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L'Éveil du Cri 2/7

Ce matin-là, un traîneau royal avait été préparé dans la cour du château d'Alhora. Frost s'y tenait en première ligne, clamant ses directives à ses hommes s'activant autour de lui. De part la fenêtre du véhicule, Jaya le regardait avec ennui. La veille, il l'avait sommée de l'accompagner. Elle qui pensait que sa visite à Cassandore pourrait parfaitement se dérouler sans elle et qu'elle pourrait rester cloîtrée dans sa chambre si sécuritaire, la princesse avait rapidement déchanté. Il n'avait pourtant pas besoin d'elle pour ses stupides parlements de guerre, avait-elle pensé si fort qu'elle en était devenue rouge écarlate. Or, elle s'était finalement résignée dans un silence malgré sa haine bouillonnant dans son cœur ; après ce qu'il s'était passé deux fois lorsqu'elle criait, elle avait préféré se taire pour éviter un nouvel incident.

Frost ne lui aurait pas laissé le choix, de toute façon.

Sa présence était une partie cruciale de ce voyage.

Elle se retrouvait donc seule dans le traîneau, plus aigrie que jamais et l'estomac noué à l'idée de retrouver Cassandore et ces têtes qu'elle aurait préféré annihiler de sa mémoire. Au moins, elle pourrait rendre visite à Vadim et Danil, ce voyage ne serait pas totalement inutile.

Ses yeux tristes tombèrent sur ses mains ouvertes sur ses cuisses. Ses paumes étaient glacées, tirées par le froid. Elle les avait jusqu'à présent cachées sous la cape de fourrure brune de Vadim qu'elle portait sur son dos. Celle-ci la protégeait toujours efficacement du froid, comme la fois où il avait voulu lui apprendre le Risen dans la caverne de la plage.

Son regard s'intensifia sur ses mains.

Ce cri... celui qui lui avait échappé contre son père et sa tante... Ce pourrait-il qu'il soit lié au Risen ? Pourquoi alors ? Sa barrière n'avait jamais cédé malgré ses efforts, elle s'était toujours heurtée à cette onde de choc qui l'éloignait constamment des barreaux. Vadim lui avait expliqué que lorsque les grilles explosaient, le Risen s'échappait du corps pour ne faire qu'un avec la magie atmosphérique et ainsi, s'activer lui-même. Or, rien ne s'était passé ainsi.

Ce n'était qu'un cri... dévastateur, aussi violent qu'un ouragan, gorgé d'une colère digne d'un géant. Elle n'avait vu aucune particule bleue sortir de son empreinte corporelle.

Alors pourquoi ? Comment ? Et surtout...

Pourquoi maintenant ?

Jaya déglutit. Elle força sur son esprit pour concentrer son énergie dans ses paumes. Elle poussait, priait pour voir naître une étincelle bleutée, au moins elle serait fixée sur sa condition. Son père n'avait rien rajouté, mais quand elle sortirait de l'hôpital, Malista irait raconter ce fait à tout le monde, de même pour Evanora. Elle ne pourrait pas les faire éternellement passer pour menteuses vu l'état de leur salon de thé. Bientôt, en plus d'une coureuse d'hommes, on la prendrait pour une possible mage.

Comment sa vie avait-elle pu tourner aussi vite au cauchemar ?

Tout son corps se mit à trembler, sa lèvre à frémir, ses yeux à briller.

Sors... Allez, maudite magie... Exprime-toi une bonne fois pour toute, qu'on en finisse !

Mais rien. Absolument rien ne venait hormis un terrible sentiment d'échec au fond de sa gorge, comme à chaque fois. Jaya sursauta quand la portière du traîneau s'ouvrît pour laisser voir son père. Elle cacha machinalement ses mains sous sa cape.

Il l'observa un instant avant de monter et s'asseoir en face d'elle. Elle fuyait craintivement son regard.

Sur les routes enneigées au milieu des immenses étendues de sapins, Frost soupira. Le silence régnant dans le traîneau lui était insupportable.

— Jaya... Pourquoi ne me parles-tu pas ?

Elle lui appuya un œil accusateur.

— Je t'en prie, ma fille, je sais que tu m'en veux de t'avoir obligée à venir, mais c'est aussi dans ton intérêt.

— Mon intérêt ? Ne vous méprenez pas, père... Je sais très bien pourquoi vous m'avez sollicitée, aujourd'hui.

Frost se figea. C'était la première fois qu'elle parlait depuis ce matin et sa voix résonnait comme la froideur coupante des montagnes.

— Vous voulez me présenter devant les Blanchecombe pour que vous puissiez négocier un accord de mariage. Vous êtes déterminé à ce que j'épouse Leftheris.

— Jaya, si je fais ça, c'est uniquement pour ton bien et pour sauver ta réputation.

— Non... votre réputation. L'image du roi, si bon, juste et honnête, se ternit lorsqu'on sait que sa précieuse fille n'est qu'une vulgaire traînée...

— Voyons, Jaya, ton langage...

— Vous voyez ? Toute ma vie, j'ai été aseptisée par mon éducation. Ce n'est pas un mal, bien au contraire, j'ai su assimiler les valeurs qui me sont si chères aujourd'hui. Mais cela a aussi fait naître un sombre cocon de rancoeur que je garde enfoui en moi depuis mon enfance. Je n'ai jamais eu le choix en rien. Je n'ai jamais eu le choix de sortir librement ou d'avoir des amis. Je n'ai jamais eu le choix de laisser parler ma douce folie et mes fous rires, au risque d'être regardée d'un mauvais œil par la noblesse. Je n'ai jamais eu le choix concernant mon futur... et mon mariage. Vous ne m'avez pas laissée le choix, mais celui-ci a été pour moi le meilleur que vous avez fait à mon égard.

Jaya ravala une larme ; elle se refusait de pleurer à nouveau, être faible l'écœurait plus que tout au monde désormais.

— Mais là... Vous tentez à nouveau de me forcer, et ce, dans votre propre intérêt. Il a beau m'aimer de tout son cœur et m'écrire des lettres enflammées, je ne serais jamais heureuse avec Leftheris, car je verrai constamment le visage de Vadim à travers lui. J'aurais cette image tous les jours... Toutes les nuits. L'image de mon calvaire, l'image de la perte de mon enfant, l'image de les revoir morts, lui et mon bien-aimé. Mais... Qui suis-je à vouloir contredire les choix d'un roi ?

— Jaya...

Elle plaqua une main entre eux, un mur qui le priait de ne rien rajouter. Elle marqua un silence lourd, tentant d'avaler la boule douloureuse coulant dans sa poitrine.

— Je vous déteste, père. Sachez le... et je ne veux plus que vous me parliez.

Un violent coup de poignard. Ce fut que ce Frost ressentit à ces mots d'une tristesse affligeante. Elle avait murmuré, mais cela l'atteignait comme une énorme gifle. Sa petite fille... Elle le détestait, alors qu'il l'aimait si fort ? Le cœur du roi se brisa en deux, déchiré par sa main habituellement si douce envers lui. Quand elle glissa ses yeux à travers la fenêtre givrée, Frost aurait donné tout l'or du monde pour qu'elle daigne lui accorder une miette d'attention.

Mais il n'osa pas rompre son vœu de silence.

Son regard gorgé de culpabilité et son âme torturée s'échouèrent sur le sol de la cabine. Ô combien sa tendre fille souffrait, il en avait conscience, mais pourquoi ne comprenait-elle pas qu'il se démenait pour elle ? Pour sa sécurité et sa survie ? Qu'il jouait avec le feu depuis des années et voyait son honneur ébranlée juste pour elle ? Pourquoi était-elle si têtue ?

Cette fois, elle venait de le tuer.


Le convoi alhorien était arrivé le soir même à Cassandore.

Jaya n'avait ni parlé avec son père, ni avec personne d'autre. Elle avait respecté les formes en saluant leurs hôtes en esquivant Leftheris autant que possible. Avant le dîner, elle avait demandé à rejoindre une chambre pour prendre un bain. D'abord irrité, autant par sa demande que par la simple vue de la princesse sur ses terres, Byron avait concédé à son désir en faisant appeler une servante.

Leontine l'avait donc guidée, bagage en main, vers une suite d'invités. Byron l'avait suivie du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse en haut des escaliers, puis avait observé le désespoir de son fils, debout à ses côtés. Un regard croisé ; il lui conseilla de se tenir en présence de cette jeune fille s'il ne voulait pas se voir sévèrement sanctionné. Il ne prendrait plus de gants avec lui.

Une fois seule dans sa chambre avec la domestique, Jaya avait ouvert sa valise pour sortir une robe plus présentable. Elle en tira une jolie en tissu riche et aux broderies dorées.

— Celle-ci sera très bien.

Elle la jeta dans les mains de Leontine qui la regarda, surprise, défaire les lacets de son corset d'une main fébrile.

— Princesse ?

Jaya lui offrit un regard de côté.

— Tout va bien ?

À merveille ! Elle avait fait des kilomètres pour venir dans cette satanée ville avec la boule au ventre en sachant qu'elle allait encore être marchandée, elle était potentiellement une mage et une putain aux yeux de son peuple qui l'aimait tant autrefois et accessoirement, elle était en froid avec son père.

— Je vais bien, merci...

Leontine n'y croyait pas un traître mot, mais elle se garda de contredire la princesse. Le voyage avait dû l'épuiser. Soudain, les yeux bruns de la servante se posèrent sur un livre bleu délavé décoré de belles arabesques mordorées posé dans la valise.

— Oh... Quel joli livre.

Elle le prit en main pour mieux le regarder ; il portait le doux titre des Contes du Fjord de l'Oubli. C'était intrigant, pensa Leontine. Un glaçon invisible glissant sur sa colonne vertébrale, Jaya se retourna vivement sur elle.

— J'aime beaucoup la littérature, moi aussi. Ce sont des contes pour enfants ?

— Je... !

Le pas véloce que Jaya appuya face à elle désarçonna Leontine qui se crispa. Avait-elle fait une bêtise ? En voyant cet air désolé gravé sur le visage tacheté de la blonde, la princesse s'en voulut d'avoir été si féroce. Elle soupira et lui reprit doucement des mains.

— C'est... Oui, c'est un livre de contes pour enfants. Il est très précieux pour moi... Il appartenait à ma défunte mère.

— Oh, je suis désolée, princesse. J'ai été trop curieuse, je n'étais pas à ma place. 

— Non, ce... ce n'est rien, la rassura-t-elle en caressant la couverture du bout des doigts. Je l'ai pris avec moi, car je voulais en lire un devant la tombe de mon mari, demain. Il aimait beaucoup ces contes, lui aussi.

Leontine lui jeta un œil craintif que Jaya intercepta rapidement. Suis-je bête... Les gens voyaient Vadim comme une créature diabolique qu'il fallait mieux oublier pour ne pas être frappé par les foudres d'Ymos, alors qu'on puisse penser à lui poser une fleur ou lui « lire un conte », cela mettait forcément mal à l'aise. Jaya ne chercha pas à se défendre, ni même à réprimander la domestique... Après tout, c'était un comportement normal pour quelqu'un qui n'était pas familier avec le Risen.

Ou quelqu'un qui n'avait jamais aimé réellement.


— Alors ? Comment s'est passé votre bal de la floraison, cher Frost ?

Les grands doigts du roi se crispèrent autour de sa fourchette, il eut un mal fou à avaler sa bouchée sans recracher une toux quand un morceau passa de travers. À l'autre bout de la table, Byron le fixait sans démordre, son verre de vin à la main, sirotant de fines gorgées comme un vampire dégustait le précieux sang d'une proie. Son hoquet ne passa cependant pas inaperçu aux oreilles de Jaya qui, levant enfin ses yeux greffés à son assiette, s'inquiéta pour lui.

À quoi bon ? pensa-t-elle, finalement. Il s'en fichait pas mal d'elle et de ses sentiments, pourquoi se faire du souci à son égard ?

— Eh bien... On peut dire que oui, même si la fin a été... légèrement mouvementée. Rien de grave, cependant.

Et il osait mentir, en plus... Jaya ressentait un mépris immense à l'idée de voir son illustre père perdre autant ses moyens devant Byron Blanchecombe. Mais après tout... C'était un peu de sa faute à elle, cette histoire de bal ruiné... Il tentait simplement de sauver les apparences.

Assis en face d'elle, Leftheris ne trouvait l'appétit.

Il n'avait croisé son regard qu'une seule fois depuis le début du repas. Son père avait été clair ; il ne tolèrerait plus aucune incartade et cette fois, il n'aurait plus de nouvelle chance. C'était si douloureux de combattre contre ses propres sentiments, ses propres envies... Cette envie... de seulement la regarder. Elle était là et elle le serait toujours à cause de cette fichue alliance ! Même s'il essayait tant bien que mal d'être obéissant, il serait toujours voué à la revoir... Même lorsque son père aura enfin décidé de l'offrir à Ophénia Vecturio.

Projetant un œil furtive vers son père, Leftheris le vit discuter sans lui porter cas. Aurait-il le temps ? Peut-être...

Juste un coup d'œil...

Il ne pouvait s'abstenir ; l'abstinence était devenue une insoutenable torture qui lui tranchait le ventre.

Juste une petite seconde... le roi ne verrait rien.

Il posa un regard hésitant sur Jaya par dessous ses mèches bien coiffées. Elle était si belle, comme toujours, aussi brillante qu'une étoile. Ses cheveux étaient la parure de la nuit. Il déglutit devant l'affluence de cet amour insensé et de tous ses souvenirs.

Le souvenir langoureux et délicat de ses lèvres sur les siennes.

Elle leva ses yeux sur lui ; ils s'affrontèrent en silence. Elle semblait si triste que toute l'énergie du général lui tomba dans le cœur. Sa reine baissa les cils. Il aurait tant voulu lui dire un mot réconfortant, lui offrir une main, qu'importait le flacon tant qu'ils avaient l'ivresse... Mais juste effacer ce chagrin perméable accroché à son visage. C'était tout ce qu'il désirait.

— Au fait, Frost, je voulais vous annoncer une bonne nouvelle. J'ai enfin fixé une date pour le mariage de mon cher fils.

Qu'avait-il dit ? Leftheris se liquéfia à ces mots, posant un regard écarquillé sur son père.

— Ah... ah oui ? marmonna Frost, visiblement gêné.

— Oui. Le mariage aura lieu le mois prochain au temple ymosien, j'espère vous compter parmi nos convives.

Le mois prochain ? Dans trente jours... C'était si proche. Bien trop proche. Leftheris coinça son irréductible envie d'hurler son désaccord et comment épouser Ophénia Vecturio le dégoûtait. La table aurait volé sous sa colère, mais il se tut... lâchement. Son père n'était pas las de lui rappeler chaque jour qu'il avait le dessus sur lui, qu'il n'avait aucunement le choix et par conséquent, qu'il allait être tenu d'obéir à son bon vouloir.

Ça le débectait au point où son poing serré tremblait sur la table.

— C'est... c'est merveilleux, Byron, mais... Je voulais justement vous parler de ce sujet.

Cette fois, ce fut Jaya qui pâlit. Byron accorda toute son attention à son confrère.

— À quel sujet ? Celui du mariage ?

— Oui. Comme vous devez le savoir, votre... votre fils est venu chez moi, lors du bal et... Il m'a demandé une chose qui m'a tout d'abord laissé pantois.

Leftheris s'agita de l'intérieur, embarrassé comme jamais. Il sentait venir la crise à l'horizon.

— Il m'a demandé la main de Jaya.

S'attendant à une surprise, Frost fut décontenancé de voir naître un sourire narquois sur le visage du roi chenu.

— Oui, je le sais. Il était déjà promis à la fille du duc Vecturio, mais il a fait un petit caprice, vous comprenez. Je suis navré pour lui de savoir que la princesse l'ait refusé. D'un côté, ce n'était peut-être pas plus mal.

La tension grimpa entre Jaya et Byron quand ils échangèrent une œillade électrique.

— Ce n'était pas un caprice, père.

La voix de Leftheris résonna dans la pièce comme un éclat de verre qui greffa l'attention de tous sur lui. Son poing était si serré que ses phalanges en étaient devenues toutes blanches.

— Bien sûr que si, c'en était un.

— Je ne pense pas que c'en était un, Byron, contra Frost.

— Comment pouvez-vous le savoir ? Vous connaissez mieux mon fils que moi-même, peut-être ?

— J'ai le don de ressentir la sincérité chez une personne. J'avais senti la même sincérité chez Vadim, autrefois. Je ne pense donc pas que la demande du général soit vêtue de mauvaises intentions.

— Que voulez-vous insinuer, Northwall ?

— Ce que je veux insinuer, c'est qu'il serait profitable autant pour vous que pour moi de les marier. Vous voulez créer un empire ? Très bien, il vous faudra des dirigeants pour vous aider. De puissants dirigeants qui sauront manier l'art de la guerre aussi bien que vous. C'est bien à cela que sert notre alliance, n'est-ce pas ? À moins que ce n'était que pour le trône ?

Byron blêmit. Frost revêtait des pointes de bravade dans son regard glacé, comme s'il le mettait au défi de le démentir. Le père Blanchecombe n'aimait pas la façon ignoble avec laquelle il venait de lire en lui, arrachant miette par miette les morceaux de son inébranlable façade. Non ! Hors de question d'être faible ! Il se ferait pendre lui-même dans ce cas.

— Réfléchissez, Byron. Nous avons tous deux besoin de cette union à notre échelle.

— Non... Leftheris n'épousera pas votre fille.

Frost ressembla soudain à une carpe hors de l'eau : il était bouche bée.

— Mais... Les Vecturio comprendront, je pense. Nous sommes alliés, nos accords se passent avant les autres. C'est...

— La princesse ne veut pas de lui... et je ne veux plus d'elle dans mon Beffroi en temps que belle-fille.

Frost fronça les sourcils, en proie à une surprise nouée de colère. La même que Jaya qui ne lâchait pas son ancien beau-père des yeux. Leftheris en sortit de ses gonds.

— Père ! Comment osez-vous ?

— Toi, cracha-t-il en le pointant du doigt, je t'ordonne de la fermer. De plus, Frost, j'ai donné ma parole aux Vecturio. Je suis un homme d'honneur, vous comprenez ? Je ne peux leur faire faux bond. Je comprends ce que vous voulez dire, il est vrai que cela aurait été judicieux pour nos deux familles, mais... Le peuple garde un a priori sur la princesse depuis qu'elle s'est jetée en place publique en espérant retenir la corde qui a tué Vadim. C'est triste, mais c'est ainsi. Que dirait mon peuple si elle épousait désormais Leftheris ? Ne ramènerait-elle pas davantage d'ombre sur ma famille ?

— Ma fille n'est pas une mauvaise personne. Comment pouvez-vous entretenir un tel discours à son propos alors qu'elle a été votre belle-fille durant des mois !? clama Frost qui commençait à perdre patience.

— Il n'est arrivé que des malheurs dans ma ville depuis que votre fille a épousé Vadim ! Elle a rendu mes deux fils totalement indisciplinés !

— Je vous interdit !

Le roi d'Alhora tapa du poing sur la table, la vaisselle trembla.

— Jaya ! Dit quelque chose, je t'en prie ! ajouta Leftheris, voyant que la situation dégénérait.

Se sentant brusquée de toutes parts, Jaya perdit la totalité de ses moyens. Son corps ne l'écoutait plus et bondit de lui-même hors de sa chaise pour fuir loin de tous ces yeux avides de sa réponse. Elle était incapable d'en donner une, ni même de se défendre, c'était au-dessus de ses forces. Et le regard de Byron était le pire qu'elle eut à avaler.

Pourquoi rester et se donner en spectacle si le maître de maison ne la voulait pas dans son précieux Beffroi ?

Ce n'était pas plus mal... Rester ici à les écouter la rendait malade.

Elle quitta la salle des repas sans avoir dit le moindre mot, clouée dans ce silence qui désabusa autant Frost que Leftheris. Les rumeurs planaient sur elle partout où elle allait, aussi bien au sud qu'au nord. Elle était détestée ; elle n'avait plus aucune raison de végéter ici. Le roi d'Alhora retomba sur son siège, la tête entre ses mains. Le départ de Jaya ramena le calme à la table, Byron était satisfait.

Il avait gagné la partie.

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