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𝟏𝟑. kook day


   LE SOLEIL ETAIT HAUT DANS LE CIEL. Aucun nuages à l'horizon. La journée s'annonçait bonne -plus que bonne. Une matinée idéale sur une île de rêve. Un hôtel de luxe aux allures de paradis était érigé au centre d'Outer Banks. Spa, cuisine gastronomique, chambre quatre étoiles. N'importe qui aurait adoré profiter de tout cela, mais pas Blake.

Coincée sur la plage en face du bâtiment, elle marmonnait à voix basse. Si elle avait réussi à se soustraire aux activités familiales la veille, ce n'était pas le cas aujourd'hui. Sienna avait proposé -de bon matin, qu'ils participent tous au grand nettoyage de la plage. Son père -voulant faire plaisir à sa femme, les avaient tous traîné avec eux -malgré les vives protestations de sa fille.

Résultat, Blake  errait sur le sable, plus proche du zombie que de la fille moderne. Les cernes sous ses yeux noisettes ressemblaient à des hématomes. Ni elle, ni Oliver n'avait fermé l'œil. Déjà que leur journée avaient été agitée -le mot était faible, ils avaient passé une bonne partie de la nuit à discuter du trésor avec les pogues. 

Le butin était de six-cents mille dollars, une aubaine. Ils avaient tranchés, chacun aurait une part équitable. C'était complétement insensé mais Blake était déterminée. Non pas que les chasses aux trésors ce sois son tripe -non ça c'était ce qui motivait Oliver, mais elle savait que cet argent était sa porte de sortie.  Avec autant de fric, elle pourrait quitter cette île maudite, partir loin avec Oliver, et vivre paisiblement. C'était ça le plan, le but. 

Alors il était dotant plus frustrant de ramasser des déchets sur une plage remplis de Kook -faisant leur bonne action de l'année, au lieu d'être avec la bande à chercher leur or. 

— Tu fais une sale tête.

Faisant une brusque volte-face -manquant d'éborgner son interlocuteur avec sa pelle, Blake se retrouvait face à Sarah, tout sourire. Un soupir lui échappait.

— Oh, c'est toi.

— Moi aussi je suis contente de te voir. Qu'est-ce que tu fiches ici ?

Blake plissait les yeux, levant sa pelle, l'a secouant devant le visage de la blonde.

— Je fais de la luge, répondit-elle sarcastique. Ça se voit pas ?

C'était peine perdue, même le sourire chaleureux de Sarah, ne l'empêcherait pas d'être de mauvais poil. Celle-ci ne semblait d'ailleurs pas en avoir grand chose à faire puisqu'elle continuait sur sa lancée.

— On est plus loin avec Topper et les autres, expliqua-t-elle pointant un coin isolé de la plage. Tu viens avec nous ?

— Sans façon, refusait-elle en se détournant. Je vois assez de déchets depuis ce matin. 

— On a de l'alcool.

Blake s'arrêtait net. Après un instant d'hésitation, observant les environs -son père n'était plus dans son champs de vision, elle se retournait.

— J'arrive.

Victorieuse, Sarah lui offrit un large sourire, repartant vers son groupe. Blake fouillait une demi-seconde la plage des yeux avant de tomber sur un dos musclé, qu'elle connaissait par cœur. Sans perdre de temps, elle marchait vers lui. 

— Hé Oli.

Il levait la tête, occupé à nettoyer une bouteille. Blake arquait un sourcil malicieux dans sa direction.

— Ça te dis de te détendre ?

— Joint ?

— Alcool.

Précipitamment il se relevait, ravi. Après un dernier coup d'œil -histoire d'être sûr que personne ne les voyaient, ils dirigèrent vers le groupe de Kook. Toute la bande était présente, Topper -le bras lâchement posé sur les épaules de Sarah, Kelce et une tête que Blake était plus que contente de voir.

— Bah alors, lui sourit-elle amusée. On traîne avec les grands maintenant Wheezie ?

La jeune fille -a peine âgé de treize ans, semblait tout aussi réjoui de la voir.

— Ouais, dit Sarah légèrement agacée. Elle me colle comme une sangsue.

— Ou plutôt comme ta langue colle à celle de Topper, ripostait la brune.

Blake contint -avec peine, son éclat de rire, tandis que la benjamine se faisait méchamment pincer le bras par sa grande sœur. Avisant la glacière -posé au pied de Kelce, la citadine se tournait vers son amie.

— Tu m'a emmené ici en me promettant quelque chose Sarah, j'attends.

— Ah oui, se rappelait-elle. Kelce, la bouteille.

D'un geste discret, il sortit un bocal -contenant un liquide jaunâtre, de la glacière. 

— Fais gaffe, c'est super fort.

Comme si elle en avait quelque chose à faire. C'était ce dont elle avait besoin, pour supporter tous ces gens qu'elle n'appréciait qu'a moitié -la moitié étant les sœurs Cameron. Attrapant le bocal, elle le portait à sa bouche. Déjà l'odeur -chargé d'un mélange d'alcool locale, semblait lui montait à la tête. Avalant deux gorgées, elle sentit son œsophage brûler. 

— Okay, grimaçait-elle. C'est dégueu.

— Mais efficace, sourit Kelce.

Chacun leur tour, ils burent dans la boisson. Le visage d'Oliver se crispait en absorbant le liquide. Au passage de Sarah, elle s'étranglait.

— La vache, qu'est-ce que t'as mis là-dedans ?

— Que des bonnes choses.

Elle ingérait l'alcool d'une traite. Avant qu'un seul d'entre eux n'ait eu le temps de réagir, Wheezie s'emparait du bocal -encore dans les mains de sa sœur, s'abreuvant goulument. Seul deux gorgées passèrent dans son corps avant que Blake ne lui arrache.

— Depuis quand tu bois ? S'exclamait Sarah.

— Depuis aujourd'hui, rétorquait d'elle nonchalante.

Lunettes sur le bout du nez, menton haut, Blake savait ce que la jeune fille faisait. Depuis toujours, elle essayé de se rapprocher des fréquentations de sa sœur. Elle voulait avoir l'air cool, que les garçons l'aiment bien. C'était de son âge, et du moment qu'elle n'allait pas trop loin, Blake n'interviendrait pas. 

— Tout va bien ici ?

Merde. L'un des organisateurs s'approchait d'eux, l'air méfiant. Blake fit furtivement passé le bocal derrière son dos. Kelce le récupérait, reposant vite l'alcool à l'abri.

— Oui monsieur on a quasiment terminé, s'empressait de répondre Oliver. Il fait chaud alors, on reste hydraté.

Son charme naturel faisait effet. 

— Bravo les enfants, venez là-bas, on va faire une cérémonie.

Après un sourire, l'homme repartit.

— Bien joué mon pote, ricanait Topper. T'es doué.

— Merci, je sais.

Ces deux là pouffèrent, le blond tapant d'une main amical le dos du métisse. Cette vision, Blake l'a trouvait révoltante. Une goutte de sueur roulait le long de sa tempe, il lui fallait une douche. La plupart des bénévoles -lâchant leur activités, se réunissait au centre de la plage. 

— Tu viens Bex ? Demandait Sarah, descendant vers le groupe.

Blake hésitait un court instant, son regard passant de Sarah à l'hôtel. Entre une cérémonie -qu'elle trouvait ridicule, sur la bonté du dieu Kahuna, et la sensation de l'eau fraiche sur son corps brûlant, il ne lui fallut pas longtemps pour choisir.

— Non. Je vais aller prendre une douche.

— Ça marche, on se voit demain ?

Après tout, pourquoi pas ? Blake acquiesçait. Puis elle hélait Oliver.

— Tu peux me couvrir pour mon père ?

 — A ton avis ?

Dos à l'océan, il s'éloignait à reculons. Décochant son plus beau sourire, il s'éclipsait. Secouant la tête, Blake lâchait un petit rire. Main dans les poches, elle grimpait -ses semelles chaudes sur le sable, jusqu'à l'hôtel.

Ou plutôt le "Gemini Hôtel", le plus grand logis de l'archipel. Blake le connaissait par cœur. Plus jeune -environ douze ans, Sarah et elle y jouaient, embêtant les femmes de chambre, chipant dans les cuisines. Son attitude était acceptée par tout le personnel, pour cause, Blake était la fille du patron.

Lorsqu'il avait eu assez d'argent, Adam -ayant le flaire, avait racheté l'endroit une bouchée de pain. Transformant le gîte miteux, en refuge de luxe, pour les plus fortunés. Blake avait du mal à l'admettre -elle détestait ça, mais son père avait fait un coup de maitre. Les principaux revenus des Knight venait d'ici.

Entrant -en trombe, dans l'hôtel, Blake se pinçait les lèvres. Autour d'elle se pavanait des hommes en costards cravates, et des femmes aux tenues plus cher que la maison de sa mère. Son pire cauchemar. Elle fendit la foule de touristes -en bousculant plusieurs, sachant déjà où se rendre, la chambre privée de son père.

Passant par les escaliers de service, elle saluait -d'un bref signe de tête, les quelques employés qu'elle croisait. Au deuxième étage, elle sortit dans un couloir peu fréquenté. Il n'y avait pas de chambre à cet étage, seulement les bureaux et la salle informatique.

S'étirant -à la manière d'un félin, Blake ralentit son allure. Personne ne venait jamais ici, elle n'avait pas à faire semblant d'être pressée. Enfin c'est ce qu'elle pensait, jusqu'à ce qu'elle entende des éclats de voix.

— Je peux savoir ce que vous faites ici ?

Par instinct -de fouine, elle bifurquait dans le couloir d'où provenait le bruit. Une porte -menant à une salle informatique, était ouverte. Un homme -imposant, se tenait bras croisés devant celle-ci. Il portait l'uniforme des agents de sécurité de l'hôtel. Succombant à la curiosité, elle jetait un coup d'œil à l'intérieur.

— Merde.

Sur le seuil était planté JJ, détendu, bras croisés. Derrière lui le reste des pogues, avaient l'air beaucoup moins confiant. Blake jurait -dans un murmure, ils n'avaient été sans elle que quelques heures, pourtant les voilà de nouveau dans le pétrin. Le garde perdait patience.

— Je vous aient posé une question, tonnait-il. L'accès à cette pièce est réglementé.

— On -, balbutiait Pope. On est venus-, venus pour-

La blonde -prenant une décision rapide, s'avançait vers l'agent.

— Pour me voir, mentit-elle avec assurance. Ça fait vingt minutes que je vous cherche.

Leur mines ébahis et perplexe, l'aurait sûrement fait éclater de rire habituellement, mais -par on ne sait quel miracle, elle conservait son calme froid. L'homme l'a toisait d'un regard acéré. Fixant chaque trait de son visage, il ouvrit la bouche, puis l'a refermait immédiatement, les yeux agrandis.

— Oh mademoiselle Knight, se souvint d'un coup le géant. Je suis désolé, ce sont vos amis ?

— Oui.

C'était suffisant. L'homme hochait la tête, comprenant sa bourde.

— Très bien. Je vous laisses, passez une bonne journée.

— Hmm.

Déguerpissant, Blake attendu qu'il ne soit plus en visu, pour se retourner vers les quatre voyous. John B lui lançait un grand sourire, lui ôtant un soupir.

— Je peux savoir ce que vous foutez ici ?

— On a trouvé le Merchant, expliquait Pope. On avait besoin d'internet.

— Et vu que y'a que les riches qui l'ont encore, grommelait JJ.

Ca expliquait le pourquoi. La blonde méditait sur leur paroles un moment, alors que les autres dansaient d'un pieds à l'autre, n'attendant qu'une chose, pouvoir se barrer. Puis comme prit d'une illumination, Blake redressait la tête.

— Attendez, s'extasiait-elle. Vous avez trouvé le Merchant ?

John B, tout aussi euphorique qu'elle, semblait ne plus tenir en place. Il s'approchait d'elle, posant les mains sur ses épaules.

— Ouais. C'est génial pas vrai ?  Le truc c'est qu'on a besoin d'un drone pour l'atteindre.

— Il est a trois-cent mètres des côtes, précisait Pope.

— Okay, et on le trouve où se drone ?

— A la décharge, on était sur le point d'y aller avant de se faire arrêter par monsieur muscle.

— Je trouve toujours cette idée stupide, soufflait Pope.

Entrer dans une décharge, et l'a piller ? C'était risqué, mais -étonnement, beaucoup moins que tout ce qu'ils avaient fais ces derniers jours. Décidant que c'était pile ce qu'il lui fallait pour échapper à la journée Kook familiale, Blake fit un pas en arrière.

— Je vais chercher Oliver, et on se retrouve sur le parking ?

— Parce que tu viens ? S'écriait Pope puis à voix basse. C'est illégal tu sais.

— Ouais je sais. C'est pour ça que c'est marrant.

Déjà, elle s'éloignait à grand pas dans le couloir. Récupérant son téléphone dans sa poche, elle composait le numéro de son meilleur ami. Le bip s'élevait dans son oreille. Priant pour qu'il réponde, elle atteignit l'extérieur. Aujourd'hui l'air était frais, et une bourrasque lui fouettait le visage.

— Allô, finit-elle par entendre après trois sonneries. Y'a un problème tocarde ?

D'ordinaire Blake n'appelait pas les gens. Elle n'aimait pas ça. Donc si elle avait fait l'effort de l'appeler, Oliver savait qu'il y avait quelque chose d'anormal. La vérité était qu'elle avait seulement eu la flemme -à la suite d'une très courte réflexion, de descendre jusqu'à la plage. 

— Non, mais ramène tes fesses à l'hôtel. 

— Pourquoi ?

— On va chercher notre or.

Immédiatement, il raccrochait. Ces mots étaient bien assez appétant -il allait sûrement faire le sprint de sa vie. Scrutant le parking, Blake aperçu le van, dans lequel était déjà entassé les pogues. Calmement, elle dirigeait vers eux. John B levait un sourcil.

— Il arrive, déclarait-elle en grimpant à l'intérieur. D'ici cinq minutes.

— Cool.

Ce van était loin d'être confortable, Blake avait la sensation de s'assoir sur de la brique. Alors qu'ils commençaient tous à trouver le temps long, une silhouette apparu, se précipitant sur le véhicule. Oliver -essoufflé, s'écroulait près de Pope.

— Qu'est-ce que vous attendez ? S'écriait-il extatique. Roulez !


- Gigi

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