CHAPITRE 55 : MAÎTRISE
CHAPITRE 55 : MAÎTRISE
Assis sur le bord de la fenêtre, Henael laissait ses pupilles sombres entourées d'iris écarlates, contempler le paysage nocturne dans lequel baignait Tokyo. Des lumières scintillaient de toutes parts et déchiraient l'obscurité ambiante qui se devait de régner à une heure aussi tardive de la nuit. Sur cet aspect, la capitale du Japon lui évoquait sans contester New-York.
Il régnait à l'extérieur un air glacial qu'il n'avait de cesse d'idéaliser. L'homme à la chevelure auburn dont le visage était caressé par les rayons pâles de l'arc argenté brillant dans le ciel, aimait apprécier la façon dont le froid soufflait sur lui, allant jusqu'à refroidir l'intégralité de ses os. Sa cape noire - nouvel élément de la tenue de la Némésis que Jill avait pris soin d'ajouter - virevoltait derrière son dos, produisant ainsi à certains moments le son léger d'un claquement de tissu.
Henael fronça des sourcils.
Quand bien même il était de dos, il avait été en mesure de déceler la présence d'un individu juste derrière lui.
– Tu es en retard, se contenta-t-il de dire.
La silhouette avança, avant de s'arrêter près de la fenêtre.
– Tu as bien de la chance de posséder un alter Henael, commença une voix juvénile teintée d'une touche de malice. Moi, je ne peux me permettre de contempler le paysage, assis de la sorte au bord de ma fenêtre. C'est vrai, je pourrais dégringoler d'une seconde à l'autre et me fracasser la tête contre le gravier, ce ne serait pas...
– Abrége.
Le ton qu'avait employé Henael fut cinglant et était en parfait accord avec l'obscurité effrayante qu'abritait son regard à cet instant même.
Un léger rire retentit à quelques centimètres de lui. Du coin de l'œil il était en mesure d'apercevoir cette chevelure blanche atypique dont était possesseur son interlocuteur.
– Je voulais savoir, reprit-il cette fois-ci d'un ton plus sérieux, comment avançait la phase une de l'opération.
– Pas comme tu l'avais prévu.
– Pardon ? Henael, ce n'est pas ce que j'attendais de toi, souffla son interlocuteur d'une manière presque infantile.
Il serra son poing ganté, et grinça des dents derrière le masque qui dissimulait le bas de son visage.
– Pour l'instant, le seul alter élémentaire que j'ai en ma possession est l'eau. D'ici quelques temps, j'aurais le feu. Ensuite, je partirai à la recherche des autres : la terre, l'air et la foudre.
– N'oublie pas le plus important.
Il osa regarder de travers ce jeune homme mystérieux.
– Je sais. Ce sera très bientôt une affaire réglée. J'ai déjà intégré au sein même de mon corps, les alters que tu voulais absolument posséder. Alors j'ai la force nécessaire pour m'accaparer de ceux qui manquent. Et de ton côté ? J'espère que tu avances comme il se doit.
Le jeune homme dont l'âge devait se situer dans la vingtaine, laissa échapper un léger rire.
– Henael, tu es toujours aussi désagréable. Pour répondre à ta question, j'ai sollicité l'aide de grands scientifiques dans le monde afin de pouvoir résoudre les mystères autour de cette machine. Je pense que nous pourrons aborder très bientôt la dernière phase du plan.
– Si je comprends bien, je dois me dépêcher, conclut Henael en se redressant avec une agilité remarquable.
Il dégagea l'une de ses épées de son fourreau. La lame scintillante de l'arme brilla dans l'obscurité. D'un geste, il la pointa en direction de la ville qui s'étendait sous ses pieds, celle qui allait connaître souffrance, destruction et guerre.
– Dès que j'aurais fini mon cher Byakuya, reprit-il, nous allons sans plus tarder procéder à l'extermination des super-héros dans le monde entier.
– Et j'ai l'homme qu'il nous faut.
Shoto Todoroki fut bien surpris d'apercevoir les super-héros du fameux groupe Wild Wild Pussycats, démunis de leurs fameux costumes de chats. En même temps, avec de telles conditions de températures le jeune homme avait du mal à imaginer comment quiconque pouvait oser se promener avec ne serait-ce qu'une minuscule partie de sa peau exposée à l'air libre. Tous étaient émitoufflés dans leurs écharpes immenses, leurs bonnets bien chauds et bien-sûr leurs doudounes spécialement conçues pour l'hiver. Pour sa part, Shoto avait ses mains gantées enfoncées dans les poches bien chaudes de sa veste rouge, et son cou était protégé par un cache-col blanc.
Les élèves de la seconde A et B avaient tous les yeux rivés sur le chalet illuminé qui se dressait en face d'eux. La beauté de cette maison de montagne était encore plus mise en valeur avec le somptueux décor nocturne qui régnait aux alentours. Le toit était recouvert de plusieurs couches de neige, tout comme les branches des magnifiques sapins qui se laissaient d'ailleurs malmener par le vent qui soufflait.
Le ciel était teint d'un bleu nuit qui avait le don de faire émerger les couleurs fascinantes des étoiles. Ces dernières avaient colonisé la voûte céleste, certaines brillaient par le biais d'une blancheur éclatante tandis que leurs voisines avaient opté pour une couleur plus bleutée ou encore orangée pour les plus audacieuses. Shoto s'émerveilla à l'instar de ses camarades, et il reconnut sans peine la constellation de Cassiopée. Aussitôt, ses pensées retrouvèrent Akane qu'il avait dû laisser à des kilomètres de lui. Un petit pincement se logea dans son cœur, mais il n'eut pas le temps de s'attarder plus que ça, car déjà Monsieur Aizawa s'adressait à eux.
– Nous allons monter les bagages, et réjouissez-vous car vous avez une totale liberté dans la sélection des chambres, annonça-t-il à la grande joie des élèves. Il y a cinq chambres pour les filles, et de même pour les garçons. Dès lors, vous allez ranger vos affaires, vous installer et nous passerons vous appeler pour prendre le dîner, et enfin, vous expliquer comment va se dérouler le séjour.
– Autre précision, dès que vous aurez toutes les informations vous filerez au lit sans discuter, poursuivit le professeur principal de la seconde B du haut d'une voix grave qui contrastait avec celle de son collègue. Nous passerons dans les chambres afin de vous retirer téléphones portables et toutes autres distractions dans le genre. N'essayez surtout pas de cacher quoi que ce soit, ou vous risquez de le regretter.
Beaucoup furent ceux qui se mirent à râler. Eijiro laissa une mine abattue prendre possession de ses traits, avant de soupirer.
– Bon bah c'est mort pour notre partie..., fit-il remarquer à Denki et Katsuki.
– Rien à faire, je ne comptais pas jouer avec vous ! prit soin de remarquer ce dernier.
Sur ces dernières paroles, les élèves s'empressèrent d'empoigner leurs bagages et d'entrer dans le chalet. Ce fut assez rapide pour Shoto qui n'avait pas emporté beaucoup d'affaires. Quelques minutes plus tard, il se retrouva dans une chambre assez spacieuse, possédant une immense baie vitrée qui laissait une vue imprenable sur le paysage enneigé.
– Je peux m'installer ici ?
Shoto se retourna et aperçut le visage souriant d'Izuku Midorya.
– Bien-sûr.
Bientôt, Tenya se joignit à eux. Ce dernier avait un léger retard sur le rangement de ses affaires car il avait été occupé à aider Momo à monter les siennes. Les trois garçons accueillèrent ensuite Fumikage Tokoyami et Mashirao Ojiro. Shoto était plutôt satisfait des personnes avec qui il allait devoir partager la chambre durant ce séjour. Une bonne ambiance fut très vite installée, elle était calme et sereine. Izuku exprimait l'étendue de sa détermination, tandis que Tenya leur rappelait qu'il était primordial de faire preuve d'un sérieux implacable lors de ce séjour. Tous avaient déjà en tête de décrocher le permis provisoire promis aux meilleurs d'entre eux. Leur discussion fut coupée lorsqu'ils entendirent trois coups retentir depuis la porte, et quelques secondes plus tard la voix de Mandalay leur hurlait que l'heure du dîner était arrivée.
– BON APPÉTIT !
La voix d'Eijiro Kirshima et son français terrible, résonna dans toute la pièce chaleureuse. Le garçon aux cheveux rouges avait demandé plusieurs fois à Yuga de répéter cette phrase afin de pouvoir la lancer lors du dîner. Les élèves ne tardèrent pas à exploser de rire, puis Denki jugea bon de préciser qu'il avait tellement faim qu'il se sentait capable de manger un homme. Tous complimentèrent la qualité de la cuisine française qu'ils purent savourer par le biais de ce gratin dauphinois qui leur avait été servi. Tous excepté Katsuki Bakugo bien-sûr, qui mettait un point d'honneur à affirmer que "la bouffe de sa vieille était meilleure".
Et enfin, Yuga se sentait comme un poisson dans l'eau au sein de ce chalet français. Il ne cessait de laisser échapper de temps à autres des mots dont Shoto aurait bien voulu avoir la traduction.
– Hmm... C'est tellement bon ! lança Occhaco en goûtant le fondant au chocolat.
Shoto regardait d'un œil amusé toute la joie qui régnait autour de lui. Jamais il ne se serait cru capable de tenir un minimum à ces personnes qui s'agitaient et se lançaient des pics avant de rire aux éclats.
– Tiens, c'est Kota...
Shoto redressa la tête en entendant la voix triste d'Izuku. Il ne tarda pas à remarquer que le jeune garçon se sentait attristé par le départ précipité du jeune Kota. Le gamin, qui n'était ni plus ni moins que le cousin de l'héroïne Mandalay, avait un comportement assez compliqué à sonder. Avec sa casquette rouge et son regard colérique, il pouvait faire penser à une miniature de Katsuki Bakugo en version brune.
– Ce pauvre garçon me fait de la peine, avoua Izuku. Depuis qu'on l'a connu au camp d'été, il n'a pas changé et semble toujours porter un regard péjoratif envers les super-héros.
– Prouve lui qu'il a tord, répondit simplement Shoto.
Le regard du jeune brun dont la chevelure laissait voir des reflets verts s'illumina aussitôt. Il ouvrit la bouche, visiblement prêt à dire quelque chose mais ce fut au même instant que Monsieur Aizawa les prévint que le dîner était terminé. De ce fait, après une trentaine de minutes accordées à la digestion, ce fut déjà place aux choses sérieuses.
– Élèves de la Seconde A, commença Aizawa, officiellement le but de cet examen est le passage en première. Mais, je vous en donne un autre beaucoup plus compliqué, mais dont je vous sais capable d'accomplir : l'obtention de ce permis provisoire.
– Ça vaut également pour vous les secondes B ! hurla leur professeur principal du haut d'un ton conquérant. N'oubliez jamais la devise de notre établissement, parce qu'elle est bien plus qu'une simple phrase, ce sera votre philosophie en tant que super-héros.
– Oui !
La détermination affluait dans leurs voix. Le fameux "Plus Ultra" battait dans leurs veines et agissait à la manière d'un tonique.
– Maintenant, procédons sans plus tarder à l'organisation de ce séjour mes petits ! s'exclama Pixie-Bob en rivant sur les élèves un regard verdâtre et animé. Le réveil aura lieu à sept heures ! Ce sera un peu dur pour vous, en raison du décalage horaire, mais ce n'est rien de grave n'est-ce pas ? Ensuite, à huit heures et demi, vous allez rejoindre votre groupe et le super-héros qui sera là pour superviser !
Shoto ne put que constater que la super-héroïne était toujours aussi enthousiaste que lors du camp d'été. La blonde ne semblait pas du tout victime de la fatigue provoquée par le long voyage, contrairement aux élèves et même Monsieur Aizawa.
– Même si j'aurais pour rôle de superviser un groupe, n'oubliez pas que mon alter me permet de tous vous surveiller, et sans aucune exception ! s'exclama Ragdoll, autre membre du groupe Wild Wild Pussycats.
– Si nous avons choisi la montagne pour l'entrainement, c'est afin de vous préparer à affronter les pires conditions climatiques, expliqua Vlad. Comme on a pu en informer vos parents lors de la réunion d'informations, l'examen de passage en première n'aura pas lieu au Japon. Ensuite, lors de ce séjour vous serez peut-être amenés à discuter avec des inconnus, qui n'ont pas la même langue maternelle que vous. De ce fait, n'hésitez pas à mettre en pratique vos cours de langues étrangères. Je vous rappelle que lors des épreuves, vous serez en équipe avec une si ce n'est deux personnes qui ne seront pas originaires du Japon.
Tous hochèrent de la tête pour mettre en évidence le fait qu'ils avaient compris les paroles dites par les instituteurs. Après quelques mises en garde et des dernières explications, les élèves purent enfin regagner leurs chambres. Shoto sentait ses paupières devenir de plus en plus lourdes, il ne pensait qu'à se jeter dans ce lit et s'endormir en paix. De ce fait, il ne cilla même pas lorsque Tenya leur ordonna de prendre une douche et se brosser les dents immédiatement avant de dormir. Si le jeune Todoroki avait pour coutume d'arborer un visage neutre dénué d'une quelconque émotion, en cette soirée, il avait élevé la barre encore plus haute.
Quelques minutes plus tard, il sortit de la salle de bains vêtu de son pyjama. Il fronça des sourcils en voyant adossé au mur Katsuki, qui semblait l'attendre de pied ferme.
– Oh, Katsuki.
Ce dernier ferma les yeux quelques secondes, comme si la simple vue de Shoto suffisait à le mettre hors de ses gonds.
– J'ai parlé à la meuf. Megan Lawrence, elle s'appelle comment ça.
Shoto haussa les sourcils, laissant ainsi transparaître l'étendue de sa surprise.
– Comment t'as...
– J'ai demandé au prof de me filer ses coordonnés, et je lui ai parlé par réseaux. Je crois que t'as pas capté double-face, on sera peut-être en équipe mais le prof nous a dit que dans le cadre de l'obtention du permis on sera en rivalité, poursuivit-il en laissant un sourire sadique imprégner ses lèvres.
Il semblait déjà visualiser sa future victoire.
– Ça veut dire que tu connais son alter ? devina Shoto.
Il se claqua mentalement. Katsuki semblait s'être mieux préparé que lui. À la manière d'un général de guerre, il avait déjà récolté des informations sur leur futur coéquipière, mais aussi, celle devant qui il leur faudrait faire la différence.
– Qu'est-ce que tu crois !? hurla-t-il. C'est la première chose que je lui ai demandé ! Moi au moins, je perds pas mon temps avec une copine ou quoi !
– Si tu parles d'Akane, je n'ai qu'une seule chose à te dire : tais-toi, lâcha Shoto non sans serrer les poings.
Aussitôt, il sentit la main de Katsuki l'agripper par le col. D'un geste désinvolte, le jeune garçon se libéra de sa poigne colérique.
– Je vais t'écraser, grogna le blond. Cette fois-ci, tu ne pourras pas jouer le gamin capricieux qui veut se moquer de moi, hein ? On veut tous les deux ce permis, alors Shoto Todoroki t'as intérêt à utiliser tes putains de flammes et me montrer toutes tes capacités. Tu n'auras pas le choix, parce qu'autrement tu vas crever.
Pendant quelques secondes, Shoto essaya de se rappeler de toutes les raisons qui l'empêchaient de lui envoyer son poing en pleine face. Sur ces mots, le blond se retourna et s'en alla en fourrant ses mains dans ses poches. Le jeune Todoroki le regarda s'éloigner, sourcils froncés. Son caractère de chien commençait sérieusement à l'agacer, et il était bien décidé à lui montrer ce qu'il valait lors de ces examens.
– En fait, c'est la météo ! hurla Katsuki non sans daigner se retourner.
Shoto fut tenté de lui demander de quoi est-ce qu'il parlait, mais il lui en fallut peu pour comprendre qu'il faisait référence à l'alter de cette jeune Megan.
Shoto avait été affecté à l'équipe d'Aizawa. Une des premières choses qu'il avait pu constater était la suivante : le professeur principal ne plaisantait pas lorsqu'il disait qu'ils allaient en baver.
Bien qu'on leur avait donné des combinaisons spéciales adaptées à leurs costumes originales de super-héros, afin d'être à l'aise au sein de cet environnement montagneux, même après trois jours, le garçon peinait toujours à s'adapter aux pentes enneigées, aux vents glaciaux qui les empêchaient presque d'avancer et enfin, à la neige qui s'incrustait de partout dans leurs vêtements.
Ce jour-là, le professeur de la seconde A annonça à ses élèves qu'ils allaient perfectionner leurs attaques spéciales. Dès lors, chacun se mit en place et n'attendit pas une seule seconde de plus pour s'exercer. Shoto ouvrit ses mains, prêt à mettre en œuvre ce qu'il avait appris durant ces trois jours. Il s'accroupit et posa la paume de sa main droite sur le sol enneigé. Une partie de lui devint insensible au froid qui régnait au sein des montagnes françaises. De la buée s'échappa de sa main gantée. Il raffermit le contact qu'il avait établi avec le sol, sa main s'enfonça dans la neige et aussitôt une pente glacée fit son apparition sur un bruit de cristallisation. Le garçon profita de sa création, et s'en servit afin de se projeter dans les airs. Sous l'effet de la vitesse, le froid s'engouffra dans sa tenue et souffla sur ses joues. Sa chevelure fut projettée en arrière sous l'effet des bourasques. Il serra les dents, ouvrit la paume de sa main gauche prêt à faire jaillir ses flammes, et les abattre sur l'obstacle aérien qu'avait installé Pixie-Bob pour les élèves ayant développé des attaques spéciales en hauteur. Cependant, rien ne s'échappa de sa main. Il ne sentit pas cette sensation familière de la chaleur se diffusant sur ses doigts. Il écarquilla les yeux, et comprit alors qu'il avait été victime de l'alter de son professeur principal.
Sa pente disparut, et il sentit son corps basculer dans les airs. Le vent s'engouffrait à une vitesse phénoménale dans ses tympans, en proie à la panique il ne trouva rien d'autre à faire que de fermer les yeux. Heureusement, il sentit plusieurs bandages l'encercler alors que son visage était à quelques centimètres du sol, prêt à s'écraser contre la neige.
– Shoto, cette attaque est excellente si tu veux mon avis, commença l'instituteur. Mais, elle est prévisible. N'oublie pas que bon nombres de personnes t'ont vu à l'œuvre lors du tournoi sportif de Yuei. Alors, reprit-il en un soupir, ils pourront deviner ce que tu vas faire. Il faut que tu crées la surprise. Énonce ton alter à voix haute s'il te plaît.
Shoto fronça des sourcils tandis que son corps se balançait de droite à gauche. Shota Aizawa cligna des yeux, et le garçon atterrit au sol en douceur.
– Maîtrise du feu et de la glace, prononça Shoto.
Le professeur émitoufflé dans une écharpe immense qui couvrait le bas de son visage, hocha de la tête.
– Bien. Retiens ce mot : maîtrise.
Puis, il s'en alla et se dirigea vers la jeune Momo qui était concentrée dans sa manœuvre. Le jeune garçon à la chevelure bicolore regarda autour de lui, et put voir à quel point chacun de ses camarades se surpassaient. Un cri de rage s'échappa des lèvres d'Izuku tandis qu'il venait d'asséner un coup de poing magistral à la cible qu'il visait.
– Non, murmura-t-il. Ce n'est pas ça. All Might m'a dit d'innover.
Voyant son camarade de classe plongé dans son entraînement, Shoto secoua la tête afin de reprendre ses esprits. Ce n'était pas le moment de rêvasser.
Il ouvrit les paumes de ses mains et fronça des sourcils, déterminé à comprendre où désirait en venir son professeur.
Il s'arma de patience, et fit tournoyer dans ses mains le feu et la glace. Il ferma les yeux, et tenta de visualiser comment atteindre l'attaque spéciale parfaite. Il n'y arrivait pas.
– Allé, la solution ne doit pas être bien compliquée.
Une heure passa, puis deux. Shoto n'avait toujours pas trouvé la bonne issue. Le mot "maîtrise" tournait en boucle dans son cerveau, à la manière d'un vieux disque. Son entraînement était assez spécial, contrairement aux jours précédents où ses capacités physiques étaient mises à rude épreuve, cette fois-ci c'était la totalité de son esprit qui devait s'animer. Le garçon faisait apparaître sa glace et ses flammes, et essayait de sonder ces éléments, plongé dans un décor montagneux.
Il était tellement happé par son travail, qu'il ne réalisa même pas qu'il était déjà midi.
"C'est l'heure du repas ! "
Il reconnut la voix de Mandalay qui venait de résonner dans sa tête. La trentenaire avait usé de son pouvoir de télépathie pour leur transmettre le message de retrouver le point de rendez-vous où ils allaient prendre leurs sandwiches.
– Alors cet entraînement ? voulut savoir Eijiro qui était dans l'équipe de Tora.
Izuku répondit, et très vite ils furent rejoints par les autres élèves de la classe. De son côté, Shoto mangeait son sandwich en silence, les yeux rivés vers l'horizon. L'entraînement le hantait.
– Tiens, Kota a fait un bonhomme de neige, remarqua Izuku.
Le jeune Todoroki redressa la tête et fixa l'enfant, isolé de tous.
Izuku quitta la table avant de rejoindre le cousin de Mandalay. Ce dernier, en voyant que quelqu'un venait de l'approcher redressa la tête avec lenteur. Après une courte conversation, Kota lança une boule de neige sur le visage de son interlocuteur, avant de partir en courant, colérique.
– Il y a quelques secondes il faisait un bonhomme de neige, et maintenant il attaque Izuku avec ce même élément. Cet enfant est plutôt bizarre, fit remarquer Momo.
Le mot "maîtrise" prit aussitôt tout son sens dans l'esprit de Shoto. Désormais, il comprenait où désirait en venir son professeur principal. Les pièces du puzzle éparpillées dans son cerveau venaient enfin de s'assembler, et formaient un schéma logique. Il se souvint alors de toutes les attaques d'Akane. À ses débuts, Endeavor lui avait appris les bases, puis au fil de son apprentissage elle en était venue à manier ses éléments. Elle était à peu près capable de leur donner la former qu'elle désirait. Puis, Shoto visualisa les combats de son père. Il usait de ses flammes pour voler en prenant appui sur des murs par le biais d'un feu fondu, avant de bondir sur son ennemi et l'attaquer avec des flammes auxquelles il avait donné la forme d'une arme.
Shoto n'attendait plus que de reprendre l'entraînement.
Il peinait à donner à ses flammes une forme différente. Sa source d'inspiration n'était ni plus ni moins que le fameux Sirius Blackthorne. Il désirait transformer son élément ravageur en aiguilles qu'il pourrait envoyer sur son adversaire après s'être projeté dans les airs. Mais, il ne parvenait pas à établir une telle manœuvre.
Il laissait échapper des cris de frustration sous l'œil satisfait de Monsieur Aizawa qui semblait voir que son élève avait compris où il désirait en venir.
Shoto réitèra son attaque. Il plaqua sa main contre le sol, une pente glacée naquit et il se propulsa dans les airs par le biais de cette dernière. Il envoya un torrent de flammes vers sa cible, et se concentra afin de changer la forme arborée par son offensive... Mais son attaque demeura un amas de feu qui alla brûler sa cible.
– Mince !
Il atterrit sur la neige, un genou à terre.
Il était prêt à se redresser, quand soudain, un grondement sourd retentit autour d'eux, si ce n'est, dans toute la montagne. Le jeune homme redressa la tête, tandis qu'un souffle de stupeur s'échappa de ses lèvres. Tous ses camarades eurent une réaction similaire à la sienne.
Aizawa fronça des sourcils, et lança des coups d'œil furtifs dans toutes les directions. Shoto avait deviné avec clarté qu'à son instar, le professeur principal de la classe avait remarqué qu'une atmosphère étrange venait de s'abattre en ces lieux.
– Senseï ! dit Momo, que se passe-t-il ?
Il faisait beaucoup plus froid. Un sentiment d'insécurité se mit à planer dans l'air. En quelques secondes, c'était comme si tout le décor autour d'eux s'était métamorphosé, arborant ainsi un aspect inquiétant.
– Je l'ignore, Mandalay vient de me poser exactement la même question par télépathie, répondit le professeur d'une voix calme qui laissait constater l'étendue de son sang-froid.
Shoto se redressa enfin, et regarda autour de lui, les sens en alerte. Le ciel qui était jusque-là ensoleillé s'assombrit de manière brutale. Le soleil fut noyé par une obscurité malsaine.
– Il faut qu'on rentre, conclut le professeur. J'ai un mauvais pressentiment. Rangez-vous et suivez-moi ! ordonna-t-il ensuite à ses élèves.
Alors que tous furent sur le point de s'exécuter, la voix féminine de Tsuyu les interpella.
– Attention !
À peine ce mot fut-il sortit des lèvres de la fille aux gènes de grenouille, qu'un torrent de neige impressionnant fonça droit sur eux. En quelques micro-secondes, il fut devant les yeux écarquillés de Shoto. Une masse abondante et blanche allait lui broyer les os sans aucune pitié. Le grondement furieux qui accompagnait la venue de cette catastrophe laissait deviner l'étendue de la violence qu'elle logeait en elle. Ses oreilles ne percevaient plus les sons aux alentours. Il allait être dévoré.
Que faire face à une telle situation qui se déroulait en l'espace de quelques secondes infimes ? Il aurait aimé courir, faire quelque chose qui serait en mesure de protéger les personnes autour de lui.
Mais c'était impossible.
À la vitesse de l'éclair, une ribambelle de souvenirs se percutèrent dans son esprit. Il s'aperçut de nouveau, disant à Izuku que lui aussi voulait devenir un super-héros. Il se souvint de toutes les valeurs qu'il voulait acquérir. Il se souvint de celui qu'il voulait devenir, alors que l'avalanche de neige venait de les dévorer.
. . .
Il était essoufflé.
Avait-il réussi ou pas ?
Il eut réponse à sa question lorsque la voix de Momo lui parvint à l'oreille.
– Merci Shoto.
Il riva ses pupilles sombres sur le cristal autour d'eux, qui les protégeait.
Cette matière cristallisée qui se dressait au dessus d'eux à la manière d'un dôme, n'était ni plus ni moins que sa propre création. Il avait maîtrisé sa glace, en un temps presque imperceptible sa main droite avait manié cet élément afin de lui donner l'aspect désiré. Ne réalisant pas encore l'étendue de la situation, il tourna les yeux, et se retrouva en face du regard de la vice-déléguée, de Tsuyu et de Denki.
– Où sont les autres ? demanda-t-il en remarquant l'absence d'Izuku et des autres personnes du groupe.
– On en sait rien ! paniqua Denki. C'était quoi ce truc bordel ? Il faut les retrouver !
Shoto fit disparaître la bulle de cristal, et ce fut en même temps que ses camarades qu'il réalisa l'ampleur des dégâts causés. Il n'y avait plus personnes aux alentours, le reste du groupe avait disparu de même que le professeur. Le ciel était grisâtre, et des vents sinistres soufflaient sur les quatres adolescents. Ces derniers se mirent à vaciller, la neige à leur pieds s'était élevé et Shoto n'apercevait même plus ses bottes noyées sous les couches épaisses.
– J'ai l'impression qu'on... Qu'on a atterrit quelque part d'autre, révéla Momo entre deux souffles de fatigue.
Shoto aurait voulu dire qu'il pensait la même chose qu'elle, mais il fut interloqué par la façon dont Tsuyu se mettait à trembler.
– Tout va bien ? s'enquit Denki en s'approchant de la jeune fille.
Ses lèvres étaient devenues violacées, et elle laissa échapper un petit couinement avant de se mettre à divaguer. Ses paupières se fermaient sous les yeux effrayés de ses camarades.
– NOOOON ! Tsuyu je t'en prie ce n'est pas le moment ! la supplia le blond du groupe.
– Il fait trop froid, grelotta Momo. Elle est en train d'hiberner, et c'est dangereux pour elle dans de telles conditions.
Denki qui portait leur camarade endormie dans ses bras écarquilla les yeux.
– Il faut qu'on retourne au chalet le plus vite possible !
– Il faut surtout lui procurer de la chaleur tout de suite, ajouta Momo.
Sa combinaison chauffante lui collait à la peau, et était conçue de telle sorte qu'elle puisse être à même de créer des objets quand bien même sa peau était recouverte. Une couverture grise jaillit de son dos, et Shoto s'en empara avant de l'enrouler autour de la jeune Tsuyu qui était définitivement plongée dans un sommeil profond.
– On doit retrouver les autres avant de rentrer au chalet, dit-il.
– Je ne suis pas d'accord avec vous, répondit aussitôt une voix masculine qui leur était inconnue.
Une forme indéterminée traçait un carré dans la neige, et semblait s'amuser à les encadrer de la sorte. Très vite, la chose se redressa avec lenteur et une silhouette enneigée se matérialisa devant leur yeux apeurés. Peu à peu, la masse en face d'eux arbora un physique humain qui correspondait à celui d'un jeune homme aux cheveux rouges et aux yeux aussi noirs que l'ébène.
– Qui êtes-vous ? hurla Denki en resserrant son emprise sur Tsuyu.
Il ne répondit pas, et se contenta de les fixer avec insistance. En dépit du froid terrible qui se propageait dans les environs, l'inconnu qui se dressait face à eux avait pour vêtements qu'un pantalon noir, des bottes et un large débardeur qui laissait presque voir son torse nu.
Shoto déglutit avant de froncer des sourcils. Guidé par son instinct, il se positionna devant ses camarades, désireux de les protéger. Il sentit un malaise s'immiscer en lui tandis que ses yeux se retrouvaient confrontés à deux gouffres obscurs et insondables.
– Tu vas nous dire ce que tu veux ? demanda-t-il.
Au même moment, un cri sortit de la bouche de Momo, et brisa le silence inquiétant qui venait de s'installer.
– Yaomomo ! paniqua le blond du groupe avant de se diriger en sa direction.
Quand bien même Shoto avait conscience qu'il était dangereux de quitter des yeux son adversaire, il ne put s'empêcher de tourner la tête afin de vérifier l'état de sa camarade. Il serra les poings, en apercevant qu'elle avait été coupée au niveau de l'épaule. Son vêtement maintenant déchiré, laissait voir la quantité de sang qu'elle perdait.
– C'est toi qui a fait ça !?
– Très bonne analyse. Dis-moi, c'est toi le leader de ce groupe de bras cassés ? dit-il d'une voix absente dénuée de toutes émotions.
Shoto sentit une haine sans nom se propager en lui. Il fut sur le point de lancer une attaque glaciale en direction de son ennemi, lorsqu'il se ravisa. Agir de la sorte le rendrait aussi impulsif que Katsuki. Dans un premier temps, il était primordial de protéger Tsuyu et Momo qui était blessée à l'épaule. Même si cette dernière s'était relevée et avait d'ores et déjà pansé sa blessure par le biais de son alter, Shoto ne voulait pas courir le moindre risque.
– Ma requête sera très simple, reprit le jeune homme d'une voix sépulcrale. Où est All Might ?
All Might ? C'était donc lui qu'il était venu chercher ? Denki laissa échapper un souffle de stupeur, visiblement surpris par ce que venait de leur demander leur interlocuteur. Cette question était étrange, et le ton de sa voix rendait les choses encore plus effrayantes qu'elles ne l'étaient déjà. Le jeune Todoroki savait que lui et ses camarades n'avaient pas le droit de se battre. L'idéal était sûrement de fuir et retourner au chalet, mais pour se faire il lui fallait débusquer la nature de l'alter de leur assaillant.
– On n'en sait rien ! hurla Denki.
– Ce n'était pas la réponse que j'attendais.
À peine eut-il prononcé ces mots, qu'un torrent de neige éclata depuis le sol. Un vent glacial se mit à tournoyer autour d'eux, et Shoto se protégea tant bien que mal, pestant contre lui-même d'être incapable d'esquisser le moindre geste pour dresser une protection autour de Tsuyu, que le blond de la bande protégeait tant bien que mal.
Il entendit des gémissements de douleur s'échapper des lèvres de ses camarades de classe, très vite, il fut également victime du vilain qui se dressait en face d'eux. Des stalactites de glace aiguisées se mirent à lui lacérer le corps, déchirant ainsi sa tenue et blessant sa peau mise à nue. Il serra des dents, mais en vain. Il ne parvenait pas à bouger, le vent autour d'eux était beaucoup trop ravageur, et les empêchait de bouger.
Comment allaient-ils finir ? Mais où étaient donc passés les professeurs et les autres élèves ?
Shoto cessa de se poser des questions. Il fallait qu'il agisse, qu'il se batte et peu importe s'il en avait le droit ou pas.
Il essaya de se concentrer sous la douleur. Il mit à rude épreuve la partie droite de son corps. Il allait exploiter sa glace au maximum. C'était son élément, et c'était donc à lui de résoudre ce problème de taille. Il serra les poings, et laissa le froid se générer en lui. Puis enfin, il ouvrit les yeux.
Son iris grise s'agrandit, et un immense bloc de glace fit son apparition et se répandit jusqu'à atteindre les pieds de leur agresseur.
Aussitôt, la tempête cessa et plus aucune armes aiguisées ne les atteignit. Shoto était essoufflé, épuisé. Du sang chaud glissait le long de son front, sa tenue était déchirée à plusieurs endroits et sa peau était en proie à la souffrance.
Il tourna légèrement les yeux, et se pétrifia en voyant l'état de Denki et Momo. Le garçon était le plus mal en point, car il s'était efforcé de prendre les coups à la place de la jeune fille qu'il protégeait en vain.
– Partez ! hurla-t-il. Momo, éloignez-vous et crée des objets qui pourront vous soigner ! Mais partez le plus loin possible et tentez par tous les moyens de regagner le chalet ! Je m'occupe de lui pour l'instant.
– On ne peut pas te laisser seul contre ce type ! s'indigna Momo. Il est trop dangereux !
– Et alors ? Agissez comme des héros bon sang ! cria Shoto. Ce n'est plus un exercice, on n'est plus dans le cadre scolaire sécurisé ! La seule consigne est de sauver nos vies !
Les yeux noirs de l'adolescente se fixèrent sur lui. Des larmes prirent aussitôt naissance au coin de ses yeux, tandis que ses poings se serraient.
– Vas-t'en Momo. À ta place, c'est ce qu'aurait fait Tenya. Et s'il t'arrivait quoi que ce soit, il ne me le pardonnerait jamais. Tout comme Eijiro et Katsuki ne me pardonneront pas s'il t'arrivait quelque chose Denki ! Et Ochaco et Mina seraient dévastées s'il arrivait quoi que ce soit à Tsuyu.
– Et Akane ? craqua la vice-déléguée. Qu'est-ce que tu fais d'elle ? Comment tu crois qu'elle va réagir s'il t'arrivait le pire ?
Shoto laissa un sourire se dessiner sur ses lèvres.
– Vous prendrez soin d'elle. Je vous fais confiance.
– Ils ne s'échapperont pas, dit tout simplement le vilain face à eux, le visage aussi glacial qu'un iceberg.
Comme pour prouver la véracité de ses dires, il agrandit ses yeux et une onde glaciale vint s'opposer aux deux jeunes gens.
– Arrête ça ! s'exclama Shoto en fonçant sur lui avant de tenter de lui asséner un coup de poing.
Mais, pour une raison inexpliquée, il ne parvint pas à atteindre son but, et se retrouva projeté au sol. Il serra les poings, colérique.
– Deuxième question : où est Katsuki Bakugo ?
Au même moment, une voix familière s'immisça dans l'esprit de Shoto. Il reconnut d'emblée Mandalay. Le ton dont elle usait laissait deviner l'étendue de la gravité de la situation. Loin d'être paniquée, l'héroïne professionnelle était cependant essoufflée. Le garçon comprit qu'elle aussi devait être plongée dans un affrontement crucial.
" Ordre des professeurs : vous avez l'autorisation de vous battre. Je répète, vous avez l'autorisation de vous battre. Privilégiez votre protection et celle de vos camarades. "
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En média, vous avez le thème de la Némésis !
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