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𝟑𝟗. it's not fun anymore

L'AUBE se profilait, le soleil se levait lentement derrière les vagues, qui dodelinait doucement. Baignant dans une lumière corail, le téléphone vissé à l'oreille, sur le ponton, Blake —qui aurait encore dû dormir— tentait, vainement, de calmer John B.

— Il a tout pris ! Hurlait le garçon, d'une voix chevrotante. Bex, y'a plus rien.

Les traits tirés, des poches sous les yeux, elle contenait difficilement sa propre rage.

John B —malgré sa gueule de bois— s'était réveillé bien avant elle, torturé par l'angoisse. La laissant dormir —car elle avait fini par tomber dans les bras de Morphée, à ses côtés—il s'était rendu seul sur la propriété de Crain, et ses pires doutes s'étaient confirmés. Ward Cameron avait racheté la maison. Et, en une nuit, avait tout pillé.

Leur butin, leur or, pouf, disparu.

— Ça sert à rien de rester là-bas, rentre.

A l'autre bout du fil, le garçon poussait un long soupir, empli de désespoir.

— Qu'est-ce qu'on va faire ?

Honnêtement, elle n'en savait rien. L'or n'était plus là, et ils n'avaient, pour l'instant, aucun moyen de mettre la main dessus.

— Rentre, renouvelait-elle, essayant de ne pas flancher. On verra ça à la maison, j'appelle les autres.

— D'accord.

Sur ces mots, il raccrocha. Blake se laissait choir sur la plateforme, les genoux sous le menton, observant les couleurs vives du ciel, écoutant le chant discret des oiseaux pour s'apaiser. Inspirant, expirant. Une, deux, trois fois.

Finalement, elle poussait un grognement rauque.

La méditation, c'était pas son truc. Le ciel, peut-importe combien elle le contemplait, elle s'en foutait, et le cris des mouettes lui tapait méchamment sur le système. La seule chose qui persistait dans son esprit, était cette pensée;

Bordel, ils étaient dans la merde.

❃❃❃❃

— T'ES sûr qu'il a tout pris ? S'enquit Kiara.

Perchée sur le bras de bois du ponton, elle semblait assez calme, en apparence, mais les poils de ses jambes —qui balançaient dans le vide— étaient hérissés, et ce n'était certainement pas dû au vent qui fouettait méchamment l'air.

Les cinq étaient là.

John B, étalé à même le sol, la nuque sous une bouée de sauvetage. Oliver, assis tout près de Kie, dont les muscles étaient tendus à l'extrême. JJ, les fesses contre la planche, les jambes repliées contre son torse, qui jouait nerveusement avec sa casquette rouge. Et Blake, qui, plus stressée que les autres, essayait de détendre son corps, assise sur l'échelle, trempant ses orteils dans l'eau fraîche.

Quant à Pope, il était à son entretien. La blonde ne l'avait pas prévenu, de peur de tout faire foirer, il fallait qu'il ai cette bourse.

— Tous les lingots, soufflait John B, grattant son plâtre. Il reste que dalle.

Avec une grimace de douleur, il finit par le retirer complètement. Sa main reposait tout de même sur son ventre —il était idiot, mais pas complétement attardé— la peau de son bras était écarlate, marqué par le moulage.

— Je m'attendais pas à une happy end de toute façon, poursuivit-il en envoyant balader l'objet, qui atterrit aux pieds d'Oliver.

Tordant le cou, Blake lui jeta un regard moralisateur.

— Me regarde pas comme ça Bex, prévint-il en détournant le visage vers le ciel —ou plutôt le toit du ponton. C'est qu'une petite fracture.

Ce n'est pas d'elle que vint la riposte, mais de Kiara, qui s'exaspérait en louchant sur le plâtre.

— Tu vas te bousiller le bras à vie.

— Il va bien, regarde.

Les paupières closes, John B levait sa main, remuant des doigts pour appuyer ses propos.

— T'es trop con, grognait Blake.

Était-elle d'humeur à composer avec son attitude ? Non. Du moins, pas sans substance.

De fait, elle se relevait, éclaboussant à moitié le garçon —qui gisait toujours au sol— pour rejoindre JJ, ou plutôt son joint, qu'il portait d'ailleurs à ses lèvres, sans grand enthousiasme.

— Donne, exigeait-elle en tendant la paume.

Il arqua un sourcil, mais n'eut pas le temps de parler. Elle montait à ses côtés, le poussant un peu.

— C'est soit ça, soit je le cogne.

Et la clope fut dans sa bouche, dégageant une fumée presque rassurante. Blake fermait les yeux, basculant son crâne en arrière. Pile ce dont elle avait besoin.

Le moral des troupes était au plus bas. Plus personne ne parlait, chacun perdu dans les méandres de leur pensée démoralisante. Un long silence s'installait.

Heureusement, ça ne dura pas.

— Les gars ! Bramait quelqu'un.

Suivit pas des pas lourds, et une respiration saccadée, le son provenait du bout du ponton. De l'autre coté, dans un costume noir —très chic mais qui ne lui allait pas du tout— Pope se ruait sur eux, en sueur.

Fronçant méchamment les sourcils, Blake l'examinait, il n'avait pas l'air en grande forme. Pilant devant ses amis, il se courbait, les mains sur les genoux, haletant.

— Je suis venu en courant, se justifiait-il.

Sa respiration était digne de celle d'un bœuf, mourant.

— Ça va ? Interrogeait Oliver, vaguement inquiet.

— Et ton entretien ? Ajoutait Blake, en tirant une taffe.

— Sans commentaire.

Oh. Pas bon.

— Ah, super, commentait JJ.

Dans un mouvement rapide, il récupérait son joint, exhalant un nuage grisâtre au visage de la blonde.

Pope, carrant les épaules, essayait de retrouver une allure convenable. C'était pas réussi. Il se tournait vers le propriétaire des lieux.

— John...

Le brun ne daignait pas ouvrir les yeux. Ce n'était pas contre Pope, mais il était épuisé.

— Écoute, soupirait le garçon, la mine penaude. Je suis désolé. Pour tout.

— T'inquiète.

La chemise trempée collant à sa peau, Pope semblait sur le point de s'évanouir.

— J'ai pas beaucoup de temps. Mais j'ai des informations capitales.

Intrigués, la bande au complet tendit l'oreille. Pope faisait des grand gestes, un peu agité. Dans un élan de compassion, Oliver lui tendit sa gourde, qui reposait près de sa hanche. D'une traite l'adolescent en avala la moitié.

— Donc, inspirait-il enfin, capable de parler. Avant mon entretien, mon père m'a dit qu'il allait couper des palmiers à la piste d'atterrissage. Pour Cameron.

Là, John B écoutait. Il rouvrit un œil. A ce rythme, Pope allait fondre de nerfs.

— L'avion est trop lourd, il lui faut une piste plus longue.

Pope démontrait ses paroles, à l'aide de ses mains. Ses manières auraient d'ordinaire fait pouffer Blake, mais à cet instant, elle sentait que la suite n'allait pas lui plaire.

— Pendant l'entretien, je me dis: "Hum, pourquoi il lui faut une piste plus longue pour décoller ? Qu'est-ce qui peut bien être si lourd ?"

John B s'était redressé, le regard dans le néant. Les écrous de son cerveau fonctionnaient à plein régime. Et il n'était pas le seul. JJ avait abandonné son joint, et Blake s'était raidit, de la tête aux pieds.

— L'or, conclut Oliver.

— C'est ça, s'écria Pope, quasiment en bondissant. Exactement ! C'est notre chance. Il décolle ce soir, il faut y aller.

Ahuri, la bouche entrouverte, John B échangeait une brève œillade avec la blonde. Elle hochait doucement la tête. Oui, c'était réel. Les yeux brun du garçon s'embuèrent, de joie.

Retrouvant cette dose d'espoir qui les faisait avancer dans cette aventure merdique, depuis le départ, les adolescents se jaugeaient, reprenant des couleurs.

— On ne peut pas abandonner, déclarait Kie, sautant de son perchoir.

Ses fossettes creusant ses joues, en un rictus narquois, JJ dressait un sourcil vers son meilleur ami.

— C'est quoi le plan commandant ?

Dans une même impulsion, toute l'attention se porta sur lui. C'était le leader, c'était sa quête. Et il agit en tant que tel, appuyant son regard sur chacun de ses amis.

— On va récupérer notre or, rit-il.

— Ouais ! S'exaltait Oliver, en tapant des mains. Putain, voilà, on est de retour.

Son euphorie était partagée. Blake avait mal aux commissures, tant elle souriait. Ce qui —notons, le— ne lui était presque jamais arrivé.

Elle allait tenir sa promesse, ils allaient achever leur œuvre de Big John.

Même si, là, quelque part sous sa cage thoracique, son cœur se comprimait. Son instinct. Il était de nouveau là, mais cette fois, au lieu de l'encourager à fuir, il lui hurlait de ne pas bouger de ce ponton.

❃❃❃❃

DANS le van, la tension était palpable. Une tension vibrante, mélange d'appréhension et d' excitation. Ils filaient droit sur l'aérodrome, John B meurtrit l'accélérateur de son talon.

Assis en tailleur, au milieu du véhicule, JJ chargeait le barillet. Balle, par balle. Le pistolet noir rutilait, couché entre le garçon, et Blake.

— On arrive, flingue à la main. On le fait supplier à genoux pour pas qu'on le bute, on emporte le plus d'or possible, et Vamonos, on se casse.

C'était un terrible constat, mais ce n'était pas le pire des plans qu'ils avaient eu. Aussi, le blond, reçu l'approbation général, d'un hochement de têtes.

— On fout l'or dans le van, ajoutait John B. Et on prend la mer.

Oliver, sur le siège passager, les pouces remuants sur l'écran de son téléphone, acquiesça.

— On attend juste que ce bordel se calme.

— Et direction Cuba, finit Pope, les jambes étendues sur la banquette arrière.

— Cuba ? Relevait Blake, le visage tourné vers sa vitre.

Ça semblait bien. Le soleil, la plage, la liberté. Mais, au vu de l'espagnol limité de JJ, il allait falloir qu'elle lui donne des cours. D'ailleurs celui-ci tendit la nuque, une moue aux lèvres.

— Non, pas Cuba. Xcalak, le joyau du Yucutan.

Blake se détournait de l'asphalte, pour le fixer, avec une grimace amusée.

— Pour surfer toute la journée, et pêcher des homards à mains nues ?

Surpris, JJ plongeait ses yeux dans les siens, un léger sourire ourlant ses lèvres.

— Tu t'en souviens ?

Pour toute réponse, elle haussait les épaules. Le sourire du surfeur s'élargit, et il l'a contemplait un moment, l'œil brillant, alors qu'elle s'échappait en vrillant de nouveau son regard sur la route. Sur le coup, il était profondément touché.

Elle ne lui avouera jamais —il avait déjà assez d'égo— mais Blake se souvenait de tout ce qu'il disait, depuis le jour de leur rencontre, même des trucs débiles.

— C'est parti, affirmait John B, en accélérant. Qu'on en finisse.

D'une pulsion de la main, JJ fit claquer le chargeur. Le flingue était prêt, et eux aussi.

Enfin, plus ou moins. Blake luttait contre sa nausée, en admirant le tapis de végétation qui bordait la route. Quelque chose n'allait pas. Elle se sentait mal, vraiment, vraiment très mal. Son corps grelottait, elle ne comprenait pas.

Puis, peut-importe, comme l'avait dit John B, ils devaient en finir. Pour cette fois-ci, elle laisserait ses craintes de côté.

❃❃❃❃

DES GRILLES de trois mètres s'élevaient autour de l'aérodrome, surplombait de barbelés. L'accès était interdit, et ils avaient bien fait leur job pour empêcher quiconque de dépasser les limites du terrain.

En sautant du van, les cinq ados se précipitèrent sur les grilles. Blake analysait déjà les environs, cherchant une faille.

— C'est quoi le plan ? Demandait Kie.

Le nez vissé à ses jumelles, Pope collait son visage à la grille de fer.

— Ils chargent l'or.

Peu patient, John B lui arrachait quasiment son joujou des mains. Un petit klaxon retentit. Tout près de l'avion, bleu et blanc, une voiture noire se garait. Blake plissait les yeux, même à cette distance, elle reconnaissait la Range Rover des Cameron.

— C'est Ward, affirmait-elle.

A ces mots, John B blêmit. Elle lui jeta un coup d'œil soucieux, la torsion dans son ventre se décuplant. Agacée —par lui, mais surtout par cette sensation étrange— elle lui chipait les jumelles.

Dans la vision restreinte mais bien plus précise de l'objet, Blake aperçut une silhouette. Short rose, haut blanc. Merde. La raison du trouble de son ami n'était pas dû à Ward, mais à son accompagnatrice.

— Sarah, lâchait-elle du bout des lèvres.

— Quoi ? S'insurgeait Kie.

Pope déglutit difficilement.

— Elle est avec lui ?

— Non, dit Blake, tendue et hostile.

— Ouais, approuvait Oliver. Si elle est là, c'est pas de son plein gré.

Cette théorie fut très vite confirmée.

Sur la piste, un cri strident retentit. Un cri de rage, et de peur. Blake le ressentit jusque dans le tissu de ses os.

— Arrête ! Non !

Dans les jumelles, ce qu'elle vit la révolta. Ward emprisonnait sa fille de ses bras, les jambes ballantes, Sarah ne touchait plus le sol. La blonde se débattait du mieux qu'elle pouvait en gémissant.

— Je vais le tuer, grondait-elle en décrochant son regard. Je vais le bousiller.

— Quoi ? S'inquiétait John B. Bex, il se passe quoi ?

Il semblait en panique. Il avait aussi entendu le cri de sa copine, et l'expression dure de Blake ne le rassurait pas.

Le regard ombrageux, la mine déterminée, elle lui flanquait les jumelles sur le torse. Et, alors qu'il regardait à son tour, et que son corps s'emplissait de rage, elle le contourna pour rejoindre le van, le pas vif.

— Hé, la hélait JJ. Tu fais quoi ?

Sans même se retourner, elle répondit, et son timbre sinistre fit frissonner le garçon;

— J'y vais. Je te conseille de pas essayer de m'arrêter.

— Bex !

Elle grimpait déjà dans le véhicule, et alors qu'un manœuvre du poignet, elle faisait vrombir le moteur —ils avaient laissé les clés. La portière passager claquait dans un bruit de féraille.

— Roule ! Ordonnait John B en s'attachant. Fonce !

Dehors, Pope s'avançait, en désespoir de cause.

— Faites pas ça !

Tandis que le reste de la bande se précipitait sur eux, Blake lançait le van sur la grille, à pleine puissance. Le véhicule défonçait la barrière dans un fracas immense. Les deux amis firent un a-coup, alors que les roues bondissaient sur le bitume.

Un pan de grille arraché restait accroché au pare-brise, mais d'un coup violent du volant, Blake la fit valser sur l'herbe.

Elle n'était plus que colère. Colère envers Ward, envers Sarah, et envers elle-même. La culpabilité de ne pas être aller récupérer Sarah la vieille, alors qu'elle était à portée de main, la rongeait.

Derrière le van, au loin, les quatres pogues avaient abandonné l'idée de les poursuivre. Kie et Pope continuaient tout de même de leur dire de revenir, se broyant les cordes vocales. JJ, les nerfs en pelote, mortifié à l'idée qu'ils soient blessés, envoyait un coup de pied dans un caillou. Et Oliver, il zyeutait son téléphone, en se rongeant le sang.

Sur l'asphalte, le van fonçait, comme la plus vaillante des montures, droit sur son adversaire. Un géant ailé, d'une tonne, qui se préparait à prendre son envol.

Mais ça n'arriverait pas. Blake vivante, cet avion ne quitterait pas le territoire. C'était l'un des rares avantages de sa vie de délinquante à Miami, Blake conduisait comme une évadée de prison.

Dans ses converses, les pieds de la jeune fille était en feu, tant elle appuyait de tout son poids sur les pédales. Très vite, elle se retrouva au coude-à-coude avec l'appareil.

Sarah, depuis son hublot ouvert, venait de s'apercevoir de leur présence. Son visage était boursouflé, rouge, et de grosses larmes roulaient sur ses joues, mais il s'illuminait tout de même en voyant le van approcher.

— John B, grinçait Blake, concentrée sur la piste. Rassure la.

Précautionneusement, le garçon se glissait au plus de près de son amie, pour voir Sarah.

— Hé, sourit-il le cœur battant. Tout va bien, on est là.

Malgré le vacarme assourdissant du moteur de l'avion, elle parut entendre ses mots, car elle se mit elle aussi à sourire, un poids s'ôtant de sa poitrine. Malheureusement, il revint quand Ward, lui aussi, se rendit compte que le duo lui filait le train.

— Dégagez de la piste ! Scandait-il. Dégage !

Les mains agrippées au volant, les sourcils froncés, Blake mit la gomme, sans pouvoir s'empêcher de répliquer.

— Va te faire foutre Jack Torrance, crachait-elle.

Sa colère atteignait son paroxysme. Ce n'était surement pas bon pour sa santé, mais ça servit pour sa conduite. Le van dépassait sans mal l'avion, et mit une bonne trotte de distance. Il fallait qu'elle agisse, et vite, où il allait décoller.

En inspirant un grand coup, Blake jeta un rapide coup d'œil à John B.

— Accroche-toi, ordonna-t-elle. Je vais faire un truc vraiment, vraiment stupide !

John B obéit, la peur au ventre.

D'une main, Blake tirait le frein à elle, déviant le volant de l'autre. Elle luttait contre la résistance du véhicule, les dents serrés, les phalanges blanches, alors qu'ils dérapaient dangereusement sur le bitume. Elle sentit les roues gauche glisser de la route, si bien que les adolescents durent combattre la gravité, pour rester les fesses sur leur sièges. Le van s'inclina de tout son long sur le côté droit, avant de raccrocher la piste, dans un crissement de pneus insupportable.

John B manqua se se prendre le tableau de bord, l'enjoliveur d'une roue arrière se détacha, et sa manœuvre risqué avait laissé une trace noir sur la piste, mais ils étaient en vie.

Blake, le visage entre les bras, soufflait un coup. Pour autant, elle gardait les doigts agrippés au cuir moite du volant. Les bruits qu'elle avait entendu, durant les quelques secondes où elle avait cru perdre le contrôle du véhicule, avaient ravivé de sales souvenirs. Putain, accident de voiture. Putain de Cameron.

D'ailleurs, l'avion du père fonçait toujours droit sur eux. Blake ouvrit un œil, pour voir le monstre de métal se précipiter sur eux. Il allait les écraser comme de vulgaires insectes. John B réussit à l'attirer contre lui —de peur qu'elle ne prenne la collision de plein fouet— tandis que l'appareil freinait enfin.

De ses bras, Blake se protégeait le visage, elle en était sûre, c'était trop tard. Pourtant, alors que John B l'enfermait dans un étau tremblant, l'impact ne vint pas.

A quelques centimètres à peine de la voiture, l'avion s'était immobilisé.

De l'autre côté, près des grilles, les pogues étaient abasourdis. Oliver et Kiara pleuraient silencieusement. Quant à JJ, il était tombé sur le sol, la peur mordant ses entrailles et se tirait désormais les cheveux, ravalant ses larmes.

Haletante, le cœur au bord des lèvres, la vision flou, Blake retirait ses bras. Le colosse était là, menaçant, mais dormant. Elle émit un souffle vibrant d'angoisse, la respiration saccadée, et clos les paupières, laissant une goutte solitaire onduler de son œil, à sa lèvre.

— Putain la trouille, lâchait-elle dans un murmure.

Sa voix lui semblait lointaine.

— M'en parle pas, réagit une voix dans son dos. J'ai failli me pisser dessus.

Elle avait presque oublier John B. L'entendre lui rappela qu'elle n'était pas seule, et qu'il lui restait quelque chose à faire. La peur fanait, laissant place à une tout autre émotion. La haine.

— Je vais le buter.

Du plat de sa converse, elle envoyait un coup d'une rare violence dans la porte. Celle-ci, bien que légèrement pliée, s'ouvrit sous la force de ses muscles. Elle descendit —se rua aurait été plus juste— à l'extérieur, flanqué de John B.

— Sarah ! S'époumonait celui-ci. Sarah !

La portière de l'avion s'ouvrit. Pas sur la jolie blonde, sur son père. Ward sautait de l'avion, sous les regards sombres des deux amis.

— Vous essayez de la tuer ? Accusait-il, approchant. Nous tuer tous les deux ?

— J'ai besoin de l'or, grondait John B.

Le brun s'avançait en tête, heureusement pour le quinquagénaire, car Blake bouillonnait. Littéralement. Sous l'adrénaline, son corps avait drastiquement augmenté de température.

Derrière les deux hommes, collaient, torse contre torse, Sarah sortait enfin. Blake sentit ses épaules se détendre en réponse. Elle allait bien, ils l'avaient sortit de là.

— Non ! Implorait-elle.

De son corps, elle s'interposait contre son père, attrapant le visage de John B en coupe.

— John B, tu va bien.

Cette phrase était pour elle, elle constatait l'état de John B, en examinant le garçon sous toutes les coutures. Mais c'était sans compter sur son paternel, qui lui attrapait les bras.

— Éloigne-toi de lui.

— Dégage !

Ce n'était pas Sarah, c'était Blake. Sa patience avait une limite très basse. Là, c'était beaucoup trop.

S'armant comme un bouclier, entre ses amis et Ward, elle le toisait, le défiant de la faire bouger. Sarah, dans les bras de son copain, tremblait.

— Ne me dis pas quoi faire, inspirait-elle par la bouche.

Ward s'apprêtait à frapper Blake, pour récupérer sa fille, elle le voyait à la tension de ses muscles, mais à son grand soulagement, une sirène retentit.

Depuis son arrivée sur l'île, c'était bien la première fois qu'elle était sincèrement reconnaissante de voir la police débarquer. En revanche, derrière elle, c'était moins la joie.

— John B, sussurait Sarah, avec le peu d'énergie qui lui restait. Tu dois t'enfuir...

Deux voitures déboulèrent. La première, un pick-up aux couleurs de la police, les gyrophares allumés. La seconde, une Dodge Challenger, datant des années soixante-dix.

En l'apercevant, les jambes de Blake ramollirent, et elle faillit s'écrouler. Il était là. Elle était en sécurité.

Ward Cameron lui, fier comme un coq, se mit à sourire en voyant le shérif s'extirper de son véhicule.

— Dieu merci, tu es là.

Peterkin n'avait pas l'air aussi ravie. La femme se déplaçait avec raideur. Et Ward, il pivotait son buste vers elle, dans le but malsain de mettre la faute sur John B.

— Je te l'avais dit, Susan, il a perdu la tête.

Le regard charbonneux de la policière se fit assassin.

— Mains sur la tête, imposait-elle.

Un grand sourire aux lèvres, Ward se retourna vers le trio, la mine victorieuse.

— Fais ce qu'elle te dit, gamin.

C'est à cet instant, que la portière de la dodge clapait, sur une silhouette droite, charismatique. Adam Knight.

— Pas lui Cameron, tonnait-il. Toi.

Le père Cameron jetait un regard perplexe autour de lui, jusqu'à ce qu'il croise celui du shérif, le pistolet braqué sur son torse.

— Je t'arrête pour le meurtre de Big John Routledge, dévoilait-elle, froide.

Sarah haletait, émettant un couinement aigu. John B posait une main rassurante sur son épaule.

— Tu plaisantes ? S'indignait Ward.

Il était doué pour mentir, songeait Blake. Presque autant qu'elle. Il avait véritablement l'air sous le choc.

— Les mains sur la tête, réitérait Peterkin.

— Tu te fous de moi ?

— Mains sur la tête ! Tourne-toi.

Alors qu'il obéissait, avec une lenteur affligeante, Blake sprintait jusqu'à son paternel.

— Papa !

Adam la réceptionnait, en fermant les yeux, un bras autour de ses épaules, et une main dans derrière son crâne, flattant ses mèches.

Ce n'est que lorsqu'elle se pelotonnait contre son torse chaud, familier, et réconfortant, que Blake se rendit compte qu'elle avait cessé de respirer. Depuis combien de temps ? Aucune idée.

— Qu'es-ce que tu fais là ? S'enquit-elle dans sa chemise.

Posant un doux baiser sur son crâne, son père renforçait leur étreinte.

— C'est Oliver qui m'a prévenu.

Blake sourit. Bien sûr qu'il l'avait fait. Il était le plus malin de ses amis. Aucun d'eux —pas même Pope— n'aurait envisagé de prévenir un adulte de ce qu'ils allaient faire.

— Merci d'être venu.

— Toujours Canaille.

Des bruits de luttes cheminèrent jusqu'à leur oreilles. Blake se séparait —a contrecœur— de son père, se tournant vers la scène. La sensation de nausée revint, lui tordant les tripes avec une telle violence qu'elle se plia sur elle-même dans une grimace de douleur. Yeux clos, bouche tordue.

Ward avait tenté de s'échapper de la prise du shérif. Celle-ci le pointait donc, de son arme, le tenant en joue afin qu'il n'essaye rien de stupide. Son doigts sur la gâchette, était prêt à tirer.

Boum.

A travers ses paupières fermées, Blake distinguait une lueur claire, comme la lumière jaillissante d'un éclair. Ça ne dura qu'une demi-seconde. Ensuite, elle entendit un bruit lourd de chute. La douleur de son ventre diminua, elle put rouvrir les yeux.

Elle aurait préféré les sceller à jamais.

Étendu sur le bitume, le corps du shérif convulsait, son arme toujours à son poing. Et derrière elle-

Non. Non. Non. Elle allait vomir.

Rafe Cameron, un flingue dans une main, sortait de derrière l'avion. Le bras tremblant, les lèvres grelottantes.

— Susan ! S'écria Adam.

— Rafe ! S'écarquillait Ward. Qu'est-ce que tu as fait ?

La main sur le ventre, le buste montant, descendant, beaucoup trop rapidement, Peterkin gisait. Rafe s'avançait vers son père, une larme perlant à son œil.

— Je t'ai sauvé, papa.

Il se mordait les lèvres, levant son bras plus haut, vers John B et Sarah.

— Je t'ai sauvé.

Blake ne savait plus se mouvoir. Adam, si. Il se ruait sur le shérif, tout comme John B.

— Ne bouge pas, soufflait-il. Ça va aller.

Déjà, Adam compressait la blessure de la policière, son amie, des deux mains. Elle s'étouffait sous ses doigts, toussant bruyamment.

— John B, ta bandana.

Comprenant, le garçon se délaissait de son vêtement. Adam le roulait, avant de l'appuyer sur l'épaule du shérif.

— Je suis désolé, s'excusait l'adolescent en s'accroupissant.

Blake, pantoise, observait la scène, la bouche entrouverte, les yeux embués. Sarah, pleurnichait, près de la femme inerte. Et les hommes Cameron, ils se rejoignaient, le flingue de Rafe pendant toujours dans sa main, le long de son corps.

— Blake !

Elle clignait des yeux. Un, deux. Son père l'appelait. Tentant de rassembler ses pensées, et de ne pas céder à la panique, elle se griffa le poignet.

— Appelle les secours !

Elle hochait la tête, complètement déboussolée, et se mit à tâtonner sa poche, à la recherche de son téléphone.

— Bex !

Sa main se figeait, sur son cellulaire. Ce n'était plus son père. C'était Rafe. Elle hésitait, ne trouvant plus son souffle. Son regard restait obstinément sur ses pieds. Elle ne voulait pas le voir.

Même quand elle entendit les pas s'approcher, vit les chaussures, près des siennes, elle ne quittait par le sol des yeux. Laissant s'échapper abondamment ses larmes, qui rebondissaient sur le bitume. Floc. Floc. Floc.

— Bex, chuchotait une voix terrible près de son oreille. Donne moi le téléphone.

Elle n'était plus que tremblements.

— Bex...

Son regard remonta, sur les jambes, puis le buste. Rafe. Mais ce n'était plus lui qu'elle voyait. C'était un gars, un étranger, qui avait tiré sur quelqu'un. Sur un autre être humain.

— Non, gémit-elle en secouant la tête. Je veux pas.

Fébrilement, elle reculait contre le capot, terrifiée, son téléphone vibrant dans sa paume. Rafe ouvrit de grands yeux. Il avait vu tout un panel d'émotions chez Blake, mais jamais, jamais, il ne l'avait vu prise d'une telle panique. C'était comme se prendre un uppercut, en pleine mâchoire.

Un peu vacillant, il brandit ses mains. Elle tressaillait, se préparant à entendre le cliquetis de l'arme. Mais non. Ses mains étaient dépouillées de toute violence. Le flingue n'était plus là.

Du moins, plus dans sa main, a lui. Un grésillement parvint à ses oreilles, alors qu'elle épiait les moindres mouvements de son ancien "petit ami".

— Adam Knight, je suis à l'aérodrome, le shérif est bl-

Le regard de Blake déviait derrière l'épaule de Rafe.

Boum.

Pendant une seconde, qui parut une éternité, Blake regarda le tableau, sans y être. Non, ce n'était pas elle. Ce n'était pas lui. Mais un corps chutait bien. Des yeux bruns, grand ouverts, sous le choc. Une masse frappa le sol dans un craquement effroyable. Celui d'un os, d'un crâne, ou d'un cœur. En tout cas, quelque chose s'était brisé.

Puis, avant que son esprit ai eu le temps d'accepter ce qu'elle voyait, avant que tout sentiment, autre que l'incrédulité ai pu naître en elle, ses lèvres s'écartèrent, sans son consentement.

Un hurlement sourd déchira l'air, et son corps, à elle, tomba à genoux.

Le bitume écorcha sa peau, mais ça ne faisait pas mal. Plus rien ne pourrait faire mal. Plus jamais. Parce que les morts n'avaient pas mal. Et que là, en cet instant, elle était sûre de l'être.

— Papa ? Murmurait-elle, glacée.

Rien n'existait, tout était paralysé, et il gelait, à l'intérieur de son abdomen. Une tempête de neige. Sans un mot, la gorge nouée, elle se remit sur pieds, mais elle n'était plus.

En automate, elle approchait. Elle ne voulait pas approchait. La nausée revint. La bile remonta. Amer, froide. L'odeur. L'odeur de la mort.

Cours ! Va t-en !

Ses converses trempèrent dans le sang, avant même qu'elle ne le voit. Inerte. Blake vit la peur, et la surprise se mêler sur le visage émacié de son père. Mais cette expression était figée.

Sa respiration était brûlante, saccadée. Adam allait se mettre à sourire, d'une seconde à l'autre, elle le connaissait, il blaguait, voilà tout...

— Papa ? Sourit-elle à travers ses larmes. C'est pas marrant.

Tremblante, elle se détourna de la marre écarlate qui jaillissait, sous la tignasse poivre et sel, pour voir John B, encore sur le shérif. Elle le regardait, sans le voir. Elle souriait, si fort qu'elle en avait mal aux commissures.

— Hé John, tu peux lui dire d'arrêter ? C'est nul comme blague.

— Blake...Il-, il est-

— Non ! Rugit-elle, avant de ricaner doucement. Non, faut juste, faut juste qu'il arrête.

Sa voix se brisait sous l'effort qu'elle devait faire, simplement pour rester debout. Car elle ne respirait plus.

Elle ne le croyait pas, elle ne le croirait jamais. Adam voulait juste lui faire une plaisanterie. Il voulait simplement rigoler. Il suffirait qu'elle rit assez fort, et alors il cesserait de blaguer...

— Allez Adam, s'il te plait, implorait-elle en se baissant. Papa !

Mais il ne bougeait plus.

Il y avait encore du mouvement autour d'elle, une agitation inutile, par et d'autre de la piste. Pour Blake, tous ces bruits étaient dérisoires, les hurlements de Sarah sur son père la laissait indifférente, la seule chose qui lui importait c'était que Adam s'agite, qu'il se mette à rire, de ce son rauque venant du ventre, que ses yeux se plissent sous l'amusement, que ses fossettes se creusent alors qu'il se ficherait d'elle pour avoir cru qu'il était vraiment...

— Non, suffoqua-t-elle, inondée de larmes, le rire éteint. Non, par pitié, non !

Elle le vit vraiment cette fois. Le sang, partout. Il poissait sa chemise, la moitié de son visage, et parcourait le bitume sous lui. Une rivière de sang.

— Non ! Pas ça. PAPA !

Mais, alors qu'elle allait se baisser pour le secouer, John B l'attrapa fermement, et lui enserra la poitrine de ses bras, pour la faire reculer.

— C'est fini Bex...

— Non !

Blake se débattait avec une violence sans nom, mais il ne lâchait pas. Elle s'acharnait, des glapissements étranglés s'échappait de sa gorge. Ça lui faisait mal. L'air, le sang dans ses veines, tout la faisait souffrir.

— Sauvez-vous ! Leur hurla Sarah en s'emparant du bras de son père. Maintenant !

John B entraina Blake le plus loin possible de la piste. Blake, les yeux toujours fixés au corps, courrait, fuyait, dans les hautes herbes sèches, sans être réellement en fuite.

Car son cœur, lui, était resté là-bas.


- Gigi

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