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CHAPITRE 12 : LE PUZZLE



CHAPITRE 12 : LE PUZZLE


-  Surtout, fais attention à toi... 

-  Ne t'en fais pas grand-mère, répliqua aussitôt Akane en nouant le lacet de sa chaussure. Papa compte sur moi, tu le sais très bien. Alors, je dois revenir en un seul morceau. 


Nul ne pouvait reprocher à Iwa Isayo de se faire un sang d'encre pour sa petite-fille. Le soleil n'était pas encore levé, et l'adolescente de quinze ans devait se rendre à un rendez-vous, ou plus précisément à sa première séance d'entraînement avec Endeavor. L'excitation combinée à la peur avaient donné naissance à une boule dans  l'estomac de la jeune fille, provoquant ainsi son insomnie. Cependant, pas même le fait de ne pas avoir fermé l'œil de la nuit parvenait à atténuer son excitation. 

Elle s'empara du sac à dos que lui tendait sa grand-mère, et jeta un coup d'œil au contenu de celui-ci. Elle ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire en réalisant que sa mamie avait réuni tout un kit de survie dans ce sac. 

-  Mamie, si tout se passe bien je serai de retour dans la journée tu sais ? Puis, ne t'en fais pas je serai aux côtés du deuxième meilleur super-héros ! 


La vieille dame secoua la tête non sans laisser échapper un soupir. 


-  Il faut toujours rester prudente Akane ! Et Dieu seul sait ce que va te faire subir cet homme aux flammes multiples... Ma chérie fais attention à toi ! Surtout, si tu vois que ça va au bout de tes capacités, n'hésites pas à renoncer ! 


L'adolescente faillit s'offusquer, mais elle ne pouvait pas oublier que son grand-père était mort, et que son père s'était lancé dans une mission suicide. Il était par conséquent normal que sa grand-mère était soucieuse et animée par l'immense envie de la protéger du mieux qu'elle pouvait. 


-  C'est le moment d'y aller, dit Akane. 

-  Tes cheveux, tu ferais mieux de les attacher avant de partir. 

-  Oh tiens, t'as raison. 


La jeune fille noua sa chevelure avec l'élastique qui entourait son poignet avant de passer ses mains sur son crâne en espérant plaquer les mèches rebelles. 


-  À plus tard ! 


À ces mots, Akane salua sa grand-mère avant de s'en aller. En pointant le bout de son nez dehors, elle décréta qu'en effet, le soleil n'allait plus tarder à se lever. Animée par la détermination, la brune enfila ses écouteurs et donna un rythme à son trajet en se plongeant dans l'écoute de plusieurs musiques.

Akane savait qu'elle n'avait pas droit à l'erreur. Si son père était mis en danger par la Némésis, désormais il était de son devoir de lui prêter main-forte. Elle voulait se venger. Elle n'avait d'autres préoccupations que cette vengeance. Ce désir ardent ne pouvait s'envoler de son esprit, et encore moins lorsqu'elle visualisait le corps de son grand-père et ce regard azuré qu'était celui de Zachariel. Pour parvenir à ses fins, elle devait progresser et faire ses preuves.

Tout le reste du trajet, Akane se souffla qu'elle n'allait pas échouer. Le grand Endeavor n'allait pas le moins du monde regretter de lui laisser une chance de faire ses preuves. L'adolescente sortit de ses pensées en entendant une voix robotique féminine annoncer le terminus. Elle descendit du bus, et son souffle se coupa aussitôt lorsqu'elle aperçut en face de ses yeux l'étendue de la nature. Des chaînes de montagnes se dressaient au loin, narguant ainsi la taille des simples arbres qui étaient pourtant majestueux. Le décor était spectaculaire et Akane se surprit à le contempler. L'air de la nature parvint à la détendre. Les lieux étaient silencieux, et les premiers rayons de bronze du soleil vinrent chatouiller son visage avec douceur. 

Elle ferma les yeux quelques instants et tenta de réaliser l'exploit de se vider la tête.


-  Je vois que tu es à l'heure, c'est déjà un très bon point. 


À l'entente de cette voix grave et intimidante, Akane sursauta. Elle ouvrit aussitôt les yeux, le cœur battant à toute allure. En face d'elle se dressait Endeavor, et ses flammes rougeâtres l'aveuglèrent pendant quelques secondes. Bras croisés, le héros n'affichait aucun sourire mais plutôt une expression sévère. 


-  J'espère que tu réalises que tu me fais perdre mon temps gamine. Mais je vais très vite voir si tu en vaux la peine ou pas. 


Les sourcils de son héros favoris se froncèrent, Akane déglutit et après un effort monumental elle parvint enfin à formuler la phrase suivante : 


-  Vous ne serez pas déçu. 


-  C'est ce qu'on verra. J'espère que tu es prête parce que crois-moi, ce qui t'attend aujourd'hui ne sera pas facile. 


L'adolescente sentit les membres de son corps se mettre à trembler. Elle n'aurait su dire si c'était de peur ou d'excitation, mais peu importe la nature de son ressenti, elle se ressassa en boucle la même phrase : " tu vas réussir. " Elle dut se faire violence pour ne pas s'écraser face à la personne imposante d'Endeavor. Son admiration venait s'entremêler avec de l'intimidation, et il était impossible pour elle de dissimuler la rougeur de ses joues. Elle essaya avec peine de faire abstraction de la couleur azurée des yeux de son interlocuteur et de noyer sous une indifférence dont elle ne savait faire preuve, le rouge de ses flammes. 


-  Est-ce que tu devines pourquoi nous sommes là Akane ? 

-  Je... Non ? 

-  Non bien-sûr. Écoute-bien parce que je ne suis pas du genre à me répéter. Dans la forêt qui se déploie en face de tes yeux, j'ai dissimulé les quatre pièces d'un puzzle assez spécial. À toi de les retrouver. 

-  Pardon ? 


La réaction de la brune fut instantanée. Ses yeux vairons s'écarquillèrent, et elle attendit d'entendre qu'elle avait juste été victime d'une bonne blague. 


-  Cesse de me fixer avec ces yeux, grogna le héros en face d'elle. Tu as bien entendu. Tu ne te sens pas capable de retrouver ces pièces ? 


" Tu vas réussir. Pour papa. " 


Elle sentit la présence de la lettre de son père dans son sac. Ce simple fait suffit à lui procurer une force qu'elle n'aurait su posséder en temps ordinaires. 


-  Vous vous trompez. Je vais retrouver ces fichus pièces. Accordez-moi un délai, et je vous les apporterai en temps et en heure. 


Un sourire au coin alla se placer dans les lèvres d'Endeavor. L'adolescente serra des poings, bien décidée à procurer un sens à ses paroles. 


-  Tu as vingt-quatre heures, dit-il en se retournant prêt à repartir. Juste, ne t'avise pas de m'approcher si tu n'as pas en ta possession les quatre pièces du puzzle. 







Seule face à la nature, en voilà une situation qu'Akane Isayo ne pensait pas vivre. Son sac à dos avec elle, l'adolescente marcha d'abord avec des pas dont l'incertitude était décelable. Elle réfléchit à la solution à adopter mais elle dut se rendre à l'évidence : il n'y avait pas de bonnes stratégies, elle devait raser les lieux. Elle souffla, et se mit à avancer en s'enfonçant de plus en plus dans la forêt verdâtre. Des branches craquaient à chacun de ses pas, et bientôt les feuilles d'arbres qui se déployaient au dessus de son crâne recouvrèrent la lumière que lui offrait jusque-là la voûte céleste. 

L'adolescente tentait de se rassurer en se disant qu'elle n'allait pas échouer. Ne pas penser à l'échec allait sûrement lui permettre de l'éviter. Elle écartait les obstacles qui se dressaient en face d'elle, et n'hésitait pas à déplacer les amas de feuilles en espérant y déceler à l'intérieur ce qui pouvait s'assimiler à une pièce d'un puzzle. 

Elle avait une vue sur le ciel assez suffisante pour déduire qu'une heure venait de passer. Elle eut une envie de boire de l'eau, et ce fut après avoir comblé son désir qu'elle reprit sa route. Les lieux étaient semblables à un labyrinthe, très vite, Akane eut peur de tourner en rond et donc de ne pas avancer. Elle pensa à son père, et de son souvenir elle parvenait à tirer une certaine force. Il y avait tant de choses de lui qu'elle ignorait. Ken Isayo demeurait un beau mystère pour elle. 


-  Le temps presse, murmura-t-elle pour elle-même. 


Or, le moment n'était pas venu de se laisser submerger par la panique. Akane y croyait dur comme fer, elle allait retrouver ces pièces. 


Le soleil brillait de mille feux, et la jeune fille se dit qu'il était déjà midi. Elle ne voulait pas revenir bredouille, mais les faits étaient qu'elle n'avait toujours rien trouvé. Ses ongles étaient tâchés de terre, et son chignon arborait désormais un aspect lamentable. Désespérée, l'adolescente en vint à se demander si les pièces de ce puzzle existaient réellement. 


-  Je me demande s'il préparait des jeux terribles de ce genre à son fils. Si c'est le cas, pas étonnant qu'il soit aussi désagréable que ça, grogna-t-elle. 


Durant son chemin, l'adolescente fut interloquée par un étrange bruit qu'elle crut entendre. Sa première réaction fut de se préparer à attaquer, étant persuadée qu'elle venait de rencontrer un animal sauvage. Cependant, en se concentrant plus elle réalisa que ce qu'elle était en train d'entendre étaient en réalité des sanglots. Elle haussa les sourcils, surprise, avant d'avancer pour se rapprocher de cette personne assise à même le sol. 

Akane se retrouva en face d'une petite silhouette. La détentrice de cette dernière était une enfant dont le jeune âge transparaissait à travers ses gros yeux noirs, et ses joues rondes. Les larmes avaient rougit son visage enfantin et innocent. Akane fut décontenancée, ne sachant pas quoi faire dans un premier temps. Or, lorsqu'elle s'arma de sang-froid, elle réalisa que l'enfant tenait entre ses mains un petit oiseau. 


-  Hé, ça ne va pas ? 


Ce ne fut non sans avoir sursauté que la petite fille leva vers elle des yeux larmoyants. Elle essaya avec peine de reculer, mais au vu de la difficulté avec laquelle elle effectuait ses mouvements, il était facile de voir qu'elle souffrait d'une blessure à la jambe. 


-  Laisse-moi t'aider, dit Akane en prenant place à ses côtés. 


Toujours aussi silencieuse, la gamine laissa Akane examiner sa blessure qui enfin de compte n'était pas si grave que ça. L'adolescente sortit de son sac un flacon d'alcool que sa grand-mère avait eu l'ingénieuse idée de fourrer dans son sac. 


-  Ferme les yeux et serre les dents, ça peut piquer. 


La petite tête hocha de la tête avant d'obtempérer. Akane appliqua un peu d'alcool sur la plaie rouge, en pensant qu'elle devait désinfecter la blessure du mieux qu'elle pouvait. Ceci étant fait, ce fut avec un calme exemplaire que la brune pansa la blessure en déchirant un morceau de tissu du t-shirt de rechange qu'elle avait dans son sac. 


-  Ne t'en fais pas, tu iras mieux dans quelques minutes. Maintenant tu peux me dire ce qui t'est arrivée ? demanda Akane d'une voix douce. 

-  Je me suis perdue, murmura-t-elle. J'ai paniqué en courant et je suis tombée. J'ai beaucoup pleuré, et c'est lui qui m'a trouvée en premier. 


Elle exposa le petit oiseau qui reposait entre ses mains et qui laissait échapper son sifflement joyeux.


-  Merci beaucoup Madame... 

-  De rien, fit Akane en lui ébouriffant les cheveux. Maintenant je vais te ramener chez toi ne t'en fais pas. Tu te sens capable de marcher ? 

-  Vous connaissez ma maison ? s'exclama la jeune fille avec joie. 


Akane sentit un sentiment étrange l'effleurer lorsqu'elle vit les yeux noirs de cette enfant. Ils laissaient voir de l'espoir. C'était donc ce regard que rencontrait constamment un héros ? 


-  Non mais je vais t'y emmener en un éclair ! 




La nuit allait bientôt tomber, et Akane n'avait trouvé aucune pièce du puzzle. Cependant, pour une raison qui lui était inconnue elle demeurait devant cette forêt, au même endroit où elle avait rencontré Endeavor tôt ce matin. 


-  J'ai échoué, dit-elle en un souffle. 


Pour se rassurer, elle pensa au regard innocent et empli de joie de cette jeune enfant qu'elle avait aidé. Akane décréta qu'il était temps de faire demi-tour, et pourtant ce fut au même moment qu'une poigne aussi solide que du fer la retint par l'épaule. Des flammes rougeâtres perçaient l'obscurité de la nuit, et à cet instant elle comprit qu'elle avait échoué et pour de bon. Des larmes torturaient ses yeux. Elle se mordit la lèvre inférieure pour ne pas craquer. 


-  J'ai échoué, répéta-t-elle. J'ai échoué lamentablement, vous pouvez repartir. Je n'ai trouvé aucune pièce, et... 


-  Encore heureux que tu n'aies rien trouvé. Il n'y avait rien. 


Dire qu'elle était tombée des nues était un euphémisme. Sa respiration s'était coupée pendant quelques secondes. 


-  Quoi ? 

-  Tu ne rêves pas, il n'y avait aucune pièce de puzzle dans cette forêt. Je voulais juste tester ta détermination. Ta présence en ces lieux prouve que tu avais la volonté d'accomplir une mission, et ce, même si elle paraissait impossible. 


À cet instant Akane eut envie de s'écrouler au sol. Son soulagement et sa joie étaient telles qu'elle avait du mal à croire que ce qu'elle vivait prenait place dans la dimension du réel et non pas onirique. 


-  J'accepte de t'entraîner, déclara Endeavor. Je vais faire de toi l'héroïne que tu veux être. Je veillerai à ce que tu deviennes forte, et surtout...


La brune remarqua qu'un sourire narquois venait de se dessiner sur les lèvres du héros. Il avait cette manie qui suffisait à faire trembler de peur l'adolescente. Ce petit temps de pause lui semblait durer une éternité. 


-  Et surtout, reprit-il, je veillerai à ce que tu deviennes aussi forte que mon fils Shoto. Tu deviendras sa rivale, tes deux alters te permettront de devenir celle qu'il voudra surpasser. Je suis persuadé qu'il sera tellement désireux de te dépasser, qu'il n'aura d'autres choix que d'exploiter toutes ses capacités, et donc d'utiliser cet alter qu'il a en lui et qui n'est autre que le mien. 


Pendant quelques secondes, Akane eut l'impression d'avoir en face d'elle une autre image de ce héros qu'elle idéalisait tant. Endeavor semblait vraiment désireux de faire de son fils le meilleur combattant de tous les temps. Or, elle chassa cette dernière pensée d'un revers de main en se disant que si elle voulait atteindre le sommet elle devait se mesurer aux meilleurs. Et qui de mieux que Shoto Todoroki pour endosser le rôle prestigieux de rival ? 

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