CHAPITRE 3 : L'ESPOIR NAÎT D'UNE POUSSIÈRE
CHAPITRE 3 : L'ESPOIR NAÎT D'UNE POUSSIÈRE
" Thinking about the time all I did was cry,
Whishing and wanting to be strong,
But I came to find... "
Concentrée sur sa basse, Akane écoutait avec plaisir la voix de Takara chanter cette chanson qui jusqu'à maintenant avait eu le malheur de croupir dans une vieille page de son carnet secret. Ces paroles étaient les pensées intimes de son esprit qu'elle avait traduites en mélodie. Lorsqu'elle ne s'intéressait pas à l'héroïsme, Akane se concentrait sur son groupe de musique : les "One For All".
" Although your eyes are red,
You'll never cry again,
No I'll be the smile that you need and I won't go.
Theme to be a hero, just remember to sing..."
La chanteuse aux cheveux roses lança un clin d'œil en direction de la bassiste du groupe qui lui répondit en lui offrant un immense sourire. Lorsqu'elle avait écrit Peace Sign, Akane n'avait que dix ans et était bien loin de se douter qu'un beau jour un public allait écouter ses paroles par le biais de la voix d'une chanteuse. L'adolescente aux yeux vairons savourait la sensation de ses doigts contre sa basse. Le temps de quelques instants, plus rien ne comptait pour elle, excepté le bel accord musical qu'elle parvenait à établir avec Takara et Mike, le batteur du groupe.
Lorsque la chanson fut terminée, des applaudissements retentirent dans la salle au grand plaisir des membres du groupe. Le regard d'Akane parcourut la foule, elle reconnut le visage de quelques amis, en plus de celui de certaines personnes qui ne rataient aucun de leurs minis-concerts. Si les trois adolescents avaient l'opportunité de se produire en public, c'était grâce à l'oncle de Mike qui était propriétaire d'un joli bar nommé le Brooklyn Palace et situé en plein centre-ville de Tokyo.
— Merci beaucoup ! hurla Takara, qui avait déjà les attitudes d'une future rock-star.
Quelques minutes plus tard, les trois amis étaient réunis autour d'une petite table en bois. Takara dégustait son cocktail, tandis que Mike consultait des messages par l'intermédiaire de son smartphone. Akane avait le regard perdu dans le vide, et s'amusait avec la paille de sa boisson.
— J'ai toujours su que t'étais une super compositrice, commença le garçon en s'adressant à la jeune fille non sans la prendre au dépourvu.
— J'aime trop cette chanson ! s'extasia Takara toujours munie de son sourire contagieux.
— Merci..., bredouilla Akane ne sachant quoi répondre.
— Les filles vous êtes au courant que beaucoup me demandent si on est à la recherche d'un quatrième membre ?
Mike positionna son téléphone en face du regard ahuri de ses deux amies. Le brun haussa des épaules, avant de rajouter :
— Un jour peut-être qui sait ?
— Hors de question ! s'exclama Takara. One For All c'est nous trois, et puis qu'est-ce qui me dit que ce quatrième membre ne tentera pas de me voler la vedette ?
Akane ne put s'empêcher de rire, en fixant son amie dont les prunelles étaient colorées d'une jolie teinte violette.
— D'ailleurs, c'est un truc complètement hors-sujet, mais vous ne pensez pas que je devrais changer de couleur de cheveux ?
Le brun du groupe leva les yeux au ciel.
— Tu ne penses pas que t'abuses un peu ?
— Je suis d'accord avec lui, ajouta Akane.
Takara secoua la tête, faisant mine d'être déçue par le fait que sa meilleure amie ne se range pas de son côté. Depuis qu'elles se connaissaient, les deux adolescentes s'offraient une solidarité sans faille. Akane ne pouvait pas imaginer sa vie sans cette fille surexcitée aux cheveux roses. Mike avait beau être le meilleur ami des deux jeunes filles, l'amitié qu'elles entretenaient avec lui ne possédait pas la même dimension que la leur. Pour visualiser le lien qui les unissait, Akane assimilait son amitié avec Takara à la première graine qui serait à l'origine de l'éclosion d'une jolie plante, et la présence de Mike à leurs côtés était aussi indispensable que celle de l'eau au sein de la nature.
— Il commence à être tard, on va devoir rentrer, rappela le garçon en se redressant.
Les deux jeunes filles opinèrent en se levant en même temps.
— Demain, je ne pense pas avoir le temps pour venir à la répétition, les informa Akane.
— Quoi ? Mais qu'est-ce que tu vas mijoter ? s'enquit son amie.
— Grand-mère a besoin de moi pour faire deux, trois trucs.
Les deux camarades de l'adolescente l'avaient cru aussitôt. Akane se sentait coupable, mais elle n'avait d'autres choix que de mentir bien qu'elle détestait cela. Sa rencontre inespérée avec cette Ombre Vengeresse l'avait rendue plus curieuse qu'elle ne l'était déjà. Il fallait qu'elle en sache plus sur lui, qu'elle comprenne ses motivations, et les raisons pour lesquelles il s'était mis le monde à dos alors que la cause qu'il défendait était presque... Noble ? Akane n'aurait su dire. En plus de cela, la jeune fille se posait une seconde question : avait-on le droit de condamner une personne qui débarrassait le monde des Vilains ?
À cette heure-ci, la bibliothèque du quartier était normalement déserte. Akane entra d'un pas silencieux, les documentalistes lui lancèrent un regard furtif qu'elle ne prit nullement la peine de calculer. Une certaine culpabilité se promenait au sein de l'adolescente. Elle mentait à sa grand-mère en prétendant qu'elle était dans sa répétition habituelle, et elle en faisait de même avec Mike et Takara en prétendant cette fois-ci qu'elle était auprès de sa grand-mère. Cependant, le moment n'était pas venu de se ronger les ongles de culpabilité. Elle avait des recherches à mener, des recherches qui la conduiraient jusqu'aux réponses à ses questions.
L'adolescente s'installa devant un poste d'ordinateur. Munie de son carnet et son stylo, elle tapa sur le moteur de recherche le nom de plusieurs victimes de l'Ombre Vengeresse. Elle nota activement les informations qu'elle récoltait, et ce fut sans surprise qu'elle constata la chose suivante : toutes les victimes de ce mystérieux justicier étaient des vilains qui avaient su échapper à la justice d'une manière ou d'une autre. Certains n'avaient pas écopé de la peine qu'ils méritaient tandis que d'autres parvenaient à fuir aux héros.
— Un justicier..., souffla Akane pour elle-même.
À cet instant même, l'idée qu'il puisse avoir des alters-egos dans le monde lui effleura l'esprit. Sans perdre une seconde de plus, elle mena des recherches en ce qui concernait l'Amérique, l'Europe ou encore l'Australie. Les yeux vairons de la jeune fille s'écarquillèrent devant son écran. En Russie, aux États-Unis, en Angleterre... Plusieurs "assassins" dans le monde semblaient posséder les mêmes convictions que ce mystérieux justicier, en plus d'avoir un mode opératoire similaire au sien.
Soudain, Akane sentit une étrange sensation derrière son dos. C'était ce qu'elle ressentait lorsque Takara la fixait du fond de la classe pendant un examen. Alors naturellement, elle fit volte-face. Finalement les lieux n'étaient pas si déserts que cela. Positionné derrière un écran tout comme elle, un adolescent à la chevelure bicolore l'observait d'un regard froid. À la vue de ses yeux vairons, et surtout, de cette brûlure autour de son œil droit, Akane sentit son souffle se couper.
C'était Shoto Todoroki.
Todoroki.
Le nom que portait l'héros qu'elle n'avait de cesse d'idéaliser parce qu'il possédait un alter similaire au sien : Endeavor.
Derrière elle se positionnait le fils du grand Endeavor, celui qui parvenait à réduire à néant tous ses ennemis à l'aide de ses flammes.
Akane tourna la tête, et souffla intérieurement. Elle n'allait tout de même pas perdre ses moyens pour ça. Ce jeune homme allait l'oublier dans les secondes à venir. En dépit de tout, elle se questionnait sur la raison de la présence de Shoto Todoroki dans une bibliothèque.
« Peut-être qu'en plus d'être super fort, il est carrément balèze intellectuellement aussi. Au moins, lui il contrôle ses deux alters... »
L'adolescente secoua la tête, et se leva en passant une main dans sa chevelure atypique. Il fallait qu'elle rentre si elle ne voulait pas devenir folle dans les secondes à venir. Ce justicier l'obsédait de plus en plus. Toujours aussi silencieuse qu'à son arrivée, elle quitta les lieux et savoura la fraîcheur de l'extérieur. La jeune fille de quinze ans enfonça ses écouteurs dans ses oreilles, et emprunta ce chemin habituel. Les mains fourrées dans les poches de son sweat ( qui en réalité avait été dérobé à Mike ) elle ressassa les résultats qu'elle avait trouvé lors de ses recherches. Ses questionnements sur la justice devenaient de plus en plus complexes.
Ce fut lorsqu'elle tourna pour emprunter son raccourci habituel, qu'elle vit surgir devant elle cette ombre noire.
« Que quelqu'un me réveille. Que quelqu'un m'achève. Ceci n'est pas réel. »
Pourtant, elle ne rêvait pas et ce qu'elle était en train de vivre faisait bien partie de la réalité. Cette combinaison noire le rendait presque invisible. Ce masque était si fascinant, puis ce n'était sans parler de toutes les armes meurtrières qu'il devait dissimuler dans sa combinaison obscure.
— Je commence à croire que tu aimes te balader de nuit.
— Le soleil n'est pas encore couché..., balbutia la jeune fille.
Elle se gifla mentalement pour sembler aussi bête.
— Oui mais il ne va plus tarder à le faire.
À ces mots, son visage se dirigea vers le ciel. Durant cet instant, Akane en profita pour l'observer.
— Je sais tout, lâcha-t-elle. J'ai mené des recherches sur vous.
— Tu as raison. Tu as bien fait. Ne laisse pas ton entourage toucher atteinte à ton esprit critique.
Akane se mordit la lèvre inférieure tout en serrant les poings.
— Mais, je suis complètement perdue ! Je ne sais plus ce qu'est la justice ! J'ai toujours voulu devenir une héroïne, mais alors...
— Alors deviens-le !
Son ton était dur, mais si motivant. Akane sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale.
— Mais comment ? Comment faire alors que je suis incapable de maîtriser mes foutus alters ? Ma mère est morte sans même qu'elle ait pu me révéler la façon dont elle utilisait ses flammes. Quant à mon père... Mon père... Il est parti, et m'a laissée à ses parents deux années après la mort de maman...
Le cœur de la jeune fille se compressa au fond de sa poitrine. Elle serra des dents, et continua à regarder son interlocuteur. Tout ce qu'elle gardait au fond d'elle était sur le point de sortir.
— Aujourd'hui j'ai croisé Shoto Todoroki à la bibliothèque. Pourquoi lui arrive à maîtriser ses pouvoirs et pas moi ? C'est un prestigieux élève de Yuei, il a tout pour lui. Pendant ce temps toute ma vie, dit-elle en refoulant ses larmes de rage, toute ma vie semble vouée à l'échec. Je suis nulle. Voilà ce que je suis, finit-elle en un soupir en baissant les yeux vers ses mains ouvertes.
— Crois en toi. Cesse de te rabaisser autant. Tu peux rattraper ce Todoroki. Retiens bien une chose : les meilleurs ne sont pas les plus forts, mais plutôt ceux qui parviennent à acquérir de la force et à l'exploiter à bon escient. Le plus fort est celui qui se relève après chaque chute, retiens bien ça petite. Retiens-le, parce que je crois en toi.
Le cœur d'Akane loupa un battement. Plus qu'un criminel ou un vengeur masqué, c'était un homme à l'écoute.
— Sache une chose petite, je ne pourrai pas te dire ce qu'est la vraie justice ou encore, si les vrais héros existent.
— Mais vous...
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, l'homme avait déjà disparu. Elle observa les environs autour d'elle d'un air ahuri. Non sans déglutir, Akane se décida tout de même à avancer. Malheureusement, la brune n'était pas au bout de ses surprises. En effet, en l'espace d'une fraction de secondes son pied droit se retrouva coincé dans une glace qui se déployait le long du sol.
— Apparemment tu sembles avoir un lien avec ce vilain. Voilà qui se révèle être très intéressant.
Non, Akane n'était pas au bout de ses surprises et elle l'avait compris en entendant la voix glaciale de Shoto Todoroki.
( Le média est sensé être la chanson chantée par Takara, donc pour avoir une idée n'hésitez pas à l'écouter ! )
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