𝟑𝟒. well, fuck
UNE VIEILLE MUSIQUE de reggae sortait des basses du van, alors que celui-ci roulait tranquillement sur l'asphalte. Les jambes étendues sur Pope, Blake avait le nez retroussé, se plaignant mentalement des choix musicaux —absolument merdique— de John B.
— Donc, résumait Pope les avant-bras sur ses mollets. Il y a du liquide là-bas ?
JJ tournait la tête vers lui, puis son regard se posait sur les jambes de Blake.
Longtemps, très, très longtemps.
— C'est ce qu'elle a dit, répondit-il la voix tranchante.
Vif, il saisit les cuisses de la jeune femme, les rabattant sur lui.
— Hé ! S'exclamait-elle.
Pope s'efforçait de garder une expression sérieuse, alors que Blake dévisageait le surfeur, outrée.
Seulement il l'ignorait.
Refusant de baisser les yeux sur elle, il émit un petit ricanement à l'intention de son ami.
— Titre.
— Arrête.
Il pinçait aussitôt les lèvres, comme un gamin grondé par son paternel, ce qui en soit était assez proche de la réalité.
— Je n'ai jamais entendu parler de Ressurection Drive, dit Sarah le bras sur la console.
— C'est parce que t'es riche, rétorquait JJ.
— Parce que tu savais ce que c'était ? Interrogeait Oliver.
Son silence répondit pour lui.
— Merci, sourit Sarah, amusée.
Pendant que Blake volait la casquette du blond afin de se la coller sur le visage —elle avait eu son cota de pogues—Kiara observait le paysage défiler, troublée.
— Il n'y a rien a part de la beuh là-bas.
JJ —n'étonnant personne—se sentit obligé de riposter.
— C'est pas parce que y'a de la beuh que c'est forcément-, euh...
Il ne trouvait rien à dire, et bégayait un peu. Sa dignité fut sauvée par une sirène de police, juste derrière eux.
Presque brutalement, Blake redressait son corps. La casquette tombait sur ses genoux, et JJ manquait de se prendre un coup de boule.
— Des flics ? S'agitait Kie. Ici ?
— Bon sang ! Grognait JJ. C'est une blague ?
Se stationnant sur le bas côté, près d'un fossé, John B fit une volte-face vers son meilleur ami, désignant leur —anciennement lingot— or.
— Planque ça, grouille !
Louche, trop louche.
Blake dardait un œil vers Oliver et vit qu'il pensait la même chose.
C'était malheureux à dire mais les descentes de flics, ils avaient l'habitude. Ils étaient les parasites de la population de Miami alors la police prenait grand plaisir à débouler dans leur rues pour des contrôles.
Et dieu savait qu'ils y avaient eu droit à de nombreuses reprises. Blake était considérée comme délinquante, tricheuse voir —par certains haineux qu'elle avait plumé au poker—voleuse. Quand à Oliver, ça se résumait en deux mots. Pauvre et noir.
Il était la proie favorite des gardiens de la "paix".
De fait, ils avaient une assez grande connaissance de ce milieu pour dire qu'une voiture civile, dans un trou paumé, c'était tout sauf des flics.
— T'as le flingue ? Demandait Blake sans quitter son ami —qui commençait a hyperventiler—des yeux.
— Non, soufflait JJ fouillant dans son sac. T'inquiètes pas.
Oh mais c'était précisément le fait qu'il ne l'ai pas qui l'inquiétait.
Non pas qu'elle voulait s'en servir mais cette petite voix au fond d'elle, celle de son instinct, lui chuchotait qu'elle en aurait besoin.
— Dieu merci, soupirait Kie soulagée. Planque le reste dans ton sac.
Paniquant, Pope se ruait sur le sac pour aider le blond.
— T'as beaucoup d'herbe sur toi ? S'enquit-il.
— Non !
Le stress, ça le faisait stresser. Et là, la tension était a son paroxysme.
— Il arrive, informait Sarah.
Lâchant péniblement —tant qu'elle le fixait, l'angoisse restait gérable— le métisse du regard, Blake se tournait pour apercevoir le policier, elle se figeait, le sang glacé.
Ce n'était pas un flic, mais un homme, les cheveux attachés en arrière, un bandana tête de mort —qui dans une autre occasion l'aurait faite grimacer— enroulé autour du bas de son visage. Rien d'inquiétant, si ce n'était pas pour l'arme qu'il tenait entre les mains, braquée sur John B.
D'un geste assuré, il chargeait le pompe et le cœur de Blake remontait dans sa gorge.
— Et si vous mettiez les mains en l'air ?
Personne ne répondit, paralysé.
Apparemment agacé par leur manque de réaction, il se mit à crier.
— Les mains en l'air, allez !
Tous s'exécutèrent. Blake fut tentée de lever son majeur.
C'était l'un de ces moments où l'on sait qu'une chose est stupide et dangereuse mais où le besoin de le faire est grand. Comme sur la route, lorsqu'une envie irrationnel nous pousse à vouloir ouvrir la portière.
Ses autres doigts se replièrent lentement, et avant qu'elle n'ait pu analyser son geste, elle brandissait —tout aussi fièrement que l'homme avec son fusil—son plus beau majeur.
"Fais face à la difficulté, avec un sourire et un majeur" même après toutes ces années, la phrase d'Adam continuait a influencer sa vie.
Et cette fois, pas dans un bon sens.
— Sors de la voiture ! Scandait leur agresseur. Toi la pétasse !
Blake ne saisit qu'on s'adressait à elle, qu'au moment où John B, déjà descendu, émit un grondement mécontent.
Oliver secouait la tête en la voyant cligner des yeux, confuse.
— Plus vite que ça !
La jeune femme ne bougeait pas d'un pouce, enfin si, son majeur remuait —contre sa volonté— très légèrement.
— Fais la sortir ! Exigeait l'homme à l'intention de John B. Fais-les tous sortir !
Sa voix était couverte par son foulard et Blake ne put s'empêcher de se dire qu'au vu du personnage —cheveux gras, chaussures trouées— il devait s'asphyxier dans propre puanteur buccal.
John B fit lentement glisser la portière arrière tandis que l'homme ne cessait d'aboyer.
— Allez ! Sortez tous de la voiture !
— On a compris, grommelait Blake. On est pas sourd.
Le truc avec elle, c'était que les mecs qui se prenaient pour des gangsters ça ne l'impressionnait pas —encore moins sous le coup de l'adrénaline. Les psychopathes, ou les traitres, ça, ça la terrorisait, mais certainement pas ce braqueur de pacotille.
Elle fut la première a bondir du véhicule, alors que les autres restaient en arrière, hésitant.
Naturellement, pas JJ, ni Oliver, trop inquiet de ce que l'homme pourrait faire à la blonde si elle ne cessait pas d'ouvrir sa bouche. Coude à coude, ils descendirent après elle.
Toute la bande finit par s'extirper du van. Sarah et Kiara tremblaient, morte de peur. Pope et Oliver restaient collés l'un à l'autre, le visage anormalement pâle. John B gardait les yeux sur leur assaillant, jaugeant la situation.
Quant à JJ, il se plaçait spontanément devant le corps de Blake, le regard droit, les épaules carrés.
— On est fauchés.
— La ferme !
Du bout de son canon, le type repoussait JJ en arrière, furieux.
— Relax, s'égosillait le blond.
— Ta gueule !
— Du calme !
— Je vais tirer !
Admirative de son courage, mais moins stupide, Blake tirait le garçon par le coude. Il tournait son visage vers elle, et elle secouait doucement la tête, dissuasive.
Leur agresseur était peut-être un clown, mais son arme, elle, n'était pas une blague.
— Allongez-vous dans le fossé !
Quatre d'entre eux —Kiara, Sarah, Pope et Oliver— obéirent alors que les trois autres s'échangeaient des regards indécis.
— A plat ventre, putain ! Allez !
Manifestement, il en avait plus que marre de leur attitude impertinente. Comprenant le point faible des garçons, il approchait d'un pas menaçant.
Sous son sweat-shirt, contre sa colonne vertébrale, Blake sentit le canon froid de l'arme s'enfoncer dans sa peau.
— Face contre terre ou je la descends.
Partageant un regard entendu, brillant de rage et d'animosité, les garçons rejoignirent leurs amis, s'allongeant sur l'herbe.
Il ne faisait aucun doute à cet instant, que si la jeune femme n'était pas tenue en joue, le sang aurait déjà coulé.
Serrant les dents, Blake se laissait tomber sur le sol.
Un gravier s'enfouit dans son genoux, elle jurait à voix basse. Encore une blessure. Depuis son arrivée sur l'île son corps était recouvert de bleus et égratignures, une vraie tannée.
— Que je ne vous vois pas lever la tête ! On ne bouge pas.
Il s'éloignait déjà vers le van.
JJ, la tête entre les bras lançait un regard assombri par l'inquiétude à Blake.
D'un maigre sourire, elle lui fit comprendre qu'elle allait bien.
Il fermait les paupières, le visage crispé.
Ce ne fut que lorsqu'elle posait sa main sur la sienne, enlaçant leur doigts moitit par l'angoisse, qu'il s'aperçut qu'il retenait son souffle. Il resserrait leur étreinte avec force.
— C'est un piège, murmurait Kie d'une voix chevrotante.
— La vieille nous a eus.
De sa main libre, JJ frappait la terre.
— Putain !
Des bruits de fracas cheminèrent jusqu'aux oreilles de Blake. Le braqueur semblait s'en donner à cœur joie dans le van. Si il trouvait l'or, tout leurs efforts auraient été en vain.
John B devait se faire la même réflexion, car il se relevait doucement. Sarah, sidérée, s'agrippait à sa jambe pour l'empêcher de partir.
— Non, couinait-elle. John B.
Tordant son cou derrière son épaule, Blake vit le brun se dresser sur ses jambes. Ses dents claquèrent.
— John B ! L'appelait Pope d'une voix feutrée. Joue pas les héros.
Alors qu'il pivotait vers la caisse de leur agresseur, Blake tentait elle aussi de se relever. Impossible. D'un geste brusquait par l'effroi, JJ la remmenait au sol, tirant sur leur mains liées.
— Non ! Grognait-il entre ses dents. Tu bouges pas.
C'était un ordre.
Elle voulait lui dire d'aller se faire voir, mais la détresse qu'elle lut dans ses yeux la saisit aux tripes. Il avait peur pour elle, peut-être même plus que pour lui.
Les bagues de JJ écrasaient sa chair tant il agrippait vigoureusement sa main. Tremblant, il plaçait son membre sous son menton, bloquant la jeune femme. De toute façon, elle n'avait plus l'intention d'aller nulle part. Doucement, refermait ses doigts.
Ça faisait mal. Leur poigne lui broyait les phalanges, mais elle n'y faisait pas attention. Tout ce qu'elle voulait c'était lui montrer qu'elle était là et qu'elle ne partirait pas.
Deux chaussures —noircis de crasse— jaillirent près de son visage, elle sursautait.
— Ok, gueulait l'homme au bandana. Restez où vous êtes.
Il en avait finit, et du coin de l'œil Blake aperçut le linge dans lequel ils avaient caché leur or, bien gardé dans sa paume. Merde.
— Sauf si vous voulez vous faire exploser la cervelle !
— On a pigé Tarantino, feulait-elle.
Le regard paniqué d'Oliver la mitraillait, mais l'homme ignorait sa remarque, s'élançant vers sa bagnole.
La même bagnole dans laquelle se trouvait John B. Blake fermait les yeux au moment où il ouvrait la portière, prête à entendre le coup partir.
Et elle l'entendit. Pas un bruit de feu, mais celui d'un poing fondant sur une mâchoire. Elle rouvrit un œil. John B se contorsionnait dans le véhicule, en plein combat avec l'homme.
Plus vive que ses compagnons, Blake bondit sur ses pieds. Cette fois, le surfeur ne l'arrêtait pas. Au contraire, il l'imitait, et ils se ruèrent ensemble sur la voiture.
— J'ai son arme ! Mugit le brun.
Tenant le fusil de la main gauche, John B essayait de repousser l'homme qui s'efforçait de rependre l'ascendant. Il réussit en envoyant le brun dans le décor, mais c'était sans compter JJ.
Avec la rapidité de l'éclair, il évitait le coup que lui balançait le type, lui renvoyant dans l'estomac. Il se pliait en crachant, mais se relevait assez vite pour flanquer un uppercut au blond. JJ s'écroulait en arrière, son crâne passant à quelques centimètres d'un cailloux pointu.
Alors que l'homme se tournait vers la jeune femme —restée à l'écart— elle lui assénait un coup de talon dans la poitrine. Le souffle coupé, il vacillait vers John B. Celui-ci s'était remit sur ses pieds, et profitait du moment de trouble de l'homme pour brandir le fusil et abattre la crosse dans son dos.
Poussant un hoquet de douleur, il s'étalait en avant, aux pieds d'Oliver et Sarah.
— J'ai l'or ! Criait Pope la tête dans la voiture.
N'ayant pas dit son dernier mot, le type enserrerait la cheville de Sarah, qui gémit de dégout.
— Dégage de là ! Tonnait Oliver.
Du plat de sa converse, il l'éjectait loin de la blonde, percutant sa joue.
— Fils de pute ! Jurait Sarah.
Ce fut la goutte de trop, les pacifistes —Kiara et Pope—se mirent à leur tour à le rouer de coups. Jusqu'à ce qu'il finisse adossé à sa portière, trainant au sol, haletant bruyamment.
Déterminée, Blake s'accroupit face à lui, retirant sans ménagement son bandana —d'une parce qu'il étouffait, et de deux par curiosité— trempé de sueur. Sous celui-ci n'était autre qu'un homme banal, aux alentours de vingt ans, une fine barbe entourant un visage des plus commun.
JJ s'avançait d'un pas, les yeux plissés.
— Je connais ce connard, c'est un camé.
— Il doit connaitre mon frère, reniflait Sarah.
Cette phrase fit tilter Blake. Elle scrutait le jeune homme avec plus d'attention. Si ce type était le dealer de Rafe, il avait dû être celui de Billy. Sa gorge se nouait.
— Il fournit mon père, lâchait JJ.
Il avait craché cette phrase avec une profonde amertume, récupérant le fusil des mains de John B. Le type ne se laissait pas démonter, plongeant son regard dans celui de Blake.
— J'aurais pu tous vous défoncer, surtout toi petite pu-
La crosse revint sur lui, cette fois dans sa mâchoire.
— JJ ! L'engueulait Kie.
John B l'attrapait par le biceps pour le faire reculer.
— Mec, calme toi.
— Venez on y va, fit Pope dansant d'une jambe à l'autre.
D'un grand coup d'épaule, JJ se dégageait, plongeant sur l'homme à terre pour le fouiller. Blake ne comprit son but que lorsqu'il sortit un portefeuille de la combinaison du gars, pour en retirer sa carte d'identité.
— On doit s'arrêter en chemin, décidait-il.
Sans prendre la peine de voir si ses amis l'avaient suivit ou bien même écouté, JJ fonçait vers le van, trépidant de rage.
— Allons voir où vit ce salaud.
Frôlant Blake, il l'entrainait avec lui par le poignet, sans lui adresser un regard. Elle suivit docilement, abasourdie par la colère qu'elle sentait bouillir en lui.
— Je vous oublierai pas ! Vociférait le brun à quatre pattes. Vous m'échapperez pas !
Jetant un coup d'œil derrière son épaule, Blake eu un sale frisson. Ce type ne plaisantait pas, du moins pas cette fois.
— On se reverra ! Je vous connais tous.
Elle n'eut pas le temps d'en voir plus, JJ l'avait quasiment jeté sur le siège passager. Il claquait la porte sur elle alors qu'elle s'attachait, sentant que la conduite du blond n'allait pas être douce.
Les autres entrèrent dans le van, au moment où il allumait le contact, démarrant en trombe.
— Tout le monde va bien ? S'enquit Oliver.
Sarah râlait, s'affalant sur son petit ami.
— Je vais bien, mais j'ai de la terre partout.
— Juste un peu secouée, répondit Kie. Et toi ?
— Ça va, cool.
Blake ne les considéraient plus vraiment, son regard coulait vers leur conducteur. Sa mâchoire était crispée, presque aussi fermement que ses poings —qui commençait à blanchir— sur le volant. L'océan de ses yeux c'était transformé en tempête.
Elle était tracassée, et ça se comprenait. Jamais elle n'avait vu JJ aussi...mauvais. Tout ceci n'annonçait rien de bon.
❃❃❃❃
— BIENVENUE AU PARADIS DES CAMÉS, soufflait Sarah.
Oh, elle ne pouvait pas être plus juste.
Durant sa courte vie, Blake avait rencontré de nombreux camés, elle était déjà allée dans leur maisons —quelques-uns étaient des potes de Oliver— mais jamais encore elle n'avait vu un taudis pareil.
Une sorte de bungalow sur pilotis — blanc a la surface décrépis— trônait au centre d'un amas de hautes herbes, de carcasses de voitures et d'autres objets qu'elle n'aurait su identifier.
— Ça me plait pas, tout ça.
Pope se rongeait le sang à l'arrière, tandis que JJ freinait brusquement.
— Pourquoi on est chez Barry ? Gémit le garçon.
— J'en ai pour une seconde.
Le regard de JJ était braqué sur la maison —si l'ont pouvait appeler cela une maison— et il ne voyait rien d'autre. Il ouvrit la portière, et la refermait dans un même temps.
Blake, les converses reposant sur le tableau de bord, lançait un regard soucieux à John B. Il s'humectait les lèvres, acquiesçait, et comme un seul être ils s'extirpèrent du véhicule.
Le blond montait déjà les marches du perron, quatre par quatre.
— Tu vas où ? Fit John B, fronçant les sourcils.
— Je suis la justice, déclarait JJ dans un espagnol approximatif.
Il avaient atteint le porche. Pope lorgnait un œil dubitatif sur ses amis.
— Vous avez compris, vous ?
Oliver haussait les épaules.
— Nope.
— Moi si, soupirait Blake. Quel con.
Les mains dans les poches de son sweat, elle fit mine de s'avancer.
— Je viens avec toi, pestait John B en lui chopant la capuche. Il me fatigue.
Ensemble il pénétrèrent l'habitation. Blake fut surprise de ne pas voir la poignet rester dans sa paume lorsqu'elle tirait dessus, celle-ci ayant rouillée depuis belle lurette.
A l'intérieur, des bruits de fracas s'élevaient. Dans la cuisine —qui faisait également office de salon— JJ retournait chaque centimètre carré. Blake s'épaulait au chambranle.
— Qu'est-ce que tu fous ?
Il pivotait une demi-seconde vers elle, le regard un peu fou, avant de reprendre son inspection.
— Il est dit que celui qui nous a volé, citait-il jetant un coussin au loin. Devra être volé en retour.
— J'ai pas tout compris, grignait John B.
— Œil pour œil.
Le blond s'activait dans l'espace comme un lion en cage. John B passait devant Blake pour le retenir par les épaules.
— C'est super, mais t'as pensé aux conséquences ? Il sait qui on est !
C'était vrai, et c'était pas bon. Avoir un dealer énervé aux trousses était déjà assez merdique, si en plus ils en rajoutaient en le cambriolant, elle ne donnait pas cher de leur peaux.
En tout cas JJ, orgueilleux, semblait n'en avoir rien a faire.
— Il me fait pas peur.
Bousculant un peu son ami, il traçait vers l'arrière du bungalow. John B levait les bras au ciel, Blake soupirait en s'approchant de lui.
— Allez viens cowboy, vaut mieux le suivre.
Il secouait la tête, les muscles tendu.
— Vas-y toi, moi je vais le frapper.
Compréhensive, elle lui fit un petit sourire, avant de marcher sur les pas du blond. Cette fois c'était à la chambre —plus proche d'un dépotoir, au vu de la quantité de déchets— de Barry qu'il s'attaquait.
— Et voilà.
Du placard entrouvert, il avait tiré un sac à l'apparence louche, qu'il renversait sur le lit. Une flopée de billets vert s'étalaient sur le drap. Avec un rictus satisfait, il entreprit de fourrer les liasses dans son propre sac.
— Lâche ça !
Deux mains lui attrapèrent les poignets. Blake —qu'il n'avait pas entendu le suivre— le dévisageait. Ses iris reflétaient un profond agacement, et une pointe d'inquiétude qui s'étendait dans ses billes brunes.
— T'inquiètes je sais ce que je fais.
— Non, rétorquait-elle. Tu déraille complet JJ. Ce truc appartient au dealer de ton père, il sait où t'habites.
Il se soustrait brusquement a sa prise, une moue —qu'elle n'aimait pas du tout— aux lèvres.
— Et alors ? Il peut venir.
Visiblement il était impossible de le raisonner. Il fichait les derniers billets dans son sac, avant de le passer sur son épaule.
— Et voilà, c'est réglé.
En l'ignorant complétement, il repartit vers le salon. Blake suivit son dos du regard, indignée, vexée et contrariée. En grognant, elle tirait le rideau pour rejoindre les garçons.
Tout son être transpirait de ressentiment.
Apparemment elle n'était pas la seule à répudier l'attitude exécrable de JJ. Juste devant le frigo, John B avait attrapé son ami par les bras, pour le maintenir fixe, l'air franchement mécontent.
— Si tu continues comme ça, tu finiras comme ton père, tu com-
Sans crier gare, JJ chopait le col de la chemise du brun, le poing serré.
— Attention à ce que tu dis.
— JJ !
Il ignorait le cri de Blake, mais sa prise se desserrait légèrement.
— T'en as pas marre de te faire avoir ? Fit-il d'un ton las.
— C'est pas le problème, on s'en fout.
— Pas moi.
Lâchant son ami, il le contournait pour sortir du bungalow devant l'air ahurie des deux restants. Blake s'avançait vers le brun, posant doucement une main sur son avant-bras.
— Ça va ?
Il posait sa main sur la sienne en grimaçant.
— Ouais, mais faut qu'on le rattrape, il déconne grave.
Elle n'aurait pas pu être plus d'accord. Ils partirent vers l'extérieur.
Au moment où Blake poussait la moustiquaire, John B la dépassait avec impatience. Roulant des yeux, elle descendit les marches du perron. Dehors, Kiara faisait déjà la leçon au blond.
— On cambriole des dealers maintenant ?
— Barry va s'en rendre compte, pestait Sarah. Il se vengera.
Plusieurs plis barraient front du garçon, et il se frottait le sourcil. Pope lui mit un petit coup dans l'épaule.
— C'est pas le moment pour ces conneries.
JJ, en ayant marre d'être pris pour cible, le repoussait.
— Ça vous a plu qu'il vous braque ?
Tous s'étaient mis en cercle autour de lui, il était cerné et ça ne devait pas aider sa nervosité. Blake fit un pas.
— Bordel, grognait-elle. On s'en branle là ! T'es entrain de déclencher une guerre, on a pas besoin de ça JJ.
Il fit un pas aussi, et ils se retrouvèrent quasiment front contre front.
— C'est lui qui a commencé.
— Et ensuite ? Bougonnait-elle pas impressionnée. T'as sept ans ou quoi ? Grandis un peu.
— Il t'as braqué ! S'emportait-il rouge de colère. Ce fils de pute a collé son flingue sur toi, et je devrais pas réagir ?
Il empoignait férocement son poignet comme pour la secouer, et elle émit une plainte, plus de surprise que de véritable douleur.
— Calmes-toi !
La silhouette John B s'interposait, poussant le garçon loin de Blake. Elle rabattit son poignet contre elle, la marque rouge s'estompait déjà.
— Écoute, tentait de l'apaiser le brun. On doit aller chercher l'or.
Au lieu de le confronter, JJ avait la tête tourné vers Blake, cherchant ses yeux. Et au moment où il les trouvaient, remontant lentement vers lui, il sentit le sac lui être retiré des mains.
— Donne moi ça, ronchonnait John B. On le remet.
John B essayait de partir vers le bungalow, mais JJ le plaquait violemment au van.
Le métal se pliait sous l'impact, dans un bruit atroce. Les épaules de Blake tressautèrent, et elle voulut s'en mêler mais un bras entouré sa taille.
— Laisse les régler ça entre eux, susurrait Oliver.
C'était très agaçant mais il avait raison. Croisant les bras sur la poitrine, elle observait la scène, le cœur lourd. Elle ne supportait pas de les voir se disputer.
Levant un sourcil provocateur, John B ne se laissait pas démonter par l'attitude menaçante de son ami.
— Tu te prends pour un dur ? Tu vas faire quoi quand il viendra pour nous ?
— On le frappe à la gorge.
John B reniflait ironiquement.
— Super idée, JJ.
Figés, personne ne bougeait. Kiara émit tout de même un claquement de langue, consternée.
— Je le remettrai pas, se décidait le blond en reprenant son butin.
Il entrait dans le van, sur les nerfs. Tous s'échangèrent des regards préoccupés.
— Vous venez ou quoi ?
Là encore, personne ne bougeait, ni même lui répondait.
Il fermait les yeux un long moment, pris une grande inspiration et bondit hors du van, nerveux.
— Quoi ? Demandait-il plissant les lèvres.
En fait, il semblait sur le point de pleurer, ce que seule Blake semblait remarquer.
Il masquait son trouble derrière son air narquois, mais elle le connaissait bien désormais.
Il se sentait acculé par les gens qu'il aimait le plus, il était profondément blessé mais trop fier pour se remettre en question.
Du moins, pas pour l'instant.
— Ça suffit tes conneries, soupirait John B.
— Mes conneries ?
— Oui, tes conneries.
Poings sur les hanches, il affrontait le regard épuisé de son meilleur ami, en hochant la tête.
Sa lèvre inférieur tremblait légèrement, et le cœur de Blake se serrait.
— Tu menaces des gens avec des flingues, renchérit Kie.
— Tu te comportes comme un dingue, ajoutait Pope.
Sur le point d'imploser, JJ se mit à hurler pour se défendre.
Mieux valait s'énerver, que pleurer.
— Non, pas toi Pope. Je me suis dénoncé pour toi ! Tu sais combien je leur dois ?
— Je paierai, ripostait le brun touché. Je t'avais rien demandé.
— Je vais le faire, je vais rembourser. Ici, maintenant, tout seul.
Ses yeux passèrent sur tout le groupe, sa langue raclant sa joue.
Il s'arrêtait sur chacun des membre, quand il tombait sur Blake et son expression affligée —elle était très inquiète pour lui— il ne put le soutenir. Il se détournait, lâchant un juron.
— Vous savez quoi ? Fulminait-il, hostile. Je vais faire ça.
Récupérant le sac, il s'éloignait à grandes enjambées.
— Dégager, finit-il. Et me démerder tout seul !
— JJ ! L'appelait Pope.
— Laisse-le, sifflait Kiara.
Les épaules voutées, il ne se retournait pas. Blake mordit sa lèvre, en le regardant partir.
Puis secouant sauvagement la tête, elle se mit à courir pour le rattraper.
John B dans son dos lui criait de revenir.
— Blake !
Bon sang, il était rapide, il avait déjà atteint les limites de la propriété.
Blake accélérait le pas.
En entendant les branches craquer derrière lui, JJ fit une brusque volte-face.
Juste à temps pour se prendre la blonde en plein torse.
Elle luttait pour garder l'équilibre, et il l'aidait en agrippant ses hanches des deux mains.
Stabilisée, elle laissait reposer les siennes le long de son corps, pas sûr qu'il soit d'humeur à ce qu'elle le touche —bien qu'elle en ai furieusement envie.
— Pourquoi tu me suis ?
Fouillant son regard brillant, elle fronçait les sourcils.
— Parce que t'es un crétin, et que je te laisserai pas seul.
Il retirait ses mains, croisant les bras sur son torse, comme un rempart.
— J'ai pas besoin de toi.
— Si.
— Non.
— Si.
— Putain.
Reculant d'un pas, il s'humectait les lèvres. Elle était trop bornée pour lui, spécialement dans cet état de nerfs.
Il exhalait longuement, tout à coup très sérieux.
— Écoute, fit-il les traits durs. Faut que je règle ce bordel.
— Je sais.
Il balançait la tête en arrière, un petit rictus aux lèvres.
— Seul, complétait-il. Je t'appelle quand j'ai terminé.
— Ouais ?
Cette fois, il sourit franchement.
— Ouais.
Jetant un coup d'œil aux alentours, elle vit les autres l'attendre —bien qu'ils ne ressemblaient qu'a des formes depuis cette distance— et Oliver danser d'un pied à l'autre, pas très a l'aise.
Elle se raclait la gorge, revenant vers le surfeur.
— Okay, acceptait-elle plus ou moins rassurée. Fais gaffe à toi.
— Tranquille.
— JJ !
En ricanant, il se penchait vers elle, pressant ses lèvres contre sa joue.
— Je ferais gaffe, murmurait-il contre sa peau.
Aussitôt, il fit demi-tour et bientôt on ne l'apercevait même plus. Blake pivotait sur ses talons, rejoignant les autres, les mains dans son sweat.
— Crétin, sourit-elle.
- Gigi
N'HÉSITEZ PAS, VOTEZ ET COMMENTEZ <3
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