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I


Voici ce qui se passe dans l'âme:
1. L'admiration.
2. On se dit: "Quel plaisir de lui donner des baisers, d'en recevoir! etc."
3. L'espérance.
On étudie les perfections; c'est à ce moment qu'une femme devrait se rendre, pour le plus grand plaisir physique possible. Même chez les femmes les plus réservées, les yeux rougissent au moment de l'espérance; la passion est si forte, le plaisir si vif, qu'il se trahit par des signes frappants.
4. L'amour est né.
Aimer, c'est avoir du plaisir à voir, toucher, sentir par tous les sens, et d'aussi près que possible, un objet aimable et qui nous aime.
Stendhal, De l'Amour.

Ce fut un soir de juin 1625 que Louise-Gabrielle de Fontainebleau sentit se refermer sur sa gorge fragile la main gantée de velours du Destin. Jeune femme issue de la jeune noblesse, elle avait été envoyée par les seigneurs ses parents à Paris pour parfaire son éducation à la cour. Elle était rapidement entrée dans les cercles de Mme de Chevreuse et plaisait. Le mariage n'était pas une fatalité, au contraire, il lui tardait presque de rencontrer la multitude et la chaleur d'un foyer. Peut-être qu'elle n'aimerait pas son époux, mais elle aimerait ses enfants : cela elle en était sûre. Le bal avait été le seul événement dont la noblesse parisienne avait daigné parler ces dernières semaines. On faisait mine d'oublier les duels qui amenaient à la mort tant de beaux jeunes hommes et on s'écriait devant les menaces faites par l'Angleterre dans cette guerre qui durait déjà depuis sept ans. Les dames ne désiraient que danser et les hommes ne désiraient que le désir de ces dames, et de sentir dans leurs mains leurs cœurs palpitants, leurs gorges qui se soulevaient encore et encore devant la promesse d'un jour nouveau, ils désiraient l'espoir d'un matin ensemble et oublier qu'un jour proche, ils devraient eux aussi se marier pour mourir. Louise-Gabrielle n'avait pas l'esprit à tourner et à danser ; l'air était trop fort, trop pesant pour une jeune fille d'à peine vingt ans qui n'avait encore la volonté d'affronter le monde en face. Elle aussi voulait paraître innocente et joyeuse pour un soir de plus mais à quoi bon ? C'était mentir, et elle ne pouvait pas mentir, pas ce soir-là, où tout le monde observait tout le monde, où chacun était un espion pour un autre. On lui avait promis cependant une danse, ou plus exactement : Mme de Chevreuse lui avait promis qu'elle lui trouverait un cavalier pour cette nuit de festivités et de débauche pour que la jeune femme ne sentît point seule. Louise-Gabrielle était jolie et certains galants osaient même à l'appeler belle et elle l'appréciait. Elle aimait doucement et silencieusement la flatterie car qui viendrait lui dire cela, lorsqu'elle serait vieille et aveugle ? Elle était rousse et retournait le regard des hommes lorsqu'elle se présentait à eux ; la chevelure n'était plus tant marque de l'infamie du diable mais quelque chose d'autre, la présence d'un feu brûlant en elle, d'une passion qu'elle laissait dévorer dans ses entrailles sans savoir si un jour elle pourrait la satisfaire.

Et en ce soir étouffant, elle était venue en Alèthéia, l'esprit de la vérité et de l'honnêteté. Sa robe était d'un fin voile bleu pâle qui laissait par endroits entrevoir sa chair rosée, mêlant un jaune discret et un rose fané sur les plus volants. Quand elle dansait, une myriade de voiles s'agitaient autour d'elle, la laissant disparaître pour en revenir plus belle et plus exaltée. Seuls ses petits yeux gris et verts dépassaient de son masque doré, et son sourire aux grandes lèvres rouges et délicates. Et quand elle riait, le monde semblait s'arrêter parce qu'elle capturait en quelques notes la beauté entière de l'univers. Ce fut lorsqu'elle avait ri qu'il l'avait aperçue pour la première fois. Le jeune Aramis, qui avait déguisé son nom, celui d'Henri René d'Herblay, avait été invité par Mme de Chevreuse. Le jeune homme de vingt-deux ans n'avait eu, lorsque son amie le lui avait proposé, envie de se montrer à la cour. Il préférait la solitude et la compagnie seule de Saint Augustin pour le conforter dans sa lutte si déchirante entre l'amour de la religion qu'il servait et celui des femmes qu'il voulait servir. Je suis jeune, avait-il pensé, et peux, le temps d'un soir, l'abandonner. Mais les devoirs me seront refusés si je meurs, et je ne veux pas mourir, pas maintenant. Si j'avais été aîné, alors je pourrais me voir mourir en paix entouré d'une famille, et vieux. Mais cadet ne suis-je condamné qu'à m'éteindre dans le silence de Dieu et le jugement des hommes ? Si j'avais des ailes, oui, si j'avais des ailes, alors je m'enfuirais de tout ceci et me poserais loin, loin de tout ceci. Et je pourrais aimer. Quelle douceur que d'aimer et d'être aimé, de savoir qu'une personne nous attend, au coin du feu, et que ses bras sont des plus grands bastions que tous ceux qu'un roi puisse vouloir conquérir. Oh, comme je voudrais aimer et être aimé ! Il s'était, en fringuant jeune homme, vêtu comme Phoebus Apollo, l'astre du soleil. Son habit tout entier resplendissait d'ors et de jaunes, trop chers pour un simple abbé mais prisés pour un jeune mousquetaire du roi. L'or lui allait au teint, comme le sourire et la galanterie. Il y avait en lui une douleur, une ardeur d'aimer et d'être aimé, qu'il ne pouvait combler que par la plus grande et la plus sincère des passions. Certains disaient que la religion apportait à l'âme le plus grand des conforts et que l'Amour était celui de Dieu lui-même mais comment vivre sans celui d'une femme, sans sa douceur et sa bonté ? Il ne rêvait que de pouvoir s'effondrer aux pieds de sa maîtresse, de s'incarner dans un nouveau Lancelot. La musique transportait son âme et dans cette salle immense, emplie de dames en mal d'amour et de galants en mal de duels, il ne désirait que s'enfuir. Mais il la vit et leurs yeux se rencontrèrent ou plutôt : il rencontra ses yeux et elle riait, riait, riait, et il eut envie de rire, de rire, de rire et de sentir ses bras autour de lui, de sentir son cœur battre contre le sien, de sentir ses lèvres contre les siennes. Le monde qui n'avait jusque-là le seul sens du devoir et de la religion s'incarnait dans un rire et une mélodie infinie qu'il voulait graver dans son âme pour lui rappeler qu'il n'était qu'humain, être de chair et de péché, être faible et corruptible.

Il se détacha de la compagnie qui l'entourait dans le seul espoir de pouvoir aller parler à cette apparition. Louise-Gabrielle sentit peser sur elle un regard dont elle ignorait la provenance, une sorte de couperet divin destiné à lui couper le souffle et à la rendre éternellement et profondément humaine. Elle vit du fond de la salle un jeune homme à peine plus âgé qu'elle s'avancer en sa direction. Il était tout d'or vêtu et dans ses yeux se lisaient une souffrance presque religieuse, une douleur pour quelque chose qu'il avait perdu sans même le connaître. Son sourire narrait une autre histoire, celle d'un jeune galant beau, confiant et discret, sage et courageux à la fois, ambitieux et fidèle. Il y avait quelque chose de presque fascinant à l'observer dans cette salle de masques, où chacun incarnait un rôle étroit et faible, la vérité n'existait pas pour protéger ses intérêts.

❝ Qui êtes-vous, belle Dame ? Un esprit aussi enjoué ne devrait pas se flétrir ici dans les cabales de cour, vous semblez trop jeune et trop vive pour tout ceci ?

— Et que vient faire le dieu du Soleil et des arts ici ? Si tout est faux, alors votre rayonnement n'est point vrai et entravé.

— Apollon conduisait le char du Soleil, belle Dame, mais était aussi dieu vengeur, des maladies et des pestes. Tout art est artifice, faible création mortelle face à l'immensité de Dieu. "Il est quelques bonnes œuvres que nous faisons, grâce à vous, mais elles ne sont pas éternelles. C'est après ces œuvres que nous espérons l'éternel repos dans la gloire de votre sanctification. Mais vous, le seul bien qui n'a besoin de nul autre, vous ne sortez jamais de votre repos ; votre repos, c'est vous-même."

— "Et l'homme peut-il donner à l'homme l'intelligence de ces mystères de gloire ? L'ange à l'ange, ou l'ange à l'homme ? Non ; c'est à vous qu'il faut demander, c'est en vous qu'il faut chercher, c'est à vous-même qu'il faut frapper ; ainsi l'on reçoit, ainsi l'on trouve, ainsi l'on entre. Ainsi soit-il."

— Vous connaissez donc les paroles de Saint Augustin ?

— Lorsque l'on veut paraître en bonne société et faire bonne figure, il est demandé de connaître même les plus infimes portions des plus grands sages des temps immémoriaux.

— Belle Dame, accepteriez-vous de danser avec moi ? Vous êtes seule et c'est une honte de vous laisser ainsi.

— Votre invitation est si délicate et finement proposée, je vous cède cette danse, Sieur...

— Sieur Aramis, et vous, belle Dame ?

— Alèthéia, Sieur.

— Alèthéia, comme la sage vérité et de la sincérité pure ? Mais si vous savez mon nom, il n'est que justice que je sache le vôtre véritable.

— Mais si je suis la Vérité, Sieur, alors toute parole qui franchit mes lèvres est sincère. Et vous ne devez que me croire. Il est plus amusant de ne me dévoiler devant vous, quand moi, je vous connais.

— Vous me connaissez ? Comment cela ?

— Tout le monde vous connaît, Sieur Aramis. Vous êtes une sorte d'abbé qui aime la religion lorsqu'il vous convient et les femmes lorsqu'il vous désire, vous enfreignez les édits du Cardinal en vous battant en duel et vous officiez dans les corps des Mousquetaires du Roi. Je ne me trompe point, il me semble ? Et, discrètement peut-être, avec passion sans doute, vous partagez le lit de Mme de Chevreuse... N'ai-je point à vous juger, car vous êtes un homme, mortel et prompt aux passions basses. N'allez-vous point me faire danser ? La musique s'effile déjà et le temps passe, vous savez.

— Oh, oui, pardonnez-moi.❞

Il prit sa main, et quelque chose le fit rougir dans l'intérieur de son âme. Il y avait pour lui quelque excitation à rencontrer une jeune femme si gaie et mystérieuse. Il était vrai qu'il aimait, et les femmes l'aimaient en retour mais la séduction n'était qu'un jeu trop doux et trop facile. Alèthéia possédait dans ses yeux voilés un amusement et une sincérité qu'il ne connaissait pas, et la lueur de malice l'attirait. Les notes de la danse défilèrent trop vite. Il y avait une grâce en elle, une maladresse aussi de la jeunesse et un amour de la vie. Il ne pouvait détacher ses yeux d'elle, et il ne voulut point sembler trop inconvenant, mais il était décidément frappé de fascination. Fascination, en latin, signifie détourner du droit chemin, ensorceler, charmer. Et il est vrai, il est vain, je suis charmé. Lorsque la danse s'acheva, elle esquissa une petite révérence et un faible sourire puis s'éclipsa. Il tenta de la suivre mais fut empêché. Il ne put qu'entrevoir un voile bleu voler dans l'air étouffant de la salle. Pour le reste de la soirée, il officia ses rôles et sourit comme il convint, rit lorsqu'il en fut demandé, dansa et resta galant. Lorsque toute la nourriture fut mangée et les convives frappés de fatigue, il rentra avec son amante. Sa tête était ailleurs, loin, mais personne ne pouvait lire dans ses yeux si impénétrables.

❝ Je vois, mon cher, que vous avez fait la connaissance de ma jeune protégée.

— C'était elle ? Je ne l'ai jamais vue dans vos appartements, pourtant.

— Je la protège de vous, mon cher. Elle me sert lorsque vous vous battez ou faites semblant d'étudier Saint Augustin.

— Oh, Marie, vous me flattez trop ! À vous entendre, je suis un danger pour la bonne société de Paris.

— Mais vous l'êtes, mon cher. Vous l'êtes... ❞

Lors des bals qui suivirent, il fut à la recherche d'une jeune femme rousse aux yeux gris qui pût citer Saint Augustin de mémoire, et qui transportait son cœur à chaque instant. La vie reprit son cours normalement, mais parfois, la nuit, son esprit se dirigeait vers la Vérité même.

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