CHAPITRE 35 : HOSTILITÉS
CHAPITRE 35 : HOSTILITÉS
Shoto émergea de son sommeil d'une manière progressive. Ses paupières s'ouvrirent avec lenteur et il lui fallut quelques secondes pour être enfin libéré de l'obscurité qu'elles abritaient. La pièce dans laquelle il se trouvait - qui avait de fortes probabilités d'être une chambre - était légèrement éclairée par les minces filaments lumineux qui perçaient les volets fermés.
L'adolescent resserra ses poings afin d'analyser la texture de cette couverture étalée de travers, qui laissait plus de la moitié de son corps à l'air libre. Son dernier geste lui suffit pour décréter qu'il n'était pas dans son propre lit. La pièce était assez grande, mais n'égalait pas la taille spacieuse de sa chambre. Il ne sentait pas l'odeur du café fait par Fuyumi et il n'avait pas entendu ou du moins sentit la présence de son père. Non, il n'était définitivement pas chez lui, et ce fut lorsque son esprit formula cette conclusion que son cœur se mit à adopter une allure olympique. Un léger mal de crâne le titillait, son ventre criait famine à croire qu'il n'avait rien mangé depuis des siècles et pour finir, il sentait une odeur étrange qui n'était pas la sienne. Une odeur féminine, de rose. Veillant à ne pas se laisser submerger par la panique, l'adolescent se redressa et prit la peine de lancer un coup d'œil au haut qu'il portait. Celui-ci était d'une couleur bleu pâle, assez basique et remplissait à merveille son rôle de pyjama. Le jeune homme passa sa main sur son visage en laissant échapper un petit grognement de frustration. Ses souvenirs de la veille s'apparentaient à un gouffre immense.
Il ignorait où il était, et cela le perturbait. Bien plus que ça même. Son égo s'entêtait à repousser la petite peur qui naissait en lui.
Il chercha des yeux son téléphone portable, se souvenant que grâce à cet objet du quotidien il pourrait obtenir des informations telles que la date du jour, l'heure, et voir si quelqu'un avait tenté de le joindre. Il remarqua qu'il avait manqué une dizaine d'appels de sa grande-sœur ainsi qu'une trentaine de messages qu'elle lui avait envoyé, dans lesquels elle laissait transparaître son immense inquiétude.
L'adolescent aurait voulu la rassurer, malheureusement il ignorait quoi lui dire. Il tenta en vain de réfléchir, de mettre des images claires sur ce qui s'était passé juste la veille. S'il y parvenait, il pourrait sans aucun doute deviner où il était.
Shoto se gratta la nuque, et réalisa que ce dernier point le frustrait au plus haut point : où était-il ? Puis, après cette vague d'inquiétude et de questionnements le jeune garçon aux yeux vairons perdit patience et chercha à travers la pièce ses vêtements. Il ne trouva rien.
- Je me suis toujours demandée quel effet ça faisait d'avoir la gueule de bois ? Tu peux me répondre là ?
Shoto se pétrifia en entendant la voix de Momo. Il fit volte-face et à cet instant il comprit où est-ce qu'il était. La jeune fille portait dans ses mains des vêtements qui lui étaient familiers. Il finit par reconnaitre ce qu'il avait porté la veille. Sa camarade de classe avait déjà vêtu sa combinaison rouge d'apprenti super-héroïne. Son teint était frais, lumineux, et elle affichait un léger sourire amusé. Sa longue chevelure noire était remontée en une queue de cheval hérissée tellement serrée que ses beaux yeux noirs en devenaient étirés.
Le garçon n'osait même pas imaginer sa propre allure. Son regard devait être rongé par la fatigue, sa chevelure devait sans aucun doute adopter un comportement des plus rebelles et pour couronner le tout il portait un pyjama. La situation dans laquelle il se trouvait lui donna envie de s'infliger une gifle. Il se détestait pour faire preuve d'autant... Il se sentait ridicule.
- Heu..., commença-t-il. Je...
- À mon avis tu ne te souviens de rien c'est ça ? devina la grande brune.
- Je t'avoue que... Maintenant que tu me parles de gueule de bois et tout ça je commence à... À me souvenir de ce qui s'est passé.
- Parfait alors ! Hier soir j'ai appelé chez toi pour prévenir tes parents que nous faisions un devoir collectif assez long, et que tu serais contraint de dormir ici. C'est ta sœur qui a répondu, lui raconta-t-elle. Après un interrogatoire j'ai réussi à la rassurer.
- S'inquiéter c'est dans sa nature. Enfin bref, je te remercie Momo. Et j'en profite pour te dire que je suis désolé. J'ai agi comme un imbécile de première classe hier soir, avoua le garçon en laissant ses yeux se diriger vers le sol.
- Shoto.
Lorsqu'il redressa la tête, il réalisa que la jeune brune se situait désormais à quelques pas de lui.
- Ne t'en fais pas, je ne sais pas pourquoi tu as agi ainsi mais sache que ça arrive à tout le monde de perdre le contrôle. Et moi, en tant que camarade je me devais de t'aider. Après, tu as de la chance de ne pas être tombé sur notre délégué parce que crois-moi à cet instant tu serais en train d'écouter un de ses énièmes discours sur les bonnes manières.
L'adolescente rit et Shoto l'observa incapable d'esquisser le moindre sourire.
- On garde ça entre nous, promis je n'en parlerai à personne Shoto. Puis, avant d'être des apprentis héros on est des ados ordinaires.
Ordinaire. Ce mot avait une sonorité étrange. Le jeune homme aurait aimé lui dire qu'il ne pourrait jamais se définir de la sorte. Les souvenirs de la voix sèche de son père naquirent dans les cendres de son esprit. Il n'avait pas le droit, et ne pouvait pas être ordinaire quand bien même il aurait aimé l'être.
Un léger silence s'installa dans la pièce. Shoto voulait s'en aller le plus loin possible. Malheureusement, à cet instant elle réapparut. Akane. Elle était dans sa tête, et en un geste léger Shoto toucha sa poitrine du bout des doigts, se demandant si elle avait finalement réussi à trouver refuge dans son coeur. Il ne savait pas. Akane le perdait, elle faisait naître en lui des émotions nouvelles qu'il peinait à décrire.
- Ton petit-déjeuner est prêt, il est dans la salle à manger. Elle se situe juste en bas des escaliers, tu ne pourras pas la louper. Quant à tes vêtements, lavés et séchés. Oui, la servante est très efficace chez nous.
La voix de Momo parvint à le rattacher à la réalité.
- Merci. Euh, en parlant de vêtements...
Shoto laissa ses yeux balayer le t-shirt et le short qu'il portait.
- J'ai vraiment pas le souvenir d'avoir enfilé ça de moi-même. Est-ce que ça voudrait dire que...
Il remarqua aussitôt que le teint de la brune avait viré au rouge. Son sourire rayonnant disparut pour laisser apparaître une expression qui était presque colérique.
- J'ai rien fait ! Je... Je t'ai juste aidé à retirer ton sweat et ton t-shirt, mais après tu t'es occupé du reste je t'assure !
Shoto se sentit presque adouci en étant témoin de la réaction de la jeune fille. Quelques jours avant il aurait même sourit en remarquant à quel point elle paraissait terrifiée à l'idée qu'il puisse imaginer quelque chose de déplacé.
- Bon je file !
L'adolescent la regarda partir, et récupéra ses vêtements déposés sur le lit. Ayant remarqué que la chambre possédait une salle de bains, il en profita pour se laver. Le jet d'eau chaude lui fit un bien immense. Il se frotta la peau espérant que cela suffirait à nettoyer le mal-être qui le collait. Lorsqu'il passa ses mains sur son visage, il se souvint du toucher doux et légèrement tremblant d'Akane. Ses doigts étaient les seuls qui avaient su comment glisser sur sa cicatrice éternelle. À travers ce geste elle lui avait appris que ce qu'il voyait comme étant une relique effroyable de son passé, était en réalité une partie de lui-même. Ses yeux n'avaient pas exprimé du dégoût, mais de la tendresse et de la fascination. C'était ce jour là que Shoto s'était décidé à accepter cette trace indélébile sur son œil gauche. L'eau glissant sur son corps lui rappelait les coups amicaux que lui donnait la jeune fille lorsqu'il l'agaçait. Mais il y avait aussi ces rares étreintes timides, incertaines.
Shoto grinça des dents sous l'eau. Il voulait juste l'oublier, et non pas se rappeler qu'en fin de compte, Akane était... Une personne merveilleuse.
Une personne merveilleuse qu'il allait devoir s'efforcer d'effacer de sa mémoire, en dépit de son immense volonté de conserver son souvenir dans un recoin secret de son cœur.
Le jet d'eau cessa, le jeune homme se sécha et s'habilla le tout en un temps record. Il ouvrit la porte de la chambre et lança un coup d'œil aux horizons. La maison était immense. Heureusement pour lui, il était habitué à ce genre de palace. Il descendit un escalier dont chaque marche avait la particularité d'être d'une propreté à couper le souffle. L'adolescent regrettait même de souiller le sol avec ses souliers.
Il trouva la salle à manger assez rapidement, celle-ci étant située à deux pas des escaliers. Momo était présente, assise jambes croisées sur un tabouret. Il prit place à ses côtés d'une façon qui laissait transparaître son léger malaise face à une telle situation. La grande brune dégustait sa crêpe au sucre, et ce fut en la voyant mais aussi en sentant les odeurs merveilleuses qui émanaient de la pièce que Shoto se souvint à quel point il avait faim. Son assiette était toute prête et ne demandait plus qu'à être dévorée. Shoto reconnut d'emblée qu'il ne s'agissait pas d'un typique petit-déjeuner japonais. Quiconque se trouvant à sa place aurait eu l'impression de siéger au sein d'un hôtel quatre étoiles.
- Alors, ce stage en entreprise dans la fameuse Agence Endeavor, il s'est bien passé ? voulut savoir la vice-déléguée de la classe.
- Oui ça va, répondit Shoto après avoir avalé une bouchée de pancakes. Et toi ?
- Je t'avoue que je n'ai pas l'impression d'être dans l'univers du métier. Je passe mon temps à poser pour des photos, à sourire aux paparazzis, à aller en coulisses de plateaux télévisés et j'en passe.
Un petit soupir s'échappa de ses lèvres et son regard laissait voir sa déception.
- J'ai peur d'être complètement larguée à la rentrée, avoua-t-elle. Tout le monde aura progressé grâce à ce stage en entreprise, mais je n'ai pas l'impression que ce sera le cas pour moi.
- Ne te laisse pas déstabiliser. Utilise cette sensation que tu as, celle de ne pas être au niveau, pour te motiver à travailler. Puis, un dernier conseil Momo : ne te sous-estime pas.
L'adolescente ouvrit la bouche, surprise par les paroles que lui avait dit Shoto. Elle faillit prononcer quelque chose mais se ravisa aussitôt en entendant retentir un signal sonore depuis son téléphone.
- Oh. Je pense que je peux me permettre de vérifier de quoi il s'agit, ça pourrait être une urgence.
La jeune fille attrapa son cellulaire et une expression sérieuse envahit les traits de son visage. Elle posa un doigt sur son menton et ses lèvres se mirent à murmurer les mots qu'elle lisait depuis son écran.
- Les autorités ont signalé l'évasion du prisonnier Sirius Blackthorne, dit-elle d'un ton surpris.
Shoto releva la tête en entendant le prénom du prisonnier. Il reconnut d'emblée l'homme que son père avait arrêté, celui qui faisait équipe avec Ken Isayo.
- Quoi ? Tu parles bien du prisonnier qui...
- Il était membre de ce groupe de vilains : la Némésis.
L'adolescent sentit un frisson courir le long de sa colonne vertébrale. Il s'agissait du groupe envers lequel Akane vouait une haine immense. Il s'agissait de l'organisation dont faisait partie l'Ombre Vengeresse, le criminel le plus recherché de Tokyo.
À cet instant il se souvint des mots d'Asta et l'inquiétude qu'il avait en ce qui concernait Akane.
Le jeune homme sentit sa mâchoire se contracter.
"Elle est en danger."
La voix d'Asta se mêlait à la sienne dans son esprit.
Il serra le poing.
- J'ai l'étrange impression que ce groupe va bouleverser l'équilibre de notre société, avoua Momo. Ça ne m'étonnerait d'ailleurs pas d'apprendre qu'il s'agit de leur objectif principal.
- Qu'est-ce que tu essaies de dire par là ?
Les grandes prunelles noires de l'adolescente s'agitaient. Ses doigts se mirent à tapoter la table de façon régulière.
- J'ai l'impression que l'on nous ment. Une société parfaite, des héros qui maintiennent la paix... Je commence à y croire de moins en moins. C'était comme si ce monde presque idéal que l'on nous décrit depuis l'enfance est sur le point de se briser en éclats.
Un silence s'installa. Shoto sentit ses ongles s'enfoncer dans sa chair.
- Ce groupe..., poursuivit Momo. Ils ont un but, j'en suis sûre. Ils veulent peut-être bouleverser l'équilibre de notre société, la paix que l'on a finalement réussi à installer. Mais... Pourquoi ?
Les paroles de la brune frappaient le cœur de Shoto. Chacun de ses mots lui rappelaient ce désir ardent qu'il avait : devenir un héros. C'était son rêve. Depuis qu'il était enfant, il n'avait eu de cesse de se dire qu'il deviendrait un super-héros juste et loyal jusqu'à la mort.
- Je dois filer, s'empressa de dire Shoto en se redressant. Ce détenu, c'est mon père qui l'a arrêté. Et j'imagine que sa nouvelle mission consiste à l'arrêter. C'est mon dernier jour de stage et je désire participer à cette dernière mission.
La jeune fille hocha de la tête, faisant ainsi part de son approbation. Elle accompagna son invité jusqu'à la sortie, et avant qu'il ne soit parti elle lui offrit un dernier sourire.
- Bonne chance Shoto !
- Merci.
Le froid venait percuter son corps, de la buée s'échappait de ses lèvres et le soleil était au zénith. Le garçon en était persuadé désormais : il allait réussir sa mission.
" Je te l'avais déjà dit une fois Akane et tu sais que je n'aime pas me répéter : tu ne m'échapperas pas. "
Akane regarda une dernière fois la lettre qu'elle avait rédigé, et qu'elle avait abandonné sur son lit. Elle respira un bon coup. Ses yeux vairons regardèrent le décor familier de sa chambre. Une ribambelle de souvenirs lui attaquèrent l'esprit. Elle serra les poings, et ferma les yeux pendant quelques secondes.
- Désolé grand-mère, souffla-t-elle.
Le vent qui s'échappait de sa fenêtre ouverte faisait virevolter sa chevelure aux reflets argentés. Le jour commençait à se lever, et la ville allait bientôt s'animer. Akane ajusta les bretelles de son sac à dos. Elle se sentit rassurée en ayant conscience que ses armes étaient avec elle.
Quitter sa grand-mère suffisait à lui procurer une douleur des plus immenses au plus profond de son être. Or, son désir de vengeance parvenait à dissimuler sa peine. Elle essayait également de se rassurer en se disant qu'elle allait retrouver son père, bien qu'elle avait conscience que la dernière chose qu'il désirait était de la voir aux côtés de la Némésis. Puis, elle pourrait enfin en apprendre plus sur ce pouvoir mystérieux qu'Henael convoitait plus que tout. Cet alter mystique, celui de pouvoir contrôler une créature dont elle ignorait jusque-là l'existence: le dragon.
L'adolescente fixa le ciel, et elle fut enfin prête. D'un geste assuré, elle se redressa sur le rebord de sa fenêtre. Quiconque la voyant aurait pensé qu'elle était sur le point de commettre l'irréparable. Akane laissa échapper un léger rire amer en pensant que d'une certaine façon c'était le cas. Elle était sur le point de s'en aller vers l'obscurité. Elle avait accepté de suivre Sirius, qui n'était autre qu'un repère de flammes qui menaçait de lui brûler les ailes.
Cependant, Akane balaya ses appréhensions en se disant que ce n'était plus le moment de culpabiliser. Elle allait accomplir tous ses objectifs, et sauver ses amis.
La brune souffla un coup, et en quelques secondes elle s'éleva dans les airs. Ses pieds quittèrent la zone de sécurité assurée par le rebord de sa fenêtre, pour explorer l'incertitude logée par le vide. Son cœur se suspendit dans les airs. Elle ferma les yeux, et fit appel à son alter. C'était bien la première fois qu'elle utilisait l'un de ses alters pour voler. Un tourbillon formé par de l'air lui permit d'assurer sa chute en toute sécurité. Sa trajectoire fut rapide et sensationnelle. Quelques secondes plus tard, elle atterrit accroupie sur la pelouse du jardin. Sans plus attendre, elle se mit à courir décidée à rejoindre le lieu du rendez-vous. Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Elle se mit à paniquer en imaginant que le plan de Sirius puisse échouer.
" Il est beaucoup trop intelligent, c'est impossible qu'il se loupe. "
L'adolescente se mit à serrer le bout des manches de son pull noir, laissant ainsi voir son anxiété. Le lieu du rendez-vous approchait plus vite que prévu. En se sentant encerclée par d'immenses vieux bâtiments, la jeune fille ralentit la cadence. La lumière du soleil avait été éclipsée par les grandes structures délabrées. Akane se sentit légèrement mal à l'aise dans des lieux aussi sombres.
Elle regardait en haut de chaque toit, s'attendant à voir émerger une silhouette svelte et masculine. Or, Sirius n'était nulle part.
Ses pas étaient de plus en plus incertains. Elle avait presque l'impression étrange d'entendre des ricanements sinistres s'échapper depuis ces demeures inhabitées, aux vitres brisées.
- Pile à l'heure n'est-ce pas ?
Elle sursauta. Un souffle de stupeur se fit entendre.
Sirius.
Il se dressait en face d'elle comme si de rien n'était. Son attitude était tellement assurée qu'elle en vint à se demander si cet homme s'était bel et bien échappé de prison. Il souriait, tout en s'amusant avec deux casques de moto. Par ailleurs, Akane fronça des sourcils en le voyant vêtu d'une simple veste en cuir noir, d'un t-shirt et d'un pantalon de la même couleur. Il était presque ordinaire.
- Je ne savais pas qu'on partait en moto, dit-elle.
- Ouais ! s'exclama Sirius en lançant un coup d'œil à l'engin situé à quelques pas d'eux. Ce sera une très belle façon de les tromper. Qui pourrait penser qu'un mec au style d'adolescent, roulant en moto, puisse être un criminel ?
- Je vois, ce n'est pas bête.
- Bien, tu as pris ta décision Akane, lui rappela Sirius en lui tendant un casque.
Elle l'enfila sans un mot.
- Maintenant, il y a quelques détails que l'on va devoir arranger, poursuivit le grand brun. Ton téléphone, il me le faut.
L'adolescente fronça des sourcils. Elle ne voulait pas donner à Sirius l'unique objet qui lui aurait permis de communiquer avec ses proches.
- Bon, tu te grouilles j'ai pas tout mon temps.
- C'est bon. Tiens, grogna la jeune fille en envoyant l'objet vers Sirius.
Ce dernier s'en empara et d'un geste il le brisa sous le regard ahuri d'Akane.
- Au moins comme ça, même un génie de l'informatique ne sera pas en mesure de te pister.
Elle serait introuvable. Ce constat la fit déglutir. En dépit de l'air glacial, elle sentit une goutte de sueur perler dans son dos. Elle se rendit compte qu'au fond, elle avait espéré. Elle avait espéré qu'on puisse la retrouver.
- Bon, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ce départ ? demanda-t-elle.
Sirius prit place dans cette moto, et lui fit signe de s'installer. Elle s'exécuta avec crainte, ne sachant comment se placer. Lorsqu'elle trouva une position convenable, elle resserra ses bras autour de la taille de Sirius qui ne bougea pas d'un pouce. Il paraissait tellement fort, qu'Akane doutait de pouvoir en finir avec lui même en lui enfonçant un poignard dans le dos.
- C'est parti.
À ces mots, Sirius mit la moto en marche. Un ronflement de moteur brisa le silence inquiétant qui régnait. Akane s'accrocha et ferma les yeux lorsque le grand brun démarra. Une sensation étrange se faufila dans chaque membre de son corps. Elle avait l'impression que tout ça n'était qu'un cauchemar. Mais malheureusement, elle prenait conscience qu'elle s'en allait avec Sirius vers une destination qui lui était inconnue. Le vent glissait sur son visage, et un son redondant accompagnait le flux de ses pensées. L'adolescente essayait de se focaliser sur l'instant présent et de faire abstraction à tout ce qui lui donnait envie de faire demi-tour.
Des minutes passèrent, et Sirius dirigeait cette moto avec brio. Akane comptait chaque seconde qui la séparait du moment fatidique. Ce trajet semblait être un moment de calme avant une tempête éternelle.
À l'instant où la brune faillit se laisser couler dans la linéarité de ce chemin, elle sentit son menton percuter le dos de Sirius. Un liquide chaud se diffusa aussitôt au niveau de sa lèvre inférieure.
Cet accident avait été provoqué par le mouvement brusque que le grand brun avait effectué.
- Qu'est-ce qui...
Akane stoppa ses mots lorsque son regard entra en collision avec le sol. En dépit de son casque de moto, elle était à même d'entendre ce bruit de cristallisation.
De la glace.
- Bordel..., grogna Sirius.
Deux trois mouvements de poignets de sa part suffirent à donner à la moto une vitesse encore plus grande. L'adrénaline battait dans les veines d'Akane. Elle déglutit avec peine avant d'enfin oser regarder par le rétroviseur.
Son image lui brûla la rétine. Sans s'en rendre compte, elle laissa ses ongles s'enfoncer dans le cuir de la veste de Sirius.
Ses yeux vairons étaient rivés sur eux. Sa chevelure était malmenée par le vent. Il n'avançait pas. Il volait.
L'expression qui animait les traits de son visage témoignait d'une détermination sans faille. C'était cette détermination inébranlable qui était capable de percuter des montagnes.
- Ça ce n'était pas prévu.
La voix de Sirius était froide. Akane se demandait comment pouvait-il être aussi confiant, même dans une situation aussi imprévue.
Elle n'eut même pas le temps de cligner des yeux qu'une lumière rouge l'aveugla. Des flammes sauvages et ardentes se jetèrent sur les roues de la moto. En quelques secondes, Akane sentit son corps se propulser dans les airs avant de se laisser tomber contre le sol. Son souffle se coupa. Du coin de l'œil elle aperçut Sirius. Il se relevait avec une lenteur volontaire, un sourire collé au visage. Il envoya valser son casque, et sa chevelure retrouva enfin contact avec l'air. Celle-ci avait beau se laisser aller par le vent et dissimuler des parties de son visage, Akane apercevait avec clarté son sourire.
Elle faillit se relever en prenant appui sur ses coudes, mais son geste resta en suspens lorsque ses pupilles virent cette paire de bottes blanches s'arrêter à son niveau.
Allait-elle oser relever la tête ?
Elle prit le temps de retirer le casque qui emprisonnait son visage. Chaque son lui paraissait plus clair désormais. Elle fit abstraction du mal qui rongeait son corps, pour redresser la tête. Leurs pupilles entrèrent en collision et un vacarme des plus stridents trouva refuge dans le cœur d'Akane.
Gris. Bleu. Les deux couleurs de ses yeux.
Blanche comme la neige et rouge comme le feu, telle était sa chevelure.
Un paradoxe fascinant se dessinait devant ses yeux. Elle était toujours aussi surprise, intriguée et attirée qu'au premier jour.
- Shoto..., dit-elle en un souffle.
Il se dressait juste à ses côtés, les yeux rivés sur Sirius. Il ne cilla pas, même lorsqu'elle prononça son nom.
- Sirius Blackthorne..., prononça-t-il. J'ai l'honneur de t'annoncer dès maintenant, la fin de la partie.
- C'est un véritable honneur de t'affronter Todoroki.
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Salut toi ! Oui toi qui lis cette histoire ! Je te remercie d'avoir fini ce chapitre. Alors, je n'ai pas pour habitude de la faire, vraiment pas, mais juste histoire de savoir vers où j'avance je vais te laisser deux petites questions un peu plus bas, Je te serai très reconnaissante si tu y réponds, mais bien-sûr je ne t'oblige en rien petit lecteur !
1 ) Quel plus grand reproche pourrais-tu faire à cette histoire ?
2 ) Et, qu'est-ce qui te plaît le plus dans cette histoire ?
Bon allé, sur ce je te laisse ! ( Ouais ce n'est pas comme si il était 1h du matin... )
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