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𝟒𝟗. 𝐓𝐚𝐤𝐞 𝐚 𝐬𝐡𝐨𝐭 𝐨𝐟 𝐘𝐚𝐦𝐚𝐳𝐚𝐤𝐢




Finestra di espiazione - Kim Ji-Ae, Park Sejun

Oyabun - ARPX, Lycas Marcier, Fabiano Krieger, Rogerio Alves Da Costa Junior, Joao Mello

House in the Valley - ARPX, Lycas Marcier, Fabiano Krieger, Rogerio Alves Da Costa Junior, Joao Mello

Non-smiling people although Having Taken Everything - Jung Se Rin

Desperate Maternal Love - Kim Do Eun

Never Tear Us Apart - Bishop Briggs





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L'histoire du clan des Yamaguchi-Gumi avait commencé au dix-neuvième siècle. Aujourd'hui, il était connu comme étant le clan yakuza le plus grand et le plus renommé, mais beaucoup avait tendance à oublier qu'il avait d'abord été petit. Aussi petit qu'un poisson, tout comme l'était son premier Oyabun, alors encore pauvre pêcheur ayant quitté son île pour s'installer à Kobe.

A l'époque, le jeune homme du même nom, Yamaguchi, s'était d'abord fait une place dans le commerce portuaire, avant de finalement se rallier à un homme plus puissant, avec qui il avait fait équipe. Mais qui disait équipe disait aussi deux cerveaux, deux chefs, et Dieu seul savait que le pouvoir n'avait jamais été créé pour être partagé. Oui, aujourd'hui, beaucoup de gens avaient oublié d'où et comment était né le principal conflit des deux plus grands clan Yakuza de l'histoire, et la haine qui s'était instauré entre les Yamaguchi-Gumi et les Sumiyoshi-Kai était né au coeur d'un port, face à l'étendu éternelle qu'offrait l'océan.

Avec le temps, les clans s'étaient divisés et fait la guerre pour des terres, mais aussi pour de l'argent, avant que naisse une haine profonde envers l'autre. Mais bien que chaque partie avait ses atouts, le clan des Yamaguchi-Gumi possédait déjà, et ce, bien avant sa réelle constitution, un atout précieux.

La fidélité.

Le clan n'était pas seulement une constitution hiérarchique ou l'un devait obéir au plus grand, ils suivaient des codes précis, des règles solennels. Bien que l'ordre était présent, ils étaient tous des frères, ou des sœurs. Ils n'étaient pas seulement collègues ou amis, mais faisaient partie de la même grande et puissante famille.

Comme son nom l'indiquait, l'Oyabun avait toujours fait son rôle de "père", fournissant protections et conseils à ses enfants. Il avait toujours fait régner fidélité et obéissance sans même lever le petit doigt, sous le renommé code du "jingi", qui était synonyme de justice et de devoir.

L'amour, le respect et la fidélité, voilà quels étaient les plus précieux atouts des Yamaguchi-Gumi.

Tout ce que n'avait jamais eu le clan adverse, bafoué par la haine et la rancœur. C'est ce qui avait séparé leurs deux parrains à l'époque, l'un ne comprenant plus la vision de l'autre, jusqu'à en faire couler le sang.

Dès lors que son clan commença à prendre de l'ampleur, l'Oyabun des Yamaguchi-Gumi fit de Nakano-shima (ou Nakano), son île natale, un lieu sain et propice aux rituels Yakuza. Étant la troisième plus grande île des îles Oki, le premier parrain du clan en fit le cœur de sa gloire, par amour pour ses racines mais aussi, car sa position géographique était parfaite. Elle se situait à trois heures de ferry de l'île principale de Honshu, là où se situait la capitale japonaise et toutes ses plus grandes villes. De ce fait, elle était non seulement un lieu de rite, mais aussi, un repli parfait à la moindre occasion.

Depuis ce jour, Nakano-shima devint un réel exemple à suivre pour tous les autres clans, et l'Oyabun de leurs principaux ennemis ne tarda pas à faire entendre son mécontentement. Mais même sa jalousie maladive ne put empêcher les Yamaguchi-Gumi de grandir et de prospérer.

Lorsqu'il était enfant, Taehyung se souvenait y avoir mis les pieds trois fois.

La première fut lorsqu'il eut sept ans, aux côtés de sa mère et de son grand-père, qui lui avait alors raconté toute l'histoire de son clan, de son sang, faisant naître en lui ce sentiment indescriptible de fierté.

La seconde fois, ce fut lors de l'année de ses douze ans, accompagné de toute sa petite famille et évidemment, de sa jeune sœur qui avait été proclamée comme membre à part entière du clan.

La troisième et dernière fois, Taehyung s'y était rendu accompagné non seulement de sa famille, mais aussi, de tous les membres les plus puissants du clan, afin de faire de lui, le futur héritié.

Il fallait savoir que pour être admis dans un clan, il avait toujours fallu faire ses preuves, et ce, même si nous y étions lié de naissance. Cette loi avait été instaurée par son grand-père et son prédécesseur avant lui, loi qu'avait tenu à suivre sa mère à tout prix. Que ce soit pour les membres que l'on nommait "pur" comme Taehyung ou bien pour d'autres, peu importait la nationalité, il suffisait de prouver son attachement aux traditions, ainsi qu'à la famille.

Ainsi, le noiraud avait suivi toute une cérémonie d'admission à sa majorité. Ce rituel d'entrée fut très cérémonieux, la réception avait été fixée en accord avec le calendrier lunaire, tous les participants étaient vêtus de kimonos, placés dans un ordre établi, dans le silence le plus complet. Tout s'était déroulé dans une salle traditionnelle au cœur du plus gros temple de l'île, où étaient entreposés un autel shintoïste et une table basse remplie de cadeaux. L'Oyabun de l'époque, autrement dit, sa mère, s'était assise face à son fils, et ainsi, agenouillés l'un à côté de l'autre en face de témoins que l'on nommait Azukarinin, ils avaient préparés du saké mélangé à du sel et des écailles de poisson (à la gloire de leurs origines) qu'ils avaient versés dans des coupes. Afin de respecter son statut, la coupe de sa mère avait été remplie pleinement. Le salé symbolisant les liens du sang, ils burent une gorgée de leurs coupes avant de se les échanger, et de boire à nouveau.

Sa mère avait alors fait un discours rappelant les principes des yakuzas : fidélité et obéissance aveugle, et le rituel se vit clore par la rupture du silence, où tous les participants hurlèrent en coeur "Omedo Gozaimasu !".

Par ce partage de saké et par la présence des membres les plus influents, Taehyung devint alors un membre à part entière du clan Yamaguchi-Gumi, promettant d'être un fidèle successeur et un héritier digne de ses futures responsabilités.

A l'époque, il n'aurait jamais pu se douter de tout ce qui allait se passer ensuite, et il s'en était allé de l'île cœur léger.

Aujourd'hui, au bord de cet énorme ferry et accompagné de ses plus dignes et fidèles membres, il se tenait là, au devant de la poupe, les mains dans les poches de son pantalon. Le vent qui frôlait son visage ne lui avait jamais paru si abject, lui qui avait toujours aimé l'océan.

Terré dans le silence, il se tenait là, droit et la tête haute, les sourcils froncés et les yeux plissés à cause du sel. Il pouvait voir au loin, les fines courbes de l'île se dessiner et jamais il n'aurait pensé devoir s'y rendre un jour avec le cœur si lourd.

Devant lui se dessinait les vestiges d'une gloire passée mais aussi, les souvenirs d'une enfance heureuse, l'amour de ses parents, la fierté de sa famille, mais aussi, celle de son clan tout entier. Ce clan qui avait été trahi, menacé, vendu, massacré et tué à ses dépens, sans qu'il ne puisse l'arrêter.

Devant lui, se tenait son ancienne promesse, mais aussi, les résultats de ses choix et pire encore, ce qu'il pensait être une pure trahison, non pas seulement envers sa mère, mais aussi, envers toutes celles et ceux qui avaient cru en lui.

Lorsqu'il avait finalement quitté le pays, Taehyung était parti en laissant derrière lui un énorme poids, aussi gros qu'un moellon qu'on lui aurait attaché à la cheville pour le faire sombrer au fin fond de l'océan. Il avait naïvement pensé que tout ne serait que de l'histoire ancienne, bien qu'il n'avait jamais oublié sa promesse.

Maintenant qu'il se tenait là, au bout du ferry, Taehyung se maudissait d'avoir abandonné les siens, et méditait sur sa propre sanction. Puisque les yakuzas n'étaient pas connus que pour leur cérémonie d'entrée mais aussi, pour celle de leur départ. C'était une cérémonie assez connue du monde entier, sous le nom de "Yubitsume", que l'on réservait à celles et ceux qui osaient enfreindre le code d'honneur. On demandait alors à la personne concernée de s'auto-mutiler, souvent le petit doigt, et de l'offrir à l'Oyabun tout en lui rendant sa coupe de saké.

Si à l'avenir, la personne fautive enfreignait à nouveau le code d'honneur, alors la même cérémonie se répétait, coupant à nouveau un doigt, puis un autre...

En y pensant, Taehyung se mit à rire pour lui-même.

Que ce soit un seul doigt ou bien dix, cela ne suffirait jamais à combler ses fautes. Non. Il méritait peut-être encore bien pire, la sentence la plus radicale, celle que les occidentaux aimaient voir sur les grands écrans : Hara-kiri.

Oui, peut-être que finalement, cela était la sentence qu'il méritait pour avoir abandonné sa mère, sa sœur, et tous les autres...

Mais avant, il se devait, de par son titre et de par son nom, de les venger, jusqu'au dernier. Il devait expier ses fautes, faire honneur à la promesse qu'il avait faite ici même il y a des années, faire honneur à son sang, à son clan.

Pour ce faire, il lui avait fallu du temps, beaucoup de temps et une patience à crever. Il avait dû se battre contre ses propres principes, abattre ses préjugés, mais il n'avait pas été seul. Cela avait été difficile de faire tenir le peu d'hommes qui lui restaient encore, ceux et celles qui s'étaient tapis dans l'ombre pour vivre. Tous ces gens avaient vécu dans la peine et le malheur, forcés à vivre cachés. Yamane avait été un réel atout pour leur faire garder la foi, et surtout, pour prendre soin des leurs.

Aujourd'hui, à bord de ce maudit ferry, Taehyung savait que son nombre d'hommes serait bien moindre que ceux de son ennemi. Quelques années plus tôt, Lay avait finalement réussi à prendre d'assaut l'île sacré des Yamaguchi-Gumi pour la faire sienne, et bien qu'il était un sacré connard, il ne l'avait pas réduite à feu et à sang. Il avait seulement fait "le ménage" et instauré son pouvoir.

Ceci dit, Taehyung n'avait jamais aimé la violence, et ce, même s'il savait que parfois, elle était nécessaire. Abattre certains pions de Lay afin d'en arriver là l'avait presque rendu fou, car la vue du sang était comme la première dose de nicotine. Aux premiers abords, on pouvait croire qu'il était possible de s'en passer mais avec le temps, elle devenait essentiel, vitale.

— Monsieur, nous allons bientôt arriver. Nous attendons vos ordres, prononça Takuya, se tenant juste dans son dos.

Taehyung ne répondit pas de suite et les yeux plissés, fixa encore cette île qui devenait de plus en plus claire avec la lumière du soleil levant, avant d'enfin se retourner.

— Que tous les hommes présents sur le ferry se prépare à aborder, mais avant, donne leur quelques minutes pour se repentir à la lumière du jour. Ce sera peut-être la dernière fois qu'ils la verront.

— Ils sont prêts, Monsieur. Il ne manque plus que vous.

— Bien, souffla Taehyung, de sa voix rauque et autoritaire. Alors il est temps.


*


A son arrivée, Taehyung trouva l'île plutôt silencieuse.

Pour se faire petit et ne pas invoquer tous les sbires de son ennemis, ce qui les aurait tout droit mener à une embuscade perdue d'avance, il avait choisi de faire amarrer son bateau de l'autre côté, celui qui était autrefois utilisé pour recevoir les marchandises et les cadeaux, lors des cérémonies.

Néanmoins, il n'était pas dupe, et il savait que quelque part, les hommes de Lay l'attendait déjà de pied ferme.

On aurait pu croire que le noiraud se serait habillé tel le militaire qu'il avait été, mais ici, au sein de cette île, aucun combat à l'arme à feu n'était autorisé. Cela avait été une loi écrite dans la roche par le premier Oyabun de son organisation, et respectée par tous les autres. Ainsi, Taehyung portrait seulement un accoutrement traditionnel, muni d'un long kimono rouge et noir, et dans son dos, trônait les deux katanas les plus sacrés de sa famille.

Aussi surprenant que cela pouvait paraître, il avançait seul dans la petite forêt qui longeait la plage et qui menait tout droit au temple. Autour de lui, caché dans les feuillages, ses hommes suivaient ses pas, restant sur leurs gardes.

La première victime de leur visite fut un homme qui devait être un éclaireur supposé. Dans le silence le plus complet, Takuya, l'un des hommes de main de Taehyung et le plus doué au kitana l'avait abattu d'un seul geste, laissant son corps inerte retombé dans la boue.

Au fur et à mesure de leur avancée, les hommes du noiraud abattirent leurs ennemis sans embûches, les abandonnant à leur propre sort, quand bien même ces derniers pouvaient les supplier de ne pas les laisser mourir comme des animaux sauvages. A chaque fois, Taehyung les avait regardés sans une once d'empathie, car à ses yeux, celles et ceux qui se battaient aux côtés de Lay n'étaient que des êtres corrompus et viles à souhait.

Alors que l'autre côté de l'île, une petite poignée d'hommes s'occupaient de réduire à néant les forces ennemies, Taehyung et ses compagnons arrivèrent enfin près du temple. C'est à ce moment-là qu'ils leur fit signe de cesser tout mouvement, afin d'analyser le terrain.

Les portes de la grande cour étaient ouvertes, signe que Lay attendait déjà sa venue. Ce bâtard avait organisé tout cela, et bien que Taehyung le savait maintenant être un simple pantin, il ne pouvait que ressentir une haine immense grossir comme une tumeur au cœur de sa poitrine.

— Attendez le signal, et seulement là, vous pourrez me rejoindre. Compris ?

Taehyung ne reçut qu'un signe de tête de Yakuza comme réponse, ses autres hommes s'abaissèrent en signe de respect lorsqu'il reprit sa marche lente jusqu'aux portes, seul.

La fraîche brise de vent fut sa seule et unique compagnie lorsqu'il arriva à l'entrée de la grande cour, et ainsi, devant toute une garde d'homme armé d'aussi gros katanas que les siens, Taehyung baissa la tête et fixa ses pieds, cherchant à calmer les fortes pulsions que pouvait émettre son coeur.

Lorsqu'il releva les yeux, ses deux mains glissèrent chacune sur les poignées de ses différents katanas, prêt à être dégainés à la moindre occasion.

Il regarda un à un tous les hommes qui se trouvaient là, avec ce visage froid et impassible, comme si juste en les toisant, il pouvait les abattre un à un dans sa profonde conscience, imaginant leur sang dévalé sur les dalles de pierres.

C'était un combat silencieux et pesant, où chacun attendait le premier mouvement de l'autre pour riposter.

Taehyung savait qu'au moindre geste déplacé, il parirait sa propre tête, mais cela ne l'empêcha pas d'avancer, doucement, jusqu'à se placer au centre de la cour, se retrouvant alors totalement encerclé.

Autour de lui, ses ennemis commencèrent à brandir leurs armes, tandis que l'on pouvait entendre les siennes glisser dans leurs étau, comme des couteaux aiguisés que l'on frottait l'un contre l'autre.

— Il est trop tard pour choisir votre camp, dit-il, presque dans un murmure.

Il vit certains hommes s'approcher à pas de loup de sa personne, cherchant le meilleur angle pour l'attaquer, mais rien ne pouvait lui échapper.

Il connaissait le terrain comme personne.

— Alors c'est ici que prendra fin votre serment, à l'endroit même où il a commencé.

Lorsque son dernier mot fut prononcé, Taehyung fut le premier à contrer l'attaque de deux premiers hommes, faisant griser leurs katanas entre eux. D'un geste élégant et maîtrisé, il les repoussa violemment, et fit glisser sa lame sur la peau de leur nuque. Autant dire que ses victimes ne purent riposter, tombant comme des mouches sur la roche, avant que d'autres ne l'assaillent à nouveau.

A chaque nouvel ennemi, Taehyung fit danser ses lames entre elles, les massacrant un à un, mais bientôt, il fut plongé dans un océan de riposte mais fort heureusement, ses hommes arrivèrent à cet instant pour lui porter main forte.

Ils étaient peu, et s'il avait pu voir cela de haut, Taehyung aurait pu assister à la défaite de certains de ses hommes, qui perdirent la vie avec un sourire dédié à leur seul et unique Oyabun.

Bien qu'il était maître de l'art de la lame, Taehyung ne put éviter certains coups et fut lui aussi blessé, remarquant facilement le sang qui vint tâcher ses vêtements.

Soudain, alors que les ennemis ne cessaient d'arriver de toutes part, les grandes et lourdes portes du temple s'ouvrirent et ce bruit sourd suffit à faire cesser tout combat.

Taehyung vit ses ennemis se rabattre et s'approcher des immenses escaliers, portant leurs lames droites, devant leurs visages.

L'homme qui avait fait cesser tout conflit fit son apparition, et accompagné d'une dizaine de sbires, la tête haute, portant un admirable kimono noir à l'emblême du lotus blanc dans son dos, il se mit à avancer, descandant les vingt premières marches. Enfin, il arriva au palier qui le séparait encore d'une trentaine de marches du bas de la cour, et c'est d'ici, perché et loin d'un quelconque conflit qu'il se mit à sourire malicieusement.

Plus bas, reprenant lentement son souffle et tenant toujours ses deux lames dans ses mains, Taehyung fit un geste pour ordonner à ses subordonnés de rester calme. Autant dire que leur sang à tous bouillonnait dans leurs veines, mais il avait compris qu'à cet instant, la bataille n'était plus.

Alors, toujours en se montrant digne, Taehyung s'avança, comme sans crainte, près des escaliers. Il y avaient encore toutes ces marches qui le séparaient de sa cible, mais il s'en contenta, et le toisa, le regard noir.

— Je t'attendais, Kim Taehyung.

Entendre prononcé par la bouche salie de Lay fit frémir le noiraud, mais il ne pipa mot, et resta immobile.

— On dirait que l'accueil qui t'était réservé t'a plus finalement, moi qui croyais que tes lames étaient rouillées.

— Ou est Yamane, demanda Taehyung, en colère.

— Toujours aussi pressé, Taehyung...Laisse moi d'abord t'acceullir comme il se doit afin que l'on en discute, tu veux ?

— Comment oses-tu...

— N'es-tu pas heureux de retrouver cette île après si longtemps ? Toi qui n'avais eu que ce mot à la bouche après ta cérémonie...Oh, je me souviens encore de...

— Ferme-là ! Hurla Taehyung, sans ciller pour autant. Comment oses-tu bafouer les codes et les lois de cette île, toi qui prône être l'Oyabun sacré de tous clans ?

Au moment même où il hurla, Taehyung avança d'un pas, prêt à sauter à la gorge de son ennemi mais aussitôt, l'ensemble de ses hommes présents se firent attraper. Les lames de leurs assaillants se retrouvèrent près de leur cou, prêt à en faire jaillir le sang. Les poings et la mâchoire serrée, Taehyung comprit que quoi qu'il fasse, il serait démuni.

Il savait que cela se produirait, mais il ne pensait pas que cela allait arriver aussi tôt, il pensait pouvoir tuer Lay, avant de mourir.

— Ah, Taehyung, tu sais mieux que moi à quel point cette île regorge de secret, hm ? Tu pourrais chercher ta sœur pendant des jours et des jours, elle pourrait même finir par mourir à t'attendre si despérement.

— Si tu oses toucher ne serait-ce qu'à un de ses cheveux, Lay...

— Moi ? Non, non merci. Tu vois, ta sœur, elle est bien mignonne mais je n'en ferai pas mon goûter. Par contre toi, dit-il en riant. Mais rassure-toi, dit-il en voyant les orbes de Taehyung s'assombrirent un peu plus, ce n'est pas moi qui m'amuse à la torturer.

L'image même de sa sœur devant subir toutes sortes de punitions donna l'horrible envie à Taehyung de vomir toutes ses tripes. Jamais il n'avait ressenti autant de colère, qu'il ne pouvait la décrire ni même la contrôler.

— Tu es tout pâle Taehyung, tout va bien ? s'amusa Lay.

— Je vais te tuer ! hurla alors Taehyung, à bout. je vais te...

— Pas si vite joli coeur, le coupa son ennemi.

Lorsqu'il leva la main, deux de ses hommes vinrent attraper les poignets de Taehyung qui se retrouva alors à leur merci, pris au piège.

— Touche moi maintenant, et ta sœur mourra à la seconde. Cela dit, si tu es prêt à tirer un trait sur ce qui te reste de famille et sur ta propre vie, dis-le moi, et nous en finirons ici-même, et maintenant.

Comprenant que tous ses efforts avaient été vint, pour ne pas risquer la vie de sa soeur et surtout son honneur auprès de ses hommes, Taehyung du se faire violence et donna un coup d'épaule à ses ennemis, qui le relachèrent tout en prenant soin de lui retirer ses armes. Puis, bouillant de colère, Taehyung grimpa les quelques marches qui le séparaient de Lay.

Les deux hommes se firent alors escorter dans le grand temple, et Taehyung eut mal au cœur en voyant le grand hôtel sacré devant, sans pouvoir redorer son image. Cela dit, il suivit son ennemi jusqu'à une petite salle privée qui se trouvait dans l'un des couloirs gauche.

C'était une salle décorée de tissus rouge et noir, et où se trouvait seulement une petite table autour de laquelle ils s'agenouillèrent, face à face. Il est vrai que dans une telle position, il aurait suffit à Taehyung de se jeter à la gorge de son adversaire pour l'étrangler jusqu'à ce qu'il perde son dernier souffle, mais il était hors de question qu'il le tue ainsi, ici, au coeur même du temple.

Il avait un honneur, celui de son peuple, celui des Yakuza, c'était ainsi qu'il avait été élevé.

Alors, il se contenta de le fixer comme si son regard pouvait le pulvériser à chaque seconde, tandis que Lay repoussa légèrement les tissus de son kimono avant de s'asseoir convenablement à son tour, posant ses deux mains sur le bois.

— Je sais que tu es venu pour me tuer, et je sais que je peux mourir, aujourd'hui, commença t-il. Mais as-tu imaginé un seul instant que toi aussi, tu y perdrais la vie ?

— J'en suis capable, pour le clan.

Sans surprise, Lay se moqua de sa réponse.

— Mais de quel clan veux-tu parler Kimi, ils sont tous morts ou vendus, je m'en suis assuré moi-même.

— Tu te trompes, souffla Taehyung dans un rictus à en faire froid dans le dos.

Intrigué, Lay passa la langue sur ses lèvres et arqua un sourcil.

— Tu m'en diras tant ?

— Je sais que tu n'es pas celui qui contrôle.

Contre toute attente, alors qu'il pensait que cette affirmation aurait eu l'effet d'une bombe, Lay resta de marbre un instant avant d'éclater de rire, comme si Taehyung avait fait la blague de l'année. Néanmoins, le noiraud ne se laissa pas décontenancé, et continua sur sa lancée.

— De quoi parle les fichiers, Lay ?

— Je n'en sais rien, dit-il simplement.

Alors il savait.

Lay était au courant qu'il existait des fichiers secrets qui pouvaient éventuellement menacer son règne, mais cela ne semblait pas l'effrayer.

— Où est le collier ? reprit Taehyung, sévère.

— Le collier ? Mais quel collier ?

— Arrête de te foutre de ma gueule, cria Taehyung en tapant du poing sur la table. Je sais que tu t'es servie de Ara pour l'obtenir !

— Ah oui, Ara...siffla Lay, pensif.

Ce qu'il pouvait être agaçant. C'était à croire que tout n'était que petit à ses yeux, comme si rien ne comptait ou n'avait d'importance. Voilà qu'il se retrouvait aujourd'hui face à son ennemi juré, voilà que tout lui était offert sur un plateau d'argent et pourtant, il semblait s'en amusé comme un gamin extasié devant un cailloux à l'école primaire.

— Où est Yamane ?

— Ah, dit-il en levant le doigt et en faisant d'être plus intéressé, ça je sais. Incroyable non, fit-il, tel un fou.

— En fait...souffla doucement Taehyung en gonflant les narines de son joli nez. Tu te fiches totalement de tout ça ? Tout ce qui t'importe, tout ce que tu veux...C'est le pouvoir et l'argent.

— Et j'ai tout, conclut Lay. Alors que dire lorsque tout va bien dans le meilleur des mondes, hm ? Mais toi, au final qu'as-tu ? Dis-moi qu'est-ce que tu as Taehyung ?

Pendant quelques secondes, Taehyung le fixa, comme vidé de tout ressentiments. Finalement, il ne pouvait qu'avoir de la peine et de la pitié pour lui, Lay n'était qu'un mirage, une personne froide et dénuée d'amour et de compassion. Il était comme un robot et agissait sous l'effet de la drogue, qui chaque jour, chaque heure, chaque seconde, détruisait ce qui lui restait de cervelle. Certes, il pouvait mener à bien un empire colossal, mais au prix des vies d'autrui.

Il n'était rien qu'un pantin.

— Tu vois...c'est ce qui nous différencie, toi et moi, lui dit Taehyung en scellant ses yeux aux siens. Tu dis que nous sommes pareil, mais toi, tu es un monstre.

— Dis celui qui a osé amener ses soit disant "amis" ou "frères" jusqu'ici au nom de ses propres ambitions, lui lança Lay, sur le même ton.

Puis, il lia ses mains l'une à l'autre, et le fixa avec intérêt.

— Les fichiers, la fille, le collier...Ce ne sont que des prétextes Taehyung. Cette mission, elle était déjà toute faite pour toi.

Taehyung ne répondit pas, n'étant pas certain de suivre le raisonnement de son vis-à-vis.

— Et oui, toi tu ne pensais quand même pas être le plus malin de l'histoire quand même ? Je sais tout, depuis le début. Crois-tu seulement que je t'aurais laissé mettre un pied sur mon territoire si je n'en avais pas eu vent ?

Soudain, l'ambiance autour de lui sembla changer, et Taehyung se retrouva un peu chancelant, se demandant Diable pourquoi tout prenait une tournure différente, à laquelle il n'avait même pas pensé.

Etait-il devenu si aveugle ? Que penserait sa mère ?

— Pourquoi m'as tu fait venir jusqu'ici ? Demanda t-il. Pourquoi as-tu fait enlever Yamane ?

— Parce qu'il me l'a demandé. Tu sais Taehyung, je sais que tu n'as pas peur de moi. Mais crois-moi, lui, tu ne pourras que le craindre.

— Je ne crains personne d'autre que Dieu lui-même.

— Ça tombe bien, parce qu'on le surnomme Dieu de la mort. Ça te dit quelque chose, pas vrai ? Chez nous, on l'appelle Shinigami.

Lay laissa planer un lourd silence, se délectant des émotions pourtant extrêmement fines qui passaient sur le visage de Taehyung. Il savait, il savait qu'à partir de ce moment précis, il l'avait eu.

— Tu ne l'as toujours pas démasqué toi aussi, je peux le lire dans tes yeux. Toi qui pensais tout savoir et tout comprendre, tu t'es laissé berné par la puissance et l'intelligence de celui que tu dis ne pas craindre.

— Qui est-il ? Depuis quand te fait-il chanter ?

— Tu te souviens, tu lui as parlé, une fois. Je crois que tu l'as mis en colère, Kimi. Crois-moi, dit-il en retirant quelque peu son kimono, dévoilant alors des traces violacées et d'autres hématomes et blessures, il a une sacré force. Je devrais peut-être te remercier pour ça, maintenant, il fait moins attention à moi, et c'est pour cette raison, que je te propose le marché suivant.

Taehyung était là, l'écoutait et le regardait s'exprimer et pourtant, tout semblait se chambouler dans sa tête, comme si une tornade s'amusait à faire des ravages dans chacune de ses cellules nerveuses.

— Je sais que vous voulez ce foutu collier, et ces fichiers à la con, je les ai. Tout est ici. Je suis même prêt à te donner Ara, elle n'a aucune importance à mes yeux. De toute façon, elle est déjà morte, ravagée par la drogue.

— Tu es complètement fou...dit Taehyung en serrant les dents. A quel prix ?

Comme à son habitude, Lay fit mine de réfléchir en posant le bout d'un de ses doigts sur ses lèvres, puis soudain :

— Au prix de sa vie, à lui.

— Qui ?

— Ton chien, qui d'autre.

Cependant, Taehyung ne fit pas de lien avec ses paroles et se mit à froncer les sourcils.

— A d'autres Taehyung, je sais que Jungkook est ton point faible.

— En aucun cas, c'est mon...

— J'ai déjà vu ce regard par le passé, dit-il en lançant le menton en direction du noiraud. Le tiens, une fois, lorsqu'on était jeune.

— J'étais adolescent, ça n'a plus rien à voir.

Il était évident que Lay souhaitait jouer sur la corde sensible de son vieil ami, revenant alors sur des histoires d'amour oubliées. Oui, il se souvenait bien de ce garçon, le premier et peut-être le seul que Taehyung avait osé aimé.

— Ah oui ? Alors ça ne te fera rien de savoir que j'ai fais de ton premier amour, la première victime de mes expériences avec les red rooms.

Soudain, Taehyung se mit à voir rouge. Bien que c'était de l'histoire ancienne, bien que ce garçon n'existait dans sa mémoire plus que comme un doux souvenir, il pouvait encore sentir son agréable odeur ou se rappeler du son de sa voix. Il l'avait quitté pour des raisons personnelles, étant alors trop engagé dans ses futures responsabilités, mais il l'avait aimé.

Il l'avait aimé et l'avait abandonné, souhaitant que le meilleur pour ce garçon qui n'aurait pas mérité une vie amoureuse auprès d'un foutu gangster à la con, bien que Taehyung ne s'était jamais réellement considéré comme tel.

Ce garçon, dont il ne se rappelait plus du nom, avait une famille à laquelle il tenait, une sœur aussi qu'il aimait beaucoup. Il avait des ambitions et un bel avenir devant lui, alors, savoir qu'il avait été utilisé, souillé, peut-être même tué à cause de lui, devint insupportable.

Alors, dans un profond élan de haine, Taehyung se leva d'un bond, imaginant déjà ses deux mains autour du cou de son ennemi, pour le serrer jusqu'à que son souffle s'éteigne mais quelqu'un l'en empêcha, bravant son fer juste en dessous de son cou.

— Vas-y, Taehyung, lui glissa Lay en le fixant. Tue moi. Mais tu regretteras peut-être de ne pas avoir dit adieu à tes amis.

— Mes amis ? Laisse les en dehors de ça ! Ils n'ont rien à voir avec toute cette merde dans laquelle tu nous as plongé ! Ils ne sont même pas ici !

— Alors il faut croire que ce fameux Shinigami à de l'inspiration à revendre. Je ne sais pas comment il a réussi à t'attirer jusqu'ici le premier, mais tous tes amis ont suivi. Tu croyais vraiment que je n'avais pas d'hommes en mer ?

Sans qu'il ne puisse le contrôler, Taehyung senti ses jambes faiblir et on le rattrapa de justesse, l'éloignant de son vis-à-vis.

— Ne t'affole pas, reprit Lay. J'ai fait en sorte de tous les garder vivant, j'ai seulement pris soin de récupérer la caution en avance, tu ne m'en voudras pas ? Enfin, c'est étrange...Ton chien, lui, n'était pas...

Sa parole fut coupée lorsqu'un de ses hommes pénétra dans la pièce, le visage troublé. Trouvant cela anormal, Lay se releva et lui demanda ce qui pouvait bien se passer dans la cour.

Au même moment, Jungkook était arrivé de nul part dans la grande cour du temple et armé de katana qu'il avait reçu d'on ne sait où, il s'était attaqué à toute la horde d'hommes présents, hurlant le nom de Taehyung. Même seul, il avait réussi à en abattre assez pour pouvoir grimper les premières marches mais alors les gardes les plus proches de Lay s'en étaient mêlés, et ce n'est autre que Yongguk qui avait fini par l'attraper.

Ainsi, le tatoué avait traîné Jungkook jusqu'au temple, le tirant comme un moins que rien tout en faisant bien attention à ne pas l'abîmer, et ce, jusqu'à ce qu'ils n'arrivent dans la petite salle.

Lorsqu'il le vit, Lay ne put s'empêcher de sourire à pleine dent et c'est à ce moment que Yongguk le balança aux pieds de Taehyung, qui lui, était retenu par un autre homme habillé en noir. Encore chamboulé par sa discussion et par tout le reste, mais surtout animé par toutes sortes d'émotions, Taehyung finit tout de même par baisser les yeux et il le vit, là, à genoux, à bout de souffle.

Autant dire qu'il n'avait même plus de mot pour pouvoir exprimer sa surprise et le choc qui l'avait assailli. Il ne comprenait pas pourquoi et comment Jungkook était arrivé jusqu'ici, et surtout, pourquoi il était venu.

— Parfait ! s'écria soudainement Lay. Maintenant que tous nos protagonistes sont là, jouons un peu, pour nous divertir, parce que tu m'excuseras Kimi, mais tu es parfois si ennuyant. Je vais vous expliquer les règles du jeu, tu vas aimer, elles sont simples et radicales, ton chien va adorer y jouer, dit-il en souriant comme un malade mental.. Je suis prêt à vous donner tout ce que vous recherchez, mais pour l'obtenir, vous devrez d'abord reconstituer toute votre petite équipe. C'est pas beau tout ça ?

Alors que Jungkook avait fini par rencontrer ses orbes noires, Taehyung reprit conscience d'où ils étaient et du danger qui allait les animer, puis, redonna toute son attention à Lay.

— Qu'est-ce que tu entends par "reconstituer" ?

Lay fit mine de ne pas avoir vu le petit sourire malin de Jungkook, qui le toisait maintenant avec une animosité sans pareille, et entreprit de se diriger vers la petite table dont il tira un tiroir inconnu, ainsi que différentes petites enveloppes.

— J'ai toujours aimé nos petits jeux, quand on était enfant, Kimi. Tu adorais ça toi, la chasse au trésor, hm ? Ce sera très simple. Pour retrouver vos amis et retrouver votre équipe, je vous propose de jouer à ces petits jeux. Gagnez, et vous récupérerez votre ami. Perdez, et il meurt. Comme pour un simple jeu de l'oie, cela vous mènera à nouveau jusqu'aux fichiers, jusqu'au collier et jusqu'à moi, sans parler de la caution que je pense, vous voudrez certainement récupérer.

Lay pensait devoir attendre un moment avant d'obtenir une réponse, mais l'attente fut plus courte que prévu, car Taehyung ne prit même pas la peine de réfléchir et souffla :

— Je le ferais.

— Oh, mais j'avais oublié...Pas seulement toi, regarde, dit-il en s'approchant de Jungkook et en écrasant volontairement ses mains appuyées sur le sol. Ton chien est là aussi. Il va t'aider et peut-être plus si affinité, hm ? Enfin, ça c'est déjà fait non ? Au fait, qui est le dominant dans votre relation, toi, ou lui ?

Il appuya de tout son poids sur les mains du plus jeune et se délecta de sa douleur, en se mordant le bout du pouce.

Seulement, ce n'était peut-être pas la chose à faire puisque Jungkook semblait peut-être épuisé mais ce n'était que ce qu'il voulait laisser croire. Alors, il en profita pour attraper la jambe de son ennemi à laquelle il s'agrippa pour se remettre debout, lui faisant face, presque front contre front. L'envie de lui cracher au visage était plus forte que tout, mais il se contenta de le regarder comme s'il allait le tuer d'une minute à l'autre. Sentant la tension monter, Taehyung se détacha de ses chaînes et l'attira alors contre son torse.

— Ne fais pas ça.

— Je-vais-te-tuer, dit Jungkook à bout en fixant Lay.

Malgré tout, Taehyung le tira une nouvelle fois contre lui et lui souffla au creux de l'oreille de retrouver son calme, tentant de le maîtriser.

— C'est ça, garde-le bien, Kimi.

— Jungkook, écoute-moi, tu dois garder ton calme. Pas ici.

— Tu comptes le laisser faire ? hurla Jungkook, toisant alors son amant. Il suffit juste de le tuer, maintenant, laisse-moi m'en occuper !

Mais alors qu'il commencèrent à se toiser avec dangerosité, comme deux chiens enragés, prêt à combattre, Lay en profita pour reprendre place à genoux derrière sa petite table, riant de leur petite comédie.

— Que c'est mignon, adorable. Vos échanges doivent-être si passionnants, deux loups en proie à la dominance. Arrivez-vous à vous entendre sur ce point là ? Je suis curieux, qui de vous deux fait jouir l'autre, lui ou toi Kimi ? Je crois que j'ai ma petite idée, mais...

— Putain.

Sans crier gare, Jungkook fut pris d'un élan de folie et se jeta sur Lay, se fichant totalement de se cogner les tibias contre la table. Il était comme un lion qui attaquait sa proie, et le poing levé, s'apprêta à le frapper quand Taehyung vint retenir son poignet dans les airs. Mais, incontrôlable, et sans qu'il ne comprenne comment, Jungkook finit par faire parler sa colère, cependant, cette dernière se retourna contre son amant qui, pour le calmer, fut contraint de le frapper aussi.

Lay ne put que se délecter de ce moment, et il profita de leurs faiblesses et de leur colère commune pour les faire arrêter, ordonnant à ce qu'on les emmène à "l'endroit prévu à cet effet, avant que la partie ne soit lancée".

C'est ainsi que les hommes vêtus de noir apparurent, venant poser un fin tissu imbibé de substance toxique qui fini par terrasser les deux amants, à même le sol.


*


— Tu te réveilles enfin ? questionna durement Jungkook.

Taehyung venait tout juste de retrouver ses esprits, sa tête lui faisait encore un mal fou mais il suffit de quelques minutes pour qu'il se souvienne où il était, de ce qu'il c'était passé, ce qu'on lui avait dit, et surtout, comment et pourquoi ils en étaient arrivés jusqu'ici. Dans une petite pièce qui semblait être dans une sorte de cave aménagée d'un simple futon, d'un toilette, et d'un petit meuble sur lequel reposait de l'eau et du pain.

Quand il se releva doucement, se retrouvant en position assise, il vit que Jungkook le toisait d'un regard assassin, lui-même assis contre le mur et les bras croisés sur ses genoux. Dans cet état, on aurait presque pu croire qu'il semblait autant agacé que terrifié, ce qui interrogea alors Taehyung, tandis qu'il passait la main sur son front.

— On est ici depuis combien de temps ?

— Trois heures, cracha presque Jungkook.

— Comment peux tu en être sur ?

— La lumière, là, dit Jungkook en pointant le petit filet de lumière qui provenait d'une minuscule brèche.

— Il va bientôt faire nuit...

Taehyung se releva et analysa la pièce de fond en comble, essayant à tout prix de se rappeler d'un tel endroit. Il connaissait très bien cette île et savait qu'autrefois on utilisait ce genre de lieu pour stocker de la nourriture ou des armes, voire même des sommes d'argent bien gardées. Pourtant, il fut troublé, ne pouvant qu'admettre que l'île avait changé depuis tout ce temps et surtout, que Lay avait dû en faire ce que bon lui semblait, afin d'arriver à ses propres buts.

— Ça ne sert à rien, lança de nouveau Jungkook sur un ton agacé.

— De ?

— Chercher une issue, tu n'en trouveras pas. J'ai déjà essayé, ils sont les seuls à pouvoir nous ouvrir.

— Je ne cherchais pas à sortir.

— Alors arrête de tourner partout, tu me donnes mal à la tête putain.

Passant la langue sur ses dents puis sur ses lèvres, Taehyung ne put contrôler un rire nerveux, et se retourna pour faire face à son cadet.

— Qu'est-ce que tu es venu foutre ici, hm ? Je croyais avoir été clair sur mes intentions. Namjoon ne vous a donc rien dit ?

— Il ne m'en a pas parlé, je ne l'ai même pas vu en vérité.

— Pardon ? Je lui ai dit que je devais m'en occuper seul, je n'ai pas besoin de vous et encore moins de toi, ici.

— Je t'ai suivi, c'est tout.

Surpris, Taehyung en perdit les mots et se remit à faire les cents pas, perdant peu à peu la tête.

— Pourquoi tu m'as suivi ?

— Parce que je ne voulais pas te laisser seul.

— Je ne t'ai rien demandé.

— Moi non plus, tu crois que me faire une leçon peut mener à quelque chose dans notre situation ? Tu n'as plus de rôle à jouer maintenant et moi non plus, je ne suis plus ton petit chien, alors parles moi correctement et avec du respect, tu veux.

Taehyung s'arrêta et dévisagea le plus jeune avec insistance. Quelque chose avait changé dans son regard et dans le ton qu'il employait. Il y avait toujours cette pointe d'agressivité qu'il n'utilisait avec lui, mais il paraissait plus charismatique qu'à son habitude.

— Tu n'as pas à être ici ! hurla Taehyung, sans relever ses derniers mots.

Il n'aimait pas ressentir ça.

— Pourtant je suis là, et alors ? dit Jungkook en haussant le ton.

— Et alors ? Je n'ai pas besoin de toi dans mes pieds Jungkook, tu ne feras que de me ralentir et tu n'as pas à te mêler de ça, ce ne sont pas tes affaires, et puis qu'est-ce que tu en aurais à foutre ? Tu vas me sauver ? rit-il ironiquement.

— Si ce ne sont pas mes affaires, pourquoi es-tu venue dans ma chambre la veille de ton départ ? Pourquoi tu es venu me baiser comme si c'était la dernière fois pour disparaître en me laissant comme une pauvre merde par la suite ? Pourquoi tu m'as soufflé ces quelques mots, dont tu pensais être le seul à entendre ?

— Je n'ai rien dit, s'étonna Taehyung.

— Tu l'as pensé si fort Taehyung, ta faiblesse à parler pour toi, dit-il froidement.

Les paroles de Jungkook laissèrent Taehyung sans voix. A vrai dire, il ne l'avait pas baiser ce soir-là, mais il lui avait fait l'amour. Il avait eu envie, non, il avait eu besoin de son corps et de son cœur à ce moment-là et il avait fait part de tout ce qu'il ressentait à travers ses gestes. Il n'avait rien dit de particulier, mais ses lèvres rencontrant celles de Jungkook dans des danses dans un premier temps douces puis animées avaient parlé pour lui. Il s'était demandé alors si ce dernier avait pu le ressentir, si lui aussi avait pu avoir le même genre de sentiments le concernant ? Il avait la première réponse à sa question, il avait entendu ce qu'il lui hurlait en silence. Mais qu'en était-il de la seconde ? Jungkook avait-il quelque chose pour lui ? Il avait bien ressenti quelque chose de différent, de plus profond cette nuit-là, mais quoi ? Jungkook était si difficile à cerner.

— Est-ce que cette nuit tu...

Il s'arrêta, un peu décontenancé par le regard perçant du plus jeune.

— Je quoi, Taehyung ?

Il sentit alors son cœur se remettre en route, comme s'il s'était arrêté pendant de longues années, pour à nouveau se ranimer, et cette sensation lui fit un mal de chien, l'obligeant même à poser la main sur sa poitrine. Jungkook ne l'avait pas quitté des yeux et toujours aussi tendu, renforça son regard, comme s'il essayait de lire à travers son âme.

Pourquoi le touchait-il autant ? Pourquoi son coeur lui faisait cette infidélité ? Il se l'était juré.

Mais bien vite, son regard redevint dur et austère et il balaya l'air de sa main.

Il ne pouvait pas avoir ce genre de sentiment, il se l'était promis, interdit, il ne devait plus jamais aimer. Tomber amoureux rendait faible.

Il était l'Oyabun, il n'avait pas le droit d'avoir ce genre de sentiment et encore moins pour un individu comme lui.

— Ça n'a rien à voir avec tout ça, Jungkook.

— Au contraire, et tu ne pourras pas fuir cette fois, Kim, tu es venu pour quelque chose et je dois savoir pourquoi.

Taehyung le regarda d'un mauvais œil, bien que le simple fait de voir Jungkook ici, semblant si oppressé et enragé par la simple idée d'être enfermé, tout en étant aussi beau qu'hier et plus que demain le rendait déjà complètement dingue.

— Je n'ai rien à dire à ce sujet.

— Tu mens ! hurla presque Jungkook, perdant alors toute sa grâce.

Son regard était aussi noir que la profondeur des abysses et ce fut bien la toute première fois qu'en le toisant, Taehyung eut presque peur. Presque, parce qu'il en fallait tout de même beaucoup pour qu'il tremble. Mais d'une certaine façon, il se savait être faible devant lui, car Jungkook était synonyme de tentation.

— Ne me regarde pas comme ça, Jeon.

— Sinon quoi, hm ? Qu'est-ce que tu vas faire ? On est enfermés ici car tu n'as pas eu les couilles de me laisser faire le sale boulot !

— Ce n'est pas à toi de le faire, et tu aurais perdu ta tête. Je n'ai pas que ça à faire, ramasser tes restes derrière tes échecs.

— Mes échecs ? reprit Jungkook, crispé.

— Oui, tes échecs, insista le noiraud. Je n'aurais jamais dû vous faire venir ici.

— C'était mon choix.

— Peut-être, mais tu avais une vie et bien que je cherche toujours à comprendre tout le putain de mystère qui rode autour de toi, tu ne méritais pas d'en arriver jusqu'ici. Je n'aurais pas dû me rapprocher de toi, comme je n'aurais pas dû céder à tes petits jeux de...

— Mes petits jeux ? C'est toi qui dès le départ ne pouvait pas me voir. On ne se connaissait pas Taehyung, et tu as lancé les hostilités !

— Je n'ai rien lancé, c'est toi qui m'as provoqué, dit-il en haussant le ton.

Jungkook releva la tête et de manière hautaine, laissa un petit sourire mesquin s'échapper de ses lèvres.

— Tu es faible Taehyung, finit-il par dire.

Ce dernier le regarda froidement.

— Tu es instable, Jungkook.

— Qu'est-ce que tu as dis ? demanda Jungkook, ayant pourtant bien entendu.

Ce mot sembla le toucher au plus haut point, pour une raison qu'il n'arrivait pas à déchiffrer.

— Tu es intelligent, beau et fort, c'est vrai. Mais tu es instable, tu te laisses facilement emporter par la haine et la colère qui résonnent en toi. Tu agis comme si tu voulais te battre envers et contre tout, mais ce qui est arrivé à celle que tu aimais n'étais pas ta faute et pourtant, on dirait...Je ne sais pas...

— Pourquoi veux-tu soudainement parler de ma vie ? Je croyais que te faire baiser te suffisait, dit-il avec toute la haine qui l'habitait.

— Pourquoi avoir voulu t'immiscer dans la mienne ? Pourquoi es-tu ici Jungkook, tenta-t-il encore.

Autant dire que l'ambiance qui entourait la petite pièce devint lourde, plus lourde encore que tout ce qu'ils avaient connu jusqu'ici, tant leurs yeux se lançaient des éclairs. Cela traduisait non seulement la colère, la haine, la rage, mais aussi...

— Tu m'avais dit que l'amour était la faiblesse.

— Je n'ai pas menti.

— Alors c'est pour ça que tu es toujours parti ?

Taehyung ne préféra pas affronter les orbes noires de Jungkook et lui tourna le dos.

— Regarde-moi Taehyung, dis-moi pourquoi tu as été si délicat cette dernière nuit ?

— Un moment de pure faiblesse, comme tu dis.

— Il y avait autre chose, dis-moi, qu'y avait-il Taehyung ? J'ai vu quelque chose dans tes yeux, que je n'avais jamais vu avant. Je ne comprends pas, qu'est-ce que tu voulais me dire ?

Jungkook avait-il seulement un jour aimé dans sa vie, pour ne pas ressentir comme lui ce sentiment profond qui vous prend au point de vouloir mourir pour l'autre ? Pourquoi cela lui faisait si mal ? Pourquoi jalousait-il soudainement toutes les personnes qui avaient un jour pu partager ses draps ?

Taehyung se retourna à nouveau et se positionna face à lui.

— Qu'y avait-il dans les tiens Jungkook ?

— Rien de plus que ce que tu voulais y voir, lui dit-il froidement.

— Vraiment, tu es ce genre de personne, Jeon ? Même cette nuit-là, tu as joué un jeu ?

Il voyait que le jeune tentait de ne pas baisser sa garde, il pouvait sentir dans sa voix qui se voulait froide et désintéressée, que quelque chose avait changé. Il l'avait sentit cette nuit-là, oui, comme lui, il avait sentit qu'un tout nouveau sentiment les avait habités.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ?

— Pourquoi es-tu aussi difficile à t'ouvrir Jungkook ? Quelle est ton histoire, lui dit-il en s'approchant encore plus près et en se noyant dans ses yeux sombres et presque paniqués.

— Tu l'as connais, il n'y a rien a dire de plus.

— Yoongi n'a rien trouvé sur toi avant tes vingt ans, qui es-tu Jungkook ? Que caches-tu ?

— Tu ne le sais toujours pas ? répondit-il, froid.

— Bon sang Jungkook, et si tu arrêtais un peu d'être toujours aussi secret ? Qu'est-ce que tu caches, hm ? Ne me mens pas, je sais que tu as une histoire, tout le monde en possède une, tu as simplement décidé de l'oublier. Ou peut-être...

Il s'arrêta, une sorte de flash lui traversa alors l'esprit. Mais il secoua la tête et s'en débarrassa.

Jungkook le toisa d'un drôle d'air, avant de laisser échapper un rictus.

— Qu'est-ce que tu veux entendre, hein Taehyung ?

— La vérité, insista le noiraud, toujours aussi proche de lui.

Il pouvait presque sentir son souffle chaud, mais dans cette position, il pouvait reculer à tout moment, comme étant certain de garder une certaine sécurité.

Parfois, il avait presque peur de lui, il se méfiait de lui, tout comme maintenant.

— La vérité ? répéta Jungkook, avec dédain. Elle est là, devant toi, et c'est toi qui décide de rester aveugle. L'histoire de ma vie n'a rien d'exceptionnelle, crois-moi, tu regretteras même de l'entendre.

— Tu avais une petite amie que tu aimais, elle était enceinte, Jungkook. Tu ne peux pas faire comme si tout ça n'avait jamais existé, putain, on parle d'une vie et...

— D'une vie ? Si tu avais ne serait-ce qu'une idée de la mienne, tu comprendrais pourquoi je ne regrette pas de le lui avoir ôter, avoua Jungkook. C'était un accident, comme il y aurait pu en avoir d'autres, c'est tout.

— Ôter une vie, mais je ne comprends pas, c'était un accident, pas...

Le plus jeune avait dit cela avec tant de détachement que Taehyung ne sut comment le prendre, et alors il se recula un peu, le temps de l'observer de haut en bas, essayant de trouver une faille, en vain. Puis, c'est en croisant de nouveau son regard que Taehyung le vit enfin, le vide.

Il se sentit soudainement coupable.

Coupable de n'avoir encore jamais remarqué à quel point Jungkook était seul.

Il avait toujours essayé de comprendre ce qu'il était réellement, parce qu'il le savait, il n'était pas celui qu'il disait être, mais il n'avait jamais vu qu'au fond de lui se cachait une énorme souffrance, celle de la solitude.

Il était seul, totalement seul.

Il pouvait non seulement le voir, le lire dans ses yeux, mais aussi le sentir. Une sensation étrange le prit mais au même moment, Jungkook recula d'un pas, les sourcils froncés. Il ne sut pas pourquoi cela le prit, un peu comme si tout à coup, ses pensées étaient connectées à celles de son amant, et c'est là qu'il pu la rencontrer.

La pitié.

— Tu...tu as toujours été seul, pas vrai, Jungkook ?

— Tu voulais connaître ma vie, non ?

— Tu as toujours été seul, mais malgré tout, tu es fort. Je ne sais pas ce qui a pu t'arriver, mais parfois...Parfois, reprit Taehyung d'une voix plus douce, tu me fais penser à quelqu'un que j'ai connu. Quand son visage me revient, le tien prend le dessus, je...

Déconcerté, Taehyung laissa échapper un petit rire qui traduisait ses absurdes pensées puis il passa sa paume gelée sur son front.

— Je me demande ce qu'il aurait pu devenir s'il n'avait pas eu cet accident, mais ce que je sais était que lui aussi était seul. Il était si seul, redit-il pensif. Il demandait seulement à ce qu'on s'intéresse un peu à lui, qu'on lui donne un peu d'amour. Je pouvais ressentir tout ça juste en plongeant dans ses deux grands yeux, aussi gros que des billes...

Jungkook sentit ses jambes trembler et un souvenir qui lui semblait revenir de l'au-delà, le prit tout entier. Il se souvenait lui aussi de ce regard profond qui l'avait touché au plus haut point. Ce regard, il s'était si souvent accroché à lui dans ses pires moments de vie. Ils n'étaient que des enfants et pourtant...

Taehyung s'était arrêté de parler, voyant que ces quelques paroles l'avaient un peu décontenancé.

Pourquoi ?

Mais il reprit.

— Tu lui ressembles, Jungkook. Tu es fort, mais dans les moments difficiles, tu te perds, et te rends alors compte que tu n'as personne, pas vrai ?

— Ferme-là Taehyung, c'est pas le moment, tenta de fuir Jungkook.

— Tu m'avais dit être d'accord quand je t'avais confié que pour moi, l'amour est une faiblesse. Mais toi, c'est parce que tu ne l'as jamais connu, en fait...Même cette fille, cet enfant...Tu n'en avait rien à faire, n'est-ce pas ? Comment tu aurais pu, toi qui...

— Taehyung, je t'ai dit de la fermer ! hurla Jungkook en s'accrochant les cheveux comme un forcené.

Mais le plus vieux ne s'arrêta pas, conscient qu'il venait de mettre l'accent sur son point faible.

— Je peux te comprendre Jungkook, je peux tout entendre. Tu sais, on m'a volé ma famille, mon pays, ma place, et la solitude est depuis longtemps ma meilleure amie. Tu peux me parler, à moi, détruit ces murs qui t'emprisonnent...

Paniqué à l'idée de voir Taehyung devenir si bienveillant, Jungkook recula encore et encore jusqu'à se heurter au mur qu'il avait quitté un peu plus tôt. Taehyung lui, continuait de lui parler avec douceur, mais il voyait plutôt cela comme une sorte de technique de sa part pour parvenir à ses buts. Il faisait tout ça, pour arriver à ses fins, il ne pouvait en être autrement, l'être humain était ainsi fait, monstrueux et égoïste.

C'est vrai, l'amour, il ne l'avait jamais connu, et puis, il n'en avait jamais eu besoin. C'était quoi l'amour de toute façon ? Une faiblesse, une monstruosité inventée par une puissance à laquelle il s'était interdit de se soumettre.

Après tout, si ses propres parents n'avaient pu lui en donner, comment aurait-il pu en attendre des autres ?

Et puis qui étaient les autres si ce n'étaient pas des inconnus ou seulement des personnes qui avaient défilé dans sa vie comme le générique d'un mauvais film ? Des monstres, ils étaient tous des monstres, même lui, il en était un de toute façon.

— Jungkook, tu m'entends ? s'inquiéta Taehyung de le voir si soudain absent.

Oui, c'est vrai, pourquoi aimer si c'était pour souffrir ?

Jungkook avait appris et savait beaucoup de choses, mais pas aimer. C'était un mot inconnu dans son dictionnaire. Il s'était déjà demandé, plus jeune, s'il était né de l'addition des sentiments, mais très vite, il s'était fait sa propre idée sur la question. Quel parent aurait volontairement éloigné son enfant loin de tout ce qu'il avait toujours connu dans le but d'en faire une arme ?

Certes, il avait énormément souffert de cette carence affreuse mais il avait réussi à grandir, comme, ou peut-être même mieux que les autres. Il s'était fait sa propre idée du monde et de la façon dont il devait tourner, car après tout, n'avait jamais pu compter sur quiconque pour le lui montrer.

— Jungkook ?

Jusqu'alors perdu dans ses pensées, Jungkook releva les yeux et tomba dans les sombres iris de Taehyung, qui s'était rapproché. A vrai dire, il ne l'avait même pas entendu faire les quelques pas qui les séparaients, et maintenant, il se trouvait juste là, devant lui, muni de ce regard empli de peine et d'autre chose qu'il ne pouvait définir.

Il avait pitié de lui, il pouvait le sentir et ce sentiment lui donna presque envie de vomir.

Puis, il fallut que Taehyung lève la main pour déposer le bout de ses doigts sur sa joue, réchauffant alors sa peau en un éclair. La rencontre de sa chair et de la sienne lui fit comme un électrochoc, et soudain, Jungkook eut l'impression de perdre pied. Oui, pour la première fois, il avait l'impression de perdre pied. Si jusqu'ici, il n'avait été animé que de haine et de mépris, autant que d'angoisse et de peur, la présence de Taehyung le plongea dans une sorte de rêve éveillé, qu'il eut véritablement du mal a accepter.

Devenait-il faible ? Pourquoi avait-il du mal à contrôler les battements de son cœur ? Pourquoi se posait-il autant de questions ?

C'était comme si tout à coup, toute ses barrières s'étaient effondrées. Il n'était pas fou, c'est bien ce qu'il avait ressenti lors de leur dernière nuit, et cela lui fit serrer les dents. Après tant d'années de solitude, Jungkook avait fini par apprendre à lire dans les âmes avec une facilité déconcertante. Il lui était alors plus que facile de savoir ce que pouvait imaginer ou penser l'autre, rien qu'avec un regard. C'était une arme redoutable mais aussi à double tranchant, car parfois, elle ne pouvait agir que comme un radar.

A l'instant présent, Jungkook pouvait déduire que le regard de Taehyung en disait long, mais il lui était impossible de déchiffrer ce qu'il pouvait en saisir. Ou alors, peut-être qu'il refusait seulement de l'admettre, et c'est avec cette simple conclusion qu'il finit par reprendre le dessus, attrapant le poignet de Taehyung et faisant échouer son torse contre le sien.

Comme toujours lorsqu'ils s'élançaient dans leurs ébats, le visage et le regard de Jungkook s'embrumait, ce qui avait le don de séduire le noiraud en une seconde pour y croire. Cette fois-ci, il ne chercha même pas à le contrôler, et au contraire, le laissa échanger leur place, le visage de Taehyung finissant contre la froide paroi du mur.

— C'est ta façon à toi de me faire passer un message ? demanda alors Taehyung, quelque peu aguicheur.

Mais Jungkook ne voulait pas, il refusait de l'entendre lui demander ce qu'il savait déjà être vrai. En fait, il ne pouvait tout simplement pas lui exprimer ce qu'il pouvait penser ou ressentir au fond de lui, car tout semblait nouveau. Oui, depuis la première fois où ils avaient succomber à cette attirance mutuelle, Jungkook se maudissait de ressentir cela à chaque fois que leurs corps entraient en collision.

Il ne pouvait pas le désirer plus que pour du simple sexe, non, il n'était ni plus ni moins qu'un homme parmis tant d'autre, et comme tous les autres, peut-être même plus que tous les autres. Il ne serait qu'un pion sur son échiquier qu'il abattrait le moment venu. Mais alors pourquoi son coeur semblait lui crier autre chose ?

La haine, seul ce sentiment devait l'habiter et il devait très vite le rappeler à lui.

C'est pourquoi Jungkook ne répondit pas et passa seulement la langue sur ses lèvres avant de les approcher lentement des cheveux de son amant qu'il huma comme s'ils possédaient le plus doux des parfums, puis il finit par déposer des baisers envieux dans son cou.

La réaction de Taehyung fut presque immédiate, oubliant presque ce pourquoi ils avaient commencer à se disputer, oubliant même ce pourquoi il était là et tout ce plan qu'il avait eut du mal à constituer afin de pouvoir réunir l'entièreté de leurs camarades sans risquer de les perdre en route. Car c'était une chose de vouloir mettre sa vie en jeu, mais celles de ses amis étaient bien trop précieuses pour ça.

Quelque part, il avait toujours protéger ces garçons, à sa façon, mais il les avait toujours protégés, car ils avaient été sa seconde famille. Aujourd'hui, il pouvait même dire qu'ils étaient sa seule et unique famille.

Et Jungkook, qu'était-il ?

Oui, se laisser embarquer dans cette danse endiablée que lui proposait Jungkook était comme une drogue dont il ne pouvait se passer, bien qu'il avait eu la misérable conviction que cela pouvait être faux. Mais quelques instants, quelques minutes, il voulait oublier qui il était, pourquoi il était venu et la finalité de cette mission. Oui, il voulait juste s'oublier, avant de peut-être terminer cette vie qu'on lui avait offerte.

Bientôt, il sentit son cœur battre si fort dans sa poitrine et lorsque Jungkook lui retira sauvagement son pantalon pour le faire glisser sur ses genoux, il crut dépérir.

— On ne...

Avant même qu'il ne parle, Jungkook emprisonna ses lèvres dans un baiser fougueux, ardent, si envieux, qu'il pensa qu'il voulait en finir ici et maintenant. Tandis que son corps tout entier devenait une vraie chaudière prête à exploser, Taehyung gémit lorsqu'il sentit Jungkook s'éloigner, mais très vite, il le retourna une nouvelle fois afin qu'il se retrouve face à face, le noiraud toujours adossé contre le mur gelé.

— Je sais faire semblant pour beaucoup de choses, mais je vais te montrer ce que je sais faire de mieux, et peut-être qu'après ça, tu arrêteras de me demander qui je suis.

Happé par son regard, Taehyung ne put que hocher la tête, toisant Jungkook avec désir, le souffle au bout des lèvres lorsqu'il vit le visage de ce dernier glisser lentement de ses lèvres, à son cou, à son torse, à ses côtes, avant de finir juste au dessus de son nombril.

D'ailleurs, Jungkook n'eut aucun mal à lui retirer ce pantalon traditionnel pour de bon, et sans plus attendre, il fit pression sur l'élastique de son boxer qu'il retira de la même manière, sauvage, présentant ses lèvres à son intimité.

Taehyung avait toujours connu Jungkook assez joueur lors de ces moments intimes, mais cette fois-ci, le regard qu'il planta dans le sien lorsqu'il commença à sucoter le bout de son sexe fut si sincère, qu'il cru mourir. Ils ne s'étaient rien dit et pourtant, Taehyung voyait cela comme un accord silencieux, et le premier qui oserait clore les paupières serait celui qui ferait tomber les armes.

Tomber les armes, tomber pour lui.

— Jun...Jung...

Muni d'un fier sourire au coin des lèvres, Jungkook finit par englober l'intimité de son amant entre ses lèvres, le dévorant complètement. Ce revirement de situation lui permettait de tenir l'esprit de Taehyung entre ses mains, néanmoins, il ne pouvait nier que lui aussi, sentait son cœur battre la chamade dans sa poitrine. Comme si il lui était tout à coup impossible de se tenir ne serait-ce qu'à quelques mètres de Taehyung, comme si cela pouvait être plus douloureux que jamais.

Que lui arrivait-il ?

Pourtant, il y voyait là le but de sa vie, celui qu'il ne pouvait gâcher, qu'importe le prix. Alors, juste avant que Taehyung ne se lâche dans sa bouche, Jungkook s'éloigna et se releva d'un bond, attrapant sa mâchoire avec une poigne dure et ferme. Pendant quelques secondes, il l'analysa comme s'il n'était qu'un homme comme les autres, mais dès lors que cette pensée lui vint, l'expression de son visage s'assombrit et il le retourna de nouveau, sans ménagement.

Il ne voulait plus voir ce regard, il n'en avait plus besoin, il n'était plus cet enfant, non, il n'était plus tout ça.

Il ne le pouvait pas, il ne pouvait pas céder maintenant, alors qu'il était si près du but. Alors il allait le baiser, ici, maintenant, comme il l'avait toujours fait, comme une bête sauvage, avide de vengeance, ignorant cette drôle de sensation qui lui brûlait le ventre à chaque fois qu'il le touchait. Il suffit d'un instant pour qu'une seule chose ne lui reste en tête : le détruire de la plus belle et la plus sensuelle des façons afin qu'il en perdre la tête.

Le détruire, juste le détruire.

Alors, sans plus attendre, Jungkook vint lécher ses doigts et titilla les chairs de son amant avant d'insérer un premier doigt en lui, le faisant gémir de plaisir. A vrai dire, il ne l'avait jamais connu aussi docile, pourtant, cela eut un effet ravageur en lui et le poussa à devenir plus entreprenant, insérant un autre doigt.

Taehyung était comme une poupée de chiffon qu'il pouvait maintenant manipuler, malaxer entre ses mains, et bientôt, ses gestes le firent trembler, alors Jungkook su qu'il était prêt. Dans une supplication presque inaudible, il répondit à son amant par un sourire qu'il ne pu voir et retira aussi vite son bas, liant leurs corps l'un à l'autre.

Pour ne pas qu'il ne tombe, Jungkook le maintint d'une main par la taille, tandis que l'autre serrait sa hanche gauche, se fichant totalement qu'il puisse y rester une marque de son passage. Ses premiers coups de reins furent aussi ténébreux que son personnage, mais alors qu'il se laissait peu à peu aller au plaisir de la luxure que pouvait lui offrir Taehyung, il remarqua un dessin à l'encre noire qui décorait le bas de son dos.

Ce tatouage, il l'avait déjà vu plusieurs fois, mais à cet instant, c'est comme s'il était interdit, ce qui poussa Jungkook à maltraiter le corps de son amant, lui faisant presque hurler son nom, du moins, s'il pouvait encore s'exprimer correctement.

La haine sembla alors à nouveau envahir tout son être et tel le Diable, il laissa un grand sourire déformer son visage. Qui dominait qui maintenant, hein ?

Cet échange des plus bestiales était non seulement leur meilleur moyen de décompression mais il était aussi comme une promesse silencieuse qu'il pouvait se faire l'un à l'autre, comme s'il était encore possible de négocier, même dans un tel moment.

Taehyung se laissait faire et profitait de ce que pouvait lui offrir son cadet, même si ce n'était que la violence, aussi, une de ses mains ne tarda pas à retenir celle de Jungkook qui était sur sa hanche, le poussant à se dépasser encore et encore.

Il avait besoin qu'il lui fasse mal, c'était le seul moyen de ne pas laisser ses sentiments prendre le dessus. Avoir mal, pour ne pas ressentir le bien qu'il pouvait lui faire, c'était ça la clé.

Prenant cela comme un défi, Jungkook grogna et poussa sa joue du bout de sa langue en se retirant de son amant avant de s'enfoncer encore plus profondément en lui. Ce ne fut pas si difficile que ça que de trouver son point sensible, et alors, Jungkook eut un sourire malin, martelant son point G sans ménagement.

— C'est ça que tu veux Taehyung, avoir mal, c'est ça que tu attends de moi, hein ?

Mais Taehyung ne lui répondit pas, bien trop en proie à la douleur et à toutes sortes de sentiments qui s'étaient mélangés en lui.

Bientôt, Jungkook fut proche du but, mais sans qu'il ne le voit venir, Taehyung le repoussa comme il le put, assez pour se retrouver face à lui, scellant leurs lèvres. Le baiser fut des plus profonds, et Jungkook en perdit presque pied, surtout lorsque Taehyung insista sans un mot afin qu'il le soulève à l'aide de ses deux mains qui se trouvaient sous ses cuisses.

Aussi loin qu'il se souvienne, Jungkook n'avait jamais "fais l'amour" avec qui que ce soit. Sans parler du fait qu'il n'avait jamais connu l'amour, il n'avait jamais trouvé l'utilité de s'offrir cent pour cent à son ou à sa partenaire. Le sexe n'avait toujours été qu'un moyen de décharger sa haine et toute la tension qu'il accumulait à l'intérieur de lui, rien de plus. Après tout, il se contentait de les charmer, leur faisait croire à un jour sans lendemain puis s'échappait par la suite.

Mais là, tout était différent.

Maintenant Taehyung contre le mur de toutes ses forces tandis que ce dernier s'était de lui-même empaler sur son sexe, ils gémirent en même temps de bonheur intense.

Oui, de bonheur, parce que pour la toute première fois de sa vie, ce sentiment s'imposa à lui, ici, dans cette pièce froide et impersonnelle.

Pour la première fois, il eut envie de laisser des larmes de joie s'emparer de tout son être, parce que ce qu'il ressentait lui faisait le plus grand bien, ce qu'il ressentait le rendait heureux. Mais il se retint, se rappelant qu'il ne devait pas baisser sa garde, jamais.

Front contre front, leurs lèvres ne se quittèrent pas un seul instant, si ce n'était pour respirer après avoir gémit de plaisir, comme si on ne pouvait plus les séparer.

C'était comme si deux mondes entraient enfin en collision, deux mondes qui s'étaient toujours tournés autour sans jamais se rencontrer. Lorsque leurs orbes aussi noires que la nuit se rencontrèrent, Jungkook voulut jurer mais Taehyung l'en empêcha, venant mordre sa lèvre inférieure, et putain, Jungkook ne pouvait le nier.

Taehyung était le meilleur coup qu'il n'avait jamais eu. Il était le partenaire idéal, la pièce manquante de son horrible et infinissable puzzle, ce quelque chose qu'il avait toujours cherché, sans jamais l'avoir connu avant.

Mais il restait Taehyung.

Alors il ne pouvait pas se laisser mener par ce qui le rendait presque malade, par ce qui lui tordait le ventre à chaque baiser, à chaque gémissement, à chaque souffle.

— Jung...Jungkook, je dois...Je...

— Putain, Taehyung, gémit-il.

— Je..j-je dois te...

— Tu vas venir, je le sens, attends-moi.

— Je dois...Jungkook...

— Viens pour moi, bébé.

Il avait pourtant lâché ce doux mot, avec une tout autre intonation que d'habitude, sans s'en rendre compte.

Dans un râle rauque qui lui arracha presque la gorge, Taehyung laissa retomber sa tête en arrière, sentant la main puissante de Jungkook s'enrouler autour de son intimité jusqu'alors oubliée. Il se sentait presque pousser des ailes tant c'était bon, mais il y avait encore cette petite voix qui lui criait, qui lui hurlait de dire ce qu'il avait sur le bout de la langue.

Lui qui avait toujours souhaité l'ignorer, lui qui avait pourtant tout fait pour le nier, se retrouvait pris à son propre piège. Et bien qu'il se savait être en danger, il ne pouvait plus le garder rien que pour lui, au risque de mourir avec des regrets.

Pourtant sa mère lui avait dit, elle l'avait toujours mis en garde, mais avait-elle un jour aimé et ressentit ce qu'il pouvait ressentir à cet instant ?

Et Taehyung était prêt à tout, même à mourir pour sauver son honneur, celui de son clan, la vie de ses amis, celle de sa sœur, il était prêt. Mais s'il devait disparaître, il le ferait sans aucun remord, sans aucun regret.

Mais il ne s'était jamais préparé à ça, à ce sentiment si fort et si profond.

Alors, c'est quand il sentit venir l'apogée de son extase, lorsque Jungkook mordilla la peau de son cou et qu'il vint l'embrasser, lui demandant une dernière fois si sensuellement de venir rien que pour lui que Taehyung relâcha toute la pression qui l'habitait, plongeant ses iris dans ceux de Jungkook avant de lui avouer dans un japonais parfait :

Ai shite iru (je t'aime).

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