CHAPITRE 53 : SURPRISES

https://youtu.be/lCLyRXZ3KXA

    Les médias ne cessaient de diffuser des images de l'attaque de ces humains artificiels à Kamino. Cependant, les dégâts n'avaient pas été considérables grâce à l'intervention d'All Might mais aussi celle de d'autres super-héros. Pour Endeavor, quand bien même la destruction de ces créatures fut assez facile, il n'en restait pas moins intrigué. Il voulait savoir d'où pouvaient bien provenir de tels monstres, car même après une vingtaine d'années de carrière il n'avait jamais vu de choses aussi immondes.
Puis, l'autre chose qui l'intriguait était la présence des deux jeunes adolescents, qui étaient les meilleurs amis d'Akane au passage. Selon Naomasa, ces gamins avaient découvert des informations sur un nouveau groupe de criminels qui émergeait : l'Alliance des Vilains. Endeavor commençait sérieusement à croire que réunir des personnes malintentionnées pour former un groupe de vilains était devenu la tendance de l'hiver. Si tel était le cas, il préférait de loin celle de l'année dernière qui n'était ni plus ni moins que des vestes en cuir dont les cols étaient faits d'une fourrure artificielle qui savait le faire éternuer.

-  L'Alliance des super-vilains tu dis ? répèta-t-il à l'intention du policier.

-  En effet, ce n'est pas la première fois qu'ils agissent. Disons que toutes leurs attaques précédentes ont été étouffées par les crimes de l'Ombre Vengeresse ainsi que ceux de la Némésis.

Le super-héros hocha de la tête et nota ces informations dans un coin de son esprit.

-  Pour l'instant, nous ne savons pas grands choses sur eux..., poursuivit le policier.

-  Tu te trompes, l'interrompit All Might. Ces humains artificiels semblent être une belle signature de la personne que tu sais.

Enji Todoroki haussa un sourcil et ses yeux bleus passèrent de Naomasa à All Might. Tout ça commençait sérieusement à l'agacer, il peinait même à comprendre qu'est-ce qu'il faisait là.

-  All for One, murmura le grand blond. C'est lui qui est derrière tout ça, j'en ai bien peur.

Si le père de Shoto avait toujours trouvé que son rival ne cessait de rire et sourire pour un rien, il fut surpris cette fois-ci en voyant l'expression sérieuse qui ornait les traits du symbole de la Paix. L'évocation de l'un des plus grands ennemis du Japon suffisait à lui retirer une quelconque envie de rire.

-  Tu n'as pas déjà vaincu ce type par le passé ? demanda-t-il.

-  Si, mais il a réussi à nous échapper.

Endeavor ne prononça pas le moindre commentaire et s'apprêta à partir. Mais, l'inspecteur présent dans la pièce l'interpella. Il se retourna avant de le toiser d'un œil sévère.

-  Je pense qu'il serait mieux de se concentrer sur cette affaire. Pour la Némésis, contentons-nous de signaler la recherche des membres dont nous connaissons l'identité sans en faire plus. Sois raisonnable Enji, nous ne pouvons pas agir tout de suite contre eux.

Le poing du super-héros s'était serré. Il avait raison, mais cela lui faisait un mal fou à l'admettre. Ce fut à cet instant qu'il réalisa qu'il avait voulu faire de la Némésis une affaire personnelle. Et le fait que ces derniers projetaient de s'en prendre à sa petite protégée suffisait à lui donner envie de les arrêter de sa propre main. Cependant, il ne s'agissait plus de simples criminels, mais d'individus recherchés de partout dans le monde, répertoriés en catégorie S.

-  Bien.

Ce fut tout ce qu'il dit avant de quitter ce bureau. Au fond de lui, il savait qu'encore une fois le monde comptait sur All Might pour les débarrasser de la Guilde des Vengeurs.

Asta ouvrit les yeux. Depuis deux jours, il était sûr de ne plus être le même. Il se sentait étrange. S'il avait toujours eu l'habitude d'entendre le bruit des ondes les plus imperceptibles, il n'arrivait toujours pas à comprendre comment se faisait-il qu'il puisse entendre une conversation se déroulant derrière la porte de sa chambre.

Puis, il y avait aussi ce flair qu'il avait développé. Il était capable de donner dans les moindres détails la composition du gel douche du médecin qui venait s'enquérir de son état. Mais là ne résidait pas le pire. Il était sûr de sentir l'odeur du sang de quiconque l'approchant. Il était à même de confirmer que ce liquide avait bien une odeur cuivrée, et il savait également qu'il circulait dans nos veines à une vitesse surprenante. 
Il fronça les sourcils. Tout ça était vraiment étrange. Les cheveux qu'il avait perdu avaient repoussé, et il se sentait capable de battre le record mondial du cent mètres. Les perfusions auxquelles il était soumis semblaient n'avoir aucun effet sur lui. Il regardait le plafond d'un blanc pur au dessus de lui, le visage marqué par la neutralité.

Il entendit retentir les pas du médecin. Ce dernier allait arriver dans quinze secondes. Les battements de son cœur étaient très réguliers, le docteur était en forme il n'y avait rien à dire la dessus.

-  Bonjour Monsieur Amane, commença-t-il. Comment vous sentez-vous aujourd'hui ?

Asta chercha les mots adéquats qui pourraient répondre à cette question. Il se sentait possesseur d'un corps qui n'était pas le sien, c'était comme si son âme s'était imprimée dans une nouvelle enveloppe corporelle. Il avait l'impression de vivre dans une seconde dimension, rythmée par la perception de choses qu'il ne pouvait pas voir, sentir ou entendre auparavant. Il déglutit.

-  Bien, finit-il par répondre.

Le médecin s'installa sur une chaise, et l'adolescent comprit que celui-ci voulait engager une conversation assez longue avec lui. Le quadragénaire qui lui faisait face prit un air sérieux, et commença à s'adresser à lui non sans avoir lancé un coup d'oeil à des feuilles qu'il tenait entre ses mains.

-  Il y a quelques temps il était clair que votre corps ne semblait plus en mesure de supporter les chimiothérapies. Vous aviez même perdu connaissance. Cependant, vos dernières analyses sanguines nous ont révélé quelque chose de très... Surprenant. J'irai même jusqu'à dire que c'en est presque anormal.

Asta fronça des sourcils. Pourquoi ne pouvait-il pas être quelqu'un comme les autres ? Il avait cette impression assez commune à tous, qui consistait à penser que notre propre personne était la seule sur Terre à être sujette à des phénomènes étranges.

-  Qu'est-ce que vous voulez dire ?

Le médecin effectua une légère grimace avec ses lèvres avant de fixer son patient d'un œil curieux.

-  En moins d'un mois, votre organisme semble subitement accepter les effets de la chimiothérapie. À vous voir on dirait presque... Que vous êtes en stade de rémission, ce qui est impossible au vu des derniers événements. Monsieur Amane, il n'y aurait pas quelque chose que vous nous aurez caché ?

Il écarquilla les yeux. Il était en stade de rémission ? C'était bien une bonne blague. Comment pouvait-il explorer la voie de la guérison en si peu de temps ? Il y a quelques jours on lui avait annoncé qu'il allait mourir. Asta ne pouvait pas le croire. Il secoua la tête, et ouvrit la bouche. Aucun son n'en sortit.
Il ferma les yeux, et inspira un bon coup.

-  Je ne sais pas..., souffla-t-il. Je ne me sens ni bien, ni mal en réalité.

Le médecin sembla assez surpris en entendant les paroles d'Asta.

-  Quoi qu'il en soit, finit-il par dire, vos cellules immunitaires immatures sont devenues beaucoup moins nombreuses que les matures. J'irai même jusqu'à dire qu'elles ont été complètement éradiquées de votre organisme. Mais nous devons obligatoirement procéder à l'opération qu'il était convenu de faire.

Asta hocha de la tête, et devina sans le moindre doute qu'il faisait ici référence à sa greffe d'une nouvelle moelle osseuse.
Il attendit que le médecin quitte la chambre pour enfin se lever. Il laissa échapper un souffle de surprise en constatant qu'il n'avait vraiment aucun mal à rester debout. Lorsqu'il releva la tête, ses prunelles teintes d'un ébène majestueux croisèrent un léger reflet de sa personne par le biais de la fenêtre. Son visage était un peu plus fin qu'autrefois, ses yeux étaient devenus perçants de la manière des plus étranges qu'il soit, et ce qui le surprit fut bien le nouveau rose qui colorait désormais ses lèvres. Cette couleur était bien plus intense, et lui évoquait presque le sang.

Le sang.

À cette pensée, une douleur horrible se répandit au niveau de ses gencives avant de monter jusqu'à son cerveau. Il plaqua sa main contre sa bouche tout en fermant les yeux. Chacun de ses nerfs étaient mis à rude épreuve. Il tenta avec peine d'ouvrir de nouveau les yeux, mais tout lui paraissait flou.

Au même instant, un petit bruit retentit contre la porte. Il n'eut ni le temps et encore moins la force de répondre à cette voix féminine qui demandait si tout allait bien. Très vite, la porte s'ouvrit, et une jeune femme dont l'âge devait se situer dans la vingtaine apparut dans la pièce. En dépit de sa vue défaillante Asta put voir qu'elle possédait de longs cheveux noirs qu'elle avait attaché en une queue de cheval, ainsi qu'une jolie frange qui se déployait sur son front. Ses yeux marrons et pétillants, laissèrent voir l'étendue de son inquiétude lorsqu'elle remarqua l'état d'Asta.

-  Monsieur Amane, il faut que vous vous reposiez !

Elle se précipita vers lui, et posa une main sur son dos. Asta ouvrit complètement ses yeux avec lenteur, tout en retirant sa main qui couvrait sa bouche avec la même allure. Il n'avait aucun mal à sentir cette odeur cuivrée, de même que ce liquide poisseux sur ses doigts.

-  Monsieur Amane..., dit l'inconnue d'une voix légèrement tremblante.

Ses yeux d'enfants s'écarquillèrent, et la terreur pouvait se lire avec une clarté sans pareille sur chaque trait de son visage.

-  Vos dents, murmura-t-elle enfin.

Ses canines plus pointues que la normale avaient percé sa lèvre inférieure. Puis, ses gencives étaient également sujettes à une hémorragie.

- Saperlipopette..., souffla-t-il.

-  Bien, alors on n'en parle pas à mon père c'est ça ? demanda Shoto.

Akane qui fixait son reflet sans réel intérêt hocha de la tête, avant de visser une casquette sur son crâne.

-  Exactement.

Depuis que les deux adolescents avaient discuté de ce mystérieux message décodé par Asta, Akane sentait bien que Shoto était assez perturbé. Bien qu'il était un pro dans l'art et la manière de dissimuler ses émotions, en l'observant avec insistance on pouvait remarquer cette lueur d'inquiétude qui dansait dans ses yeux vairons. Cependant, l'adolescente trouvait cela plus que normal. Ce message le menaçait directement.
Elle devina que Shoto laissait libre court à sa frustration en agitant avec rapidité ce stylo qu'elle avait laissé sur son bureau. La chambre que la jeune fille occupait au sein de la demeure des Todoroki était seulement animée par le bruit frénétique de l'objet en question. Elle regardait avec insistance la façon dont le garçon se mordait la lèvre inférieure. Puis, il leva les yeux et croisa son regard. Sa lèvre était toujours coincée entre ses dents, des mèches de sa chevelure bicolore tombaient sur ses prunelles envoûtantes. Se sentant prise en flagrant délit, elle s'empara de son sac à dos avant de faire mine d'en vérifier le contenu.

-  Bon, on y va ? demanda-t-elle enfin.

Elle était impatiente de voir de nouveau Takara. Il y a quelques jours après les cours, elle avait pu constater que ses blessures n'étaient pas des moindres. Elle aurait très bien pu y succomber si son père médecin n'était pas intervenu. En effet, ce dernier avait lui-même pris en charge les soins administrées à sa propre fille.

-  Oui, répondit Shoto avant de se lever à son tour.

Les deux adolescents quittèrent la maison et prirent ensembles la route de l'hôpital. Durant le chemin, Akane ne fut plus en mesure de contenir les mots qu'elle s'efforçait de garder pour elle.

-  Dis-moi Shoto, c'est qui que tu vas voir dans cet hôpital ?

Le garçon ne répondit pas d'emblée. Puis, après quelques secondes de silence il se décida enfin :

-  Ma mère. Elle est internée pour des raisons psychologiques.

L'adolescente baissa aussitôt les yeux. Elle s'était toujours demandée où était passée la femme d'Endeavor, elle n'entendait jamais parler d'elle dans cette maison. De ce fait, elle avait toujours su que les Todoroki dissimulaient un secret familial. Une atmosphère étrange régnait au sein de cette demeure. Puis, il fallait être aveugle pour ne pas remarquer à quel point Natsuo et Shoto étaient en froid avec leur géniteur. À cette dernière pensée, Akane sentit son cœur se compresser dans sa poitrine. Endeavor était le héros de son enfance. Dès qu'elle avait commencé à manifester de l'intérêt pour ses alters, toute l'admiration qu'elle portait pour All Might s'était posée sur ce super-héros ayant la capacité de maîtriser les flammes. Lorsque son père l'avait abandonnée, elle passait ses journées à regarder mille et une vidéos de cet homme exceptionnel.
Endeavor était le héros de son enfance.
Puis, elle avait eu l'occasion de connaître son jeune fils Shoto. Même s'ils n'étaient plus aussi proches qu'auparavant, elle ne pouvait plus se mentir à elle-même : elle l'admirait. Il était chaque jour plus fort que le précédent, rien ne semblait l'effrayer au plus profond de lui-même, et elle sentait son cœur palpiter face à toute la prestance qu'il dégageait. Elle aimait son arrogance silencieuse, son côté sarcastique mais aussi son léger sourire.

-  Je dois te laisser ici.

-  Oh... D'accord, dit-elle.

Elle le regarda s'éloigner, de la tristesse dans ses yeux. Ce garçon aussi était son héros, et il méritait beaucoup, beaucoup mieux qu'elle en guise d'amie ou plus. Elle ne voulait surtout pas le faire souffrir, ce serait sans aucun doute une erreur qu'elle ne saurait jamais se pardonner. Alors, elle se contentait de s'adresser à lui comme s'il était une simple connaissance et ni plus.
Elle soupira. Il fallait qu'elle aille voir Takara mais aussi Asta.

Elle commença par rendre visite à sa meilleure amie. Lorsqu'elle poussa la porte, la jeune fille aux cheveux roses était assise sur son lit, et redressa la tête avant de lui accorder un sourire radieux.

-  C'est génial que tu sois passée encore aujourd'hui ! Juste ce matin c'est ta mamie qui est venue et elle m'a même apportée des cookies.

-  J'imagine que t'as dû les dévorer en un temps record, plaisanta Akane en caressant du bout des doigts des fleurs que son amie avait reçue. Elles sont très jolies, c'est de la part de qui ?

-  Mike, répondit-elle aussitôt. Il ne peut pas se déplacer, ses parents l'ont privé de sortie pendant un bon moment. Les miens aussi sont autant en colère.

Non sans soupirer elle s'allongea de nouveau le long de son lit. Akane la regarda d'un œil curieux. Son amie ne semblait pas réaliser qu'elle venait de frôler la mort.

-  Takara, faire les imbéciles c'est ma spécialité, pas la tienne.

-  Je me suis laissée dépasser par la situation.

La brune fronça des sourcils, visiblement en colère.

-  Je n'arrive pas à croire que tu m'aies dissimulée autant de choses, finit-elle par grogner en faisant référence à toute l'histoire que son amie lui avait conté lorsqu'elle était venue la voir une première fois à l'hôpital.

-  Maintenant, on peut au moins considérer qu'on est quittes. Et puis tu sais Akane, on a tous nos petits secrets. Mike a le sien, je le sais car il a été très proche de la Némésis durant un certain moment.

En entendant cela, un flash apparut dans l'esprit d'Akane. Elle s'approcha de Takara, désireuse de lui poser une question.

-  Tout le monde a des secrets, c'est ce que tu penses. Dis-moi, comment tu perçois la famille Todoroki ? Tu m'as assez rendue visite pour avoir une opinion sur eux.

L'adolescente haussa un sourcil, un air incrédule scotché au visage. Elle passa sa main dans ses cheveux roses puis se releva afin de mieux réfléchir.

-  Ils sont plutôt sympas, conclut-elle. Non... J'ai l'impression qu'ils sont... Neutres. C'est comme s'ils faisaient en sorte de s'attribuer une image ni très positive, ni très négative. Est-ce que tu vois où je veux en venir ? Genre... Tu me comprends ?

-  Je te comprends la majeure partie du temps, et je pense la même chose que toi à ce sujet, conclut Akane en un soupir. Ils ont un secret j'en suis sûre. Mais avec toutes ces histoires je n'ai pas eu le temps d'y penser.

-  Tu n'as qu'à demander à Shoto.

-  Impossible.

Takara croisa ses bras, et Akane devina qu'elle était sur le point de lui passer un savon.

-  Et je peux savoir pourquoi ?

-  Parce que je... Il n'est pas mon ami, conclut Akane.

-  Ah mais oui ! s'exclama-t-elle en lui assénant une petite tape dans le dos. Vous êtes peut-être plus...

-  Non. Il n'est qu'une connaissance.

https://youtu.be/R_NfS368rPQ

-  Pourquoi est-ce que tu agis de la sorte avec les gens qui t'entourent ? Tu as toujours cette façon de te comporter qui... À croire que tu veux repousser toutes personnes s'approchant de toi mais qu'au fond tu ne le veux pas vraiment. À force de te comporter comme  ça, tu n'as pas le droit de te plaindre d'être seule. Arrivés au bout d'un moment les gens cesseront de te courir derrière. Tu m'as presque l'air capricieuse, et puis contredis-moi si j'ai tort mais toute la frustration que tu sembles accumuler tu la rejettes sur celui qui est le plus apte et surtout qui désire le plus t'aider : Shoto.

Elle baissa les yeux, et laissa échapper un soupir. Quelques secondes plus tard, elle réfugia sa tête entre ses bras et serra les dents. Elle sentit les doigts de son amie se glisser dans ses cheveux.

-  Désolé, murmura-t-elle. Je ne voulais pas te faire du mal.

-  Ne t'inquiètes pas, renifla Akane. Vous avez bien raison. Akio aussi m'a balancée en pleine figure que j'étais vraiment pas terrible comme personne. J'ai brisé le cœur d'Asta et maintenant, celui de Shoto. J'inquiète mes amis et mamie. Mais... Je ne sais plus quoi faire je t'assure. Si je reste, si je suis celle qu'on attend que je sois, quand je partirai la douleur sera encore plus terrible. Je ne peux pas prendre le risque de laisser les gens s'attacher à moi ! craqua-t-elle.

Un silence suivit ces paroles sorties du plus profond de son cœur. Elle essuya les larmes sur ses yeux, et sortit son visage rougi de sa cachette. Elle ne cessait de renifler à la manière d'un bébé, mais auprès de Takara elle n'avait plus aucune gêne.

-  Arrête, dit son amie d'un ton sec. Cesse donc avec ce stupide discours digne de celui d'une héroïne de tragédie. Il y a quelques temps, l'ancienne Takara n'aurait jamais osé te dire ces mots. J'étais une fille qui se contentait de suivre la tendance, de respecter les codes sans même se demander s'ils correspondaient vraiment à la personne qu'elle voulait être. Si je t'ai toujours admirée Akane c'est parce que tu es une fille bizarre.

La brune fixa son amie avec intensité. Ses prunelles violettes brillaient de nostalgie et d'espoir. Elle lui rappela Asta, mais aussi sa mère.

-  Tu ne faisais jamais les mêmes choses que les autres, reprit-elle. Ça a commencé dès que nous étions petits, tu préférais jouer avec les garçons plutôt que de nous suivre dans nos parties de corde à sauter. En fait... C'était bien avant de goûter aux cookies de ta grand-mère que je voulais devenir ton amie. Puis en grandissant, tu t'es renfermée sur toi-même et tu restais souvent seule mais pour moi tu n'en restais pas moins exceptionnelle. Il m'a fallut des années pour te parler, mais je pense que c'est une des plus belles décisions que je n'ai jamais prise.

Akane resta bouche-bée face au sourire radieux que lui offrait son amie. Des larmes s'échappaient de ses magnifiques yeux.

-  Vous avez toujours été plus exceptionnels que moi Mike et toi. Et pour une fois, c'est moi qui veut vous aider. Alors Akane, ne laisse pas un traumatisme, un sentiment d'incompréhension et encore moins un désir de vengeance détruire la personne que tu es, et les liens que tu as construit. Parce que si tu veux mon avis, il n'y a rien de pire qu'une personne qui pense qu'elle n'a plus rien à perdre.

À cet instant, les merveilleux mots de Takara furent ceux qui vinrent s'opposer au discours d'Henael qui avait suffit à la faire tomber dans les abîmes. Le silence qui tournoyait dans la pièce était apaisant et aussi doux que le visage de sa meilleure amie. Cette dernière était à l'instar d'Asta une héroïne comme il en existait peu sur Terre.

-  Mamie, toi, Mike, Asta, Shoto ou encore Endeavor, vous m'apportez tous du positif. Et moi en retour, je ne vous apporte rien.

-  Tu te trompes.

La main de Takara se posa sur la sienne.

-  Le plus important Akane, ce qui compte ce sont les sentiments que tu éprouves envers ces personnes.

Elle esquissa un léger sourire.

-  Tu crois ?

-  J'en suis sûre ! D'ailleurs, c'est bientôt l'anniversaire de ce bon vieux Shoto. T'as intérêt à te bouger parce que je m'occupe déjà du cadeau et de la décoration avec Mike et Fuyumi. Et j'ai aussi réussi à entrer en contact avec l'un de ses rares amis ! fit-elle remarquer en un rire. Tu devrais le voir, il a un visage tellement enfantin qu'on a presque envie de le câliner, il rougit à toutes les secondes, en clair il n'a rien à voir avec cette face de blasé.

Sur ces mots la jeune fille aux cheveux roses imita à merveille l'expression neutre de Shoto. Akane plaqua sa main contre sa bouche avant d'exploser de rire. Très vite, son amie la suivit dans ce moment de joie.

https://youtu.be/ni2uij7PynU

-  Bon, on va utiliser les grands moyens ! s'exclama Akane.

Sur ces mots, elle laissa de l'air s'échapper de son doigts avant de s'emparer d'un ballon et de le gonfler en un simple geste. Un léger sourire satisfait orna ses lèvres, et puis sans attendre elle réitèra son dernier geste. Derrière elle, Takara essayait en vain d'atteindre la voix parfaite sur la chanson qu'elle répétait.

- So give the fight, all your Might !

Akane fronça des sourcils avant de faire volte-face en direction de son amie.

- Tu devrais faire une petite pause à un certain moment, suggéra-t-elle. Fais comme s'il s'agissait non pas d'une mais deux phrases différentes. C'est comme ça que je l'ai imaginé dans ma tête.

-  Roh d'accord chef ! dit-elle non sans esquisser une légère grimace.

-  Je pense que le compte est bon ! s'exclama une seconde voix féminine. On a trente ballons blancs et trente ballons rouges !

Akane redressa la tête et put voir Momo en train de faire de nouveau le compte. Ses longs cheveux noirs étaient toujours attachés en une queue de cheval, et elle portait une jolie robe rose pâle. En prenant soin de la regarder, l'adolescente réalisa que la douceur de cette dernière lui faisait penser à Takara.

-  Super, bien maintenant..., bredouilla Akane. Le gâteau ! Ah mais y a aussi les cadeaux qu'il faut bien placer !

-  Je m'en occupe !

Flanqué dans sa jolie chemise blanche, le jeune Izuku Midorya s'empara des boîtes qu'il se mit à empiler de façon précise.

-  Je peux t'aider ? proposa Takara avant de le rejoindre.

En voyant la façon dont le teint du jeune homme avait viré au rouge lorsqu'elle s'était approchée, Akane secoua la tête. Takara semblait ignorer qu'elle était en train de faire un ravage chez le garçon.

-  On est d'accord qu'il faut le garder à l'œil lui ? lui chuchota Mike à l'oreille.

-  Ne t'en fais pas il m'a pas l'air du genre à voler les copines des autres.

-  Mais Takara n'est pas...

-  Bon ! Ce gâteau alors ? le coupa Akane.

Il effectua un salut militaire avant de s'en aller en direction de la cuisine à la vitesse de l'éclair. La jeune fille regarda les personnes présentes et elle fut heureuse de constater qu'en effet, étaient réunis dans la demeure des Todoroki les amis de Shoto. Bon, peut-être que c'était encore un grand mot, mais elle était prête à parier que le jeune homme leur accordait une petite place dans son cœur.

Izuku, Takara et le dénommé Tenya Iida - dont elle n'avait cessé de se moquer avec Mike pendant dix minutes - étaient en train de terminer la décoration. Mike et Fuyumi finalisaient le gâteau. Et enfin, Momo et elle s'occupaient de la musique.

-  Parfait ! dit-elle. Je suis sûre que ça devrait lui plaire.

-  Tout va lui plaire Akane, la rassura Momo. Tu sais, il n'y a qu'à te regarder pour voir que...

-  Ils arrivent ! s'exclama Fuyumi.

En deux, trois gestes, les jeunes gens éteignirent les lumières plongeant ainsi la salle de séjour des Todoroki dans l'obscurité. Un grincement de porte se fit entendre et Natsuo et Shoto entrèrent enfin dans la maison.

- Y a personne ? s'enquit le plus jeune. C'est bizarre.

Sans faire un commentaire de plus, il se dirigea jusqu'à l'interrupteur.

Clac.

Akane fit un décompte dans sa tête, en espérant que le reste des invités seraient en synchronisation avec elle.

- Surprise !!

Shoto se figea en voyant ses amis surgir de nulle part, de grands sourires aux lèvres. Sous l'agitation quelques ballons rouges et blancs éclatèrent au grand désarroi de Tenya et Momo. Natsuo posa ses mains sur les épaules du jeune homme qui l'accompagnait avant de lâcher la phrase suivante dans un ton joyeux et empli d'énergie :

-  Joyeux anniversaire frangin !

À cet instant, Akane sentit son cœur gonfler de joie. Shoto regarda un à un les invités, et un sourire commença à prendre naissance sur ses lèvres. Il prit soin de regarder le décor, puis enfin il la regarda. Ses pupilles se noyèrent dans les siennes avec une douceur infinie.

-  Merci beaucoup, dit-il enfin.

-  Et maintenant... commencèrent Mike et Takara en même temps. Place à la fête ! 

-  Faites attention avec le gâteau, et les couverts ! commença Momo sur un ton sévère.

-  Et la musique, pas trop forte ! rappela Tenya.

-  Et les cadeaux c'est pour quand ? s'agita Izuku.

Akane regarda toute cette excitation ambiante autour d'elle, avant d'éclater de rire. Elle sentit un bras passer autour de son cou, et quelques secondes plus tard elle fut attirée jusqu'à Shoto.

-  Wow, wow ! Lâche-moi Todoroki ! plaisanta-t-elle.

-  Rêve toujours Isayo.

Même si elle avait soupiré, au fond d'elle elle était forcée d'avouer que la main de Shoto ébouriffant ses cheveux avec énergie lui avait terriblement manqué. Quelques secondes plus tard, elle répliqua en chatouillant les côtes du garçon, qui se tortillait dans tous les sens afin d'éviter ses petites attaques.
Finalement, Akane capitula et se décida à lui offrir une étreinte. Elle prit le temps de sentir son odeur rassurante, et ferma les yeux pendant cet instant merveilleux.

-  Joyeux anniversaire graine de héros.