𝟖. 𝐓𝐡𝐞 𝐅𝐚𝐧𝐭𝐚𝐬𝐢𝐬𝐭
Ready or not - The Fugees
Stay - The Score
Meet Martin Riggs - Eric Clapton (à partir de 2:00)
━━━━━━━━━━━
Le ciel était en guerre et de partout les avions, comme les hélicoptères de l'armée cherchaient à éviter les tirs de missiles des lignes ennemies. Partout il pleuvait du feu, c'était un spectacle à la fois magique et horrible.
C'était la guerre.
C'était l'Irak.
— Ici, section 13 lieutenant Jung, sommes actuellement encerclés par les rebelles, attendons l'hélicoptère sauvetage, à vous.
— Section 13, ici patrouille 18, un hélicoptère est en route ?
— Affirmatif, section 18, nous attendons leur position pour nous mettre en route, avons de nombreux blessés avec nous. Quelques civiles, des femmes et des enfants.
— Pouvez-vous donner position, pour notre section, afin d'aller récupérer les survivants sur la position village arrière.
— Section 18, ici Lieutenant Jung Hoseok, la position est 5°Nord, mais soyez prudent lors de vos sauts, ils sont partout.
— Merci lieutenant, nos hommes sont prêts à sauter, nous serons d'ici quelques minutes sur la position.
— Bonne chance, à vous et vos hommes et, hésita le lieutenant, si vos hommes se font prendre...
— Oui mon lieutenant, que doivent-ils faire s'ils se font prendre ?
— ... Se tirer une balle dans la tête, ce sera le seul moyen. Bonne chance les gars.
Et la radio coupa net, laissant entendre en arrière-plan les tires de missiles.
A l'autre bout de la radio, en bas sur le terrain, un lieutenant semblait à bout, d'une guerre qui n'était pas la sienne, mais dans l'avion qui venait en aide aux lignes arrières, l'ambiance était tout autre.
— Jeon, tu sautes le premier, mais cette fois-ci fait pas le con, tu déclenche l'ouverture à mille cinq cents mètres, on est pas en entraînement, on est en putain de guerre et t'es en binôme compris ? Hurla l'officier.
Le jeune homme assis dans son siège, son paquetage sur les genoux, fit un petit signe de la tête à l'attention de son commandant, puis il reconcentra son regard sur un point fixe devant lui. Comme si quelque part, le fait de recevoir des ordres le mettait en rogne et qu'il devait se concentrer sur autre chose, pour ne pas sombrer dans la colère.
Dans l'avion, il y avait un bruit d'enfer, à cause des portes latérales qui étaient restées ouvertes, mais aussi à cause des balles et des coups de mitraillettes qui faisaient rage de partout dans le ciel. L'avion prenait à nouveau de l'altitude pour éviter les impacts et leurs oreilles commençaient à se boucher, le froid commençait à se faire sentir et le bruit des moteurs venaient prendre toute la place dans leurs cerveaux, ne laissant plus de place à leurs pensées et c'est ça que Jungkook aimait par-dessus tout, ne plus penser.
Alors, s'entraîner, toujours et encore, chaque jour, chaque minute, chaque seconde de la journée, pour être le meilleur, pour oublier que parfois l'homme pouvait être faible, mais aussi pour oublier tout court, pour s'oublier, c'était son leitmotiv.
Les quatre-vingts militaires entreposés dans l'avion, leur paquetage sur les genoux, fixaient leur commandant qui donnait les dernières instructions de leur mission une fois arrivés au sol, ils étaient en situation réelle dans un pays qui leur était totalement étranger, et le danger était partout. Alors ils écoutaient tous attentivement, la peur au ventre.
Tous, sauf Jungkook.
Ces missions, c'était son quotidien en tant que lieutenant. Garder son calme, gérer la pression, alors même que leur avion venait de se faire tirer dessus, ne lui faisait même plus peur, il n'avait qu'une seule et unique idée en tête, son atterrissage, sur le drop zone.
Sa mission...
— Commandant, notre avion est touché, il va falloir sauter plus tôt que prévu ! S'écria l'un des pilotes.
— Jeon, changement de plan, tu sautes en dernier et en solo. Tu fermeras la ligne sur terre.
— Affirmatif mon commandant. Répondit calmement le jeune soldat, alors que l'avion virevoltait dans tous les sens, crachant des bruits de machinerie infernale, essayant toujours d'éviter d'éventuels autres impacts.
Les jeunes parachutistes sautaient en cadence, presque happés par le souffle que créait l'instabilité de l'engin. Certains même se cognait à la carlingue, trop paniqués, ou encore trop peu expérimentés. Le commandant et le lieutenant se regardèrent dans les yeux, ils ne restaient plus que eux deux et un pilote. L'avion s'était transformé en véritable torche, c'était la fin.
— Commandant, l'avion va crasher, vous devez sauter, hurla le pilote qui essayait de stabiliser son engin tant bien que mal, ce dernier se dirigeant dangereusement vers le sol.
— Commandant !
— Lieutenant Jeon, sautez !
— Après vous, mon commandant, le fixa Le jeune homme.
— Jeon, c'est un ordre, bordel de merde, vous cherchez quoi ? La mort ? Vos hommes vous attendent en bas, tout du moins ceux qui vous restent, alors ne discutez pas, sautez !
— Désolé mon commandant, mais je ne bougerai pas, pas avant que vous sautiez, vous m'avez demandé de fermer la ligne alors sautez et je suivrai.
— Lieutenant Jeon, c'est un ordre, pour la dernière fois...
— Commandant, je ne vous laisserai pas.
— Lieutenant c'est...
L'impact avec un autre avion fut soudain, violent, entraînant les deux gradés hors de la carlingue et Jungkook eut juste le temps d'attraper son commandant, pour lui lancer son paquetage. Ils étaient encore très haut en altitude et les balles pleuvaient de toutes parts. Pourtant, il n'avait pas peur, il n'avait plus peur. Il était irrémédiablement attiré par le sol qui se rapprochait dangereusement de lui, ne pensant même plus à ouvrir sa voile. Avait-il envie de l'ouvrir d'ailleurs ? Il lui suffisait de se laisser tomber et tout serait fini.
Oui, se laisser aller et fermer les yeux...
Mais tout à coup il se sentit partir en arrière, avec une puissance extrême, ralentissant par la même sa chute. Son commandant venait de tirer sur sa voile de secours, alors qu'il s'était lui-même mis en danger pour le sauver. Mais voulait-il seulement être sauvé ?
Il avait depuis peu repris du service et son comportement lors des sauts avait quelque peu déstabilisé ses supérieurs et tout particulièrement lors de cette mission en Irak, quelques jours plus tôt, où il avait pris des risques inconsidérés, allant même jusqu'à contredire un ordre de ses supérieurs. C'est pourquoi, on l'avait depuis mis sur des sauts en tandem, ce qui semblait le contenir dans ses envies de sensations fortes, tout du moins en apparence.
Mais cette mission en Irak avait bien failli lui coûter la vie et celle de son commandant, alors qu'il avait voulu le rejoindre pour déclencher son parachute de secours. Résultat, quelques jours plus tard, de retour de mission, il avait terminé dans le bureau du commandant de la base.
— Lieutenant Jeon, lui avait dit son commandant en le convoquant dans son bureau. On m'a remonté que vous avez risqué votre vie sur cette mission, de manière inconsidérée, en refusant un ordre de votre supérieur, aussi j'ai quelques doutes quant à votre capacité psychologique à reprendre du service. Je me trompe lieutenant ?
— Négatif mon commandant.
— Négatif lieutenant Jeon, vraiment, expliquez.
— Mon parachute a eu un souci, mon commandant, ma voile principale n'a pas voulu sortir, la drisse était bloquée, j'ai actionné la voile de réserve, mais elle à, elle aussi, eu du mal à s'ouvrir. C'est le commandant qui à actionné la dernière voile de secours.
— Et vous allez me faire croire qu'un parachutiste aussi expérimenté tel que vous n'a pas réussi à régler le problème, avant cinquante mètres du sol ?
— Affirmatif mon commandant, répondit le jeune officier, en le regardant droit dans les yeux, la tête haute et les bras bien droit le long du corps.
— Jeon, le fixa son supérieur, essayant de trouver un indice dans les yeux de se dernier, dans son expression, la psy nous a convaincu de vous faire reprendre du service, mais après cet incident, j'ai quelques doutes. Votre belle gueule à sut lui brouiller l'esprit, mais votre petit jeu ne marche pas avec moi. Je vous laisse une dernière chance, mais vous ne sauterez plus seul, vous serez en binôme avec nos petits bleus.
— A vos ordres, mon commandant.
— Mais Jeon, lui dit ce dernier, tout en marchant jusqu'à la porte de son bureau, alors que Jungkook au garde à vous n'avait toujours pas bougé, fixant la tête haute un point à l'horizon à travers la fenêtre du bureau. Si vous déconnez encore, je vous fou aux arrêts, vous m'entendez. J'en ai marre de votre désobéissance héroïque à la mord moi le nœud et bien que vous soyez l'un de mes meilleurs hommes, en tant que parachutiste ou faussaire, croyez-moi que je n'hésiterais pas à vous remplacer, aussi difficile soit-il.
— Affirmatif mon commandant.
— Rompez.
Jungkook salua son supérieur, et prit aussi vite la porte, pour marcher droit comme un piquet jusqu'aux toilettes sous le regard des autres officiers. Arrivé dans ces derniers, il jeta son béret à terre et se positionna devant le lavabo au-dessus duquel était suspendu un grand miroir. Il se fixa un long moment, fronçant les yeux, comme s'il cherchait quelque chose, un signe, puis il ouvrit le robinet pour récupérer un peu d'eau froide et se la passer sur le visage.
— Putain...Jura t-il avec argne.
Il s'en était fallu de peu pour qu'il retourne à la case départ, il devait contenir sa nature profonde, c'est comme ça qu'il avait été élevé, entraîné. Un jour peut-être, il pourrait enfin être totalement lui-même, mais pas maintenant, pas après ce qu'il avait enduré.
Depuis ce rappel à l'ordre quinze jours plus tôt, il ne sautait plus seul et ses missions étaient limitées. S'il avait eu du mal à l'accepter au début, il avait très vite compris comme tout bon soldat que ne pas respecter les règles qui lui avaient été fixées, le mettrait définitivement sur la touche et même s'il aimait l'action, il s'était réfugié dans son autre fonction au seins des forces spéciales, la falsification.
Oui, Jungkook était un maître dans l'art de la falsification et cette spécialité lui avait très vite permis, outre ses réelles aptitudes en sport, à se retrouver à la tête d'une équipe de dix personnes à qui il apprenait l'art de faire du faux, sous toutes ses formes, mais aussi à reconnaître la falsification.
Après avoir fini premier de sa promotion dans l'une des plus grandes écoles d'art de Chine, Jungkook s'était posé de nombreuses questions sur son avenir et sur la nature profonde de ce que l'on attendait vraiment de lui. Il aimait l'art et était très doué dans cette discipline, mais pas seulement. Ce don, il le tenait de sa mère, artiste peintre à ses heures perdues et avec qui il aimait refaire le monde quand elle venait le voir là-bas, en Chine, où il avait été envoyé dès son plus jeune âge. Il savait copier à merveille les tableaux des plus grands, imitant jusqu'à leur signature, utilisant chacune de leur technique, trompant les plus grands experts. Mais ce monde n'était pas assez exaltant pour lui, car il ne tenait pas en place, il aimait l'action, le danger.
Son père l'avait en parallèle initié très jeune à toutes les techniques de combat, et il avait travaillé avec les plus grands là-bas, en Chine.
Là-bas, il avait appris à ne pas avoir peur, quelle que soit la situation, mais pas que...
Un soir, alors qu'il venait d'avoir son diplôme d'art, son père était venu lui rendre visite et autour d'un verre, ils avaient parlé, d'homme à homme, pour la toute première fois. Il lui avait rappelé qui il était et pourquoi il avait été formé ainsi. Et alors que Jungkook avait décidé de suivre les traces de sa mère, celui-ci lui avait rappelé que son art n'était lié qu'au mensonge, au bluff, mais que la vérité était tout autre chose, elle était dans ce que l'on vivait, dans l'action. Charge à lui de choisir ce qu'il voulait faire, vivre dans le mensonge, ou alors être un acteur de la vérité, en aidant par son art, son pays et sa famille, après tout n'avait-il pas été entraîné toute sa vie pour ça ?
Et c'est ainsi qu'à vingt ans, après avoir passé deux ans auprès de son père dans son pays de naissance, il avait poussé les portes de la base militaire d'Osan, pour faire l'école des officiers, dans la section parachutiste de ce magnifique pays qu'était la Corée, parce que c'était là-bas que désormais sa vie devait être.
Très vite, il s'était démarqué de ses camarades et avait grimpé les échelons, devenant le plus jeune et le plus prometteur de sa section. Pour gagner de l'argent, et arrondir ses fins de mois, parce que désormais il était seul, il s'était servi de ses aptitudes artistiques d'imitateur, pour réaliser pour ses camarades toutes sortes de faux passes, papiers et autres choses de ce style, mais pas que.
Oui, il était maître dans l'art du faux.
Tout cela était remonté aux oreilles de son commandant et impressionné par ses talents, plutôt que de le sanctionner, il l'avait mis à la tête d'une nouvelle section, spécialisée dans la falsification et dans le décryptage du faux. Ainsi il avait accès à une base de données incroyable, pouvant rentrer dans les dossiers les plus secrets du pays. Depuis, il travaillait et s'entraînait au sein des forces spéciales, et était entièrement dévoué à son pays, mais pas que.
Il adorait sa vie, son travail et depuis trois ans, cette vie s'était encore embellie, lorsqu'il l'avait rencontré, elle, celle qui avait fait chavirer son cœur. Et bien qu'on lui ai toujours appris que l'amour était une faiblesse, il avait succombé aux charmes de cette fille qu'il avait rencontrée lors d'une soirée et qui lui avait été présentée par une amie de longue date, avec qui il avait passé du temps en Chine. Mais comme tout, le bonheur avait une fin et tout s'était arrêté un soir, alors qu'il rentrait d'une soirée arrosée au volant de sa voiture.
Ils s'étaient disputés, il avait refusé d'accepter sa décision, alors elle avait voulu aller contre sa volonté et avait voulu le quitter, bien qu'elle l'aimait plus que tout au monde. Elle lui appartenait, elle ne pouvait pas le quitter, le ton était monté et tout avait dérapé. Et maintenant il s'en voulait tellement, d'avoir perdu le contrôle et de l'avoir perdu par la même occasion dans cet accident de voiture. Il aurait dû l'écouter, elle lui avait dit qu'il devait consulter, qu'il devait travailler sur cette part sombre de lui-même, lui qui était si adorable, lui son amour de toujours, lui le garçon si prévenant.
*
Il regarda l'heure sur sa montre, il était vingt trois heures, il ne restait plus que lui dans ce grand bureau rempli d'ordinateurs high tech. Il avait travaillé sur un gros dossier avec son équipe et les avait tous renvoyé, ils méritaient un peu de repos après tout le labeur qu'ils avaient fourni. Il éteignit son ordinateur, puis s'enfonça un peu plus dans sa chaise, se passant les paumes sur les yeux pour diminuer la pression qui s'était installée à cause de la fatigue.
Vingt trois heures, c'était bien trop tôt pour rentrer, et puis plus personne ne l'attendait maintenant.
— Putain...Souffla t-il.
Alors il s'étira, prit son sac et se dirigea vers les douches communes. Là aussi c'était le désert, un peu normal finalement pour un vendredi soir. Il posa son sac sur le banc, ouvrit son casier et en sortit un gel douche. Il allait refermer la porte quand son regard se posa sur une photo à l'intérieur de celle-ci. Il la regarda longuement, se remémorant le jour où elle avait été prise. C'était quelques semaines avant l'accident, Ji-eun et lui avaient été chez des amis à un barbecue, le temps était magnifique et ils avaient fini au bord de la rivière, dans laquelle ils s'étaient tous jetés entièrement habillés tant il faisait chaud. La photo avait été prise alors qu'ils se séchaient et que Ji-eun s'était jeté sur lui, pour lui déposer un baiser sur la bouche. Ils étaient radieux sur ce cliché, leurs regards se soutenant et leurs sourires éclatants, vestige d'une époque passée. Alors comme pris d'un élan, il arracha la photo et la froissa entre ses mains, pour en faire une boule de papier, qu'il jeta dans une corbeille qui traînait près du banc. Puis, il referma la porte et retira ses vêtements pour se glisser sous le jet d'eau de la douche. Il resta ainsi un moment, laissant l'eau couler sur son corps, la tête appuyée contre le carrelage froid, les yeux fermés.
Le silence, rien que le silence, l'eau sur son corps musclé et son esprit tourmenté, c'était ça sa vie maintenant, parce qu'il était seul, seul maître de son avenir.
Mais quel avenir pour lui maintenant...
Après avoir repris ses esprits, lavé de cette journée de labeur, il enfila un pantalon ample et fluide noir, un long tee-shirt à manche longue tout aussi ample gris, auquel il remonta les manches, laissant apparaitre les tatouages de son bras droit. Enfin, il enfila des boots noir montante et se positionna devant le grand miroir qui dominait la pièce, pour remettre ses piercings en place, un sur l'arcade droite, qui laissait ressortir deux petites boules argentées à ses extrémités et un autre au coin de sa lèvre. Un anneau avec lequel il aimait jouer avec le bout de sa langue, ainsi que plusieurs anneaux sur chacune de ses oreilles. Il les retirait à chaque fois qu'il venait travailler, c'était interdit dans son métier, tout comme ses tatouages d'ailleurs qu'il devait également recouvrir d'un bandage pendant ses heures de permanence. Des tatouages, il en avait sur tout le corps, certains bien cachés, présents pour lui seul, ou pour les intimes qui partageaient son lit.
Satisfait du résultat qu'il voyait devant la glace, il se passa une main dans les cheveux qu'il avait fait couper pour son retour dans le monde des vivants, bien qu'il préférait les avoir longs.
Fin prêt, il récupéra son sac de sport, son casque et son blouson de cuir et jeta un dernier coup d'œil vers la corbeille où trônait encore la boule de papier, puis sortit, longeant les longs couloirs vides de la base, pour arriver sur le parking où sa moto l'attendait. Il enfila son casque, chevaucha son engin, le démarra, puis roula lentement jusqu'à la barrière de l'entrée où un garde lui fit signe de s'arrêter. Il montra son badge et le jeune homme l'interpella, tout en regardant le nom et la photo de ce dernier.
— Lieutenant Jeon, ça fait un bail que je ne vous ai pas vu ! Je rentre juste de permission.
— Oui, ça fait trois semaines que j'ai repris du service.
— Et vous ne changez pas vos bonnes vieilles habitudes, toujours le premier arrivé et toujours le dernier à quitter la base !
— On ne change pas, ni le travail d'ailleurs, lui sourit le beau brun.
— C'est vrai mon Lieutenant, mais prenez soin de vous, en tout cas ravis de vous revoir parmis nous, vous nous avez manqué... Et encore désolé pour ce qui vous ai arrivé, vraiment c'est...Putain de vie...
— Merci sergent Kim, c'est gentil, passé une bonne soirée, et une fois la barrière levée, il appuya aussitôt sur l'accélérateur.
*
Il ne lui fallu que quelques minutes, et une pointe de 350 km/heure au commande de sa Kawasaki H2R, véritable petit bijou de technologie qui avait une allure de sous marin et de jet de chasse, comme il aimait le dire et qu'il s'était offert avec ses économies, deux ans en arrière, pour arriver au J.J.Mahoney's bar. C'était ici que les gradés de la base venaient passer du bon temps, dans ce bar lounge situé dans un sous-sol appartenant à des vétérans et où l'alcool interdite coulait à flot. La musique y était bonne, l'ambiance décontractée et les filles plutôt jolies y attendaient les beaux soldats pour une nuit, ou même une vie.
Après avoir garé sa moto et retiré son casque, il descendit les quelques marches qui le menèrent au sous-sol et s'arrêta devant une porte blindée, devant laquelle un homme bâti comme une armoire à glace et au visage patibulaire attendait les bras croisés. Jungkook chercha dans la poche arrière de son pantalon et en sortit une petite carte or et noir, qu'il montra à l'homme. Ce dernier, sans décrocher le moindre sourire, se courba légèrement et lui ouvrit la porte, laissant s'échapper le son de la musique soul.
Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas remis les pieds ici, aussi retrouver cette ambiance lui faisait un bien fou. Il longea le grand couloir dans lequel quelques couples s'étaient formés pour s'enlacer à l'abri des regards. Puis il arriva dans la grande salle aux lumière chaudes et tamisées, au bout de laquelle un grand bar imposant et lumineux accueillait de nombreux militaires qui parlaient avec les hôtesses autour d'un verre. Sur les périphériques, de nombreux fauteuils en cuir rouge étaient également pris d'assaut par des groupes, mettant une bonne ambiance.
Sur son passage, Jungkook fut interpellé de nombreuses fois par des petits groupes de garçons, qui le saluèrent, ravis pour certains d'entre eux de le revoir, et c'est avec sourire et enthousiasme qu'il leur rendit leur salut, pour enfin arriver jusqu'au bar. Les serveuses se tournèrent toutes vers ce beau jeune homme, à la prestance imposante et au look bien particulier, se donnant des petits coups de coudes, pour être sûr qu'elles ne rêvaient pas. Jungkook les regarda, conscient de l'effet qu'il venait de produire, il avait l'habitude, il savait que son physique et son charme naturel ne laissait pas indifférent la gente féminine, ni masculine, comme il avait pu le constater lors des douches communes après les entraînements. Il leur fit un petit sourire, retroussant légèrement son petit nez, le rendant plus craquant.
C'était ça l'effet Jeon Jungkook.
Soudain, son regard s'arrêta sur l'une d'entre elle, il ne l'avait jamais vue auparavant, elle devait être nouvelle. Il allait lui commander à boire, quand une voix venant d'un petit groupe qui s'était réuni près du billard l'interpella.
— Jeon !
Il se retourna légèrement laissant sa main glisser sur le bar, pour voir qui venait de l'appeler.
— Yugyeom, Mark, ça fait un bail !
— Ramène-toi mon frère, et arrête de perturber les jolies jeunes filles.
Jungkook, leur fit un grand sourire, puis reposa son attention et son regard sur la jeune fille qui avait attiré son attention quelques secondes plus tôt. Elle n'avait pas bougé, elle semblait totalement hypnotisée par le jeune homme. Il s'avança légèrement au-dessus du bar et comme pour ne pas la brusquer, s'approcha doucement d'elle pour remonter vers le creux de son oreille, la frôlant légèrement, ce qui la fit tressaillir.
— Pourriez-vous me servir un Between the Sheets mademoiselle s'il vous plaît, lui dit-il sensuellement, un léger sourire sur les lèvres, conscient de l'effet qu'il lui faisait.
— Je...je, tout de suite, lui dit-elle après quelques secondes, se déplaçant pour réaliser son cocktail.
Le jeune homme s'appuya sur le comptoir, ne la lâchant pas des yeux, toujours ce léger sourire sur les lèvres et le regard brillant. Elle avait de jolies formes et cela ne le rendait pas indifférent. Dans son dos, malgré la musique, il entendait le petit groupe de garçons qui l'avait interpellé, rire, tout en jouant leur partie, criant de tant à autre son nom.
— Et voilà, votre Between the sheets, lui tendit la jolie jeune femme, avec un ton plus enjoué qu'elle ne l'aurai voulu.
— Entre les vôtres, lui répondit-il, approchant de ses lèvres la paille pour lècher le sucre qu'elle avait déposé. Puis, il leva son verre dans sa direction, se retourna et partit rejoindre ses amis près du billard, pour entamer une partie avec eux.
— A toi mec, si tu caramboles, on est bon, lança Mark à l'attention de Jungkook, qui pointait avec précision sa queue de billard pour viser la boule rouge, après avoir avalé quelques gorgées de son cocktail.
— J'crois que ce soir tu vas pas que caramboler la boule, regarde comment tu l'as retourné cette pauvre fille, elle arrête pas de te mater, surenchérit Yugyeom.
Le jeune homme inclina légèrement la tête et tomba dans le regard de la jeune fille, qui lui fit un large sourire, auquel il répondit, puis frappa à nouveau la boule.
— Jeon, arrête de mater et montre nous ce que t'as dans le ventre, mon pote.
— Sois pas si pressé de perdre Mark, admire le pro, dit Jungkook en se concentrant sur son objectif.
Il ne lui fallut pas longtemps pour dégommer un à un ses adversaires, un vrai jeu d'enfant.
— Putain, c'est bon c'est plié, t'as gagné mec.
— Et oui, le roi est de retour, c'est mort Mark. Allez, on plie bagage, demain on part en mission, se plaignit Yugyeom en levant les bras en l'air.
— Déjà ! Mais tu es à peine remis de ta blessure, dit-il à l'attention de Mark.
— Mon supérieur est rentré dans un sale état et je dois prendre la relève.
— Ok, alors bonne mission et Mark, essai de pas te faire toucher cette fois.
— On va essayer, lieutenant, on n'est pas tous comme toi mec.
Les garçons saluèrent Jungkook et le laissèrent seul à la table de billard. Le jeune homme frappa quelques coups, puis, estimant qu'il en avait assez, se retourna pour s'asseoir sur le bord de la table. Il attrapa sa queue de billard sur laquelle il s'appuya, posant sa tête sur ses mains, tout en regardant vers le bar. La jeune fille sembla sentir sur elle un regard et se retourna au même moment, tombant à nouveau dans le regard envoûtant du beau brun. Son regard en disait long, elle avait compris ce qu'il attendait, et elle n'allait pas s'en priver, pas avec un aussi beau garçon.
Quelques minutes plus tard, elle le rejoignait dans les toilettes à l'étage inférieur du bar, où il la plaqua contre le mur. Et c'est avec fougue qu'il s'empara de sa bouche, lui retirant aussitôt son chemisier qu'il envoya valser sur le sol. Leurs mains étaient partout, s'accrochant a tout ce qu'ils pouvaient, tant leur désir était grand. Ça faisait longtemps que Jungkook n'avait pas touché un autre corps que celui de Ji-eun, pas depuis qu'elle était morte, alors ce soir il allait déverser toute sa frustration sur cette belle jeune femme, et elle semblait totalement réceptive à sa brusquerie. Il retira à son tour son t-shirt, dévoilant son torse musclé, et il l'a senti frissonner face à cette vision de lui. Il l'a regarda, un petit sourire sur les lèvres, puis l'attrapa sous les cuisses, pour la porter jusque sur le lavabo, où il lui remonta sa jupe, pour lui arracher sa culotte. Lentement, il laissa sa langue suivre les veines de son cou, pour glisser sur sa poitrine, déclenchant un soupir de plaisir à la jeune femme. Il avait envie d'elle, mais il prenait son temps, il adorait quand il sentait qu'il avait le pouvoir, ce pouvoir. Mais la jeune femme sembla ne plus pouvoir attendre plus longtemps, elle le repoussa, et ses mains vinrent se poser sur l'élastique de son pantalon, alors elle tira dessus violement pour le faire descendre, jusqu'à ses cuisses, découvrant son sexe, déjà dure.
— Tu as ce qu'il faut ? Lui demanda-t-il tout en s'emparant de sa bouche.
— Ou-oui, oui, dans la poche arrière de ma jupe, lui dit-elle en se tenant à sa nuque pour se soulever légèrement, afin de lui laisser l'accès. Puis il récupéra le petit sachet qu'il glissa entre ses dents, et tout en maintenant les cuisses de la jeune femme avec une main, il utilisa l'autre pour le déchirer. La jeune femme, lui retira de la bouche et s'empressa de lui mettre.
— Vas-y prend moi, j'en peux plus, lui dit-elle tout en s'emboitant sur lui, ce qui lui décrocha un petit soupir.
— C'est quoi ton prénom ? Lui demanda-t-il en la bloquant pour qu'elle arrête de faire des va et vient sur lui.
— C'est important ? Sembla-t-elle s'étonner.
— Oui, je couche pas avec des inconnus.
— On couche pas ensemble, on baise.
— Elle est où la jeune fille timide du bar ?
— T'es obligé de parler tout le temps là ?
— Ton prénom c'est quoi ? Lui redemanda t-il un peu sèchement, en lui bloquant le visage avec ses mains et en plantant son regard dans les orbes de la jeune femme. Clairement il avait du mal avec le fait qu'elle ne réponde pas à sa question.
Un peu décontenancée par ce changement d'attitude et par ce qu'elle voyait dans ses yeux, la jeune femme ne résista pas plus et répondit à l'ordre qu'elle venait d'avoir.
— Kana, mon nom c'est Kana.
— Kana, moi c'est Jungkook, lui répondit-il avec plus de douceur.
— Alors baise moi Jungkook, n'attends pas plus.
Il ne se fit pas prier plus et culbuta la jeune femme, intensifiant ses mouvements, jusqu'à qu'elle hurle son nom au moment où ils atteignirent l'orgasme. Épuisé, en sueur, il bascula sa tête contre sa poitrine, puis tout doucement remonta ses lèvres jusqu'à son oreille droite, y déposant quelques doux baisers.
— Merci Kana, lui susurra-t-il la voix rauque et encore enrouée par le désir.
La jeune femme, surprise par cette attention et cette douceur venant d'un inconnu, dont elle n'avait pas l'habitude, rouvrit les yeux et lui passa une main sur la joue.
— Merci Jungkook, de m'avoir traité avec autant de gentillesse et d'avoir fait comme si l'espace d'un instant tu m'appartenais. Merci de ne pas m'avoir traité comme une vulgaire inconnue, merci...
Il se retira, retirant son préservatif, qu'il noua, pour le jeter dans la poubelle qui se trouvait à ses pieds, son corps toujours positionné entre les jambes de la jeune femme, qui le regardait faire. Puis, il remonta son pantalon et se courba légèrement, posant ses bras de chaque côté de la jeune femme en s'appuyant sur le lavabo. Il la regarda intensément, provoquant une gêne chez elle, alors elle le repoussa légèrement, pour se dégager et récupérer ses vêtements qui jonchaient le sol.
— J-je dois partir, on doit sûrement me chercher, elle était décontenancée par la prestance du jeune homme, il semblait passer d'un état à un autre et ça lui faisait presque peur.
Elle devait partir, elle devait sortir de là.
Il ne bougea pas, se faisant maintenant face dans le miroir, où il se regarda le regard vague. La jeune femme se rhabilla, puis avant de quitter les toilettes se retourna, pour le regarder une dernière fois et sans dire mot, sorti, des toilettes.
Jungkook resta ainsi, devant le miroir, le torse nu encore de nombreuses minutes, il se sentait seul, il se sentait vide, il se sentait sale. Qui était-il réellement, pourquoi lui manquait-elle autant, depuis tout ce temps ? Lui manquait-elle vraiment, pour qu'il couche avec la première venue ? Après tout, il était un homme, il avait des besoins, il se devait de les assouvir. Et puis de toute façon, l'amour ce n'était rien, il n'était pas si faible pour tomber dans son piège, non il était fort, il avait été élevé pour éviter ça.
Il regarda sa montre, il était quatre heures du matin, il allait devoir rentrer et dormir un peu, un nouveau jour s'offrait à lui, peut-être un bon jour...
*
Après une demi-heure de moto, Jungkook arriva enfin chez lui, il habitait un mobil-home sur la partie sauvage de la plage de Hanagae situé à Jung-gu. C'est là qu'il avait posé ses valises avec Ji-eun, il y avait maintenant plus de deux ans. Ici il était libre, ici il pouvait respirer et passer des heures à admirer l'horizon, l'amour de sa vie dans les bras. Mais depuis qu'elle s'en était allé, c'était difficile de rester seul ici, car tout lui rappelait la jeune femme, d'ailleurs il n'avait pas encore jeté ses affaires personnelles, c'était comme si elle était encore là avec lui.
Oui, elle lui manquait, ou peut-être que c'était l'image d'elle qui lui manquait, il ne savait pas vraiment en fait, peut-être que s'il n'avait pas été celui qu'il était alors... Alors quoi ?
Il arrêta le moteur de sa moto, retira son casque et resta assis quelques minutes, fixant l'horizon. Il allait bientôt faire jour, et déjà le ciel commençait à s'éclaircir, c'était magnifique, reposant à souhait. Il se décida enfin à bouger, et tout en se dirigeant vers son mobil-homme, il se mit à siffler. A ce moment là, un magnifique doberman noir et feu s'élança vers lui en courant, se jetant quasiment sur lui quand il arriva à la hauteur de son maître.
— Bam, bon chien, l'interpella-t-il, tout en le caressant dans tous les sens. Je t'ai manqué, hein, viens là, oui bon chien, mon Bam.
Il lui jeta un morceau de bois, qu'il trouva sur la plage, et le chien se précipita dans la mer pour aller le récupérer et le ramener aussitôt à son maître. Jungkook répéta l'opération plusieurs fois, jusqu'à arriver à la porte de son chez lui, qu'il ouvrit sans difficulté. Pas besoin de clef, Bam était un chien de garde du plus au niveau, il l'avait éduqué en ce sens dès son plus jeune âge et seul son maître pouvait passer les portes. Gare à celui qui oserait s'y aventurer, Bam avait été dressé pour tuer.
Il rentra, jeta son casque sur son lit défait de la veille, et se dirigea vers le frigo, où il prit une bière, pour ressortir et s'assoir sur une chaise pliante qui traînait sous la tonnelle. Le chien se positionna à ses côtés, le bâton de bois à ses pieds et le regarda, attendant qu'il repose son attention sur lui. Mais il ne le fit pas, il avala une gorgée de sa bière et laissa tomber sa tête en arrière, caressant avec l'une de ses mains la tête de son chien.
— Et si j'arrêtais tout maintenant, hein, mon chien, personne ne viendrait me pleurer, je suis seul maintenant, seul maître de cette putain de vie, hein...Si toi je te manquerai, parce que toi seul m'es fidèle, hein Bam, hein mon chien...
L'animal le regardait, comme accroché à la moindre de ses paroles, puis ne sentant plus la main de ce dernier le caresser se mit à japper.
— Putain de vie de merde, j'suis si fatigué...
Le jeune homme se leva et alors que son chien allait le suivre, il leva le bras et l'interpella.
— On va s'coucher Bam, allez viens...
Il referma la porte derrière lui, son chien sur les talons. Il retira son pantalon, son tee-shirt et changea de caleçon, il était épuisé, il prendrait sa douche demain, même si il pouvait encore sentir le parfum de la jeune femme avec qui il avait passé un moment quelques heures plus tôt.
Alors qu'il allait se mettre dans son lit, il trébucha et se retrouva au pied de ce dernier. Il jura, étalé à terre et récupéra l'objet du délit, tout en restant à terre. C'était un cadre, un putain de cadre, avec une putain de photo de lui et Ji-eun. Il la regarda un long moment, puis soudain ses yeux se remplirent de larmes, son cœur se mit à battre la chamade, et c'est là qu'il la vit, sur la table basse, cette arme, avec laquelle il passait beaucoup trop de temps en ce moment.
Elle l'appelait, elle le narguait, cette putain d'arme de service, chaque jour elle lui rappelait qu'il pouvait parfois être faible.
Dans un élan de colère, il s'empara de l'objet de la tentation et de nerf la posa sur sa tempe. Il était comme fou, les larmes coulaient sur son visage, sans même qu'il ne s'en rende compte.
— Et si j'appuyais sur la détente Bam, hein, si tout s'arrêtait...Putain ouais, si tout s'arrêtait, qu'est ce que ça pourrai changer hein...Foutu vie de merde, putain. Peut-être que c'est ça qu'on attend de moi, peut-être que si je me fais exploser la tête alors toute cette mascarade va stopper et tout va reprendre ses droits ?
L'animal sembla comprendre son maître et son désespoir, alors il se colla à lui comme il le faisait dans ces trop nombreux moments, poussant sa main libre qui pendait le long de son corps, comme pour attirer son attention sur autre chose, puis émit un petit gémissement.
— PUTAIN ! Cria t-il à nouveau, des sanglots dans la voix, puis il ouvrit la bouche et dirigea le canon contre son palais, prêt à appuyer sur la détente.
Il y était presque, il allait le faire, il allait tirer et tout allait s'arrêter. Il pouvait sentir la mort, oui il la sentait, il n'avait plus peur, il n'avait jamais peur, c'était ça son problème, il n'avait pas peur...
Alors vas-y Jeon, appuie, fait le, soit un homme, arrête le monstre qui est en toi, tire. C'est encore temps, lui criait sans cesse cette petite voix dans sa tête.
Il releva son autre main et vint l'entourer autour de l'autre qui tenait l'arme, fermant les yeux, le doigt sûr la gâchette qui commençait à appuyer sur la détente, quand soudain, on frappa violemment à la porte et sans même qu'il ne comprenne ce qu'il se passait cette dernière s'ouvrit avec force.
— Ne fait pas ça !
Jungkook, s'arrêta dans son élan et son chien se positionna devant lui, comme pour le protéger, grognant et montrant les dents, prêt à attaquer.
— Ne fais pas ça, baisse ton arme. Lui redit l'homme qui lui faisait maintenant face, levant les mains devant lui, pour lui montrer qu'il ne lui voulait pas de mal. Je viens de la part de Jena, baisse ton arme, je dois te parler.
Jungkook fronça les yeux, essayant de comprendre ce qu'il se passait devant lui, de comprendre qui venait l'interrompre dans l'une des plus grandes décisions qu'il venait de prendre dans sa vie. L'autre homme s'avança alors un peu plus près de lui, bien que le chien lui montrait les dents, mais il savait que s'il ne rentrait pas dans sa zone de confort, il ne craignait rien.
— Je m'appelle Namjoon, je viens de la part de Jena, tu...Tu m'entends ?
Il avait du mal à savoir si le jeune homme le comprenait, il semblait encore en état de transe, le visage souillé de larmes.
— Jungkook, c'est ça, écoute moi, je...
— Je suis tellement fatigué de suivre ce chemin, je veux, je veux...Dit-il comme s'il se parlait à lui-même, les yeux rougis par les larmes qui coulaient encore sur son beau visage.
— De quel chemin parles-tu ? Je peux t'aider à en trouver un autre si c'est ce que tu veux, alors reste avec moi mec, pose ce flingue et écoute moi.
— Qui que tu sois, pourquoi je t'écouterai ? Sembla t-il enfin prendre conscience de la présence de l'autre homme.
— Parce que je peux te donner une nouvelle raison de rester en vie, de vivre. Jena m'a dit que tu étais quelqu'un de confiance, de droit, je veux y croire, mais avant tout je dois savoir si toi aussi tu peux encore y croire.
— Croire en quoi ?
— En la vie, en toi.
— En la vie... En moi...Plus personne n'a confiance en moi.
— Ecoute j'ai une mission à accomplir, et il y a une vie à sauver, c'est ton truc ça sauver les gens non ?
Le jeune homme se figea et fonça les sourcils, pour laisser un léger sourire se dessiner sur son visage, que le grisonnant eut du mal à cerner.
— Et qui me sauve moi, hein ? Répondit Jungkook, tout en baissant l'arme et en la posant à côté de lui, mais pas trop loin pour qu'il puisse reprendre là où il en était quand cet homme partirait.
Alors l'homme aux cheveux gris s'approcha encore plus près, lentement sans faire le moindre geste brusque, ne lâchant pas des yeux le jeune homme, ni son chien qui venait au même moment de se lever, montrant ses crocs férocement. Il allait attaquer, il en était sûr.
— Retiens ton chien gamin et je t'explique.
Jungkook sembla hésiter un instant, étudiant le jeune homme à côté de lui, puis basculant son regard vers l'arme à nouveau.
— Ecoute au moins ce que j'ai à te dire et après tu prendras ta décision.
Il allait l'écouter, et après il reprendrait ce qu'il était en train de faire. Alors il s'adressa à son chien d'une voix stricte, tout en pointant du doigt la porte.
— Bam, dehors.
Et le chien l'écouta immédiatement, sortant pour se positionner juste devant le palier du mobil-home, un œil protecteur sur son maître.
— C'est mieux, je peux ? Demanda Namjoon, tout en s'asseyant à côté de lui, sans attendre son approbation et en donnant un coup de pied dans l'arme pour l'éloigner du jeune homme. J'ai besoin de quelqu'un comme toi pour une mission qu'on m'a confiée et qui pourrait te redonner une raison de vivre, ou encore de refaire ta vie, de lui donner un nouveau sens.
— Plus rien ne me donne envie de continuer dans ce putain de monde, même pas mon boulot, alors ta mission...
— Jena, m'a dit que tu cherchais de l'adrénaline, des sensations fortes. Je peux t'apporter ça, mais toi tu peux m'apporter tes talents. Je sais que tu es un bon soldat, le meilleur dans ta catégorie d'après mes sources, mais surtout j'ai entendu parler de tes talents de faussaire.
— Jena...D'où tu la connais ?
— On...On travaille ensemble quelques fois, c'est une longue histoire...
— T'es un flic ?
— Pas vraiment...Mais j'aurai du commencer par là, mon nom c'est Namjoon et je suis un...Un...Disons que je travaille pour de riches hommes d'affaires, que je fait le sale boulot pour eux, pour de l'argent, beaucoup d'argent. Mais j'ai été un soldat, comme toi, et comme toi j'ai douté, comme toi j'ai perdu des gens, la femme que j'aimais, comme toi j'ai tenté de me faire exploser la tête parce que je pensais que c'était la meilleure chose à faire. Mais mec, la vie vaut la peine d'être vécu, et j'ai bien fait, j'ai à nouveau rencontré l'amour, alors que j'y croyais plus et cette putain de mission va me permettre de concrétiser ma vie avec elle.
— Et j'y gagne quoi moi ?
— Des amis peut-être, de l'argent c'est certain, une belle somme qui te permettra de mettre un coup de pied dans toute cette merde, parce que si j'ai bien compris, de l'argent t'en a aussi besoin non ?
Namjoon jouait la transparence avec lui, il était à fleur de peau. Il ne savait pas vraiment pourquoi le jeune homme accepterait, alors il avait tenté, l'amitié, l'argent...Mais il doutait vraiment que ces choses-là lui donnent l'envie de le suivre. Il semblait à bout, mais pourtant, il avait vu cette flamme qui brillait encore dans ses yeux, preuve qu'il n'avait pas encore totalement abandonné.
— Je dois récupérer des fichiers, un bijou et une jeune fille, le tout dans un réseau mafieux, au Japon. Une mission suicide finalement, au seins des Yakuzas. Le tout pour la modique somme de...
— Les yakuzas, une mission suicide.
— En gros c'est ça, oui.
— J'emmène mon chien.
— Je pense que c'est jouable, dit Namjoon en regardant droit devant lui et en secouant doucement la tête.
Alors, Jungkook se leva et sous les yeux étonné de Namjoon, commença à tirer quelques affaires et un énorme sac aux motifs militaires.
— C'était pas vraiment une question. Quand est-ce qu'on commence ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro