Chapter Nine: Prologue
Jeon JungKook était donc un jeune garçon âgé de 16 ans. Il allait au lycée comme tout le monde. Il harcelait quelqu'un là-bas, sûrement pour se sentir un minimum supérieur. Il habitait dans un logement social dans les rues mal fréquentées de Séoul, où il s'y faisait frapper et rabaisser tous les soirs à la sortie des cours, comme il le faisait si bien à cette élève la journée. En revanche, il n'avait pas d'amis, ou peu, étant détesté à force de rejeter tout le monde à cause de son impulsivité. Les seules personnes qui osaient rester étaient des filles en soif de sexe qui l'aidaient à maltraiter cette pauvre fille en échange de sextos ou d'appels afin de les chauffer. JungKook restait tout de même puceau, ayant refusé quoique ce soit de physique, étant ouvertement homosexuel. Raison de plus qui faisait que les gens de son lycée si fermés d'esprit le haïssaient. Sa mère avait complètement sombré dans le domaine de l'alcool et de la drogue après sa mise en couple avec un homme inconnu pour le garçon. Depuis qu'elle avait divorcé avec monsieur Jeon, elle avait rencontré un nouvel homme, au début très appréciable qui en réalité s'était avéré baron dans le domaine de la drogue. Lorsqu'elle l'a appris, elle a trouvé toutes les excuses possibles et imaginables à cet inconnu plutôt que de préférer écouter son fils en détresse. Depuis, elle l'avait complètement oublié, le laissant s'occuper de toutes les tâches ménagères de l'appartement. Des disputes éclataient sans arrêt au sain de cet endroit clos et si mal isolé. Sincèrement, les voisins devaient avoir envie de se tuer. Après s'être fait taper le soir, il rentrait directement se mutiler avec une lame de rasoir tranchante. Au point où il en était, ses cuisses, ses poignets, ses chevilles et son ventre étaient couverts de plaies profondes et de plus en plus dangereuses. Il était complètement en train de se laisser aller. En fait, il ne trouvait plus la force de faire quoique ce soit dans cette vie merdique et sans goût. Ses vêtements n'étaient que noirs, exprimant son désespoir. Son visage si fin était lui aussi recouvert de plaies et d'hématomes et de sang. Ses cheveux ébènes n'étaient jamais coiffés, toujours ébouriffés. Il était au bout du rouleau. En ce soir pluvieux de Mars, il courait dans les couloirs de son HLM afin d'accéder au toit où il avait l'habitude de se rendre lorsqu'il était débordé. Ce toit le faisait se sentir libre les fois où il s'y rendait. Le vent caressant tendrement son visage larmoyant le mettait à nouveau bien. Il y trouvait son réconfort. Son seul vrai réconfort. Désormais adossé contre le bord du mur donnant sur l'horizon, il observait silencieusement les montagnes se faire arroser juste en face. Il se rendait compte de la grandeur de ce monde. A quel point la nature était si belle, contrôlée par les éléments vitaux si sauvages et déchaînés que doux et vivifiants.
"-Ohlala regarde comme ce papillon est beau !"
Il se souvenait de toutes ces fois où sa mère s'exclamait sur la moindre chose de l'univers. Un simple oiseau pour un individu normal était une merveille de la nature pour elle. Avec ses cheveux roux volant au vent avec un grand sourire sur son visage en plein milieu de la forêt. Certes à ce moment-là elle n'était plus heureuse avec monsieur Jeon mais JungKook restait à ses côtés pour l'écouter. Elle se confiait à lui et il se confiait à elle. Ils étaient comme des meilleurs amis inséparables. La vie était belle à cette époque, même si l'adolescence jouait beaucoup sur le moral du noiraud. Une larme salée ruissela sa joue, se mélangeant avec la pluie étant sur sa peau fine. Sa vraie mère lui manquait terriblement.
"-Je t'aime mon bébé."
Je t'aime... Ces mots... Il ne les avaient pas entendus depuis si longtemps. Ça lui manquait ça aussi. Cette petite marque d'affection de temps en temps, faisant réchauffer le cœur de tous. Tout lui manquait en réalité. Par pure envie, il se retourna pour poser son regard sur la ville, la capitale du pays. C'était fou comme l'Homme avait détruit le monde entier. Ce contraste de vision le chamboulait. Comment pouvait-on passer d'une belle montagne arborée à une métropole surpeuplée rien qu'en se retournant ? Tout ça le dépassait sincèrement. Tellement, que inconsciemment, il venait s'accrocher au muret pour s'asseoir dessus, les pieds désormais pendant dans le vide. Ce vide si haut, si profond. L'immeuble était si grand. Ce point de vue de son monde le fascinait. L'altitude lui faisait perdre la tête, l'emprisonnant dans des pensées affreusement sombres. Si il sautait, il aurait le temps de prononcer une dernière phrase tant le sol était si loin. Pourquoi ne finirait-il pas le travail raté en cinquième ? Cette fois-ci, il n'échouerait pas face à cette situation de non retour. Il ricana, se mettant à voir d'avantage flou. Sa souffrance était réelle. Si réelle qu'il n'arrivait plus à la faire sortir. Il riait au lieu de pleurer. Il riait tel un fou, à en perdre le souffle jusqu'à se faire mal à l'abdomen, les larmes continuant encore de couler comme pour remplir un lac d'eau salée innocent et silencieux. Il reportait son regard sur le parking en dessous de ses pieds trempés. Avant de faire quoique ce soit, il se devait de se remémorer sa vie, oui, sa vie entière. Alors pendant deux bonnes heures, il se souvint de chaque détail de son existence. Il pleurait doucement comme un chiot, rêvant d'à nouveau être heureux. Il voulait vraiment revoir la vie comme il la percevait plus jeune. Il voulait la voir comme sa mère la voyait. Et sans qu'il ne sache pourquoi, il eut le besoin de se retourner. Un jeune garçon aux cheveux blonds trempés le regardait, lui aussi avec les yeux et le nez rouges. Il avait l'air d'avoir pleuré, tout comme lui. Ce dernier restait planté debout à l'observer à quelques mètres de lui. Il était d'une beauté sans pareil. Même en pleurant, il restait angélique. Son regard inspirait une douceur profonde et sincère. Pour une raison qu'il ignorait, le noiraud se sentait bien. Il se sentait bien sous les yeux délicats de cet inconnu. Il fut donc pris d'un élan de bienveillance, chose extrêmement rare, les gens étant en général vraiment méchants avec lui et parla gentiment au jeune homme.
-Viens t'asseoir à côté de moi... Dit-il de sa voix tremblante.
Le concerné fit un léger sourire qui paraissait sincère malgré les larmes étant réapparues sur son si beau visage. Son corps tremblait énormément tout autant que sa voix lorsqu'il ria très légèrement.
-J'ai le vertige... Souffla-t-il en se rapprochant doucement.
JungKook baissa la tête. Il se sentait mal face à cet échec social. Après tout, il aurait dû s'y attendre, tout échoue lorsqu'il s'agit de lui. Peut être qu'il aurait dû se taire et sauter pendant qu'il aurait été encore temps. Pourquoi s'embêterait-il à faire ami ami alors qu'il s'apprêtait à se suicider ?
-Que fais-tu, seul ici ?
Il papillonna des yeux à l'entente de sa voix. Celle-ci était très grave contre toute attente et devait l'être encore plus du fait qu'il pleurait. Il ne put s'empêcher de rougir sans même s'en rendre compte.
-Je...
Bien évidemment, comme à chaque fois qu'il devait échanger avec un autre être humain, les mots ne sortaient plus. Comme si son cerveau s'était mis en alerte sociabilité. C'était clairement fatiguant pour lui de ne pas savoir gérer un dialogue. Son cœur se mit à palpiter sévèrement alors qu'il sentait la panique monter en lui. Il ne savait plus quoi lui répondre. Le garçon, comprenant qu'il était en détresse, s'approcha de lui pour n'être qu'à quelques centimètres du bord et poser sa main sur son épaule. Comme d'habitude, le noiraud paniqua en faisant un geste brusque, manquant de tomber puis se réinstalla de façon sûre, la respiration davantage saccadée.
-Tout va bien...
Il gardait encore sa main sur son épaule, de manière prévoyante et inquiète.
-Je ne vais rien te faire...
Une once d'appréhension s'entendait dans sa voix. Il avait l'air heurté.
-Pourquoi tu es seul...?
JungKook prit son courage à deux mains et souffla une phrase.
-Je ne sais pas...
-Tu as besoin d'aide...?
-Non... Non, ça va...
-Je vois très bien que ça ne va pas... Est-ce que tu veux en parler un petit peu...? Dit le blond d'une voix douce et rassurante.
-Toi non plus tu ne va pas bien... Occupe toi de toi d'abord...
-Je refuse de te laisser au bord du vide ainsi...
-On ne se connais pas, ne t'en fais pas pour moi...
-Que l'on se connaisse ou pas ne changera rien au fait que tu puisse te confier... Libère toi de ce poids qui te hante au point d'en arriver là...
-Je... Je harcèle une personne au lycée parce que personne ne m'aime... J'ai besoin de me sentir un minimum aimé mais personne ne me le fait sentir... A la sortie des cours je me fais frapper par des inconnus des heures et des heures sans que je ne sache pourquoi... Sûrement parce que c'est l'Univers qui me fait payer de mes erreurs... Ma mère est devenue dealeuse et alcoolique alors que c'était une femme rayonnante et si aimante... Maintenant elle disparaît sans arrêt à n'importe quel moment, je suis donc obligé de m'occuper de tout l'appartement... Je dois préparer à manger, déboucher les éviers, jeter les poubelles... Alors je sais que ce n'est pas la mer à boire mais pour les gens normaux ce n'est pas ça la vie à 16 ans... Sa voix se brisait de nouveau. Elle oublie clairement qu'elle a un fils, complètement lobotomisé par son putain de copain, cet inconnu que je ne connais ni d'Adam ni d'Eve... Depuis que j'ai 13 ans je me mutile sans m'arrêter, c'est une sale addiction de merde dont je n'arrive pas à me séparer... Je faisais des tentatives de suicide aussi en cinquième, je suis venu ici pour terminer le boulot parce que je crois que le monde veut que je le fasse. Le monde veut que je me suicide sinon je ne serais pas là, au bord du vide... En plus de tout ça j'ai toujours eu l'impression d'avoir été victime d'attouchement, de viol ou sans même parler de ça, quelque chose de dérangeant... Je ne saurais expliquer cette sensation si étrange qui me guette mais je suis presque sûr que j'ai vécu quelque chose qui n'avait pas lieu d'être... Niveau sociabilité je t'en parle même pas, on m'adresse un petit regard je me met à trembler de tout mon être comme si ma vie était en danger... Une larme dévala sa joue alors que son cœur se serrait fortement dans sa lourde poitrine. Je ne suis jamais tombé amoureux à croire que c'est trop dur de demander un minimum d'attention... Je veux vivre une putain de belle histoire qui ne s'arrêtera jamais... Je me demande actuellement pourquoi je me confie à toi... Je ne connais même pas ton prénom, ton âge et tes soucis que je te balance les miens en pleine face comme si tu pouvais y faire grand chose... Un sanglot ne put s'empêcher de sortir de sa gorge serré. Je suis si pathétique en fait... Complètement ridicule... Bordel mais j'ai tellement personne que je me confie à un pur inconnu au bord du suicide, merde...
-Tu n'es pas ridicule...
-Arrête commence pas à faire le mec sensible qui veut réconforter le garçon désespéré... Il fronça les sourcils en pleurant toujours un peu plus. Aucun mot ne me fera changer d'avis sur ce que je suis... Il y a toujours des cons sur Terre et j'en fais partit point barre... Je ne suis qu'une merde qui devrait sauter à l'instant là... E-et tu vas le voir, tu sera mon témoin, voilà...
-Peut être que je suis le mec sensible qui veut réconforter le garçon désespéré, désolé de l'être mais c'est ma seule manière de communiquer pour réconforter ceux qui ont le plus besoin sans même s'en rendre compte. Tu souffres, c'est clair, ça en crève les yeux mais cela ne fait pas de toi quelqu'un de ridicule ou con. Tu es juste au bord du gouffre et tu veux simplement que cette souffrance s'allège. Je peux t'assurer que ce n'est pas en sautant que tu vas mettre fin à tes peines. Tu ne le veux pas réellement et je le sais, je le vois.
Ce garçon l'avais cerné comme si c'était un livre ouvert. Ils ne se connaissaient même pas et il avait déjà tout compris, contrairement aux autres. Lui, il avait l'air différent.
-Putain mais qui es-tu...?
-Je m'appelle TaeHyung... Et toi ?
-JungKook...
-Et bien JungKook, je vais te dire une chose... Je sais que tu ne veux pas mourir. En réalité, tu veux vivre librement. C'est là qu'est la différence.
Il ne voulait pas mourir, il voulait vivre librement...
-Peut être... Sûrement... Mais à l'heure actuelle je veux crever en sautant...
-Comme tu viens de le dire, "à l'heure actuelle". Ca veut dire que cette envie te passera. Ah et aussi, tu n'es plus seul désormais. Je suis là...
Une simple larme coula à l'entente de cette phrase. Le noiraud le regarda de longues et agréables secondes dans le blanc des yeux. Il était littéralement fasciné par son être.
-Je vais gentiment te demander de descendre de ce muret... Ne fais pas quelque chose que tu risques de regretter au dernier moment... Tu aura droit au bonheur toi aussi, je te le promet...
Le concerné soupira lourdement. Peut être qu'il allait avoir des remords plus tard mais il préféra écouter ce fameux TaeHyung en descendant de ce piège dangereux. C'était le meilleur choix qu'il pouvait faire en pensant à son avenir.
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