CHAPITRE 14 : L'ENTRAÎNEMENT DÉBUTE
CHAPITRE 14 : L'ENTRAÎNEMENT DÉBUTE
À cet instant, Akane n'avait qu'une seule envie qui n'était autre que la suivante : s'écrouler au sol. Son souffle était saccadé, et témoignait du fait qu'elle semblait sur le point de recracher ses poumons enflammés par l'effort. Essoufflée, elle se plia en deux tout en priant pour retrouver une respiration convenable. Pendant son temps de souffrance, elle vit une main dont la taille était imposante, lui tendre une bouteille d'eau.
- Merci, dit-elle en un souffle.
- Interdiction formelle d'en boire beaucoup, lui rappela-t-il. Ensuite, j'imagine que tu sais avec perfection que tu n'as pas le droit de t'asseoir. Il te reste précisément dix minutes de récupération avant la reprise.
Épuisée, Akane hocha de la tête et se mit à marcher afin de conserver un rythme convenable tout en reprenant ses esprits. Il ne lui restait plus que trois tours à effectuer, et elle aurait enfin fini avec la course. Pour cette première séance d'entraînement, son mentor avait décidé d'évaluer son endurance en la faisant faire cinq fois le tour de l'immense jardin des Todoroki. Malheureusement pour l'adolescente, ça allait être reparti pour un tour. Ses jambes ne semblaient plus coopératives, et Akane se demandait comment elle allait s'y prendre pour ne pas s'écraser contre le sol à la manière d'une vieille crêpe.
Cependant, elle avait conscience que tout se jouait au niveau de son mental. Si elle parvenait à se persuader qu'elle pouvait aller plus loin, elle y parviendrait. Ce fut pile à cet instant que refit surface dans son esprit, une veille phrase que son grand-père lui avait dite lorsqu'elle était plus jeune : " Les limites n'existent pas, elles sont les constructions néfastes de notre cerveau."
En quelques minutes elle avait terminé de faire le tour en marchant de cet immense jardin. Le soleil commençait à se coucher, et à travers les rayons de bronze, les yeux bleus d'Endeavor lui évoquaient un beau ciel d'été. Un beau ciel d'été qui pouvait s'assombrir d'un instant à l'autre.
- Prépare-toi c'est reparti.
Le cœur de la jeune fille s'engagea aussitôt dans une allure effrénée. L'adolescente souffla un bon coup avant de reprendre sa course. Elle se concentra sur le mouvement régulier de ses chaussures de sport ainsi que sur les paroles motivantes qu'elle ne cessait de ressasser dans son esprit. La fatigue se mit à émerger au bout de l'avant dernier tour. La petite brune commençait à se demander si elle allait quitter la demeure des Todoroki en un seul morceau. Lorsqu'elle entama son dernier tour, Akane remarqua qu'Endeavor fixait avec insistance le chronomètre accroché autour de son cou.
"Tu n'as qu'à accélérer et ce sera fini."
Sur cette dernière pensée, Akane se décida à investir le peu de forces qui lui restait dans ce dernier tour. Elle était parvenue le temps de quelques secondes à faire abstraction de sa douleur, et sa vengeance qui demeurait sa motivation ultime lui servait en guise de tonique.
- T'as encore du travail, dit Endeavor en la toisant de haut. Prépare-toi pour la séance de pompes et d'abdos.
Le deuxième meilleur super-héros ne plaisantait pas. Akane eut l'impression de subir une véritable torture en effectuant une pompe. Ses petits bras criaient à l'aide, et elle sentait les membres de son corps trembler comme de vieilles feuilles en période hivernale.
- Tu dois t'améliorer physiquement pour utiliser tes alters, lui rappela Endeavor.
Allongée le long du sol et essoufflée, Akane n'eut même pas la force de lui dire qu'elle était incapable de produire un effort de plus. Par ailleurs, l'adolescente craignait d'entamer la séance d'abdos. Elle n'avait jamais su en faire, et telle était une des raisons pour lesquelles Mike et Takara prenaient un malin plaisir à se moquer d'elle en sport.
- Il va falloir que tu t'améliores. Tu es encore loin de ton but.
Les yeux vairons d'Akane exprimaient la détresse. Endeavor était aussi froid que la glace que produisait son fils. Or, elle avait conscience qu'en dépit de tout elle demeurait très chanceuse. Alors, ce fut durant l'apparition du ciel nocturne, qu'elle se promit que pas même la douleur ne saurait l'éloigner de son objectif ultime.
Cela faisait désormais une semaine qu'Akane suivait avec acharnement les entraînements physiques intensifs que lui donnait Endeavor. Passer chez les Todoroki dès la fin des cours commençait à devenir une habitude de son quotidien. Bien-sûr, l'adolescente peinait à concilier sa vie de lycéenne avec ses séances d'entraînements, mais elle tentait tant bien que mal de rassurer sa grand-mère en faisant remarquer que tout était une question d'habitude.
Au lycée, la simple vue de Takara et Mike suffisait à lui créer un nœud au fond de la gorge. Son groupe de musique, One For All, lui manquait. Manger seule à la cantine était devenu un fait de sa routine d'étudiante. L'adolescente se sentait seule, et elle avait l'impression que ses deux anciens amis parvenaient à vivre sans elle avec une aisance déconcertante. Par conséquent, au fil des jours, retrouver son père devenait sa seule et unique raison de vivre. L'adolescente faisait parfois des cauchemars la nuit, et ces derniers étaient emplis de souvenirs terribles tels que la mort de son grand-père, ou encore celle de sa mère.
Elle ne pouvait s'empêcher de penser à Zachariel, et surtout, à cette mystérieuse Guilde : la Némésis.
Alors, un beau jour en arrivant chez les Todoroki elle décida de se réfugier dans la bibliothèque de la maison en attendant la venue d'Endeavor. Bien-sûr, elle ne put s'empêcher d'être fascinée par la richesse en livres, et le raffinement de cette immense pièce. Une odeur de vieux bouquins chatouillait ses narines, et elle fut étonnée de constater qu'apparemment, le grand Endeavor accordait une importance considérable aux ouvrages. Cependant, elle n'exclut pas la probabilité que ça puisse être Fuyumi qui soit à l'origine de cette bibliothèque.
Ne prêtant pas plus d'attention que cela à des détails inutiles, Akane se lança dans sa recherche et parcourut de vieux livres qui avaient tous pour sujets la mythologie grecque ou encore romaine.
Au bout de quelques recherches elle tomba enfin sur de vieilles pages consacrées à Némésis, la "déesse de la juste colère", et surtout de la vengeance. Les yeux vairons de l'adolescente furent très vite captivés par les légendes écrites sur les pages qu'elle feuilletait. Sa fascination était telle, qu'elle ne remarqua pas d'emblée l'entrée de Shoto Todoroki dans la pièce.
- Te voilà, encore une fois, lâcha-t-il.
- Tu me verras encore longtemps, ou du moins, jusqu'à ce que je maîtrise mon alter, fit remarquer Akane en décollant les yeux de son livre. T'as pas l'air très content de me voir. Mais si ça peut te rassurer, tout ce que t'as à savoir c'est que je ne suis pas une fille avec laquelle il est difficile de cohabiter. Je t'assure que excepté les jours pairs et impairs, je suis adorable ! Bizarre, t'as toujours pas l'air convaincu... Rassure-moi tu vas pas me transformer en Mister Freeze ?
Shoto haussa des sourcils en l'entendant s'exprimer de la sorte. Akane aurait aimé voir un sourire apparaître sur son visage, mais elle avait conscience que cela était impossible.
- Il ne manquerait plus que tu dormes ici, soupira Shoto.
Le garçon à la chevelure bicolore déposa son sac dans un fauteuil. Tous ses gestes exprimaient une nonchalance sans égale. En constatant que le silence venait de s'installer, l'adolescente tenta par tous les moyens de le briser.
- C'est cool que ton père ait pensé à aménager une bibliothèque. En plus de penser à ton avenir de super-héros, il pense à ta culture générale. Endeavor est fantastique, termina-t-elle d'une voix basse.
- Ma mère aimait beaucoup la lecture, dit Shoto. C'est elle qui a voulu cette bibliothèque.
- Alors tu veux dire que cette bibliothèque est un cadeau de ton père à ta mère ?
- Non. C'est elle qui l'a voulue. Mon père est plus à l'origine de la salle d'entraînement qu'il y a à l'étage.
Akane ne manqua pas de remarquer que Shoto conservait le silence. Elle connaissait ce regard, celui qui ornait son visage à cet instant même. C'était le même qu'elle possédait lorsqu'elle parlait de sa mère décédée.
- Tu sais, ma mère est morte quand j'avais six ans, dit-elle. Elle a été tuée par un Vilain.
L'adolescente nota chez le jeune homme une expression assez surprise, qui fut suivie d'une autre qui exprimait plus de la tristesse. Les mains dans les poches, Shoto s'adossa au mur et ses yeux aux couleurs grises et bleues, se retrouvaient confrontés de nouveau à ceux d'Akane.
- C'est pour ça que tu es là j'imagine, déduit Shoto. J'aurai une question. Pourquoi tu n'as pas tenté ta chance dans une école d'apprentis-héros ?
- Yuei peut-être ? dit-elle en un rire amer. Impossible. Je ne sais pas maîtriser mes alters, je suis plus un danger qu'autre chose. Mon seul espoir c'est de faire partie de l'agence de ton père.
En réalité, Akane aurait aimé dire à Shoto que devenir une héroïne était juste un prétexte pour être assez forte, et pouvoir mener à bien sa mission. Endeavor avait raison sur un fait : il lui fallait une meilleure condition physique. Elle en avait besoin si elle voulait un jour manier avec précision les armes meurtrières construites par son père, et qui demeuraient cachées dans sa chambre.
- Je n'arrive pas à croire que..., commença Shoto. Que je te vois de nouveau en face de moi. Depuis le début, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose en toi que je n'arrive pas à sonder. Et, c'était comme si tu venais te présenter à moi, à la manière d'une énigme. J'ai l'impression que ton regard me lance le défi de résoudre le mystère fascinant de ta personne.
Peut-être que ce fut inconsciemment que Shoto s'était approché de la jeune adolescente. Akane eut une envie de se boucher le nez, juste pour éviter de sentir cette odeur de menthe fraîche qui émanait de lui. Une voix au fond d'elle lui murmurait que cette odeur pouvait devenir le désir secret de son cœur. Elle s'insulta intérieurement de débile, mais au bout de quelques minutes elle se laissa aller à ses désirs et laissa ses pupilles se perdre dans celles de Shoto. À cet instant il n'était plus le rival qu'elle s'était donnée, mais un individu ordinaire. C'était un jeune homme dont les cheveux doux étaient fascinants, qui avait un nez qui s'accordait à merveille avec la forme de son visage, qui possédait des yeux...
- Recule, dit Shoto en l'arrachant ainsi de ses pensées.
- Hein ? souffla Akane.
- Recule.
À ces mots, Shoto s'empressa de prendre un bouquin au hasard qui trônait dans un des multiples étagères. Au même instant, la porte s'ouvrit à la volée, et laissa voir Endeavor. Il ne portait pas son costume, mais cela ne réduisait pas pour autant son aspect intimidant.
- L'entraînement va bientôt commencer Akane.
Ses yeux se posèrent sur le visage de la jeune fille, avant de se diriger vers Shoto. Il fronça des sourcils à la vue de son fils.
- Tiens Akane, dit ce dernier en lui tendant le bouquin qu'il avait pris. Je pense que ce livre correspond mieux à tes recherches. Tu as raison de t'intéresser aux anciens super-héros, ils sont vus comme étant les plus forts.
L'adolescente comprit alors que Shoto jouait la comédie devant son géniteur.
- Merci beaucoup. Je suis prête, dit-elle en se tournant ensuite vers son mentor.
Le grand homme s'en alla sans un mot, et Akane devina qu'elle devait le suivre. Mais alors qu'elle s'apprêtait à partir, elle sentit le souffle de Shoto effleurer sa tempe.
- C'est un honneur de t'avoir pour rivale, lui souffla-t-il à l'oreille.
À cet instant, Akane comprit toute la réaction que Shoto avait eu lorsqu'il avait deviné l'arrivée de son père. Il ne voulait tout simplement pas que le super-héros soit témoin de ce rapprochement imprévu. Elle se mordit la lèvre inférieure et serra les poings. Ce maudit Shoto Todoroki voulait sûrement la prendre par les sentiments. Elle n'allait pas tomber dans son piège.
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