Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

𝟑𝟖. 𝐃𝐢𝐬𝐩𝐥𝐚𝐲 𝐨𝐟 𝐚𝐟𝐟𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧










Just the beginning - Kim Jun Seok

Nothing's Gonna Hurt You Baby - Donna Missal

Schadenfreude - Hyun-Do Kim


━━━━━━━━━━━





Allongé sur son lit, un bras posé sur son front et l'autre collé à sa poitrine, les yeux fixés, voire même accrochés au plafond, il réfléchissait.

Oui, il réfléchissait.

Et plus il y pensait, plus le tout semblait s'entremêler, jusqu'à former une horrible boule noire de souvenirs qu'il pensait enfouis au plus profond de sa mémoire.

Alors, il essayait de ne plus penser, mais dès lors, ce n'était plus son cerveau qui se mettait en marche, mais son cœur qui ne cessait de battre plus vite. Comme si ce dernier le voulait lui, qu'il réfléchisse.

Bordel, cela devenait véritablement agaçant.

Alors, reparti pour un énième tour, Taehyung frotta ses pauvres yeux fatigués avec le dos de sa main, et reprit son éternelle pose, fixant le plafond comme si c'était ce dernier qui allait lui donner des réponses.

Non, la seule et unique personne qui aurait pu lui en donner était déjà partie, il l'avait lui-même chassé de sa chambre depuis plus d'une heure maintenant. Bon sang, il devait dormir, il en avait besoin, après tout ce qu'il c'était passé, mais impossible.

Taehyung savait qui il était, et ce qu'il avait été. Il se souvenait très bien de son enfance, et de sa jeunesse. Il se rappelait de tout, et il arrivait parfois que les souvenirs se lancent comme dans un mode "playlist aléatoire", se jouant de lui jusque dans ses rêves ou ses cauchemars.

Dans le pire des scénarios, son cauchemar le plus récurrent semblait le renvoyer à ce jour, où il avait été rejoint par Lay, lorsqu'ils étaient encore amis. Il revivait ce début de journée banale, jusqu'à ce que des hurlements ne lui donnent une terrible migraine. Puis, se jouait la scène de cet affreux accident, qui avait coûté la vie à ce pauvre petit garçon dont il n'avait jamais oublié le nom.

Dans le meilleur des scénarios, Taehyung rêvait de sa famille. De son père, de sa mère aussi, beaucoup. Il se souvenait de ses paroles, regrettant les plus douces à son égard. Mais finalement, celui qui se rejouait le plus souvent n'était pas une image en elle-même, mais plutôt, une sensation. Celle où il se souvenait avoir aimé, pour la première fois, et les premières fois, il ne les avait jamais compté.

Il y avait eu la première fois où il pensait avoir été amoureux, ne comprenant pas encore les complexes engrenages de ce qu'était l'Amour avec un grand "A", mais aussi, la première fois où il avait découvert la liaison charnelle.

Mais aujourd'hui, couché sur son lit, le cœur battant à vive allure et le cerveau commençant à surchauffer, Taehyung se demandait s'il avait été victime d'un cauchemar, ou bien d'un rêve.

Si cela était un rêve, alors il devait avouer avoir aimer, non, adoré, ce qu'il avait partagé avec Jungkook. Il ne fallait pas se leurrer, se répétait il, il l'avait voulu dès lors que ses yeux s'étaient posés sur lui. Il l'avait rencontré plusieurs fois dans ses rêves, et à chaque fois, il s'était réveillé avec l'amer sensation de ne pas avoir pu réellement se languir de sa chair.

Si cela était un cauchemar, alors, il devait se rendre à l'évidence que céder à la tentation avait été une piètre décision. Après tout, Taehyung n'avait pas fait tout ce chemin, tous ces efforts, pour finir par s'enticher d'un jeune homme tiraillé par ses propres démons. Qui plus est, Jungkook restait encore une énigme à ses yeux, et le fait de penser qu'il pouvait encore cacher de profonds secrets l'angoissait.

Voilà la réalité de son dilemme.

Toujours plus perplexe, Taehyung décida de se relever, et passa une main moite sur son visage, avant de se diriger à sa fenêtre. Il se pinça la lèvre, et hésita avant de faire coulisser la porte, le menant à sa petite terrasse. Loin de lui l'idée de s'imaginer pouvoir retrouver une quelconque sérénité en ne faisant qu'un avec la nature, non. Il essayait simplement de retrouver un peu d'air frais pour ne pas devenir dingue.

La faible brise de vent vint frapper son visage, et épuisé, Taehyung commença à faire les cents pas sur sa petite terrasse, un bras croisé sur son torse, et une main agrippant le bout de son menton.

Il y avait encore de nombreuses choses sur lesquelles figuraient un énorme point d'interrogation, comme cette multitude de pansements que portrait Jungkook. Sa blessure ne datait plus d'hier, alors, dans la logique des choses, il aurait dû s'en débarrasser depuis un moment pour laisser sa peau cicatriser en paix. Alors, pourquoi tant tenir à la cacher ? Pire encore, il n'y avait pas qu'un pansement, mais pleins d'autres, comme si cet imbécile ne cessait de se faire mal sans cesse.

Riant dans sa barbe, Taehyung pensa devenir fou lorsqu'il imagina Jungkook se blesser volontairement. C'était idiot, et trop gros. Alors ce n'était pas ça.

Quoi qu'il devait en être capable.

Continuant de marcher, Taehyung reprit cette mauvaise habitude de se mordiller le pouce, le regard dans le vide. Il y avait encore tant de mystères à élucider à propos de Jungkook, que cela le rendait presque malade. Non pas malade au sens physiologique, mais psychologique. C'était une réelle obsession, en plus du fait qu'il lui plaisait.

Merde, voilà.

Il l'avait penser à voix haute dans sa tête, ce gamin lui plaisait.

Il ne devait pas perdre le contrôle, il ne le devait pas. C'était même interdit, car cela le rendrait faible. Taehyung le savait, il l'avait appris assez tôt, et sa mère avait toujours tenu des propos stricts à ce sujet. Il devait vivre pour les siens, avant de vivre pour lui-même. Telle était la loi de son monde, oui, telle était la loi de son monde...

Aimer n'avait jamais été au programme, alors à quoi bon y penser sans cesse ? Aimer le sexe, aimer une peau parmi tant d'autres, préféré un sexe à un autre...Mais aimer quelqu'un ? Est-ce que lorsque cette personne nous faisait virer dans une rage folle, c'était aussi de l'amour ?

Alors qu'il était concentré dans ses interminables réflexions, Taehyung releva la tête rapidement, lorsqu'il pensa apercevoir quelque chose lui filer sous les yeux. Heureux de ne pas encore être fou, il fut apaisé en remarquant un joli papillon bleu se poser sur l'une des feuilles du buisson qui lui faisait face.

Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas aperçu de si jolis bestioles ici, alors, las de se marteler le cerveau avec toutes ses pensées, Taehyung finit par s'accroupir et resta ainsi, silencieux, devant l'insecte. Comme un enfant émerveillé, il fixa ses ailes, d'un bleu qu'il devinait être éclatant, et avant même qu'il ne puisse le toucher, le papillon s'en alla, battant vivement dans la brume de la nuit.

Ce court instant de pause lui fit remarquer qu'il manquait terriblement de raison, alors, Taehyung regarda une dernière fois dans la direction de l'insecte qui l'avait quitté, et machinalement, retourna se terrer dans sa chambre, en se promettant durement que les réponses à ses questions finiraient par tomber.

Et vite.


*


Un peu plus loin dans une des pièces voisine, et également allongé et le dos appuyé contre sa tête de lit, Jungkook arborait la moitié d'un sourire sur son visage. Celui qui ne dévoilait pas toute ses dents, et qui faisait légèrement relevé sa lèvre supérieure.

Depuis un moment déjà, il restait dans cette exacte même position, jouant avec le capuchon en fer de sa bière, qu'il faisait tourner sur elle-même dans les airs, à chaque fois qu'elle tombait sur son pouce, sans jamais la faire tomber.

Contrairement à Taehyung, le jeune homme ne se retrouvait pas face à un dilemme, mais plutôt face à une réussite. Il était fier, très fier, d'être sorti glorieux de sa chambre.

Leurs ébats avaient fait trembler les murs, mais Jungkook était loin d'être idiot, et avait très vite compris que le cœur du noiraud était entre ses mains. Il n'y avait qu'à penser à la façon dont il l'avait maintenu contre lui durant leur liaison charnelle, à la façon dont ses lèvres se battaient avec les siennes, comme s'il était en plein combat avec son propre esprit.

Oui, en y repensant, Jungkook trouvait ça véritablement amusant, même jouissif.

Son sourire ne voulait plus le quitter, tant, qu'il commençait à avoir mal à la mâchoire.

Alors, lorsque le bouchon finit enfin par rencontrer le sol, Jungkook se glissa hors de son lit, et alla fouiller dans un de ses sacs pour en sortir un paquet de cigarettes bien entamé. Heureux de voir qu'il lui en restait encore assez, il en tira une du paquet qu'il laissa retomber sans grande attention sur le sol, et fit glisser la porte de verre coulissante qui le mena au petit balcon.

Fumer était une véritable addiction, certes, mais pour tout fumeur, il y avait parfois ces moments privilégiés avec sa petite dose de nicotine, qui ne pouvait que le plonger dans un état second de bien-être total. Pour certains, cela se résumait à un bâton fumé après un bon repas, ou bien alors, celui qu'on craquerait après un café. Pour Jungkook, la cigarette ne pouvait qu'être meilleure après un orgasme.

Mieux encore, elle l'était d'autant plus lorsqu'il ressentait que le vent tournait à son avantage.

Alors, laissant échapper la fumée d'entre ses lèvres avec une lenteur indéfinie, Jungkook laissa ses épaules retomber, et ferma les yeux, la tête penchée en arrière. Il y avait une légère brise de vent ce soir, qui ne pouvait être que des plus agréables, frôlant ses joues comme s'il y laissait de maigres caresses.

A chaque bouffée, Jungkook se sentait empli d'une irrésistible envie de sourire, encore et encore, sans jamais pouvoir le partager à personne d'autre que lui-même. Mais cela lui suffisait, après tout, il n'avait jamais pu compter que sur sa propre personne.

Enfin, à bien y réfléchir, il ne l'était pas réellement aujourd'hui, mais si tout cela était ainsi, c'était parce qu'il était celui qui l'avait voulu.

Un grand maître d'orchestre, voilà ce qu'il était.

Cette pensée le fit sourire à nouveau, et quand il rouvrit les yeux, Jungkook aperçut un joli papillon lui passer sous le nez.  Ce dernier volait sans se préoccuper de ce qui l'entourait, profitant de la légère brise et continuant son chemin, seul. En le fixant bien, Jungkook pensa se retrouver en lui, jusqu'à ce que ce malheureux ne se heurte à l'ennemi.

En moins d'une seconde pour y croire, le papillon aussi libre que l'air venait de se faire prendre au piège par une immense toile d'araignée, qui décorait l'angle qui séparait le balcon de la chambre.

Jungkook le fixa, encore, en train de se débattre comme un fou pour pouvoir se libérer de ses fines chaînes blanches, mais elles étaient robustes. Bien plus fortes que lui. La pauvre bête ne lâchait rien, usant de toutes ses forces, et on pouvait le dire, il avait en lui toute la volonté du monde. Cependant, Jungkook n'eut aucune peine pour lui, lorsqu'enfin, l'araignée vint l'attaquer, et ainsi, le papillon rendit l'âme.

L'araignée file sa toile à l'abri des regards dans l'ombre. La lumière, aussi brillante soit-elle, ne suffira pas à la dénicher, et, lorsque l'on s'en rend compte, il est déjà trop tard.

En fin de compte, n'éprouvant aucune pitié pour le défunt insecte, Jungkook fixa l'araignée qui s'attelait à emballer son repas.

— On est pareil, toi et moi, chuchota t-il à cette dernière, qui ne devait même pas savoir qu'un humain la toisait avec autant d'attention, l'admirant telle une pure merveille.

Puisque c'était ainsi, pensa Jungkook en écrasant finalement son mégot avant de l'abandonner au sol, agir dans l'ombre pouvait être perçu comme une traîtrise, mais cela n'en faisant pas moins une technique purement redoutable. La lumière, aussi brillante soit-elle, ne pourrait jamais égaler le génie du diamant qui se tapisse dans les ténèbres.

Un rictus au bord des lèvres, Jungkook passa la langue contre sa joue, puis, il finit par tourner la tête en direction de la chambre voisine, là où Taehyung devait s'être endormi, ou qui sait, depuis qu'il l'avait quitté.

Il resta ainsi quelques secondes, et prit enfin congé, en étant bien heureux d'apprécier un sommeil profond et mérité.


*


Le lendemain, l'équipe ne fut pas réellement productive quant à la mission. Namjoon avait encore besoin de se rétablir pour reprendre son rôle de meneur, aussi bien physiquement que mentalement. Alors, il avait laissé quartier libre à ses coéquipiers. Si l'on avait croisé ni Taehyung, qui s'était enfermé dans son bureau, ni Jungkook, qui avait peu quitté sa chambre, occupé à on ne savait quoi, les autres avaient quelque peu erré dans la maison comme des fantômes.

Dans l'après-midi, Jin et Hoseok s'étaient rejoints dans le salon, en compagnie de Jessy, discutant autour de quelques tasses de café. On aurait pu penser qu'ils décompressaient, mais loin de là, la petite équipe avaient longuement rejouer la soirée de la veille, cherchant à savoir s'il pouvait y avoir un quelconque lien avec le mutisme de Taehyung et de Jungkook.

Alors, Jin leur avait expliqué ce qu'ils avaient pu observer sur les caméras qu'ils avaient réussi à trafiquer. Loin d'être étonné, Hoseok l'avait écouté avec sérieux, une main serrée contre ses lèvres. Il n'avait fait aucun commentaire quand Jin avait mentionné l'état de Jungkook. Ce gamin pouvait être étonnant, mais s'il continuait ainsi, peut-être qu'il réussirait à atteindre le coeur de Ara. Si cela était le cas, alors, ils finiraient peut-être par atteindre un de leurs buts.

La ramener.

Cela dit, Jessy n'était pas du même avis.

— Si j'ai bien compris, cette pauvre fille à toujours vécu dans ce monde. Croyez-le ou non, mais on peut réellement finir par s'y habituer. Elle n'est pas comme ces filles qui se prostituent à la caméra ou derrière une rideau, elle détient le cerveau de l'organisation, et se plaît dans sa tour d'ivoire.

— Jungkook nous a dit qu'elle avait l'air complètement paumé, continua Jin.

— Jess n'a pas tort, reprit le tireur d'élite. Je ne sais pas si c'est une question de peur, mais quand bien même elle voudrait être libre, elle tient seulement à ce qu'elle a toujours connu.

— Franchement, reprit la jeune femme, je peux la comprendre. Elle a tout ce qu'elle veut ici, et même si c'est un peu comme un lion en cage, la sienne est dorée. On peut aimer, même notre bourreau.

— C'est quand même dingue de vouloir rester aux côtés d'un gars aussi malade que lui, souffla Jin.

— C'est clair, répondit Hoseok en baillant.

— Vous devriez vous reposer encore un peu, dit Jessy en se levant du canapé, je crois qu'on devrait profiter du calme avant la tempête. Je ne sais pas ce que Lay a prévu pour notre prochaine rencontre, et croyez moi, je ne pense pas être prête à le savoir. Alors juste...essayez de vous reposer. J'irais voir Namjoon un peu plus tard.

— Tu as vu Jimin ce matin ? demanda Jin, attirant sans le savoir l'attention de son ami qui s'apprêtait à les quitter.

— Il dormait encore que je me suis levée.

— Il dort encore dans ta chambre ?

— Ça lui arrive de me rejoindre. Il arrive à pas de loup et vient chercher du réconfort je crois, dit Jessy en souriant bêtement. C'est un gentil garçon, finit elle en partageant un regard avec Hoseok.

— Hm, il hocha la tête, il l'est.

Puis, le silence.

Alors, la jeune femme attrapa leurs tasses vides et leur fit un sourire, avant de disparaître dans la cuisine. De leur côté, Jin et Hoseok n'avaient toujours pas bougé, et le pilote fut le premier à faire un geste, partageant vouloir discuter avec Yamane au sujet des véhicules que disposaient son frère. Ainsi, Hoseok fut le dernier à occuper le grand salon, et par dépit, se décida à retourner à sa chambre pour un peu de repos, au risque d'entendre les plaintes de sa nouvelle amie.

Bientôt, le soleil ne fut qu'un vague souvenir, et dans la maison silencieuse, un d'entre eux n'avait jamais quitté la lumière.

Yoongi s'était réveillé tardivement, et a peine avait-il fini son café encore froid de la veille, qu'il s'était plongé dans les recueils de données et tout un tas d'autres informations codées. C'était son travail, mais aussi, une véritable drogue.

Il avait préféré ignorer les migraines qui l'avaient assailli, et s'était concentré sur son écran, ne sortant même pas pour boire ou manger. De toute façon, son interminable bouteille de whisky lui était suffisante.

Yoongi n'était pas du genre à montrer ses sentiments, alors, il n'avait pu partager l'inquiétude de ses compagnons lorsque Namjoon était revenu en piteux état. Il avait longuement échangé avec Hoseok, et après ça, il s'était enfermé dans sa chambre, laissant toujours sa porte à peine ouverte, pour entendre quiconque qui viendrait lui rendre visite.

Cela dit, il n'était pas moins soucieux de l'état de son vieil ami, mais il savait que Namjoon était un très bon soldat, et qu'il se remettrait de ses blessures. Cependant, il se doutait que son ami devait s'être arraché la tête après ce retournement de situation.

Ils s'étaient tous douté du fait que Jungkook et ce dernier seraient choisis pour combattre, mais l'un contre l'autre ? Lay avait joué la carte de la mesquinerie, bien que cela ne l'avait pas grandement étonné.

C'était un personnage fourbe et sans cœur, qui avait pour but de tous les rendre fou. Yoongi avait tout de suite su que leur ennemi serait l'un des pires qu'ils auraient à combattre, car cela ne se résumerait pas qu'à tirer des balles sans réfléchir dans l'autre camp.

Non.

Ici, au Japon, pour cette dernière mission, ils jouaient tous avec une part d'eux-mêmes qui leur était essentiel pour vivre : leur cœur.

En y repensant derrière son écran, Yoongi se mit à rire faiblement. Que restait-il de son cœur, aujourd'hui ? Peut-être plus grand chose. Après tout, il mourrait à petit feu. Contrairement à ses camarades, personne ne l'attendrait à son retour, à part peut-être son cercueil.

Cynique, direz-vous. Mais c'était la terrible vérité du hackeur.

Il le savait, et c'est bien pour cette raison qu'il avait accepté de jouer ses toutes dernières cartes, auprès de ses amis...de sa seule et unique famille.

Alors qu'il était concentré à déchiffrer quelques lignes de codes, un pur jeu d'enfant pour l'homme qu'il était devenu, Yoongi entendit sa porte grincer légèrement dans son dos. Pensant que c'était seulement Jessy qui lui apportait encore de quoi "manger un peu pour éviter de crever le ventre vide", il se tut et se concentra sur sa tâche.

Mais il s'était trompé.

— Encore et toujours des chiffres...c'est fou d'autant aimer des lignes vertes qui défilent sur un écran noir.

A l'entente de cette voix qu'il pensait être la plus douce au monde, Yoongi retira le casque qu'il avait sur les oreilles et se retourna en sa direction, faisant tourner sa chaise sur elle-même.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

— J'ai dormi toute la journée, et y'avait personne dans le salon. Jin est avec Yamane, Namjoon se repose, je ne sais pas ce que fait Jess parce que je ne l'ai pas cherché, Jungkook refuse de sortir de sa chambre et Noguchi surveille la porte du bureau de Taehyung. Ah, aussi, Hoseok s'entraîne au tir. Il ne reste plus que toi.

— Je suis occupé, Blondie.

— Je ne suis plus blond depuis un moment tu sais.

— J'aime bien ce surnom, souffla rapidement Yoongi avant de lui tourner le dos.

Pourtant, Jimin comprit qu'il pouvait rester car il ne lui avait pas demandé de partir. Alors, il repoussa la porte derrière lui et entra dans la chambre, découvrant que cette dernière aurait pu appartenir à quiconque si Yoongi n'avait pas étalé tout son matériel dans le fond. Cela le fit rire, car dans la sienne, ses affaires étaient étalées un peu partout, créant un véritable champ de bataille de haute couture.

Son petit talent le poussa à tout analyser, passant parfois le bout de ses doigts entre ses lippes.

— Il n'y a rien à voler ici, joli cœur, lui dit le hackeur d'une voix monotone.

— Qui t'as dit que j'étais venu te voler ?

Pour réponse, Yoongi haussa seulement les épaules.

— Je suis venue car je m'ennuyais...

Il avança un peu plus en direction de Yoongi.

— Tout seul.

Ses mains se frayèrent automatiquement un chemin sur les épaules de son amant, le faisant légèrement trembler sous son geste.

— C'est pas le moment là.

— Tu sais...j'ai vraiment eu peur hier.

— Hoseok était là.

— Oui, mais toi tu n'y était pas.

Passant la langue contre ses lèvres, Yoongi essaya d'ignorer que les jolies mains de Jimin frôlait ses clavicules.

— Je ne serais pas toujours là.

— Alors profitons-en quand c'est le cas...

— Attends, lui indiqua Yoongi en attrapant sa main.

Il se retourna assez pour le fixer droit dans les yeux.

— Je sais que c'est pas anodin ce qui se passe entre nous, mais je peux pas me permettre de te toucher si Hoseok n'est pas là.

— Tu sais, je te mentirais si je te disais que je ne l'aime pas, avoua Jimin en remontant l'une de ses mains sur sa joue droite. J'adore Hoseok, et je sais qu'il appartient à mon cœur. Il m'a sauvé, en quelque sorte, et je lui dois beaucoup, en plus d'être un soldat incroyable, il est un homme sur qui on peut...toujours compter, pas vrai ?

— C'est mon ami, répondit Yoongi, en fermant les yeux lorsque Jimin effleura ses lèvres du bout de son pouce.

— Il est aussi un des miens, comme toi.

Yoongi étouffa un rictus à sa remarque.

Hoseok était son ami, comme un frère pour lui, il l'était vraiment. Ils avaient tant vécu ensemble, et encore aujourd'hui, les voilà qu'ils étaient liés d'une drôle de manière, au même homme. Lorsqu'il posait les yeux sur Park Jimin, Yoongi se disait qu'il ne mourrait peut-être que dans dix ans. Oui, lorsqu'il le voyait déambuler sous ses yeux, en petite tenue ou bien totalement nu, il remerciait le ciel de lui avoir fait croiser son chemin.

Au moins, il aurait croisé un ange avant de s'en aller tout droit pour les Enfers.

Cela dit, quand bien même il était indéniablement attiré par ce jeune voleur à la peau douce et au visage de poupon et aux lèvres scandaleuses, Yoongi savait être juste.

La relation, si l'on pouvait la nommer ainsi, qu'il entretenait avec Jimin et Hoseok était purement sexuelle. Il adorait Hoseok, mais au fond, il se savait être amoureux du premier.

C'est pour cette raison qu'il ne pouvait se résoudre à être égoïste, ainsi qu'à céder à ses propres désirs.

— C'est un truc à trois, et ça s'arrête là Blondie.

— Je sais que tu en as envie...je le vois quand tu t'écartes et que tu nous regardes. Je l'aime, mais crois je t'aime aussi, toi. S'il te plait, ne me demande pas pourquoi. Je ne saurais pas te le dire. La première chose qui m'est venue en tête quand on s'est rencontré était que...

Jimin s'arrêta pour respirer profondément, avant de reprendre en plongeant ses iris dans les siens.

— Était que j'avais besoin de t'appartenir, aussi.

Quelque peu déstabilisé par sa révélation, Yoongi le laissa alors contourner sa chaise pour se pencher au-dessus de lui, les mains plantées sur ses accoudoirs.

— S'il te plait...

C'était presque une supplication, non, c'en était une et bordel de merde, Yoongi ne pouvait rien faire à part acquieser. Ce qu'il fit. Bien heureux, Jimin s'approcha et déposa un baiser au plus proche de ses lippes sans les toucher, et fit glisser l'une de ses mains sur son torse, mordant légèrement sa lèvre inférieure. De son côté, Yoongi ne savait pas si sa tête tournait à cause de ses migraines, du mélange des chiffres et des lettres qui avaient trop longtemps défiler sur son écran, ou bien encore, à cause de la vue aphrodisiaque et excitante que lui offrait Park Jimin.

Ce dernier n'en était qu'aux prémices de ses surprises, et vint bientôt détacher sa ceinture, qu'il retira si lentement que Yoongi pensa crever à chaque seconde. Il ne pouvait détacher ses yeux des siens, et putain, comment Jimin pouvait savoir ce qu'il faisait sans le quitter trois secondes des yeux ?

Ce ne fut pas tout, puisque bientôt, la ceinture de Yoongi envolée, Jimin l'aida à légèrement se surélever pour tirer sur son jogging et son caleçon à la fois. Pris de court, Yoongi n'eut pas même le temps de souffler qu'un râle rauque et puissant s'échappa de ses lèvres, lorsque Jimin vint embrasser son sexe.

Il ne l'avait même pas toucher, putain. Et le pire dans tout ça, c'était que ce n'était pas son corps qui avait réagi, mais son putain de cerveau.

Merde, sa bite elle-même ne s'était pas réveillé à une telle vue.

Il avait seulement fallu que Yoongi le voit agir pour se sentir comme le plus chanceux des hommes sur Terre. Ainsi, fier de lui, Jimin s'attela à sa tâche et le caressa doucement, avant de le prendre sensuellement en bouche.

Pendant quelques minutes, Yoongi le regarda faire, posant une main maladroite mais pas moins envieuse sur sa tête, poussant parfois quelques gémissements.

Tout semblait être parfait pour Jimin, oui, tout.

Mais il ne remarqua pas la grimace de Yoongi qui avait laissé sa tête retomber en arrière, sur le dossier de sa chaise. Ce dernier retenait sa tête vers son intimité, non pas pour le forcer à agir, mais seulement pour qu'il évite de croiser son regard perdu dans le vide, anxieux et honteux à la vérité qui se présentait à lui.

Il n'arrivait pas à bander.

C'était comme si sa bite ne voulait plus jamais quitter cet état de demi-molle affreusement gênant.

Gêné, mais aussi, démuni, Yoongi tira férocement la tête de Jimin et lui attrapa le cou, le faisant gémir de plaisir, jusqu'à ce que leurs lèvres ne se rencontrent. Là, ils se perdirent dans un échange fougueux, et bordel, Yoongi sentit son cœur battre fort contre sa poitrine, qu'il pensa le perdre à mainte reprise.

Franchement, il aurait pu crever ici d'un infarctus, il serait mort heureux.

Mais la vie en avait décidé autrement, tant pis. Happé par leurs échanges féroces, Jimin prit la liberté de grimper sur ses cuisses, se sentant déjà affreusement serré dans son jean noir, mais sans pour autant faire attention au fait que l'intimité de Yoongi ne frôlait pas ses fesses.

Agrippant ces dernières, le surélevant un peu au dessus de lui, Yoongi commença à lui mordre les lèvres, le cou, les joues, puis de nouveau ses lèvres, gémissant à quel point Jimin était un putain de cadeau du ciel pour être aussi bandant. Il ne pensait pas si bien dire, et lui, qui d'habitude s'excitait lui-même par ses propres propos, commença à perdre fois en tout, comprenant que sa bite ne voudrait pas coopérer.

Soudain, ses migraines semblèrent revenir en un éclair, lui donnant une gerbe affreuse et un tournis du tonnerre, et alors que Jimin lui avait retiré follement son haut et commençait à retirer ses propres vêtements, Yoongi l'arrêta, en posant sa main sur sa cuisse.

— Arrête...

Surpris, Jimin se stoppa net dans sa course, et se retrouva béat avec ses mains en l'air et son t-shirt qui se battait entre ses coudes.

— Quoi ? T'en as pas envie ?

— C'est...c'est pas ça...

— Hm ? répéta Jimin, en laissant son haut glisser sur son torse. Quelque chose ne va pas ?

Alors qu'il pensait l'avoir déçu, Yoongi fut étonné de sentir la main chaude et réconfortante de Jimin contre sa joue, et aussi...son regard angoissé à l'idée d'avoir pu le contrarié.

— J'ai fais quelque chose qui ne fallait pas ? Si c'est ça Yoongi je...je m'excuse et je...

— Non, non Blondie, répondit le hackeur en posant sa main sur la sienne.

Ce qui provoqua un drôle de sentiment chez les deux jeunes hommes, sans jamais qu'ils ne se l'avouent.

— C'est pas ça.

— Alors...quoi ?

Tombant dans son regard qui se voulait doux et compréhensif, Yoongi se sentit comme une pauvre merde et se disant qu'il était un sale égoiste à cacher la vérité qui était la sienne. Pourtant, ce n'est pas ça qui le fit se confier à ce jeune homme qu'il aimait tant, bien qu'il ne le dirait jamais.

Il ne pouvait pas lui dire, car c'était un secret qu'il emporterait avec lui, pour ne blesser personne. Taehyung le savait lui, mais Yoongi ne pensait pas qu'il le pleurerait longtemps s'il venait à rejoindre sa tombe dès demain.

— C'est rien, finit-il par souffler, en repoussant lentement la main du voleur.

Ce dernier laissa leurs mains tomber contre leurs torses, puis se détacher, avec hésitation.

— Tu peux me dire...tu sais ? On est une équipe...tenta faiblement Jimin.

Yoongi le regarda, muet, mais pas moins envahie par tout un tas de pensées. Puis, il finit par le repousser gentiment de sa chaise. Jimin le regarda, quelque peu paniqué, mais il sembla retrouver son calme lorsque Yoongi se leva et lui attrapa la main, le tirant vers son lit. Ainsi, il s'allongea le premier et fit signe à Jimin de le rejoindre, ouvrant ses bras qui l'invitaient à s'y loger.

Pas moins touché par son geste, Jimin décida de ne plus poser de question et se contenta de peu, venant s'accrocher à lui comme un chaton à sa mère. Puis, Yoongi hésita un peu avant de poser l'une de ses mains sur son bras qui entourait son torse, et l'autre, qui commença à caresser son dos.

— Je pense que Lay cherche à nous monter les uns contre les autres, et ça me tracasse, dit Yoongi d'une voix faible mais pas moins profonde.

— Alors serre-moi fort, le supplia Jimin. Serre-moi fort, et je saurais que tu es là. Avec moi.

Alors qu'il s'apprêtait à rétorquer, Yoongi se mit à sourire sachant que Jimin ne le voyait pas, et se tut en continuant de le cajoler.

Il ne savait pas qu'au loin, passant par hasard dans le couloir pour se rendre à chambre, Hoseok les avaient surpris s'adonner à cet acte purement amoureux. Il les regarda encore, puis finit par s'enfoncer dans le couloir, se disant qu'il n'avait rien d'autre à faire ici, devant cette porte qui n'était jamais totalement fermée.

De toute manière, Jimin ne lui appartenait pas.


*


— Je peux entrer ?

Entendant les trois coup contre sa porte, Namjoon, qui venait à peine de sortir de ses songes acquiesça d'un faible "hm", et vit Jessy entrer dans sa chambre, portant contre elle un plateau sur lequel reposait un bol fumant et une petite trousse rouge.

— Tu as pu te reposer ? questionna-t-elle, en s'avançant près du lit.

— Oui.

— Tant mieux, tes blessures n'étaient pas graves mais le choc a été puissant. Je ne pense pas que je serais celle qui te l'apprend, mais le repos n'était pas une option.

— Oui, avoua Namjoon, je le sais.

— Taehyung n'est pas sorti de son bureau, et je n'ai pas croisé Jungkook de la journée.

— Après ce que m'a dit Hoseok ce matin, dit difficilement Namjoon en se redressant sur son lit, je ne pense pas que ce soit anodin. Il a dû se passer quelque chose entre ces deux-là. Je ne sais pas si ça vient de Lay, ou d'autre chose, cela d...aie, putain, le con, pestiféra Namjoon en repesant à son premier adversaire.

— Tu ne devrais pas trop bouger, tiens, lui dit Jessy en lui portant un verre d'eau. Pour revenir à ce que tu disais, laisse moi te dire une chose. Ces deux garçons s'apprécient plus qu'ils ne le laissent croire. Je suis une femme, et les femmes, on a le flair pour ces choses là.

— Pas besoin d'être une femme pour ça, lui dit Namjoon pour la taquiner.

Jessy le regarda en pressant ses lèvres, retenant un sourire.

— Tu n'es pas idiot Nam, mais je me demande pourquoi tu as crée une équipe dans laquelle il y avait déjà autant de rancoeur.

— Contrairement à ce que tu peux penser, nous sommes tous un peu pareil.

— Peut-être, consentit la jeune femme, mais c'est une question de temps avant que Taehyung et Jungkook ne finissent dans les bras de l'autre. Ils se ressemblent, mais quelque chose me dit que ça ne risque pas d'être toujours très joli à voir. Jungkook est un gentil garçon, et derrière son masque froid, Taehyung l'est aussi. Nous discutons parfois, enfin...

— Je sais que les avis divergent sur Taehyung, mais c'est un bon garçon Jess. Je le connais depuis longtemps, et je ne crois pas qu'il nous ait fait venir ici, jusqu'à chez lui, seulement pour les besoins de la mission.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Je pense...je pense que c'est sa façon de nous protéger. Il connaît le terrain, plus que tu ne le crois. Je sais qu'il y a encore des choses qu'il me cache, mais je lui ai toujours fait confiance. C'est peut-être un lourd fardeau qu'il m'a fait porter toutes ses années, mais il l'a fait pour nous sauver à l'époque.

Réfléchissant à ce que Namjoon lui avait partagé depuis peu, et étant peut-être la seule à le savoir, Jessy se mit à réfléchir à voix haute avant de reprendre :

— Je t'ai dis que je ne dirais rien, et je tiendrais ma parole, car je te fais confiance. Taehyung ne me fait pas peur, mais c'est dans ma nature d'être méfiante, tu le sais. Je ne pense pas non plus qu'il vous ai trahi ce jour-là, mais alors...Alors pourquoi l'avoir fait ? Ça n'a toujours pas de sens pour moi, ni pour toi, je présume ?

Pour seule réponse, Namjoon haussa en épaules en se pinçant les lèvres.

En le regardant réfléchir, Jessy se dit qu'il n'avait nul besoin à ressasser encore plus le passé, alors, elle attrapa le plateau qu'elle avait posé non loin et vint lui déposer sur ses jambes tendues. Elle retira la petite trousse de secours qu'elle posa sur sa table de chevet, et lui fit signe de manger sans plus attendre.

— C'est ta fameuse soupe ? demanda Namjoon, dévoilant ses belles fossettes.

— Oui, oui, rit la jeune femme. C'est ça, aller, mange un peu et tais-toi.

— Si c'est dit avec autant de gentillesse Madame, reprit l'ancien colonel.

Sans plus tarder, Namjoon attrapa sa cuillère et se mit à manger en silence, lançant parfois quelques regards à son amie, qui souriait. Elle n'arrêtait pas de sourire, mais Namjoon savait, la connaissant, que quelque chose se cachait derrière son regard.

On aurait dit celui que lui lançait sa propre mère.

— Dis-moi, dit-il en prenant une nouvelle cuillerée.

— Quoi ?

— Ce que tu as envie de me dire, Jess. Dis-le moi.

Hésitante, mais pas moins touchée qu'il se souvienne et puisse reconnaître ses faits et gestes, Jessy croisa les bras sur son torse.

— Je t'ai vu, tu sais.

— Faire quoi ?

— J'ai vu la façon dont tu regardais cette fille, Yamane.

Pas moins surpris, Namjoon fronça les sourcils et s'arrêta net dans son action.

— Comment ça ?

— Je sais que tu as Jena, tu l'aimes, mais je te connais assez Namjoon pour savoir que tu la trouves jolie, pas vrai ?

Namjoon ne répondit pas, la regardant, hébété.

— C'est vrai qu'elle est jolie, après tout, elle fait partie de la famille de Taehyung. Le contraire m'aurait franchement étonné. Elle a la même posture que lui, et on ressent à quelle point elle peut-être déterminée, quand on la regarde assez longtemps.

— Mais enfin, Jess, tu...

— Ne me dis pas le contraire, je le sais, parce que tu m'as regardé comme ça aussi, par le passé.

— Je ne l'ai pas regardé, je...

— Oh si, tu l'as fait.

Comprenant qu'il ne pouvait pas contredire son amie, Namjoon décida de ne pas répondre, et continua d'avaler sa soupe, faisant un peu la moue.

— Peu m'importe, Nam. Vraiment. Si je te dis ça, c'est parce que je pense avoir un peu ce rôle maternelle envers chacun d'entre vous, et en tant que femme, mais aussi en tant qu'amie envers toi, laisse moi te dire ceci...Reste vigileant, et fais attention. Après tout, elle aussi t'a beaucoup regardé et je la comprends. Qui ne tomberait pas sur les jolies fossettes de notre colonel, pas vrai ?

Sa remarque fit sourire Namjoon, qui n'osa pas la regarder.

— Je sais que tu ne déroges jamais de tes propres règles, et je te fais confiance. Mais ce conseil s'applique à ta personne, à mon ami, pas au colonel.

La jeune femme laissa planer ses paroles dans le silence, puis, elle finit par s'éclipser, s'excusant aurpès de son ami de l'avoir déranger. Ainsi seul, Namjoon se retrouva face à ses propres questions qui se mirent à tournoyer dans sa tête, le rendant perplexe, quand on vint de nouveau toquer à sa porte.

Son premier réflexe fut de porter un œil à l'heure, il était tard, et il pensa alors que Jessy avait oublié quelque chose. Alors, il accepta à ce que l'on entre, et fut surpris de voir...

— Yamane ?

La jeune femme lui sourit en guise de réponse.

— Je voulais savoir si tout allait bien.

— Oui oui, je, euh...oui ?

— Je vois que tu as pu mangé un peu, c'est bien. Je tiendrais Taehyung au courant, il s'inquiétait. Je te laisse alors. Bonne nuit, colonel.

Sur ces mots, la jeune femme fit volte face mais Namjoon la retint.

— Attends !

Se tenant à la poignée de la porte, Yamane détourna son beau visage en sa direction.

— Hm ?

Perplexe, Namjoon la détailla un instant, et fronçant les sourcils, avant de souffler :

— Non, rien...Excuse-moi, bonne nuit Yamane.

Comme satisfaite de sa réponse, la jeune femme lui offrit un dernier sourire, et enfin, le quitta, laissant le colonel en proie à ses premiers doutes.


*


Quatre jours passèrent jusqu'au rétablissement total de Namjoon. Ainsi, l'ensemble des compagnons se mirent à se réunir à nouveau pour discuter de la prochaine éventualité de rencontre avec Lay. Tous se demandaient quel serait le prochain défi qui leur serait donné, se préparant même au pire.

Depuis ce fameux soir, Jungkook et Taehyung ne se lançaient plus les mêmes regards. Tout le monde avait pu remarquer qu'ils se parlaient aussi avec moins de hargne, sans jamais se poser la question. Néanmoins, personne ne se doutait que très tard dans la nuit, les deux hommes se rejoignaient comme attirés par leur désir commun, partageant alors toutes leurs haine, mais aussi, leur envie commune.

Ce soir encore, Jungkook était venu toquer à la porte de Taehyung, venant seulement pour lui apporter ses retours sur la machine dont il s'occupait. Mais alors, et sans raison, ils s'étaient cherchés, se lançant par ci par là quelques critiques, qui avaient fini par les unir dans un baiser fougueux.

Comme la première fois, les deux amants s'étaient presque battus en déchirant leurs vêtements, l'un essayant toujours d'avoir le dessus sur l'autre, jusqu'à se serrer la gorge à ne plus pouvoir respirer une seule bouffée d'air. C'était à celui qui prendrait le dessus sur l'autre, à chaque fois.

Mais aussi étrange que cela pouvait-il être, Jungkook, comme Taehyung, prenait un malin plaisir à se tester, cherchant à dépasser leurs limites communes. Quand le premier tirait les cheveux, l'autre serrait la cuisse. On aurait pu se croire dans un véritable combat entre deux lions prêts à se dévorer, tout en se prélassant du plaisir qu'ils se donnaient.

En plein milieu de la nuit, leurs gémissements rauques se mêlaient à leurs paroles envieuses. Mais plus le temps passait, plus Taehyung pensait découvrir en Jungkook une douceur qu'il n'aurait jamais suspecté. Même si à chaque fois, il finissait par le jeter sèchement en dehors de son espace vital, ce soir, les choses furent différentes.

Plongés dans leur énième ébat, à croire qu'ils ne pouvaient même plus s'en passer pour déchaîner tout ce qui les habitait, Jungkook se sentait envahi par une sensation qu'il n'avait que peu connue par le passé.

Il appréciait.

Lorsqu'il baissait les yeux pour voir la tête de Taehyung plongé entre ses cuisses, lui offrant la fellation la plus généreuse de toute sa vie, il ne pouvait détacher son regard de ces yeux perçants qui le fixaient avec un appétit sans limite.

Taehyung, lui, sentant l'intimité du plus jeune grossir encore et encore entre ses lèvres, ne pouvait que rire intérieurement de toutes les fois où Jungkook s'était proclamé "purement hétéro". Oui, lorsqu'il le prenait en bouche, ou bien, lorsqu'il le sentait lui écarter les cuisses, ou encore, quand il glissait en lui avec hargne, il ne pouvait qu'être égoïstement fier de l'avoir fait succomber.

Pourtant, dans cet énième échange, Taehyung percevait en Jungkook quelque chose de différent, pensant que peut-être, il avait réussi à le toucher. Cela avait été son but depuis le début, et alors, après avoir fini par le faire jouir, il vint se laisser retomber à ses côtés, en sueur, et les bras étendus au-dessus de sa tête.

Sans un mot, les deux jeunes hommes reprirent lentement leur souffle, respirant avec un effort considérable. Jungkook s'attendait à ce que Taehyung le chasse une nouvelle fois, mais ce dernier n'en fit rien, et le laissa même tourner la tête, pour le regarder.

Curieux de son prochain geste, Taehyung fit mine de ne rien voir, et laissa Jungkook lever la main, comme s'il hésitait, avant qu'il ne finisse par la déposer sur son torse, plus précisément, vers son cœur.

Étrange, pensa Taehyung, mais pourtant, il resta aussi muet qu'une tombe, ressentant peu à peu la chaleur de la main de son cadet envahir l'entièreté de son corps encore brûlant.

Jungkook le regardait, et ses yeux valsaient entre son visage et sa main déposés sur son cœur, comme s'il se concentrait sur chaque battement, comme s'il était plongé dans une longue et inlassable réflexion.

Lorsqu'il détourna enfin les yeux vers lui, Taehyung aperçut une petite mèche de cheveux qui retombait sur les yeux de son cadet, et leva la main pour la lui ranger derrière son oreille, avec délicatesse. Ce simple geste, pourtant insignifiant, fit écarquiller les yeux du plus jeune, et questionna le second.

Ce n'était rien, et pourtant, Taehyung eut l'impression d'avoir fait quelque chose d'énorme. Les sourcils froncés, il se décida alors, par pur curiosité, de caresser lentement son front, puis sa joue, jusqu'à descendre lentement sur la mâchoire de Jungkook.

Cette dernière se crispa à vue d'œil, et comme agacé, Jungkook se détacha de sa main, tout en retirant la sienne, comme s'il avait fini par se brûler. Pourtant, jamais ses yeux ne quittèrent ceux de son aîné.

Taehyung resta immobile un instant, puis essaya de nouveau, en s'approchant doucement de Jungkook, pour venir humer ses cheveux, qui laissaient toujours échapper une odeur de menthe agréable. Déstabilisé, Jungkook ne bougea pas d'un pouce, sentant même une étrange chair de poule l'envahir lorsque Taehyung expira près, trop près, de son oreille.

Pensant le sentir fébrile, Taehyung cacha son sourire, et lui chuchota :

— Laisse tomber les armes Jungkook...pourquoi es-tu toujours si dur avec toi-même...

Ce dernier le toisa un instant, avant de se retirer légèrement, retrouvant ainsi son éternel masque.

— Je l'ai toujours été.

— Tu sais...je me pose une question depuis le début...et comme je sais que tu pourrais y répondre sans me menacer pour je ne sais quel moyen, pourrais-je te la poser cette fois-ci, Jungkook ?

Les yeux fixés au plafond comme s'il ne pouvait s'en détourner, Jungkook sentit le regard de Taehyung lui brûler la peau, attendant sagement mais impatiemment sa réponse.

— Dis toujours.

— Bien, souffla Taehyung en optant pour l'exacte même position, le drap glissant légèrement sur son ventre finement musclé. Qui es-tu ?

Cette question, à laquelle il s'attendait peut-être un peu, fit rire Jungkook.

— Tu ne ne comptes pas lâcher l'affaire une bonne fois pour toute ?

— Jamais, répondit sincèrement le noiraud.

Passant la langue contre sa joue, puis contre sa lèvre, Jungkook vint mordiller son piercing qui la décorait, semblant hésitant quant à son éventuelle réponse.

— Je pense avoir droit à une réponse, Jungkook. Nous partageons la même mission, et maintenant, les mêmes draps.

— Seulement pour quelques heures.

— Oui, exactement. Mais nous y sommes encore, hm ?

Raclant sa gorge pour faire entendre son mécontentement, Jungkook passa de nouveau sa langue contre sa joue, sentant toujours le regard de Taehyung sur son visage.

— Tu sais, j'en ai vraiment rien à foutre de ce qu'on pense de moi, dit-il enfin. J'ai toujours été seul, depuis le début. Je n'ai pas eu de famille aimante, du moins, pas une seule qui te laisse une baraque aussi grosse que ton égo en guise d'héritage.

— Tu ne sais rien de moi, Jungkook.

— Toi aussi. Et justement, toi, t'as pas été séparé de tes parents sans avoir de raison valable à laquelle se rattacher. J'ai pas eu de mère pour me couver, y'a qu'à voir tous ces portraits joyeux partout dans cette maison.

— Qui te dis que c'est ma mère ? lâcha froidement le noiraud.

— Les traits ne trompent pas, souffla Jungkook.

Cette fois-ci, Taehyung resta muet.

— L'art est la seule chose que j'avais, le seul moyen de me raccrocher à ma mère...du moins à celle qui tentait de l'être.

— Tu étais tout seul, tout ce temps ?

Avant de répondre, Jungkook se passa la main dans les cheveux et soupira.

— Au début, oui. Mais...elle est arrivée.

— Celle dont tu pleurais l'absence lorsque Namjoon t'a trouvé ?

— Non, pas elle.

Taehyung n'en dit rien, mais il trouva la réaction de son aîné assez sèche. Celle pour qui il avait tant de fois tenté de suicider, aux dires de Namjoon, n'avait-elle pas été l'amour de sa vie ?

— Elle avait le même âge que moi quand je l'ai rencontrée, elle aussi, on l'avait arraché à ses parents. La première fois que je l'ai vu, c'est son sourire qui m'a sauvé. Aujourd'hui, je lui dois tout, murmura presque Jungkook. J'avais seulement dix ans, j'avais peur, j'avais froid et je pensais vraiment que j'allais crever la bouche ouverte. Je le voyais lui, je voyais son regard, m'analyser, ignorer à quel point j'avais mal...je le voyais même sourire, cet espèce d'enculé. A croire que ça le faisait jouir.

Taehyung fronça les sourcils.

— Lui ? dit-il doucement.

— Elle est venue pour m'apporter à manger, et m'a demandé comment j'allais. C'était la première fois qu'on me demandait comment j'allais, moi, Jungkook. J'ai relevé la tête et elle était...tellement belle. On avait que dix ans, mais j'ai su qu'elle serait mon ancre. Elle est devenue mon amie, la seule. On a vécu beaucoup de choses ensemble et on ne s'est jamais quitté, prononça Jungkook avant de sourire maigrement. Elle a été ma première fois, et j'ai été la sienne.

— Elle n'est plus avec toi aujourd'hui ?

La question de Taehyung laissa planer un vague silence durant quelques secondes, pendant lesquelles Jungkook sembla être en proie aux souvenirs. Mais, aussi vite que cela était apparut, son sourire se fana, et il répondit froidement :

— Elle est morte.

Taehyung n'en cru pas un mot.

— Désolé pour toi.

— Ne le sois pas.

Cela n'était que comédie. Taehyung était un très bon acteur, mais si quelqu'un avait dû avoir un oscar, Jungkook l'aurait remporté haut la main, pensa t-il. Un vrai drama à lui tout seul.

Cette pensée lui donna envie de rire, mais il dû se contenir, pour feindre la peine face à son cadet, qui s'était de nouveau caché dans son mutisme.

Aussi étrange que cela pouvait-il être, Jungkook avait l'air de bien vouloir s'ouvrir ce soir-là. Alors il fallait en profiter.

— Et cette femme qui portait ton enfant ?

— Je le voulais pas, trancha Jungkook.

— Tout enfant est important pour son parent, qu'il soit une aubaine ou un fardeau.

Cela fit sourire Jungkook.

— Pourtant, certains n'hésitent pas à la tuer, ou mieux encore, à les cacher.

Soudain, Jungkook se retourna pour lui faire face, et ancra son regard dans le sien. Taehyung le voyait seulement du coin de l'œil, et finit aussi par l'imiter, sentant que son cadet devait l'attendre. Ce qui était fou, c'était qu'ils ne parlaient même plus, mais qu'ils semblaient entendre les besoins de l'autre. Quel était ce sentiment ?

Tout échange passait à travers leurs regards, jusqu'à ce qu'une des mèches de Taehyung ne glisse sur son visage. Face à lui, Jungkook tendit la main pour la ranger derrière son oreille, mais il hésita, s'approcha mais finit par laisser tomber.

C'était la première fois que Jungkook semblait avoir été habité par un élan de délicatesse envers lui. Ce geste était presque trop intime, mais au fond, Taehyung se surprit à regretter de ne pas l'avoir connu. Peut-être aurait-il aimé que Jungkook aille jusqu'au bout.

Peut-être.

Mais que lui arrivait-il ?

— Tu deviendrais sentimental Jungkook ? demanda Taehyung pour cacher son malaise, un rictus au bord des lèvres.

— Ne prends pas tes rêves pour de la réalité, toi et moi, c'est que du sexe.

— Toi qui te disais résolument hétéro...

— Premièrement, il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis, et deuxièmement, je n'ai jamais dit ça.

—  "Jeon Jungkook, vingt cinq ans, résolument hétéro, enchanté", l'imita alors Taehyung.

Jungkook se mit alors à sourire.

— On va toujours chercher le plaisir là où on peut le trouver, Taehyung. D'autant que tu nous as emmenés jusque dans ta...forêt, on a plus rien à se mettre sous la main.

— Ravi d'apprendre que je suis la seule chose que tu aies pu trouver dans cette ridicule forêt pour assouvir tes fantasmes.

— Je te l'ai dit, arrête de rêver, répéta Jungkook.

— Tu as raison...arrêtons de rêver, reprit aussitôt Taehyung, se levant du lit et enroulant le droit autour de son corps.

Puis, il commença à s'éloigner, ramassant quelques vêtements qui avaient été abandonnés à même le sol, puis il les lança vigoureusement sur le lit, tout du moins, sur Jungkook, et avant de disparaître derrière la porte de la salle de bain sous les yeux insistants de son cadet, il lui souffla...











Je veux que le lit soit vide à mon retour.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro