𝟒𝟏. were kinda screwed
Profondément endormie, plongée dans un sommeil dépourvu de rêve, Blake ne sentit pas tout de suite qu'on la secouait. Des brides, sans queue ni tête, de phrases lui parvenaient, à travers la brume.
— Hé, réveille-toi. Bex ? Les ga-
— Peut-être qu'on-, la laisser do-
— Pousse-toi, Blake !
Soudain, au milieu du brouillard, une violente nausée la réveilla. D'un bond, elle se redressa, percutant quelque chose de dur, lui tirant une grimace de douleur.
— Aie !
Courbaturée, Blake laissa ses yeux papillonner, encore dans les choux. La première chose qu'elle distingua fut Oliver, une main sur le front, avachi entre les sièges avant, sur la console, le crâne contre le poste radio. Elle était dans une voiture. Celle de Kie. Cette constatation lui arracha un soupir triste.
Bon sang. Alors c'était bien réel. Peterkin était morte. Son père aussi. Et John B était accusé de meurtre, sur les deux.
— Ça va Oli ? S'enquit Kiara, sur le siège conducteur.
Elle était la seule autre personne dans le quatre quatre. Les trois derniers étaient aux abonnés absents, ce qui n'inquiétait pas plus que ça la jeune femme, encore trop dans les vapes.
Oliver leva le pouce.
— Impec.
Ils avaient passé la nuit là, sous cette baraque abandonnée, dans la voiture. Choix qu'il n'avait pas vraiment eu, les patrouilles de police recherchant ardemment John B sur toute l'île.
Blake ne se souvenait pas quand elle s'était laissé gagner par la fatigue, mais il lui avait fallut un moment. Le tiraillement qu'il lui crispait les nerfs, partant de son épaule, jusqu'à la base de sa nuque, lui laissait penser que même si elle avait dormi, ce n'avait pas été dans les meilleures conditions.
— Qu'est-ce que tu fiches comme ça ? Grogna t-elle vers son meilleur ami, s'apercevant enfin de sa posture.
En marmonnant, il s'aida des appuies-têtes pour se remettre droit.
— Personne n'arrivait à te réveiller, alors j'ai dû m'y coller.
Il agita la main, dans celle-ci se trouvait l'une de ses converses blanches, qui était rendue grisâtre, après les péripéties de la veille. Il ne fallut pas longtemps à Blake pour comprendre;
— Tu m'as mis ce truc sous le nez ?
— Ouais, confirma-t-il en remettant son pied dans sa chaussure.
Blake aurait voulu être indignée, mais elle n'en avait même pas la force, au lieu de ça, elle se laissa retomber sur son siège, étirant sa nuque pour la détendre.
— Tu veux de l'eau ? Proposa Kie.
La blonde accepta volontiers, c'est quand elle avala sa première gorgée, que les portes du véhicules s'ouvrirent. JJ, John B et Pope apparurent alors, grimpant à ses côtés —la serrant entre eux, comme un saucisson— alors que Oliver s'était installé à la place du mort.
— La belle au bois dormant est réveillée ? S'étonna John B. C'est un miracle.
— La ferme, répliqua-t-elle. Vous étiez-où ?
— Entrain de pissez.
Logique. L'envie de faire de même tordait la vessie de Blake, mais elle attendait de véritables toilettes, la flore des Outerbanks était trop dangereuse, et avec sa poisse, elle allait sûrement trouver le moyen de s'essuyer le derrière avec une plante vénéneuse.
En dépliant son siège pour s'allonger, Pope lui mit un coup de coude dans le flanc. Blake grogna, et eut l'envie de répliquer, mais en lorgnant sur le brun, elle constata avec effroi sa mine déplorable.
— Oula, t'as une sale tronche.
— Je sais, pesta t-il en remuant pour décaler la jambe de John B. J'ai mal au crâne.
Passant le bras dans le dos de Blake, JJ lui tapota gentiment le torse, lui arrachant une moue contrite.
— T'es un homme maintenant Popi.
L'ignorant superbement, Pope roula péniblement en boule, les jambes en travers de John B, et la joue sur les cuisses de la blonde, qui retranchée vers JJ, se laissa basculer contre lui. D'un mouvement souple, il passa son bras autour d'elle, jouant avec son briquet.
Blake observait distraitement les flammèches bleu, jaune, qui s'échappait de l'objet, à chaque friction avec le pouce du surfeur. Ils étaient entassés mais étonnement confortables.
— Bex, gémit Pope. La prochaine fois que tu me vois avec un joint, frappe moi.
Ça eut le mérite de la faire sourire. Un petit sourire, mais bien présent.
— Promis.
— Taisez-vous, siffla Kie. J'essaie d'écouter.
D'un geste agacé, elle augmenta le volume de la radio, qui tournait en fond depuis le départ. Une voix grave, légèrement grésillante se fit entendre;
— Bonne nouvelle pour les résidents. Une ligne de transmission sous-marine devrait rétablir le courant dans quatre-vingt-dix pourcent des foyers dans les prochaines vingt-quatre heures.
Blake n'écouta pas le reste, une sirène de police venait de couvrir la voix de l'animateur. Chacun des muscles de son corps se crispèrent. Un, par un. De ses orteils, à sa mâchoire.
JJ bondit presque —manquant de la faire dégringoler jusqu'au tapis de sol— pour scruter la route face à leur véhicule. Deux voitures traversèrent, gyrophare allumé, à toute vitesse. Fort heureusement, les policiers embarqués ne lancèrent même pas un coup d'œil vers eux.
Rasséréné, JJ retourna à sa place, les doigts dans la tignasse de Blake. Elle apprécia la caresse de sa main rugueuse, et clos les paupières, son cœur s'apaisant doucement.
Mais, il se serra de nouveau, lorsque le son de l'autoradio revint titiller ses oreilles;
— Le meurtrier du shérif Susan Peterkin court toujours. La police a émis un mandat d'arrêt concernant un habitant, un adolescent-
Kie eu la présence d'esprit de couper ces infamies, avant qu'il ne puisse finir. Le mal était fait cela dit, John B s'était tourné vers la portière, cachant autant qu'il le pouvait, le malaise qui le tenaillait.
Évidemment, JJ, un bras replié derrière sa tête, ne put s'empêcher de mettre les pieds dans le plat;
— J'me pose une question. Comme vous êtes plus malin que moi, vous devez avoir la réponse.
Du bout des lèvres, il souffla une mèche de Blake qui lui chatouillait le nez.
— Qui les flics vont croire ? Ward Cameron ou nous ? L'accusateur est un magnat de l'immobilier et le boss de l'île. Le genre de mec qui a le tel perso du gouverneur, et l'accusé est John B, un pauvre gars de seize ans, actuellement SDF.
— C'est trop gentil, grimaça le concerné.
La tirade du blond avait jeté un froid sur le groupe. Et pendant que Blake triturait les bracelets en breloques, verre polis, et coquillages de JJ, Oliver se mit à râler dans sa barbe —inexistante.
— Ça fait chier, pourquoi toujours nous d'abord ?
Blake avait un tas de réponses à lui donner. Ils s'étaient embarqués dans une chasse au trésor, ils avaient suivis une boussole maudite, la vieille folle de Crain leur avait sûrement jeté un mauvais sort après leur cambriolage, et puis, aucun des membres de cette équipe n'était assez futé pour éviter les ennuis.
Tout ça, face à l'air rongé de son ami, elle se retint de le dire.
— Le Yucatán c'est notre dernière chance, affirma JJ.
Blake poussa un grondement mécontent, elle ne voulait pas entendre parler du Yucatán, pas maintenant. D'ailleurs, les autres non plus.
— JJ, réprimanda John B.
— C'est notre meilleure option, insista t-il.
— Arrête avec ton putain de Mexique. Sarah va me sauver.
Cette déclaration fit lâcher un soupir excédé au blond, qui se résigna. Quant à Blake, elle coula un petit regard, brillant de doute, vers Oliver. Il le capta, et acquiesça. Ils avaient tous les deux peur pour Sarah. Seule, livrée à son père et son frère.
— C'est vrai, confirma Kie pour apaiser John B. Elle a tout vu.
Oui, c'était justement là le souci.
— Parce que vous croyez qu'elle va dénoncer son frangin ? Intervint Pope, cassant.
— Même si elle le voulait, riposta Blake, le timbre acide. Ward ne la laissera pas faire.
Sa remarque fut accueillie par un méchant regard de John B. Blake ne s'offensa pas, ce regard ne lui était pas destiné, il était pour Ward, et pour Rafe.
JJ se redressa un peu, pour obligé son ami à lui faire face.
— Ouais, faut qu'on te fasse quitter l'île vieux.
— Le ferry, opina Pope. C'est le seul moyen.
— Faut te faire sortir tant que c'est encore jouable, avant que l'île soit bloquée.
— Baissez-vous, intima Oliver.
De nouvelles sirènes avaient surgi, accompagnées, bien entendu, de la voiture bleue qui allait avec. Ils se firent le plus petit possible, non sans continuer d'argumenter.
— Sarah est pas une pogue, soutenait Pope.
— Fermez-la avec ça, cracha Oliver, affalé sur le siège. Pogue, kook, ou pélican, ça n'a rien avoir avec le problème. Elle ne peut pas, parce qu'ils ne la laisserons pas faire.
— Ouais, fit Blake en secouant la tête. Mais les gars ont pas tort, faut que tu décampes d'ici.
John B contenu une exclamation, frustré, mais il savait au fond de lui, qu'ils avaient raison.
— Okay, finit-il par lâcher. Va pour le ferry.
❃❃❃❃
Ça grouillait de monde. La place était bondée en ce milieu d'après-midi, une telle agitation, ce n'était pas normal, même en pleine saison.
En claquant la portière derrière elle, la casquette de JJ vissée sur le crâne, Blake eut l'impression que tous les yeux se braquaient sur elle. C'était faux, bien sûr, mais la sensation sinueuse d'être prise pour cible la couvrit de chair de poule.
Et son binôme n'était pas mieux. Pope avait l'art et la manière de se montrer suspect, à commencer par ses coups d'œil intempestif derrière lui. Il avait l'expression d'un frêle faon, abandonné par sa mère, au beau milieu d'un champ de blé, à découvert, poursuivi par un chasseur.
— Arrête de fixer les gens, maugréa la blonde. Tu serais super nul dans un film d'espionnage.
— Désolé.
D'un pas pressé, ils rejoignirent la haute pancarte qui affichait les départs du ferry. Et, tandis que du doigt, Pope cherchait la bonne date, l'attention de Blake fut déviée sur autre chose.
— Merde, fit-elle entre ses dents.
Accrochée au pan de bois, un papier affichait l'image de John B, promettant une récompense significative, à quiconque le livrerait à la police.
— Putain, s'injuria Pope à ses côtés. Y'a plus de ferry.
— Ouais, bah c'est pas notre seul problème.
Blake amorça une volte-face, décrochant l'affiche, l'air nonchalante. Son ami, qui venait d'entrevoir l'avis de recherche, se mit à suffoquer. Ensemble, ils rejoignirent la voiture, postée à l'écart.
— Okay, se répétait Pope derrière elle. Ça va, c'est cool, okay.
— Tu peux avoir l'air encore moins normal ? Pesta Kie, vitre ouverte.
— Mauvaise nouvelle, chuchota Pope, ayant l'air encore moins normal. Y'a plus de ferry.
La mine chiffonnée de Blake, fit se relever Oliver.
— Ouais, et j'ai trouvé ça.
Un peu brusque, elle jeta le papier sur les cuisses de son meilleur ami, qui l'attrapa précautionneusement, comme s'il pouvait le brûler. Les deux autres remontèrent en voiture, Blake poussa Oliver —qui s'était mis sur la banquette arrière— et JJ pour s'installer.
— Oh putain, s'étrangla Oliver. Je croyais que ça existait que dans les vieux westerns ces trucs.
— C'est quoi ? S'inquiéta John B.
Couché, afin de ne pas être visible par les vitres, il se contorsionna pour voir. Ce n'était pas nécessaire. Alors que Kie, à qui il venait de le montrer, se mettait à hyperventiler, Oliver tendit le papier à JJ, qui se décomposa;
— Belle gueule, John B.
Le brun lorgna sur l'affiche, déglutit, et blêmit de plus belle.
— Okay, tenta d'éclaircir Pope. Donc toute l'île recherche John B.
— C'est une sacrée prime, piailla Kiara.
Blake décocha un petit sourire à son ami —réconforter les gens c'était toujours pas son fort—plus ou moins rassurante.
— Au moins t'es célèbre, en plus t'es pas trop dégueu sur cette photo, et ça c'est rare, tenta t-elle.
— Hé bah merci.
— De rien.
Les yeux plissés, il lui rendit son sourire. Il aurait dû être paniqué, elle aussi, mais la marée d'émotions qu'ils avaient subis depuis deux jours, avait englouti leur peur, comme un tsunami.
— On doit rejoindre le bateau, s'illumina Kie. C'est le seul moyen de filer sans se faire voir.
John B arrêta son élan d'un gémissement blasé;
— Il est au Chateau.
— Et la question est, poursuivit JJ. Est-ce que les flics ont encerclé la baraque ? Attendez, laissez-moi réfléchir...Oui. Ils surveillent forcément le Chateau.
Blake lui pinça le flanc, les sourcils froncés.
— T'aides pas là.
Il leva les mains en l'air, un rictus mi-innocent, mi-narquois aux lèvres. Blasée, elle inclina la tête, avant de lui asséner une pichenette entre les yeux, qui l'outragea sensiblement puisqu'il marmonna un juron;
— Garce.
— Clochard.
— Chut, sermonna Oliver. Laissez-moi réfléchir.
Lui et Pope se remuèrent les méninges pendant une minute, qui sembla durer une heure. Jusqu'à ce que le visage de Pope s'éclaire, les yeux brillant. Il avait une idée.
— JJ ! S'écria t-il en se tournant vers lui.
— Quoi ?
— Ton vieux il a toujours son bateau à moteur ? Le Phantom. Celui avec lequel tu faisais des courses.
— Peut-être.
Son timbre s'était fait plus dur, plus tourmenté, mais Pope n'y prêta pas attention, plongé dans son euphorie.
— Avec ça, fit-il en attachant sa ceinture, les mains sur le volant. On atteindra la côte sans problème.
— Ça va être compliqué, rechigna JJ.
Pendant que Kie et Pope débattait de manière effrénée sur le déroulement de leur plan, JJ essayait, bon gré, mal gré, de les retenir;
— Je sais même pas où sont les clefs. Il peut les avoir mises n'importe où.
— Débrouille-toi, répondit Pope.
JJ se recroquevilla dans une plainte à peine audible. Blake la perçu tout de même, et mêla ses doigts aux siens. Sa paume était moite. Faiblement, JJ resserra leur lien. Il ferma les yeux, inspira, expira. Il se nourrissait du contact de la jeune femme, et quand il rouvrit les paupières, elle lui sourit.
— Pourquoi personne n'avance ? S'énerva Pope, brisant le moment.
— Relax ! S'agaça Kie, puis elle loucha vers JJ. Tu lui as donné combien d'herbe ?
— Hé !
John B agita le papier entre ses mains.
— Ta voiture est sur l'affiche.
Ces mots ne firent qu'angoisser davantage Pope, qui se mit à klaxonner, du moins jusqu'à ce que Blake ne balance un méchant coup de pied dans son siège.
— Dis moi, t'es con ou complètement con ? Qu'est-ce que tu comprends pas dans le terme "discrétion" Pope ?
Juste après son avertissement, comme pour appuyer ses dires, un enfant, de l'autre côté de la route, pointa leur véhicule d'un doigt accusateur;
— Regarde maman, il est là !
Kie s'écarquilla.
— Merde !
— Pope, tonna Oliver tout en fixant les passants. Démarre. Vite !
Le marmot se remit à brailler, enfonçant le clou;
— On gagne vingt-cinq-mille dollars si on le trouve.
— Okay, je vais le tuer.
Blake se détacha, voulant atteindre l'extérieur, mais les bras d'Oliver se refermèrent autour d'elle comme une prison.
— Non Bex, pas les gosses.
— Lâche-moi ! Ce sont des parasites. Y'en a plein sur terre, ce petit con manquera à personne.
— Si, à sa mère.
— Elle aura qu'à en refaire un, celui-là il est condamné. Les balances ça survit pas longtemps en milieu hostile.
— Pope, aboya Oliver alors qu'elle essayait de lui mettre un coup de coude. Démarre cette putain de bagnole !
Elle se débattait encore comme un beau diable, lorsqu'un visage barbu s'écrasa quasiment contre la vitre droite, les faisant tous sursauter.
— Il est là. Je l'ai trouvé.
Il se mit à taper contre la vitre. John B recula, enfilant sa capuche.
— Pope démarre !
— J'essaie !
— Allez !
Le brun s'exécuta. Le quatre quatre percuta la voiture d'en face, faisant un accoup, qui projeta Blake —toujours détachée— contre JJ. Kie à l'avant, devint presque hystérique;
— Recule !
Sans l'écouter, Pope continua d'avancer, décalant le pick-up qui bloquait son chemin.
— Pope, l'encouragea Oliver. Par là.
D'un mouvement souple du volant, il bifurqua brutalement de la route. Pope n'était clairement pas fait pour ça, il s'excusa lorsqu'ils frôlèrent une policière. La même que la veille.
— A quoi tu joues ? S'exclama Kiara.
— Cowabunga !S'amusa JJ.
D'une violente tape du poing sur le torse, Blake le fit taire. Pope ne contrôlait absolument pas le véhicule, celui-ci tangua, dévia. La blonde, sans protection, était secouée par chaque coup de volant. Ça lui remua dangereusement les intestins.
JJ finit par la faire passer sur lui, entre ses jambes. Une main sur la cuisse, réconfortante, et l'autre atour de son buste, sécurisante.
— Attention ! Avertit Kie d'une voix vibrante de peur. Pope !
Le pare-chocs entra en collision avec un objet dur, qui écrasa la tôle. Pope ne s'arrêta pas pour autant, criant d'extase, déluré par l'adrénaline.
— Je m'éclate !
Kie beaucoup moins;
— Ça va pas ? T'es malade ! Ma mère va me tuer.
— Je suis mal placé pour dire ça, toussa JJ. Mais t'es pas en état de conduire. Arrête !
Une bile remonta jusqu'à la bouche de Blake. Son cœur battait fort dans sa poitrine. Elle était terrifiée, mais pas d'une bonne terreur, comme celle que l'on ressent avant la descente en piquet, dans un grand huit, non. Là c'était une mauvaise terreur, celle d'un souvenir qui revient, celle du choc traumatique entre son accident, d'un an plus tôt, et ce qui se passait là, en cet instant.
— Pope ! Rugit à nouveau JJ, bien plus menaçant, après un coup d'œil à la blonde. Arrête toi de suite !
Ce fut un électrochoc. La basket du garçon écrasa le frein, et ils glissèrent quelques secondes sur l'asphalte dans un bruit de friction terrible, avant d'être complètement à l'arrêt.
Chacun prit une grande inspiration, puis Pope jeta une œillade déterminée à John B, par-dessus son épaule.
— John B, sors.
— On distrait les flics, argumenta Oliver. Barre toi !
— Rendez-vous à la décharge demain, conclut JJ. A trois heures.
Péniblement, le brun réussit à s'extirper de son siège. Une boule dans la gorge, Blake l'observa faire. Il capta son regard, et lui fit un petit sourire.
— Ça va le faire Bex, la rassura t-il.
— Si tu te fais choper, je brûle cette foutue île.
Il émit un léger ricanement, hochant la tête, ravalant un sanglot. Blake lui poussa le bras, le jetant quasiment dehors;
— Fonce !
Sa haute silhouette s'élança en travers des arbres. Aussitôt, Pope remit le moteur en route, repartant dans sa course déchaîné, alors que le soleil se couchait à l'horizon.
❃❃❃❃
LA joue contre le verre froid de la vitre, du rap dans les écouteurs, elle examinait les alentours, alors que le goudron sous ses yeux disparaissait de minute en minute. Ils avaient laissé John B une heure plus tôt, depuis, la conduite chaotique de Pope —qui avait enfin semé les policiers— leur avait fait frôler la mort trois fois.
Si Blake se sentait épuisée par les événements, Kie, elle, était sérieusement fâchée. Le comportement puéril et dangereux de Pope lui courrait sur le haricot. Assise à l'avant, elle tremblait de nerfs.
Et les commentaires enjoué de JJ ne l'aidait pas à se calmer;
— Pope, tu l'as défoncé cette voiture. C'était dingue.
Le brun, tirant une taffe du joint —qui par ailleurs ne lui faisait plus recracher ses poumons— sourit à pleine dents;
— J'aimerais pas la conduire.
Le surfeur partit d'un rire de ventre, basculant en arrière. Oliver, entre lui et Blake, lui décocha une tape dans l'épaule, avant de montrer Kie de son pouce. Celle-ci était verte de rage.
— Arrête-toi, exigea-t-elle.
La voiture dérapa sous les mains de Pope, avant de s'ancrer au sol, dans un nuage de poussière. Le front de Blake percuta douloureusement la portière. Les traits tirés, un brin irritée, elle se décolla de la vitre pour voir Kiara à la limite de l'implosion.
D'un geste, Blake fit signe à Oliver de baisser le volume de son téléphone. Ils partageaient un écouteur chacun, branché au vieux samsung du garçon, libérant sa playlist Tupac.
— Ce n'est pas drôle JJ, s'impatientait Kie en ouvrant sa porte. Il ne devrait pas conduire.
Quand elle claqua la portière, une moue terriblement craquante envahit le visage du surfeur.
— Maman n'est pas contente.
En effet, au vu de la démarche colérique de Kie, qui faisait le tour de la voiture, les poings serrés, c'était un euphémisme. Pope se dépêcha de s'étaler sur le siège passager, et de peur qu'elle ne lui mette une droite, refila son joint à Blake, qui l'accueillit avec un rictus. Parfait. C'était exactement ce qui lui fallait.
Kie s'installa, clos sa ceinture, et soupira.
— On va où ? S'enquit JJ.
— Faut qu'on aille trouver Sarah.
— Pas nous, intervint Oliver.
Tous se tournèrent vers lui, les yeux grand ouverts. Oliver contracta sa mâchoire, un air sombre, à l'opposé de ses expressions habituelles, ternissait son visage. Quand il ouvrit la bouche, pour s'expliquer, sa voix était presque torturée;
— Dépose-nous chez Sienna.
Le cœur de Blake s'arrêta.
— Non, murmura t-elle presque suppliante.
Elle ne voulait pas faire ça, elle ne pouvait pas faire ça. Il se détourna de Kie, pour la fixer, et ce qu'elle lut dans ses yeux bruns la fit frémir. Il avait mal, au fond de lui, Oliver avait très mal. Seulement elle ne savait pas pourquoi.
— Si, s'obstina t-il, autoritaire. Kie, démarre.
La voiture se lança sur l'asphalte, et Blake se referma sur elle-même, rabattant ses jambes contre sa poitrine, et les entourant de ses bras. Ses tripes l'informait déjà, que le cauchemar ne faisait que commencer.
- Gigi
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