Just The Beginning - Kim Jun Seok

The walls - Chase Atlantic

What will we do - Trent Reznor, Atticus Ross

Take what you want - Post Malone, Ozzy Osbourne, Travis Scott

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— Nous sommes de retour, Monsieur.

Sans dire un mot, et peut-être même pour la première fois de son existence, Taehyung n'adressa aucun retour à son homme de main lorsque ce dernier lui ouvrit la portière.

Noguchi connaissait Taehyung depuis sa naissance, et jamais il ne l'avait vu porter un tel visage. Le noiraud l'avait quitté aux portes de ce lieu abandonné et était revenu à la voiture quatre heures plus tard, tout aussi soigné, mais les yeux vides et les mains gantées pleines de sang. Il n'avait pas fait une seule remarque, puisque cela n'était pas son rôle après tout, mais il savait au fond que Taehyung avait dû se résoudre à faire quelque chose qu'il n'aimait pas.

Le majordome se souvenait encore très bien du visage de son ancienne patronne à l'époque, lorsque cette dernière revenait de ses réunions ou de certains de ses...rendez-vous. Avant qu'elle ne franchisse la porte de la grande demeure qui ferait de nouveau d'elle une mère aimante, elle portait toujours cette expression livide, froide et austère.

Oui, lorsque Taehyung était revenu à la voiture, Noguchi avait cru apercevoir la défunte mère de son patron. Il ne le lui avait pas dit, et s'était contenté de l'attendre les mains croisées dans le dos pendant que Taehyung retirait ses gants salis par la haine. Le noiraud les avait fixé un moment, le visage pâle et les mains tremblantes, puis, lorsque Noguchi l'avait appelé à la raison, il avait secoué la tête comme pour chasser un mauvais rêve, retrouvant ce visage qui n'était pas le sien mais le reflet du monstre qui sommeillait en lui avant de venir reprendre place dans le véhicule.

Jamais la Lexus n'avait paru si vide, et bien que Taehyung n'avait jamais été un grand bavard, Noguchi s'était senti mal à l'aise en sa présence. Avant de déguerpir, il avait vu un autre véhicule ressemblant à une petite fourgonnette garée devant le bâtiment abandonné. Les sourcils froncés, Noguchi s'était alors demandé ce qu'il fallait faire ou non mais avant qu'il ne pose la question, Taehyung lui avait ordonné de partir.

Tout au long du trajet qui les conduisirent à la maison du noiraud, Taehyung resta obnubilé sur ses mains comme si ces dernières étaient devenues source de terreur. Noguchi l'avait vu à travers le rétro central, rire puis retrouver des expressions bien plus dures, mais jamais il n'avait parlé. C'était comme s'il avait été possédé par ses propres démons, le passé tiraillant ses entrailles jusqu'à la rendre complètement fou.

Une fois déjà, une seule fois il l'avait vue perdre la tête de cette façon.

D'un pas décidé, les bras le long du corps, Taehyung grimpa les quelques marches de l'entrée de sa maison, suivi de son homme de main. Lorsqu'il poussa la grande porte, il se retrouva nez à nez avec ses camarades, tous assis dans le grand salon. Le silence était maître, mais lorsque le noiraud s'avança jusqu'à eux, il crut entendre leur souffle se couper.

Au fond, il était quelque peu ravi de voir que Hoseok avait pu se remettre de sa blessure, mais ce n'est pas cette simple nouvelle qui le fit sourire et au lieu de s'arrêter, Taehyung les contourna pour rejoindre le couloir qui le mènerait jusqu'à son bureau. Cela dit, il fut le seul à croire que personne n'agirait, puisqu'à l'instant même où il s'approcha du couloir, Namjoon l'apostropha.

— On peut savoir où tu étais ?

Le dos tourné à ses camarades, Taehyung s'arrêta net. Derrière lui, Noguchi qui fut rejoint par Suzaku restèrent immobiles, tel des statues de marbres.

— Taehyung, je t'ai demandé où tu étais.

— Je n'ai pas de compte à te rendre Namjoon, lui répondit sèchement le noiraud.

— Tu oublies que cette mission nous concerne tous, alors si, tu en as.

— N'insiste pas.

— Ça fait des jours que tu nous ignores et que tu agis seulement en ton nom. Je pense que nous avons tous le droit de savoir ce qui se trame.

Les bras croisés contre son torse, l'air grave, Namjoon se tenait droit comme un pique et fixait le dos de son ami comme si ce dernier lui donnerait les réponses qu'il cherchait. Depuis l'annonce de la disparition de Yamane, la maison entière était devenue comme un champ de mine. La mission n'avançait plus et Namjoon avait ce terrible pressentiment qui le rongeait chaque nuit qui passait.

Maintenant, il voulait des réponses, il en avait assez de voir tous ses efforts tombés à l'eau, encore plus venant de la part de l'un de ses "commandants", si l'on pouvait le dire ainsi. Puisque Taehyung était lui aussi à la tête de cette foutue mission, et s'il flanchait, alors la mission tombait avec lui.

— Taehyung.

Ce dernier serra les poings, personne ne put le voir mais il lui fallut clore les paupières et inspirer un bon coup afin de ne pas déverser toute sa colère envers ceux et celles qui n'en méritaient pas un centième, et enfin, se retourna.

Ainsi, il tomba dans les orbes sévères de son ami, dans le regard froid de Yoongi, mais aussi, dans celui plus sceptique de Jin. A côté du pilote, Jessy osait à peine relever les yeux de ses pieds, tandis que Jimin s'amusait à jeter inlassablement une pièce dans les airs, qui retombait toujours dans la paume de sa main gauche. Taehyung les analysa tous un à un, et alors qu'il s'apprêtait à rétorquer, il s'arrêta, et eut un mouvement de recul.

Tout le monde était là, tous, sauf un.

— Où est Jungkook ?

— Réponds d'abord à ma question, reprit l'ancien colonel.

— Je veux savoir où est Jungkook, insista Taehyung.

— Bordel, Taehyung ! répondit Namjoon, agacé.

— Il est parti il y a vingt minutes, lâcha doucement Jimin en voyant que ses camarades commençaient à un peu trop hausser le ton. Il a dit qu'il devait aller chercher des pièces pour sa machine dans un quartier peu fréquentable de la ville. Il aurait trouvé des choses intéressantes chez un receleur chinois qui se cache dans les bidonvilles en marge de Tokyo.

Passant la langue sur ses lèvres, Taehyung observa la nonchalance du voleur qui essayait plutôt de cacher ses réels sentiments, puis il fronça les sourcils. Ces derniers temps, lui et Jungkook passaient très peu de temps ensemble, si ce n'était pour se retrouver entre leurs draps la nuit venue. Comme toujours, ils baisaient ensemble puis se séparaient, devenant alors comme de simples inconnus. Bien qu'il trouvait un quelconque réconfort dans cette activité, Taehyung ne pouvait s'empêcher de se sentir étrange aux côtés de son amant.

Ils se détestaient mais aimaient l'attention et le corps de l'autre. Ils se haïssaient, et pourtant, ils passaient toutes leurs nuits ensemble et avaient même déjà échangé quelques banalités. Mais malgré tout, les paroles que Jungkook avait prononcées le jour même où Yamane avait disparu l'avaient mis en alerte.

Pourtant, Taehyung s'était presque arraché la tête en cherchant un quelconque lien, il était même devenu fou à l'idée qu'un des membres de sa propre équipe, de ses amis, ai pu profiter de son manque d'attention pour lui faire un coup bas. C'était ainsi qu'avait toujours vécu sa mère, d'ailleurs, c'est bien pour ça qu'elle n'avait jamais eu d'amis. Mais après avoir étudié toutes les possibilités, Taehyung avait fini par se dire qu'il devenait simplement détraqué, et avait abandonné. Le plus important maintenant, était de retrouver sa sœur.

Alors il afficha de nouveau cette mine sérieuse et rigide, avant de répondre d'un simple "très bien", puis il se remit en route. Derrière lui, Noguchi et Suzaku marchèrent sur ses pas, suivit de trois autres hommes.

Oui, depuis l'annonce de l'enlèvement de Yamane, toutes les personnes qui étaient venues se prosterner aux pieds de Taehyung le jour de leur arrivée à sa demeure étaient revenues. Le plus souvent, ils rodaient autour de la maison, comme des guetteurs qui surveillaient l'arrivée des flics. Parfois, certains entraient sans prévenir afin de rendre visite à Taehyung qui ne quittait plus son bureau, même la nuit, ou alors, souvent, ils affluaient en masse pour disparaître le lendemain.

C'était à ne plus rien y comprendre, et contraint de devoir attendre le rétablissement de son camarade, Namjoon avait observé tout ce petit remue-ménage avec intérêt. Il avait bien fait par de ses pensées à Yoongi, mais ce dernier lui avait seulement dit de ne pas s'en mêler aux risques de s'attirer les foudres de leur hôte. Oui, plus les jours passaient, plus Namjoon pensait au déclin de ses plans, et surtout à la réelle raison qui aurait poussé Lay à agir ainsi.

Depuis le début, il s'était amusé à les torturer à sa manière, à les faire chanter, mais il ne s'en était encore jamais pris à quelqu'un d'autre. Du moins, pas par un tel biais. Alors, Namjoon s'était demandé pourquoi Lay avait agi si vite, de façon si précipitée. S'il avait bien compris, Yamane avait vécu ici depuis toujours, et même après le départ de Taehyung, jamais personne n'était venu lui causer de tort. Alors, pourquoi si soudainement ?

Il était évident que par ce geste, Lay souhaitait attiser la colère de Taehyung. Lui qui avait déjà réussi à se jouer de plus de la moitié du groupe, n'avait encore jamais chercher à toucher Taehyung de façon directe. Et puis, quelque part, Namjoon se demandait vraiment quelle serait la véritable raison qui pousserait leur ennemi à tant vouloir faire souffrir le noiraud.

Ceci dit, il n'eut nullement le temps de le retenir que Taehyung était déjà parti. Le noiraud avait foncé tête baissée jusqu'à son bureau, demandant à ce que le dernier ferme la porte derrière lui.

Il demanda alors un compte rendu aux hommes qui se trouvaient là, dans son bureau, Noguchi se tenant droit à ses côtés et Suzaku prenant toutes sortes de notes quant à ce qu'il prévoirait de faire ensuite, ainsi que ce que cela allait engendrer.

Taehyung avait pris la décision par lui-même lorsqu'il était sorti et avait observé ses gants tatoués du sang de sa victime, il était grandement temps de reprendre ses réelles fonctions, quitte à aller faire balader la mission dans laquelle il s'était lancé. Dans un sens, cela lui permettait de mettre ses proches à l'abri. Il avait d'abord pensé à Yoongi, grand casse-cou qui ne se serait pas gêné pour se jeter dans la gueule du loup mais qui avait quand même à perdre comme le reste des jours qui lui restaient à vivre. Puis il avait pensé à Namjoon, lui qui avait trop longtemps été jugé à tort, à Hoseok qui avait encore toute une belle carrière devant lui, à Jimin qui ne rêvait que d'une vie meilleure, tout comme Jessy. Puis il avait aussi pensé à Jungkook...A celui qui partageait ses nuits depuis maintenant (bien) trop longtemps à son goût, celui qui avait presque réussi à lui faire oublier tout ce qui l'avait toujours hanté.

Toutes ces choses avaient afflué comme un tourbillon d'idées noires dans son cerveau, les yeux collés à ces gants vermillon, et alors, il avait choisi. Dès lors qu'il avait quitté ce foutu sous-sol maître de cauchemar et d'horreur, Taehyung avait décidé. Il agirait tel l'héritier qu'il devait être. Dire qu'à l'époque, il avait entendu tant de personnes autour de lui dire qu'on ne pouvait jamais quitter le clan...En vérité, Taehyung n'était pas du clan, il était le clan. Tout comme l'était sa mère, tout comme son grand-père avant elle.

Si sa mère avait fait tout ce qui avait été en son pouvoir pour l'en éloigner, elle l'avait fait par amour d'une mère à son fils, par amour d'une femme à son mari. Aussi courageuse et téméraire avait elle été, peut-être que l'amour avait fini par être sa plus grande faiblesse, jusqu'à croire que ses enfants pourraient échapper à leur destin.

Seulement, le célèbre clan des Yamaguchi-Gumi était non seulement l'une des plus grandes organisations du pays, mais aussi, son propre cœur. Si l'appellation même de "yakuza" faisait référence à une combinaison perdante du jeu de carte dont elle provenait, des hommes et des femmes s'étaient battus pour rendre le terme glorieux. Après tout, les yakuzas n'avaient ils pas été les parias, n'avaient ils pas été ces samouraïs qui furent contraints de se lier au crime à cause de la société ? N'étaient ils pas au fond, une organisation qui se voulait être la Justice ?

Du moins, voilà ce que cela représentait aux yeux de Taehyung.

Alors, lorsqu'il avait penser à ses camarades, il s'était souvenu de ce qu'était l'organisation sous le pouvoir de sa mère, il s'était souvenu de la foi que faisait preuve ses partisans, de leur confiance, de leur générosité, de cette famille qui était la sienne et qu'il avait dû quitter.

Aujourd'hui, les mains fermes contre son bureau et les iris foudroyants de haine, Taehyung savait qui il était, pourquoi il s'était battu et la raison pour laquelle il irait jusqu'au bout.

Pour l'honneur du clan.

Pour l'honneur d'une famille.

— Monsieur, est-il vraiment judicieux d'agir de façon si précipitée ? demanda alors Noguchi, quelque peu craintif face à la vivacité de son patron.

— Nous agirons selon l'honneur, et cette fois-ci, je ne vous demanderais pas votre avis. Ceci dit, je ne vous forcerais pas la main. Vous avez été à mes côtés depuis toujours, et bien que je juge que ce combat est celui de tous, il est d'abord le mien.

— On vous suivra jusqu'au bout, conclut Suzaku en partageant un regard avec Noguchi.

Le plus vieux se pinça les lèvres mais ne protesta pas. Quoi qu'il arrive, il irait jusqu'au bout, lui aussi. Puisqu'il était né et avait grandit dans cette famille, puisqu'il avait vécu, appris et aimé dans cette famille, ainsi, il mourrait pour cette famille.

La gorge nouée, Taehyung fit un simple geste de la tête comme pour remercier ses fidèles, mais alors qu'il s'apprêtait à leur donner congés pour retourner à ses affaires au plus vite, la porte de son bureau s'ouvrit dans un fracas. Sans avoir frappé ou s'être présenté, ni même sans avoir pris soin de demander, Namjoon entra, en colère et surtout, épuisé.

— Taehyung, nous devons parler. Maintenant.

L'air grave mais pas moins sérieux, Taehyung fixa son ami, puis leva simplement la main pour contraindre Noguchi de le faire sortir. Ainsi, ce dernier, suivi de Suzaku et des autres hommes prirent le chemin de la sortie afin de les laisser seul à seul.

Dès lors que la porte fut refermée, Namjoon passa la langue sur ses lèvres et s'approcha vigoureusement du bureau. Brutalement, il plaqua les paumes de ses mains sur le meuble, et plongea ses iris dans celles du maître des lieux.

Le silence entre les deux hommes était si lourd, que même le simple bruit d'une horloge pouvait paraître intrusif. La pièce était tout de même spacieuse, et pourtant, chacun avait l'impression de se retrouver dans une pièce, comme si les murs pouvaient se resserrer à tout moment comme un étau qui finirait par les écraser l'un contre l'autre.

— Qu'est-ce que tu fais ? fut la première chose que Namjoon demanda d'un ton amer.

Evidemment que c'était une pure question rhétorique, puisqu'au fond, Namjoon ressentait les prémisses de ses mauvais pressentiments revenir à la charge, et plus il y pensait, plus il avait l'impression de se retrouver comme à l'époque, lors de cette mission en Afghanistan qui avait presque tourné au drame.

— Ne commence pas à te poser ce genre de questions Namjoon, lui dit simplement Taehyung sur le même ton. Finissez votre mission et rentrez chez vous, mais ne comptez plus sur moi.

— Je te demande pardon ? adjura Namjoon.

— C'est moi qui te demande de me pardonner, reprit fermement le noiraud. Je n'aurais jamais dû vous faire plonger si profondément dans ce monde. J'ai...j'ai bêtement pensé que ce serait plus facile que ce que j'avais imaginé, bien que je ne sois pas dupe.

— Qu'est-ce que tu me racontes, merde, Taehyung ?!

Taehyung releva un regard sévère mais tout de même peiné vers le visage de son ami, qui au final, n'était pas si loin que ça du sien.

— Qu'est-ce qui t'arrive cette fois, hein ? s'agita alors l'ancien colonel. Je t'interdis de nous faire le même coup que l'autre fois, tu entends ? Tu as promis, Taehyung. Tu m'as promis droit dans les yeux que tu serais droit, cette fois. On a construit cette mission tous ensemble, tu n'as pas le droit de nous abandonner comme ça. Où est passé ton honneur de soldat ?

A la grande surprise de Namjoon, Taehyung baissa les yeux sur ses mains toujours posées sur le bureau et se mit à rire, tristement.

— Je n'ai jamais été soldat, Namjoon.

Les sourcils froncés, le nommé eut l'envie de serrer les poings, mais il resta muet, dans l'attente de la suite. C'est seulement lorsque Taehyung releva les yeux et qu'il les déposa dans les siens qu'il ouvrit la bouche.

— Qu'est-ce que tu veux me dire ? dit-il, dans un calme surprenant.

— Tu n'as jamais cherché à bafouer mon intimité, et pour ça, Namjoon, je ne te remercierais jamais assez. Tu es un homme bien, loyal et honnête, et j'admet que j'ai fais honte à la confiance que tu avais placé en moi. Certainement que tout ce que tu as vécu par la suite de notre dernière mission a été l'enchaînement de mes choix égoïstes, mais crois-moi, je devais le faire. J'étais obligé de le faire, pour ma famille, pour mon sang, Namjoon.

Taehyung finit sa phrase dans un murmure, il respira un bon coup puis avala difficilement sa salive avant de retrouver cet air austère et confiant, puis reprit :

— J'espère sincèrement que tu me croiras Namjoon, lorsque je te dirais que j'ai été élevé dans l'amour et le respect de mon prochain. J'ai grandi avec des règles que j'ai toujours appliquées, même en dehors du cercle dans lequel elles faisaient loi. Je n'aurais pas le temps de te conter l'histoire de ma vie, pas aujourd'hui, peut-être un jour, si tu me l'accordes. Cela dit, je peux te dire, aujourd'hui, que j'ai vécu longtemps sous couverture afin de protéger ma réelle identité, ainsi que la place que j'aurais dû occuper depuis longtemps, mais que j'avais décidé d'abandonner. Je ne vous ai jamais menti en votre présence, j'ai toujours agis selon qui je suis, et l'amitié que je vous porte, à tous, est réelle et compte pour moi.

— Où veux tu en venir Taehyung ?

— A ce jour, Yamane est la seule personne qui me reste, Namjoon. Elle est la raison pour laquelle j'ai cru pouvoir m'échapper de ce qui devait être ma destinée, et par ma faute, aujourd'hui, elle m'a été enlevée.

— Taehyung, merde, s'énerva Namjoon.

Lui qui avait toujours eu beaucoup de sang froid commençait à penser qu'il devenait fou. Plus Taehyung parlait et plus il sentait cet affreux sentiment lui torturer l'estomac.

— Namjoon, tu savais que je connaissais bien le pays et que j'avais des liens avec certaines personnes ici même. Dans le passé, je t'avais justifié cela par des missions à droite à gauche qui m'avaient été confiées par des supérieurs, pas vrai ? Les mêmes raisons qui m'auraient poussé à l'époque de vous laisser croire que je vous avais trahis.

— Je sais que tu ne l'as pas fait, mais Taehyung...

— Namjoon, le coupa le noiraud. Tu dois m'écouter, lui dit-il sévèrement. Je ne t'ai jamais menti sur l'identité de mon père, et tu le sais. Tu connais aussi mon prénom, mon nom, mais peut-être pas celui que j'ai toujours dû cacher.

— Taehyung, merde...

— Tu as déjà entendu parler de Miyuki Tsukasa ?

— Elle était l'ancienne Oyabun de l'organisation yakuza, évidemment que j'en ai entendu parler. C'est d'ailleurs Lay qui aurait finit par s'en débarrasser pour prendre sa place, d'où le fait qu'on ai parlé de coup d'Etat mais bordel de merde Taehyung, qu'est-ce que tu veux me dire ?

En vérité, Namjoon commençait doucement à comprendre. Son cœur, lui, par contre...

— La place et le pouvoir de cette femme a été bafouée et volé, et beaucoup pensait qu'elle était seule, d'autres ont même laisser entendre qu'il s'était passer ce qui devait être, mais tout est faux.

— Faux ?

— Oui, acquiesça Taehyung. Puisque cette femme Namjoon, était peut-être la tête d'une organisation criminelle, mais elle était aussi une femme incroyablement belle, intelligente et au grand cœur. Elle n'était pas seulement yakuza mais aussi une fille et une mère.

Namjoon se tut pendant un moment lorsque son regard croisa celui de son ami, plus sérieux que jamais. Cela dit, ce silence ne fut plus aussi pesant qu'à ses débuts, puisqu'à l'instant même où il reprit ses esprits, Namjoon comprit.

— C'était ta mère...pas vrai ?

Le noiraud se contenta de hocher la tête, pensant que même les mots ne suffiraient plus dans la situation présente. De son côté, Namjoon sentit sa tête tournée dans tous les sens, ses pensées affluaient de toutes parts maintenant, et il ressenti le besoin de se reculer pas à pas jusqu'à tomber dans le petit fauteuil qui se trouvait au pied du bureau.

Namjoon s'était toujours promis de ne plus jamais faire équipe pour ses missions, pour la simple et bonne raison que partager son travail avec autrui revenait aussi à le comprendre, et pour cela, à le connaître. Bien qu'il connaissait Hoseok, Yoongi et Jin par cœur, bien qu'ils étaient ses amis, Namjoon savait que dans des moments aussi durs que pouvait présenter la guerre où les combats, il pouvait lui arriver de devoir choisir la raison aux sentiments. Après l'Afghanistan, après tout ce qui lui était tombé sur la tête, il avait alors pensé qu'il valait mieux devenir un loup solitaire pour ne plus jamais prendre le risque de mettre en danger personne d'autre que lui-même. Cela dit, lorsqu'on lui avait proposé ce mission presque suicide au coeur du Japon, son cœur avait parlé à sa place, et il avait cru dur comme fer que nul autre que ses propres amis pouvaient l'y accompagné.

Et Taehyung en faisait partie, parce que plus que d'être un excellent soldat, il était son ami, le frère qu'il n'avait jamais eu.

Ceci dit, Namjoon n'avait jamais été sot et il savait que jamais rien ne pouvait se passer comme prévu. C'est en route que son chemin avait à nouveau croisé celui de Jessy, puis de Jimin, avant de finir par rencontrer celui de Jungkook.

Malgré tout, l'ancien colonel n'avait jamais voulu en entendre plus que ce qu'on voulait bien lui dire. D'abord, pour ne pas avoir à se sentir coupable pour moulte raisons devant l'adversité, aussi parce qu'il se devait de tenir son rôle, surtout, parce qu'il savait que cette mission serait peut-être la toute dernière. Pourtant, il avait tout de même fait le choix de tous les embarquer avec lui dans cette folie, et lorsqu'il avait retrouvé Taehyung, il avait réellement pensé à tout ce que Jin lui avait dit. Qu'il n'était pas fiable, dangereux, vil, égoïste, qu'au fond il ne savait rien de lui.

C'est vrai, c'est qu'il aurait pu fouiller dans son passé et trouver tout ce qu'il aurait eu à savoir, c'est ce que Yoongi faisait toujours car il n'avait jamais eu confiance qu'en sa propre personne. Mais Namjoon, lui, n'était pas comme son ami. Il avait souhaité agir en homme bon, comme toujours, et il avait préféré prouver sa bonne foi à celui qui jadis, avait toujours fait croire qu'il les avait abandonnés à leur sort.

Alors, lorsqu'il tomba dans le petit fauteuil, Namjoon ne sut comment réagir. Bien qu'il savait que Taehyung cachait de lourds secrets, bien qu'il se doutait de quelques petites choses, jamais il n'aurait pensé se tenir aujourd'hui aux côtés de l'héritier de l'organisation contre laquelle ils agissaient tous.

L'ancien colonel ne savait plus quoi en penser, maintenant sa tête par ses paumes collées de chaque côtés de ses joues brûlantes.

— Je partirais demain, lui dit fermement Taehyung, le coupant alors dans sa transe.

— Pardon ? Partir ?

— Oui, je vais partir. Je vais me rendre sur cette île dont je vous avais parlé. Je sais que ma sœur est retenue là-bas. Alors je vais aller la récupérer.

— Tu ne peux pas abandonner tes coéquipiers une fois de plus Taehyung.

Pendant un instant, Namjoon cru voir de la peine défiler dans les yeux de son ami, mais très vite, il reprit ce visage fermé et il fronça les sourcils.

— Je ne pense pas avoir demandé ton avis sur la question.

Maintenant, Namjoon avait même l'impression de ne jamais vraiment l'avoir connu. Quand ses yeux se posèrent à nouveau sur le visage de son ami, il ne vit que celui d'un héritier, seulement celui du véritable héritier qu'on avait bafoué, et non celui de Kim Taehyung, ancien camarade d'arme et ami. Néanmoins, il comprit que sa propre façon d'agir ne le réjouissait pas, et qu'il le faisait aussi à contre cœur, afin de ne pas avoir à les mettre en danger plus qu'ils ne l'étaient déjà tous.

— Ne pense pas à m'accompagner, je t'interdis toi, ou n'importe qui d'autre, de se mettre entre cet enfoiré de Lay et moi. C'est mon combat, pas le vôtre.

— Taehyung, peut-être que tu étais seul dans le passé, mais plus maintenant. Nous sommes amis, nous sommes une équipe, je ne...

— Ce n'est plus question de mission ou de camaraderie, ou bien encore d'amitié ou que sais je Namjoon, le coupa sévèrement le noiraud en croisant les bras contre son torse. Si j'ai accepté cette mission, c'est aussi parce qu'encore une fois, j'ai été égoïste et que j'ai pensé que cela m'aiderait à me ré infiltrer dans l'équation sans être une menace. C'était le plan parfait. Mais aujourd'hui, j'ai enfin ouvert les yeux, je me suis réveillé de ce rêve dans lequel je vivais. C'est devenu trop dangereux pour vous, vous ne savez rien de ce monde. Tu crois savoir, mais tu ne sais ce que c'est que de gouverner.

— Tu as...

— Je me fiche de la part qui m'était promise, Namjoon. Je n'en voulais déjà pas, alors ne pense pas me retenir avec ça. Aujourd'hui, ce n'est pas pour l'argent que je me bats.

Encore quelque peu sous le choc, Namjoon resta béat un instant puis, résigné, se releva d'un bond et prononça sans appel :

— Tu es mon ami, alors je viens aussi.

— Hors de question, trancha Taehyung. Terminez votre mission, je ferai office de diversion afin que vous puissiez récupérer le collier et les fichiers. Oubliez la fille, elle est bien trop impliquée et refusera de partir pour rejoindre un monde qu'elle n'a jamais connu.

A cet instant, même la salive qu'il avalait devenait acide et amer pour Namjoon. Il avait compris que quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, il ne changerait pas l'avis de Taehyung qui était bien trop résigné. Il aurait voulu que les autres puissent tout entendre aussi, afin de le comprendre et qu'à eux tous, ils puissent finir par le convaincre. Mais même ainsi, Namjoon savait que cela aurait été vain. Même Yoongi n'aurait pas réussi à le faire flancher, Jungkook peut-être...?

Résigné, presque abattu, Namjoon hocha alors la tête et regarda ailleurs, tournant le dos au noiraud qui était toujours derrière son bureau. Puis, après quelques minutes qui lui parurent une éternité, il se retourna une dernière fois et regarda en sa direction.

Cette fois-ci, ce fut un silence émotif qui berça les deux hommes.

— Namjoon, promet moi une chose.

— Je t'écoute.

— Ne dis rien aux autres quant à mon départ.

Namjoon ne répondit pas, mais n'en pensa pas moins. Ainsi, il quitta le bureau de Taehyung, presque vidé de toutes ses forces. L'ancien colonel marcha jusqu'au couloir qui menait aux chambres, comme s'il voguait sur un océan sans vague. Avant qu'il ne s'arrête enfin devant la porte qu'il cherchait et que son poing ne frappe son bois, une petite voix qu'on appelait aussi conscience lui parvint. Il était certain que dorénavant, tout se jouerait aussi vite qu'une partie d'échecs professionnels. Il était temps de choisir son camp, et surtout, d'entreprendre sa meilleure stratégie.

— Nam ?

Lorsque Yoongi ouvrit la porte, il pensa se retrouver dans le reflet vide de son ami de toujours, et ainsi, lorsque ce dernier entra brusquement dans sa chambre, comprit que tout n'était plus qu'une question de temps.

Une question de temps avant que le château de cartes ne s'écroule.

— Je n'aurais jamais pensé te dire ça Yoongi, mais il va falloir attaquer le plan C.

*

L'air n'avait jamais été aussi froid mais aussi bon lorsque Jungkook retira son casque de moto. Il était parti de la maison sans grabuge, ayant seulement prévenu Jimin qu'il avait croisé dans les couloirs. Il avait emporté un énorme sac noir et alors qu'il s'était apprêté à passer les portes, le voleur l'avait retenu et l'avait regardé avec intérêt. Alors, pour ne pas attirer l'attention lorsque ce dernier lui avait demandé ce qu'il comptait faire seul, il lui avait dit qu'il comptait se rendre dans les quartiers peu fréquentables de la ville et qu'il ne valait mieux pas l'accompagner au risque de se mettre inutilement en danger.

Crédule, Jimin l'avait alors laissé partir en lui faisant promettre de faire attention, ce à quoi Jungkook lui avait répondu qu'il n'était pas celui à plaindre. Ainsi, il avait conduit jusqu'à son but, avait agit selon ses propres directives, avait récupéré ses affaires puis avait fait le chemin retour jusqu'à leur QG.

Lorsqu'il avait garé la moto à l'entrée de la maison, il avait remarqué que la Lexus de Taehyung était de retour. Avec un petit sourire, il avait alors abandonné l'idée de rentrer par la porte principale et avait fait le tour du jardin afin de passer la porte arrière qui mènerait jusqu'à sa chambre.

Là, il laissa enfin tomber son sac qu'il rangea avec précaution dans un recoin de la chambre avant de se débarrasser de toutes ses affaires qu'il jeta à même le sol avant de se rendre dans la salle de bain. Seul face à son reflet, Jungkook observa son corps fort, mais aussi abîmé et meurtri dans le miroir, perdant son sourire. Il passa les mains sur ses blessures couvertes de pansements qu'il retira un à un, ainsi que ceux qui recouvraient quelques-uns de ses tatouages, dont un en particulier, sur lequel il laissa glisser son pouce.

Les yeux clos, il prit une grande inspiration et lorsqu'il les rouvrit, croisa ses propres iris noirs dans la vitre qui lui faisait face. Comme toujours lorsqu'il se retrouvait en sa propre compagnie, il fut pris de folie et se mit à rire silencieusement jusqu'à s'accrocher au rebord de son évier, les poings serrés.

L'appel de l'eau fut plus fort, alors, il se décida enfin à prendre une douche bien méritée afin de laver tous péchés et retrouva ainsi un peu plus de sérénité. Chose faite, il se rinça et pris soin de sécher la moindre parcelle de son corps qu'il recouvrit à nouveau de différents pansements ou bandages.

Lorsqu'il sortit de la salle de bain, Jungkook enfila un simple boxer et attrapa le peignoir qui trônait sur sa chaise de bureau. Il était épuisé, à vrai dire, sa petite escapade l'avait réellement agacé, mais elle avait été nécessaire. C'est pourquoi il se laissa retomber le dos le premier sur ses draps, les yeux clos et les mains croisées sur son torse.

Peu à peu, la sérénité du sommeil venait à lui lorsqu'il entendit deux coups contre sa porte. Sachant d'ores et déjà de qui cela pouvait bien provenir, Jungkook, toujours les yeux clos se mit à sourire à pleine dents avant de se relever, et de marcher lentement jusqu'à la porte qui s'ouvrit d'un seul coup lorsqu'il abaissa la poignée.

Sans prévenir, Taehyung agressa ses lèvres de baisers ardents, lui faisant ressentir un sentiment qu'il n'avait encore jamais connu. Jungkook se laissa alors bercer par l'engouement de son amant qui l'agrippa bientôt comme s'il allait s'échapper. Bientôt, leurs échanges devinrent plus brutal, et poussa les jeunes hommes à se cogner contre chaque meuble, jusqu'à ce que Jungkook n'attrape les poignets de Taehyung qu'il laissa glisser au-dessus de sa tête, contre le mur. D'un coup de pied, Jungkook poussa le sac noir qu'il avait laissé tomber plus tôt et colla son bassin contre celui de son partenaire, jusqu'à ce qu'il se sente prit comme dans un étau.

Leurs baisers ne cessèrent à aucun instant, jusqu'à ce que Taehyung soit le premier à retirer ses propres vêtements, chose qui laissa Jungkook surpris. D'habitude, les deux jeunes hommes se battaient jusqu'à ce que l'un autre se déchirent leurs tissus, mais cette fois, Taehyung semblait bien plus avenant et prêt à baisser sa garde. Cela dit, ce ne fut pas déplaisant pour le plus jeune qui en profita pour parsemer sa peau de baisers et de marques rougeâtres, comme s'il était prêt à boire son sang.

Plus leurs échanges s'intensifiaient, plus Jungkook sentait Taehyung s'effondrer sans ses bras, comme si peu à peu, son cœur de pierre commençait à se briser sous ses mains. A vrai dire, les deux amants s'étaient tant saignés à sec, toujours à se battre pour un oui ou pour un non, que les faits et gestes de Taehyung traduisaient presque un abandon.

Comme si d'une certaine façon, le noiraud s'abandonnait enfin à son amant, et sans que Jungkook ne puisse s'en douter, il souhaitait que ce dernier puisse prendre tout ce qu'il voulait de lui avant de partir. Lui aussi, ressentant l'envie de prendre tout ce dont il avait besoin avant de s'en aller.

A vrai dire, Taehyung n'avait jamais besoin de quiconque dans sa vie, mais à l'instant même où lui était venue l'idée de rejoindre Jungkook dans sa chambre lorsqu'il l'avait entendu rentrer, il s'était dit que ce serait peut-être la dernière fois. Tout ce qu'il avait voulu avait été de savoir la vérité, et pourtant, malgré tout, le noiraud s'était laissé tenté par le corps et la voix de Jungkook jusqu'à en devenir accro. Il ne l'avouerait pas, mais il avait fini par se laisser avoir par son propre piège.

Jamais il ne lui demanderait ce qu'il en était pour lui, à vrai dire, cela n'aurait pas changé l'avis de Taehyung sur ce qu'il devait faire. Mais à cet instant, alors que Jungkook agrippait ses hanches pour le pousser jusqu'à son lit, il se dit qu'il pouvait bien envoyer se faire foutre le reste du monde le temps d'un partage intimé et brut, avant de dire adieu à tout ce qu'il avait une fois aimé.

C'est pourquoi pour la toute première fois, Taehyung laissa Jungkook prendre le dessus, il le laissa attraper ses bras pour les coincer de chaque côté de sa tête tandis qu'il embrassait son cou, avant de mordre ses tétons. Il ne bougea pas lorsque Jungkook relâcha ses bras pour d'une main, serrer sa gorge jusqu'à lui faire rencontrer le ciel, tandis que de l'autre, il massait son intimité.

Seuls de lourds gémissements de plaisir effleurent leurs lèvres lorsque Jungkook releva la jambe gauche de son partenaire afin de malaxer ses fesses plus facilement. Puis, chose qu'il n'avait encore jamais faite, il fallait croire que c'était la toute dernière soirée de leur vie, Jungkook offrit un plaisir intense au noiraud lorsqu'il lécha son doigt avec sensualité avant de l'insérer en lui. Les yeux clos, Taehyung se laissa emporter au paradis de la luxure tandis que Jungkook le préparait avec une attention jusqu'alors inconnue.

Cela ne fut rien lorsque Jungkook, les iris aussi sombres que la nuit et surtout aussi ronde de plaisir, se pencha pour embrasser le ventre de son amant, avant de laisser le bout de langue glisser, encore et encore, jusqu'à rencontrer son intimité dressée. Taehyung eut quelque peu de mal à se redresser pour apprécier le spectacle, mais lorsqu'il réussit à se maintenir à l'aide de ses coudes, il tomba dans le regard noir et envieux de Jungkook, dont la bouche ne faisait plus qu'un avec son sexe.

Jamais encore les deux amants n'avaient partager de sexe aussi intime et aussi puissant, c'était à en perdre la tête. Mieux que tout ce qu'ils avaient déjà connu. Dans un geste presque désespéré, Taehyung finit par saisir les cheveux de Jungkook, l'obligeant alors à relever la tête afin de le tirer à lui. Une fois encore, leurs lèvres envieuses se rencontrèrent tandis que leurs mains se débattaient les unes contre les autres pour retirer le dernier tissu du plus jeune.

Ce n'est que lorsque Jungkook pénétra enfin son amant, d'une douceur extrême que ce dernier se mit à gémir son nom, ayant l'impression d'être déjà parti bien loin dans les méandres du plaisir.

Pour la première fois depuis leurs premiers ébats, les deux jeunes partagèrent une intimité presque amoureuse qui prit seulement fin lorsque Jungkook retomba la tête la première dans le cou de Taehyung, épuisé et vidé de toute énergie. Ils avaient joui en cœur, entre deux gémissements rauque avant que Jungkook ne termine par s'endormir aux côtés du noiraud.

Taehyung lui, n'avait pas pu trouver le sommeil. Alors, nu et luisant de sueur, il était resté allongé là, aux côtés de ce beau jeune homme mystérieux. Il l'avait longuement regardé, et jamais il ne l'avait trouvé si paisible. Profitant de ces derniers instants de calme avant la tempête, Taehyung s'était délecté des traits de sa fine mâchoire, de ceux de son petit nez qui se froissait parfois lorsqu'il reniflait en dormant. Encore aujourd'hui, il se demandait qui il était vraiment et tout ce qu'il pouvait cacher derrière cette allure d'homme fort, meurtri par son histoire. Seulement, c'est en passant le bout de ses doigts contre sa joue pour lui remettre une mèche de cheveux derrière son oreille que Taehyung fronça les sourcils, soudainement victime d'un flash lorsque Jungkook ouvrit les yeux.

Durant l'espace d'un instant, il crut voir le reflet de cette bouille si craquante qu'il avait connu autrefois, lors de sa jeunesse. Ce fameux flash ne dura que quelques secondes, et pourtant, Taehyung jura avoir vu le visage de cet enfant, celui qu'il avait vu de ses propres yeux se faire faucher à tout jamais.

Comme bloqué dans son mouvement, Jungkook le regardait toujours de ses grands yeux ronds, tandis que Taehyung lui, était revenu dans le passé de son adolescence. Ce jour-là, le noiraud s'était rendu chez Lay, et tandis qu'ils discutaient, le petit frère de ce dernier s'était endormi sur le canapé qui se trouvait dans leur dos. Jusqu'alors, Taehyung n'y avait même pas porté attention, mais ce fut quand Lay se mit à rire à plein poumons qu'il s'était retourné et qu'il était tombé nez à nez avec ce visage enfantin et adorable, muni de ces grands yeux remplis de petites étoiles. A l'époque, Taehyung l'avait trouvé véritablement attendrissant, même à son jeune âge, il savait déjà que plus tard, Hitobashira serait un bel homme et qu'il en ferait tomber plus d'une dans ses draps. C'était ce qu'il avait pensé avant que Lay ne se mette à lui tapoter l'épaule pour l'accompagner dans ses moqueries, face à la petite mine déconfite de son jeune frère. Taehyung, lui, n'avait pas ri et l'avait plutôt défendu. Puis, de sa douce petite voix, le jeune garçon lui avait demandé qui il était puisqu'on entendait souvent parler de sa mère dans sa famille, et Taehyung se souvint qu'à l'époque, il n'avait pas su quoi lui répondre.

Ce souvenir semblait si vrai maintenant, que Taehyung ne sut reprendre ses esprits, jusqu'à ce que Jungkook ne lui offre son malin sourire.

— Quoi ?

Lorsqu'il revint sur Terre, le noiraud retira immédiatement sa main, espérant que peut-être Jungkook n'avait pas deviner ce qu'il comptait faire, puis il le fixa avec intensité, avant de secouer la tête et de se retirer de ses draps.

C'est dans le mutisme le plus complet et sans lui lancer un regard que Taehyung se rhabilla rapidement avant de le quitter, laissant Jungkook plongé dans la confusion la plus totale.

*

Aux aurores, la rosée du matin et les petits oiseaux chantaient l'arrivée des premiers rayons de soleil furent les seuls spectateurs du départ de Taehyung.

Habillé d'un costume noir qui rappelait les coutumes de son clan, le noiraud parti sans un regard en arrière. Pas à un seul moment il n'eut de doutes sur sa décision, et c'est ainsi, avec une détermination de feu, qu'il grimpa à l'arrière de sa Lexus. Au volant, Noguchi attendit ses instructions, et accompagné de Suzaku, Taehyung fut en route pour le port de Yokohama.

En chemin, les yeux rivés sur le paysage qui défilait à travers la vitre et la mâchoire serrée, Taehyung ne pensait plus qu'à une seule et unique chose : Détruire Lay Zhang.

Si cet enfoiré était là ou il était aujourd'hui, c'était de sa faute. Il avait profité de ses erreurs, il avait attendu qu'il tombe dans l'espoir qu'il se noierait dans ses faiblesses afin de l'abattre. Comme la peste, Taehyung ne s'était pas senti dépérir. Au fond, il se demandait bien si c'était l'amitié qu'il portait à tous ceux qui dormaient encore dans la sécurité de ses murs, ou bien l'amour qu'il portait à Jungkook qui l'avait rendu si faible. Il ne trouverait peut-être jamais la réponse, puisque maintenant, tout cela était du passé. Le jour où il commençait à donner son coeur était enfin venu, mais avant que ses os ne se brisent, Taehyung avait une nouvelle fois préféré fuir. Mieux valait prévenir que guérir, n'est-ce pas ?

C'est pourquoi plus tôt, il avait décidé de se donner entièrement à Jungkook, quitte à laisser tous ces sentiments se consumer. Puisque Taehyung l'avait compris, il aimait cet homme, il aimait Jungkook mais il n'en avait pas le droit. Par ses actes, il l'avait laissé prendre ce qu'il voulait de lui, ce qu'il avait besoin de lui, avant de le laisser partir.

— Monsieur, le bateau est là.

Muet comme une tombe, Taehyung acquiesça et quitta le confort de la Lexus pour rencontrer la brise de vent qui provenait de l'océan face à lui. L'air était aussi salé que son cœur à présent, mais il n'en fit pas cas et avança tel un prince, plus déterminé que jamais. Le noiraud savait qu'au moment même où il mettrait un pied sur ce bateau qui le mènerait à sa sœur, il lancerait le combat le plus dangereux qu'il n'est jamais connu. Il savait mieux que personne que cette île, autrefois occupée par les différents parties des trois grandes familles yakuzas était désormais réduite au seul et unique pouvoir de Lay. De ce fait, Taehyung savait que dès son arrivée, il se mettrait en danger et que quelque soit ses faits et gestes, il risquerait la mort à tout moment.

Peu importe, pensa t-il.

— L'honneur d'une famille, souffla t-il, les yeux rivés sur le zippo qu'il tenait entre ses doigts.

Dernier souvenir qu'il avait volé dans la chambre de Jungkook avant son départ.

Une dernière fois, il le fit ripé dans ses mains, admira la petite flamme et enfin, le jeta dans les profondeurs de l'océan.

Plus jamais il ne verrait ce briquet, comme il ne verrait plus jamais son propriétaire.

A quoi bon, après tout.

De l'autre côté de la ville, Jungkook se réveilla d'un profond sommeil. Il ne s'était pas senti aussi bien depuis des lustres, et se mit même à sourire face aux souvenirs de la nuit qu'il avait passé. Soudain, il se releva d'un un bond, et, toujours nu, courut dans sa salle de bain. On aurait pu croire qu'il était paniqué dû à ses yeux qui ne savaient où regarder. Quand il croisa son reflet, il vit les marques violines, cadeaux de son amant, parsemer la totalité de son cou. Cependant, il ne s'y attarda pas un instant et vérifia que chacun de ses pansements étaient toujours là, et enfin rassuré, s'appuya sur le rebord de l'évier.

Reprenant doucement son souffle, il fronça tout de même des sourcils en prenant conscience qu'il n'entendait pas un seul bruit provenir du couloir. D'habitude, il était souvent l'un des derniers à se lever, et à cette heure, il pouvait entendre Taehyung hurler dans son combiné ou les différentes bribes de discussions de ceux qui traversaient le couloir.

Perplexe, il fit son retour dans sa chambre et attrapa le réveil qui se trouvait à son chevet. Il n'était que sept heures du matin, et aucun bruit.

Jungkook ne comprit pas réellement ce qui le prit lorsqu'il se décida à enfiler son peignoir avant de sortir discrètement de sa chambre pour aller toquer à celle de son amant. Il toqua, une fois, puis deux, sans jamais obtenir de réponse. Après avoir vérifié que personne ne se trouvait dans le couloir, (chose étrange puisque Noguchi se trouvait toujours dans les parages) il entra alors dans la pièce à pas de loups.

La chambre était totalement vide, il n'y avait plus rien et surtout, Taehyung n'y était pas.

Jungkook rebroussa alors chemin et se dirigea à son bureau. Une nouvelle fois, il toqua en vain. Alors, une fois de plus, il entra sans demander son reste et ne fut pas étonné non plus de ne pas l'y trouver.

Un sourire s'étendit sur ses lèvres, et alors, sans crier gare, Jungkook fila aussitôt à sa chambre et rangea ses affaires dans une précipitation qu'on ne lui avait jamais connue. Bientôt, il fut habillé de la tête aux pieds, n'oublia pas d'attraper le paquet de cigarettes qui trônait encore sur son bureau, regrettant de ne pas y trouver son fameux zippo. Peu importe, ce n'était qu'un détail après tout. Alors, fin prêt, il attrapa le casque de moto qu'il avait abandonné la veille et chargé, quitta la maison sans prévenir.

Le jour était enfin venu, et c'est muni d'une excitation sans pareille que Jungkook agrippa ses affaires sur sa moto avant d'y grimper et de foncer tout droit vers un horizon encore inconnu.

Le temps du changement était enfin arrivé.