11 - Lui et mes doutes
« De quelque matière que soient faites nos âmes, la sienne et la mienne sont pareilles »
~
2 ans et demi plus tôt ~
Ochako buvait distraitement son café au lait, installée dans sa chambre d'internat, devant ses leçons d'histoire des héros. Ses yeux parcouraient ses notes, mais son esprit voltigeait avec vigueur dans une toute autre place.
Sa poitrine était serrée, ses mains tremblaient à cause de la nervosité qui les traversait. Ses lèvres, elles, se retrouvaient presque en sang à force d'arracher la peau qui les couvrait. Une culpabilité démesurée parcourait l'envergure de son corps.
L'adolescente tenta de chasser ces pensées nocives. Ces idées que Dabi lui avait énoncé, et que sa conscience jugeait de moins en moins mauvaises. Elle secoua vivement la tête.
De moins en moins mauvaises. De moins en moins folles.
N'importe quoi..
Depuis quand ces termes la secouaient-ils de cette manière ? L'apprentie héroïne n'avait pas souvenir de s'être tant travaillée mentalement au début de cette semaine année scolaire. Certes, cette entrevue lui avait offert des appréhensions pour son parcours, mais la jeune fille s'était retrouvée face à une école et des valeurs dont elle pouvait être fière de faire partie.
L'innocence aurait été plus simple. L'ignorance aurait été bien plus facile. Mais désormais, il lui apparaissait bien impossible de fermer les yeux devant ces questionnements. Ces derniers lui assénaient la tête avec trop de virulence pour cela.
Cette rencontre avait tout démarré. Elle le savait. Cette entrevue avec le fantôme de son enfance n'avait pas été si anodine. Dabi avait remué des choses en elle qu'elle ne soupçonnait pas auparavant.
Au début, ce n'était qu'occasionnellement. Ces réflexions ne se présentaient à elle que peu régulièrement, sans particulièrement l'amener sur des chemins de pensées négatifs. Désormais, ces mots révélaient la blessure qu'avait provoqué leur impact.
Des mots remplis de rancune et d'amertume.
La petite brune ne devait surtout pas leur accorder trop d'importance. Cela lui était même interdit, en tant que future héroïne, et ainsi contraire à ce que prônait le cheminement moral du garçon.
Et cela s'était confirmé lorsqu'elle avait découvert son identité. Celle qui reliait l'auteur de ses troubles à un groupe meurtrier qui régissait depuis peu en ville.
Pourquoi?
Ochako affala ses feuilles de cours brusquement sur son lit. Ses dents grincèrent.
Il existait une morale. L'adolescente croyait dur comme fer en celle-ci. Il s'agissait d'une valeur que chaque héros de devait d'appliquer et d'atteindre. Elle était persuadée de cela. Il était impossible que le monde soit profondément mauvais, comme semblait le penser son interlocuteur d'antan.
Elle n'était pas de ceux qui blâmaient la société et ses mœurs, ses habitudes et ses lois, ainsi que sa justice. Si la justice n'était pas fondamentalement bonne, qui le serait ?
L'établissement Yuei prêchait la bonne attitude. Le respect envers les autres. L'aide pour autrui. L'empathie. La fierté. Le courage. La force de dépasser ses peurs.
Ces valeurs étaient pleines d'espoir, et la jeune lycéenne aimait se plonger dans la certitude qu'il s'agissait de la meilleure route à emprunter. Quitte à faire l'aveugle face aux interrogations qu'on lui soumettait.
Elle avait foi, et cela même après la mort de sa petite cousine, Kagura. Une petite fille toute timide, qui osait à peine regarder quelqu'un dans les yeux, et qui pourtant s'illuminait quand Ochako était à ses côtés. Cette même petite fille de primaire qui n'avait pas pu être sauvée à cause de la loi.
Cette petite fille était morte.
Une flamme s'était embrasée, lors de l'annonce de cet événement tragique. La brunette n'en connaissait pas la source. Elle le sentait simplement brûler en elle. Et les paroles du membre de la ligue des vilains avaient résonné de plus belle à son esprit.
La jeune fille devait continuer à offrir son corps et âme pour le bien de vies à secourir. Sauver les autres d'une mort certaine. Rien ne pouvait être plus noble.
Mais pour qui est-ce que je fais ça?
Était-ce vraiment égoïste et pervers de sauver les autres, d'en être récompensé?
Est-ce que je ne fais ça que pour moi-même?
C'était régulièrement le genre de questions qui lui fusillaient le crâne à tout bout de champ, ces derniers temps. Et pourtant, l'apprenti héroïne tentait de se convaincre qu'elles n'avaient pas lieu d'être. Que ces interrogations n'étaient qu'à but manipulateur.
Il n'était pas improbable que le but premier de Dabi ait été celui-ci depuis le départ. Après tout, le jeune homme se trouvait irrémédiablement du côté adverse, contraire à elle. Contre elle. Chez ces criminels qui ravageaient le pays, la Ligue.
Dabi.
Ochako lui vouait une rancoeur inimaginable, depuis quelques temps. Pourquoi avait-il fallu qu'elle croise un jour sa route ? Pourquoi avait-il immiscé ces doutes immoraux au plus profond de son crâne, sans aucune peine pour ce qu'elle allait devenir ensuite ?
Au fond, l'adolescente savait qu'il n'était pas coupable de tout cela. Il n'avait fait que lui exposer son avis, sans la forcer à le croire, et ses croyances avaient été ébranlée par la faiblesse de ses espérances. Désormais, la jeune fille ne pouvait plus voir les actes autour d'elle comme des échos de ses paroles. Les vertus qu'elle considérait comme telles autrefois se perdaient dans l'intérêt, comme les fleuves dans la mer.
La lycéenne replia ses genoux près de son corps, saisie d'un sentiment qui tourmentait son cœur tout autant que son esprit.
Elle entoura ses bras autour de ses jambes, et adossa sa tête contre ses cuisses. L'impression de pouvoir faillir à tout moment lui transperçait l'intégralité de ses membres.
Je suis tellement bête.
Le camp d'été.
Ce séjour écourté qui avait pour but initial de renforcer les alters des classes de Seconde de la filière héroïque, attaqué par la Ligue des vilains, et qui avait provoqué l'enlèvement de Katsuki Bakugou. Ce camp d'été où elle l'avait revu, pour la première fois depuis cette rencontre avant la rentrée des classes.
Ochako était parcourue de honte en se remémorant ce moment débordant de désastre. Elle se souvenait des événements avec une précision troublante.
L'épisode de la forêt était gravée en tous comme une épreuve épouvantable. L'attaque soudaine des vilains, ses camarades blessés, certains gravement, son combat contre cette folle assoiffée de sang. Et surtout, la terreur infinie qui avait prit possession d'elle lorsqu'une voix avait résonné dans sa tête pour l'avertir que Bakugou Katsuki était visé.
L'adolescente se souvenait qu'avant de tomber sur la blonde effrayante aux côtés de Tsuyu, leur ballade se déroulait normalement. Elle était déstabilisée par l'environnement qui entourait ce test de courage, comptant sur la présence de son amie pour la rassurer.
Un instant, juste un instant. Tsuyu et elle s'étaient perdu de vue. La jeune fille grenouille avait stoppé sa marche, probablement pour faire un lacet ou autre acte anodin. Ochako, occupée à penser à un jeune garçon de sa classe qui lui trottait dans l'esprit, avait continué sa route sans se rendre compte qu'elle empruntait un chemin sans sa camarade.
Et lorsqu'elle en avait prit conscience, le paysage autour d'elle s'était révélé bien sombre, les présences autour d'elle bien absentes, et la combativité face à ses petites peurs d'enfants très préoccupantes.
Si l'apprentie héroïne ne s'était pas montrée aussi peu soucieuse du monde autour d'elle à ce moment là, peut-être que sa journée d'aujourd'hui se déroulerait de manière tout à fait usuelle pour une élève de Yuei.
Si elle avait été plus attentive, elle ne serait alors jamais tombé sur un jeune homme familier. Un jeune homme aux habits noirs, une chevelure de jais dressée sur sa tête. Celui dont de petites flammes bleues s'échappaient de ses doigts, qu'il s'apprêtait à mettre en contact avec le bois d'un arbre. Des mains couvertes d'une teinte particulière..
Des cicatrices ! son esprit avait semblé s'illuminer face à ce détail.
Elle n'avait pas mit une seconde de plus à déceler l'identité de cet inconnu. Elle avait presque hurlé son nom. De stupeur. De joie. D'une certaine nostalgie mal placée. La petite brune ignorait pourquoi elle était si heureuse de retrouver, mais il s'agissait alors du cadet de ses soucis, confrontée à de nouvelles retrouvailles.
La manière dont il avait ensuite sursauté et s'était instinctivement mît en garde à l'aide de ses flammes lui apparaissait aujourd'hui encore de manière parfaite. Grâce à la lumière érigée par son pouvoir, le jeune homme avait pu lui aussi découvrir qui se trouvait face à lui dans cette obscurité.
Cette identification ne lui accrocha pas le moindre sourire sur le visage, contrairement à Ochako, qui était emplie d'un sentiment fraternel qu'elle ressentait étrangement comme inné.
Dabi avait abordé une expression si triste. Presque au comble du dépit.
« Et merde, pourquoi il fallait que tu sois là? »
Voilà les mots de son sincère désolement qu'il lui avait prononcé.
Et ce n'était que quelques minutes avant que le carnage ne commence.
Un claquement de porte affreux vint totalement interrompre son flot incessant de souvenirs malencontreux. Ochako en bondit presque d'affolement sur son lit alors qu'un grand jeune homme blond venait de faire son apparition dans sa chambre sans prévenir.
- Qu'est-ce que t'as? il faisait référence à la position dans laquelle elle était. On dirait une gamine qui a pas eu son gâteau.
Elle leva les yeux au ciel après s'être remise de la surprise.
- T'es chiant, lui jeta-t-elle.
- Pardon?! sa voix grave et agressive résonna dans l'envergure de la chambre.
- Chuuut !
Ochako s'esclaffa et se leva en vitesse pour se dépêcher de clore la porte précédemment ouverte sans que l'invité n'y soit prié. Elle craignait que ses camarades de classe ne reconnaissent bien vite la sonorité de ce ton si particulier et si fidèle à ce grand intrus.
- On va t'entendre, imbécile, elle lui sourit avec malice, appuyée sur l'entrée.
Katsuki Bakugou, qui se trouvait encore au pas de celle-là, étudia un instant ces petites joues roses qui grossissaient avec ferveur dès que le visage de la petite brune était éclairé d'une quelconque joie.
- Imbécile? Tu veux que je te frappe? la menaça-t-il faussement. Il se rapprochait de la jeune fille, un sourire peu à peu dessiné sur ses lèvres.
- Imbécile, répéta-t-elle en tirant la langue, cette fois.
Les coups furent bien vivement remplacés par un geste impatient : le grand bond venait de saisir le visage d'Ochako de ses grandes mains pour que sa bouche rencontre la sienne.
Ce baiser fut mélangé de rires de la part de la jeune fille et de quelques soufflements de Katsuki, tous les deux amusés par cet enchantement que ces rencontres provoquaient.
Il l'embrassa de nouveau, le sourire aux lèvres, en déplaçant l'une de ses mains sur sa nuque tandis que l'autre s'égarait sur le dos de la jeune fille, qui ne portait en haut que sa chemise d'uniforme, accompagnée de sa jupe habituelle. Leurs corps se rapprochèrent vigoureusement, tandis que leur langue débutaient leur danse. Le jeune homme déposait de passionnées embrassades au creux du cou d'Ochako, dont la respiration s'accélérait dangereusement.
Il commença à mener l'échange pour la pousser peu à peu vers son lit au fond de la chambre. C'était une de ses nombreuses habitudes lorsqu'ils n'avaient pas pu se voir quelques jours de suite. Il aimait être le plus proche d'elle possible. Ochako le savait, et leurs baisers se rencontrèrent de nouveau dans des sourires mutuels. Ils s'esclaffèrent communément lorsque Ochako se retrouva assise sur ses feuilles de cours, alors qu'il venait de la déposer sur ses draps.
- Tu vas gâcher ma scolarité, lui lança-t-elle alors qu'elle se débarrassait des feuilles qui trônaient là.
- Je pense pas changer grand chose, dans ce cas.
- Méchant ! sa petite main frappa son épaule face à sa taquinerie. Elle était assise au bord du lit.
- Pas ma faute si t'es nulle, répliqua-t-il.
- Tu peux t'en aller si je suis si désespérante hein, elle leva les yeux au ciel une nouvelle fois.
Pour toute réponse, il se contenta de se jeter sur les draps en l'emmenant avec elle. Ochako rit de bon cœur face à ces moments avec lesquels elle prenait bien plus de plaisir qu'elle n'en avait une fois connu dans sa vie. Ils continuèrent de s'embrasser, Katsuki au dessus d'elle qui parcourait son petit corps menu de ses mains sans trop en faire ou en demander, Ochako qui parcourait la nuque du jeune homme de ses mains en remontant dans sa chevelure blonde, pour parfois descendre jusqu'au torse sculpté de celui-ci.
Ils chérissaient ces instants. Ils n'étaient qu'éphémères et passagers dans leur journée, mais ils étaient vitaux. Les secondes semblaient défiler plus lentement, alors qu'ils se regardaient mutuellement, leur puissante affection l'un pour l'autre ancrées dans leurs pupilles brillantes.
Ils finirent ces ébats par de fortes et douces émotions, étreintes, dans lesquelles ils s'abandonnaient toujours avec tendresse. S'observant, s'étudiant l'un et l'autre, riant parfois de la certaine improbabilité qui les avait mené tous les deux ici, dans cette chambre.
Katsuki était toujours le même. Mais il avait changé, d'une certaine manière. Du moins quand il était avec elle. Elle n'aurait, de sa vie entière, jamais imaginé le voire sourire un jour, alors rire.. Il dévoilait une facette de sa personne si rassurante et apaisante qu'elle en mettait toujours de côté ce qui la tracassait, ce qui la chagrinait quelques dizaines de minutes plus tôt y compris. Si les actions héroïques étaient teintées d'égoïsme, si le monde n'était qu'une cruelle peinture d'ambitieux, l'amour n'était qu'un présent de la part d'une autre âme qui s'offrait toute entière.
La jeune fille avait toujours été intriguée par lui, particulièrement depuis leur combat au tournois.
Il était le seul qui osait tout dire, celui qui dévoilait ses pensées à voix haute, sauf si elles mettaient en cause sa fierté, évidemment. Mais il s'agissait d'une des raisons pour lesquelles elle ne se voyait plus sans sa personne : ne pas savoir mentir n'était qu'un cadeau précieux et important pour elle, particulièrement en ce moment, et elle l'aimait pour cette sincérité dans le moindre de ses gestes, ses paroles, même si elles étaient toujours surplombées d'une couche d'insultes, bien sûr. Des insultes qu'elle avait apprit à décrypter. Il était comme ça.
- Alors?
- Alors quoi? elle redressa légèrement la tête, emmitouflée dans ses bras.
- Pourquoi tu faisais cette tronche quand je suis rentré? il la questionna.
- Je ne faisais pas de "tronche" particulière, elle mentit.
- Prend moi pour un con, il l'éloigna un peu de sa poigne pour qu'il puisse interférer avec son regard noisette.
- Mais non, y'a rien je te dis, insista-t-elle.
L'explosif la toisa quelques secondes avant de lui adresser une pichenette peu délicate sur son front.
- Aïe !
- Bien fait, idiote.
- C'est fou comme tes idiotes résonnent comme « je t'aime à la folie Ochako » , elle le taquina, un sourire malicieux aux coins des lèvres.
- Hein?! Arrête de dire de la merde un peu, ses joues avaient pris une couleur rosée que la jeune brune adorait regarder, tandis que ses muscles venaient de se tendre.
Elle s'aventura dans un petit rire et déposa un nouveau petit baiser sur ses lèvres.
Katsuki grinça les dents devant les méthodes peu justes de celle qui dirigeait ses émotions, et en réponse, il se contenta de lui écrabouiller le visage, mélangeant les cheveux de la jeune fille à sa main pour que ceux-ci se répandent sur sa figure.
Et leurs chamailleries durèrent dans des instants qui n'appartinrent qu'à eux seuls, leur amour naissant s'entremêlant à leur jeunesse innocente loin de toute responsabilité, conflit, problème ou du monde extérieur.
Quelques jours plus tard
- C'est promis, je t'assure, je dirai rien, la petite violacée aux longs lobes levait les mains pour signifiait qu'elle ne contestait pas sa demande.
Ochako soupira de soulagement.
- Merci Kyouka, t'assures ! Elle se baissa avec exagération pour la remercier chaleureusement.
- T'inquiète, lui assura Jirou, un peu embarrassée. J'aime pas du tout être au milieu de tout ça, en plus, elle se frotta la tête.
La petite brune rougit face à sa situation. Croiser Bakugou et elle ce matin là devait être la dernière chose à laquelle la musicienne avait dû s'attendre en se rendant au gymnase.
- Je comprend, elle rit nerveusement.
- Ça m'a juste complètement surprise, j'étais persuadée que ni toi ni lui ça vous intéressait, lui avoua-t-elle honnêtement, avec une pointe de gêne.
L'autre jeune héroïne vérifia que les alentours étaient vides avant de lui adresser sa réponse.
- Je ne sais pas ce qui se passe non plus, à vrai dire.. elle soupira.
- Tu fricotes avec un mec aux légers troubles d'agressivité, ça peut bien convenir..
- Ça résume bien.
Et elles éclatèrent ensemble d'un rire complice.
Ce ne fut que quelques semaines avant que tout soit détruit. Et que la jeune fille ne se rendit compte du sang qui tâchait désormais ses mains, perdant celui qu'elle aimait à ce qui lui paraissait pour à tout jamais, ainsi qu'une chère amie.
~~
Salut.
Ça va ?
J'espère que vous aurez aimé ce chapitre, ça m'a fait plaisir de l'écrire parce que je voulais vraiment vous donner un chapitre comme ça avant les révélations du prochain :)
Dites moi ce que vous en pensez, si c'est cool ou si vous avez envie de m'arracher la tête parce que je vous fais trop attendre #auteursadique
J'aime vraiment trop ces deux là, plus que mes révisions pour le bac.. Ah, on me dit dans l'oreillette que c'est pas si compliqué de faire plus.
Je sais que y'en a pas mal qui passent le brevet aussi, donc courage pour la dernière ligne droite !
Je vous embrasse.
Ps: j'aime trop mon média.
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