Chapitre 9
Les pas, les paroles, les bruits de sacs, de cadis, les marmonnements, l'odeur des gens mêlée à celle des produits, les supermarchés étaient des lieux au sein desquels peu de personnes aimaient se rendre. Au milieu de tout ce tohu-bohu se tenait une personne qui éprouvait une profonde aversion pour ce genre de lieu. Les regards étaient tournés vers lui. Peut-être était-ce le fait qu'il portait des lunettes de soleil dans un lieu sans soleil ? Ou bien sa beauté qui faisait rougir certaines personnes aux regards intéressés ?
Malgré son air décontracté, son regard caché derrière les verres sombres de ses lunettes manifestait un agacement général. Cette mauvaise émotion laissa place à un apaisement lorsqu'il sentit la présence d'Utahime à ses côtés. Celle-ci tenait un sac de course plutôt plein contrairement au sac plastique de Satoru qui ne contenait que des sucreries et des jelly drinks.
— C'est quand même dingue que tu n'ailles jamais faire les courses.
— Je préfère me faire livrer.
— Mais tu ne peux pas choisir les produits toi-même dans ces cas-là.
— Il y a une différence ?
La jeune femme ferma les yeux, décidant de ne pas se fatiguer à essayer de lui expliquer. Il était clair que ce genre de lieu n'étaient pas familier au Gojo, raison de plus pour ne pas éterniser leur excursion ici. Et il faut dire qu'elle non plus n'appréciait guère ce genre d'endroits. Après tout, qui aimait faire les courses ?
L'attente pour les caisses fut le pire. Il faut dire que Satoru possède en général une patience avoisinant celle d'un enfant hyperactif. À travers ses lunettes, son regard était vissé sur la petite mamie qui ralentissait toute la file en cherchant de quoi payer.
Son attention se détourna de la source de son agacement lorsqu'il sentit un contact contre sa main. C'était le dos de celle d'Utahime. Détournant sa vue de l'ancêtre, il porta son attention sur la brune. Celle-ci attendait patiemment, changeant de position les hanses du sac qu'elle tenait.
Ne se rendant compte que seulement maintenant qu'il la laissait porter docilement le plus gros depuis tout à l'heure, Satoru se pencha pour saisir son sac.
— Merci, lui adressa-t-elle d'une voix fatiguée.
Interloqué par le timbre de sa voix, l'exorciste la détailla du regard. Comme toujours, elle affichait une expression sérieuse, droite et calme. Mais le Gojo remarqua son teint pâle et la courbure du haut de son dos qui démontraient une peine à conserver bonne figure. Libérant une de ses mains en mettant le sac en plastique dans le plus gros sac, il enroula son bras autour de la brune pour qu'elle puisse s'appuyer un peu sur lui.
— Tu te sens mal ?
— C'est... c'est rien, je vais tenir. Ça m'est déjà arrivé quelques fois... avec les périodes...
— Je comprends rien, s'indigna-t-il.
La frustration que nourrissait Satoru du fait de son impuissance face à la situation n'aidait en aucun cas Utahime. Devoir lui fournir des explications claires et prononcer des phrases compréhensibles alors que son esprit luttait contre un malaise vagal n'était clairement pas une tâche aisée. Sa respiration se fit plus compliquée lorsque les vagues de chaleur commencèrent à s'emparer de son corps. Un étau se resserra autour de sa poitrine et une intense nausée se mit à l'envahir. Baissant la tête, la jeune femme tentait de fixer le pantalon de Satoru, unique chose de couleur sombre au milieu de ce magasin qui lui semblait de plus en plus blanc et éblouissant.
Elle ne s'était pas rendue compte que celui qui l'accompagnait avait constaté que quelque chose n'allait vraiment pas. Au beau milieu du brouillard dans lequel elle se trouvait retentit un :
— Eh l'ancêtre, dépêche ! Elle se sent mal, sa santé vaut bien plus que des bons de réductions, des autocollants cadeau, la monnaie pile poil et je ne sais quelle autre préoccupations de gens jamais pressés !
Silence dans le magasin. Scandalisés par aussi peu de respect, les clients fixaient l'exorciste avec des yeux de merlan fris. Utahime tentait de se faire toute petite face au retour aux sources de Satoru Gojo qui se trouvait à agir comme l'adolescent irrespectueux qu'il était. Mais intérieurement, elle ressentit une grande satisfaction en voyant la grand-mère s'éloigner malgré le regard noir qu'elle leur jeta.
Totalement interdite, la caissière se dépêcha de passer les articles, battant sûrement son record de vitesse depuis qu'elle avait été engagée. Son regard se posait parfois d'un air inquiet sur le visage pale d'Utahime. Après tout, ce malotru avait tout de même dit qu'elle allait mal, cela rendait la caissière soucieuse de son état de santé. Satoru se hâta de payer avant de quitter les lieux.
Après quelques pas dehors, la brune orienta sa direction vers un banc. D'une allure lourde, elle se laissa presque tomber sur celui-ci.
— Mets-moi les jambes en l'air, parvint-elle à dire.
— Dis-donc Utahime-
— Pas dans ce sens-là, soupira-t-elle.
Un léger sourire sur le visage, Satoru posa le sac de course et s'exécuta. Maintenant ses jambes, il l'observait avec un air mêlé de curiosité et d'inquiétude. Il ne comprenait aucunement ce qu'elle était en train de vivre. Elle semblait se battre contre un mal invisible qui affaiblissait tous ses sens. Ne sachant pas quoi faire d'autre, il massa ses chevilles avec ses pouces. Au bout d'un moment, la brune sembla reprendre ses esprits.
— C'est bon, ça va mieux, merci.
— Qu'est-ce que tu as eu ?
— Un simple malaise vagal.
— Simple ?
— Oui, chez certaines femmes c'est plutôt fréquent. C'est comme ça. Alors enceinte...
— Le corps des femmes doit rendre vraiment faible.
Relevant son visage vers elle vers elle, il croisa ses prunelles brunes qui le fusillèrent du regard, malgré la présence de ses lunettes de soleil.
— Le corps des femmes supporte mieux la douleur en général, affirma-t-elle.
— J'ai jamais mal moi, c'est rare qu'un adversaire parvienne à me toucher, et j'ai le sort d'inversion pour les soucis de santé.
Utahime plissa les yeux d'agacement avant de lâcher un "tsk !" agacé et regarder ailleurs d'un air dédaigneux. Satoru haussa les épaules, pensant que son agacement relevait du second degrés.
— On rentre ? Un bon repas te fera du bien.
— Tu cuisines ?
— Oui, je veux pas que tu fasses un malaise vaginal sur les plaques de cuisson.
— VA-GAL ! Le corrigea-t-elle d'un air gêné et agacé.
— Ha oui d'accord (il porta sa main à son menton d'un air pensif), ces mots se ressemblent vachement quand même.
* * *
— Voilà ! Le repas est prêt ! S'exclama Gojo tout enjoué.
Alors que la brune commençait à se lever du canapé, l'exorciste s'empressa de poser ses deux mains sur son épaule pour lui signifier de rester assise. Il apporta deux bols de nouilles qui, bien que cuisinés de façon assez rudimentaires, n'en semblaient pas moins appétissants. Sentant le poids du cuisinier qui venait de s'asseoir sur le canapé, la jeune femme prit ses baguettes en main :
— Bon appét...it..
Au beau milieu de ses paroles, l'homme s'était levé d'un coup, prononçant un "oh" comme épris d'une soudaine révélation. D'un mouvement énergique, il se leva, faisant presque rebondir le canapé et quitta la pièce. Au bout de quelques secondes, Satoru revint avec un plaid bleu vert. Il le déplia et le posa sur les jambes d'Utahime avant de s'asseoir de nouveau sur le canapé sans grande douceur.
— Bon appétit ! s'exclama-t-il.
Appuyant sur la télécommande, puis saisissant ses baguettes, il posa un instant ses yeux bleus sur la vaisselle qu'il avait laissé derrière lui. Cuisiner n'était pas un soucis, mais ranger tout de suite après n'était pas dans ses cordes. La brune avait remarqué cette attitude désordonnée, que son appartement pouvait refléter par endroits, mais la seule chose qu'elle prononça fut :
— Merci.
* * *
— Waah, je me suis rempli la pense. Ce steak était un vrai délice ! S'exclama Yuji.
— Et la sauce n'en parlons pas ! C'est vraiment dommage que tu n'aie pas pris ce plat Megumi, dit Nobara.
— Mon plat me convenait, répondit calmement le jeune Fushiguro.
— Un dessert ? Proposa le châtain.
— Des mochis des mochis des mochis ! répéta Nobara à plusieurs reprises.
— Je trouve un itinéraire, répondit Megumi en posant son regard sur son portable.
Yuji s'arrêta un instant avant de s'étirer et placer ses mains derrière sa tête d'un air pensif.
— M'sieur Gojo, il est en train de manger avec sa copine vous pensez ?
— On ne sait même pas si c'est sa copi-
— Vous croyez qu'il sait cuisiner ? Ou c'est le genre à la laisser faire la popote ? Ouah ce serait craignos ! S'exclama Nobara.
Megumi soupira et rangea son téléphone, ayant retenu la direction vers le magasin de mochis. Levant un instant son regard vers le ciel, il sembla perdu dans ses pensées. Satoru Gojo ? Une petite amie ? Il ne parvenait pas à voir ces deux termes autrement qu'une oxymores.
* * *
— La.. quantité de dessert est largement supérieure à celle du plat...
Utahime soupira en disant cela, consternée face au goût prononcé du Gojo pour le sucre. Mais un petit sourire éclaira son visage lorsqu'elle constata que la plupart des desserts arboraient des fraises ou leur goût. La jeune femme tendit calmement la main vers une tartelette aux fraises.
Elle en croqua un morceau et en ressentit une certaine satisfaction. Puis, un frisson agréable parcourut son dos. La main de Satoru venait de passer dessus avant de se loger contre sa taille. D'un air souriant et habituel, il annonça naturellement :
— C'est parce que le dessert est la meilleure partie.
Sans aucun doute, Utahime comprit le sous-entendu caché sous les airs innocents qu'il s'amusait à arborer. La jeune femme se sentit faillir lorsque l'exorciste lui fit un regard en coin au sein duquel luisait tout sauf de l'innocence. Elle détourna les yeux un instant dans la pièce, semblant lutter vainement contre la force interne qui l'aimantait à lui. Déposant le reste de sa tartelette sur la table, elle passa sa main devant les autres desserts avant de la poser sur la cuisse de Satoru.
— Heureusement, c'est une partie que j'apprécie.
La brune éprouva un sentiment de satisfaction en sentant le fébrile frisson qui contracta la cuisse du jeune homme lorsque sa main remonta jusqu'à la base. Prenant appui sur l'autre bras, Utahime remonta jusqu'à son cou qu'elle vint embrasser. Une longue expiration parvint à l'ouïe ravie de la jeune femme.
Empoignant sa chair de sa main, Satoru changea le rythme et la mit à califourchon sur lui. La brune se trouva un instant démunie face à cette puissance face à laquelle elle ne pouvait rien. C'est alors qu'au beau milieu de l'excitation du moment, elle se trouva éprise d'une légère crainte. Elle venait de prendre conscience qu'il avait la puissance de la briser par la seule force de ses mains, qu'il avait la capacité de lui ôter la vie à tout instant. Ce moment passait avec lui ne relevait que de la confiance qu'elle lui accordait. La confiance. Si la Utahime du lycée avait su un jour qu'elle accorderait quelconque type de confiance à Satoru Gojo, elle s'en serait arraché les couettes.
Son anxiété s'estompa lorsque c'est avec délicatesse que les doigts du rang S passèrent dans ses cheveux, cherchant à réduire la distance qui séparait leurs visages. Le brun des prunelles inquiètes d'Utahime croisa le bleu d'un regard des plus sincères. Cette force qui avait la capacité de lui ôter la vie, c'est avec elle qu'il comptait les protéger.
— Un soucis ?
La jeune femme quitta les pensées dans lesquelles elle venait de se perdre, rapportant son attention sur Satoru. Croisant son regard, son coeur se mit à battre la chamade, découvrant la lueur dans ses yeux. Quelle était cette expression qui, sans explication provoquait en elle tant de choses ? Était-ce de l'envie, la joie, de l'impatience, de la crainte, de la tendresse ?
(Bonsoir, c'est érotique jusqu'à la fin, âmes pures fuyez)
Utahime répondit à sa question par un hochement de tête négatif. Le jeune homme rompit la distance qui les séparait en l'embrassant. Alors que la pression du baiser s'amenuisait, la brune ressentit l'envie de ne pas le laisser s'éloigner. Enroulant ses bras autour de son cou, elle prit le dessus en continuant ce contact langoureux avant de finir par le rompre. Éloignant un peu son visage, elle contempla un instant le visage de son compagnon.
Une nouvelle fois, il se trouva pris au dépourvu par l'esprit d'initiative qui animait la jeune femme depuis que leur relation s'était approfondie. La bouche entrouverte, reprenant son souffle, le bleu perçant de son regard tentait de conserver un air d'assurance. Mais le rouge qui colorait ses joues et ses sourcils froncés le trahirent.
L'air calme et sérieuse, Utahime continuait de le regarder, semblant presque se délecter du fait de voir l'exorciste le plus puissant réagir ainsi à cause d'elle. Sentant ses bras musclés l'encercler, la brune comprit que ce fut la fin de cette contemplation. Satoru la ramena contre lui, plaquant ses lèvres contre son cou, rendant la respiration de la jeune femme plus intense. Ses mains passèrent le long de son dos et rejoignirent sa nuque. Saisissant le tissu de son kimono, il tira doucement des deux côtés pour libérer ses épaules.
Tout comme le haut du vêtement, la langue de l'exorciste glissa lentement contre sa peau. Utahime désormais dénudée jusqu'à la taille, Satoru la releva pour se trouver à la hauteur de son coeur. Le visage couvert de ses deux chaleureuses douceurs en croissance depuis ces derniers jours, il en accueilli une dans sa bouche. Maintenant fermement le dossier du canapé avec ses mains, la jeune femme tenta de contenir ses sons. Une petite pression au milieu de ce jeu de langue. C'est avec satisfaction que le Gojo entendit un gémissement franchir la barrière des lèvres de sa compagne, mais avec grand déplaisir qu'il entendit son portable sonner au beau milieu.
* * *
Bonsoir tout le monde ! Je m'excuse profondément pour le big big retard alors que j'étais grave chaud de reprendre l'écriture de cette fanfic en plus mdrr. Les vacances ont eu leurs aléas et j'ai dû prendre un petit temps d'adaptation pour ma rentrée en L3.
En plus c'est pas avec le moment le plus fascinant de l'histoire que je repop vers vous comme une fleur mdrrr. Ne vous en faites pas, j'ai plein plein d'idées pour la suite, et c'est à peu près structuré dans ma tête. En bref, je suis inspirée, donc maintenant que je me fais au rythme de la L3, je vais pouvoir, je l'espère, être plus régulière.
D'ailleurs je risque souvent de poster le soir, car c'est en général là que je peux me poser (certains jours je finis à 20h snif)
J'espère que le chapitre vous a quand même plus même s'il ne s'y passe pas grand chose. Ça va commencer à bouger dès le prochain.
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