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𝟏𝟔. dirty pogues


      LE QUARTIER DE FIGURE EIGHT ÉTAIT UN ENDROIT PAISIBLE. En tout cas, ça avait été le cas. Seulement ce matin là, dans une maison côtée en bord de plage, des cris s'élevait. Les aboiements -le mot était plus juste, d'un seul homme, Adam Knight.

— Non mais tu te rends compte ? Découcher à ton âge ! Et sans prévenir en plus, tu es fière de toi ?

Blake poussait un râle, triturant -du bout de sa fourchette, le bol de fruit que lui avait préparé Sienna. Son crâne l'a lançait, et les réprimandes de son père n'aidait pas à apaiser ses maux de tête.

— Tu peux parler moins fort tu sais ? Soufflait-elle. Mes oreilles fonctionnent.

Son père -faisant les cents pas devant la table, jetait ses bras en l'air, furieux. En rentrant hier -au petit matin, Blake ne s'était pas attendu à se faire remonter les brettelles aussitôt levée. Ce n'était pas dans ses habitudes de prévenir qu'elle sortait. En dix-sept, sa mère ne l'avait puni que trois fois -pour des broutilles, Becky se fichait pas mal de savoir où traînait sa fille. Et son père n'avait jamais été là pour la punir, enfin jusqu'à présent. 

— J'ai passé la nuit à m'inquiéter, tout ça pour apprendre par Mike Carrera, qu'il t'avait déposé à une fête chez les Thorton.

Sienna observait l'échange depuis le canapé, mordillant sa lèvre. Quant à Oliver, il avait passé la nuit sur son bateau, et n'était donc pas là pour assister au spectacle.

— Ouais, confirmait-elle en se levant pour nettoyer son bol. Je suis allé à une soirée chez Topper. Je vois pas le problème.

L'attitude paternaliste d'Adam commençait doucement à lui taper sur le système. Pour qui se prenait-il ? Rendre des comptes ce n'était pas le genre de Blake, encore moins à lui. Puis elle était déjà assez irritée par la nuit -torride, qu'elle venait de passer, il ne valait mieux pas l'a chercher. 

— Tu ne vois pas le problème ?

Son père s'approchait, le regard noir.

— Blake Kaden Knight ! Tu es mineur. Tu ne peux pas entrer et sortir comme bon te semble. Ma maison n'est pas un moulin !

Balançant la vaisselle dans l'évier, Blake fit volte-face, poing serrés.

— Je m'en tape. J'ai pas l'intention de m'excuser si c'est ce que t'attends de moi.

Adam était épuisé, mollement il s'assit sur une chaise, main sur le front. En compagne aimante, Sienna le rejoignit -lançant un regard amicale à la blonde, posant une main apaisante sur son épaule. Les phalanges de Blake, s'éclaircirent. 

— Ça ne me dérange pas que tu fasses la fête, soupirait-il après un moment. C'est de ton âge, et pour être honnête ça me rassure que tu vois du monde. Ce qui me dérange c'est de ne pas être prévenu. 

— Tu pourrais peut-être-, tentait Sienna hésitante. Nous envoyer un message, même un petit "je ne rentre pas" quand tu dors dehors ? 

Les yeux -doux, de Sienna jaugeait nerveusement l'adolescente, attendant l'explosion. Ca ne vint pas. Agacée, mais consciente de ses torts, Blake desserrait les poings.

— Okay.

C'était bref, mais cela suffit à illuminer le visage de sa belle-mère d'un grand sourire. Adam semblait s'être radouci, retrouvant son air sympa habituel. Il y avait encore beaucoup de chemin à faire entre père et fille, mais c'était un bon début. Se rappelant que les autres -enfin John B, l'avait contacté, une vingtaine de minutes plus tôt, lui disant de ramener ses fesses au Chateau, elle contournait l'îlot central.

— Je sors, prévint Blake, mal à l'aise. 

— Avec qui ?

Sienna frappait le bras de son mari -du revers de la main, lui intimant de se taire. Pour une fois que Blake coopérait, il allait tout gâcher. Comprenant sa bêtise, Adam se rattrapait.

— Enfin, est-ce que je les connais, à tout hasard ?

— Ouais, fit-elle devant l'air maladroit de son père. Hum, tu connais déjà John B. Puis y'a Kiera, la fille de Mike. Pope et JJ, mais je connais pas leur noms.

— Pope Heyward, sourit Sienna soutenant la jeune fille. C'est un bon petit.

La blonde acquiesçait -prête à partir, effectivement il était le plus réfléchit de la bande.

— JJ ? S'étouffait Adam. Le fils de Luke Maybank ?

Maybank alors, c'était ça son nom, ça lui allait bien. Blake ancrait ce détail dans un coin de sa tête. 

— Ça me plait pas que tu traînes avec ce gamin, son père est un sacré enfoi-, casse-pieds.

C'était assez marrant, de voir son père ne plus dire de gros mots, lui qui lui avait appris l'a plupart des jurons qu'elle employait. En tout cas, sa petite remarque, ne plut pas du tout à sa fille.

— Et alors ? Ricanait-elle, amer. Je devrais le juger pour les actes de son père ? C'est la meilleure.

— Qu'est-ce que tu sous-entends exactement ?

Son ton était menaçant, mais elle était plus mordante que lui.

— Que t'as vite renié ton passé, hein papa ?

Choqué -ne s'attendant pas à une telle pique, les yeux d'Adam se baissèrent, honteux.

— Sur ce, mauvaise journée à vous deux.

Retenant l'envie de lever son majeur, elle attrapait la laisse de Bodhi, attachait son chien, et claquait la porte. Sans l'ombre d'un remord.



❃❃❃❃


— Donc en résumé, on doit attendre ?

Les six acolytes -à défaut de leur trouver un autre nom, étaient installés sur le ponton du Chateau. Les jambes de Blake se balançaient dans le vide, ses pieds effleurant l'eau. Ils avaient testé le drone, ce qui s'était avéré plutôt facile -grâce aux compétences de Pope et Oliver. Le soucis était, qu'avec le ciel agité, l'appareil pouvait dévier. Donc le mieux à faire était de prier pour un temps ensoleillé et une eau calme, d'ici les prochains jours.

— C'est ça, acquiesçait Pope. Il faut attendre la météo approprié. 

— Et ce ne sera pas pour aujourd'hui, ajoutait Oliver clope à la bouche.

Effectivement, l'orage grondait au dessus de leur têtes. La blonde aimait bien ce temps, ça avait quelque chose de chaotique, en accord avec le début de sa journée.

— On fait quoi du coup ?

Kiara sortait à peine de l'eau, remontant l'échelle, des gouttes tombant de ses cheveux éclaboussèrent Blake. Celle-ci les essuyait rageusement, un frisson désagréable courant dans son dos.

— Y'a rien à faire, conclut Pope attrapant son sac à dos. De toute façon JJ et moi on dois y aller, mon père a besoin de nous pour livrer du poissons. 

Dressant son oreille, attentif, Oliver se tournait vers le brun tout sourire.

— Du poisson ? Je peux venir ?

— Euh, oui, pourquoi pas.

— Génial !

Excité comme une puce, le garçon bondit, se précipitant vers la maison pour récupérer ses affaires. Les autres le suivirent du regard, un peu perplexe. John B, nageant jusqu'à Blake, s'arrêtait devant ses jambes -qui commençait à hâlée.

— Il est toujours comme ça ?

— Toujours. Il est croisé Labrador.

Le garçon pouffait, remontant à son tour l'échelle. A ce moment-là, Oliver débarquait à fond sur le ponton -son sac dans ses bras, les lacets défaits, manquant de se faire une cheville.

— Je suis prêt ! 

Son air enfantin, fit sourire toute la bande. Le pouvoir Abrams n'était pas un mythe.

— Bex lève ton cul, dit-il alors que les garçons s'éloignaient déjà. On y va. Si tu refuses, je te ramène chez ton père.

Excédée, Blake se relevait, appelant son chien -qui relevait le museau de la poubelle. Evidemment, elle aurait pu argumenter, râler, se battre pour rester les fesses sur le ponton à bronzer. Mais lorsqu'il était dans cet état, il était pratiquement impossible d'avoir une conversation avec Oliver. 

— Bonne chance, se moquait John B, levant les pouces dans sa direction.

Pour toute réponse, Blake mimait le fait de se tirer une balle. Bon sang, elle aurait presque -presque hein, donné un rein pour pouvoir continuer à glander au Chateau.



❃❃❃❃



FINALEMENT, ce n'était pas si mal. En peu de temps ils étaient arrivés jusqu'à la boutique du père de Pope. C'était un monsieur -plus tout jeune, avec un visage joufflues et une expression dur. Son fils et lui ne se ressemblaient que vaguement. Le rafiot des Heyward était plus grand que celui de John B, son état en revanche laissé à désirer. Une odeur forte de marée -à force d'y pêcher, avait imprégné le véhicule.

Blake était assise sur la poupe, lunettes -emprunté sans consentement à JJ, sur le bout du nez, observant le port. C'était plutôt chouette. Ca lui rappelait ses après-midis à Miami sur le bateau d'Oliver. Celui-ci était d'ailleurs intenable, ravie de remettre ses mains au travail.

— Apportez ses provisions à Figure Eight.

Monsieur Heyward tendait des sachets -remplis de nombreuses mets, aux garçons.

— Revenez directement ici après. Ça doit être livré dans l'après-midi.

— Donnez les moi.

Oliver s'emparait des sachets, souriant gentiment à l'homme, qui semblait admirer son entrain.

— Les riches n'attendent pas, fils de putes.

Amusée par la vulgarité du bonhomme, Blake lâchait un rire. JJ le remarquait, lui lançant un regard en coin, détournant les yeux lorsqu'il croisait les siens. Les sourcils de Blake se froncèrent, c'était quoi son problème ?

— Pas de bêtises, reniflait le père Heyward, doigt tendu vers eux. Je vous fais confiances les gosses.

Tous hochèrent la tête -il n'y avait rien d'autre à faire. Le moteur du bateau vrombit, ils s'élancèrent sur les eaux. Blake en profitait pour admirer le paysage -seul point positif de l'île, complétement sereine. Contrairement à John B, la conduite de Pope était souple et fluide, c'était parfait.

Il faisait très chaud, mais une brise légère venue de l'Atlantique rafraichissait un peu l'air. Un peu fatiguée -elle n'avait dormit que trois heures, elle retirait son haut, s'allongeant sur le ventre. Tout près d'elle dormait Bodhi-étalait sur le dos, les quatre fers en l'air. Les garçons -dans le cockpit, riait à l'une des blagues d'Oliver. C'était tranquille, Blake écoutait leur conversation sans vraiment s'y intéresser, alors qu'ils arrivaient près de Figure Eight.

— On dirait même pas qu'il y a eu une tempête, observait Pope reluquant les maisons environnante.

— Ils ont des générateurs, dit JJ en faisant tourner un canif entre ses doigts. C'est comme ça. 

Arquant un sourcil -derrière ses lunettes noir, la blonde sentit l'amertume dans la voix du garçon. Pope poussait un soupir, à s'en fendre l'âme.

— C'est beau, la vie de Kook.

— Kook ? Relevait Oliver. Qu'est-ce que c'est que ça ? Un pokémon ?

Les rivalités de l'île, le métisse en ignorait tout. JJ pivotait vers lui, manquant de se couper le doigt.

— Kook, c'est le nom des connards qui vivent ici.

Du bout du doigt, il désignait l'ensemble de la côte.

— Woah, attendez, vous faites de la discrimination anti-riches ? T'es quoi Kookophobe ?

Blake manquait d'éclater de rire -se contentant d'un rictus narquois, le mot était cool. Haussant les épaules, JJ lui jetait un regard -une curieuse étincelle dans les yeux. Sentant le commentaire mesquin arriver, elle prit les devant.

— Quoi ? Marmonnait-elle grincheuse. Tu vas me dire de me taire ? Parce que je suis une Kook ?

— T'es pas une Kook.

Interdite, Blake relevait le menton, cherchant à savoir quel était le piège. Avec un petit sourire, simple, il se retournait vers Pope, changeant de sujet. Inclinant la tête, elle restait là a le regarder. Décidément il était étrange aujourd'hui. 

Le bateau ralentit le rythme près d'un ponton. Derrière celui-ci, Blake reconnût le country club de Figure Eight. Cet endroit était à vomir. Bourré de vieux riches -en polo, qui se racontait des blagues graveleuses, en envoyant des balles dans des trous. Pope scrutait le lieu d'un œil anxieux.

— Je serais pas long, dit-il en sautant sur le pont.

Les épaules basses, il marchait sur le petit chemin, essayant de se faire discret. Un peu comme une gazelle, passant devant un clan de lions. C'était ce qu'il était à ce moment là, une proie potentiel. Les autres le regardèrent, avec un brin de pitié.

— C'est pas possible, même moi j'ai envie de le cogner, grognait Oliver attrapant trois sachets. J'y vais aussi.

Partant sur l'autre ponton, bientôt l'on aperçu plus qu'un point noir grimpant la dune. Ignorant -sans problème, la présence du dernier garçon, Blake retirait son short -restant dans un maillot de bain pastel, se rallongeait sur le ventre, le rayon du soleil dorant doucement ses cuisses. La brise caressait ses cheveux, le seul bruit environnant était celui de la mer et des oiseaux qui péchaient.

D'ordinaire elle aurait trouvé ça très apaisant, mais cette fois non, malgré ses efforts elle n'y parvenait pas. Pourquoi ? Parce qu'elle sentait une paire d'yeux sur elle. Brûlant à l'acide chaque partie de son corps. N'y tenant plus, elle se relevait brusquement -faisant tomber ses lunettes, se plantant devant JJ -qui était assis dans le cockpit. 

— Bon, c'est quoi ton problème ?

Ne s'attendant pas à une telle animosité, il reculait légèrement, son tête cognait contre la vitre.

— Aouch.

Bras croisés, Blake le dévisageait, attendant une réponse. Frottant son crâne endolori, JJ posait les yeux sur elle, son regard descendit -brièvement, sur le corps de la miaméen, il s'humectait les lèvres. 

— Tu veux peut-être une photo ?

Grinçant des dents -les joues roses, Blake essayait de maintenir une expression impassible sous l'intense inspection du jeune homme. Relevant ses yeux sur le visage -agacée, de la blonde, un rictus narquois étirait lentement ses lèvres.

— C'est une proposition ?

Culotté, voilà ce qu'il était. Mauvaise pioche, il était tombé sur plus doué que lui, tout deux pouvaient jouer à ce petit jeu. Battant des paupières, elle s'approchait dangereusement, posant un doigt sur son torse. 

— Ça dépend, fit-elle en se penchant vers lui, son doigt descendant lentement jusqu'à son ventre. T'as combien sur toi ?

— Quoi ?

Il déglutit. Ses abdos se contractèrent sous la main de la blonde.

— Tu crois quand même pas que je te donnerais une photo gratuitement, ricanait-elle en reculant puis se pointant des pieds à la tête. Ce corps vaut cher mon p'tit.

En quelques secondes, elle avait retourné la situation. Laissant JJ les yeux assombris, sa poitrine se soulevant lourdement. Blake -fière de son effet, retournait se coucher -ramassant les lunettes, décontractée, tournant cette fois son corps vers le garçon.

Pour se changer les idées -il en avait grandement besoin, JJ récupérait son couteau dans sa poche arrière, le faisant bondir d'une main, à l'autre. Curieuse, elle observait sa façon de bouger. Si elle avait été honnête, elle aurait admis que tout en ce garçon était diablement attirant. De son attitude, à sa démarche, en passant par sa voix -au accent du nord de la Caroline. Même ses vêtements, t-shirt court, bermuda -légèrement abimé, bottes noirs, était pile son genre. 

Enfin ça c'était pour l'apparence, sa personnalité elle, semblait plus compliqué, comme un casse-tête chinois. Tout l'opposé de ce que Blake aimait chez un garçon. Se prendre la tête avec les traumatismes des autres -alors qu'elle avait déjà du mal à gérer les siens, non merci.

— Au fait, fit JJ au bout d'un moment. Pourquoi t'es venu ? Me dis pas que c'est pour le poisson.

Masquant -avec brio, son sourire, elle laissait ses yeux se perdre sur le roulement de l'eau.

— Chaque minutes que je passe ici, c'est une autre minute a faire l'exact opposé de ce que mon père veut.

C'était sincère. La véritable raison pour laquelle elle suivait les pogues -depuis le départ, c'était ça. Évidemment la seconde raison était plus profonde, mais elle n'allait certainement pas raconter que son passé l'a tourmenté, à un garçon qu'elle connaissait depuis une semaine.

— Tu n'aimes pas ton père ?

JJ grimaçait, pourquoi avait-il posé cette question ?

— Pas vraiment non, répondit-elle a voix basse les yeux dans le vide. Adam est pas le père de l'année.

Doucement, il se rapprochait d'elle -calant son dos contre la proue, s'asseyant a quelques centimètres d'elle. Les doigts imperceptiblement tendu vers les siens.

— Le mien non plus, soufflait-il fourrant une main dans les poils dru de Bodhi. En fait, il craint même un max.

Parler de ça, c'était nouveau pour lui. Mais il avait ce truc avec Blake, cette entente mutuelle. Et les mots sortait de sa bouche, avant même qu'il n'y réfléchisse. Il tapotait le crâne du doberman de Blake, sous le regard vaguement attendri de celle-ci.

—  Parfois il me-, toussotait-il. Enfin, il est un peu impulsif.

Les yeux noisettes de la blonde se tournèrent vers lui. Impulsif ? Elle aurait été tenté de dire "tel père, tel fils". Après tout, le premier souvenir qu'elle gardait de lui, c'était l'agression de Topper. Seulement quelque chose dans le sourire triste du garçon, lui fit penser que ce n'était pas la bonne chose à dire. 

— Ma mère aussi.

Ça y est, elle en avait trop dit. Sa bouche se serrait en une ligne dur. Comment avait-elle pu dire ça ? JJ inspectait chaque grain de peau de son visage, surpris et curieux. Levant les yeux vers la rive -d'où elle pouvait apercevoir un terrain de golf, Blake considérait qu'il était temps de boucler le sujet.

— Je déteste cette île.

JJ jetait un œil vers la rive.

— Pourquoi ? Ton copain t'attends à Miami ?

Il l'a fixait, intéressé. Avec un bougonnement, elle relevait les lunettes sur son crâne.

— Si t'essaies d'être subtil, c'est loupé Maybank.

Un sourire malin prit place sur ses lèvres.

— C'est pas une réponse ça.

— Non, finit-elle par lâcher devant son insistance. J'ai pas de copain.

— Oh.

Tournant son visage vers lui, une émotion fugace, qu'elle je ne lui ai jamais vu auparavant, éclairait ses yeux. Il avait presque l'air soulagé. Se relevant sur un coude, elle fronçait les sourcils.

— Je peux savoir pourq-

— Regarde, la coupait-il avec fermeté, se relevant rapidement. Ils reviennent. Salut les gars !

Fuyant la question, il s'élançait vers les deux adolescents. Elle le suivit du regard, un petit sourire fendant sa bouche. JJ s'arrêtait devant les silhouettes de ses amis -qui montait sur le bateau, en une seconde, ses muscles de se tendirent et il se mit à faire de grand gestes.

— Qui a fait ça ?

Le ventre de Blake se nouait, qu'est-ce qui était entrain de se passer ? Enfilant rapidement la chemise de Oliver -qui couvrait son corps jusqu'à mi-cuisses, elle se précipitait vers les trois garçons. Même Bodhi -pourtant piètre chien de garde, levait le museau, en alerte.

— On s'en fout, rétorquait Pope morose.

Bousculant -gentiment, JJ, il se dirigeait vers la barre, souhaitant rapidement s'en aller. Frôlant Blake au passage, celle-ci eu le temps de constater une tâche de sang, recouvrant la tempe du brun. Une boule dans sa gorge, l'empêchait de dire quoi que ce soit. Bon sang, qui avait pu faire ça ?

— Non on s'en fout pas, s'emportait JJ le suivant de près. On s'en fout pas du tout !

Il était hors de lui, ses pas faisait trembler le bateau. Oliver, le visage crispé, s'avançait à son tour, alors que le rafiot démarrait en trombe. Blake stoppait son meilleur ami d'une main sur la poitrine.

— Tu vas bien ?

— Ouais, soupirait-il passant sa paume sur son front. J'étais pas avec lui. Je l'ai trouvé en rentrant, le visage en sang. Je l'ai aidé a se nettoyer mais il refuse de dire ce qu'il s'est passé.

Hochant la tête, Blake se dirigeait d'un pas vif dans le cockpit -dans lequel JJ s'énervait toujours, plantant son corps menue devant Pope -qui pleurait silencieusement. L'air froid et dur, poings sur les hanches, elle était décidée a le faire parler.

— Qui ?

— J'ai déjà dis qu'on s'en f-

— Pope !

Sa voix avait tonnait dans l'habitacle, ferme. Faisant faire un mouvement de recul aux trois garçons. Le brun lui jetait un coup d'œil -un peu effrayé, le déviant aussi vite face au regard perçant de Blake, il prit son temps pour répondre, comme si il allait ignorer la question. 

— Rafe et Topper, finit-il par admettre dans un murmure. Ils ont dit "pas de Pogues sur leur territoire".

— Pour qui ils se prennent ? Criait JJ. Enfoirés de Kook !

Dans un accès d'adrénaline, il se mit à faire craquer ses articulations, se détournant de son ami pour essayer d'évacuer sa haine. Alors c'était ça ? Une grimace de dégout déformé le visage de Blake. Ces crétins n'avait pas changé. Tout ça parce qu'ils se croyaient supérieur. C'est alors qu'elle se rappelait de ce que JJ lui avait dit au phare. Billy -son propre frère, avait fait partit de cette bande, il avait humilié, peut-être même agressé des gens comme Pope. La nausée lui montait au nez.

— C'est pas tout, dit Pope l'air étrange . Ils ont dit autre chose.

Bras croisés -faisant ressortir ses muscles, adossé contre la vitre, Oliver lui envoyait un petit signe de tête.

— Crache le morceau.

Intimidé -lançant des petits coups d'œil nerveux à Blake, il finit par soupirer.

— Ils ont dit qu'on devait plus s'approcher de toi.

— Quoi ?

Rien d'autre ne réussit à sortir de la bouche de la blonde, elle était médusée. Tout comme le reste de la bande. 

— Et alors ? Pestait JJ en craquant sa nuque. On s'en fout, c'est pas comme si on allaient les écouter. Qu'ils aillent se faire foutre !

C'est a ce moment là que Blake reprit ses esprits, mordant -au sang, sa lèvre inférieur. Comment osait-il ? Ce n'était pas Topper qui avait ordonné ça, elle en était persuadée. Une nuit -qu'elle regrettait, dans son lit, et Rafe pensait avoir un quelconque ascendant de propriété de mâle sur elle ?

— On s'en tape de ce qu'ils disent, soupirait Oliver blasé. Ils ne sont rien d'autre que des termites répugnante.

— Hmm, acquiesçait Pope.

Devant son regard fuyant -refusant de rencontre le sien, Blake fronçait les sourcils.

— Il a dit autre chose pas vrai ? 

Touché, le brun avalait difficilement sa salive, les joues roses. 

— Qu'est qu'il a dit ?

— Je peux pas dire ça, marmonnait-il en se grattant le cou. C'est trop-

Les autres le fixèrent, attendant qu'il craque. Vaguement agacé, Oliver le pressait d'un petit coup dans l'épaule.

— Okay, fit-il le visage cramoisi, il avait l'air au bord de l'évanouissement. Rafe, il a dit que-(une pause), que- (une autre plus longue). Que si tu étais en manque depuis hier, tu savais où le trouver !

Trois hoquet de surprise firent écho. Il avait hurlé sa dernière phrase dans un souffle, tendu à l'extrême. Tout son corps tremblait de gêne. D'ailleurs celui de Blake aussi, seulement ce n'était pas de la gêne qu'elle ressentait, mais une colère sourde, noir et profonde, courant tout le long de ses membres. Paralysant ses muscles.

En revanche JJ lui, semblait plus qu'éveillé -serrant et desserrant les poings, manquant de se briser une phalange. Son état de nerfs dépassait le seuil limite de contrôle qu'il avait sur lui. Fou de rage, il fit une brusque volte-face vers le cockpit, bras tendu, retenant son coup -qui aurait sûrement laissé un joli trou dans la paroi, de justesse, il jurait, s'agitant dans l'espace clos.

— Ce fils de- Crachait-il. A dit quoi ?

— Fais demi-tour Pope. Tout de suite.

Blake bouillonnait. Une aura sombre se dégageait de tout ses pores, glaçant le cockpit. 

— Personne ne fera demi-tour, essayait d'apaiser Oliver. Une attaque direct c'est pas la solution.

— Ah ouais ? Alors tu proposes quoi ?

Un rictus mauvais étirait doucement ses traits, alors qu'il plongeait son regard dans celui de sa meilleure amie.

— Une vengeance.



- Gigi

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