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𝟑𝟐. 𝐄𝐯𝐞𝐫𝐲𝐛𝐨𝐝𝐲 𝐰𝐚𝐧𝐭𝐬 𝐭𝐨 𝐛𝐞 𝐦𝐲 𝐞𝐧𝐞𝐦𝐲




Dream is collapsing - Hans Zimmer

Crazy in love - Sofia Karlberg

D.D. - The Weeknd

Heart of Darkness - Secession Studios, Greg Dombrowski








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— Alors Kimi, comment tu la trouves ?

Alors qu'il venait à peine de prendre place sur le fauteuil que Lay lui avait indiqué, Taehyung fixait déjà les portes par lesquelles Jungkook avait disparu. Cela faisait exactement deux minutes trente cinq secondes qu'il était rentré dans cette pièce, ainsi que onze minutes et trois secondes que le reste de leur équipe ainsi que tous les autres invités avaient été chassé de la demeure.

Après que Jungkook ait accepté le marché de leur ennemi, ce dernier avait fait accélérer les choses, et n'avait pas tardé à renvoyer "tout ce qui ne lui était pas utile à la niche". Telles avaient été les paroles qu'il avait prononcées.

Namjoon avait lancé un regard interrogateur à Taehyung, jusqu'à ce qu'il ne lui fasse signe de suivre les ordres de leur hôte. Le noiraud n'avait pu que l'imaginer, mais il savait que l'ancien colonel avait dû prendre le volant, car l'état de Jin ne lui aurait pas permis de le faire. Après tout, ce dernier avait couru comme si cela avait été la dernière course de sa vie, puis il avait failli perdre la vie, tout simplement parce que Lay avait jugé ses prouesses médiocres. Il n'avait fait que ce moquer de lui, sachant très bien que de cette manière, il continuerait de blesser leurs égos, mais aussi, la cohésion de leur petit groupe.

Lay ne s'était pas trompé, puisque dans la voiture, un silence de mort avait régné jusqu'à ce qu'ils n'arrivent à bon port.

Dès qu'ils avaient déguerpi, Lay avait fait escorter ses deux derniers et uniques invités jusqu'à ce qui semblait être un de ses salons privés. Sa compagne, elle, avait tiré Jungkook par la manche comme l'on aurait tiré un chien jusqu'à sa niche. Avant qu'elle ne disparaisse derrière ces deux grandes portes rouges qui lui faisait face, la jeune femme s'était vu stoppé dans son élan, quand le noiraud avait interpellé son compagnon.

Il n'avait prononcé que son nom, mais cela avait suffi à Jungkook pour qu'il se retourne afin de plonger ses deux iris dans ceux de son soi-disant "patron". Ils n'avaient piper mot, se toisant avec une intensité folle. C'était comme si Jungkook avait attendu un seul mot de Taehyung, un seul, pour qu'il ne se résigne. Mais Lay les avait interrompu, appelant le noiraud par son nom, d'une voix autoritaire, et cela avait suffi à la jeune femme pour reprendre là ou elle s'était arrêtée, traînant "son cadeau" comme elle avait appelé, derrière les portes.

Pourtant, Taehyung lui avait répété qu'il était encore blessé, mais Lay lui avait alors répondu que ce n'était pas une chose dont il devait se préoccuper, puisqu'après tout, il n'était que son simple garde du corps.

Ainsi, Taehyung avait perdu toutes chances de communication avec son équipier, se retrouvant seul à seul, avec l'ennemi.

On leur avait apporté sur des plateaux toutes sortes de collations, ainsi que deux coupes de vin. Lay s'était déjà penché sur la petite table pour piocher quelques fruits à sa convenance, commençant à instaurer une discussion comme si ces deux-là étaient de bons vieux amis.

— Taehyung.

Non sans lâcher la porte des yeux, le noiraud se pinça les lèvres avant de répondre.

— Qu'est-ce que tu veux.

— Ce que je veux ? répéta Lay. Je veux que l'on s'amuse. Comme au bon vieux temps.

— Nous n'avons jamais été amis.

— Aurais-tu oublié d'où tu viens, Taehyung ?

— Même si je le voulais, je ne pourrais jamais oublier.

Taehyung, lui, ne le regardait pas. Lay était en face de lui, mais il faisait tout bonnement mine de ne pas le voir, fixant toujours cette porte rouge avec insistance, ne pouvant contrôler l'une de ses jambes qui ne cessait de tressauter. Cela ne traduisait pas de l'impatience, seulement de la préoccupation. Non pas que Taehyung s'inquiétait pour Jungkook, non. Seulement, toute cette mascarade commençait réellement à l'agacer.

Quand bien même, il pensait que cela pouvait être utile pour gagner du temps.

Le temps était une notion extrêmement précieuse dans cette mission, et Taehyung le savait. Si cela pouvait permettre à Jungkook de réunir de nouvelles informations, alors ainsi soit-il. Cependant, il ne fallait pas le mépriser, ni penser qu'il était le genre d'homme à s'écraser, même face à Lay.

— Alors, reprit Lay après avoir craché tout un monologue intéressant, piochant un fruit dans sa petite coupole. Comment va la famille ?

— Tu les as tous tués, répondit sèchement Taehyung sans pour autant croiser son regard.

Comme s'il avait fait part de la meilleure blague de l'année, Lay explosa de rire, mettant même l'une de ses mains face à ses lèvres pour ne pas risquer de cracher ce qu'il venait d'ingurgiter.

— Que tu es drôle, Kimi ! Quoi que...si je l'avais vraiment fait, j'aurais eu un peu plus de mérite.

Cette fois-ci, Taehyung quitta la porte des yeux pour le regarder, lui, d'un œil pas moins sévère, avant de reporter son attention sur la porte.

— Bon alors...as-tu été voir ta mère ? demanda Lay, dégustant un autre fruit à sa guise.

— Si tu oses encore parler de ma mère...

— Elle qui est si fière de son fils.

— Ferme-la.

— C'est vrai...je me souviens, une femme si charismatique. Elle en faisait trembler les plus coriaces de nos rangs.

— Je t'ai dit de la fermer.

— Celle qui s'est donnée corps et âme à son enfant...son seul et unique fils, le seul homme de sa vie. J'ai toujours trouvé que tu avais une relation particulière avec ta mère. Certains parlaient même d'une limite avec l'incestueux et-

Soudain, Taehyung se vit projeter de son fauteuil d'un élan qu'il ne pu contrôler, se retrouvant agrippé au col de son vis-à-vis. Il le tenait fermement, avait plongé ses yeux dans les siens et s'apprêtait même à lui serrer la gorge jusqu'à ce qu'il ne lâche son dernier souffle.

— Vas-y Kimi, vas-y...fais-le, utilise-moi, le provoqua son ennemi.

— Je t'ai dis de fermer ta gueule, pour une fois dans ta putain de vie, sois respectueux envers tes aînés Zhang.

— Malheureusement, Kimi...souffla Lay tout en repoussant ses mains, et reculant sa tête. Aujourd'hui, l'Oyabun de notre organisation, c'est moi.

D'un signe de main, Lay fit approcher ses hommes de mains qui levèrent leurs armes en direction du noiraud, pour le convaincre de le lâcher. S'il l'avait voulu, Taehyung l'aurait assassiné de ses propres mains, quitte à en perdre la vie. Mais il n'était pas encore assez fou pour tout abandonner de sitôt, alors, il resserra une dernière fois sa prise avant de le relâcher, levant les mains en l'air et se ravisa, reprenant place sur son fauteuil.

— Voilà, fit Lay en rajustant son col, couché.

De son côté, Taehyung ne put que serrer la mâchoire, reportant son attention sur la porte.

— Alors...,maintenant qu'on est entre nous, Kimi. Dis-moi pourquoi tu es là.

— Je te l'ai dit, pour des affaires.

— Alors quoi, tu es si seul et si faible pour avoir besoin de moi ? Pour faire rouler ton marché ? Je croyais pourtant que tu avais eu bien assez pour ne plus avoir à remettre un pied sur mon territoire.

— Tu es le plus grand, tu viens de me le rappeler.

Taehyung ne pensait pas un seul mot de ce qu'il venait de dire. Il avait seulement appris, avec le temps, que Lay était le genre de personne à caresser dans le sens du poil. Il était le genre de personne qui pouvait passer pour un fou, le plus terrible de tous, mais il n'en restait pas moins intelligent. Seulement, l'amour qu'il portait à son égo était si grand, qu'il adorait se nourrir des compliments que l'on pouvait lui donner. Qu'ils soient mérités ou non, véritables ou complètement faux, cela venait simplement regonfler son amour propre.

Et de cette manière, Taehyung savait qu'il réussirait à attirer son attention.

Gagner du temps, c'est ce qu'il faisait.

Il ne fit pas fausse route, puisqu'il pu aisément voir Lay gonfler le torse tout en se replaçant dans son sofa, piochant un nouveau un de ces litchis qui trainaient encore au fond de sa coupole dorée.

— Au final, tu n'as pas changé Kimi.

— Tu ne me connais pas.

— Oh si, je te connais très bien, fit Lay en amenant son fruit jusqu'à ses lèvres.

Puis, il le fixa, avant de relever les yeux vers le noiraud, qu'il toisa d'une drôle de manière.

— Tu sais ce qu'on dit Taehyung, œil pour œil...dit-il en croquant dans son maigre litchi, l'écrasant sous ses canines. Dents pour dents.

Taehyung resta stoïque, serrant à nouveau la mâchoire, ne supportant pas le bruit abominable que fit le fruit lorsqu'il se vit écraser par les dents de son vis-à-vis qui y prenait un malin plaisir.

— Rappel toi, ce qui est à toi, est aussi à moi, Taehyung. Ce sont les règles de notre marché.


*


— Alors ? Tu comptes rester debout prêt de la porte comme un chien qui attend son maître ? Assieds-toi, dit-elle en pointant un sofa du bout de son menton. Ici.

Cela faisait maintenant sept minutes et quarante neuf secondes que Jungkook avait vu les deux portes rouges se refermer derrière son passage. La raison pour laquelle il n'avait encore rien fait n'était pas la peur, loin de là. Le jeune homme analysait.

En un coup d'œil, Jungkook avait pu comprendre qu'il se trouvait dans une chambre, mais certainement pas celle qui devait appartenir à Lay. On ne retrouvait rien qui pouvait le laisser penser, si ce n'est que des murs pourpres nullement décorés, un petit salon, ainsi qu'un énorme lit deux places où se trouvait un homme. Ce dernier était étalé de tout son long, uniquement habillé d'un sous vetêment et d'un peignoir en soie. Lorsque la jeune femme arriva vers lui, elle attrapa son bras et sans ménagement, le releva d'un seul coup, le regardant de travers.

Elle semblait être ennuyée de le voir ici, et lorsqu'il se leva, elle l'envoya balader avec seulement quelques mots, le critiquant d'être inutile et "toujours aussi prévisible".

Sans rien dire, l'homme en question s'abaissa devant elle, comme s'il lui devait le respect, puis il se dirigea vers la porte où se trouvait Jungkook. Durant quelques secondes, leurs regards se croisèrent. Ce fut assez bref, mais assez pour que tout une tas de choses se transmettent d'un regard à un autre, puis il prit congé et referma les portes rouges derrière lui.

Enfin seuls, la jeune femme souffla, presque soulagée, enleva le châle qu'elle portait sur les épaules et se laissa retombée sur l'un des sofas.

Toujours planté devant la porte, Jungkook avait les mains croisées dans le dos, ses yeux analysant encore chaque recoin de la pièce. Il put en conclure une chose, aucune information ne devait être cachée dans ces appartements.

— Avance, lui ordonna la fille. Ici.

Le jeune homme la toisa un instant, puis il fit enfin quelques pas, et silencieusement, finit par s'asseoir sur le fauteuil d'en face.

Docile, rester docile, pensa Jungkook, c'est ce que Taehyung lui avait demandé.

Devant eux, se trouvait un table basse faite de verre, ce qui les séparait aussi de quelques petits mètres. Alors, la jeune femme se pencha, attrapa deux verres encore vides et les rempli d'une liquide qui devait certainement être alcoolisé. D'ailleurs, elle le servit ainsi pur à son invité, qui attendit qu'elle insiste pour le saisir. Après avoir bu sa boisson d'un traite sans même faire de grimace du à son aigreur, elle piocha une cigarette dans un petit pot, la portant à ses lèvres encore dessinées d'un rouge sang.

Jungkook la regarda agir, plongeant parfois le bout de ses lèvres sur le bord de son verre. Il ne buvait pas vraiment, si ce n'était quelques gorgées pour la forme. Tout ce qui importait à ses yeux, était de l'observer.

D'ailleurs, la jeune femme semblait même s'offrir en spectacle. Elle ne pouvait pas se douter qu'après quelques regards, Jungkook avait certainement deviné son addiction à de multiples drogues, cela se voyait aisément à sa façon de se lécher souvent les lèvres, ou bien encore à sa façon de faire tressauter ses jambes. Ses mains aussi, on aurait pu croire qu'elle ne savait jamais où les mettre, se pinçant parfois la peau ou jouant avec ses doigts. Même les deux cigarettes qu'elle fuma l'une à la suite de l'autre ne semblèrent pas la combler.

Enfin, elle se décida à être aimable et en proposa une à son invité, qui l'alluma aussi vite. Jungkook laissa échapper la fumée d'entre ses lèvres, sans prononcer un seul mot. Pas même un "merci".

— T'es toujours aussi...muet ? demanda-t-elle enfin, ne sachant plus quoi faire d'autre.

Relevant les yeux sur son visage, Jungkook pensa y lire de l'agacement. Elle semblait vouloir le cacher, comme pour son manque certain de cocaïne, ce qui devait être une première. Son comportement avait radicalement changé, contrairement à celui qu'elle avait eu lors de la soirée.

— Je n'ai rien à dire.

— Pourtant, je t'ai proposé mon corps comme récompense, souffla-t-elle.

Elle avait souri, mais Jungkook avait de suite compris que c'était faux.

— Qui te dis que j'en veux ?

Comme il avait pu le penser, la jeune femme fit une bref grimace. Alors, Jungkook ne quitta pas son regard, semblant attendre qu'elle le reprenne. Mais elle ne fit rien.

Au lieu de ça, elle se mit à rire doucement, tirant fortement sur sa cigarette qu'elle écrasa sur la table sans ménagement.

— Est-ce que tu es amusant, Jungkook ?

— Je peux l'être.

— Alors montre-moi, dit-elle comme si elle s'adressait à un clown.

— Je ne te connais pas, fut la seule réponse de Jungkook.

Il avait menti.

Oui, Jungkook avait menti, car depuis qu'il avait posé ses yeux sur son visage, il avait très vite fait le rapprochement entre les informations de la jeune fille disparue et sa personne. Si ses calculs étaient bons, et il n'en doutait que très peu, cela devait être elle.

A cet instant même, Jungkook se retrouvait en présence même de l'une des pièces du puzzle de leur mission.

C'était elle, c'était Ara.

— Très bien, gentleman alors...dit-elle en allumant une énième cigarette. Je n'en ai jamais eu dans ma collection. Faisons connaissance, Jungkook.

La jeune femme qui lui faisait face aujourd'hui n'avait rien de la photo de la petite fille portée disparue. Contrairement à la photo, la jeune femme elle ne ne portait pas ce regard totalement terrifié et perdu, mais plutôt confiant et parfois, flou.

Flou, parce qu'elle devait tellement se droguer qu'elle devait en perdre parfois conscience, mais si elle avait été habituée à vivre ainsi depuis sa fameuse disparition, alors cela ne devait être que partie remise.

Jungkook avait d'abord reconnu ce teint assez particulier, ses cheveux également, aussi noirs corbeau que sur la photo. La petite fille d'autrefois était devenue une très belle femme, pas moins vulgaire qu'élégante. Elle portait peut-être des vêtements qui valaient plus chers que trois maisons, il n'était pas moins que Lay avait déteint sur sa personne.

Elle parlait comme lui, sur le même ton condescendant et autoritaire. Même lorsqu'elle essayait de paraître plus avenante, on pouvait facilement deviner à quel point elle pouvait se mettre en colère si elle n'obtenait pas ce qu'elle voulait.

Ses yeux étaient maquillés, mais même avec de tels artifices, on pouvait deviner sa fatigue qu'elle devait parfois accumuler sur plusieurs jours, à cause de toute la merde qu'elle devait snifer, ingurgiter ou encore s'injecter à longueur de journée.

Une pauvre fille, pensa Jungkook.

Alors qu'elle le toisait avec insistance, attendant sa réponse, Jungkook finit ses contemplations et se pencha quelque peu, appuyant ses coudes sur ses genoux.

— Qui es-tu, Ara ?

La jeune femme sembla quelque peut déstabiliser par son magnifique et intense regard, mais elle reprit conscience assez rapidement, avant de lâcher dans un rictus :

— Qui penses-tu que je sois ?

Arquant un sourcil comme pour défier son invité, la jeune femme plongea son regard dans le sien, prenant l'exacte même position, se fichant totalement de dévoiler un peu de sa poitrine à son vis-à-vis.

— Une jeune femme, belle, magnifique, au sourire ravageur et aux atouts qu'on ne peut compter...mais qui passe son temps à se noyer dans son ennui, à se défoncer à n'importe quelle drogue par manque d'attention et par envie d'aventure, ou peut-être même pour oublier, s'oublier.

Ara fronça les sourcils, mais elle ne pipa mot et laissa Jungkook continuer. Lui, comprit qu'il avait obtenu son attention.

— Moi, je vois une personne qui souffre. Qui souffre énormément. Une personne qui a besoin d'attention et qui le mérite. Est-ce que c'est ce que tu es, Ara ?

Elle le fixa d'un drôle de regard, et Jungkook comprit qu'il avait réussi à la déstabiliser lorsqu'il la vit se pincer les lèvres. S'il avait visé juste, alors il ne fallait pas être si intelligent que ça pour comprendre à quel point cette jeune femme souffrait de sa position. Elle qui possédait tout, elle qui vivait dans le luxe, qui baignait dans l'argent, n'avait pas pour autant toute l'attention qu'une femme se disant amoureuse pouvait avoir. Elle n'était pas comblée, et noyait sa tristesse et son désespoir dans tout un tas de subterfuges pour oublier. Peut-être avait-elle même oublié sa vie d'avant, peut-être avait-elle même oublié d'où elle venait et même qui elle avait été.

Aujourd'hui, voilà qu'enfin, quelqu'un la voyait.

Jamais personne n'avait pris le temps de la regarder, pas même l'homme chez qui elle vivait et à qui elle s'offrait chaque jour.

— Es-tu seulement de ce monde, Ara ?

C'était une question à double tranchant, mais Jungkook n'avait pas peur. Il avait bien vite compris que la Ara d'aujourd'hui aimait le danger, et qu'elle aimait jouer. Dans le cas contraire, peut-être l'aurait-elle déjà fait sortir de la chambre, ou pire. Mais au contraire, elle se contentait de le toiser avec attention, les sourcils froncés et les lèvres pincées.

Et Jungkook fut d'autant plus surpris, lorsqu'elle répondit :

— Pas vraiment.

— D'où viens-tu alors ? dit-il, d'un ton charmeur.

Maintenant qu'il avait son attention, Jungkook en profitait pour jouer de ses charmes afin de l'attirer dans ses filets. Encore une fois, il ne put afficher sa fierté lorsqu'il perçut quelques larmes brillées dans les yeux de son hôte, qui se redressa avec un sourire aussi faux que sa propre personne.

— Je ne sais plus, et toi ?

— Quoi, moi ?

— D'où viens-tu, Jungkook ?

— De loin...et peut-être serais-je celui qui pourrait te sauver ?

— Qui te dis que je suis une demoiselle en détresse ? J'ai tout ce que je veux ici, qu'est-ce que toi, tu peux m'offrir de plus ?

— Ta liberté, répondit Jungkook sans hésiter.

Un lourd silence s'en suivit, durant lequel Ara sembla encore plus déstabilisée qu'avant. Elle baissa la tête un instant, puis lorsqu'elle releva les yeux vers Jungkook, il put y percevoir une étrange lueur d'espoir. Il put comprendre que c'était bien elle, la petite fille qui avait été enlevée. Il en était persuadé maintenant, et puis...il n'en avait jamais douté.

Il avait tout de suite su.

Bien avant les autres.

Il savait qui elle était.

Mais avait-elle vraiment envie d'être sauvée ?

— Ca n'existe pas la liberté, trancha-t-elle.

— Seulement si tu crois que tu ne peux pas l'atteindre.

La jeune femme sembla mal à l'aise un instant, toujours sous le regard insistant et brûlant de son invité. Pour la première fois depuis longtemps, elle ne se sentait pas agressé par son regard. Au contraire, bien que ce dernier la mettait dans tous ses états, elle se sentait véritablement investie par son vis-à-vis, comme si...

Comme si il la voyait, réellement.

Mais cet instant fut bref, car Jungkook compris qu'il avait emprunté un chemin glissant. S'il faisait tout foirer maintenant, alors tous ses efforts auraient été vains. C'est pourquoi il s'éclaircit la gorge avant de reprendre :

— Raconte-moi ton plus beau souvenir.

— Pardon ? demanda Ara, sortant de ses songes.

— Tu m'as dit qu'on devait faire connaissance, non ? Donc, dis-moi quel est ton plus beau souvenir.

Ara sembla réfléchir un instant, puis finalement, elle se relâcha totalement et se mit à trembloter comme par réflexe, avant de répondre :

— J'étais petite, je crois...je crois que c'était avec mon père, quand il avait un peu de temps à me donner mais...ça fait longtemps maintenant, que je n'ai plus vu mon père.

Comme perturbée par sa propre réponse, soudainement replongée dans un lointain souvenir, Ara sembla s'y perdre un moment, les yeux fixant le sol devant eux. On aurait dit qu'il était bien difficile pour elle de se reconnecter à une réalité qui semblait ne jamais avoir existé dans son esprit, tant les choses avaient dû changer de façon drastique avec le temps. Dans un sens, Jungkook pouvait la comprendre.

Lui aussi, avait connu ce sentiment désagréable de ne plus savoir celui qu'il était, celui qu'il avait été, ni ce qu'il avait eu fait ou ce qu'il avait à faire. Mais contrairement à elle, pour Jungkook, cela n'avait été que partie remise.

Alors qu'il pensait avoir réussi à l'amadouer, Jungkook fronça les sourcils lorsqu'il vit la jeune femme se lever d'un seul coup de son sofa pour se rapprocher, d'une démarche qu'il ne pu juger de féline. Non, au contraire, elle venait à lui comme un serpent emplis de vices. Comme pour Méduse, elle aurait certainement pu le pétrifier de ses yeux s'il s'y était attardé plus longtemps. Mais son regard se déporta plutôt sur son corps, puis sur ses mains qu'elle gardait serrées sur ses hanches. Elle ne le regardait pas comme un homme, mais plutôt comme une proie.

Si elle était le serpent, alors Jungkook, lui, était la souris.

Du moins, c'est ce qu'il laissa croire.

Devant lui, Ara ne détourna pas le regard sur son visage tout en attrapant son verre qu'elle bu d'un traite, avant de le déposer sur la table. Puis, elle déposa ses deux mains à l'arrière de la tête de Jungkook, sur le dossier du canapé.

— Mais bon...ne parlons plus de toutes ces choses si banales, et si on passait plutôt à quelque chose de plus...excitant ? dit-elle d'un ton aguicheur.

Relevant les yeux à son visage, tout en ayant pris plaisir à détailler la forme de sa taille, Jungkook déposa ses iris dans les siens, et lui tendit la main. S'il avait choisi de jouer, alors il jouerait. C'est pour cette raison qu'il lui tendit la main, l'invitant à continuer.

Sans plus de cérémonie, la jeune femme grimpa alors sur le sofa, déposant ses deux genoux à moitiées dénudées de par et d'autre des cuisses de Jungkook. Elle ne perdit pas plus de temps avant de laisser traîner ses mains sur la chemise de son vis-à-vis, avant de venir retirer sa cravate. Tout se jouait dans le silence, laissant planer entre ces deux-là une tension naissante, qui devenait de plus en plus palpable.

— Tu es un très bel homme, Jungkook, avoua-t-elle tout en faisant passer les paumes de ses mains sur les bras de ce dernier. Ma collection ne sera que plus belle avec toi.

A vrai dire, Jungkook ne savait pas ce qu'elle voulait laisser entendre par "collection". Tout en se laissant découvrir par dessus ses vêtements, son corps était là mais son esprit n'y était plus. Il réfléchissait. Que voulait-elle bien dire, par "collection" ?

S'il s'avérait qu'Ara était aussi vicieuse que son amant, alors on pouvait facilement penser qu'elle devait se faire un malin plaisir à collectionner les conquêtes, pour combler son ennui et sa solitude. Pourtant, si ses souvenirs ne lui faisaient pas faux bons, il avait été dit lors des réunions en France qu'elle serait elle aussi victime de l'organisation, étant l'une des actrices pronos les plus réputées de la plateforme. Cela dit, tout paraissait un peu plus logique.

Jungkook pensa alors qu'Ara devait être consentante pour jouer dans les films produit par son amant, mais alors...Cela voulait dire qu'elle détenait elle même une part dans toute cette merde ?

Ses pensées commençaient à se bousculer, et au moment où la jeune femme se pencha un peu plus vers son visage, Jungkook ne put voir venir la suite des événements car la porte de la chambre s'ouvrit dans un réel fracas.

Celui qui se tenait là, une main encore serrée sur la poignée, n'était autre que Taehyung. Il ne prononça aucun mot, et son regard dévia automatiquement à Ara lorsqu'il la vit presque affalée sur son compagnon. Cette dernière ne lui accorda pas un seul regard, mais sourit plutôt à son amant, qui se trouvait juste derrière.

Cela en aurait presque fait rire Jungkook, qui pensait s'être retrouvé dans un mauvais scénario de film pornographique, jusqu'à ce qu'Ara ne lui caresse la joue, et que la voix de Taehyung se fit entendre.

Il le regarda une fois, puis deux, ses yeux valsant de la fille à Jungkook, et ce jusqu'à ce qu'il ne prononce d'une voix rauque et profonde :

— On s'en va, la fête est finie.


*


Dans la voiture qui les menaient à leur hôtel, Jungkook et Taehyung ne s'échangeaient pas un seul mot. Leurs regards se croisaient, parfois, quand l'un ou l'autre  n'était pas trop occupé à jeter un œil par la fenêtre teintée.

Aucun d'eux ne pouvaient deviner ce que l'autre pensaient, pourtant, Jungkook lui détaillait bel et bien une chose chez son compagnon.

Ses mains.

Il ne voyait qu'elles. Ses grandes et longues mains baguées, toujours. Parfois, lorsque les lumière du dehors venaient éclairer ses phalanges, il imaginait leurs reflets traverser ses iris.

Si ce n'était pas ses mains, c'était ses lèvres que Jungkook toisait. Elles n'étaient plus aussi brillantes qu'à leur arrivée chez Lay, mais elles étaient encore assez pour qu'il les voit briller à la faible lumière des lampadaires lorsqu'ils en croisaient sur la route. Ils pouvaient les voir, ne former qu'une seule ligne fine et charnue.

Dehors, il faisait nuit noire, et les rues étaient si désertes qu'on aurait pu croire que personne n'y avait mis les pieds. Pourtant, leur hôtel se trouvait non loin des quartiers chics, là où les fortunés aimaient se pavaner à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.

Peu importe, cela ne sembla pas préoccuper les deux hommes lorsqu'ils arrivèrent aux portes de leur hôtel. Le chauffeur arriva devant la porte de Taehyung, à qui il ouvrit en premier, et ce dernier n'attendit nullement son compagnon avant de filer tout droit jusqu'aux portes du bâtiment, alors ce dernier le suivit rapidement afin de rattraper son pas.

De nouveau, les deux hommes se retrouvèrent côte à côte, seul à seul, dans l'ascenseur qui les menait à leur étage.

Une nouvelle fois, seul le silence vint animer leurs échanges vains, et des regards se perdirent entre deux sonneries émises par la cage de fer. Ils ne se disaient rien, se toisaient à peine, mais cela fut assez pour que chacun d'entre eux ressentent cette tension qui leur était devenue habituelle. Seulement, cette fois-ci, quelque chose semblait avoir changé. Aucun d'eux n'étaient fou ou aveugle, et ils savaient la raison de ce soudain changement. Mais aucun d'entre eux n'émit un seul son, et ce jusqu'à ce que l'ascenseur n'arrive à bon port.

Une nouvelle fois, Taehyung fut le premier à sortir, suivit d'un Jungkook distant à l'arrière. Ils commencèrent à marcher dans le long couloir lorsque les lumières de ce dernier ne se coupent subitement.

Pensant faire face à une blague, Taehyung eut juste le temps de se retourner afin de faire entendre sa colère lorsqu'il se sentit agrippé par le poignet et littéralement pousser avec férocité contre le mur du couloir.

— Ai-je été assez docile à votre goût, Monsieur Kim ?

Jungkok chuchota sa phrase tout près, bien trop près de l'oreille du noiraud qui put de suite sentir sa chaude respiration contre sa peau, et les lourds battements de son cœur contre sa propre poitrine.

Il voulut répondre, lorsque Jungkook lui coupa l'herbe sous le pied.

— Et maintenant, que puis-je faire pour vous rendre service ?

Soudain, tout était comme si rien de tout ce qui s'était déroulé quelques heures avant ne s'était jamais passé. Puisque malgré tout, Taehyung avait beau être Taehyung, il restait un homme. Et être homme, faisait de lui une proie facile à la créature incroyablement tentatrice qu'était Jungkook.

Il le savait maintenant, il le comprenait. Ou plutôt, il se laissait le désir de comprendre pourquoi il avait senti cette tension qui était la leur prendre un tout autre chemin. Après tout, ce n'était pas comme s'il l'avait cherché lui-même.

Mais si Taehyung avait été jusque là, ce n'était pas seulement par envie, mais aussi par intérêt. Il avait tout essayé, tout fait pour attirer Jungkook dans ses filets. Il fallait qu'il sache. Il avait besoin de savoir qui il était, ce qu'il cachait au fond de lui. Alors il avait passer un contrat avec lui-même, se promettant d'y arriver coûte que coûte, quitte à passer par la case du sexe.

Qu'était le sexe si ce n'était pas l'arme la plus vicieuse de toute, après tout.

Mais alors qu'il y réfléchissait encore, Taehyung ne put s'interdire de gémir légèrement lorsqu'il sentit Jungkook se pousser un plus contre lui, faisant passer sa cuisse entre les siennes, pressant quelque peu leurs entrejambes.

De son côté, et toujours dans la pénombre la plus totale, Jungkook se mit à sourire. Taehyung ne disait rien, mais son corps parlait pour lui, et il commençait doucement à se délecter de l'effet qu'il pouvait lui procurer, rien qu'avec un aussi simple touché.

Par dessus des foutus costumes.

Alors, il respira profondément et reposa sa question.

— Que puis-je faire pour vous rendre service, Monsieur...?

A son tour, Taehyung prit une profonde inspiration, quelque peu saccadée, puis il recula la tête jusqu'à l'enfoncer dans le mur pour s'écarter du mieux qu'il put de l'emprise de son vis-à-vis, et répondit :

— Que tu ailles te coucher.

Jungkook attendit une minute, puis deux, avant de lâcher un fin rictus, puis il laissa échapper un soupir dans son rire, avant de relâcher les poignets de son aîné et de reculer, les mains en l'air.

— Comme vous voudrez, Monsieur.

Ainsi, sans rien ajouter, ni même en cherchant à le provoquer un peu plus, Jungkook disparut lorsque les lumières revinrent peu à peu éclairer le couloir. Taehyung se demanda même si cela n'avait pas été programmé, mais il se fit violence et secoua la tête pour laisser échapper toutes les pensées qui avaient pris possession de son crâne lorsqu'une porte s'ouvrit, puis une deuxième, suivi d'une troisième.

Alors que Jungkook venait à peine de disparaître derrière la sienne, Taehyung vit Namjoon, Hoseok puis Yoongi venir à lui, le regardant avec surprise.

— Tout va bien ? demanda l'ancien colonel.

— Hm, répondit seulement le noiraud.

— Il est ou le gamin ? relança le hackeur.

— Dans sa chambre.

— Qu'est-ce qui c'est passé ? reprit le tireur d'élite.

Passant la langue entre ses dents, puis sur ses lèvres, Taehyung laissa planer un drôle de silence qui ne manqua pas d'interroger ses amis, avant qu'il ne relève la tête vers eux, un air plus que sérieux collé sur le visage.

— Je crois qu'on a trouvé la fille.


*


𝐁𝐈𝐄𝐍𝐕𝐄𝐍𝐔𝐄 𝐒𝐔𝐑 𝐇𝐎𝐒𝐄𝐊𝐈


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Liste des contacts en cours, veuillez patienter.





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Message à : IZANAGI

"La marché a-t-il été conclu ?"


Message de : IZANAGI

"Oui, Monsieur. Il l'est."


Message à : IZAGANI

"Le petit héritier semble être revenu avec des renforts. Il a un seul et unique but, dont toi seul connait la raison. Je veux que tu les laisses croire que l'alliance que tu as accepté leur est possible. Montre leur notre monde, montre leur ce que nous avons et ce qu'ils n'ont pas. Laisse-le toucher du bout des doigts ce qu'il n'aura jamais, sème le doute et la terreur, détruis-le. Détruis les, tous."


Message de : IZANAGI

"...Comme vous voudrez."

Message à : IZANAGI

"N'oublie pas, Izanagi. Bientôt, l'oiseau en cage rêvera des nuages."





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A bientôt, sur notre plateforme HOSEKI





*


Alors qu'il venait à peine de se déconnecter de la plateforme, le jeune homme ne perdit pas ses réflexes et effaça toutes ses données d'un rapide coup de main, avant de refermer son ordinateur. Pour une fois depuis bien longtemps, il ne se sentit pas aussi agacé après avoir quitté le cœur même de Hoseki, surtout après une discussion aussi courte soit-elle, avec sa marionnette favorite.

Alors, comme pour fêter cette occasion bien plus que banale, il se releva de son lit et alla fouiller ses affaires afin d'en sortir un paquet de cigarette. Il l'avait entamé depuis un moment, mais était tout de même surpris de ne pas avoir cédé jusqu'à en vider son contenu en seulement quelques jours. Alors, presque avec un sourire heureux, il en sortit une du paquet, la coinça entre ses lèvres et grogna presque de plaisir lorsqu'il put en imaginer la sensation.

C'était une sorte de délivrance, ou même, une belle récompense.

Sans plus tarder, il fouilla de nouveau dans toutes ses affaires pour en dénicher un vieux zippo. Cette foutu merde venait de loin, de si loin, qu'il était encore étonné de se souvenir du jour où on lui avait offert.

Chose faite, le jeune homme se redressa et tendit l'oreille. Il attendit quelques secondes pour être certain de n'entendre aucun bruit provenir de l'extérieur, puis, convaincu, se dirigea lentement jusqu'à la porte fenêtre de sa chambre. Cela avait été une aubaine que de tomber sur une chambre avec balcon, après tout, c'était un hôtel de luxe, pas vrai ?

Lorsqu'il alluma le bout de sa cigarette, le jeune homme laissa échapper un léger filet de fumée entre ses lèvres abîmées avant de plonger son autre main dans la poche de son pantalon. Il sentit l'affreuse sensation de ce portable à clapet qu'il trouvait "dégueulasse" si l'on devait reprendre ses mots, mais il finit par le serrer dans sa paume.

C'était un téléphone jetable prépayé. A vrai dire, bien qu'il trouvait toujours cela insultant pour sa personne, il avouait facilement que ces petites merveilles étaient de vrais bijoux. Le crédit était limité, et l'on pouvait facilement se débarrasser de la SIM après utilisation.

Autrement dit, cela ne laissait aucune traces.

Il le serrait si fort qu'on aurait pu croire qu'il imaginait broyer un cou entre ses mains, puis, après une nouvelle bouffée de fumée, il le sortit de sa poche et le planta sous ses yeux.

Il le regarda sans grand intérêt, mais tout de même avec ce petit sourire au coin des lèvres. Après tout, ce soir n'était pas une soirée comme les autres. Ce soir, il s'était octroyé le plaisir d'une bonne cigarette, allumée par son bon vieux zippo datant des années 80. Alors, il pouvait bien s'octroyer un dernier plaisir, non ?

De toute manière, lui seul était maître de ses décisions, et ce qu'il se répéta encore et encore avant de composer un numéro sur son clavier, et de déposer le téléphone contre son oreille droite.

Puis, il attendit.

Il avait pensé devoir attendre quelques sonneries avant qu'on ne lui réponde, bien que cela n'arrivait que rarement. Lorsqu'il prenait lui-même l'initiative de décrocher son téléphone, mieux valait que son destinataire soit rapide à la détente. Mais celui-ci était différent, oui...

Celle-là était différente.

Enfin, ce qu'il avait attendu depuis trop longtemps à son goût arriva, et l'on décrocha à l'autre bout du fil. A vrai dire, cette personne avait essayé de l'appeler. Il avait pu le remarquer récemment, mais n'avait eu d'autre choix que d'attendre le meilleur moment pour la rappeler.

Peut-être avait-il encore un tant soit peu d'humanité, ou de cœur, qui sait.

Presque dans un soupir de soulagement, il s'apprêtait à répondre le premier, lorsque son destinataire le coupa.

— Namjoon a eu un problème ?!

Le sourire disparut tout aussi vite sur le visage du jeune homme.

Lui qui pensait trouver en elle, la seule qu'il avait pu jusqu'à ce jour considéré comme l'une de ses proches, ne lui avait pas donné un temps soit peu un minimum d'intérêt.

— Tu es toujours là ? Allo ?

La mâchoire crispée contre son téléphone qui n'était pas même bon marché, le jeune homme le serra un peu plus dans la paume de sa main, tout en tirant férocement une bouffée sur sa cigarette.

— Allo?! Je sais que tu m'écoutes, pourquoi tu ne me réponds pas ? Namjoon a eu un problème ?

— Et moi, tu ne veux pas de mes nouvelles ?

A l'autre bout du fil, la jeune femme se tut un instant, semblant réfléchir. Réfléchir à quoi, pouvait-on penser. Et bien, elle venait de saisir toute la noirceur qui s'était cachée dans les paroles de son destinataire.

— Je...Excuse-moi, je...

— Tu as essayé de me joindre. Je t'avais pourtant dit, de ne pas le faire sans mon accord.

— Je voulais...

— Je te manquais à ce point, pour que tu veuilles m'appeler ou est-ce seulement la vie de cet homme qui t'inquiète...

— Non, je...

— Ce n'était pas une question.

— ...je voulais juste avoir des nouvelles.

— De lui, reprit le jeune homme en écrasant le foyer de sa cigarette sur les barreaux de son balcon. Mais jamais de moi.

Si ! Bien sûr que si, je voulais...je voulais juste...

Elle ne pouvait pas le voir, mais le jeune homme venait de prendre une profonde inspiration comme pour se contenir d'exploser. Elle ne pouvait pas le voir, mais elle l'avait deviné.

A vrai dire, cette jeune femme savait qui il était.

Elle le connaissait depuis bien longtemps, maintenant. Elle connaissait son nom de code, mais aussi, son nom, son véritable nom, celui qui avait totalement disparu des annales. Elle connaissait non seulement son visage, mais aussi toutes les parties de sa vie qu'il avait voulu cacher jusqu'à aujourd'hui.

Elle, n'était pas plus qu'un autre pion sur son échiquier.

Et pourtant...

Pourtant, malgré les secrets, le poids qui lui pesait sur les épaules, malgré tout cela, elle ne l'avait jamais laissé tomber.

Qui aurait pu deviner, que leur rencontre avait été le fruit du pur hasard, tout aussi bien qu'elle aussi venait d'une famille similaire à la sienne. L'un comme l'autre avait appartenu au même monde, il avait fréquenté et vécu avec le même fardeau, jusqu'à en faire leur plus grande force.

Qui aurait pu deviner, qu'elle avait été la seule once de lumière dans le couloir sombre dans lequel on l'avait projeté alors qu'il n'était encore qu'un enfant. Qui aurait pu deviner qu'elle avait été présentée, le jour où il avait découvert les dures lois et vérités de son nom, de son rang.

Qui aurait pu deviner, qu'elle avait été sa première conquête, dans le temps où les choses n'étaient pas encore si difficiles qu'aujourd'hui. Qui aurait pu deviner qu'elle aurait juré fidélité, corps et âme au Diable, sans même s'en douter une seule seconde.

Qui aurait pu s'en douter, qui...à part celui qui tirait les ficelles.

Oui, lorsqu'il y pensait dorénavant, le jeune homme se souvenait encore du visage de cette fille qui aujourd'hui était devenue femme, il se souvenait encore de la première fois où elle l'avait approcher, où elle l'avait protéger, soutenu et consolé.

Il se souvenait aussi de la première fois où ils avaient échangé un baiser, ainsi que la première fois où ils avaient succombé au plaisir de la chair.

Cela n'avait pas été par amour, mais par confiance. Ils étaient devenus amis, ils s'étaient juré de toujours être là l'un pour l'autre, tant qu'ils avaient décidé de s'offrir l'un de leurs plus précieux bien. C'est avec cet accord qu'ils avaient alors succombé au plaisir de la chair, n'étant pas plus que des amis partenaires de sexe.

Avec le temps, tout cela était devenu une histoire jeté aux oubliettes. Après de longues années à se côtoyer, l'un et l'autre s'étaient séparés, rentrant chacun dans leurs rangs respectifs. Ils avaient des devoirs, des obligations, qui les avaient obligés à se dire au revoir.

Pour autant, ils n'avaient jamais cessé d'échanger, jusqu'au fameux jour où le jeune homme lui avait confié son plan.

Ce jour-là, la jeune femme l'avait écouté en silence, puis lorsqu'il lui avait demandé si elle serait de la partie, cette dernière avait acceptée, sans rien ajouter de plus.

Il ne lui avait jamais avoué, mais son accord lui avait procuré le plus grand bien. Il avait été rassuré, car après tant d'années loin de chez lui, tant d'années à s'être éloigné de sa véritable place, il en avait perdu toute sa légitimité. Un autre avait pris sa place, se vantant de tous les mérites pour lesquels il s'était battu, pour lesquels il avait souffert et étudié durant des mois et des mois.

Oui, le jeune homme s'était senti puissant, pour l'une des premières fois, ce jour-là. Car il savait, qu'avec cet atout dans la poche, il serait capable de tout. Elle était l'un des éléments manquant à sa longue liste, et grâce à elle, il arriverait à récupérer sa place.

Jamais il ne lui avait avoué qu'il voyait en elle pas seulement une alliée, mais sa seule et unique véritable amie. La seule qui ne l'avait jamais trahie, qui ne lui avait jamais menti.

La seule personne sur terre, qui ne lui avait jamais fait aucun mal.

Alors les années étaient de nouveau passées, et quand bien même il l'avait lancé sur un chemin bien tracé, il n'aurait jamais pu se douter d'à quel point sa seule amie, sa seule confidente, sa seule source de bonheur, deviendrait aussi éprise d'un de ses pions.

Si au grand malheur, elle disparaissait, alors...

— Tu es toujours là ?

Alors...

— Suuiitiikun...(*miel, douceur : surnom japonais)

— Ne m'appelle plus comme ça.

— Mais tu aimais ce surnom avant, quand on était pe-

— Plus jamais, prononça le jeune homme en lui répondant dans un japonais parfait, d'un ton autoritaire.

— Bien, comme tu voudras, répondit la jeune femme reprenant un ton similaire et oubliant toutes formules aimable. Tout se passe comme tu le voulais ?

Accroché à la rambarde de son balcon, le jeune homme tenait maintenant son vieux zippo dans sa main libre, jouant avec et appuyant rythmiquement sur le clapet en féraille. Il ne répondit pas de suite, et laissa planer quelques secondes avant de lever la tête vers le ciel.

La lune n'était pas pleine, ce soir-là. Elle n'était pas pleine, mais bientôt, elle arriverait à terme.

— La lune est bientôt pleine.

— Et bien...je suppose que tout se déroule comme prévu.

— Tu ne veux toujours pas savoir comment je vais.

Le téléphone collé à son oreille, le jeune homme put entendre son interlocutrice souffler, bien que ce fut discret. Il pouvait facilement imaginer quelle expression habillait son visage, comme il savait tout aussi bien qu'elle pouvait imaginer la sienne.

Dure, froide, et triste.

Comme toujours.

— Comment vas-tu ?

Dans un rictus, le jeune homme passa la langue sur ses lèvres, puis il joua une dernière fois avec son zippo avant de le tenir fermement dans sa main.

— Je me sens si près du but, si...

Il laissa planer sa phrase en suspens, réfléchissant presque à ses prochains mots alors qu'il les avait déjà en tête. Tout était toujours aussi clair que l'eau de roche dans ses pensées, telle était sa façon de vivre. De penser. De faire.

— Je l'aurais. Je les aurais tous. Et quand Zhang tombera, quand il tombera, quand ils seront tous hors jeu...je serai enfin digne de ma victoire.

— Que feras-tu...de lui, lorsque tout sera fini ?

Dire que le jeune homme ne s'attendait pas à cette question serait mentir. A vrai dire, il l'avait attendu, et ne se trompant jamais, il savait que son interlocutrice finirait par relancer le sujet.

— Je t'en supplie...ne lui fais pas de mal. Pas à lui...pas à lui, supplia presque la jeune femme à l'autre bout du fil.

Mais le jeune homme ne lui répondit pas, et se contenta de souffler dans un calme pesant, la laissant dans le silence le plus total. Il eut presque l'impression de sentir son cœur se faire broyer dans sa poitrine, en l'entendant renifler, mais cela fut de courte durée. Bien assez vite, il retrouva ses esprits, et serrant une dernière fois le téléphone dans sa paume, il souffla :

— L'oiseau en cage reverra bientôt des nuages.

A ces mots, le jeune homme raccrocha sans un au revoir. Il ne pouvait pas se laisser aller à des futilités, d'autant que plus le crédit de son téléphone arrivait à sa fin. Il était temps de se débarrasser de cette breloque, de s'effacer à nouveau pour mieux conquérir dans l'ombre.

Il devait encore faire le vide dans sa tête, afin de pouvoir se concentrer à nouveau sur son plan et réfléchir à ses prochaines actions.

Et pour ce faire, il devait encore réfléchir à ce qu'il ferait, avec sa nouvelle proie.

Il lui fallait remuer ses méninges, réfléchir à la façon dont il allait le manipuler, pour obtenir ce qu'il voulait.

C'est seulement lorsqu'il referma sa fenêtre, après avoir broyé et jeté le téléphone dans la trappe à déchets du couloir et qu'il retourna dans sa chambre qu'il trouva la solution.

Si faire croire était gouverné, alors...

Aimer, serait manipuler.











Détruire, serait gagner.











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Hello tout le monde,

Petit message très rapide pour vous remercier de votre attente, je sais que ce n'est pas toujours super cool d'attendre si longtemps entre deux chapitres. Mais voilà, avec le travail et ma vie que j'essaye de garder un tant soit peu sociale, je consacre moins de temps à mes loisirs personnels tel que l'écriture. Aussi, je suis souvent très fatiguée alors je viens seulement jeter un œil à mes notifications puis je repars. Mais dès que je le peux, j'ouvre mon drive afin de pouvoir écrire mes idées et la suite de l'histoire.

Je me rend compte aujourd'hui que Hoseki à déjà 7 mois (oui, j'en parle comme mon enfant hahaha). Cette histoire me prendra encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps...Alors à tous les adeptes, sachez que Hoseki sera toujours d'attaque en 2023 !

Enfin bon, je vous remercie de porter cette histoire dans vos cœurs, et aussi de jouer le jeu ç fond. Je vous vois tous et toutes, faire les petits détectives et j'en vois même qui sont hyper sérieux. Sincèrement, je suis toujours assez touchée par votre investissement, et ça me pousse à continuer.

Je ne peux vous prédire la date du prochain chapitre, mais j'essayerais de le poster d'ici une semaine ou deux (en fonction de mon calendrier évidement).

D'ailleurs...si on faisait un état de la mission jusqu'ici, quelles sont vos théories ? Dites-moi tout, quitte à lâcher d'énormes paragraphes de commentaires. Lâchez vous, je vous lirais avec grand plaisir !


A bientôt, je vous aimes~

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