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𝟑𝟎. 𝐖𝐡𝐚𝐭 𝐦𝐚𝐤𝐞𝐬 𝐲𝐨𝐮 𝐮𝐩𝐬𝐞𝐭 ?




Cornfield Chase - Hans Zimmer

The Sweet - Robert Aiki Aubrey Lowe (après la deuxième étoile)

hedonist - zandros, VIZIER (à la dernière étoile)








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— Fais-moi confiance.

Relevant doucement la tête de ses bras, Namjoon plongea son regard dans celui de son...que devait-il dire maintenant ? Il ne pouvait pas se résoudre à nommer Taehyung tel un "ancien ami", pas après tout ce qu'il lui avait avoué. Pendant des années, il avait douté, essayer de comprendre pourquoi celui qu'il avait fréquenté durant si longtemps les avait trahis. En fin de compte, il se demandait si la vérité n'était pas encore plus difficile à entendre, plutôt que de rester coincée dans le mensonge et l'ignorance.

— Namjoon, tu dois me faire confiance.

Au fur et à mesure de leur entretien, l'ancien colonel s'était doucement calmé. Il lui avait fallu une grande maîtrise de soi pour y parvenir, mais c'était une chose que lui avait appris l'armée, mais aussi, toutes les épreuves de la vie.

— Une toute dernière...quelque part, on a remis nos vies entre tes mains, Taehyung.

— J'en suis conscient.

— Ca ne m'explique toujours pas pourquoi il a l'air de si bien te connaître, insista Namjoon en reprenant un air froid et distant, malgré lui.

Il agissait non seulement pour sa personne, mais il pensait encore plus à tous ceux qui avaient quitté la suite depuis un moment maintenant. Il espérait aussi que Jungkook aille bien, après ce qui lui était arrivé dans l'enceintre du casino. Par sa faute.

Par son manque de mégarde.

Par son manque de professionnalisme.

Et il refusait que l'histoire se répète.

— Je te l'ai dit, après notre mission, j'ai dû effectuer une mission classée secrète qui m'a mené jusqu'au Japon. Indirectement, c'était lié à lui. Mais je ne peux pas en dire plus, tu sais...secret.

Taehyung disait cela sans jamais lâcher le regard de son ami, qui le toisait avec mégarde et tristesse. Il se demandait ce que pouvait penser Namjoon à cet instant, mais quelque part, il ne pouvait pas s'attendre à ce que ce dernier ne remette pas en question ses paroles.

— J'ai l'impression que vous vous connaissez depuis bien longtemps, Taehyung. Pourtant, quand on s'est rencontré, j'avais lu ton dossier et si ton père était un bon coréen qui dirigeait une grand entreprise d'armement, ta mère n'en était pas moins japonaise.

— La tienne aussi, répondit Taehyung avec le même ton.

— Oui, elle l'était, affirma Namjoon.

— Et pourtant, cela ne fait pas de toi un suspect à mes yeux, concernant la mission.

— Parce que tu n'as pas confiance en moi, Taehyung ?

— Et toi ? répéta le noiraud, lançant légèrement le menton en direction de l'ancien colonel.

— Je sais que tu as des parts d'ombres Taehyung, je les ai toujours acceptées mais aujourd'hui, je le répète, la seule chose dont j'ai besoin, dont on a tous besoin...c'est de ton honnêteté.

— Pourquoi "était" ? demanda Taehyung, sans faire attention à ses précédentes paroles.

— Quoi ?

— Pour ta mère, tu as parlé d'elle au passé.

Fronçant les sourcils, Namjoon se demanda si sa question n'était pas une piètre technique pour le détourner de leur sujet de discussion. Mais à vrai dire, la soirée avait été longue, il était épuisé, et il avait passé plus de trois heures à hurler sur son ancien ami et coéquipier, essayant de comprendre les éléments troubles de leur passé. Alors, il n'avait plus la force, du moins, pour le moment, de continuer à glisser sur une pente sans même pouvoir concevoir sa chute.

— C'est compliqué...

Ainsi, sur cette note quelque peu déroutante, se termina la discussion. Comprenant qu'il n'y avait plus rien à dire, Namjoon se leva le premier, abandonnant son ancien coéquipier sur son canapé. Il avança doucement jusqu'à la porte, mais avant de l'ouvrir, il se retourna une dernière fois et murmura dans un souffle :

— N'oublie pas qu'aujourd'hui notre mission ne nous concerne pas seulement nous, mais aussi des gens qui espèrent en sortir bien vivant, dit-il avant de fermer la porte derrière lui.

La pièce plongée dans le silence le plus complet, Taehyung abandonna ses gardes et finit par se laisser glisser dans les coussins du canapé, les yeux clos et la nuque posé sur le dossier.

Il avait demandé à Namjoon de lui faire confiance, mais oui...il était conscient qu'il allait à l'encontre de ce qu'il avait dit. Cette fameuse phrase qui avait bercé toute son enfance, et même, toute sa vie. Quelque chose de plus fort que lui le pousserait un jour à remettre en question ses propres mots. Il se rappelle encore la façon dont celle qui lui avait longtemps prononcé ceci avait insisté sur le dernier point, sur le fait qu'il serait obligé de devoir revenir sur ses propres convictions.

Cela avait été prouvé lors de cette mission, et bien d'autre fois encore .

Telle était sa vie, telle ce qu'elle avait toujours été.

Il n'y avait pas de place pour l'amitié, ni pour l'amour.

Complètement seul dans la pièce, Taehyung se laissa s'enfoncer dans le sofa, et la douce voix de celle qu'il avait longtemps porté et bercé revint lui faire écho, jusqu'à en faire trembler son cœur au creux de sa poitrine.

"Mais mon fils...un jour ton rang t'amènera à bafoué tes propres convictions. Même si tu aimes, même pour la personne qui sera la plus importante à ton cœur. Et tu devras être prêt, quoi qu'il arrive. Tout est pardonnable Taehyung, sauf le mensonge, l'infidélité et surtout, la trahison. "

Frappant son visage avec sa main droite, Taehyung se redressa, la mâchoire crispé, et doucement, il souffla contre ses paumes :

— Putain maman...j'ai essayé...mais tu as toujours eu raison.


*


Lorsqu'il entra dans la chambre qui lui était dédié, Namjoon ne fut pas surpris d'y voir Jin, adossé au bureau noir qui décorait l'angle de la pièce. Il avait les bras croisés, et un ses traits étaient si crispés sur le visage que l'ancien colonel avait de suite pu saisir la raison de sa présence.

— Il faut qu'on parle, lui balança le pilote, sans ménagement.

— Pas de suite mon frère, j'ai besoin de ré-

A peine Namjoon avait t-il commencé à parler, ou plutôt, à souffler de fatigue dans sa barbe inexistante que Jin le coupa dans son discours en lui attrapant le bras pour qu'il tombe dans son regard.

— Je t'avais dis qu'on ne pouvait pas avoir confiance en Taehyung, je te l'avais dit Nam.

— J'ai confiance en lui, lui répondit l'ancien colonel en le fixant de la même manière.

Avec un regard froid, presque glacial, et certain.

— Pardon ?

— J'ai besoin de me répéter, mon frère ?

— Namjoon, le reprit Jin de façon insistante. Je te parle sérieusement. Je vais être père, tu entends ? J'ai des putains de responsabilités sur mon dos mec, c'est fini la rigolade et les plans foireux où on risquait notre peau comme des gamins qui n'ont pas peur de sauter dans la boue, ou alors comme des gamins qui-

— Tu peux partir, souffla Namjoon en retirant enfin son bras de son emprise.

Jin sembla quelque peu déstabilisé par sa réplique. Partir ? Comment cela pouvait être si facile à dire, alors qu'ils étaient déjà tous et toutes dans la merde jusqu'au cou et que maintenant, les dès étaient jeté. Il ne pouvait pas juste partir, et rentrer comme si de rien n'était.

— Arrête de déconner, lâcha le pilote en faisant une mauvaise grimace.

— Tu auras ta part Jin.

— Tu te fous de ma gueule ? commença à hurler ce dernier. J'vais vous laisser ? J'vais laisser Yoongi et Hoseok ? J'vais vous laisser tous avec cet enfoiré ?

Voilà qu'il s'emportait, et Namjoon avait déjà deviné la suite des événements avant même que le temps ne s'écoule. Il l'avait deviné au moment même où ses yeux étaient tombés sur le visage de son ami, qui devait l'avoir attendu depuis un bon moment. Au fond, Namjoon se demandait même si Jin n'avait pas rejoint sa chambre au moment même où il les avait tous congédier de la suite. Le pilote n'était pas du genre à traîner derrière les portes, alors Namjoon savait qu'il ne se doutait de la discussion qu'il avait pu partager avec Taehyung. Cependant, s'il l'avait fait, peut-être aurait-il changé de discours, peut-être même que son avis aurait pu évoluer, ou...

— Tu crois vraiment que je vais vous laisser avec lui après ce qu'il nous a fait, Namjoon ?

Sortant de ses songes, Namjoon releva les yeux vers son ami. Il aurait pu, lui aussi, se laisser aller à la colère. Au fond, ce n'était pas l'envie qui lui manquait, mais cela n'aurait traduit qu'une grande partie de sa frustration. Alors, il resta neutre et souffla un bon coup, avant de reprendre dans le calme le plus sincère possible :

— Ça en vaut la peine, tu vas être père, Jin.

— Tu nous a déjà demandé en France si on voulait partir, avant de venir ici. Et tu savais très bien que j'aurais rien dit, non ? Et même après tout ce temps, Nam...t'oses encore penser que j'puisse réagir comme une petite merde et t'abandonner ? Tu crois que j'suis lâche ? Tu me vois comme un lâche ?

Voilà quelle était l'une des faiblesses principales de Jin. Il était un homme fort, intelligent et loyal, mais il n'en restait pas moins humain. Bien qu'il arrivait qu'il se laisse envahir par ses émotions, surtout lorsque cela concernait ses proches, Jin réussissait tout de même à rebondir, et à garder le contrôle.

Pourtant, bien qu'il était un homme aujourd'hui, bien qu'il avait vécu, bien qu'il connaissait les obstacles de la vie, il restait une part de lui plus ou moins sensible. Cette petite voix, qui parfois, pour ne pas dire souvent, lui soufflait qu'il pouvait être un véritable lâche.

Au cours de sa carrière, Jin avait croisé d'innombrable hommes, et vint le jour où il rencontra Kim Namjoon. Ce jour-là, Jin comprit ce que voulait dire le mot "adoration". Il le trouvait non seulement incroyable, mais aussi fort, et si intelligent qu'à ses yeux, n'importe qui devait un respect incontestable à cet homme.

Avec le temps, son adulation s'était transformée en de forts sentiments amicaux, et aujourd'hui, il le voyait comme un frère. Pourtant, depuis leur dernière mission ensemble, Jin avait eu beaucoup de mal à accueillir de nouveau cette petite voix qui lui soufflait "tu n'es qu'un lâche", et ce, même dans les moments les plus banals de sa vie.

Il l'avait entendu le jour où il n'avait pas pu rattraper Taehyung et leur éviter la peur de leur vie.

Il l'avait entendu le jour où on l'avait royalement viré de sa base, également lorsqu'il s'était retrouvé à mentir à sa future femme par peur de la décevoir.

Il l'avait entendu à nouveau, lorsqu'il avait dû garder son calme dans la voiture, sur le retour du casino. Car il n'avait rien pu faire, et si les grands esprits en avaient décidé autrement, peut-être même qu'il aurait perdu son frère lors de cette mission, ce soir.

Il l'avait entendu, lorsqu'il n'avait pas osé insister pour rester dans la suite avec Namjoon et Taehyung. Alors, il était sorti pour aider la seule femme de leur équipe, puis il avait faits les cents pas dans le grand couloir, avant de claquer la porte de la chambre de son ami. Il était resté ainsi durant un long moment, attendant l'instant où Namjoon passerait la porte. Et pendant ce temps qui lui parut être une éternité, il s'était enfin décidé à parler. A lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur, quitte à prendre le risque de lui demander, de lui poser cette question qui lui brûlait les lèvres.

— Tu me vois comme un lâche, c'est ça, Namjoon ?

— Non, répondit froidement l'ancien colonel. Je te vois comme un père.

— Et être père pour toi, c'est abandonner devant la première difficulté ?

— Non, au contraire. C'est faire des choix. Jin, tu sais très bien que j'ai grandi sans père. L'absence d'une figure paternelle peut ruiner une vie, et je refuse, en étant ton ami, de retirer à ta futur femme et à ton enfant, la joie qu'on m'a volé. C'est pourquoi tu peux partir, je ne t'en tiendrais pas rigueur, et tu auras ta part. Tu as ma parole.

La première réaction du pilote, qui par ailleurs, surpris son ami, fut de rire.

Oui, il se mit à rire, d'abord doucement, puis ce son d'habitude si mélodieux se transforma peu à peu, jusqu'à devenir un rire sadique, aliéné.

Ainsi, Jin se mit à se passer la main sur le visage, une fois, puis deux. Ses yeux valsaient entre son ami et le reste de la pièce, jusqu'à ce qu'il n'avance jusqu'au bureau. Il se planta devant ce dernier, et sans prévenir, lui donna un coup sévère. Cela fit trembler les quelques stylos que Namjoon y avait déposés, et ce dernier se releva du bord de son lit afin de l'approcher, doucement.

— C'est comme ça que tu me vois...souffla Jin, peiné et la voix tremblante, toujours dos à son ami.

— Comme quoi ? relança Namjoon, hésitant dans ses pas.

— Comme un faible, un moins que rien.

— Non, jamais t-

— J'ai déjà risqué ma vie des putain de dizaines de fois, tu ne t'en rappel pas ? lança furieusement le pilote. Quand on était en Afghanistan et que j'ai dû venir vous chercher dans cette ruelle prise de tous les côtés et que j'ai failli y laisser mon crâne derrière mon pare choc ? J'ai abandonné ? Non. Quand on était à Taiwan et que j'ai du gérer mon pauvre petit bateau de merde pour venir vous récupérer Hoseok et toi, j'vous ai abandonné ? Non. Quand on était au Yemen et que j'ai cru laisser ma peau en pilotant cet hélico de merde dans ce trou paumé, j'ai abandonné ? Non. Jamais. Alors c'est pas une mission à la con au Japon, devant un groupe entier de petits merdeux tatoués qui va me faire abandonner mon équipe.

Touché par la tirade de son vieil ami, Namjoon n'hésita plus et resta en retrait. Il savait que dans ce genre de moment, il était inutile de vouloir bercer Jin comme un enfant. Il fallait le rassurer, certes. Mais comme l'aurait fait un père, un frère, plutôt qu'une mère.

— Sauf qu'aujourd'hui on est dans quelque chose où les règles n'existent pas, sans foi ni loi. On n'est pas là pour défendre quelque chose ou quelqu'un, si ce n'est nous même mon frère.

— Et alors ? Si je devais mourir ici, alors je crèverais ici, cracha le pilote. J'ai peur Nam, ouais, je flippe ma race. Mais je ne vous abandonnerais jamais.

— Alors qu'est-ce que t'attends de moi ? Pourquoi être venu ici pour me hurler dessus ?

— Je devais extérioriser. J'suis désolé.

Doucement, les épaules du pilote semblaient se décrisper, et ses poings sur le bureau s'étaient relâchés. Il avait soufflé sa dernière phrase comme s'il avait laissé échapper son dernier souffle, mais c'était plutôt plutôt l'instant qui lui permit de réaliser qu'il avait pu extérioriser toute sa colère. Il avait baissé la tête jusqu'à ses mains, qu'il s'était mis à contempler, l'esprit vide. Il pouvait sentir la présence de Namjoon non loin, et il savait aussi que ce dernier n'avancerait pas plus.

Il le connaissait bien mieux que personne.

Il lui fallut tout de même quelques minutes de plus pour enfin retrouver une respiration régulière, toujours sous les yeux perçant de son ami derrière lui, qui suivait tous ses gestes, silencieux comme une tombe.

— Cette mission j'vais la faire mon pote, je serais prêt à mourir pour chacun d'entre vous mais ne demande jamais de mettre ma vie en jeu pour cet espèce d'enfoiré, reprit le pilote.

Il avait été franc, et direct.

— Il fait aussi partie de l'équipe, répondit Namjoon tout en répétant en boucle dans son crâne les paroles du noiraud qu'il avait délaissé dans sa suite quelques temps plus tôt.

— Ouais mais non, m'le demande pas. Jamais.

Contraint de respecter sa décision, Namjoon resta muet et laissa son ami le dépasser pour marcher jusqu'à la sortie. Cependant, il se mit à penser que tout aurait été bien plus facile de pouvoir expliquer à son ami tout ce que Taehyung lui avait confié plus tôt. Mais ce n'était pas le moment, et Namjoon savait que s'il lui disait tout maintenant, cela aurait l'effet d'une bombe. Dans son état, Jin n'aurait écouté qu'à moitié et aurait couru jusqu'à la suite du noiraud pour l'incendier d'insultes, et de cette façon, ils n'auraient même pas pu régler leurs comptes. Aussi, céder à cette décision aurait été bien trop périlleux pour la mission en cours.

A nouveau perdu dans ses multiples réflexions, Namjoon ne se rendit pas compte que Jin était arrivé à la porte. C'est un petit son de sa part qui le fit se retourner en sa direction, et avant que son ami ne se décide à le quitter, Namjoon le vit hésiter à serrer la poignée dans sa main.

— Sache une chose Nam. Si un jour on se retrouve dans la merde jusqu'au cou à devoir tuer l'un d'entre nous, mon choix sera très vite fais. Et je n'hésiterais pas.


*


Lorsqu'il sortit de son sommeil, dans lequel il avait certainement dû tomber à cause de la douleur dans son flanc, Jungkook avait eu la terrible impression de sortir tout droit d'un cauchemar. D'abord, sa vision s'était brouillée, mais très vite, il avait repris ses esprits et s'était souvenu d'où il avait atterri.

Les fortes musiques du casino et les rires incessants, sans parler des bruits des machines à sous avaient totalement disparu. Le silence aussi, de cette pièce où il avait cru y laisser une balle entre deux yeux à celui à qui il avait fait face, avait disparue.

Il avait alors essayé de bouger, se rendant compte qu'il ne supportait plus vraiment de rester ainsi allongé dans son lit. Mais dès qu'il fit un geste, le jeune homme se mit à grogner de douleur. Il y avait cette plaie au flanc, mais aussi, cette impression d'étirement horrible sur le visage. Cependant, l'expression qui habillait son visage le quitta tout aussi vite lorsque d'affreux souvenirs revinrent le hanter.

La douleur physique n'existait plus lorsque celle du cœur prenait place.

Il se souvint alors d'un jour en particulier, lors de sa jeunesse. Il devait avoir entre quatorze ou quinze ans. C'était une journée où il avait fait particulièrement chaud, au mois de juillet. Bien que la pluie tombait assez souvent, même ses gouttes ne suffisaient plus à rafraîchir les corps et les cœurs. Jungkook s'en rappelait encore, puisque ce jour-là avait été très important. Il avait suivi des tonnes et des tonnes d'apprentissages, et il avait dû les mettre en pratique. Son professeur particulier l'avait fait trimer, encore et encore, jusqu'à l'épuiser pour qu'il puisse être prêt à son examen. Ce dernier était fier de son élève, car il était le meilleur de toute sa promotion.

Jungkook se souvenait encore de la façon dont sa grosse voix résonnait entre ses tympans, mais aussi, sa façon de retenir son sourire lorsqu'il le voyait à l'œuvre et dépasser tous ses camarades.

Ce jour-là, Jungkook n'avait pas seulement eut la pression de ses camarades où de ses professeurs, mais aussi, de son paternel. Ce dernier s'était déplacé pour l'occasion, et Jungkook n'avait rêvé que d'une chose : le rendre aussi fier que possible. C'est pour cette raison qu'il l'avait envoyé ici, dans cette école. C'est pour cette raison qu'il en était arrivé là. Et il le savait.

Alors il avait sagement attendu son tour, et quand il fut venu, il avait exécuté les gestes et manié les mots à la perfection. Il n'avait rien laissé transparaître sur son doux visage d'adolescent, et avait plutôt laissé parler la détermination dans les iris sombres de ses yeux.

A la fin de son passage, il avait réellement pensé réussir. Son père n'avait pas bougé d'un pouce, ses professeurs non plus, sans parler de ses camarades qui, comme toujours, s'étaient presque inclinés devant sa prestation. Son professeur particulier, lui, lui avait lancé un simple geste de la main pour lui dire qu'il était satisfait. Alors, pas moins confiant, Jungkook s'était remis à sa place et avait laissé tomber la pluie. Il n'avait d'ailleurs rien dit lorsque les premières gouttes étaient tombées et avaient glissé sur son visage durant son passage.

La nuit venue, et comme toujours, il avait rejoint ses quartiers à l'heure du couvre-feu. Afin d'être irréprochable le lendemain, Jungkook avait décidé de ne pas souper et était directement parti se coucher.

Jamais il n'aurait pu se douter que dans la nuit, l'on vienne l'attraper dans son sommeil en le bâillonnant et en le traînant tel un foutu sac de pourriture au sol. Il n'avait jamais détesté la pluie, mais ce jour-là, il se rappelait encore l'avoir maudit pour avoir salit ses vêtements et pour l'avoir rendu si mal à l'aise. Il n'avait pas laissé la panique habiller son visage, mais il l'avait réellement ressenti. Il n'avait pas su qui étaient ces hommes qui l'avaient porté, jusqu'à ce qu'on le jette sur un sol sale et froid. Puis, il avait attendu.

Trempé, il avait attendu, ne pouvait hurler ou appeler à l'aide. Enfin, la grande porte avait déroulé sous ses yeux, et une lumière blanche l'avait aveuglé. D'autres personnes étaient apparus, et avant qu'il ne puisse bouger, on l'avait attrapé par les chevilles, on l'avait porter tel un déchet afin de l'attacher la tête à l'envers, à l'aide de cordes ou qu'importe ce que ces gens avaient utilisés.

En moins de quelques minutes, il s'était retrouvé à l'envers, avec cette terrible pression sur ses pieds, sentant le sang couler jusqu'à sa tête. Il se souvenait même avoir eu peur que cette dernière n'explose.

Quelqu'un d'autre était entré dans la salle au bout d'une vingtaine de minutes, Jungkook se rappelait avoir compté. Toujours bâillonné, il n'avait pu que écarquiller les yeux de stupeur lorsqu'il avait reconnu son père, qui s'était tenu droit devant lui.

Il l'avait regardé tel un moins que rien, tout de même avec une certaine once de quelque chose que Jungkook ne pu déceler, avant de lui glisser quelques mots.

Ce jour-là, Jungkook avait véritablement connu la signification du mot douleur et trahison. Il était resté muet lorsqu'on était venu le frapper à main nue, puis il était resté muet lorsqu'on était venu le battre avec des bouts de bois, des battes et d'autres choses qui lui avaient littéralement écrasé les organes. C'était l'impression qu'il avait eu. Il n'avait rien dit lorsqu'on vint lui jeter de l'eau à répétition, encore et encore jusqu'à ce qu'il ait l'impression de s'étouffer. Il n'avait rien dit et s'était contenté de pleurer lorsqu'on vint lui hurler dessus pour ne pas qu'il s'endorme.

D'ailleurs, ce fut l'une des dernière fois où Jungkook se souvenait avoir vraiment pleurer.

Ce souvenir était revenu le hanter ainsi, sans prévenir. C'est quand il essaya de se relever une nouvelle fois de son lit que Jungkook se mit à rire faiblement, pensant que ce coup de couteau, que ce soit au flanc ou sur son visage, n'était rien, contrairement à ce qu'il avait déjà subi.

La seule chose qu'il pouvait ressentir, c'était un rage folle et terriblement intense envers celui qui avait commandé ces gestes. Au diable la douleurs et les cicatrices, la seule envie qui l'animait à cet instant était celle de brouiller Zhang entre ses deux mains.

Et il y arriverait.

Il savait qu'il finirait pas y arriver.

Mais il avait encore besoin de repos, et pensant que c'était peut-être assez bien mérité, Jungkook se laissa glisser dans son lit, grognant de douleur quelques fois. Il remarqua qu'on avait dû s'occuper de ses plaies, et ainsi, quelques échos des voix de Jimin et Jessy refirent surface dans sa mémoire.

Il pensa qu'ils allaient peut-être revenir, alors, ne souhaitant pas faire la conversation à qui que ce soit, Jungkook ferma les yeux pour retrouver un semblant de paix.

Qu'il soit hanté ou non par de lointains souvenirs, ou par d'anciennes promesses, peu lui importait.

Il avait besoin de repos, avant de s'élancer à nouveau dans la gueule du loup.

Afin de la lui arracher de ses propres mains.

La paix pour une fois...

Juste une fois.


*


Plus tard dans la soirée, après avoir passé un moment presque interminable à méditer dans sa suite et surtout ne voyant toujours pas de signes de vie de la part de Jimin et Jessy, Taehyung se décida à sortir.

Comme il ne voulait pas prendre le risque que l'un de ses camarades tombe sur ses affaires personnelles, il avait pris soin de les enfermer dans le petit coffre fort de sa chambre. De toute manière, le noiraud se doutait que Namjoon ou un autre membre de l'équipe vienne s'amuser à se balader dans sa suite aussi tard, pas après tout ces événements.

Mais on n'était jamais trop prudent.

Après tout ce qu'il lui avait déballé, Taehyung se doutait que son vieil ami avait eu besoin de prendre un peu de repos. Certainement s'en voulait-il encore après les imprévus de cette première soirée japonaise, mais...

On ne pouvait jamais réellement prévoir quoi que ce soit sur le terrain d'un ennemi aussi tordu que Lay l'était.

Les mains dans les poches de son pantalon de costume, Taehyung avançait dans le couloir, dans le but d'aller rendre visite au grand blessé de l'équipe. Peut-être y trouverait-il ses compagnons qui manquaient à l'appel.

Il s'avéra que le noiraud ne fit pas fausse route, puisque au moment où il releva les yeux du sol, il pu apercevoir la belle Jessy, encore habillée de sa tenue élégante, sortir de la chambre de Jungkook.

Cette dernière avait délicatement refermé la porte, osant à peine la relâcher de peur que le moindre bruit ne réveille Jungkook de son sommeil.

— Comment il se-

A peine eut-il ouvert la bouche, que Taehyung se vit couper la parole par la jeune femme, qui lui lança un regard sévère.

— Le médecin a dit que c'est passé à deux doigts.

Comprenant que la jeune femme n'en avait fait qu'à sa tête, Taehyung se mit à grimacer, étirant quelques peu les traits de son visage. Il avait refusé à ce qu'on emmène Jungkook à l'hôpital, car il savait que Jessy serait là pour le soigner. Mais de toute évidence, la jeune femme ne l'avait écouté qu'à moitié, faisant intervenir un médecin pendant qu'il était bien trop occupé à se disputer avec l'ancien colonel.

Soit, il n'était pas temps de raviver le feu ni les flammes, alors Taehyung ne fit aucunes remarques à ce sujet et il ne l'avoua pas, mais il fut tout de même rassuré de savoir que grâce à l'intervention de quelqu'un de qualifié, l'un de ses compagnons avait pu être soigné.

Même s'il s'agissait de Jungkook.

Surtout, s'il s'agissait de Jungkook.

Pendant ce temps, Jessy n'avait cessé de le toiser avec cet air colérique, les bras croisés sur le torse et ses longs ongles de porcelaines s'enfonçant dans sa peau.

C'était qu'elle avait du caractère à revendre cette jolie dame.

— On a jamais dit que ce serait facile, souffla le noiraud.

— Ça n'a même pas encore commencé, Taehyung. Tu nous a dit que tu connaissais Lay, mais pas de cette manière.

— Je vous avais dit que ce ne serait pas une partie de plaisir.

Cherchant peut-être une réponse à cela, Jessy se mit à faire la grimace avant de laisser échapper un rire nerveux, qui traduisait certainement sa fatigue. Elle portait encore sa robe de soirée, mais elle n'était pas moins tachée et salie, par les efforts qu'elle avait dû mettre en œuvre pour soigner leur camarade. Il y avait aussi autre chose sur son visage, quelque chose qu'on ne pouvait lire facilement, mais Taehyung en conclut que c'était certainement de la peur.

— Je n'y peux rien si Jungkook a décidé de faire de la merde, c'est de sa faute s'il en est là. Il n'avait qu'à suivre le plan.

Alors qu'il allait la dépasser, décidant qu'il avait assez conversé avec elle, Jessy attrapa le poignet du noiraud et l'obligea à se retourner.

— Ecoute, j'ai beaucoup de respect pour toi, mais je me dois quand même de te dire certaines choses, étant tout de même ton aînée, dit-elle d'une voix calme mais pas moins agitée par les émotions. Taehyung, j'ai grandi dans la merde. Je ne sais même pas si tu aurais survécu dans mon monde, car je ne te connais pas pour spéculer. Je ne te demande pas d'avoir de la pitié pour moi, ni pour aucun d'entre nous. Mais permets-moi de te dire que tu juge les gens trop vite. Quand tu dis que Jungkook a merdé, la seule chose qu'il a voulu faire était de nous protéger, souffla-t-elle. Je sais que tu as beaucoup de mal avec lui, mais ce gamin a vécu des choses monstrueuses. Je ne sais pas quoi, mais je le sais. Et étant son aîné, tu dois le protéger, lui aussi. Il n'y a pas que du mauvais en lui, et sache une chose, j'ai l'impression qu'il veut te montrer et te prouver à toi, qu'il en est capable. Contrairement à ce que tu penses, il cherche juste à te montrer qui il est.

Taehyung se mit à penser que la jeune femme ne pensait pas si bien dire. Peut-être avait-elle vu quelque chose de différent chez le jeune homme, car devant elle, il agissait d'une tout autre manière que celle dont Taehyung avait l'habitude de confronter. Alors oui, peut-être y avait-il une infime chance qu'il agissait ainsi, de façons et de manières particulières avec chaque personne de l'équipe car il entretenait des relations différentes avec chacun et chacune d'entre eux. Mais pourtant, cette idée paraissait totalement farfelue, voire impossible, aux yeux du noiraud.

Il y avait autre chose, c'était ce que dictait l'instinct de Taehyung.

Et son instinct ne le trompait que rarement.

— Je crois que tu te trompes, finit-il par dire à la jeune femme.

Certainement épuisée de cette soirée, Jessy ne répliqua pas et finit par doucement lâcher le poignet de son vis-à-vis. Pourtant, ce dernier ne bougea pas d'un poil, l'observant droit dans les yeux comme s'il essayait d'y lire quelque chose.

Puis, il finit par détacher son regard, faisant les quelques pas qui le séparaient encore de la porte de la chambre convoitée.

— Si tu vas le voir, s'il te plait...pour le bien de tous, ne le détruit pas.


*


Lorsqu'il était entré dans la chambre, Taehyung avait abandonné Jessy sur le palier de la porte, ne faisant pas grandement attention à son regard méfiant. Il avait simplement ouvert la porte, avec délicatesse, et s'était introduit dans la pièce plongée dans l'obscurité. Une simple petite lumière blanche, semblable à une veilleuse, était encore allumée sur l'une des tables de chevet, mais quelqu'un avait dû abaisser sa luminosité afin qu'elle ne soit pas agressive pour les yeux de Jungkook, endormi.

Du moins, il semblait endormi. Allongé sur son lit, les yeux clos et les mains croisées sur le bas de son torse. Il ne portait plus son beau costume, mais un débardeur blanc concassé qui laissait entrevoir les formations et les douces lignes de ces muscles, ainsi que quelques tatouages sur ses bras. D'ailleurs, il y en avait même un des deux qui était presque entièrement recouvert. Un drap était légèrement remonté à mi-cuisse, alors il était facile de deviner qu'il portait en bas, un simple short ou caleçon noir, dont on pouvait voir dépasser un énorme pansement. Et puis, il y avait aussi son visage, qui même dans un semblant de sommeil, était toujours aussi sévère et nerveux.

Oui, Taehyung avait facilement deviné que Jungkook ne dormait pas, mais qu'il avait simplement feint le sommeil afin de peut-être, retrouver un peu de tranquillité.

— Même lorsque tu es seul, tu te mens à toi-même.

Taehyung compris qu'il ne s'était pas trompé lorsqu'il entrevu les fines commissures dès lèvres de Jungkook se relever dans la pénombre. Peut-être même qu'il essaya de bouger un peu, et un léger gémissement de douleur passa entre ses chair.

Il était évident que son flanc devait toujours lui faire un mal de chien.

— Le seul qui ment ici Taehyung, c'est toi.

Toujours non loin de la porte close, Taehyung n'avait pas encore fait un seul pas. A la remarque de son cadet, il n'avait même pas osciller les sourcils, comprenant aisément à quoi il faisait référence. Tous avaient été présents lors de cet entretien avec leur ennemi, et de ce fait, tous et toutes avaient été présents face à la scène de l'étau qui s'était petit à petit mis à se resserrer autour du noiraud.

Cependant, Taehyung avait suivi son seul et unique instinct, comme il avait toujours fait. Aussi, son attention s'était assez longuement porté sur Jungkook pour savoir que ce dernier avait été envahi par la nervosité. Bien qu'il n'avait pas su la véritable raison, car Taehyung en était certain il y avait une raison, il se demandait encore...pourquoi ?

— Qu'est-ce qui te rend nerveux ? osa t-il demander, de sa voix rauque et neutre.

— De quoi tu parles ? rétorqua Jungkook, ouvrant finalement les yeux.

La pièce étant plongée dans une obscurité partielle, il arrivait à deviner les courbes du corps de son aîné, toujours posté devant la porte. Il ne savait pas si ce dernier pouvait le voir correctement, mais s'il le pouvait, alors il aurait pu lire l'agacement s'étirer sur les traits de son visage.

— Je parles de toi.

Ainsi, il ne fallut que quelques secondes avant que Jungkook ne puisse entendre les léger bruits de pas des chaussures cirées de Taehyung, qui rencontraient le sol de sa chambre. Cependant, Jungkook n'attendit pas que ce dernier n'arrive près de son lit pour lui répondre.

— Qu'est-ce qui me rend nerveux ? dit-il dans un rictus. Tu t'es écrasé devant lui.

— Moi ? Je me suis écrasé ? répéta le noiraud, à seulement deux pas de son cadet, le regard toujours plongé sur le seul profil de son visage qui était à peine éclairé.

— Tu l'as laissé te parler comme on parlerait à une merde, tu lui a laissé le monopole du pouvoir tout au long de votre conversation et-

— Vu ton état, je ne crois pas être celui qui s'est fait écrasé devant l'autre. Le seul maître du jeu ici, Jungkook, c'est moi.

Non pas que ce fut surprenant, mais Jungkook se mit doucement à rire avant de rétorquer une nouvelle fois sur le même ton condescendant que le sien.

— Tu parles...

Le silence revint animer la pièce, jusqu'à ce qu'on entende le froissement des draps de Jungkook se plier sous la pression de Taehyung, qui venait tout juste de prendre place à ses côtés, sur le bord du lit. Ils étaient proches, sans l'être pour autant. Car l'un se contentait seulement de fixer son visage, quand l'autre essayait maladroitement de s'en éloigner, sans pouvoir retenir quelques gémissements de douleur de s'écraser contre ses lèvres.

Puis, sans prévenir, Taehyung leva l'un de ses mains, qui finit sa route sur le visage de Jungkook. De cette main, il vint d'abord effleurer sa cicatrice, avant d'y exercer une petite pression mesquine, à laquelle Jungkook fit mine de ne pas réagir. Dans son état, que pouvait-il bien faire si ce n'était grogner comme un félin pour exprimer sa colère. Et ça, Taehyung en était bien plus que conscient, ce qui le mettait indéniablement dans une posture bien plus dominante que la sienne.

C'est pourquoi, sans bouger, Jungkook plongea ses yeux méfiants et aussi noirs que la nuit dans les siens, dans ces yeux asymétriques et profonds, tout en laissant balader sa main de son visage à son torse. Bientôt, la main du noiraud se retrouva vers le haut de sa cuisse, puis son flanc.

— C'est dommage, d'avoir abîmé un si joli visage, Jungkook...

Alors que la main baguée de Taehyung avait de nouveau touchée sa joue, Jungkook eut cette fois-ci un mouvement de recul assez net, qui ne lui fit aucune grâce, le poussant de nouveau à exprimer sa douleur entre ses dents.

— A ce propos, reprit le noiraud, est-ce que je peux savoir ce qui t'as pris de vouloir agir comme le grand chevalier servant, s'opposant à Lay...

— Parce que c'est un conn-

— ...sans ma permission, finit Taehyung, tout en agrippant le poignet de Jungkook, comme pour l'immobiliser.

En faisant cela, il lui rappelait aussi qu'il n'était pas en position de force, et qu'il ne pouvait rien faire d'autre cette fois-ci, que de l'écouter jusqu'au bout.

Alors, dans un râle rauque, Jungkook prit une forte inspiration, se fichant totalement de la douleur qui lui jouait à nouveau des mauvais tours.

— Parce que tous mes gestes ou mes décisions doivent d'abord passer par ta jolie gueule avant de-

— C'est ton rôle.

— Devant les autres, ouais. Mais dans les coulisses, tu-

— Ici, il n'y pas de place aux coulisses.

Poussant sa langue contre sa joue, Jungkook démontra son mécontentement, traduisant par la même occasion la façon dont il pouvait être agacé par la persistance de son aîné. Il n'était blessé, mais il n'était pas encore mort. Il avait alors facilement deviner que Taehyung se délectait, en quelque sorte, de sa faible position, pour jouer avec ses nerfs.

— Je ne me soumettrais jamais à-

— Moi ?

Cette fois-ci, il en était trop pour Jungkook, et il essaya alors de se relever en vain, poussant un râle de douleur et se laissant retomber contre ses coussins. S'il avait eu, seulement, quelques onces de forces supplémentaires, il aurait déjà coincé Taehyung sous son poids pour lui remettre les pendules à l'heure. Pourtant, devant lui, Taehyung agissait sans rien laisser transparaître sur son visage froid et neutre, tout en serrant toujours son poignet dans l'une de ses mains, tandis que l'autre caressait -si l'on pouvait dire- sa joue.

— Putain Taehyung, si tu me coupe encore une fois...

— Alors quoi, Jungkook ?

C'était là peut-être une vengeance, pensa Jungkook. Une vengeance pour ce qu'il lui avait fait lors de leur soirée d'essai, dans l'une des boîtes de nuit françaises. Qu'importe ce que c'était, mais il semblait que Taehyung semblait un malin plaisir à le chercher. Alors, dans un silence lourd de sens, leurs regards se croisèrent.

Même avec la faible lumière, ils étaient assez proches pour dénicher les petits secrets de l'autre, sur chacun des traits de leurs visages. C'était presque une nouvelle bataille de celui qui céderait en premier, créant peu à peu une tension si forte, mais qui leur était aussi étrangement propre.

Puis, Taehyung se mit à sourire.

Cela avait été rapide, un simple mouvement délicat de ses lèvres, formant un demi-sourire. Mais ce fut assez pour que Jungkook ne ressente de nouveau l'envie de lui sauter à la gorge, toujours aussi frustré de ne rien pouvoir faire pour se défendre.

— Je t'interdis de te moquer de moi.

Taehyung sourit, une nouvelle fois.

— Tu peux jouer ta comédie devant Lay, mais pas devant moi.

A ce moment-même, l'ambiance sembla changée, s'accordant peu à peu avec cette tension naissante. Si Jungkook regardait son aîné avec haine, Taehyung lui, n'avait plus le même regard. C'était étrange, mais vrai. L'intensité était là, elle flottait tout autour de leurs corps, entre leurs yeux et les non dits.

Sans se partager l'information, ils comprirent que l'étrange sensation qui les animaient était la même que celle qu'ils avaient connue ce fameux soir, dans la boîte de nuit. Cependant, bien qu'il ne le montrait pas, la cervelle de Taehyung fulminait.

Depuis le premier jour, il avait essayé de creuser des centaines de fois autour du personnage qu'était Jungkook, mais même avec la meilleure des volontés, il n'y était pas arrivé. Puis, lors de cette soirée, il avait finalement laissé autre chose parler à sa place, et c'est alors là, qu'il avait compris.

Fin stratège qu'il pouvait être, il ne se doutait pas du fait que l'homme qui se trouvait devant lui pouvait l'être, aussi. Mais envers et contre tout, l'un comme l'autre, ils restaient des hommes.

Voilà la seule et unique solution qu'il restait encore aux noiraud, leurs essences.

Tout ce qui faisait d'eux des hommes.

Comme les envies, les fantasmes, les tensions...les appels à la luxure.

Alors, toujours étant plongé dans les yeux de son vis-à-vis, Taehyung reposa, doucement cette fois-ci, sa main, sur la joue de ce dernier. Du bout des doigts, il vint caresser sa blessure, qui bientôt, deviendrait une cicatrice. Il l'effleura comme il aurait effleuré la plus délicate des fleurs, sans faire attention au léger mouvement de recul qu'avait émis son cadet.

— Ne bouge pas.

De son autre main, il relâcha enfin la pression qu'il avait longuement exercée sur son poignet, et entreprit de mouvoir la seconde, la faisant de nouveau parcourir la peau du cou de Jungkook, toujours dans cette douceur intrigante mais pas moins déplaisante. Le bout de ses doigts, puis sa paume, vinrent toucher et cajoler son cou, sa pomme d'Adam, son torse. Même si son toucher ne dépassait pas la barrière du vêtement que portait Jungkook, Taehyung put le voir frémir sous son toucher délicat, fermer les yeux lorsqu'il arriva jusqu'à sa cuisse, et gémir quand il appuya sans prévenir sur son pansement, situé sur son flanc.

— Il va falloir que tu apprennes à me respecter, Jungkook.

— En-enfoiré...se mit à gémir le plus jeune, dans râle pas seulement rauque de douleur.

— Je devrais peut-être te donner une toute nouvelle leçon, me concernant...continua le noiraud, exerçant une nouvelle pression sur la blessure.

La première main toujours situé sur son flanc blessé, Taehyung se décida à user de sa deuxième pour venir à nouveau cajoler son torse habillé, sans pour autant prendre son temps. Cette dernière descendit donc assez vite jusqu'à son aine.

— Toi et moi, on ne sera jamais amis, Jungkook.

Une nouvelle pression, un nouveau gémissement de douleur intense.

— J'en...ch-cherche pas...souffla Jungkook, les dents serrées et les yeux toujours clos.

Malgré lui, son dos s'était légèrement cambré quand il put sentir la chaude paume de son aîné basculer sur son intimité, caché par son sous-vêtement. De ce fait, il du se maudire intérieurement pour ne pas laisser échapper un simple gémissement qui puisse traduire autre chose que de la douleur.

— Mais...souffla alors Taehyung, d'une voix bien plus profonde.

Le noiraud n'était pas peu fier de voir que son instinct ne l'avait pas trompé, car oui, Jungkook pouvait être celui qu'il prétendait, mais il ne pouvait pas garder le contrôle de son corps. C'est pourquoi Taehyung laissa un sourire lui échapper lorsqu'il sentit la semi-bosse sous la paume de sa main, qu'il commença à lentement bouger pour que son geste devienne caresse sur l'excitation de sa proie.

— Mais je pourrais peut-être être autre chose pour toi...

Bien que Taehyung était ce qu'il était à ses yeux, Jungkook ne trouva rien d'autre à dire lorsqu'il sentit l'excitation grimpée en lui telle une poussée d'adrénaline. Oui, tout cela aurait été encore bien plus beau si son aîné n'exerçait pas de pression douloureuse sur sa blessure, tout en continuant de taquiner, de stimuler, son intimité.

C'était une effroyable oscillation entre douleur et plaisir, et pourtant, malgré tous ses principes, malgré toutes ses règles, malgré tout ce qu'il avait construit, Jungkook ne pouvait ignorer cet élan d'envie qui rongeait petit à petit, chaque parcelle de son corps, et même, de son être tout entier.

De son côté, Taehyung, lui, n'était pas peu fier de l'effet qu'il pouvait lui prodiguer, sans même trop d'efforts. Après tout, il n'était pas fou, et bien qu'ils se faisaient la guerre, bien que la tension qui était le fil conducteur de leur relation existait, il avait compris.

Ils se plaisaient, mutuellement.

Alors de nouveau, il se mit à sourire.

Oui, il se mit à sourire tout en prenant lui-même du plaisir dans ses gestes, fixant toujours le visage de Jungkook qui se mordait presque la lèvre inférieure pour ne rien laisser filer entre ses dents. De temps à autre, son dos se cambrait légèrement, le plongeant lui-même dans dans râles de souffrance, mélangé au plaisir qu'il recevait.

D'une pauvre petite paume de main.

Oui, Taehyung agissait autant pour son intérêt, que pour son plaisir personnel.

Tout comme le sien.

— Mon pauvre et tendre Jeon Jungkook, si résolument hétéro, et si attristé par la mort de sa bien aimée...

— T-ta...ta gueu...

— Je sais que tu nous mens, souffla Taehyung en accélérant ses vas et vient sur son vêtement.

— Tae-Taehyung...

— Mais ton corps, lui...

Soudain, Taehyung cessa toutes caresses, toutes pressions, ce qui laissa Jungkook totalement béat. Mais son absence ne fut pas longue, quand sa main brûlante vint se frayer un chemin sur sa cuisse, bravant la couture de son caleçon pour véritablement rencontrer la chair envieuse de son cadet.

Là, Jungkook se laissa totalement retomber dans ses draps, oubliant même sa douleur un instant, et gémissant faiblement mais assez fort pour que Taehyung l'entende. Lorsqu'il le sentit le reprendre en main, avec dextérité et précision, il eut envie de se maudire pour ne pas pouvoir agir autrement. Mais en même temps, c'était si bon.

Retenant sa respiration lorsque Taehyung accéléra ses mouvements, Jungkook jura entre ses dents quand à nouveau, le noiraud appuya sur sa pauvre blessure.

— Esp-espèce d-de...Ah...

— Je peux faire mieux, bien mieux que ça, Jungkook...tu devrais demander à Jimin, je pense qu'il aura de quoi alimenter tes fantasmes.

— J-je vais...je vais te tu-tuer...

Il n'en pouvait plus, c'était bien trop de stimulation à la foi pour pouvoir aligner plus de trois mots, et malgré lui, Jungkook appréciait la douleur qui se mélangeait -si bien- avec tout le plaisir que lui infligeait son aîné.

— Je te propose un marché, reprit Taehyung d'une voix certaine, tout prêt de son visage.

Ses vas et vients devinrent plus sensuels encore, exerçant un peu moins de pression sur la hanche de sa proie.

Il pouvait aisément voir que Jungkook arrivait presque à sa fin, par les légers tremblements de son corps et les traits sévères de son visage abîmé. Et c'est à cet instant, que Jungkook ouvrit les yeux pour les plonger dans les siens.

Il haletait, tel un petit animal sans défense.

— Si tu acceptes de rester docile et de m'écouter, alors...

Dans un dernier mouvement, Taehyung put sentir et prévenir l'orgasme de son cadet, alors il fit pression sur son intimité, le contraignant à ne pas pouvoir déverser son plaisir. Ce dernier se mit alors à jurer de tous les noms, soufflant de plaisir et de douleur, encore et encore, serrant les poings et la mâchoire.

— Qu'est-ce qui te fait cr-croire q-que j-je...

Finissant sa phrase dans une gémissement, Taehyung agressa de nouveau sa hanche et son flanc, resserrant également sa paume sur son intimité gonflée.

Ce marché était en quelque sorte son ticket d'entrée pour enfin accéder au monde interne de Jungkook. S'il devait en arriver jusqu'au plaisir de la chair pour le contrôler, alors rien ne l'arrêterait. Aussi, il fallait dire que cela le démangeait depuis un moment, n'en pouvant plus de rêver encore et encore de ce corps qui était celui d'un homme à qui il n'aurait jamais confier sa confiance.

Pourtant, ce marché était aussi le résultat d'un agacement certain envers Jungkook, envers tout ce qu'il pouvait cacher, envers cette tension qu'il avait instauré entre eux et qui un jour, il le savait, finirait par exploser en mille morceaux.

C'était quitte ou double.

Et Taehyung avait fait son choix.

— Tu es si faible entre mes mains, Jeon Jungkook.

Ainsi, Taehyung se retira et se releva sans plus de cérémonie, sous le regard hagard et agacé de son cadet, qui continuait encore de haleter de plaisir sur son lit. Cependant, il ne pipa mot lorsqu'il vit Taehyung s'éloigner, lentement, jusqu'à la porte.

Il était resté là, cloué à un lit qu'il aurait rêvé de détruire, habité par plus d'une sensation à la fois. Il n'arrivait même plus à remettre de l'ordre dans son crâne, et du se retenir de hurler de colère pour ne pas prendre le risque d'alerter tout l'étage.

Dans un élan de rage, il essaya tout de même de se relever, mais son flanc l'en empêcha à nouveau, et le fit retomber tel un lourd sac à patate sur son matelas.

Taehyung, lui, n'avait pas bouger. Il était resté là, les mains dans les poches et le visage neutre, jusqu'à ce qu'un dernier souffle ne trahisse le lourd silence de la pièce :

— Mais après tout...tu n'es qu'un homme. Rien qu'un homme, Jungkook...

















Et tous les hommes ont des failles.

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