CHAPITRE 27 : LE POUVOIR SECRET

     Un goût métallique explosa dans la bouche de Ken, et une douleur sans nom se propulsa à travers sa mâchoire. Le coup lui fit l'effet d'un électrochoc.  En tombant au sol il parvint à atterrir sur ses genoux et prit appui sur ses mains. Il fixa d'un œil ahuri les gouttes pourpres qui coulaient de son nez pour s'écraser contre le sol. Elles brillaient à la manière de rubis précieux. En une fraction de seconde, sa vision se brouilla et le décor autour de lui se mit à tanguer. 

-  Je crois que ça s'arrête là pour toi, annonça Endeavor du haut de sa voix grave. 

Le super-héros possédait également quelques blessures. Son costume qui paraissait indestructible laissait désormais voir plusieurs déchirures qui exposaient à l'air des parcelles de sa peau entaillée par les attaques de Ken. Ce dernier cligna des yeux à plusieurs reprises, il tenta en vain d'oublier la douleur atroce qui se manifestait à présent à travers la totalité de son corps. Serrant des poings, il décréta qu'il était temps que Sirius prenne sa place. De toute évidence, à la vue de son état ce dernier allait se résoudre par lui-même de se charger d'Endeavor. 

Conscient que le but n'était pas réellement de sortir vainqueur de ce combat, Ken leva la tête en direction de son coéquipier. Il fut surpris en réalisant que celui-ci se positionnait déjà en face du super-héros, prêt à l'affronter. 

-  Vas-t-en Ken. Le principal, c'est notre mission ne l'oublie. Je me charge de lui, et je te prie de ne laisser personne interférer notre combat. 

Même à travers l'obscurité de la nuit, le quadragénaire était à même d'imaginer la lueur déterminée qui dansait dans le regard du jeune brun. Ken se sentit victime d'une émotion qu'il n'aurait jamais cru être capable de ressentir. Sirius était un soldat, un vrai. C'était bien la culpabilité qui venait le ronger, et désormais il n'en n'avait plus aucun doute. 

-  Je ne compte pas laisser l'un de vous deux s'échapper, déclara Endeavor en préparant une décharge de flammes au niveau de sa main droite. 

Ken fronça des sourcils et balaya sa déferlante de sentiments. Il se redressa, et muni du peu de forces qui lui restait, il utilisa son alter afin de s'envoler dans les airs. Il esquiva les flammes avec une agilité dont lui seul était capable de faire preuve. Du coin de l'œil, il aperçut Sirius passer à l'offensive. Conscient de la force phénoménale d'Endeavor, Ken savait désormais qu'il venait de se débarrasser du jeune homme.

" Le cerveau de la Guilde ne devrait pas s'en sortir. Henael, te voilà amputé d'une de tes plus belles armes." 

Akane se leva en sursaut en entendant retentir une sonnerie stridente au sein de la maison. Pendant quelques secondes son cœur mit à battre à vive allure. Se relevant avec peine, elle prit le temps de lancer un coup d'œil à l'heure affichée sur l'écran de son téléphone. Un léger souffle témoignant de son incrédulité s'échappa de ses lèvres. Il n'était que quatre heures du matin. Qui pouvait oser pointer le bout de son nez chez eux à une heure pareille ? Le plus étrange étant que depuis leur retour à Tokyo, Akane et sa grand-mère recevaient uniquement la visite d'Asta, le nouvel ami de l'adolescente. 

Cette dernière sursauta de nouveau en entendant la sonnerie faire vibrer son cœur. Sans qu'elle n'ait plus aucun contrôle sur elle-même, les membres de son corps se mirent à trembler. La fatigue l'empêchait d'ouvrir complètement les yeux. Elle passa sa main dans sa chevelure indisciplinée, et quitta son lit non sans avoir légèrement grimacé en sentant le froid lui ronger la plante des pieds. Sa première pensée fut d'empêcher sa grand-mère d'ouvrir. Nul ne savait qui se cachait derrière cette porte. De plus, la jeune fille était traumatisée des visites nocturnes imprévues. En effet, la dernière fois qu'elle avait été témoin d'un tel événement, sa mère s'était faite assassinée sous ses yeux. 

En sortant de sa chambre, elle tomba nez à nez avec sa grand-mère et un immense soulagement s'empara de son cœur. 

-  Qui ça peut bien être ? chuchota-t-elle. 

La vieille femme plissa des yeux, laissant ainsi comprendre qu'elle était en pleine réflexion. 

-  Je vais ouvrir, se décida Akane. Je saurais me défendre ne t'en fais pas. 

-  Ce ne sera pas la peine, lui expliqua sa grand-mère en esquissant un sourire triste. Je pense savoir qui se trouve derrière cette porte, termina-t-elle en un doux murmure. 

Akane fut surprise en découvrant que les yeux de sa grand-mère commençaient à devenir brillants. En resserrant les pans de sa veste autour d'elle, Akane réalisa qu'il commençait à faire de plus en plus froid. Cependant, il n'avait rien de plus normal car Noël approchait à grands pas. Puis, ce fut seulement en fixant les cheveux gris de sa grand-mère, qu'elle se souvint de la date du jour. C'était son anniversaire. Or, elle n'eut pas le temps de lui souhaiter quoi que ce soit, car déjà la vieille femme venait d'ouvrir la porte. L'individu qui était à l'origine de ce petit dérangement nocturne fit enfin son apparition. 

Positionnée derrière sa grand-mère, Akane prit soin de détailler l'inconnu qui se positionnait en face d'eux. Son cœur loupa un battement, et elle crut bien que ses jambes allaient défaillir. Le grand homme était en piteux état. Lorsqu'il retira son masque abîmé, le souffle d'Akane se coinça au fond de sa gorge. Aucun son ne parvint à traverser la barrière de ses lèvres. Elle serra les poings, enfonçant de plus en plus ses ongles dans sa chair. Elle ne pouvait se résoudre à croire qu'il se situait enfin en face d'elle. Le cauchemar avait pris fin aussi rapidement ? Il avait finalement réussi seul sa mission ? 

Un léger sourire prit place sur ses lèvres. 

-  Joyeux anniversaire maman, prononça-t-il d'une voix douce. 

-  Mon Kenato...

La vieille femme ne put s'empêcher de fondre en larmes. Akane demeura bouche-bée, fixant son père par l'intermédiaire de ses yeux vairons. Ken posa de nouveau son pied dans la maison de son enfance, tandis que sa fille le contemplait comme si sa présence était illusoire. 

-  Pa... Papa. 

-  Akane. 

Il s'agissait bel et bien de ses deux prunelles grisâtres. Pendant quelques instants, elle regarda d'un œil effrayé les deux cicatrices qui barraient les joues de son père. Par pure réflexe elle effleura du bout des doigts celle qui reposait sur son propre visage, celle que Zachariel lui avait laissé.

-  Papa... T'es revenue ! 

Sautant dans ses bras, Akane laissa toutes ses peines et sa frustration se libérer. Elle fondit en larmes, et se mit à pleurer comme lorsqu'elle était plus jeune, et qui lui arrivait de tomber de son vélo. Ses sanglots qui provenaient du plus profond de son cœur venaient d'éclater la carapace qu'elle avait bâti autour d'elle. Elle sentit l'emprise de Ken se resserrer autour d'elle. Il ne lui dit pas de cesser ses sanglots comme lorsqu'elle était plus jeune. 

-  T'es revenue, hoqueta-t-elle. Merci ! 

-  Akane... Il faut que tu m'écoutes. 

L'adolescente redressa vers son père un regard empli de larmes. 

-  Papa, j'ai écouté tous tes conseils ! dit-elle en esquissant un sourire. Ta lettre, je la connais par cœur ! 

-  Ça ne m'étonne pas de toi, répliqua Ken en lui ébouriffant les cheveux. 

-  Tu as l'air blessé, intervint sa mère visiblement inquiète. Que s'est-il passé Ken ? Pourquoi es-tu ici ? 

Akane ne comprit pas pourquoi sa grand-mère venait de lâcher toutes ces questions. Pour elle, les réponses étaient évidentes : Ken en avait fini avec la Guilde. De toute évidence, c'était assez connu que les Vilains n'allaient jamais bien loin au sein de ce monde. À la fin, c'était toujours le bien qui triomphait. Pendant cet intervalle de quelques secondes, Akane se mit à penser à la vie qui pourrait peut-être se déployer en face d'elle. 

-  Maman..., c'est compliqué, dit son père non sans grimacer tout en plaçant une main au niveau de sa côte. 

-  Tu es blessé Ken, répéta-t-elle aussitôt. Va t'asseoir, je m'occupe de te soigner. 

Le regard d'Akane perdit peu à peu de son éclat. Elle prit la peine de détailler son géniteur, pendant que celui-ci avait toujours son bras autour de ses épaules. Il était vrai, qu'il ne paraissait pas au sommet de sa forme. 

-  Allons nous asseoir, dit-elle. 

-  Je n'ai pas beaucoup de temps, les informa Ken en prenant place sur la première chaise qu'il vit. 

-  Je l'ai deviné, dit sa mère d'une voix calme. 

Elle se dépêcha d'appliquer du désinfectant sur les plaies de son fils. Akane la regardait faire et elle ne manqua pas de remarquer que chacun de ses gestes étaient précis et munis d'une finesse sans égale. Quiconque voyant la vieille femme aurait pensé qu'elle avait fait ça toute sa vie. 

La jeune brune laissait son regard passer des mains de sa grand-mère jusqu'au visage abîmé de son père. 

-  Papa..., finit-elle par dire. Qu'est-ce qui se passe vraiment ? 

Les yeux gris de son père détaillèrent son visage. Son front était barré par un pli qui laissait deviner une certaine anxiété. 

-  Tu es au courant pour la Guilde j'imagine. 

-  Bien-sûr. Mais je ne pensais pas te revoir de si tôt. Et les armes que tu m'as léguées, je...

-  Conserve-les avec soin. Ne laisse personne les approcher Akane tu m'entends ? la coupa-t-il aussitôt. 

L'adolescente déglutit, et Iwa Isayo cessa pendant quelques secondes d'appliquer du coton imbibée de désinfectant sur la joue de Ken. Akane tira sur les manches de sa veste, avant de réaliser que c'était celle de Shoto. Il ne fallait surtout pas qu'elle oublie de lui rendre. 

-  Qu'est-ce qu'elles ont de si spéciales ces armes ? lâcha Akane. C'est vrai, pourquoi tu tiens tant à ce que ce soit moi qui les possède ? 

Le silence qui suivit sa question commença à l'énerver. Les membres de son corps se mirent à trembler, puis, ne voulant plus dissimuler quoi que ce soit elle releva la manche de sa veste. 

Sa marque, qui était une flamme noire où l'on pouvait lire le mot "vengeance" fut exposée aux yeux de tous. 

-  Je veux comprendre pourquoi on m'a collée cette fichue marque. 

La grand-mère de la jeune fille fronça des sourcils, tandis que Ken venait de se redresser d'un bond. Ce fut la première fois qu'Akane le vit esquisser un regard aussi affolé. 

-  Quand est-ce que tu as affronté...

-  Henael ? devina-t-elle. Il n'y a pas longtemps. Il avait arboré l'enveloppe corporelle de mon ami Mike. Sans l'aide... Sans l'aide du fils d'Endeavor je serai...

-  Le fils de qui ? la coupa son père. 

Son regard était désormais incrédule, et Akane répéta plusieurs fois les mots qu'elle était sur le point de dire, afin de s'assurer qu'elle n'allait pas plomber l'ambiance et plonger son père dans une colère sans nom. 

-  Todoroki Shoto est le fils d'Endevor. Il se trouve que..., bredouilla-t-elle. 

Du coin de l'œil elle aperçut sa grand-mère hocher de la tête comme pour lui signifier qu'elle n'avait pas à s'en faire, et qu'elle ferait mieux de dire toute la vérité. 

-  J'ai été engagée comme stagiaire par le super-héros Endeavor. Je voulais devenir assez forte et me hisser jusqu'aux rangs prestigieux des super-héros afin d'être à même d'avoir plusieurs informations concernant la Guilde. Je suis sûre que les héros ont quelques informations au sujet de la Némésis, dit-elle. Mais peu importe, mon but est de pouvoir t'aider à en finir avec eux papa. C'était ça ton plan, non ? 

Le père de famille ferma les yeux, comme pour s'imprégner d'un sang froid imperturbable. 

-  Presque ça. Akane, si je t'ai dit de devenir une héroïne c'est justement pour t'éloigner de mon monde. Je veux que tu combattes pour la véritable justice à laquelle tu aspirais lorsque tu étais enfant. 

-  Ken, dis-lui toute la vérité sans exception, lui ordonna sa mère. 

Les yeux d'Akane s'écarquillèrent. Son cœur se mit à battre la chamade. Elle serra des poings, et se mordit la lèvre inférieure en priant pour que la situation ne s'illustre pas plus pire qu'elle n'était déjà. Détruire la Guilde Némésis. Venger son grand-père. Aider son père. Protéger sa grand-mère. Ses raisons de vivre n'étaient autres que ces dernières. 

-  Je sais. Akane, si je suis venu c'est parce que j'étais en mission et que je suis parvenu à m'échapper pour vous retrouver. Henael est le leader de la Némésis. Il possède un alter lui permettant de dérober celui des autres. Mais ce n'est pas sans conséquences désastreuses pour ses victimes, expliqua-t-il. Et, Henael n'ayant pas pu dérober mon alter a décidé de s'en prendre à mon héritière. Toi. 

L'esprit de la jeune fille se mit à bouillonner. Elle plaça deux doigts au niveau de sa tempe afin de réfléchir et non pas exploser. Dans de telles circonstances elle enviait le calme remarquable et les grandes capacités intellectuelles d'Asta. 

-  Mais pourquoi Henael aurait besoin de ton alter ? Il en possède des tonnes, qui à mon avis suffisent à être plus puissants que celui-ci. Puis on n'est pas les seuls à posséder un tel pouvoir. 

-  Il faut que tu saches qu'en dérobant les alters, Henael possède la puissance de sa victime. Alors, entre une jeune fille qui possède la capacité de maîtriser le feu, et un homme plus expérimenté qui a le même pouvoir, son choix penchera plus vers le dernier cité. Mais, Heanel ne veut pas notre capacité à maîtriser l'air. Ce qu'il veut... C'est un autre alter. 

Akane fronça des sourcils, avant de plonger sa main dans sa chevelure. Elle ne comprenait plus rien à la situation. Trois alters ? Était-ce possible ? De plus, elle n'avait jamais senti en elle la présence d'un troisième alter quelconque. Puis, ceci lui paraissait totalement absurde. 

-  Posséder trois alters c'est impossible papa...

-  Si, mais il est très spécial, la contredit-elle aussitôt. C'est un alter rare, que seuls les individus ayant la capacité de maîtriser un des quatre éléments peuvent posséder, expliqua-t-il. Cet alter permet de donner naissance à... 

Akane fixait son père, désireuse de comprendre. Elle se mordillait de plus en plus la lèvre inférieure. Son cœur semblait sur le point de jaillir de sa poitrine. 

-  Donner naissance à..., encouragea-t-elle son père à terminer. 

-  Aux dragons des quatre éléments, dit sa grand-mère. 

En cet instant, Akane eut la désagréable impression de se retrouver dans un pur monde fictif. Elle passa sa main dans sa chevelure. 

-  Mais... 

-  Henael veut les quatre dragons. Pour l'instant c'est tout ce que tu dois retenir. C'est ce qui lui manque pour atteindre sa pleine puissance, dit Ken en se dirigeant vers la sortie. 

-  Papa ! Attend ! hurla Akane. Et qu'est-ce que je dois faire ? finit-elle par demander d'une voix brisée. Je suis perdue papa...

-  Tu dois, te battre contre toi-même, lui expliqua son père en enfilant de nouveau son masque. Essaie d'en apprendre plus sur ce pouvoir, et tu feras le lien avec les armes que je t'ai léguée. Et n'oublie pas... Combat pour la véritable justice, et ne te préoccupe pas de moi, c'est en agissant de la sorte que tu m'aideras. 

Akane fixa son père disparaître dans la nuit. Le vent nocturne se faufilait à travers sa chevelure, et agressait ses pieds nus. Bouche-bée, elle se demanda qui était cet homme. Qui était son père ? Plusieurs questions se bousculaient dans sa tête. Cependant, en dépit des ordres de Ken, ses ambitions n'avaient pas changé. Elle allait le venger. Elle devait le sauver. 

-  Les quatre dragons, dit-elle en un souffle comme pour s'assurer que tout ça n'était pas illusoire. 

Peut-être que sa véritable force ultime résidait dans ce nouveau pouvoir. 

Ce pouvoir mystérieux et inconnu. 

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Merci pour les 10K ! Je crois qu'on peut dire que je suis officiellement de retour :) Merci pour tout la TeamShoto, vous m'avez manquée <3 J'espère que ca chapitre vous a plu, parce que pour ma part je le trouve un peu mou, mais ne vous en faites je vais me donner à fond dans la suite !