CHAPITRE 56 : ATTAQUE HIVERNALE
CHAPITRE 56 : ATTAQUE HIVERNALE
Le sang qui glissait le long de son front était chaud, si ce n'est brûlant. Dans une situation aussi critique, Shoto se demandait s'il était permis de penser ne serait-ce qu'une seule seconde à la douleur qui se faisait un plaisir à martyriser son corps.
Ses pupilles sombres fixaient son adversaire, à la recherche d'une quelconque faille en lui. L'enjeu était ici très simple : il devait mettre hors d'état de nuire ce vilain dont le but se résumait pour une raison inconnue, à retrouver Katsuki Bakugo. Ensuite, plus important encore, il devait s'assurer que ses camarades de classe parviendraient à rejoindre le chalet afin de sauver Tsuyu qui divaguait dans un sommeil profond.
– Je préfère vous prévenir, personne ne partira d'ici tant que je n'aurais pas eu réponses à au moins une seule de mes questions.
– Comment comptes-tu les empêcher de s'enfuir ? demanda Shoto.
– La curiosité est un mauvais défaut.
Des tourbillons glacés logeant des stalactites s'animèrent aussitôt autour des quatre jeunes gens. Cependant, leurs capacités physiques leur permirent de les éviter de justesse. Shoto fronça des sourcils et prit soin d'analyser la situation. Il observa la position de leur ennemi. Il était en face d'eux, et ne bougeait pas d'un pouce tandis que sa chevelure écarlate se mouvaient au gré du vent.
Désormais, c'était à Shoto de lui montrer de quoi il était capable. D'un geste il ouvrit la paume de sa main gauche et un torrent de flammes en sortit. Il observa sans ciller la fumée disparaître, tandis que son adversaire devenait de nouveau visible pour lui. Il était totalement indemne.
– Abandonnez, vous n'avez aucune chance. Il serait préférable pour vous de me dire avec qui est Katsuki Bakugo, et où est-ce que j'ai des chances de le trouver.
– Tu peux toujours rêver, répondit aussitôt Momo.
Après cette réplique dite d'un ton cinglant, Shoto entendit une flèche siffler près de son oreille. Il écarquilla les yeux avant de faire volte-face, surpris de constater que sa camarade semblait être une très bonne archère.
La flèche fut aussitôt repoussée.
– C'est ce que je pensais, souffla Shoto.
– Tu as compris ? lui demanda Momo.
Il hocha de la tête, ayant maintenant deviné que l'attaque de la jeune brune n'avait pas pour but de blesser leur assaillant, mais seulement de confirmer une hypothèse. Le vilain semblait en mesure de dresser un dôme protecteur autour de lui, presque invisible.
Son alter était insondable.
Shoto ignorait vraiment comment ils allaient s'en sortir.
– Et t'as trouvé du nouveau dans ses prélèvements sanguins ?
Akio riva ses prunelles violettes sur la jeune Saiko Sadori qui lança un coup d'oeil à ses dossiers.
– Il y a décidément quelque chose d'anormal dans ton sang, Asta.
Le concerné leva les yeux au ciel. Quand bien même il était heureux que son opération se soit déroulée avec succès, et qu'il allait pouvoir quitter l'hôpital, il demeurait tout de même très intrigué par sa situation. Par ailleurs, seules les deux personnes présentes dans cette pièce étaient au courant de ce qui lui arrivait.
– Il faudrait peut-être effectuer une analyse sanguine, réflexiona le blond de la pièce.
Asta croisa les bras avant de se plonger dans une réflexion profonde. Quelques mèches brunes de ses cheveux qui étaient de nouveau devenus très abondants, lui tombaient sur les yeux. Il y avait ce rêve étrange qu'il faisait souvent. Il était animé par un regard éteint et verdâtre, une chevelure dorée et courte et puis, tout s'envolait.
– Mon alter me permet de prélever tout ce qui touche au domaine du microscopique chez un être vivant, avant de pouvoir le transmettre de nouveau à un autre, rappela la jeune Saiko qui était sans aucun doute une véritable prodige en médecine. Pendant l'opération, j'ai demandé l'autorisation à mes supérieurs de prélever un peu de ton sang que j'ai transféré chez une souris d'étude. Je vais étudier son comportement à l'aide de quelques chercheurs, et dès que j'ai du nouveau je vous en ferai part.
Asta leva aussitôt ses grands yeux noirs afin de les poser sur leur interlocutrice. Ses longs cheveux de jais étaient noués en un chignon, et deux jolies mèches encadraient son visage paisible. À cet instant, Asta laissa un sourire étirer ses lèvres. L'optimisme affluait de nouveau en lui. Une nouvelle idée venait tout juste de fuser dans son esprit.
– Dès qu'on aura compris les rouages de ma situation étrange, on pourra peut-être aider les malades dans mon cas. Ce qui m'arrive est peut-être lié à mon alter, et de nos jours, quatre-vingt pourcent de la population en possède un. Alors... On ne doit pas perdre espoir, conclut-il les yeux brillants. Si je suis vivant aujourd'hui, je ne pense pas que ce soit parce que je suis chanceux. Je pense, que si je suis là, en face de vous... C'est parce que j'ai encore des choses belles à accomplir !
– On n'a plus de temps à perdre ! lança aussitôt Saiko d'un ton déterminé.
Denki s'écroula au sol, du sang parsemant la commissure de ses lèvres. Il se releva avec peine, avant de serrer des poings. Shoto, allongé le long de ce bitume gelé le regardait faire en maudissant son impuissance. Leur adversaire, qui ne possédait même pas une seule égratignure, avança à pas lents vers le jeune Todoroki. Ce dernier sentit son cœur battre à vive allure.
– Je m'attendais à plus de la part des jeunes élèves prodigieux de Yuei.
Sur ces mots, le vilain ne se gêna pas pour asséner un coup violent sur le torse de Shoto. Ce dernier laissa échapper un grognement de douleur, tandis qu'une souffrance sans nom se dissipait en lui. Il ne pouvait pas rester impuissant de la sorte.
– Vous êtes trop faibles, conclut leur adversaire toujours muni de sa neutralité glaçante. Même toi, le fils d'Endeavor.
Une décharge électrique traversa l'échine de Shoto à cet instant. Quand bien même la haine qui se diffusait en lui était dévastatrice, il avait conscience qu'il ne devait pas se laisser succomber par ses émotions. Il prit soin de regarder le décor autour de lui. Bizarrement, la neige parsemant le sol n'était plus aussi profonde. Autre détail troublant, lui comme le reste de toutes les personnes présentes, étaient assez proches... Cela était sûrement dû au fait que leur adversaire ne les laissait pas s'éloigner.
« Trouve la solution Shoto... Trouve... Allé ! »
– Laisse-le tranquille !
D'un geste désespéré, Momo tenta d'atteindre l'homme en face d'eux avec une barre en fer qu'elle venait tout juste de créer. Le garçon à la chevelure bicolore, écarquilla les yeux et voulut hurler à sa coéquipière de cesser cela. Mais la grande brune semblait décidée à ne pas se laisser abattre. Ses mouvements étaient presque aussi beaux que ceux d'Akane, et Shoto avait conscience que ce n'était pas exclusivement dû au fait que Momo se soit beaucoup exercée ces derniers temps, mais plutôt parce qu'elle était guidée par une envie brûlante de protéger les personnes autour d'elle.
Son adversaire parvint à esquiver les premiers coups, mais la détermination de la jeune fille était telle qu'il fut inévitablement touché au niveau de l'épaule. Les yeux de Shoto s'agrandirent, et il profita de la prouesse de sa camarade pour confirmer son hypothèse. Il ouvrit la main gauche, et laissa quelques flammes se dissiper autour d'eux avant de disparaitre.
Comme il s'y attendait, il ne se passa rien. Aucun tourbillon glacé ne fit son apparition.
– Ça y est, conclut-il. J'ai compris.
Au même moment, Momo fut repoussée par son adversaire, mais Shoto parvint à la rattraper de justesse. La jeune fille se redressa avec peine, et au bout de quelques secondes elle fut enfin debout.
– En réalité, commença Shoto, nous sommes enfermés dans une sorte de cube qu'il peut contrôler à sa guise. Le sol, le ciel, devant nous, derrière et enfin notre droite et notre gauche, sont les six faces du cube.
Le regard de sa camarade de classe s'illumina, elle semblait réaliser où désirait en venir Shoto. Quant à Denki, un souffle de surprise s'échappa de ses lèvres.
– Souvenez-vous, reprit Shoto, de comment il est apparu. Il a d'abord délimité son cube, puis ensuite, il s'est matérialisé devant nous. À chaque fois que nous voulons l'attaquer, il fait émerger des offensives de ces six faces.
– Ça lui permet également de se protéger, rajouta Momo.
Le garçon à la chevelure bicolore hocha de la tête, pour confirmer les dires de la grande de brune.
– Mais alors, comment allons-nous faire pour sortir de ce cube ? s'enquit le blond du groupe. Surtout, qu'il est complètement invisible !
– Lorsqu'il est touché par une attaque quelconque, son pouvoir semble s'annuler. Puis, si tu observes bien le sol tu pourras remarquer les lignes du carré qu'il a tracé.
– Bien, il est temps de mettre en place un plan, fit remarquer Momo. Parce que je sens qu'il va de nouveau nous attaquer.
N'attendant pas une seule seconde de plus, Shoto se démunit de sa veste qu'il posa par dessus Tsuyu. Momo commençait à devenir faible, il ne fallait pas épuiser ses ressources d'énergie en lui demandant de créer de quoi tenir chaud à la jeune fille. Le jeune Todoroki sentit aussitôt le froid s'engouffrer en lui et ronger ses os.
– Je vais l'attaquer, expliqua-t-il. Momo, créée de quoi vous protéger pendant ce temps, tout en quittant la zone dangereuse. Dès que vous serez hors de ce cube, je pense qu'il ne sera plus en mesure de vous atteindre.
Il s'attendait à entendre la vice-déléguée s'opposer à sa volonté, mais contre toutes attentes, elle redressa la tête avant d'approuver d'un simple geste.
– Entendu.
– Mais avant, Denki il faudra que tu fasses une dernière chose.
– Compte sur moi !
Muni d'une vitesse non-négligeable, Shoto laissa la paume de sa main droite se poser contre le sol. Comme il s'y attendait, leur adversaire fronça des sourcils et une offensive venant de l'arrière fit son apparition. Se savoir prisonniers au beau milieu d'un cube invisible semblait avoir amélioré les choses pour l'équipe d'apprentis-héros. Momo donna aussitôt naissance à un bouclier qui les protégea.
De son côté, Shoto se laissa propulser dans les airs par le biais de la rambarde glacée à laquelle il avait donné naissance. Le regard noir de son adversaire laissait deviner l'étendue de sa frustration. L'élève de Yuei comprit que l'attaque allait provenir de la face du haut.
Se souvenant de l'étendue de ses capacités, sûr de lui, Shoto ouvrit la paume de sa main droite et un bloc de glace immense apparut sous le regard surpris de son ennemi. Protégé de toutes attaques aériennes, il pouvait désormais attaquer ce jeune homme aux cheveux aussi écarlates que le sang.
– Tu m'as dit d'abandonner, prononça Shoto, mais tu peux très vite oublier cette idée, ce n'est pas ce qu'on nous apprend à Yuei, et encore moins, ce que m'a appris mon père.
Sur ces mots, il laissa un torrent de flammes sortir de sa main gauche et filer droit en direction de son ennemi. Le jeune homme à la chevelure bicolore n'avait pas oublié que leur adversaire semblait être en mesure de dresser une protection autour de lui. Cependant, le temps qu'il élabore un bouclier aérien, il serait facile de l'atteindre de front.
– À moi de jouer ! hurla Denki.
Une décharge électrique courut en direction du vilain. Attaqué en hauteur par Shoto, et en face par Denki, il n'eut pas le temps de mettre en place sa protection infaillible. En retombant au sol, à quelques centimètres de l'attaque, le jeune fils d'Endeavor vérifia que ses camarades étaient bien en train de fuir afin de sauver Tsuyu. Alors que Momo lançait un regard derrière elle, il esquissa un léger sourire pour lui assurer que tout irait bien, quand bien même il se sentait très faible.
– Je vois, murmura le vilain, vous avez percé les secrets de mon alter.
Il était désormais assez mal en point. Son débardeur n'était plus que de simples cendres gisant au sol. Des marques de brûlures parsemaient son torse nu, tandis que du sang glissait le long de son front.
– Tu nous as sous-estimé, dit simplement Shoto.
– En effet. Vous avez compris que mon alter me permet de retenir prisonniers mes adversaires dans un cube de glace je peux contrôler à ma guise.
Shoto comprenait mieux pourquoi toutes ses attaques étaient si glaciales, et comment se faisait-il qu'ils étaient attaqués de toutes parts par des stalactites.
– Pauvre petit imbécile, tu es seul en face de moi et je me ferais un plaisir de t'écraser.
Le garçon ne répondit pas, préférant se concentrer sur son objectif. Maintenant que ses camarades étaient assez éloignés de la zone de danger, Shoto sentait qu'un poids de taille venait de délester ses épaules. Cependant, il était loin d'être tiré d'affaires. Le ciel au dessus de son crâne était de plus en plus sombre. Un froid glacial se répandait de partout, et chacun des membres de son corps étaient congelés. Ses blessures s'étendaient, elles avaient conquis une partie de son visage ainsi que de son corps.
– Tu ne mérites que de disparaître, souffla le vilain avant de mettre en place une offensive.
Le cœur de Shoto loupa un battement. Son regard s'empressa de repérer d'où provenait l'attaque. Malheureusement pour lui, son ennemi avait décidé qu'elle serait de toutes les directions. Il grinça des dents en sentant des piqûres tellement froids qu'elles en devenaient brûlantes, l'assaillir. Le jeune homme s'empressa de mettre en place un dôme glacé qui serait en mesure de le protéger. Il sentait peu à peu sa protection faiblir. Des éclats de glaces s'éparpillaient dans les airs, mais Shoto renforçait du mieux qu'il pouvait l'étendue de so' bouclier. Sa manœuvre était compliquée pour lui, qui sentait ses forces le quitter.
Il se savait sur le point de lâcher, lorsque contre toutes attentes, son adversaire mit un terme à son offensive. Shoto avait compris que ce n'était plus le moment de scruter ses deux prunelles obscures. Il fonça droit en la direction de son ennemi, et envoya un premier coup de poing qui rencontra la joue glacée de celui-ci. Du sang s'échappa de son nez aquilin, mais le vilain ne se laissa pas faire pour autant. Ce fut désormais à son tour de l'assaillir de coups, que Shoto parvenait à éviter ou contrer de justesse. Son entraînement avec Akane faisait de nouveau surface, et ce simple constat suffisait à éveiller en lui une force qu'il pensait insoupçonnée.
De la glace puis du feu jaillissaient de ses mains et repoussaient son adversaire, non sans le blesser.
– Il est hors de questions que je te laisse gagner, cracha le vilain.
– Qui es-tu pour être aussi motivé ? demanda Shoto d'une voix basse et sombre.
Le visage ensanglanté de son ennemi lui fit face.
– Très bientôt, tu entendras parler de l'association des vilains dont le but se résume à détruire cette société corrompue. Mais pour se faire, nous devons avant tout procéder à l'élimination de votre fichu Symbole de la Paix !
Ces mots furent à peine sortis de sa bouche, que le jeune Todoroki sentit un coup flagrant l'atteindre en pleine mâchoire. Il n'avait pas été en mesure de se défendre, bien trop occupé à penser au fait qu'encore une fois une organisation se montait contre la société dans laquelle ils vivaient. La douleur qui affluait en lui, qui rongeait sa joue et son corps entier était bien trop immense pour qu'il puisse d'emblée se relever.
– Je crois bien que c'en est fini pour toi, énonça simplement son adversaire d'un ton neutre.
Shoto serra les dents, se concentrant au maximum. Il ne bougea pas d'un pouce tandis qu'une déferlante de cristaux aiguisés filaient droit en sa direction.
Non il ne bougea pas.
Il se contenta de rester au sol, et en l'espace de micro-secondes il s'interrogea sur le rôle qu'il avait joué sur Terre, sur la personne qu'il avait été et surtout, il se ressassa les visages de ces personnes qui l'avaient aimé, et que lui-même avait porté dans son cœur.
Une ribambelle de questions fusèrent dans son esprit, toutes centrées sur ses parents ainsi que ses frères et sa sœur. Sa famille : Les Todoroki.
Le moment fatidique arrivait. Il était là, au dessus de lui et n'attendait plus que de s'abattre de façon brutale.
Il serra les dents.
– C'en est fini pour toi !
« Shoto... »
C'était bien la voix de sa mère qui souffla dans ses pensées lorsque les cristaux lui déchirèrent la peau.
– Pardon maman..., souffla-t-il. Fuyumi... Je suis désolé.
Il se laissa aller à la contemplation des pics des montagnes, dont la blancheur causée par les neiges émergeait du fait de l'obscurité inquiétante logée par le ciel.
Soudain, son regard vitreux divagua sur un objet scintillant égaré non loin de lui. En dépit de son état, il n'eut aucun mal à reconnaître le merveilleux symbole de l'infini. C'était le collier qu'il attendait de rendre à Akane. Un sourire triste orna ses lèvres ensanglantées, lorsqu'il pensa qu'il allait s'en aller sans avoir eu le temps d'enfin lui dire sa déclaration.
Il essaya d'imaginer la réaction dont serait sujette cette brune atypique si elle l'apercevait dans cet état. Il avait conscience qu'il était pour elle une représentation du garçon prodigieux, qui voulait se battre pour la véritable justice et être un héros. Il devait lui montrer ce qu'était la véritable justice. Il ne devait pas la laisser tomber. Il lui avait promis de rester constamment à ses côtés, d'être l'obstacle qu'elle se devrait de franchir si elle désirait basculer du mauvais côté.
Il n'avait pas le droit de se livrer maintenant à la Faucheuse. Il sentait brûler en lui une lumière faible, une étincelle qui lui soufflait que tout n'était pas terminé.
Son côté droit était le moins blessé, en revanche, il avait mal à la jambe et au bras gauche. Quand bien même il n'était pas en mesure de retirer ces cristaux qui le torturaient, guidé par une volonté sans nom, il se redressa sous le regard surpris de son ennemi.
– Tu peux dire ce que tu veux, haleta-t-il. Mon nom est Shoto Todoroki, je me fiche de votre alliance et de votre but insensé. Souviens-toi de mon nom, de moi en tant que Shoto et non pas en tant que le fils d'Endeavor.
Il serra les dents, et se lança dans une attaque qui serait sans aucun doute fatale pour son ennemi. Il n'hésita pas une seule seconde à congeler tous les alentours autour de lui. Tout se glaçait, quand bien même le décor était déjà enneigé. Puis, sa main gauche laissa voir un torrent de flammes qui se mit à tournoyer.
Il devait procéder de façon rapide, maintenant que son ennemi était paralysé par sa glace.
Le feu tourna, se malaxa avant d'arborer la forme d'une immense flèche. Il fronça les sourcils, et dans un élan de courage et de grande volonté il fonça en direction de son ennemi. Puis, enfin, il enfonça la flèche enflammée dans le ventre de ce dernier. Ce mystérieux jeune homme aux cheveux rouges papillonna des yeux. Deux filaments ensanglantés s'échappèrent de ses lèvres, et puis il s'écroula sur Shoto. Ce dernier, à bout de souffle et de force haletait de plus en plus. Le neige congelait les membres de son corps, il avait froid. Il tremblait. Ses lèvres arboraient une teinte violacée.
Mais en dépit de tout, il gardait espoir.
Il fallait qu'il parvienne à se relever, mais pour se faire il devait solliciter des forces qui avaient déjà déserté son corps. Le vent soufflait sur son corps blessé, et ses cheveux parsemés de sang séché venaient se coller sur son front. Il se sentait divaguer lorsqu'un son strident le tira de ses rêveries.
Un cri.
Ce cri déchirant venait de résonner au sein même de ces montagnes enneigées. Shoto sentit un frisson parcourir le long de sa colonne vertébrale. Il déglutit. Il avait reconnu sans la moindre peine qui était le propriétaire de cette voix brisée et écorchée. Un souffle de stupeur s'échappa de ses lèvres.
Izuku.
– Mission accomplie, souffla le vilain qu'il venait de vaincre. Je crois bien qu'on vous a arraché votre petit Katsuki Bakugo.
Pour une raison qu'il n'aurait su dire, Shoto avait toujours assimilé la Mort à la couleur noire. Pour lui, si la Faucheuse existait elle devait sans aucun doute être vêtue d'une robe aussi ébène que le plumage d'un corbeau. Et pourtant à cet instant, tout était blanc. Il se sentait bercé dans une douce bulle de silence, loin de la réalité. Son corps était léger, délesté de tout ce qui l'encombrait.
« Shoto, tu dois ouvrir les yeux. »
C'était bien la voix de sa mère qui avait formulé ce dernier ordre. Il hésita quelques secondes. Pourquoi ouvrir les yeux, alors qu'il n'était désormais plus de ce monde ? Shoto en était convaincu, il explorait les recoins secrets de la Mort. Il avait déjà les yeux ouverts, et ces derniers ne voyaient que du blanc.
– Est-ce qu'il va se réveiller ? murmura une douce voix féminine.
Se réveiller.
Peut-être que c'était ça qu'il devait faire à cet instant. Alors, il essaya. Mais, il avait l'étrange impression de se noyer. Puis enfin, quelques secondes plus tard ses yeux s'ouvrirent pour de vrai. La première chose qu'il aperçut fut le visage familier et ridé de l'infirmière du lycée : Recovery Girl. Cette dernière esquissa un sourire en croisant le regard du jeune garçon.
– Tu es enfin réveillé mon garçon, lui dit-elle. Heureusement pour toi, tu n'as pas écopé de blessures graves. Ton corps assez robuste a été en mesure de tout supporter.
Il cligna les yeux à plusieurs reprises, tentant avec peine de retrouver ses esprits.
– Que s'est-il passé ? demanda-t-il enfin.
– Tu es dans un hôpital en France, lui expliqua d'emblée Momo qui était assise non loin de lui. Nous étions en train de procéder à l'entraînement quotidien dans les montagnes quand nous avons été attaqués.
Les souvenirs lui revinrent aussitôt à la manière d'un flash. Il se redressa, et riva ses pupilles dans celles de son interlocutrice.
– Tsuyu, est-ce qu'elle va bien ?
– Oui, et je t'en remercie beaucoup Shoto.
La jeune fille aux cheveux verts fit son apparition dans la chambre après avoir prononcé cette dernière phrase. Shoto fut heureux de constater qu'elle s'en était sortie saine et sauve. Cependant, si Tsuyu n'avait récolté aucune blessure on ne pouvait pas en dire autant de Momo dont le front laissait voir un immense pansement.
– Plus de la moitié des élèves sont au moins blessés, expliqua Momo. Et puis, Katsuki a été kidnappé.
La dernière phrase lui fit l'effet d'une gifle. Ses yeux s'écarquillèrent, et un souffle de stupeur s'échappa de ses lèvres. On expliqua à Shoto que les élèves de secondes à Yuei avaient été victimes d'une attaque de vilains.
Vlad King, professeur principal de la seconde B avait prévenu les autorités quinze minutes après le départ des vilains.
Le bilan était désastreux. Sur quarante élèves, quinze étaient inconscients à cause des attaques ennemies dont ils avaient été victimes. Onze étaient légèrement blessés, et seulement treize s'en étaient sortis indemnes.
Un élève était porté disparu. Pixie-Bob avait écopé d'un terrible traumatisme crânien, et pire encore, Ragdoll avait disparu laissant derrière elle qu'une immense flaque de sang.
Chez les vilains, trois avaient été arrêtés. Parmi ces derniers se trouvaient celui que Shoto avait affronté mais aussi un criminel qu'Izuku avait dû combattre pour protéger le jeune Kota. Izuku comme Shoto s'étaient retrouvés inconscients à la suite de ce désastre. Sans grande surprise, les vilains recherchés étaient originaires du Japon. Selon les dires des autorités chargées de l'enquête, ils avaient pu suivre les élèves durant cette sortie scolaire par le biais d'un des membres de leur organisation qui posséderait un alter permettant la création de portails. Ce serait ce même alter, combiné à un autre, qui aurait provoqué l'avalanche afin de séparer les élèves des professeurs.
– Nos parents ont été prévenus, dit Momo. En ce moment même le lycée est assailli par les journalistes, puis ce n'est sans parler des médias français qui dénoncent l'incapacité de Yuei à protéger ses élèves.
Les poings de l'adolescente se serrèrent, et Shoto la fixait en ayant en tête une vague de pensées toutes liées à ce qu'il venait de se passer. Eux, les apprentis super-héros, venaient de se faire humilier par des vilains.
– Nous rentrerons au Japon lorsque tous les élèves seront sur pieds, prit soin d'ajouter Tsuyu.
La grande brune approuva en hochant de la tête.
– L'Alliance des Vilains, répéta Shoto.
Pour une raison qu'il n'aurait su dire, ce nom lui disait vaguement quelque chose. Peut-être qu'Akane lui en avait déjà parlé ?
– Bien, nous allons te laisser, reprit Momo en se levant. Nous allons voir Izuku, à plus tard Shoto.
– À plus tard.
Les deux jeunes filles s'en allèrent, et l'infirmière laissa échapper un léger soupir. Shoto se tourna vers elle, ayant presque oublié sa présence.
– Plus rien ne sera comme avant désormais, sois en sûr mon garçon. C'est le deuxième grave incident que vient de vivre notre établissement, et je peux te dire qu'après cela... Des grandes mesures seront prises.
– Vous avez dit que c'est le deuxième incident dont est victime Yuei, cela signifierait qu'il y a déjà eu quelque chose avant ?
Recovery Girl baissa les yeux. Elle hésita quelques secondes, puis enfin elle se décida à parler.
– Tu m'as l'air très mature pour ton âge. À mon avis, je ne vais rien t'apprendre au vu de ce que tu as vécu lors de ton stage en entreprise aux côtés de ton père. Il y a quelques temps de cela, un membre de la plus grande organisation criminelle que le monde n'ait jamais connu ait parvenu à s'introduire dans le lycée. Il a blessé très gravement Hound Dog, qui etait chargé de la sécurité cette nuit-là. Aujourd'hui encore, nous ignorons ce que la Némésis est venue chercher au sein de notre établissement. Il est trop dangereux de s'approcher de ces criminels, même All Might ne serait pas à même de les éliminer sans un plan digne de ce nom.
– La guilde des Vengeurs, et l'Alliance des Vilains..., murmura Shoto. Que va faire Yuei ? s'interrogea-t-il.
Recovery Girl se leva et laissa échapper un soupir.
– S'ils veulent s'en prendre aux élèves, il faut que leurs tentatives échouent. Et pour se faire, il est nécessaire de revoir tout le système pédagogique inculqué aux futurs super-héros. Nous ne pouvons plus nous permettre de vous traiter comme des enfants ordinaires, vous êtes probablement ceux qui devront affronter de front ce nouveau type de danger. All Might, Endeavor, Eraserhead... Ces héros ont déjà marqué leurs histoires, à vous de marquer la vôtre.
Sur ces dernières paroles elle s'en alla, non sans saluer le jeune Eijiro Kirshima qui venait tout juste d'arriver devant la chambre de Shoto.
Le jeune garçon aux cheveux rouges arborait un regard attristé, et semblait assez préoccupé. Au vu de l'état d'Eijiro après la disparition de Katsuki, Shoto n'osait même pas imaginer l'étendue de la peine qui devait assaillir Izuku en cet instant même. En effet, en dépit de la brutalité dont pouvait faire preuve Katsuki vis à vis de ce jeune garçon à la touffe de cheveux noirs aux reflets verts, il n'en restait pas moins son ami d'enfance. Eux deux étaient étroitement liés, et en ayant fait la connaissance d'Akane, Shoto comprenait désormais comment une relation dont la base était de l'amitié ou encore de l'amour, pouvait devenir complexe et ambiguë.
– Ça va, tu t'en sors ? demanda Eijiro avant de s'asseoir sur cette chaise qu'avait occupé Momo peu de temps avant lui.
– Oui, et toi ? Tu n'as pas été blessé ?
– Non, j'ai fait partie des chanceux qui ont très vite retrouvé le chalet. Et pendant ce temps, mon pote se faisait enlever. Mais quel genre de mec je suis ? termina-t-il en un rire amer.
Le jeune Todoroki fut surpris en voyant que le regard de son camarade de classe devenait luisant. Il ne fallait pas être constamment avec la seconde A pour savoir que ce garçon aux cheveux rouges aimait hurler haut et fort que pour lui, un homme devait constamment faire preuve de virilité. Malheureusement, pour le jeune Eijiro, pleurer était quelque chose qui était en contradiction avec sa philosophie de vie. Shoto aurait aimé le contredire. Quand bien même il ne le faisait jamais, il avait conscience au fond de lui que pleurer était un signe d'humanité, cela prouvait que l'on avait encore des choses à protéger, des choses que l'on aimait. Il savait tout ça, parce que son père n'avait jamais pleuré.
– Je ne peux pas ! hurla Eijiro en cognant ses poings contre ses cuisses. Izuku est désemparé lui aussi, je n'essaie même pas d'imaginer à quel point il est frustré ! Katsuki s'est fait prendre devant ses yeux, mais il n'a rien pu faire parce que son corps ne répondait plus après tout ce qu'il avait fait.
– Je comprends, lança Shoto. Je comprends sa frustration, ce sentiment d'impuissance quand quelqu'un nous file entre les doigts et que l'on sait que l'on aurait pu faire quelque chose.
Il ouvrit sa main bandée, et put presque de nouveau sentir cette sensation qui lui avait serré la poitrine lorsqu'il avait su qu'Akane s'en était allée avec Sirius.
– Avec Izuku, on veut aller le chercher, conclut Eijiro. J'ai entendu Momo toute à l'heure, elle discutait avec les flics qui étaient en correspondance avec All Might. Pendant le drame, elle avait croisé une créature bizarre, qui ressemblait beaucoup à celles qui avaient envahi Kamino il y a pas si longtemps de ça, expliqua le jeune homme. Grâce à l'aide d'un élève de la seconde B elle a pu placer un mouchard sur ce vilain, et elle possède à sa disposition un détecteur.
Eijiro riva un regard déterminé sur Shoto. Ce dernier comprit sans le moindre doute sa volonté.
– Elle a dit qu'ils étaient au Japon. Je ne peux pas rester les bras croisés. Je vais demander à Momo de me fournir un détecteur, et je vais y aller. Maintenant, il me reste plus qu'à le dire aux autres.
– Tu veux savoir si pour moi c'est ok, c'est ça ?
Son camarade de classe hocha simplement de la tête.
– Je ne porte pas Katsuki dans mon cœur, mais c'est un élève de la seconde A et puis il est dans mon groupe pour l'exam'. C'est OK.
Le jeune garçon était sûr de sa décision, rien ne pouvait le faire changer d'avis. Désormais, il ne restait plus qu'à savoir si Momo allait se ranger de leur côté ou non.
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Salut à tous !
Comme vous avez pu le constater, les vacances touchent à leur fin et je n'ai toujours pas achevé La Malédiction des héritiers. Je vous avoue qu'une partie de moi n'a vraiment pas envie d'écrire le dernier chapitre de cette histoire, parce que ça me peinerait vraiment de devoir dire au revoir à Akane, Shoto, Takara, Mike, Asta et le reste de la clique.
Je pense que dès la rentrée les derniers chapitres ne seront pas publiés régulièrement et je m'en excuse d'avance.
J'en profite ensuite pour vous dire que le 31 août ce sera l'anniversaire de cette histoire, qui aura un an ! Ce n'est qu'un détail je sais, mais ça me fait quand même tout drôle de me dire que voilà maintenant un an que j'écris La Malédiction des héritiers. Ce simple constat suffit à me dire que le temps passe grave vite en fait, même si quand on est plongé dans sa journée on le capte pas d'emblée.
Enfin bref, j'espère en tout cas que ce chapitre vous a plu. Je suis prête à parier qu'au vu de la fin de ce chapitre, vous pensez être en mesure de deviner la suite de l'histoire qui devrait normalement correspondre au manga. Eh bien, je tiens à vous prévenir qu'encore une fois je vais profiter de ma liberté en tant qu'auteur, et non, je ne suivrai pas automatiquement la trame originelle du manga.
Sur ce, je vous dis à très bientôt !
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