- Allez les gars, dépêchez-vous ! On va être en retard ! S'écria Sumin, déjà dans le couloir, faisant tourner la clef de notre chambre dans ses mains.

En cette belle après-midi, notre groupe avait comme programme une sortie à la plage. Mais cette fois, ça n'était pas que pour s'y promener, mais bien pour se baigner. On avait donc dû tous retourner dans nos chambres pour nous munir de nos maillots de bain. Et Sumin était déjà prêt, ayant visiblement très hâte de pouvoir se baigner.

Chunso aussi, était prêt. En fait, il ne s'était même pas préparé. Son habituel sweat à capuche noir enfoncé sur la tête, il attendait, assis sur son lit. J'allais détourner le regard, quand je me souvins de ce que m'avait dit Sumin, la veille même. Je posais alors prudemment mon regard sur le garçon tout en noir qui m'oppressait rien que par sa présence.

Mais, à ma plus grande surprise, sous cette sombre capuche se trouvait un visage rond. Sa fine et rose bouche était pincée, tandis que ses deux grands yeux sombres brillaient de peur. Son petit nez rond était retroussé, tandis qu'un plis indélébile était formé entre ses sourcils. Il ressemblait à un petit garçon. Un petit garçon tremblant de peur.

Je détournais le regard, les lèvres pincés. Avais-je vraiment raison d'avoir peur ?

Je secouais la tête, avant de saisir mon petit sac en toile qui contenait ma serviette de plage ainsi qu'un éventuel change et un livre. Enfilant ma paire de tongs, je rejoignis Sumin dans le couloir, uniquement vêtu de mon short de bain orné de grandes fougères ainsi que d'un grand t-shirt blanc.

Le bleuté, quand à lui, avait revêtit un short de bain à l'imprimé de marinières et n'avait enfilé qu'une grande et légère chemise rayée qu'il n'avait même pas pris la peine de fermer, laissant son torse nu exposé à la vue de tous.

Je détournais les yeux, les joues rosés, avant de jeter un œil à l'intérieur de la chambre.

Les deux autres sortaient enfin, Minki ayant fini par retrouver son short de bain orange qui s'était glissé je-ne-sais-comment derrière son bureau.

- Ah bah c'est pas trop tôt ! Soupira Sumin, avant de fermer la porte à clef, partant ensuite avec entrain vers les escaliers.

Mon regard croisa celui du grand blond et on pouffa de cœur, avant de suivre le bleuté à l'extérieur.

°°°

- Ouaaaaaa, trop biennnn ! S'écria Sumin en laissant tomber sa chemise et son sac, avant de me pendre le poignet.

- NE VOUS ÉLOIGNEZ PAS TROP ! S'écria madame So alors que tout le monde partait en courant vers les vagues, le bleuté m'entraînant à sa suite. RENDEZ-VOUS ICI DANS TROIS HEURES !

Mais plus personne ne l'écoutait. Tous avaient déjà rejoint les flots si rafraîchissants.

Pour ma part, Sumin m'avait tellement pris de court que j'avais dû abandonner mon sac et mon t-shirt en chemin, éparpillés sur le sable chaud.

Lorsque l'eau nous arriva aux genoux, le garçon d'océan me lâcha le poignet, avant de plonger dans les flots. Il ne ressortit que quelques mètres plus loin, le pigment bleue de sa teinture coulant légèrement dans son coup. Un grand sourire inondait son visage, tandis que ses cheveux d'azur flottaient autour de lui.

- Allez, viens ! Lança-t-il à mon intention.

Je levais les yeux au ciel, avant d'avancer un peu.

Mais ça n'était pas assez rapide pour Sumin, apparemment.

Un éclat brilla dans ses yeux, avant qu'il ne saute dans ma direction, crochetant ses bras derrière mon dos, avant de se laisser tomber en arrière, m'entraînant avec lui dans sa chute. Je manquais de lâcher un cris de surprise, avant que l'eau salée et froide ne nous engloutisse tous les deux.

Je ressortis immédiatement, les muscles frigorifiés et les cheveux trempés.

- Tu vois, ça fait du bien ! S'écria Sumin, radieux.

- Tu vas voir si ça fait du bien... Marmonnais-je, avant de me jeter sur lui, le plongeant dans la mer sous mon poids.

Mais il s'échappa de ma prise, nageant lestement avant de ressortir des flots, m'envoyant une gerbe d'eau à la figure. Un éclat de rire franchis ses lèvres, et je ne pus m'empêcher de sourire.

Un long moment passa ainsi, l'eau que l'on soulevait nous éclaboussant le visage tandis que nos rires résonnaient au milieu des vagues.

- Je peux me joindre à vous ?

J'arrêtais d'envoyer de l'eau à Sumin, me relevant de son torse, les pomettes légèrement rosés.

- Oh, bien sûr ! S'exclama le bleuté à l'intention de Minki, sans pour autant se redresser.

Le grand blond sourit largement, avant de s'asseoir dans l'eau, ses cheveux frisés goûtant sur ses épaules.

- Dis Sumin, Commença le nouvel arrivant. J'ai vu que tu nageais vraiment bien. T'as appris où ?

Le bleuté ouvris de grands yeux.

- Bah, dans l'eau.

Je pouffais de sa réponse, et Minki fit de même.

- Non, mais je veux dire... Comment t'as appris ?

- Baaah... J'ai toujours vécu au bord de la mer et j'adore l'eau, alors bon... C'est pas étonnant ! Je sais faire plein de nages ! La brasse, le crawl, le dos-crawlé, la nage papillon, le dauphin, la brasse indienne et la coupe !

- Ouaaaaa ! S'exclama Minki, les yeux grands ouverts.

- Et toi Innie, tu nages quoi ? Questionna Sumin en barbotant joyeusement.

- Euuu... Seulement la brasse, le crawl et le dos-crawlé. Je savais faire le papillon, mais je crois que j'ai un peu perdu, depuis le temps...

- Ouaa, c'est trop bien aussi ! Moi je sais faire que la brasse, et encore... Soupira le blond.

- Bah c'est déjà bien ! Sourit le bleuté. La brasse est la nage la plus technique. En compétition, du moins...

- Mouais... Fit Minki, pas très convaincu.

- Oh ! S'écria soudainement Sumin, se redressant vigoureusement. Je crois qu'il y a une location de balles et de gants de baseball, là-bas !

- De baseball ? S'étonna le grand blond.

- Oui, de baseball ! C'est trop bien le baseball !

C'est Seungmin, qui aimait le baseball...

Ma gorge se serra, et je pinçais mes lèvres entre elles. J'avais envie de les revoir. Terriblement envie... Pourquoi était-ce si douloureux ?

- Venez, on va voir ! S'écria Sumin en se relevant vivement, me tendant sa main.

Je le regardais, toujours assis à moitié dans l'eau.

- Allez Innie, viens ! Insista-t-il.

Je détournais le regard, avant de finalement saisir sa main, me relevant à l'aide de cette dernière. Mais le bleuté ne me lâcha pas, partant directement en courant vers la plage, m'entraînant à sa suite.

- Vous louez des balles et des gants de baseball ?! S'écria Sumin en arrivant à toute vitesse près de la petite cabane en bois qui louait toutes sortes de choses.

L'homme rondouillet qui se trouvait derrière le petit comptoir parut surpris par cette arrivée bruyante mais ne tarda pas à jeter un œil vers son stock encore libre.

- C'est 13 000 won la demi-heure. Lança-t-il en redirigeant son attention vers nous.

- Oh non, j'ai apporté que 6 000... Soupira Sumin. Et toi, t'as de l'argent ?

Je fis non de la tête, et il parut déçu.

- Je peux vous louer un terrain de beach-volley pendant une demi-heure à 6 000 won, si vous voulez. Proposa le commerçant.

Aussitôt, le visage de Sumin s'illumina, et il hocha rapidement la tête.

- Ça serait parfait !

Le bleuté partit en un éclair chercher son argent dans son sac, avant de revenir tout aussi vite, payant avec entrain l'homme d'âge mûr.

- Terrain 6. Nous informa le loueur en nous tendant une clef. Bonne après-midi.

- Merci ! Sourit Sumin, avant de partir en m'entraînant à sa suite.

Mais à mon plus grand étonnement, on partit vers le coin de la plage où notre groupe avait disposé ses affaire.

- Minkii ! S'écria-t-il en levant la clef en l'air. On a un terrain de beach-volley !

Le regard du grand blond s'illumina, et il se leva. Ce n'est qu'à ce moment que j'aperçus la sombre silhouette qui était à ses côtés.

- Allez Chunso, viens avec nous ! L'entendis-je insister.

Je n'y croyais pas, mais après seulement quelques minutes, le garçon tout en noir était debout, nous suivant nonchalamment jusqu'au terrain.

On passa le reste de notre après-midi à jouer, le ballon volant dans l'air chargé d'embruns. Tous les quatre réunis, on avait petit à petit appris à se connaître. Parfois, les actions étaient plus importantes que les paroles. Alors, cet après-midi-là, on avait pas beaucoup parlé. Mais pourtant, sans le savoir, on avait commencé à tisser des liens. Et dieux sait à quel point on en avait besoin.