Une semaine était passée, et toujours aucune nouvelle de Minho. Changbin lui avait envoyé quelques messages, mais aucune réponse de la part du brun. Il commençait à se demander si il ne devait pas se rendre directement chez le concerné. Mais il n'avait pas vraiment le temps, alors sa visite serait sans doute reportée d'une semaine.

Pour l'heure, il rentrait de chez sa sœur. Elle avait repris quelques couleurs et ils avaient un peu discuté. Elle lui avait donné plusieurs conseils pour s'occuper d'Ilsang, et il lui en était infiniment reconnaissant. Il s'était débrouillé pour ne pas faire la même erreur que la dernière fois, et il avait prit le bus plus tard. Ilsang attaché tout contre lui, il regardait la paysage sombre défiler par la vitre. La neige s'était arrêtée depuis quelques jours, mais une fine poudre blanche recouvrait toujours les toits et les bords de route.

L'autobus s'arrêta à l'arrêt du centre-ville, et, voyant la vie qui parcourrait les rues à cet heure, Changbin décida de descendre là. Il était encore loin de chez lui, mais une petite balade nocturne ne lui ferait pas de mal. Ilsang était attaché avec un grand foulard contre lui, et il avait fermé sa grosse doudoune jaune sur le bébé, ne laissant sortir que sa tête recouverte d'un petit bonnet en laine rose pâle. Le petit garçon était ainsi bien calé et bien au chaud contre le torse de Changbin, et ce dernier avait ses deux mains libres.

Les rues étaient animés, et les rires résonnaient entre les murs. Les lumières multicolores des néons des commerces se reflétaient sur la neige qui recouvrait les pavés. Une délicieuse odeur de nourriture flottait dans l'air, et malgré le froid, beaucoup de monde parcourait les rues.

Changbin inspira une grande goulée d'air frais, rafraichissant ses poumons. Il souffla, et un nuage de vapeur s'envola vers le ciel noir. Il sourit. Qu'est ce qu'il aimait l'hiver. Il marcha longuement au milieu des rues, emplissant son être de toute cette bonne humeur. L'intérieur des restaurants était chaleureux et les discutions des quelques personnes qui se baladaient encore à cet heure tardive résonnaient entre les maisons. Et Changbin continuait sa balade. Il n'avait pas envie de rentrer chez lui.

Alors que ses pieds foulaient les pavés froids, il remarqua un petit stand, au bout de la rue. C'était un petit stand rouge tout simple. Une guirlande lumineuse pendait au dessus du comptoir, et quelques tabourets étaient disposés devant. Changbin hésita un instant, avant de finalement s'y installer. La vieille femme qui tenait le commerce lui sourit, et il commanda des tteokbokki.

Son plat arrivant, il remercia la veille femme, avant de se saisir des baguettes en bois et de porter un tteokbokki fumant à sa bouche. La chaleur se rependit dans tout son corps, et il sourit. Ce plat lui avait manqué. Il voulut prendre une deuxième bouchée, mais, alors qu'il levait ses baguettes, une goute de sauce s'échoua sur le bonnet d'Ilsang.

- Oh, désolé, Ilsang ! Paniqua le noiraud.

Il reposa le tteokbokki et se saisit d'une serviette, essuyant la tête du bébé. Il ne put tout de même se retenir de sourire.

Son repas fini, il paya la vieille commençante, avant de se remettre en route. Il trouva un arrêt de bus et patienta quelques instants, avant que l'autobus n'arrive. Dix minutes plus tard, il était devant son immeuble. Il passa par l'escalier, son appartement ne se trouvant qu'au deuxième étage. Il leva la tête et failli faire une crise cardiaque en voyant un corp appuyé contre sa porte. Sa frayeur passée, il s'approcha doucement de l'homme qui ne l'avait pas entendue arriver.

Il était assis contre la porte de l'appartement du noiraud, les jambes repliés contre le torse et la tête entre les bras. Il avait l'aire de dormir, et Changbin soupira.

Il allait le dégager à coup de pied, avant de le reconnaitre. Ses doux cheveux bruns et son corps fin ne pouvaient pas tromper le noiraud. Il s'accroupi, faisant attention à ne pas réveiller Ilsang, avant de caresser doucement les cheveux du brun.

- Minho... Chuchota-t-il. Tu vas te faire mal au cul, si tu reste comme ça...

Le brun tourna doucement la tête, croisant le regard de Changbin. Ce dernier souriait de toutes ses dents, heureux de revoir son aîné après cette longue semaine.

- C'est la seule chose que tu trouve à me dire ? Demanda Minho qui n'avait pas bougé.

- Je devrais dire autre chose ?

- Non... C'est vrai...

- Allez, entre. Fit Changbin en se relevant, avant d'ouvrir la porte de son appartement.

Minho se releva, suivant le noiraud dans son petit studio. Changbin enleva sa veste et détacha Ilsang de lui. Le bébé chouina un peu, ne voulant pas quitter la chaleur réconfortante du noiraud.

- Ooooh, Ilsang... T'étais bien au chaud, là ? Eh oui ! Eh oui ! Allez, on va prendre le dernier biberon, et au dodo ! Hein ? Allez, attends un peu, je te prépare ça.

Changbin posa Ilsang entre les coussins sur la couverture rouge, avant de se diriger vers la petite cuisine qui faisait l'angle de la pièce. Il commença alors à préparer le lait , sous le regard attendri de Minho qui ne savait où se mettre.

- D'accord... Laissa doucement échapper le brun.

- Hein ? Demanda Changbin en se retournant. Qu'est ce que tu dis ?

- D'accord. Répéta Minho en se rapprochant.

- Vraiment ? Sourit le noiraud.

- Mmh. À une seule condition.

Changbin l'interrogea du regard.

- On le garde jusqu'à ce que ta sœur aille mieux, après elle le reprend.

- D'accord. Accepta le noiraud après une légère hésitation.

Minho sourit de toutes ses dents, avant de s'approcher et de sceller leurs lèvres quelques secondes. Ils se séparèrent, mais leurs visages restèrent à quelques centimètres l'un de l'autre. Ils se regardèrent dans le blanc des yeux et s'apprêtèrent à recommencer un long baiser, quand les pleurs d'Ilsang les interrompirent. Changbin se retourna, termina de remplir le biberon et le secoua quelques secondes, avant de le tendre à Minho. Ce dernier le regarda avec de grands yeux, et le noiraud l'encouragea avec un mouvement de tête.

- Allez, prends-le. Insista Changbin.

- Mais, je-

- Alleeeez ! De toute manière il faudra bien que tu le fasse à un moment donné. Je vais t'aider.

Minho allait protester, mais finit par prendre le biberon sous les regards insistants de Changbin.

- Assis-toi là. Indiqua le noiraud en désignant une des chaises autour de la table.

Minho s'exécuta, tandis que le propriétaire des lieux prenait doucement Ilsang dans ses bras. Il s'approcha du brun et lui tandis le bébé. Minho attrapa le petit garçon d'une main hésitante.

- Ah ! Il va pas se casser ? S'affola-t-il.

- Mais non, il est solide, t'en fais pas.

Changbin passa derrière lui et plaça correctement le bébé dans les bras du brun.

- Voilà, tu cale bien sa tête contre ton coude. Expliqua-t-il. Maintenant tu approche le biberon et il boit tout seul.

Minho hocha doucement la tête, avant de s'exécuter. Ilsang buvait goulument dans les bras du brun, et ce dernier voulut se retourner pour regarder Changbin. Malheureusement pour lui, son bras bougea, écartant le biberon de la bouche d'Ilsang qui chouina de mécontentement. Le noiraud se retint de rire alors que Minho paniquait, se reconcentrant sur sa tâche.

Son laborieux repas avalé, Ilsang commença à s'endormir. Changbin le repris dans ses bras, le berçant quelques minutes, avant de se diriger vers le seul lit de la pièce.

- Tu vas le coucher dans ton lit ? Demanda Minho.

- Oui.

- T'as pas peur qu'il tombe ?

- Non, je le cale entre le mur et moi.

- Tu dors avec lui ?

- Oui.

- Mais... Changbin, c'est hyper dangereux de dormir avec un bébé.

- Comment ça ?

- Tu peux l'écraser dans ton sommeil.

- Quoi ? Mais non, je bouge pas, quand je dors.

- On est jamais sûr. Il suffit d'une fois.

- De toute manière, j'ai pas vraiment le choix.

- T'as pas autre chose ?

- Non.

- Un fauteuil ?

- Non.

- Un panier ?

- Non.

- Une corbeille ?

- Non.

- Un truc en osier.

- Non... Attends, si. Bouge pas, je reviens.

Changbin disparut dans la salle de bain, laissant Minho dans l'incompréhension. Il revint quelques minutes plus tard, un panier rectangle en osier dans les main. Il le mit au dessus d'Ilsang, s'assurant que le bébé rentrait dedans.

- Où t'as trouvé ça ? Demanda Minho.

- C'était mon panier à médicaments.

- Et qu'est ce que t'as fait des médicaments ?

- Je les ai mis en vrac dans le placard.

Minho lui adressa un regard blasé, et Changbin haussa les sourcils. Le brun soupira, avant de se retourner vers le canapé. Il saisit une des couvertures qui traînait dessus, la pliant avant de l'installer dans le panier.

- Mais... Il va avoir froid contre le sol. S'inquit Changbin.

- Il faudrait le surélever...

- Sur une chaise il va tomber.

- T'as pas une chaise à accoudoirs ?

- Euuu... Non.

- Une chaise de camping ?

- Euuuu... Peut-être que...

Il ne finit pas sa phrase, se dirigeant vers l'armoire de l'entrée. Il fouilla un petit moment, avant d'en sortir une vieille chaise pliable de camping bleu-grise. Il la rapporta dans la cuisine, fier de lui. Il la posa contre le sol et essaya de la déplier, en vain. Minho vint l'aider, et après de multiple efforts, la chaise rouillée était sur pieds. Ils glissèrent la panier entre les accoudoirs avec plus ou moins de mal, avant de se regarder, fier de leur travail. Ils amenèrent ensuite le pseudo-lit contre le lit de Changbin, bloquant le dernier côté du panier contre le matelas. Ils glissèrent délicatement Ilsang dans son nouveau nid douillet, avant de le recouvrir d'une petite couverture verte. Ainsi, Changbin pouvait voir Ilsang et être proche de lui la nuit et ce dernier ne craignait ni de tomber, ni d'avoir froid, ni de se faire écraser.

- Merci, Minnie. Fit le noiraud en se retournant vers le brun.

- J'ai rien fait !

- Bien sûr que si !

- Tu parles... T'as fait bien plus...

Changbin sourit, avant de poser brièvement ses lèvres sur celles du brun.

- Allez, nous aussi, au dodo.

- Je vais rentrer.

- Pourquoi ? S'inquit le noiraud. Il est déjà tard, reste ici. C'est pas la première fois que tu reste.

- Oui, mais là y'a Ilsang.

- Et alors ? Le lit reste de la même taille, hein. Il faudra juste calmer tes hormones. Ajouta-t-il avec un sourire en coin.

Minho leva les yeux au ciel, et Changbin se dirigea vers son armoire. Il en sortit un grand t-shirt qu'il lança au brun. Tous deux se changèrent, avant de rejoindre les chaudes couettes du lit du noiraud. Heureux de se retrouver après une longue semaine, ils se blottirent l'un contre l'autre. Ils s'étaient manqué mutuellement, mais ce temps était nécessaire à Minho pour être sûr de sa décision. Jamais il ne serait partit comme ça. Et Changbin le savait. Car Minho avait un grand cœur. Jamais il n'aurait laissé quelqu'un souffrir injustement sans rien faire. C'est pour cette raison qu'il voulait devenir avocat. Et Changbin ne pouvait s'empêcher de penser que ce métier lui correspondait à la perfection. Un réaliste au grand cœur.