Aujourd'hui, j'ai pris la résolution d'aller voir ma mère en face.

Je crois qu'au fond, j'ai surtout besoin de la présence de ma mère. Parce que toute fille à besoin de ça quand ça ne va pas bien.

Je soupire en ce début de mois de mars.

Je n'arrive pas à savoir si le temps passe plus vite ou plus lentement depuis que ma vie est devenu un puit à problème.

Je soupire et appuis sur un bouton de ma radio, changeant la musique qui résonnait dans la voiture vide.

Après de longues minutes à conduire, je me gare aussitôt sur le petit terrain de mon enfance.

Je sors et hume l'air nostalgique, tout compte fait, c'est surement une bonne idée, ça va me faire du bien.

Je regarde la maison et m'en approche après avoir pris mon sac et verrouillé ma voiture.

Je m'approche de la porte et sonne, toujours un peu réticente.

La porte s'ouvre sur le visage de ma mère, tiré.

- Liana ? Qu'est ce que tu fais là ?

Son ton est dur et je le conçois très bien.

- Je suis venu vous voir, papa n'est pas là ?

Je regarde par dessus son épaule.

- Il travaille.

Je soupire discrètement, mon père est bien une sorte de présence rassurante depuis que ça ne tourne pas rond avec ma mère.

- Rentre.

Elle se décale et je m'aventure dans cette maison qui m'était si familiale auparavant, et qui maintenant me parait si inconnue.

- Que me vaut ta visite ?

- Pas grand chose. Je voulais simplement vous voir.

- Tu ne préfére pas rester avec tes amis ?

Elle dis ça d'un air irronique.

- Surtout avec cette fille là.

Je me tend, elle parle d'Hae.

- Elle est dans le coma Maman.

Elle me fixe et ne dis rien.

- Désolé ma cherie. Mais au final, tu pourras te concentrer un peu plus sur tes études.

J'équarquille les yeux.

- Ne me dis pas Maman, que tu viens d'insinuer que le malheur d'une ferait mon bonheur ? Que je pourrais profiter du coma de mon amie ?

Je sens la colère monter.

- Tu ne m'as pas comprise.

- Pourquoi faut-il que tu gâche toujours tout !

Je cris, puis continue.

- J'étais aussi venu te montrer ça, mais je ne suis pas sur que tu sois capable de te contenter du bonheur de ta fille.

Je sors brusquement un feuille de mon sac.

- Qu'est-ce que c'est ?

Elle attrape le papier d'un regard méfiant et le lis en diagonale.

- Je m'en vais, loin. J'abandonne tout et je pars loin de vous.

J'eus du mal à prononcer ça. Mais c'était ma décision et je voulais lui en faire part, mais c'est comme si toute la discussion précédente s'était évaporée, ma mère hurle, incapable ne serait-ce qu'un peu, d'imaginer sa fille loin de son contrôle.

- Mais tu es inconsciente ma pauvre fille ! Partir ! Sans aucunes garde !

Les cris de ma mère résonnent dans la pièce de mon ancien chez moi.

- C'est vrai. Je suis juste une petite merdeuse. Je ne suis rien d'autre qu'une pauvre inconsciente. Une putain de bonne à rien ! Je ne vaux rien. Donc, maintenant, j'aimerais que tu comprennes une bonne fois pour toute maman. Je suis Liana, ta fille certes, mais maintenant, c'est ma vie. Et j'en suis le chef.

Ma respiration s'arrête quand sa main vient rencontrer durement ma joue. Je ne bouge pas pour autant. Je le mérite, c'est clair. Pourtant, je ne regrette en rien ces paroles.

- Comment oses tu être si insolente ! Qu'est-ce qu'il t'arrive, tu as tellement changé ! Ton père et moi ne t'avons pas éduqué comme ça !

Elle me toise de haut en bas. Ses yeux sont remplis d'une déception qui me fait mal au cœur.

- Tant d'années gaspillés pour toi, pour ce que tu es devenu...

Je fronce les sourcils, j'ai une envie irrésistible de lui dire ce que j'en pense. Je ne suis pas devenu un déchet à ce que je sache. Juste une jeune femme qui compte vivre sa vie à fond. Qu'est-ce qu'il y a de mal à ça ? Sérieusement. Pourtant, je sers les poings et prends une grande inspiration.

- Je suis désolé maman. Je ne suis pas parfaite comme tu as toujours voulu que je le sois. Je ne peux pas. On a qu'une vie. Et je ne te laisserais pas diriger la mienne du bout des doigts. Sache que tu es ma mère et que je t'aimerais toujours autant. Toi et papa. Mais laissez moi vivre. S'il vous plaît.

Je baisse la tête en finissant de parler. Je tiens tout de même à lui prouver qu'elle reste ma mère et que je lui dois le respect. Je fixe mes pieds et reste silencieuse.

- J'espère pour toi que tu ne regretteras pas ce choix Liana.

Je relève la tête. Si elle n'a que ça à dire. Je le comprends. Je passe ma main dans mes cheveux et attrape ma veste sur le porte manteau à ma droite. Je place mon sac sur mon épaule et encre mon regard dans celui de ma mère. Qui n'avait pas bougé de place.

- Bonne soirée maman. Prends soin de toi.

Puis je quitte la maison familiale où j'ai passé les 19 années de ma vie. Refermant doucement la porte derrière moi. J'évacue ensuite le stress en respirant un bon coup, j'hume la douce odeur du printemps. Je vais enfin pouvoir reposer ne serais qu'un peu ma conscience.

Je marche en direction de ma voiture de l'autre coté du trottoir et rentre à l'intérieur. Après avoir balancé mon sac et ma veste sur le siège passager, je regarde le volant.

- Oh mon dieu qu'est ce que j'ai fait...

Prise d'un sentiment de culpabilité, j'écrase ma tête sur le volant en un soupir désespéré. J'ai l'impression de devoir encore une fois commencer une nouvelle vie.

Pourtant, celle ci semble enfin être celle qui me convient.

Et c'est tout de même déterminée que j'allume le moteur.

Arrivé sur le pas de ma petite maison, je sors les clefs de mon sac et ouvre la porte d'entrée. Je pose mon sac sur le canapé à gauche et sursaute en sentant mon portable vibrer dans ma poche.

- Oui, Liana Lee à l'appareil ?

- Bonjour, je suis votre docteur traitant. J'ai enfin les résultats de vos analyses.

- Oh bonjour ! Je vous remercie de cet appel.

- J'ai l'honneur de vous dire que vous êtes enceinte. Félicitation mademoiselle.

Je me fige et cligne des yeux.

- Je.. Pardon ? Vous devez vous être trompé.

- Vous êtes bien Liana Lee ? Si oui. C'est bien ça. Vous pourrez récupérer les résultats à la clinique à partir de demain. Je vous laisse digérer la nouvelle avec votre petit ami. Au revoir.

Le bip de l'appel résonne encore et encore dans le creux de ma tête. Je lâche le téléphone sans m'en rendre compte et tombe les genoux à terre.

- Enceinte ? Comment c'est possible ! Pourquoi maintenant ! Impossible.. Je n'ai que 20 ans !

Apres quelque minute de doute et de réflexion j'éclate en sanglots en fixant le sol. Rien de pire ne pouvait m'arriver.

Et c'est à ce moment là que je compris que je devrais affronter ça seule.

Et pris rapidement une décision.