CHAPITRE 2 : L'OMBRE VENGERESSE
CHAPITRE 2 : L'OMBRE VENGERESSE
— Lâche-moi sale vipère !
Akane avait conscience du fait que ses paroles étaient d'une absurdité hilarante. Elle était désormais à la merci de cet homme-serpent, et ce n'était pas cette simple phrase lâchée entre deux suffocations qui allait le convaincre de lâcher prise. La jeune fille serra des dents, prisonnière de ce poids qui s'enroulait autour d'elle et compressait sa poitrine. La scène n'avait duré qu'une dizaine de secondes, mais la souffrance était déjà immense.
— Je suis maître dans l'art des meurtres rapides et propres, lui souffla son ravisseur à l'oreille.
Akane aurait voulu répliquer mais elle en était incapable. L'air ne parvenait plus à revitaliser son corps, et en peu de temps elle vit sa vie défiler devant ses yeux. Une majeure partie de son existence était marquée par l'assassinat de sa mère, tuée par un vilain. Akane n'avait que six ans à cet instant, mais ses souvenirs étaient d'une clarté exceptionnelle. L'adolescente serra des dents, elle ne pouvait pas mourir d'une manière aussi lamentable. Il était tout simplement hors de question qu'elle quitte ce monde parce qu'elle avait menti à ses grands-parents en se rendant dans une vieille boîte de nuit, au lieu de vraiment dormir chez Takara pour un devoir d'anglais. Elle ne pouvait pas partir, alors qu'elle n'avait même pas pu revoir son père. Elle ne pouvait pas partir tant qu'elle n'aurait pas rencontré Endeavor, tant qu'elle n'aurait pas accompli son rêve de devenir une héroïne. Non, elle ne pouvait pas partir tant qu'elle ne contrôlait pas ses alters.
— Tu n'es quand même pas sur le point de mourir ? plaisanta le vilain.
À ces mots, Akane sentit son corps s'écraser comme une crêpe contre le bitume. Elle reprit son souffle, et essaya de comprendre pourquoi son agresseur l'avait enfin lâchée. Ce fut d'un mouvement lent et faible qu'elle encra ses yeux vairons dans ceux de l'homme qui se dressait au dessus d'elle.
— Ce ne serait pas drôle si je te tuais directement...
Akane fut prise d'une quinte de toux. Elle se sentit misérable.
« Comment aurait agit maman à ma place ? Que m'aurait-elle dit de faire ? »
La jeune brune fronça des sourcils, et osa affronter le regard perçant de son adversaire.
— C'est quoi ton but dans la vie ? parvint-elle à formuler d'une voix basse.
Son interlocuteur arqua un sourcil, et la fixa d'un regard interrogateur.
— Tu t'improvises philosophe fillette ?
En sentant une chaleur se répandre le long de son bras gauche, Akane sourit d'une manière imperceptible dans la pénombre. Elle n'avait plus le choix, c'était pour sa défense qu'elle allait utiliser ses flammes. Une première étincelle jaillit de son index, et elle ne pensa pas une seule seconde aux conséquences terribles que pourrait engendrer son geste.
Cependant, avant même qu'elle ne puisse attaquer un sifflement dans l'air se fit entendre. En quelques secondes, Akane fixa d'un œil ahuri l'homme-reptile s'écraser lourdement contre le sol. Le regard de la brune s'agrandit lorsqu'elle remarqua le manche d'un poignard qui dépassait du corps du vilain. L'arme semblait dotée d'une mystérieuse lueur bleutée qui parvenait à percer la couche obscure formée par la nuit. Ce fut avec un courage dont elle ignorait l'existence, qu'elle osa lever les yeux pour fixer cette ombre noire qui se dressait juste en face d'elle.
Il était grand, vêtu d'une combinaison sombre, et son visage était dissimulé derrière une simple cagoule. Cependant, quiconque était en mesure de remarquer qu'il possédait des prunelles noires, aussi insondables que la nuit qui venait de s'abattre sur Tokyo. Akane frissonna, elle sentit le vent s'engouffrer dans son corps, en revanche elle fut ravie de constater qu'elle respirait de nouveau parfaitement. Tout semblait illusoire pour la jeune fille, peut-être fut-ce la raison pour laquelle elle osa avancer sans flancher. Elle fronça des sourcils. L'ombre mystérieuse ne bougea pas d'un poil.
Elle ne rêvait pas.
- « On le reconnaît par sa tenue entièrement noire. Son mode opératoire n'est pas encore parfaitement déterminé, mais il semble privilégier les crimes précis avec des armes tels que les poignards... Il ne s'en prend qu'à des Vilains... On le nomme l'Ombre Vengeresse », récita Akane en se souvenant de tout ce qu'elle lisait sur les médias, ou encore, qu'elle entendait dans les journaux télévisés.
L'adolescente ne cessait d'idéaliser les héros, mais une partie secrète d'elle-même ne pouvait s'empêcher de s'intéresser à ce mystérieux justicier qui était recherché depuis maintenant trois ans. Elle avait du mal à réaliser qu'un des hommes les plus traqués du pays se situait juste en face de ses yeux, après lui avoir sauvé la vie.
— Je..., commença Akane. Quelles sont vos intentions ?
L'individu fit volte-face ne daignant pas répondre quoi que ce soit. C'était dans cette petite ruelle paumée située non loin d'une vieille boîte de nuit, qu'une atmosphère mystérieuse venait de s'installer. Akane était en proie à l'adrénaline. Elle voulait savoir, et ce désir était dû au fait qu'elle se sentait étrangement proche de l'Ombre Vengeresse.
Sans crier gare, le sauveur de la jeune fille avança, prêt à déserter les lieux.
— Attendez ! hurla Akane. Ne partez pas ! Je voudrais avant tout vous remercier, parce que malgré ce que l'on peut dire à votre sujet cela ne change pas le fait que vous venez de me sortir des griffes de cet... De ce vilain, parvint-elle à dire en posant un regard craintif sur le cadavre qui gisait au sol. Désolé si ma question a pu paraître étrange, mais sachez que... Que ce que vous faites ne me paraît pas si monstrueux que ça !
Elle avait enfin osé le dire, l'hurler même. Akane baissa les yeux, les joues en feu. Elle n'aurait été nullement surprise si elle aurait réalisé qu'elle avait hurlé dans le vide. Mais, contre toute attente il était resté. Il prit même la peine de tourner légèrement son visage, de telle sorte à croiser les yeux vairons de la jeune fille.
— Quels alters possèdes-tu ?
Cette simple question lui fit l'effet d'une décharge électrique. Elle bredouilla certaines phrases en anglais, laissant ainsi ressortir ses origines américaines, avant de reprendre son calme.
— Mes parents ont deux alters différents, et il se trouve que j'ai hérité des deux. Avec ma partie gauche, je suis censée maîtriser le feu, et avec la droite, l'air.
— C'est étrange, tu ne sembles pas sûre de toi. Ou alors je me trompe ? fit-il remarquer d'une voix posée.
— Oui, parce que je ne maîtrise pas ces pouvoirs. Je n'arrive pas à maîtriser mes flammes sans provoquer d'incendies meurtriers. Puis, en ce qui concerne l'air... C'est la même, lâcha-t-elle d'une voix abattue. Je suis une catastrophe naturelle à moi toute seule, et aussi absurde que cela puisse paraître, je veux devenir une héroïne.
Le silence s'installa, il se mit à rôder. Akane se surprit à le trouver agréable, c'était celui qui ne jugeait pas. C'était un de ces silences rares qui parvenaient à mettre en confiance.
— Ton rêve doit normalement te pousser à avoir une haine envers moi.
— Et ce n'est pas le cas, souffla Akane. Les héros, la justice... On en parle souvent, mais savons-nous réellement ce que c'est ? Je veux devenir une héroïne, mais avant toutes choses je veux savoir ce qu'est un vrai héros.
L'Ombre Vengeresse, comme on aimait l'appeler, leva la tête en direction du ciel.
— Deviens une héroïne. Une vraie.
Et il s'était volatilisé. Il demeurait toujours aussi inconnu pour Akane. Les yeux de la jeune fille brillaient d'admiration. Pourtant, elle avait conscience que ce n'était pas la meilleure personne à contempler avec un tel regard. Il était réputé pour ses multiples assassinats. Toutes ses victimes étaient des vilains, et cela mettait en évidence le fait que cette personne s'offrait le luxe de se faire justice elle-même. Pourquoi Akane éprouvait une telle fascination envers lui ? Elle n'aurait su le dire.
Mais pour l'instant, trouver une réponse à cette question n'était pas la priorité de l'adolescente. Elle devait retrouver Takara, et surtout, fuir ce lieu et ce cadavre. La brune partit en courant en direction du Dröm Party. Malgré l'amas de pensées qui tournait dans son esprit, elle ne pouvait oublier la phrase que lui avait dit ce justicier, cet assassin aux gestes vifs et rapides :
« Deviens une héroïne. »
« Est-ce que je peux ? Est-ce que tu peux devenir une héroïne Akane ? Une vraie ? »
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