Hyun Hae se lève rapidement. Je lui jette un regard.

Ne fais surtout pas de connerie.

Elle me sourit gentiment, voulant sûrement me rassurer. Puis s'avance rapidement vers ma mère, qui elle, nous regarde d'un regard acéré.

Merde, merde, merde.

Je regarde mon amie avec attention. Je me méfie de la suite.

Brusquement, elle tend la main à ma mère et se présente. Avec toute la confiance en elle que je connaisse.

- Hyun Hae, enchantée. Je suis la collègue de votre fille. Je suis venu l'aider pour son projet hier soir. On a bossé toute la nuit. Je m'excuse donc pour notre allure. Heureuse de vous rencontrer.

C'est le blanc total.

Je suis étonnée de la facilité qu'elle vient d'avoir pour mentir comme ça. En temps normal. J'aurais plutôt voulu dévoiler toute la vérité. Mais pour ce coup-là. Ça me sauve plus qu'autre chose.

Ma mère sert pourtant sa main. Même si, au fond. Je sais très bien qu'elle n'en a pas envie. Elle reste juste polie.

Ma mère a toujours été comme ça. Souriante par-devant. Et méprisante par-derrière. Donc j'ai toujours trouvé ça normal.

Pourtant, j'ouvre de plus en plus les yeux. Je commence à entrevoir un autre coté de son visage. Et je ne sais pas si c'est une bonne chose.

Pourtant ce n'est que le début.

- Bon et bien je vous laisse ! Passez une bonne journée !

Hyun Hae attrape son sac et sort de la maison. Qu'elle lâcheuse... Mais heureusement qu'elle à fait cette scène juste avant.

La porte se ferme dans un son divertissant. Puis le calme revient. Enfin le calme avant la tempête.

- Alors là Liana. Je veux des explications. C'est quoi ce bazar ? Et depuis quand tu as besoin de quelqu'un pour travailler ?

Ma mère me fixe. Je regarde autour de moi. La maison n'est pas en désordre. Où voit-elle le bazar ?

- C'est une amie maman.

Je réponds, passant outre ce souci de rangement. Je n'ai rien à dire.

- Qu'est-ce que je t'ai déjà dit sur les amitiés ? Liana, tu sais bien où cela mène.

Je soupire et marmonne.

- Comment je peux savoir si je n'ai jamais eut d'amis.

Elle ne m'a pas entendu et se dirige vers le frigo.

- Oh mon dieu, qu'est ce que c'est que ça ?

Je fronce les sourcils, de quoi elle parle. J'écarquille les yeux quand elle sort les tupperwares où se trouvent les plats que m'a gentiment offerts Jin.

- Il y a autant de gras dans ce plat que de nourriture. Je me disais que tu avais pris un peu de poids.

Et c'est sans aucune autorisation qu'elle ouvre la poubelle avec son pied et y verse le contenu. De ce plat, et de tous les autres.

Je la regarde.

Je ne peux rien faire.

Je suis juste mitigée entre deux émotions.

La peine et la haine.

Contre ma mère. Et pour la première fois.

Mais je me retiens de lui dire ce que je pense. Parce qu'elle a d'une part raison. Et que j'en ai aucun droit.

Si. Tu en as le droit.

Je secoues la tête. Je respire un bon coup et reprend la lutte contre ma colère intérieur.

Ne dis rien Liana. Tu es mal placée pour ça. Tu es sa fille.

Je respire et la regarde faire.

Elle se frotte fièrement les mains quand elle a fini son affaire.

Puis elle me regarde.

- Va un peu te préparer, tu ne ressembles pas à grand chose comme ça.

Je hoche la tête et monte dans ma chambre doucement. Tel un robot.

Voilà.

Quand je suis en sa compagnie. Je suis comme un simple robot. Mais c'est normal. Ça a toujours été normal.

Mais ce n'est pas normal !

Je me change, et m'habille dans une tenue un peu plus "classe". Comme elle l'aime.

Puis descends les marche unes à unes. Réticente de lui faire encore face. J'ai l'impression de redevenir la gamine que j'ai toujours été. Comme si je n'avais jamais eut mon indépendance que je sous-estimé, réticente, mais qui maintenant, me permet d'être moi-même.

Je remarque ma mère de dos. En train de trifouiller quelque chose. Elle se retourne hâtivement à mon arrivée.

- Liana, tu es folle ma fille ? À ce prix là en plus !

Elle tient sèchement la robe que je m'étais achetée ce matin. C'est sur cette petite robe que j'ai complètement craqué. Une robe rouge pâle aux motifs fleuries et aux épaules dénudées. Comme le disait Jung-kook. Elle m'allait merveilleusement bien.

Je souris à ma mère en y repensant. C'est vrai que c'était sympa ce matin avec lui.

- Oui, je sais maman, mais j'ai vraiment cra..

- On la ramène tout de suite.

Elle me coupe sévèrement.

- Hein ?

- Tu n'en as absolument pas besoin. Garde cet argent pour t'acheter de la bonne nourriture saine.

Elle fourre durement la robe dans le sac.

- Allez, on y va, on en profitera pour faire un tour au super marché du coin.

Je la suis à contre cœur. Puis-je faire vraiment autrement ? Je ne pense pas.

C'est avec le sourire effacé que je quitte la maison et monte dans la voiture de ma mère.

Pourquoi faut-il qu'elle gâche la joie que j'avais. Pourquoi, c'est la première fois que je ressens cette tristesse et cette haine contre elle ? Elle n'a jamais fait ça auparavant, alors pourquoi ?

Parce qu'il n'y avait tout simplement pas de joie dans ma vie avant.

J'ai qu'une envie, pleurer. Pourquoi ? Je ne sais pas.

Elle ignore simplement mon avis. Enfin, elle ne me le permet juste pas.

Je comprends qu'elle ne m'a jamais laissé simplement un peu de liberté. Moi qui me pensais si indépendante, si libre, par rapport aux autres familles. Et bien non.

Elle contrôle tout.

Et comme la bonne fille que je suis. Je l'écouterais toujours. Je serais polie et ne dirais simplement rien. Parce que je suis comme ça. Parce que j'ai été éduquée comme ça. Parce qu'ELLE m'a éduqué comme ça.

Et tout ça, ça se passe simplement dans ma tête. Jamais au grand jamais je ne m'avouerais qu'elle à eut tord sur sa méthode d'éducation. Je sais au plus profond de moi que même si ma pensée change. Je serais la même auprès d'elle.

Parce que je l'ai toujours été.

Et que c'est normal.

Mais comme je me le répète. Peu importe ce que je pense. Rien ne dépassera jamais la barrière de ma pensée.

Parce que je suis doué pour ça.

Et j'appliquerais encore l'ultime conseil de ma mère.

" Cache toujours tes sentiments par un grand sourire, parce que ça te sauvera de chaque situation. "

Et bien, je sourirais. Pour me sauver de cette situation. Enfin plutôt d'elle. Ma mère.

C'est parce que je m'en rends compte maintenant.

Elle contrôle ma vie depuis de début.

Parce que c'est ma mère.

Mais pour le moment, je resterais la petite fille innocente que je suis.

Et peut être qu'un jour, l'inconscience prendra le dessus.

Je regarde par la fenêtre la maison de mes voisins.

Peut-être que Hyun Hae avait raison.

Peut-être que ces 7 hommes, m'aiderons à être moi-même.

Peut-être que j'arriverais à me sortir de cette emprise qu'est ma mère et son éducation.

Il y a encore trop d'innocence dans mon esprit. Je le sais.

J'efface toutes mes pensées et respire.

Je vais faire comme-ci je n'avais pas ouvert les yeux. Parce que je n'en suis tout simplement pas capable.

Ou simplement parce que je n'en ai pas encore la force.

Pas encore.

Le week-end passe et ma mère quitte enfin ma maison.

Je ne sais pas si je dois me laisser tomber contre la porte et pleurer ou simplement continuer ma vie comme si de rien n'était.

Mon cœur opte pour le premier choix, mais mon corps en fait autrement.

Je soupire et regarde l'heure sur mon portable.

18 h 30.

Je remarque aussi une petite notification en haut.

Je n'avais pas remarqué que Hyun Hae avait essayé de me contacter.

Je vois aussi qu'elle m'a laissé un message.

" Comment ça s'est passé avec ta mère. Elle avait l'air assez énervée. Courage ma belle !"

Je lui réponds aussitôt.

" Ça s'est bien passé. "

C'est franchement tout ce que je peux répondre. Je ne suis pas du genre à vouloir me plaindre.

" Ça a l'air ! Vraiment. (C'est bien sûr ironique.) Je te connais depuis le temps. Alors tu me raconteras tout le week-end pro. Et ce n'est pas une question."

Je souris à son message. Ça me fait plaisir qu'elle le remarque.

Mais je ne l'embêterais pas avec mes problèmes de famille le week-end prochain.

Attendez comment ça le week-end prochain ?

" Le week-end pro ?"

" Hé bah oui ! Il y a le camping qu'a organiser V ! Tu es invitée en plus. Il n'a pas dû avoir eu le temps de te parler. Je l'ai croisé hier en sortant ! Tu as intérêt à venir ma belle."

Un camping ? Avec tout le monde ?

L'idée me tente bien. Mais ça ne plairait pas à ma mère.

Je réfléchis.

Et puis pourquoi se priver ?! C'est le week-end. Ça me changera les idées.

Décidée. Je confirme à mon amie que je serais présente.

Parce que j'ai vraiment envie d'y aller.

Vraiment.