— Yo Masamichi-
— Tu t'es enfin décidé à décrocher Satoru ? Tu sais combien de fois j'ai appelé ? Gronda la voix de Yaga à travers le téléphone.
— J'étais occupé.
— Occupé à ne pas faire cours à tes élèves ?"
Satoru ne répondit que par un silence, prouvant son absence d'explications raisonnables sur le sujet.
— Viens dans mon bureau.
— Quelle heure ?
— Maintenant.
Un léger soupir d'agacement franchit la bouche de l'exorciste. Intentionnellement, il ne raccrocha qu'après avoir manifesté ce sentiment. Plaçant le téléphone sur la table, il tendit le bras pour ramasser son pantalon.
— Eh bah, Masamichi est sacrément remonté.
— Je t'avais dit de décrocher, le réprimanda Utahime.
— C'est pas grave, ça ne change pas de d'habitude, dit-il en haussant les épaules.
Après avoir remis son pantalon, il contourna le canapé en quête de son haut. Farfouillant au milieu du kimono qui jonchait le sol, il finit par le trouver.
— Pourquoi t'a-t-il appelé ? Lui demanda la professeure de Kyoto.
— Il veut que je le rejoigne tout de suite dans son bureau.
— Dépêche-toi alors.
— Mh, c'est pas mon truc la ponctualité, souffla-t-il tout en se rhabillant.
Dirigeant son visage en direction de la brune, ses yeux bleus désinvoltes croisèrent son regard fixe, lourd de reproches. Après un bref affrontement visuel, il finit par tapoter sa frotter le haut de la tête. Ils avaient beau entretenir cette relation, cela ne changeait en rien la rigueur de la professeure de Kyoto.
— Il faut bien que j'y aille à un moment ou un autre de toute façon.
L'expression sur le visage d'Utahime s'apaisa à l'entente de ces paroles. Elle était pleinement consciente de l'attitude peu sérieuse de Satoru, qui, aussi longtemps qu'elle s'en souvienne, constituait sa principale source de stress.
Son attitude l'irritait d'autant plus que, bien qu'elle ait pu avoir du mal à se l'avouer, sa présence dans les réunions est très importante, il est même vital pour le monde des exorcistes.
Après tout, à quoi bon faire des réunions sans que l'exorciste le plus puissant ne soit pas au courant ?
— Tu restes ce soir ?
— Je vais voir, répondit-elle d'un air évasif. Je ne peux pas laisser mes obligations de côté bien longtemps.
Privé de réponse claire, le jeune homme souffla légèrement du nez avant de chasser sa frustration. Elle avait raison, mais dans un élan d'immaturité, il ne pouvait réprimer un agacement. Enfilant sa veste, il ouvrit la porte.
— À ce soir ou plus tard alors. Si tu pars, met les clés dans la boîte aux lettres.
Ne sachant quoi répondre, Utahime lui adressa simplement un calme sourire. Dorénavant seule dans l'appartement, elle prit le temps de remettre son kimono sur sa peau qui avait commencé à refroidir entre temps.
Plaçant une main sur son ventre, elle massa celui-ci pour apaiser une douleur qui lui revenait de temps en temps depuis quelques temps. Peut-être était-ce un symptôme de la grossesse ou une mauvaise digestion ? Après tout, un sacré changement s'opère là-dedans.
Se redressant sans pouvoir pour autant se tenir droite, la jeune femme projeta de s'allonger un peu dans le lit. Son regard se posa cependant sur la vaisselle qui avait été laissée là. Satoru n'était pas une fée du logis. Rentrer sans avoir à faire cette corvée lui permettrait de se reposer si elle était absente ou de bien profiter si elle était présente ?
Ce fut la pensée d'Utahime et également ce qui la poussa en partie à consacrer un peu de temps à cela. L'autre partie est qu'elle ne pouvait se reposer entièrement en étant consciente du capharnaüm présent dans cette cuisine.
— Ça ne prendra que quelques minutes, marmonna-t-elle.
* * *
— La nuit commence à tomber, on devrait rentrer, fit remarquer Nobara.
— Oh non, vous voulez pas aller voir "The Human Earthworm : les origines" avec moi ? s'enquit Yuji.
— J'veux pas l'voir ton film tout pourri, grommela la jeune fille.
— Mais c'est moi qui porte tes sacs, et il y aura du popcorn, tenta de la convaincre le jeune maudit.
Nobara l'observa un instant, l'air bougon, tout en plissant les yeux. Elle souffla bruyamment du nez, marquant son agacement, faisant la moue avec sa bouche.
— Bon d'accord, allons-y, peut-être qu'on trouvera un film encore mieux entre temps.
— Tu rêves ! Megumi, tu viens avec nous ? Demanda Yuji.
Levant la tête de son portable, Megumi commença déjà sa marche dans le sens inverse de leur chemin, agitant sa main en guise de salut. "Mon esprit n'est pas aussi facilement convaincu", pensa-t-il.
— Non merci, on se retrouve plus tard.
— Pourquoi ? Demanda innocemment le jeune brun.
— J'ai une affaire à aller chercher, leur expliqua-t-il.
— Chez ta petite amie ? Roucoula Nobara.
Soupirant d'exaspération, le Fushiguro la fusilla du regard. Le voilà obligé de leur donner des explications auquel cas elle serait capable de répandre n'importe quelle rumeur. Mais qu'en avait-il a faire ?
— J'ai oublié un pull à l'infirmerie. Monsieur Gojo l'a pris, je dois aller le chercher.
— Pourquoi il l'a pas simplement laissé là-bas ? Demanda la châtaine.
"Parce que c'est un crétin", pensa Megumi. Agitant sa main une bonne fois pour toute, il mit ses mains dans ses poches et se sépara de ses camarades, bien heureux de ne pas subir la place de spectateur d'un film avec un ver de terre humain comme protagoniste.
Arrivant devant le logement de son professeur, le noiraud ralentit silencieusement le pas. Le logement serait-il vide ? Ou bien y aurait-il Monsieur Gojo ? Ou cette femme qu'il avait entendu en fond au téléphone ? Avait-il vraiment une petite amie ?
N'importe qui aurait ressenti le besoin d'assouvir une telle curiosité. Ce n'était pas le cas du jeune homme nonchalant qu'était Megumi. S'il pouvait demeurer dans l'ignorance de quelconque aspect de la vie de son professeur, il le ferait.
Mais il n'avait pas le choix. C'était en restant planté devant la porte qu'il risquait d'en connaître plus sur sa vie. Il sonna. Aucune réponse. Il attendit par politesse. Après une hésitation, il sonna de nouveau. Aucune réponse.
— Il ne doit pas être là.
Par une tentative sans espoir de succès, il entreprit d'ouvrir la porte. Celle-ci était déverrouillée. Voyant la porte s'avancer dans la demeure, Megumi fronça les sourcils. Satoru pouvait avoir l'air tête en l'air, mais sortir en laissant la porte ouverte comme ça ne semblait pas lui ressembler. Ne cherchant pas plus et saisissant cette opportunité de récupérer son pull sans avoir à le croiser, le jeune noiraud entra dans l'habitation.
Tout de suite, le son du robinet allumé l'interpela. S'avançant en direction de la cuisine, le jeune homme sursauta en découvrant une silhouette gisant sur le sol, recroquevillée sur elle-même, dos à lui. Observant autour de lui un instant, il finit par s'avancer vers la personne.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
Passant une main au niveau de son cou pour saisir son pouls, il passa son bras derrière ses épaules pour lui permettre de s'appuyer. La personne était vivante, son cou transpirant, son pouls rapide, son corps tremblant. Parvenant à voir son visage, Megumi reconnut la cicatrice si caractéristique de la professeure de Kyoto.
— Madame Iori ? Qu'est-ce qu'il y a ?
"Et que faites-vous là" pensa-t-il en même temps. Semblant criblée de douleur, Utahime ne parvint qu'à lui signifier qu'elle n'allait pas bien du tout avant de vomir. Ne cherchant pas plus longtemps, le noiraud appela les urgences.
* * *
Les murs blancs de l'hôpital contrastaient avec les cheveux de suie du jeune homme. Assis dans une salle d'attente, il attendait, déboussolé. Résultat des courses, il n'avait même pas pu récupérer son pull. Soupirant mentalement, Megumi se dit qu'il avait le chic pour s'attirer des complications à des tâches pourtant simples.
Récupérer une relique ? Il a fallut qu'un élève la mange et devienne l'hôte du roi des fléaux. S'occuper d'une mission de leur rang ? Il a fallut que ce soit un fléau porte-doigt et que Sukuna possède Yuji. Récupérer son pull ? Il a fallut qu'il découvre la situation la plus irréaliste possible : Utahime, chez Gojo Satoru, pliée en quatre de douleur. Que faisait-elle chez lui ? Qu'avait-elle ? Pourquoi il restait là à l'attendre ?
C'est alors que lui vint une prise de conscience qu'il n'avait pas eu la présence d'esprit à avoir jusqu'ici : il fallait prévenir Satoru. Après tout, c'est chez lui qu'elle était. S'il revient et qu'il découvre qu'elle n'est plus là. Et ils sont collègues après tout, bien que ce ne soit un secret pour personne que la jeune femme le déteste.
Pianotant sur son portable d'un mouvement las et fatigué, Megumi envoya un message au Gojo. 『 Je suis avec Utahime à l'hôpital de XX"』. Il n'était clairement pas souhaité de se faire annoncer de telles nouvelles par le jeune Fushiguro. Aucun détails du contexte, simplement un fait et débrouillez-vous pour en savoir plus de vous-même.
La porte s'ouvrit créant un rayon lumineux dans le couloir déjà débordant d'une assommante lueur blanche. Le noiraud rangea son portable et s'orienta en direction du professionnel qui venait s'adresser à lui.
— Vous êtes le... ah non.
Megumi leva un sourcil interrogateur avant de simplement répondre.
— Considérez-moi comme le...fils.. ? de son ami, il arrive bientôt normalement, je l'ai prévenu.
— Ah d'accord, j'attendrai son arrivée pour les détails, en tout cas, dans la globalité, son état est stabilisé et le bébé va bien.
Le silence. C'est tout ce que put rendre Megumi. Le médecin le salua avant de repartir dans la salle, laissant l'adolescent seul avec cette information. Le bébé ? Il ne voulait même pas y penser. Son cerveau effectuait vite les raccourcis qui expliquaient toutes les réponses à ses questions, mais il ne souhaitant même pas le savoir.
Ce bébé, ça devait être celui de Satoru. Mais comment ? Il était persuadé qu'Utahime le détestait, tous les élèves jasaient là-dessus, c'était presque une attraction, une source récurrente de blagues.
Au fond, il aurait dû s'y attendre. L'exorciste le plus puissant ne pouvait pas vivre sans laisser une lignée derrière lui. Mais tous ces jeunes talentueux qu'ils formaient, Megumi pensait que c'était suffisant comme lignée. Peut-être cet enfant n'était-il pas prévu ?
Pour une fois, le jeune homme ressentit le besoin d'en discuter avec quelqu'un, c'était trop. Mais jamais il ne le pourrait. Sans même qu'aucun des deux futurs parents ne lui ait dit, l'intelligence du noiraud comprit très vite l'enjeu. Les trois grands clans étaient en conflits permanents pour une quête de pouvoir.
Le clan Gojo n'inquiétait plus tant que ça dans le sens où son règne n'aurait duré que le temps de vie de Satoru Gojo. Mais les Zenin, poussé à la deuxième place par le clan Gojo, verraient-ils une menace en une descendance de l'exorciste le plus puissant ? L'enfant n'aurait pas le sixième oeil, mais il reste la possibilité de l'infini, d'une grande réserve d'énergie occulte, et même tout simplement de la réputation de son prédécesseur.
Soupirant, le jeune Fushiguro eut honte du clan dont il faisait partie. Ces quêtes de pouvoir, d'influence, c'était n'importe quoi. Que ce soit chez les non-exorcistes ou les exorcistes, c'était la même chose. Peu importe la présence d'énergie occulte, un humain reste un humain et peut être mauvais peu importe son camp.
Se levant, il se dirigea silencieusement vers la salle. Observant par une striure entre les petites rideaux et la fenêtre, il observa Utahime. Pendant un instant, il pensa à sa soeur. La professeure de Kyoto lui semblait droite et méritante, et la voilà avec un tel fardeau dans le ventre. Ce sentiment d'injustice qui habitait son esprit et avait grandi depuis la malédiction de sa soeur se retrouvait épris d'une piqure de rappel. Ce n'était la faute d'aucun des concernés. Simplement du reste. Peut-être que les clans n'en auront rien à faire, mais peut-être que ce sera l'inverse.
L'un de ses yeux bleu vert croisa le regard épuisé de la brune. Écarquillant un instant les yeux avec la force qu'il lui restait, elle finit par soupirer et adoucir son visage. À travers les rideaux, elle avait reconnu la tignasse du jeune protégé de Satoru. Elle cru voir son regard à travers un coin de la vitre. La jeune femme n'avait plus la force d'y penser. Elle ferma simplement les yeux en quête de repos.
Megumi repartit s'asseoir à sa place et souffla. Si seulement il avait récupéré son pull un autre jour... Non, Utahime aurait peut être eu plus de complications si son arrivée au urgences avait été plus tardive. Décidément, il avait vraiment le chic pour s'attirer des complications à des tâches simples.
Mais quelque chose vint apaiser son esprit. Peu importe l'attitude désinvolte de son professeur, celui-ci avait pleinement conscience des contextes politiques et relationnels du monde de l'exorcisme. C'était son combat depuis un moment déjà. Il ne serait pas étonné que cet énergumène aux airs extravagants n'ai déjà commencé à réfléchir à la question.
— Mais j'aurais tant aimé rester dans l'ignorance et simplement récupérer mon pull...
* * * * *
Désolée pour cette pause obligée à cause des examens. Me voilà de retour avec ce petit chapitre.
J'espère que l'histoire vous plaît toujours, je n'ai pas de date régulière pour les chapitres, la fréquence sera d'une fois toutes les semaines ou toutes les deux semaines
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