Chapitre 23
Le moteur de la voiture vrombissait tandis que le paysage urbain défilait à travers la vitre. Ma mère m'avait dit que j'avais un rendez-vous chez le médecin, ce qui m'avait un peu étonné, car en temps normal, elle me prévenait au moins deux semaines à l'avance. Mais cette fois-là, elle me l'avait annoncé le matin même. Même mon père qui ne se mêlait normalement jamais de notre vie médicale était venu avec nous. À mon plus grand étonnement, je me dirigeais donc vers un cabinet médical je-ne-sais-où accompagné de mes deux parents.
La voiture s'arrêta dans un crissement de pneus dans la cour d'un grand bâtiment. Je ne connaissais pas ce centre hospitalier. Cela m'intrigua beaucoup, mais je ne posais aucune question, me contentant de suivre mes deux parents en silence.
- C'est quoi ce bordel... Souffla Changbin, les sourcils froncés.
- Aucune idée... Répondis-je sur le même ton, pas plus rassuré que le noiraud.
On déambula entre les couloirs bleue-gris de la grande bâtisse, croisant de temps à autre quelques infirmières ou patients. Puis, on bascula dans une aile complètement différente. Il n'y avait plus personne, seulement des portes avec des noms de médecins et des salles d'attentes. L'ambiance était plus que bizarre, et je commençais à sentir ma respiration se faire plus difficile, alourdie pas ce lieu étouffant.
Soudain, on s'arrêta devant une porte. Mes parents vérifièrent rapidement qu'ils étaient au bon endroit, avant de pousser sur la poignée et de pénétrer dans la petite pièce. Il s'agissait d'une salle d'attente.
Le mobilier était on ne peut plus simple, comportant seulement quatre chaises en métal douteux, une table basse en bois des plus simple et une fenêtre aux vénitiennes à moitié baissée, laissant entrer le soleil par fines raies de lumière parallèles. Je m'assis prudemment sur une des chaises, en face de la deuxième porte que comportait cette pièce. Ma mère s'assit à mes côtés, tandis que mon père resta debout près de la fenêtre, visiblement anxieux.
Cette situation ne fit qu'augmenter mon stresse, nouant mon estomac et bloquant mes voies respiratoires. Mais le pire vint juste après.
Alors que je parcourais la pièce du regard, cherchant un détail auquel me rattacher, mon attention se posa sur la porte devant moi. Dessus, il y avait un écriteau blanc des plus simple. Mes yeux se plissèrent pour mieux voir, et je lus silencieusement ce qui y était inscrit.
'' Kim Mooyeol...
Psychologue ''
Ma respiration se coupa.
Un psychologue ? Qu'est-ce qu'on faisait chez un psychologue ?
Je tournais la tête vers ma mère, mais elle regardait devant elle, stoïque. On était au bon endroit.
Je commençais doucement à paniquer, l'air n'arrivant plus jusqu'à mes poumons et ma vision se brouillant. Je posais une main sur ma cage thoracique, appuyant fortement dessus dans l'espoir qu'elle me laisse respirer, tandis que mes pensées s'emmêlaient. J'avais l'impression d'être au centre d'un tourbillon. D'une tempête. Mon cœur se serrait et se compressait, me faisant affreusement mal. Je ne comprenais plus rien. Je ne savais plus rien.
Soudain, un homme ouvrit la porte en face de moi. Mes parents me dirent quelque chose que je ne compris pas, avant d'entrer dans la pièce avec le médecin, me laissant seul dans cette salle d'attente oppressante. Je ramenais mes genoux contre ma poitrine, me cachant entre mes bras. J'avais envie de disparaître. De devenir invisible. Que plus personne ne me voie. Que plus personne ne m'entende ni me connaisse. Juste, disparaître.
- Oh, Innie... Fit la voix rassurante de Félix en s'approchant de moi.
Il s'assit à mes côtés, avant de me prendre délicatement sur ses genoux. Il entoura mon corps tremblant de ses bras, caressant doucement mes cheveux. Je nichais mon visage près de son cou, inspirant son odeur apaisante et serrant son fin t-shirt entre mes doigts.
- Chuuut, ça va aller, Innie... Chuchota-t-il, son souffle effleurant ma nuque. Tout va bien...
Ma poitrine s'allégea petit à petit, et ma respiration reprit un rythme normal. Je pris une grande inspiration, savourant l'air vitale qui traversait à nouveau mes poumons. Je me blottis un peu plus contre le blond, souhaitant rester ainsi jusqu'à la fin de mes jours. J'étais bien, là. Comme protégé du monde. J'avais l'impression que plus rien ne pouvait m'arriver. Plus rien n'existait, hormis lui, et moi.
Puis, la porte en face de moi s'ouvrit. Mes parents en sortirent, s'approchant de moi.
- Jeongin, c'est à ton tour d'y aller. Souffla ma mère en passant une main qui se voulait réconfortante dans mon dos.
Je relevais la tête, leur lançant un regard accusateur, avant de me lever. Le regard rivé vers le sol, je m'approchais de la porte à côté de laquelle se trouvait ledit médecin.
- Bonjour, Jeongin. Fit ce dernier d'une voix qui se voulait accueillante et chaleureuse, tout en me tendant sa main. Je suis le docteur Kim, mais tu peux m'appeler Mooyeol, si tu préfères.
Je lui serrais vaguement la main, méfiant, avant de le suivre dans son cabinet. Il referma la porte derrière nous, m'invitant à m'asseoir sur une des chaise faisant face au grand bureau de chêne qui était le siens.
Mon regard était rivé sur mes mains, tandis que je tentais de maîtriser ma respiration tremblante. L'anxiété me gagnait à nouveau, et je sentais ma poitrine s'alourdir encore une fois, me plongeant doucement dans l'asphyxie qui était devenue habituelle pour moi.
- Jeongin, tu peux me regarder. Je vais pas te manger, tu sais ? Commença le docteur Kim, prenant un ton décontracté en espérant me détendre, mais ça n'eut que l'effet inverse, me crispant encore plus.
- Jeongin, regarde-moi. Insista-t-il. S'il te plaît, c'est la seule chose que je te demande. Après, tu n'auras rien d'autre à faire que de m'écouter.
Je pinçais violemment mes lèvres, avant de doucement lever la tête. Le docteur Kim était un homme dans la quarantaine. Il affichait un sourire fabriqué de toute pièce, visant à plonger ses patients dans une ambiance de confiance. Sa peau légèrement bronzée commençait à rider au coin de ses yeux et retombait au niveau de ses joues. Ses cheveux bruns étaient bien coiffés, tandis que sa chemise blanche tirant sur le bleu était soigneusement fermée par une cravate brune. Quiconque le croisait dans la rue aurait trouvé cet homme fort sympathique. Mais nous n'étions pas dans la rue.
- Jeongin, Continua-t-il, Si tu es ici, c'est sous la demande de tes parents. Ils s'inquiètent pour toi. Mon but n'est pas de te forcer à quoi que ce soit ni de te mettre mal à l'aise. Si je suis là, c'est simplement pour tenter de comprendre ce qui se passe dans ta tête et t'aider à y voir plus claire. Je sais que tu n'es pas là de ton propre chef, nous allons donc y aller doucement.
Je portais discrètement ma main à mon ventre, massant la boule qui s'était formée dans ce dernier, dans l'espoir qu'elle disparaisse. Le docteur Kim repris son monologue, mais à vrai dire, je ne l'écoutais plus. Ma respiration était à présent complètement bloquée, mon cœur lacéré.
Je scrutais la pièce qui m'entourait du regard, cherchant désespérément quelque chose auquel me raccrocher. Soudain, Jisung apparu derrière l'homme qui me faisait face. Je lui lançait un regard interrogateur, et il me fit signe de me taire, avant de tendre le bars pour atteindre un cadre suspendu sur le mur derrière lui. Étant un peu trop petit, il fit un petit saut, avant d'attraper la nature morte qui représentait trois poires bien mures installés dans un petit panier.
Un sourire amusé étira mes lèvres, tandis qu'il faisait sortir une des poire de la toile, croquant dedans à pleine dent.
Soudain, Chan apparut, et Jisung ouvrit de grands yeux, avant de partir en courant. Chan lui cria inaudiblement de revenir, essayant de le rattraper en vain. Un gloussement s'étouffa dans ma gorge, tandis que je suivais des yeux les deux jeunes hommes qui se poursuivaient en courant autour de bureau.
Je détournais le regard et aperçus Seungmin qui lisait tranquillement sur le canapé à ma droite. Hyunjin le rejoignit, passant ses bras autour de sa taille tandis que le caramel appuyait sa tête sur son épaule. Un sourire attendris réchauffa mon visage, et je redirigeais mon attention vers les deux poursuivants.
Jisung s'était réfugié derrière Minho, faisant barrage à Chan. Ce dernier n'avait d'ailleurs pas l'air dans la meilleur de ses humeurs...
Assistant à la scène, Changbin voulut s'appuyer contre le mur derrière lui, hélas, il s'agissait d'une fenêtre. Il écrasa malencontreusement les vénitiennes qui émirent un ''crac'' suspect. Il se redressa immédiatement essayant de remettre en place le pauvre rideau. Je pouffais doucement de sa bêtise, amusé du spectacle qui se déroulait devant mes yeux.
Je sursautais soudainement en sentant un contacte sur mes épaules. Je levais la tête, apercevant Félix qui me souriait chaleureusement. Il déposa un petit bisou sur ma joue, faisant rosir mes pommettes.
- Merci... Soufflais-je presque inaudiblement, alors qu'il disparaissait, s'évaporant sans laisser aucune trace.
Il me lança un clin d'œil encourageant, avant de se volatiliser. Les autres aussi avaient disparus. Mais en partant, ils avaient emmenés toute mon angoisse avec eux. À présent, seul un léger sourire éclairait mes lèvres, alors que je retournais la tête vers l'homme qui se tenait devant moi.
Ce dernier me regardait avec de grands yeux, les lèvres pincés.
- Bon. Laissa-t-il échapper. Je crois qu'on a du boulot...
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