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𝟑𝟐. what in the multiverse

— NON ! Se débattait-elle.

Elle allait les tuer, tous les deux. Les enterrer dans un coin tranquille, ou les jeter aux requins peut-être ? Elle ne savait pas encore, mais ce n'était pas l'imagination qu'il allait lui manquer.

Oliver et John B, les deux traitres, l'avait sortit du canapé de ce dernier tôt dans la matinée —autant dire qu'elle n'était pas de bonne humeur— mais en plus, il avait fallut qu'ils profitent de son état de somnolence, pour la conduire sans consentement dans le pire endroit sur terre.

Des cernes bleus entourant ses yeux, la tignasse emmêlée, ses converses aux pieds, elle était plantée au beau milieu du jardin d'Adam Knight. Fermement maintenu sous les bras —l'empêchant ainsi de fuir— par les deux garçons, dont elle rêvait de se débarrasser de manière permanente.

— Il faut que tu lui parles, persistait Oliver peinant a la maintenir tranquille. Laisse lui au moins une chance.

— Non ! Pas moyen.

John B, qui manquait de se prendre un coude en pleine poire, raffermit sa prise.

— Bex tu vas y aller, grognait-il. D'une, parce que tu peux pas squatter chez moi toute ta vie. Et de deux, parce que je me fais harceler par Sienna depuis trois jours !

Surprise, elle stoppait ses mouvements, fronçant les sourcils.

— Pourquoi est-ce que Sienna t'appelle ? Demandait-elle suspicieuse. Et d'abord, pourquoi elle a ton numéro ?

Il déglutit, détournant le regard pour s'intéresser à une bergamote. Ce n'était pas la première fois qu'il se défilait sur ce sujet. Chez lui, et maintenant ça. Sauf que là, elle était remontée.

De plus en plus impatiente, elle tirait un grand coup sur son bras, le dégageant de sa poigne.

— Okay, maintenant j'en ai marre, c'est quoi le délire entre mon père et t-

— Blake !

Sauvé par le gong —encore une fois— ou plutôt Sienna. Sur le perron, dans une tenue simple, son visage d'ordinaire matte était aussi pâle qu'une aspirine. Blake la dévisageait d'un œil mauvais.

Probablement qu'elle n'aurait pas dû lui en vouloir —après tout Sienna n'y était pour rien— mais c'était plus fort qu'elle. Pour Blake, elle était associée a Adam, et en cet instant, l'un comme l'autre étaient des cibles à abattre.

— Qu'est-ce que tu veux ? Attaquait-elle mordante.

Sienna descendit une marche, peu confiante.

— Simplement te parler.

— J'ai rien a te dire. Ah si, va te faire voir ! Et toi-

La mâchoire contracté, aussi fermement que ses poings, elle plantait son regard dans celui de John B.

— Toi t'es un vendu, complétait-elle. Comment t'as pu m'emmener ici ?

Facile. Contrairement a Oliver —qu'elle allait vraiment finir par rebaptiser Judas— il n'avait aucune idée de son désaccord avec son paternel. Et pourtant, la peine qu'il lut dans les iris sombre de son amie, le fit amèrement regretter.

— Pardon.

Ce petit mot qu'il lâchait du bout des lèvres, l'air affreusement sincère, était suffisant pour Blake. Fermant les paupières, elle soupirait.

— C'est bon, laisse tomber.

Pas le temps pour les excuses, Sienna était arrivée à leur hauteur. Son nez était rouge, et ses yeux gonflés, elle avait pleuré ? Blake eu un léger pincement au cœur.

— Tu veux bien rentrer ? Demandait-elle esquissant un petit sourire. S'il te plait ?

Blake creusait les joues, tapant du pieds nerveusement.

— Il est là ?

— Oui, avouait difficilement la brune.

Elle le savait, en lui annonçant la présence d'Adam, elle réduisait les chances qu'elle accepte de l'écouter, mais elle se refusait à lui mentir. Pas à nouveau.

— Okay.

Impassible, elle s'écartait brusquement de Oliver —le dernier à la tenir— puis traçait son chemin jusqu'à l'intérieur de la maison. Les trois autres l'observèrent, pantois, avant de s'activer à leur tour.

Elle trouvait son père dans le salon. Assis sur un fauteuil, les coudes sur les genoux, le visage entre les mains. Il avait l'air piteux, et elle s'en satisfaisait.

Sans prendre la peine de le saluer, elle s'installait en face de lui, sur le canapé. Bras croisés, menton haut, le regard perçant, elle s'était armée d'une épaisse armure, celle de la désinvolture.

— Adam ? Appelait sa femme en entrant. Ils sont là.

Brusquement, il relevait la tête. Ses yeux se posèrent sur Sienna, puis sur sa fille, qu'il n'avait pas entendu arriver, et son visage se décomposait.

— Alors, fit la brune en triturant son alliance. Les enfants, vous voulez quelque chose à boire ?

Comme attendu, Blake l'ignorait. En revanche, les deux garçons, qui s'asseyaient de par et d'autre de leur amie, bien élevé, lui offrirent un sourire.

— Un jus d'orange pour moi, déclarait John B.

Oliver hochait la tête.

— Pareil. Merci Sienna.

Ravie, elle disparut, revenant quelque instants plus tard avec un plateau, fournis de verres mais aussi de biscuits en tout genre. Elle devait être vraiment mal en point, parce que —comme le constatait la blonde avec une pointe d'étonnement— aucun des apéritifs présent n'était bio.

Durant les cinq courte minutes de son absence, un silence angoissant avait pris place dans la pièce, dérangé seulement par le claquement régulier de l'horloge. Personne n'était à l'aise.

Adam s'enfonçait dans le velours de son fauteuil, fusillé du regard par sa fille. John B observait ses pieds, et Oliver tapotait sa cuisse, en fredonnant, dans son monde.

Sienna se perchait sur le bras du fauteuil d'Adam, la bouche serrait en une ligne dur.

— Blake, lançait-elle attrapant la main de son mari. On est vraiment désolés. Aucun de nous ne pensaient à mal, je t'assure.

— Hum.

Des excuses, encore et toujours, des excuses. Blake en avait marre.

— Qu'est-ce qu'on peut faire ? Dit Adam. On est prêt à tout.

Roulant des yeux, un rire étranglé échappait à la blonde.

— Qu'est-ce qu'on peut faire ? Répétait-elle mordant sa lèvre. Commences par arrêter de dire "on". Tu m'as mentis. Tu es mon père. Et tu es un salopard.

Au moins, c'était dis. Les garçons toussotèrent, s'étouffant a moitié dans leur jus. Quant à Adam, il se rembrunit. Un muscle sur sa joue tressautait.

— On est une famille Blake, ripostait-il, rouge de frustration. Et une famille ça règle les problèmes, ensemble.

Alors là, c'était trop. Un flot de bile, amer et froid, remontait à la gorge de Blake.

— Tu oses dire que t'es ma famille ? Hurlait-elle, cette fois franchement excédée. Mais t'étais où quand j'allais mal, quand j'avais besoin de quelqu'un, quand j'avais besoin de mon père ? T'étais pas là.

Dans un élan de colère brute, elle se relevait, prête à quitter les lieux. Elle n'aurait jamais dû accepter d'entrer. Évidemment qu'il allait se montrer con. Savait-il seulement faire autrement ?

— Assis toi.

Ce n'était pas Adam qui avait parlé, mais Sienna. Son visage marqué par un air tendrement sévère — si peu habituel— ne laissait pas de place à la réplique.

De fait, sous le coup de l'étonnement, Blake se rassit.

— Quant à toi Adam, boucle là.

Visiblement, Blake n'était pas la seule a ne plus supporter l'hypocrisie de son père.

Croisant les bras sur son torse, Adam bougonnait un peu mais finit par capituler, se tassant un peu plus dans son fauteuil.

— Ma grande, fit Sienna, penaude. Il doit y avoir quelque chose qu'on peux faire, ton père ou moi, dis le nous simplement.

Son regard franc, brillant de bonne foi, scrutait l'adolescente. Face a cette expression, Blake sentit sa défense faiblir. Sa belle-mère était pleine de bonnes intentions, son père était peut-être un con, mais elle, au final, ne lui avait rien fait.

Faisant un gros effort, la jeune femme soupirait.

— Ouais. Ça arrangera pas tout, je vous préviens.

Blake marquait un silence, songeuse.

— Mais j'en ai ma claque d'apprendre de nouveaux trucs sur ma propre famille, tout les deux jours. Alors, plus de secrets. Je veux tout savoir.

— Tout ? Maugréait son père.

Sans ciller, elle le dévisageait, arquant un sourcil.

— Oui, Adam. Tout.

Nonchalamment, il passait une main derrière le corps de sa femme, en croisant ses jambes, un pied sur l'autre.

— Je crois qu'on a plus rien à cacher, admit-il avec un simulacre de sourire. Donc c'est réglé.

Blake se tendit, sur le qui vive. Vraiment ? Plus rien ? C'était d'une part surprenant, et d'une autre plutôt concevable. Avec tout ce qu'elle avait apprit cet été, il était possible qu'elle ai fait la lumière sur tous les mystères de cette foutue famille.

 Pourtant, une boule se formait dans sa gorge, quelque chose n'allait pas.

— Ah bo-

Une voix grave, la coupait.

— Adam !

Celle de John B.

Le regard acéré, il fusillait le couple. Secouant la tête, harassé, il reposait son verre, qui claquait sur la table.

— Dites lui.

Les yeux de Blake se rétrécirent.

— Me dire quoi ?

— John B, soufflait Adam. Ce n'est pas mon secret, ce n'est pas a moi de lui dire.

— Mais me dire quoi ?

Une conversation silencieuse semblait se dérouler autour d'elle. John B regardait Adam. Adam regardait Sienna. Sienna ne regardait personne, les yeux fixés sur le biscuit, entre ses long doigts.

— Sienna, insistait le garçon. Dis lui, sinon je le fais.

Alors que Blake s'apprêtait à réitérer sa question, une troisième fois, la brune prit une grande inspiration.

— Très bien.

Le cœur lourd, elle déposait son biscuit sur l'assiette, frottant ses mains pour se débarrasser des miettes, ou de la nervosité —en tout cas d'un des deux.

— Il y a quelque chose que tu ne sais pas, confessait-elle.

— Ouais, ça, j'avais cru comprendre.

Impatiente, elle carrait les épaules, prête à tout entendre. Enfin, elle l'espérait. Honnêtement ça ne pouvait pas être pire que le secret sur la mort de Billy, pas vrai ?

— Ça concerne ma famille, reprit Sienna. Et John B.

Sa famille ? Du peu qu'elle en savait —ça ne l'avait jamais assez intéressée pour demander— Sienna n'avait pas de famille. Ses parents étaient morts, et elle était fille unique, en tout cas c'est qu'elle avait entendu dire.

Blake cherchait les yeux du garçon, mais il se détournait habilement, plongeant le nez dans son verre de jus. Agacée, elle préférait se reconcentrer sur Sienna, qui broyait —d'une main de fer— le poignet de son paternel, les traits tirés par la nervosité.

— John B ? Radotait Oliver, incrédule.

Ayant quasiment —ce qui relevait de l'exploit au vu de son tapement de pieds intempestif— oublié la présence du métisse, les deux femmes sursautèrent. Oliver ne se vexait pas, en vérité ça le faisait plutôt rire.

Un soupir las, échappait des lèvres de la brune.

— Oui. John B est-, et bien il est mon-

Elle s'interrompit, avalant une gorgée de son eau. Sentant l'angoisse monter en elle, Blake passait les yeux sur son ami —qui déviait toujours le visage, cette fois passionné par ses lacets— puis sur sa belle-mère. Sa famille, et John B ?

Le déclic se fit, elle battit des cils.

— Attends, s'exclamait-elle. T'es quand même pas la mère de John B ?

Sienna s'étranglait avec son eau. D'un geste compatissant, son mari lui tapotait le dos.

— Non ! Contredit-elle en toussant. Je suis pas sa mère, je suis sa-

De nouveau un silence. Ça lui coutait apparemment beaucoup de le dire. Elle inspirait, fermait les yeux.

— Sérieux ? Grognait John B. C'est ma tante !

Quoi ?

Pas sûre d'avoir bien comprit, Blake fit le tour des têtes.

Adam serrait les dents. Sienna baissait les yeux sur ses talons. John B haussait les sourcils, ouvertement exaspéré. Et Oliver —reflétant sa propre expression, au détail près— avait la bouche entrouverte, et les yeux arrondis. Preuve qu'elle n'avait aucun problème d'audition.

— C'est quoi ce délire ? Explosait enfin la blonde. Je croyais que t'avais pas de famille ?

Sienna se redressait, avec une moue, Adam se mit a lui frotter plus vigoureusement le dos.

— C'est le cas.

— Bah merci, grommelait John B.

Elle émit un gémissement de frustration.

— A part toi, s'empressait-elle de corriger. Tu le sais.

— Moi je le sais pas, protestait Blake, au bord de la crise, avant de se tourner vers son ami. Tu peux m'expliquer ?

Les deux adultes lui jetèrent un regard d'avertissement, qu'il ignorait. C'était l'une des choses que la blonde aimait le plus chez lui —sauf exception très rare ou situation d'urgence— il était très honnête. Chose dont elle était irrévocablement incapable.

— Ouais, opinait-il. Sienna est la sœur de ma mère.

— Ta mère ?

Pourquoi était-elle si surprise ? Il devait bien en avoir une, tout le monde en avait une, même si parfois —et elle parlait d'expérience— il ne valait mieux pas.

— Oh la vache, marmonnait Oliver en se ratatinant, le poing devant la bouche. C'est le multivers.

— Attends deux secondes, inspirait Blake.

Ses sourcils étaient si froncés qu'il formait presque une seule et même barre. Son cerveau fumait, et elle avait soudain chaud, comme prise de fière.

Les personnes autour d'elle la fixait avec curiosité et un brin d'anxiété. Finalement, son visage se déridait.

— Non. J'ai beau essayé, ça n'a pas de sens.

C'était trop abracadabrant, même pour elle. Et peut-être importe comment elle retournait cette histoire, elle ne trouvait pas d'issue censée.

— C'est vrai que c'est chelou, plaidait Oliver en sa faveur. Pourquoi vous avez rien dit ? En soit on s'en tape non ?

Blake claquait sa langue. Non, on s'en tapait pas du tout, mais il relevait un point important.

— C'est une longue histoire, se défendit Sienna.

Elle se passait une main dans les cheveux, et les yeux de Blake rétrécirent.

Ce geste, John B et elle le faisait exactement de la même manière. Ce n'était d'ailleurs pas le seul point commun. La fossette à la joue, la tignasse brune tirant sur le châtain et leur nez, identique. Si John B avait pris les yeux de son père, son nez venait clairement de son côté maternel.

Avait-elle été aveugle ou complétement stupide ? Surement les deux.

— J'ai tout mon temps.

— Je ne sais même pas par quoi commencer.

— Le début ? Suggérait Oliver.

Sienna acquiesçait, pinçant les lèvres. Adam l'encourageait en pressant sa main sur son épaule.

— Ma sœur est, articulait-elle difficilement. Et bien c'est quelqu'un de compliqué. Elle a abandonné John B quand il avait trois ans.

Oh.

L'adolescente coulait un regard vers son ami. Il faisait tourner la dernière goutte de jus au fond de son verre, tendu au possible. Elle eu un élan de sympathie pour l'enfant qu'il avait été, personne ne méritait de vivre ça —à nouveau, elle le savait d'expérience.

— On a plusieurs années d'écart, et on ne s'est jamais très bien entendu, elle était plus âgée, aigri et elle était tellem-

— Stop.

La main dressée entre elles —au dessus de la table en acajou, Blake intervint sans grande politesse.

— C'est pas que ça m'intéresse pas Sienna, mais tu veux bien accélérer ? Nous dire pourquoi vous cachez le fait que JB sois ton neveu serait plus utile.

 Adam se crispait sur son fauteuil, redressant son buste, mais Sienna reprit avec bienveillance:

— Oui, bien sûr, mais je pense que ça va te paraitre ridicule.

Blake reniflait.

— Tente toujours.

— Tu sais que que j'ai une entreprise, pas vrai ?

Elle hésitait une seconde, fouillant sa mémoire, puis hochait la tête.

Sienna possédait en effet une entreprise —information si peu conséquente dans l'esprit de Blake qu'elle l'avait mit à la corbeille— très lucrative. Elle faisait de l'événementiel pour personne fortunés, mariage, anniversaire, soirées mondaine. En somme, à Figure Eight, c'était pas les clients qui manquaient.

— Quand j'ai débuté j'avais rien. J'ai grandit dans le New Jersey, j'avais pas d'argent et pas d'avenir là-bas, les Outer Banks c'était un nouveau départ pour moi.

Avec son maquillage impeccable, ses cheveux tirés, et son élégance innée c'était assez déroutant de se dire que elle et sa belle-fille avait une histoire similaire.

— Quand je suis arrivée ici j'avais nul part où aller, Big John m'a accueillit chez lui.

— Pas ta sœur ? S'étonnait Oliver, très attentif.

Sienna déglutit, lançant un coup d'œil maussade à John B.

— Elle était déjà partie depuis deux ans, grimaçait-elle.

Le brun se rembrunit, et sa tante s'empressait de continuer.

— J'ai vite compris que ici tout était une question de paraitre. C'est une petite île, tout le monde se connait et-

Elle fit une pause, pour avaler une gorgée d'eau.

— Ta famille fait beaucoup dans ta réussite, finit-elle. Et la mienne était assez, enfin-

— Dérangeante, complétait John B. Donc elle s'est barrée.

Lassé de se défiler, il roulait des mécaniques, détendant ses muscles. Puis il lorgnait vers ses deux amis, qui l'observaient comme le messie.

— Mon père a toujours était vu comme un taré par les gens d'ici. Nord ou sud, ça faisait pas de différence.

Forcément, songeait Blake. Un homme adulte qui ne s'intéressait et ne parlait que de chasse aux trésors, il y avait de quoi jaser. De plus, avec sa longue barbe mal soignée, sa chevelure descendant négligemment sur ses épaules et ses énormes lunettes ronde, le père de John B était le cliché du détraqué.

Malgré tout, ce n'était pas une raison suffisante pour renier sa famille.

— Alors quoi ? Grondait la blonde. T'as juste fait genre que tu les connaissais pas ?

Touché, Sienna tressaillit.

Ouvrant la bouche trois secondes, prête a se justifier, elle la refermait d'un coup sec. Blake ouvrit de grand yeux, hallucinée.

— Attends tu plaisantes ?

— J'étais jeune et pleine d'ambition, fit-elle la voix vacillante. C'était idiot, je le sais maintenant. Comprends juste que ça m'a permis de me faire un nom.

— Ouah, très classe.

Estomaquée, Blake ne savait quoi dire d'autre.

Ce qui la perturbait le plus dans tout ça, c'était cette pointe de déception qui lui brûlait l'œsophage. Jamais elle n'aurait cru un jour avoir d'assez de considération envers Sienna pour que celle-ci puisse la décevoir, et pourtant elle en était là.

— Excusez-moi, les interpellait Oliver. J'ai une question.

Il levait la main comme en primaire et ça réussit à tirer un léger sourire à Blake.

— Dites moi si je dis des conneries, mais John B  se fait courser les fesses par les services sociaux depuis que je le connais, puisque t'es sa tante pourquoi il vit pas ici ?

Bonne question. Ce garçon aurait été très bon dans un film policier.

Curieuse d'entendre la réponse, Blake s'affalait dans le canapé en croisant les bras sur sa poitrine, un sourcil arqué. Sienna, mitraillée de par et d'autres par des regards insistants, bredouillait.

C'est John B qui la tirait de ce mauvais pas.

— Elle m'a demandé de venir.

Blake pivotait vers lui alors que Sienna lui adressait un regard reconnaissant.

— Et après ?

Il soupirait un grand coup.

— Déjà voulais pas quitter le Château, puis-

— Le juge a refusé a cause de mon casier, répondit Adam d'une voix enroué.

Forcément. Le casier judiciaire d'Adam Knight était probablement plus épais que l'ancien testament. Ses frasques et entorses a la loi avait été nombreuses dans sa jeunesse.

Ce n'était donc pas étonnant qu'un juge lui refuse la garde d'un enfant. Après tout c'était précisément ce casier qui avait fait penché la balance du coté de Becky au tribunal lors du procès pour la garde de Blake—le fait qu'Adam aient laissé ses enfants n'avait pas aidé non plus. Malgré ses maigres revenus et son cadre de vie dérisoire, elle avait tout de même remporté.

Les iris de Blake se teintèrent de mépris.

— Bah voyons, comme toujours t'assures Adam.

Cette fois, passablement agacé par son insolence coutumière, il répliquait.

— Un conseil jeune fille, tu devrais éviter de me lancer sur le sujet.

L'entendre la houspiller après tout ce qu'il avait fait semblait étrange, déplacé même.

— Sinon quoi ?

Impertinente, elle s'inclinait, rictus aux lèvres. Malheureusement, ce n'était pas l'un de ses sourires frais et plaisant, non celui-ci était narquois et plein de froideur.

Adam se raidit, l'air revêche, ça allait barder.

— Sinon, embrayait-il. Je te colle dans un bateau, et tu fais un aller simple pour Miami.

— Adam ! Jappait Sienna.

Le rictus de Blake retombait aussitôt, transformé en expression figée. Rien qu'a l'idée d'y retourner, les larmes lui montait aux yeux.

Son père n'avait plus une once de compassion en lui. Il n'en avait plus rien à faire. Elle savait qu'elle l'avait cherché, la corde était fine et elle avait tirée jusqu'à la rompre.

Alors elle ravalait les sanglots qui lui obstruait la gorge, le regard droit.

— Fais donc.

Les garçons s'étaient eux aussi raidis, mais ne bougeaient pas d'un pouce. Elle savait qu'ils la défendrait, elle le voyait dans leur posture, seulement c'était entre son père et elle.

Ce dernier ne décolérait pas, et fermait les poings sur ses cuisses.

— Blake, susurrait-il entre ses dents. je pense que tu serais mieux chez ta mère.

Elle explosait.

— Mieux ? Mais qu'est-ce que tu en sais ? Tu as idée de ce que je vis là-bas ? Bien sûr que non parce que lâche comme tu es, tu n'as jamais pris la peine de revenir ! Tu m'as laissé seule avec elle. Tu savais qu'elle me fracassait ? Hein, papa ? Tu le savais, tu t'en doutais  ?

La rancœur qu'elle éprouvait pour lui était infinie. S'était-il excusé après l'avoir abandonnée ? Non, il avait tenté de l'acheter mais jamais il n'avait fournit le moindre simulacre de regret. Et désormais, fier comme un coq dans sa grande maison, il jouait au père ?

— Oh mon dieu.

Un monstrueux bruit de verre, fit sursauter la jeune femme. Sienna s'était relevée, une main devant sa bouche, l'œil larmoyant. Son verre de jus était étalé a ses pieds, tachant le tapis crème.

C'est a ce moment, en voyant sur elle quatre regards effarés, qu'elle comprit ce qu'elle venait d'avouer. Elle l'avait dit, elle avait dit ce que sa mère lui faisait subir, à voix haute. Son estomac se retournait. Il fallait qu'elle vomisse, immédiatement.

Sans un mot, elle tournait lentement les talons, avançait de deux pas et se mit à courir. Se prenant plusieurs coins de murs dans sa course effrénée.

Tout son corps tremblait alors qu'elle ouvrait la porte d'entrée. Ses jambes se dérobaient sous elle, et avant qu'elle ne comprenne, son corps s'était étalé sur les graviers, à quelques centimètres seulement du portail.

Son cœur était sur le point d'imploser, cognant contre sa cage thoracique avec rage.

Les pensées qui s'était rassemblées au fond de son esprit depuis son départ, la frappèrent de plein fouet. C'est ta faute. Sale pute. Tu aurais dû mourir à sa place. Pourquoi ça n'a pas été toi ? Cette voix, celle étranglée de Becky. Elle se déversait, comme une lame lacérant au plus profond d'elle.

La boule de son estomac, remontait, remontait, remontait. Et alors qu'elle pensait qu'elle allait vomir, elle se tordit dans un sanglot déchirant. Un cri de désespoir, celui de l'enfant en elle.

Les mains férocement agrippées à l'herbe autour d'elle, elle pleurait. Son corps secoué de violent soubresaut elle se déchainait. Par cette eau salée roulant le long de ses joues, débordant d'une douleur qu'aucune personne n'aurait dû connaitre, encore moins à dix-sept ans.

Une masse chaude la tirait en arrière, l'a faisant s'assoir contre elle. C'était un corps, en fait il y en avait peut-être deux.

Aveugle —la vision obscurcit par les larmes—elle se laissait aller contre le torse qui la berçait en douceur. La seconde personne posait ses mains sur ses joues rougies, dégageant ses cheveux humidifiés de son visage.

— Chut, je suis là.

Oliver.

— Pardonne moi, pardonne moi, pardonne moi.

Adam.

Il la tenait contre son corps, la balançant doucement, les bras encerclant sa taille. Les reniflements de Blake redoublèrent. Il ne l'avait plus enlacé comme ça depuis des années, et ce n'était que maintenant qu'elle se rendait compte d'a quel point ça lui avait manqué.

Fermant les yeux, serrant la mâchoire, elle tentait de reprendre son souffle, en vain. Elle haletait, seulement capable d'inspirer par la bouche.

— Ça va aller Canaille, fit Adam dans ses cheveux. Respire avec moi d'accord ? Un, deux-

Progressivement, guidée par son père, l'oxygène revint. Au bout d'un temps, elle soupirait longuement, vidée.

— C'est bien trésor.

Épuisée, Blake tenait à peine sur ses guibolles quand elle se séparait finalement de son père. Sa vision s'était dégagée, le nuage noire était partit, assez en tout cas pour qu'elle voit Oliver lui décochait un large sourire, l'œil humide.

— Tu ressembles à rien, pouffait-il.

Avec le peu de force qui lui restait, Blake se joignit à son rire. Mélange de stress, de soulagement et d'amour.

— Tu te sens mieux ?

Doucement, ayant presque peur que ce ne soit un rêve ou un cauchemar, elle fit volte-face. Adam était bien là, le visage blême, une moue inclinant amicalement ses lèvres.

— Oui, merci.

Sa voix était lointaine, comme appartenant à une autre.

— D'accord, se contentait-il de répondre. On rentre ?

Elle acquiesçait.

Adam connaissait sa fille. Lui et elle se ressemblaient. La dernière chose dont Blake avait envie c'était de parler de ce qui venait de se passer. Elle n'avait ni la force, ni l'énergie et encore moins le courage.

Délicatement, par peur de la brusquer, Adam passait une main derrière son dos pour la faire avancer.

De loin le tableau avait l'air ordinaire, mais tous savaient, que quelque chose d'important c'était produit ce jour là, sur cette pelouse. Un lien perdu, avait été retrouvé.

- Gigi

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