𝟒𝟎. run girl, run
BLAKE courait à toutes jambes. Les branches des arbres qui l'entouraient lui griffaient les joues, lacéraient ses vêtements, mais elle s'en fichait pas mal. Le sol qu'elle foulait sous ses converses, se dérobait sans arrêt, elle se sentait aspirée par la terre.
Ce n'était qu'une impression, car la terre dure était solide, c'est ses jambes qui ne l'étaient plus. Elle avait renoncé à lutter contre John B, qui lui tenait toujours le bras par simple précaution. Lui aussi courait, à un rythme effréné, lançant parfois des œillades nerveuses derrière son épaule.
D'un coup, après un court moment qui avait pourtant semblé infini, la terre jonchée de feuilles laissa place au bitume chaud d'une route. Dans son affolement John B ne vit pas la voiture grise leur foncer dessus, heureusement Blake —malgré sa léthargie— saisit le danger, et tira vigoureusement sur son bras.
Ça stoppa le garçon, juste avant qu'il ne percute le véhicule, qui pila en apercevant les deux ados. L'ai ébahi, les mains écarlates, John B cligna des yeux.
— Désolé, marmonna t-il, gauchement.
Et il reprit sa course, traînant la blonde à sa suite. Les converses de Blake, ensanglantées de l'hémoglobine de son père, laissaient des traces immondes sur l'asphalte tandis que le conducteur scrutait leurs silhouettes s'éloigner, et sprinter au loin, poussé par l'énergie du désespoir.
❃❃❃❃
L'ENTREPÔT délabré était un merveilleux refuge, personne n'y passait jamais. Du moins, personne d'autres que les pogues, et quelques sans-abris à l'occasion. C'était là qu'ils s'étaient caché, leurs amis.
John B ralentit la cadence, la force l'avait quitté, mais il n'haletait pas, Blake n'était pas sûre qu'il respirait. Mais, elle savait qu'il était encore là, avec elle, parce que la poigne de sa paume sur son poignet s'était encore raffermie, bien que tremblante.
Même à l'autre bout du terrain, la jeune femme perçut le dos large de JJ, qui frottait amicalement l'épaule de Pope. Les quatre étaient abrités sous la tôle. Oliver avait le dos contre une poutre, et Kiara croisait les bras sur sa poitrine, se mangeant les lèvres d'angoisse, en lorgnant sur ses baskets.
Ils ne savaient rien, ils étaient innocents, et lorsqu'ils se rendraient compte de leurs présence, leur monde aussi serait chamboulé. Non. Elle ne voulait pas de ça.
— John...soufflait Blake, tirant un peu sur son membre emprisonné.
Il s'arrêta net. C'était la première fois qu'elle parlait depuis qu'ils avaient quitté l'aérodrome et sa voix semblait étrange, presque brisée.
En se détournant de leurs amis —qui à cette distance ne pouvaient pas les voir— il lui fit face. Aie. La tristesse assombrissait ses traits, son teint n'était pas juste pâle, il était gris, et ses yeux bruns d'habitude si animés, étaient vitreux.
De grosses marques rouges et gonflées, cernaient son regard. Elle avait pleuré tout le trajet, en silence. Si bien qu'elle s'était déshydratée, et qu'il lui semblait désormais impossible de verser une seule larme, elle était desséchée. Sa bouche était aigre, sa gorge en feu, mais ça aussi, elle s'en fichait.
— Oui, quoi Bex ?
On aurait dit que chaque parole qu'il prononçait lui faisait mal. Il n'était pas dans un meilleur état qu'elle.
— J'ai envie de vomir, avouait-elle à mi-voix.
Ses tripes la faisaient souffrir, elles se tordaient dans un sens, puis dans l'autre, sans cesse. L'odeur fétide du sang lui envahissait toujours les narines, c'était comme si elle y était encore; comme si le corps était là, gisant sous son nez.
— Ça va aller Bex, dit-il, avec assez de confiance pour y croire lui-même.
C'était une sensation des plus frustrantes. John avait l'impression que peu importe ce qu'il dirait, rien n'apaiserait la douleur de son amie. Donc au lieu de continuer à discuter dans le vide, il se retourna, la gorge nouée, et l'attira d'un pas lent vers les pogues.
JJ les vit en premier. La vision de leurs corps, vide de toute énergie, était inquiétante, et quand ses yeux se posèrent sur Blake, les chevilles et les converses poissaient de sang, il tressaillit, comme s'il venait de recevoir une vague en pleine figure.
— Blake ! Qu'est-ce que...
Il joignit ses paroles à ses mouvements, se ruant sur eux, sautant par dessus une table délabrée, suivis des quatre autres, que son cri avait alerté;
— Oh, mon dieu, couinait Kie. John B !
— Bordel, jurait Pope.
Oliver demeurait silencieux, son regard charbonneux examinait chaque parcelle de peau de sa meilleure amie, mais elle ne relevait pas la tête vers lui. Son esprit était embrumé, et elle était aveugle, plongée dans les méandres de ses pensées.
Seul le toucher de JJ, qui attrapa son visage en coupe, cherchant ses yeux, l'éveilla un minimum, assez pour que les sons lui parviennent à nouveau, petit à petit, comme si elle émergeait des profondeurs de l'océan, et c'était presque trop brutal;
— T'es blessée ? Scandait le surfeur en trouvant enfin son regard, pressant ses doigts contre ses joues. Qui a fait ça ?
— C'est ton sang ? S'enquit Pope auprès de John B.
Même si le bruit était revenu, les deux rescapés n'étaient toujours pas là. John B gardait les pupilles dans le néant, n'observait rien, ni ses amis, ni l'entrepôt.
Kie s'approcha, en prenant sa main ensanglantée.
— John B, ça va ?
— Bex, soufflait JJ, de plus en plus anxieux. Hé, regarde-moi.
Mais elle ne pouvait pas. Dégoulinante de sueur dans son haut, elle n'arrivait ni à parler, ni à faire le moindre mouvement. C'était une loque, une poupée de chiffon, qui ne s'articulait qu'au gré des secousses qu'infligeait JJ à ses épaules.
— Princesse, murmurait-il tout près de ses lèvres. Parle moi, okay ?
Son esprit était éteint, autrement il lui aurait hurlé de répondre, mais là, rien. Le silence. Il fut interrompu par une sirène stridente, qui lui vrilla les oreilles, et le crâne.
— Merde ! S'exclama Pope en jetant un coup d'œil. Les flics.
D'un bond, les cinq amis se réfugièrent derrière les palettes de bois de l'entrepôt. Blake cligna des yeux, et remuée par le mouvement de groupe, s'abaissa à son tour. Chaque battement de cils était pénible et douloureux, mais elle s'efforça de se mettre une claque. Littéralement.
Réveille toi !
Alors que la voiture dépassait le bâtiment, roulant, de toute évidence, vers l'aérodrome, Blake leva la paume, et d'un claquement sec, abattit sa main sur sa joue gauche. Ça eut l'effet escompté.
Malgré les regards incrédules de ses amis sur elle, elle se sentait enfin à nouveau maître de son corps. Elle était courbaturée, épuisée, et sans aucun doute, au bord de la névrose, mais, pour l'instant, elle passerait outre.
Plus tard, quand ils seraient tirés d'affaire, elle pourrait se laisser aller à sa peine. Pas maintenant. Là, elle devait écouter son instinct. Il l'avait prévenu à l'époque, et elle avait fait la sourde oreille. Si là, il lui disait de se bouger, alors elle devait le faire.
Donc, quand elle tourna la tête vers JJ, une seule larme, la dernière, plus solitaire que toute les autres sillona sa joue pâle. Après elle, plus rien. Plus de pleurs, plus de vide, plus d'agonie.
— Faut qu'on dégage d'ici, décréta t-elle. Et vite.
Entendant son timbre cassé, les pogues sursautèrent. Kiara pointa le garage derrière elle.
— Ma voiture est à côté.
Blake acquiesça, et se redressa. Elle se fichait pas mal de savoir quand Kie avait ramené son quatre quatre ici, le plus important, c'est qu'ils devaient foutre le camp.
En effet, juste derrière l'un des murs de tôle du bâtiment, la caisse était garée. Blake s'approcha de la portière arrière, tira, ouverte. En s'affalant sur le siège en cuir, elle sentit à nouveau cette torsion, celle qui tordait son estomac avec tant d'ardeur qu'elle laissa sa tête reposer en arrière, fermant les paupières.
Inhale, exhale !
Sa poitrine montait, descendait, et l'air entrait dans ses poumons. C'était mécanique. Son cerveau s'était mis en mode survie.
— Décale toi, susurrait une petite voix.
Oliver. Il pénétra à son tour dans le véhicule, alors que Kiara prenait place côté conducteur, Pope à sa droite. Ils étaient trop nombreux pour la voiture, et les garçons n'étaient pas des petits gabarits. Aussi, Blake dût-elle grimper sur les genoux de JJ. A cet instant, elle eut un pincement au cœur pour le van, abandonné à son sort sur la piste.
JJ referma durement ses bras autour d'elle, et emprisonnée entre ses muscles, elle respira. Contre lui, c'était plus supportable.
Alors que Kie mettait le contact, une gourde apparut sous le nez de Blake.
— Tiens.
Tendant le bras en travers de John B, qui se trouvait au milieu, Oliver arqua un sourcil, alors que la blonde lorgnait sur l'objet avec une mine hébétée.
— Bois, tocarde.
Les mains tremblantes, un peu secouée par le démarrage du quatre quatre, Blake porta la gourde à sa bouche, et chaque goutte qu'elle absorbait, lui déchirait la gorge, autant qu'elle l'apaisait.
Après avoir engloutit son contenu, elle rendit la gourde, s'essuyant la bouche de sa manche.
— Merci.
Il lui fit un petit sourire, sans vie. Et c'est quand elle vit la tristesse assombrissant ses prunelles, fixant, le regard voilé, le fond de sa gourde, qu'elle comprit qu'il savait. Comment ? Impossible de le dire. Une intuition, un instinct, ou simplement une déduction après analyse du comportement de Blake, peut-être les trois, en tout cas, il était au courant.
Mais pas les autres. Donc, une fois sur un petit chemin, très peu praticable mais qui évitait de croiser des bagnoles de flics, après une bonne dizaine de minutes dans un silence inconfortable, Kie ouvrit la bouche;
— Il s'est passé quoi là-bas ?
Tous se tendirent. Et c'est John B qui répondit, avisant la mine sinistre de Blake, dont JJ réchauffait le corps glacé, en caressant du pouce la peau de son ventre, sous son t-shirt.
— Rafe, bégayait-il en serrant les poings sur ses cuisses. Il a tué Peterkin.
Un halètement d'horreur s'échappa des bouches de pogues. Mais, c'est quand John B révéla la suite, les yeux embués, que le choc fut réellement sévère;
— Et Ward, il...Il a tu-
Sa voix se brisa en un couinement, Blake détourna le regard vers la vitre pour ne pas flancher;
— Il a tué Adam.
— Quoi ? S'écria Pope.
La voiture pila dans un crissement, le pieds de Kie écrasa la pédale et le corps des amis fut projeté en avant.
La métisse — après un instant d'hésitation— se retourna brusquement vers la banquette arrière, les lèvres grelottantes. Face à l'expression bouleversée qui tordait le visage des deux cousins, elle se remit à sa place, heurtée par la nouvelle.
Ils l'étaient tous. Tâchant au mieux, d'encaisser le coup. Pope restait, la bouche-entrouverte, paralysé. Kiara s'imaginait la violence de la scène, passant et repassant le moment, ruisselante de larmes, et proche de la crise d'angoisse. Oliver s'était lui aussi tourné vers sa vitre, le poing devant la bouche, sanglotant, les épaules agitées par de léger soubresaut.
Et JJ, lui, s'était figé sur son siège, la figure crispée, ébranlé. Sourcils levés, son regard perdu, scrutait la route à travers le pare-brise. Il ne savait plus bouger, parler, même respirer était difficile.
La pression de ses bras s'était sensiblement resserrée autour de Blake, avec la puissance d'un boa, menaçant de briser sa cage thoracique. Doucement, il se mit à murmurer des paroles réconfortantes dans ses cheveux. Elle ne savait pas s'il tâchait de la rassurer elle, ou lui même.
Le calme plat régna une éternité dans l'habitacle, brisé seulement par Blake, qui ouvrit sa vitre en grand, prenant une bouffée d'air chaud. C'était trop oppressant.
— Comment ? Demanda Kie, après un long moment.
— Il lui a tiré une balle dans la tête.
La voix morne, les yeux assombris, passant du noisette, au noir intense, Blake avait la sensation que des lames lui scalpait l'œsophage. Pourtant c'était un fait. Ward avait tiré, la balle avait crevé le crâne de son père, et il était tombé au sol, un trou dans la tête.
La nausée la reprit.
Le halètement général qui suivit sa phrase n'était pas surprenant. Chacun gérait la situation avec le peu de calme dont ils étaient encore capables.
A commencer par John B;
— Kie, soupira-t-il. Va au commissariat.
La métisse opina, et d'un coup de clef, redémarra, tandis que Blake lançait un regard halluciné à son ami.
— T'es suicidaire ou complément con ? Scandait la blonde.
Tendu à l'extrême, John B envoya son poing dans la portière, faisant tressauter le groupe.
— J'en sais rien ! Okay ? Je veux juste aller au commissariat.
Ahurie, Blake se laissa choir contre le torse de JJ, non sans avoir décochait sa plus méprisante œillade au garçon. Ses idées étaient nulles, nulles à chier.
❃❃❃❃
SUR la route, dans le quatre-quatre de Kie, Blake trépignait, téléphone à la main, se grattant nerveusement le crâne, mâchouillant ses lèvres. La nuit s'était écrasée sur l'île, et le drame semblait proche, et loin à la fois, elle se sentait complètement déconnectée.
En revanche, son téléphone ne l'était pas. Sur son écran fissuré, un nombre indécent d'appels provenant du même contact s'affichait. Sienna.
Blake sentait les larmes montaient, en faisant glisser son pouce sur les messages. D'abord ils étaient calme, datant d'avant l'incident;
Salut ma belle, ton père vient de partir, il arrive, t'en fais pas on est là.
John B et toi vous auriez dû nous prévenir, heureusement qu'on peut compter sur Oli. Enfin bon, j'ai fait un gâteau, je vous garde une part ;)
Puis...;
Dis ma puce, j'arrive pas à joindre ton père, est-ce que tout va bien ?
Envoie moi un texto dès que vous êtes sur la route, je m'inquiète.
Blake, réponds moi.
Les derniers, arrachèrent le restant du cœur de la jeune femme;
Blake, s'il te plait, je ne sais plus quoi faire, j'ai peur pour vous.
Ma puce, je viens d'avoir la police au téléphone...Ils ont dit que papa était partit. Je t'en supplie, répond moi.
Putain.
— C'est Sienna ? S'enquit John B.
Soufflant du bout des lèvres, elle acquiesça. Devant l'air interrogateur du brun, elle lui tendit le cellulaire. C'était trop éprouvant. Tout ce qu'elle voulait c'était dormir, et se réveiller sur le canapé de John B, en se rappelant juste d'avoir fait un affreux cauchemar.
La grimace que John B lui offrit, en zyeutant l'écran, finit de l'achever. Aucun des deux ne savait comment ils allaient lui expliquer ça. Personne ne méritait de vivre cela, surtout pas elle. Veuve à la trentaine, ça n'avait rien de normal.
La voiture s'immobilisa soudain, à l'entrée du commissariat, et Blake rangea son téléphone dans sa poche, en prenant soin de l'éteindre.
Tant que je ne le vois pas, ça n'existe pas.
Elle fuyait encore. Elle le savait. Mais c'était trop dur, là, en cet instant, de tout gérer.
— John B, grommela JJ, en se grattant le crâne par-dessus sa casquette. Qu'est-ce qu'on fiche là ? Sérieux.
— Quelqu'un doit leur dire ce qu'il s'est passé.
Une toux grasse s'éleva dans le véhicule, et Blake coula un regard compatissant vers Pope. Décidément la weed, c'était pas fait pour lui. JJ lui tapa l'épaule.
— Vas-y mollo avec ça, vieux.
— Donne moi ça, gronda Oliver, excédé.
Vivement, il se faufila entre les deux sièges avant, débarrassant la main du brun de son joint. Pope n'émit pas la moindre protestation, c'était pas le moment. John B restait droit comme un piquet, les bras ballants. Clairement, il était ailleurs.
Blake croisa les bras sur sa poitrine.
— Tu vas vraiment y aller ? Je sais que c'est pas la première fois que je te dis ça, mais cette fois, je te jure, c'est la pire idée que t'ai jamais eu.
— Elle a raison, approuva JJ. Que tu finisses dans la gueule du loup c'est une chose, mais que tu t'y jettes exprès, c'est complètement con.
Il n'écoutait qu'à moitié, ce qui n'empêcha pas le blond de poursuivre;
— C'est la base de la base. Mon vieux m'a toujours dit de ne jamais faire confiance aux flics, quelles que soient les circonstances. Jamais.
— Ton père est menteur et violent, répliqua Kie.
Alors que JJ se rembrunit, jouant avec les bagues de ses doigts, Blake haussa les épaules.
— C'est vrai, mais sur ça il a pas tort. C'est ce que-
Les mots se perdirent dans sa gorge.
— C'est ce que Adam disait toujours, finit Oliver.
Il décocha un sourire encourageant à sa meilleure amie, l'ai penaud. Blake hocha doucement la tête, balbutiant un "merci" inaudible.
— Je suis d'accord avec eux, confirma Pope, à la surprise générale. Nique la police.
Blake, JJ, et Oliver écarquillèrent les yeux.
— Il a vraiment dit ça ? Susurra JJ à l'oreille de la blonde.
— Ouais.
— Bah merde.
Avec le plus grand mal, il retint un ricanement. Kie, elle, ne semblait pas partager le même enthousiasme, ses sourcils se froncèrent méchamment;
— T'es passé du côté obscur ?
— Ils ont jamais rien fais pour nous, répliqua t-il sèchement.
— Peterkin a veillé sur moi.
Les paroles de John B, mouchèrent les ados. Le brun planta son regard dans celui de Blake, il était hanté, et elle seule pouvait comprendre.
— Du moins, elle a essayé. Ils doivent savoir, je lui dois ça.
A contrecœur, la blonde le laissa partir. Il en avait besoin. C'était débile, mais si il lui fallait ça, pour se décharger de sa culpabilité, elle concevait.
— Fais gaffe à toi, l'avertit-elle quand même.
La portière claqua, et sa silhouette disparut derrière les portes du commissariat. Tous poussèrent un soupir d'appréhension. Ça sentait les ennuis à plein nez.
La boule dans le ventre de Blake ne fit que s'alourdir, à mesure que les minutes défilaient. Une. Deux. Trois. Quatre.
Au décompte de la quatrième, un brouhaha s'amena du côté du bâtiment. Une porte qui claque, et les cris de panique de John B;
— Kie ! Démarre !
Manquant de trébucher, il dérapa sur le gravier, tout en continuant de hurler.
— Démarre !
— Quoi ? John B !
Mut par une impulsion, devant l'inertie de ses compagnons, Blake se jeta sur la portière, écrasant Oliver au passage, et l'ouvrit en grand. Aussitôt, le brun se jeta sur la banquette.
— Qu'est-ce que tu as fait ? S'affola Kie.
— Putain, on s'en tape ! Jura Blake. Démarre !
Avec des gestes précipités, Kiara fit vrombir le moteur du quatre quatre.
— J'y vais, désolée !
Au même instant, une policière arriva à leur hauteur, tentant vigoureusement d'ouvrir la portière de John B, le faisant reculer;
— Kie ! Dépêche.
Les pneus émirent un grincement, et la voiture s'élança. Sans se décourager, la policière s'agrippa à la vitre ouverte, en leur intimant de s'arrêter. Un de ses collègues, plus grassouillet, tentait, lui aussi, de suivre le rythme.
— Arrêtez ce véhicule tout de suite ! Gueulait-il.
— Qu'est-ce que t'as foutu John B !
Kiara contrôlait mal la terreur qui montait en elle. Couverte de sueur, elle tâchait de rester concentrée sur sa conduite, et pas sur les hurlements après elle.
Voyant que la flic ne décolérait pas, Oliver, tendit le bras vers le dessous du siège, récupérant sa gourde vide.
— Écarte toi John B !
Le brun obéit. D'un mouvement précis du bras, Oliver envoya l'objet dans le visage de leur poursuivante, qui, étourdie par l'impact de son front avec la gourde en fer, lâcha prise, s'étalant sur le bas coté.
— T'as assommée une flic ! S'écria Kie.
— Tu voulais que je fasse quoi Kiara ? Que je l'invite au resto ?!
— FERMEZ-LA !
Le grondement de Blake, claqua comme un fouet. Son cœur battait si fort, qu'elle avait l'impression qu'il allait meurtrir sa poitrine. Les pogues étaient sous le choc.
Et alors que le quatre quatre fendait la nuit, ils surent tous.
Tout allait changer. Désormais, plus rien ne serait jamais comme avant.
- Gigi
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