Chapitre 24
- Jeongin, accepterais-tu de répondre à quelques questions ? Demanda le docteur Kim en posant ses coudes sur son bureau.
Voyant ma méfiance, il précisa
- Ce ne sera rien de bien compliqué. Juste quelques questions pour que je puisse constituer ton dossier.
- Je veux pas de dossier... Soufflais-je, les sourcils froncés.
- Tu n'as pas envie de changer, c'est ça ? Soupira le quarantenaire, me faisant ouvrir de grands yeux.
Comment avait-il compris en si peu de temps ?
- Rassure-toi, Continua-t-il, Tu n'es pas obligé de changer. Je suis là seulement pour essayer de te comprendre et de voir ce qui serait le meilleur pour toi. Si tu veux, je ne te pose que des questions où tu ne peux répondre que par ''oui'' ou par ''non''. Comme ça, tu n'as pas à parler des détails. Ça te vas ?
Je soufflais bruyamment, tentant de faire le vide dans ma tête. Après tout, ce n'était que pour un dossier. Et puis, j'étais curieux de savoir ce qu'il pensait de moi. Qu'allait-il mettre en place sachant que je ne comptais absolument rien lui dire de ce que j'enfouissais en moi ?
Je hochais donc prudemment la tête à l'affirmative, fixant le porte crayon qui se trouvait devant moi. J'entendis le docteur Kim soupirer de soulagement, avant de commencer ses questions, écrivant toutes mes réponses sur la feuille devant lui.
- Bon, tout d'abord, est ce que tu vas au lycée ?
- Oui. Répondis-je d'un ton neutre.
- Et est-ce que tu as des amis ?
- Oui.
- Beaucoup ?
- Non.
- Tout va bien au niveau de tes notes ?
- Oui.
- Et avec les professeurs ?
- Oui et non.
Il allait me demander des précisions, mais se ravisa, continuant avec la suite.
- Tu te sens bien chez toi ?
- Non. Répondis-je sans hésitation.
Le docteur Kim parut surpris, mais se rembrunit immédiatement.
- Et dans ta chambre ?
- Oui.
- Tu as du mal avec ta famille ?
- Oui.
- Tous les membres ?
- Non.
- Et tu aimerais que ça s'améliore ?
- Non. Affirmais-je, mon estomac se nouant à nouveau.
L'homme devant moi marqua quelque chose de plus long sur son papier, avant de continuer, changeant de sujet, pour mon plus grand soulagement.
- Il y a des choses que tu aimes faire pour t'occuper ?
- Oui.
- Des activités plutôt physiques ?
- Non.
- Alors des choses plus calmes ?
- Oui.
- Beaucoup de personnes sont au courant de ce que tu aimes ?
- Non.
- Ta famille ?
- Non.
- Tes amis ?
- Oui et Non.
- Tu aimes rencontrer de nouvelles personnes ?
- Non.
- Tu préfères rester dans ta zone de confort ?
- Oui.
- Tu dors bien, la nuit ?
- Non.
- Tu fais des cauchemars ?
- Non.
- Tu es anxieux ?
- ...
- D'accord, pas la peine de répondre, c'est évident. Fit-il en portant son regard sur mes mains que je tripotais violemment depuis le début de notre entrevue. Est-ce depuis toujours ?
- Non.
- Tu es bien, ici ?... À Séoul, je veux dire. Précisa-t-il en voyant mon regard rempli d'incompréhension.
- Non.
- Tu préférerais partir ?
- Oui.
- Avec ta famille ?
- Non.
- Tout seul ?
- Oui.
- Tu leur en veux ?
- Non.
- Mais tu ne veux plus être avec eux.
- Oui.
- Ton anxiété te pose-t-elle problème ?
Je réfléchis un instant, avant de répondre.
- Non.
- Es-tu anxieux lorsque tu es seul ?
- Non.
- Les autres te rendent anxieux ?
- ... Oui...
- As-tu envie de changer ça ?
- Non.
- Es-tu bien avec toi-même ?
- Oui.
- Tu t'aimes comme tu es ?
- Oui.
- Et as-tu confiance en toi ?
- ... Non.
- Depuis toujours ?
- Non.
- Est ce que tu sais pourquoi ?
- Non.
- Tu as envie qu'on essaye de le comprendre ?
- Non.
- Bien. Et la dernière : Si je te donnais un billet de train qui part dans cinq minutes, et dont tu ne connais ni la direction ni la provenance, est ce que tu le prendrais ?
- Oui.
- Voilà. Lâcha-t-il en en reposant son stylo. Merci, Jeongin. Tu souhaites me parler de quelque chose en particulier ?
- Non.
- Tu ne voudrais pas me parler de ce que tu aimes ? Insista doucement le docteur Kim.
- Non.
- Ça ne serait pas à but médical. Seulement pour mieux te connaître. Tu ne veux vraiment pas me parler de ce que tu aimes ?
- Non.
- Bon. Alors on va s'arrêter là pour aujourd'hui. Tu veux bien aller me chercher tes parents ?
Je me levais sans un mot, bien heureux de quitter cette pièce étouffante. Mais alors que je posais ma main sur la poignée de la porte, le docteur Kim ajouta
- Merci de tes réponses, Jeongin. À bientôt.
Je ne répondis pas, me contentant de sortir de ce cabinet. Mes parents m'attendaient dans la salle d'attente, le regard rivé vers le sol. Dès qu'ils me virent, leurs visages s'illuminèrent, et ils me sourirent doucement. Je me contentais de leur faire signe de la tête d'aller voir le médecin, avant de m'écrouler sur une des chaises de la salle d'attente.
Une dizaine de minutes plus tard, mes parents ressortirent, et on se dirigea en silence vers la sortie du centre hospitalier. Je m'installais à l'arrière de la voiture sans un mot, tandis que mon père démarrait le moteur. Puis, on partit, quittant ce lieux qui était synonyme pour moi de tant d'anxiété.
- Tu sais, Jeongin, Commença ma mère après un long silence pesant, Si on t'a emmené là-bas, c'est par ce qu'on s'inquiète pour toi.
- Je sais. Répondis-je d'un ton neutre.
- Ça s'est bien passé ? Demanda mon père. De quoi vous avez parlé ?
- De rien.
- Tu as envie d'y retourner ?
- Non. Mais vous avez déjà repris rendez-vous, n'est-ce pas ?
Ils ne dirent rien, se contentant de rediriger leurs regards vers la route.
- Putain, mais pour qui ils se prennent, ces vieux ? S'écria Changbin, son visage crispé de colère.
- Binnie, calme-toi. Ils font ce qu'ils peuvent. Essaya de le raisonner Chan.
- Chui d'accord avec Changbin, sur ce coup-là. Admit Minho. Ils font chier, là. On va devoir aller dans cet hôpital pourri toutes les semaines, pas que ça à foutre, merde...
- Minho, ton langage... Le repris Chan.
- Rien à battre de mon langage.
- C'était pas si mal. Intervint Jisung. C'était trop drôle de répondre aux questions ! En plus on répondait que par oui ou par non, c'était comme un questionnaire vocale !
- Tu parles, maintenant il sait presque toute notre vie... Souffla Seungmin, les genoux repliés contre sa poitrine.
- Comme ça il sait à quel point on est extraordinaire ! Se vanta Hyunjin en jetant ses cheveux imaginaires derrière ses épaules.
- C'est vrai que c'est pas si mal. Jugea Félix. Ça nous fait une petite sortie du samedi. Ça aurait pu être pire, tout de même...
Je soupirais bruyamment. Ils avaient raisons. Ils avaient tous raison. Mais à cet instant, la seule chose dont j'avais envie, c'était de me rouler en boule dans mon lit, et de ne plus bouger. Je voulais être seul. Complètement seul. C'était mon seul souhait.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro