La jeune femme prit le temps de reprendre son souffle et de fixer avec haine son ennemi. Il avait une manière fascinante d'être effrayant. Ses cheveux métalliques tombaient sur son front, et étaient en parfait accord avec la couleur de ses yeux. Son visage fin laissait voir une expression glaciale. Certains membres de son corps tels que son bras gauche, étaient faits de métal.
— Pourquoi est-ce que tu fais ça ? murmura-t-elle tout simplement. Rejoindre l'Alliance des vilains, alors que c'est nous qui t'avons sorti de l'enfer dans lequel tu vivais... Tu n'es qu'un traitre.
La jeune femme regarda son interlocuteur s'approcher d'elle. Jill se sentait sujette à une émotion inédite et forte. Cette dernière la rendait incapable de bouger, et son cœur battait à une allure hallucinante.
« Aurais-je... Peur ? »
Cette question la répugna. Telle fut la raison pour laquelle, elle agrippa avec fureur son carquois derrière son dos.
— Jill Stewart, une excellente archère. J'avais presque oublié ce détail pourtant si important.
— Cesse de faire le mâlin.
Aucun sourire n'étirait les lèvres de son interlocuteur. Du coin de l'œil, Jill remarqua que le poing métallique de celui-ci venait de se serrer.
Il réduisit les quelques centimètres entre eux en courant dans sa direction. Lui qui pensait la prendre par surprise se trompait. Elle se baissa lorsqu'il tenta de l'atteindre au visage, puis elle usa de l'extrémité de son arc pour toucher son adversaire au niveau du ventre. Le coup fut violent et rapide.
— Trop prévisible, souffla-t-il.
Ce fut seulement à cet instant qu'elle remarqua sa main gauche, située à quelques centimètres de son visage. Des flammes naquirent au niveau de sa paume.
Jill écarquilla les yeux. Il ne lui restait que quelques infimes secondes pour agir. Usant de toutes les compétences qu'elle avait acquis auprès de la Némésis, elle utilisa ses yeux pour créer un mini portail qui saurait aspirer les flammes. Elle parvint qu'à en faire disparaître la moitié, tandis que l'autre la frappait de plein fouet.
Les flammes lui léchèrent le cou, et réduisirent en lambeaux une partie de sa combinaison. Le bras droit de la jeune femme était dépourvue de tissu, sa cape noire n'était plus que cendres. Du sang chaud glissait le long de son front.
— Je ne peux pas... Perdre..., souffla-t-elle un air abasourdi collé sur son visage.
Ses pupilles noires fixaient avec effroi le sang poisseux qui parsemait sa main. C'était bien le sien. À cet instant, aucun mot n'était à même de décrire avec fidélité l'étendue de la colère qui submergeait la jeune femme et qui parvenait à noyer les vagues de douleur sur son corps. Tout autour d'elle n'était plus qu'un brasier aveuglant, et son âme brûlait d'une flamme vengeresse.
— Tu perds ton temps Jill Stewart.
Elle aurait voulu répliquer, hurler qu'il n'avait aucune idée de jusqu'où s'étendait sa force et la maîtrise de son alter. Malheureusement, ses blessures étaient telles qu'elle était incapable de bouger. Elle sentit une poigne froide se refermer avec lenteur autour de son cou. Ce geste n'avait nullement pour but de lui faire du mal. Non, il témoignait plutôt du fait que sa vie se trouvait désormais entre les mains de son ennemi.
— Remercie-moi Jill. Je vais te laisser, car tu n'es pas ma priorité. Mais remercie-moi aujourd'hui, demain et toujours. Remercie-moi parce que dès maintenant j'ai fait fleurir en toi la fleur de la haine. Tu sentiras son odeur à chaque fois, et tu deviendras plus forte parce que tu ne penseras qu'à me tuer, lui souffla-t-il à l'oreille.
Ses longs cheveux violets virevoltaient derrière son dos, ses iris noires logeaient peur, haine et dégoût. Sa peau laissait voir des traces de cendres, de sang, et d'autres qui étaient invisibles : celles de l'humiliation, de la honte.
— Sur ce, j'ai une dernière chose à te dire : ta mission a échoué.
Sa main faite de fer quitta son cou. Ses yeux teints d'une couleur métallique la fixèrent une dernière fois avec indifférence, puis, il disparut... Ou plutôt, se métamorphosa. Une explosion de papiers blancs se mirent à virevolter dans les airs.
— On dirait bien que cette ville aurait besoin de super-héros, tu ne trouves pas ? lança Mimi du haut d'une voix joviale, qui sonnait étrangère dans une situation aussi chaotique.
Jill ne prit même pas la peine de lui dire de la fermer. Elle serra son poing sur une de ces feuilles blanches, et ses ongles vernis en noirs s'enfoncèrent dans sa chair sans aucune pitié.
C'était donc ça la fleur haine. Elle était plus grande, plus dévastatrice que celle qui avait déjà existé en elle par le passé.
Elle serra la feuille de toutes ses forces.
Elle s'était faite humiliée par un simple clone de papiers.
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