° 1 °
C'était un jour des plus calme. De légers flocons tombaient sur la ville grise. Silencieux. Les arbres étendaient leurs maigres branches au dessus des rues. La fine poudre blanche recouvrait les toits et les jardins. Rien ne semblait perturber la sérénité de ce tableau parfait.
C'est en ce jour que Changbin s'était rendu à l'université. Un jour comme les autres. Il s'était installé à la bibliothèque, dans le but d'étudier un peu, quand il avait aperçu la neige à travers les fenêtres. Il avait sourit. Il adorait la neige. Voir les doux flocons tomber doucement l'apaisait, et il se dit que, pour une fois, il allait réussir à être productif dans ses révisions.
Il avait donc pris place sur une table en face de la fenêtre. Il sortit tous ses cahiers et livres, avant de commencer son long travail. Tout était calme, dans la grande bibliothèque silencieuse. Hélas, cette sérénité fut bien vite troublée par la sonnerie de son téléphone. Il se dépêcha de trouver le fauteur de trouble au fond de sa poche et s'apprêta à raccrocher, quand il vit le nom du contacte qui l'appelait.
Noona
Un raclement de gorge de la part d'un étudiant le rappela à l'ordre et il raccrocha, avant de le mettre en mode silencieux. Il le posa tout de même sur la table, face contre ciel, pour voir si elle le rappelait. D'habitude, sa sœur ne passait jamais de coup de file. C'était étrange de sa part. Aussi, il voulait s'assurer que rien de grave ne lui soit arrivé.
Il se replongea dans son travail, mais à peine quelques minutes plus tard, le contacte de sa sœur s'affichait de nouveau à l'écran. Il se mordit la lèvre, avant de prendre son téléphone et de sortir précipitamment de la pièce. Il se posa dans le couloir, avant de finalement décrocher.
- Allô ?
Aucune réponse.
- Allô ? Noona, ça va ?
- Ch-Changbin...
- Oui ? Qu'est ce que tu veux ?
- J-je... Je n'en peux plus, Changbin...
Un sanglot parvint à son oreille, et il s'affola.
- Qu'est ce qu'y se passe ? Pourquoi tu pleure ?
- J-je peux plus m'en occuper... C'est trop dure... S'il te plaît, Changbin...
- Calme-toi, respire. ça va aller, d'accord ?
- S'il te plaît Changbin... Prends-le... Je t'en prie...
- Mais... Enfin, Noona... Je peux pas... C'est trop compliqué... Je-
- S-s'il te plaît... Il sera toujours mieux... qu'avec moi... S'il te plaît, je... J-je...
Elle éclata en sanglot. Changbin ne savait plus quoi faire. Il réfléchissait à toute vitesse, pesant le pour et le contre.
- Bon, tu es où, là ?
- Ch-chez moi...S-s'il te plait...
- D'accord, j'arrive. Bouge pas, hein ? J'arrive.
Il raccrocha, avant de retourner dans la bibliothèque en courant. Les étudiants qui travaillaient lui jetaient des regards incendiaires, mais il n'y faisait pas attention. Il rangea ses affaires à la quatrième vitesse, avant de mettre son sac sur son dos et de sortir de la pièce. Il traversa le campus de l'université, avant d'en sortir.
Arrivé devant le portail, il aperçu le bus à l'autre bout de la rue. Il ne pouvait pas se permettre de le rater et d'attendre dix minutes de plus. Il se mit donc à courir, le plus vite qu'il pouvait. Il faisait de grands signes avec les bars, priant pour qu'il l'attende. Quand il arriva devant, le bus s'apprêtait à partir. Il donna quelques coups contre la porte, et le chauffeur finit par le laisser entrer. Il bipa sa carte de transport, sous les regards méprisants des autres passagers. Il alla se placer devant les portes du font, se tenant aux poignets des sièges, sa taille ne lui permettant pas d'atteindre les poignets suspendus au plafond, à moins de se déboiter l'épaule tout le trajet.
Lorsque le bus s'arrêta, il se précipita dehors. Il courrait entre les ruelles, perdant peu à peu son sang froid. Il finit par arriver devant l'immeuble où habitait sa sœur. Grimpant les marches quatre par quatre, il se retrouva bien vite devant la porte verte bouteille. Il pressa la poignet sans grande conviction, mais fut surpris lorsque la porte s'ouvrit. Elle n'avait même pas verrouillé son appartement. Il soupira, avant d'entrer.
Il ouvrit de grands yeux lorsqu'il découvrit l'état de l'appartement de sa sœur. Les poubelles non-descendus jonchaient l'entrée, l'évier était emplie de vaisselle sale, et des vêtement et toutes sortes de bazards trainaient un peu partout. Il resta sans voix quelques secondes. Sa sœur avait toujours fait preuve d'organisation et de propreté. Comment était-ce possible qu'elle en soit arrivée là ?
Il s'avança dans la pièce, avant de l'apercevoir. Elle était sur le canapé, ses jambes repliés contre son torse. Changbin s'approcha doucement d'elle, prenant place sur le divan à ses côtés.
- Qu'est ce qu'il se passe, Noona ? Demanda-t-il doucement.
Elle releva la tête vers lui, les yeux rouges et le teint pâle.
- Changbin... J-je... Excuse-moi...
- Qu'est ce qu'il se passe ? Explique moi... S'il te plait...
- Cc'est... Il est parti.
- Qui ça ?
- Geunsoo.
- Comment ça, il est parti ?
- On s'est disputé, et il est parti.
- Mais il va revenir, c'est pas grave, t'en fais pas...
- Non... Il reviendra pas... Il a pris ses affaires...
- C'était quand ?
Elle détourna le regard.
- C'était quand, Noona ?
- ... Y'a... un mois...
- Un mois ?! Et t'as rien dit ?!
- Je voulais pas t'inquiéter, et-
- C'est pas une raison ! Regarde où ça t'a mené ! Ça fais un mois que c'est dans cet état là ?
Elle détourna une fois de plus le regard.
- Et le petit ? S'inquit-il. Ils l'ont repris ?
- Non... Ils peuvent pas...
- Comment ça, ils peuvent pas ?
- Je leur ai expliqué, mais ils veulent rien entendre. Changbin, je... Je peux pas...
Le noiraud soupira.
- Bon, on va commencer par nettoyer tout ça.
- NON !
Il resta les yeux grands ouverts.
- Comment ça "non" ?
- Je veux pas que tu m'aides. ça m'embête déjà de te demander de prendre Ilsang, alors, s'il te plaît, ne fais pas plus.
- Comment ça, ça t'embête ? Enfin, je suis ton petit frère ! Je peux bien t'aider !
- Et justement, tu es mon petit frère ! Je suis ta grande sœur et c'est moi qui devrait m'occuper de toi. Que diraient papa et maman si ils me voyaient maintenant...
- Mais enfin, je peux bien m'occuper de toi ! Tu t'es occupé de moi des années ! Je peux bien te rendre la pareille !
- Changbin... S'il te plait... Je veux pas te causer de soucis ni être un poids pour toi. S'il te plait...
Il soupira longuement.
- Laisse-moi au moins descendre les poubelles.
- Changbin...
- Alors faire la vaisselle.
- Changbin...
- Ranger un tout petit peu...
- Changbin.
- Rien qu'un tout petit peu-
- Changbin, s'il te plait... Ilsang a plus besoin de toi que moi... S'il te plait, occupe-toi juste de lui. Ça me fait déjà assez culpabiliser comme ça... s'il te plait...
- Bon... Soupira le noiraud. Comme tu veux...
Elle lui adressa un maigre sourire, avant de lui désigner le couloir du doigt. Il soupira une énième fois, avant de finalement suivre la direction indiquée par sa sœur. Il pénétra dans sa chambre, le plus doucement possible. La pièce était plongée dans la pénombre. Il s'avança entre les vêtements qui jonchaient le sol, s'approchant du lit à barreau qui trônait au fond de la chambre. Il se pencha, observant longuement le petit être qui dormait paisiblement. Il approcha sa main pour le soulever, avant de réaliser qu'il était vraiment minuscule. Il inspira un grand coup, avant de finalement le prendre par sous les bras, priant pour qu'il ne se casse pas.
Le bébé poussa un petit gémissement, avant de se rendormir contre l'épaule de Changbin. Celui-ci commençait légèrement à paniquer, ne sachant pas vraiment quoi faire avec cet être tout fragile entre les bras. Il avait l'impression qu'il pouvait se casser à chaque instant. Il poussa un long soupir. Ça n'était aucunement le moment de paniquer. Et puis, ça ne devait pas être si compliqué, si ? C'était un peu comme une plante. Il lui suffisait sans doute de manger, de dormir, et de recevoir des bonnes ondes, non ? Oui, voilà. C'était cela. Si il lui envoyait des bonnes ondes, il grandirait bien, sans faire d'histoire. Changbin essayait de s'en convaincre, tout en cherchant dans la pièce ce qui pourrait lui être utile. Il reposa le bébé dans son lit, avant de s'avancer vers le centre de la pièce.
Il trouva un large sac rouge duquel dépassaient plusieurs vêtements aussi petits que ceux des poupées. Il farfouilla dedans, avant d'en dénicher un petit manteau. Il le mit de côté, avec un petit bonnet et d'épaisses chaussettes. Car son body vert avec une grenouille était très mignon, mais il ne lui tiendrait pas très chaud une fois dehors. On était tout de même fin novembre, et la neige continuait de tomber dehors.
Il finit donc de fouiller toutes la pièce, ramassant biberons et sucettes, pour tout mettre dans le sac rouge. Puis, il jeta un regard à la pièce. Il se mordit la lèvre, avant de prendre une grande inspiration. Il s'avança jusqu'au fond et ouvrit la fenêtre en grand, poussant les volets pour faire entrer la lumière. Il commença alors à ranger la chambre. Il ramassa et plia tous les vêtements qui traînaient, rangea les objets qui encombraient l'espace, et refis le lit. Il laissa la fenêtre ouverte quelque minutes pour aérer, avant de tout fermer, fier de lui.
Puis, il revint près du lit à barreaux. Il reprit Ilsang dans ses bras, avant de revenir près du sac rouge et de la petite pile de vêtements qu'il avait sélectionné. Il s'assit par terre, et commença à habiller le petit bébé. Mais, hélas, c'était moins facile que ça en avait l'air. Ses bras tout mous ne voulaient pas entrer dans les manches du manteau. Le noiraud dû s'y reprendre à plusieurs fois, avant d'enfin réussir à lui enfiler. Il sourit, fier de sa réussite, avant de voir les chaussettes. Il soupira de dépit.
Son laborieux travail achevé, Ilsang était paré pour sortir, bien au chaud dans son manteau et son bonnet. Changbin le pris délicatement dans ses bras, saisit le sac à bandoulière rouge, et sortit de la pièce. Une fois revenu à l'entrée, il mit tant bien que mal son manteau et ajusta son sac de cour sur ses épaules, le sac rouge en bandoulière, et Ilsang dans ses bras. Il s'approcha de sa sœur, avant de déposer un bisou sur le haut de sa tête.
- Prends soin de toi, Noona.
Elle lui sourit faiblement, avant de le remercier.
- Je reviendrai la semaine prochaine.
- Non, c'est pas la peine de-
- À plus tard !
Et sur ces mots, il sortit, fermant la porte derrière lui. Il dévala les escaliers et traversa quelques ruelles, avant de s'arrêter à l'arrêt de bus. Le ciel commençait déjà à s'obscurcir, et les lampadaires projetaient leur lumière orangée sur la neige immaculée. Quelques flocons continuaient de tomber, se prenant dans les cheveux noirs de Changbin.
- Halala... Soupira ce dernier en s'asseyant à l'arrêt de bus.
Il regarda le petit garçon qu'il portait dans ses bras.
- T'en aura vue, des choses, toi...
Il sourit tristement, alors qu'Ilsang le regardait, ses grands yeux noirs plongés dans les siens. Le noiraud avança sa main caressant la petite tête du bébé.
- On va essayer de se débrouiller, toi et moi. D'accord ? Tu m'aideras, hein ?
Le bébé cligna des yeux, et Changbin sourit. Un bruit de moteur se fit entendre, et il se leva, ajustant sa prise sur le bébé contre lui. Son ticket payé, il entra dans le bus, soupirant de soulagement à la chaleur ambiante. Il s'installa, sous les regards attendris des passagers. Le trajet se passait bien, jusqu'à ce que Changbin aperçoive le tableau des arrêts. Le prochain était le collège Yonsei. Et c'était le bus qui arrivait exactement pour la sortie des enfants. Changbin se maudit intérieurement, tout en priant pour que tout se passe bien.
Les portes s'ouvrirent, et toute une armée de bambins débarquèrent dans l'autobus. Les enfants passaient dans l'allée en discutant fortement, et Ilsang commença à s'agiter. Changbin essayait tant bien que mal de le calmer, sans grand résultat. Mais ce fut lorsqu'un groupe de jeunes filles passèrent en gloussant que ce fut trop. Ilsang éclata en sanglot.
Changbin, complètement paniqué, essayait tant bien que mal de le calmer. Il le berça, priant pour qu'il s'arrête, tandis que tous les regards étaient rivés sur lui. Mais hélas, les bavardages perduraient, et les pleurs d'Ilsang avec. Et le trajet passa ainsi. Bruyant.
Et à peine Changbin fût-il descendu du bus qu'Ilsang s'arrêta de pleurer. Le noiraud soupira, avant de traverser la route. Il passa au super marcher acheter du lait en poudre, des couches et une espèce de crème pour bébé. Ses achats faits, il rentra chez lui, plus fatigué que jamais. Avec l'aide d'internet, il prépara le biberon d'Ilsang et lui donna tant bien que mal, avant de se rendre compte d'un problème conséquent. Il n'avait pas de lit de bébé. Il soupira, avant de réfléchir à une solution responsable.
Sur le canapé, il tomberait par terre. Il fallait donc un endroit avec des bords. Dans l'évier il aurait trop froid. Même avec un coussin et une couverture, mieux valait ne pas prendre le risque. Il n'allait tout de même pas le faire dormir dans un sac. Il ne restait qu'une seule solution.
Après avoir changé sa couche et nettoyé tant bien que mal sa bouille, il le coucha dans son propre lit. Il s'installa, quand à lui, à son bureau, essayant de rattraper le retard qu'il avait pris sur ses révisions. Il jetait de temps à autre des regards au petit bébé profondément endormi, s'assurant qu'il ne tombe pas du lit. Son travail terminé et son repas avalé, il se glissa sous ses couettes, plaçant Ilsang entre lui et le mur, pour pas qu'il ne tombe.
- Bonne nuit, petit Ilsang. Souffla-t-il, avant de s'endormir, épuisé par les évènements de la journée.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro